Skip to main content

Full text of "Voyage de la corvette l'Astrolabe : exécuté par ordre du roi, pendant les années 1826-1827-1828-1829"

See other formats


VOYAGE 


DE 


LASTROLABE 


IMPRIMERIE  DE  FIRMIN  DIDOT  FRERES,  RUE  JACOR  ,  NU  24. 


VOYAGE 


DE  DECOUVERTES 


DE 


L  ASTROLABE 

(Bxéfuti  par  ovïrrc  îui  Hoi, 

PENDANT  LES  ANNÉES  1826-1827-1828-1829, 


SOUS    LE   COMMANDEMENT 


DE  M.  J.  DUMONT  DURVILLE. 


colonie 


PAR 


MM.  QUOY  ET  GAIMARD. 


TOME   QUATRIEME. 


PARIS, 


J.  TASTU,  EDITEUR-IMPRIMEUR, 

N°   36,    HUE    UE    VAUGIRARD. 


*•  o. 

\/\/OODs 


CONSIDERATIONS   GENERALES. 


Si  les  Mollusques  offraient  des  lacunes ,  que  nous 
avons  cherché  à  remplir  toutes  les  fois  que  nous 
l'avons  pu,  nous  savions  également  ce  qu'il  y  avait 
à  faire  clans  l'étude  des  Zoophytes,  encore  à  peine 
ébauchée.  Les  matériaux  que  nous  allons  apporter 
pour  servir  à  cette  histoire  sont  très-certaine- 
ment ceux  qui  nous  ont  le  plus  coûté  d'attention 
et  de  constance  pour  approcher  le  plus  près  de 
la  vérité  et  laisser  le  moins  possible  à  repren- 
dre dans  une  aussi  grande  masse  de  faits,  recueillis 
tant  dans  les  relâches  que  sur  les  diverses  mers 
que  T Astrolabe  a  parcourues  *.  Nous  les  donnons 
tels  quels ,  quoique ,  mieux  que  personne ,  nous 
sachions  ce  que  ces  travaux  ont  de  défectueux  et 
ce  qui  leur  manque.  Mais  ce  que  les  navigateurs 
pourront  peut-être  seuls  bien  apprécier ,  ce  sont 
les  circonstances  au  milieu  desquelles  ils  ont  été 
faits,  les  obstacles  physiques  que  présen  te  un  navire, 

*  Lorsque  ceci  fut  écrit,  nous  espérions,  comme  nous  lavons  fait  poul- 
ies Mollusques  ,  pouvoir  donner  ,  soit  dans  cet  ouvrage  ou  dans  une 
suite,  un  allas  d'environ  cent  planches,  relatives  seulement  aux  Zoo- 
phytes; mais  des  circonstances  indépendantes  de  notre  volonté  nous  font 
craindre  de  ne  pouvoir  continuer  la  publication  de  nos  travaux. 

Zoologie,  t.  iy.  i 


2  ZOOLOGIE. 

et  qu'il  a  fallu  vaincre  à  chaque  instant  sans  perdre 
courage.  Nous  nous  expliquons  :  à  la  mer,  entre 
les  tropiques  et  sous  l'équateur,  le  temps  favo- 
rable à  l'apparition  des  Zoophytes  est  celui  des 
calmes  ;  mais  c'est  aussi  celui  où  une  chaleur  acca- 
blante, énervant  le  corps  et  l'esprit,  ne  fait  désirer 
qu'une  chose,  le  repos.  C'est  donc  déjà  beaucoup 
que  de  se  donner  l'activité  nécessaire  à  découvrir 
et  saisir  péniblement  les  Zoophytes  pélagiens  qui 
passent  le    long   du   bord.   Ce   n'est   pas  tout    : 
l'étude  de  leur  organisation  est  bien  autrement 
difficile;  car  il  est  de  ces  êtres  si  transparents, 
ou  tellement  mobiles ,  que  ce  n'est  qu'à  la  longue , 
et  en  y  revenant  souvent ,  qu'on  peut  bien  saisir 
leur  ensemble.  Le    mouvement  dû  navire  et   la 
manière  dont  il  reçoit  la  lumière,  sont  sans  contre- 
dit les  plus  grands  et  les  plus  pénibles  des  obsta- 
cles que  le  naturaliste  ait  à  vaincre.  Aussi,  la  loupe 
d'une  main  et  le  bocal  contenant  les  animaux  de 
l'autre,  étions-nous  obligé   de  suivre  les  rayons 
du  soleil,    qui   variaient    à    chaque  instant    par 
l'effet    du    calme.    Nous   avions  encore    à   nous 
mettre  en  garde  contre  les  illusions  d'optique  :  c'est 
ce  qui  nous  a  empêché  de  nous  servir  du  micros- 
cope, que  nous  n'aurions  pu  employer  d'ailleurs 
que  dans  les  relâches,  ou  fort  rarement  à  la  mer*. 


*  Nous  recommandons  à  ceux  qui  n'ont  pas  une  vue  à  toute  épreuve 
d'être  sobres  de  travail  à  la  loupe  ,  s'ils  ne  veulent  pas  ,  comme  nous , 
la  voir  promptement  faiblir  île  moitié  el  devenir  un  peu  myopes.  Nous 


ZOOPHYTES.  3 

Les  Zoophytes  demandent  aussi ,  comme  les 
Mollusques,  à  être  souvent  changés  d'eau,  si  on 
ne  veut  pas  voir  s'altérer  leur  transparence,  varier 
ou  disparaître  leurs  couleurs,  et  enfin  cesser  leur 
existence.  Presque  tous  ceux  qui  vivent  fixés  au 
sol  sont  dans  le  même  cas  ;  mais  ils  ont  cela 
d'avantageux  qu'on  n'est  pas  obligé  de  les  étudier 
sur  l'heure  ou  dans  un  temps  donné,  et  qu'avec 
quelques  soins  on  peut  les  conserver  assez  poul- 
ies examiner  à  loisir. 

Avant  que  d'entrer  dans  quelques  spécialités, 
qu'il  nous  soit  permis  de  témoigner  au  capitaine 
d'Urville,  et  aux  officiers  nos  compagnons,  notre 
reconnaissance  pour  l'obligeance  qu'ils  ont  mise 
à  favoriser  nos  recherches ,   et  pour  l'empresse- 
ment qu'ils  apportaient  à  saisir  des  Zoophytes , 
pendant   que   nous    étions  occupé  à  en   étudier 
d'autres.  Nous  leur  devons  d'heureuses  découver- 
tes en  ce  genre  que  nous  aurons  soin  d'indiquer. 
L'Océan  contient  une  prodigieuse  quantité  de 
Zoophytes ,  qui  puisent  leur  nourriture  molécu- 
laire au  milieu  de  tous  ces  débris  d'êtres  organisés 
qui  s'y  accumulent  sans  fin  ;  aussi  trouve-t-on  par- 
tout de  ces  animaux  qui  ont  bien  certaines  loca- 
lités propres,   mais  qui  peuvent  cependant  vivre 


croyons  devoir  attribuer  cette  myopie  accidentelle  à  une  nutrition  sur- 
abondante dans  l'œil,  produite  par  un  exercice  inaccoutumé,  qui  augmente 
la  force  de  ces  parties,  comme  de  toutes  celles  qui  agissent  beaucoup  ;  d'où 
une  disposition  plus  grande  à  la  réfraction  de  la  part  de  la  cornée,  etc.,  etc. 


4  ZOOLOGIE. 

sous  diverses  latitudes,  parla  faculté  qu'ils  ont 
de  changer  de  température  en  se  portant  à  des 
profondeurs  plus  ou  moins  grandes.  C'est  par 
ce  moyen  sans  doute  que  ceux  que  les  courants 
transportent  à  de  grandes  distances  du  lieu  où 
ils  sont  nés,  contre-balancent  ce  que  les  influences 
atmosphériques  peuvent  avoir  de  désavantageux 
pour  eux.  L'extrême  pleine  mer ,  c'est-à-dire  une 
grande  partie  de  la  zone  équatoriale,  n'est  pas 
fertile  en  Zoophytes ,  qui  semblent  se  plaire  da- 
vantage sur  les  limites  des  tropiques,  principale- 
ment au  voisinage  des  terres  :  c'est  ainsi  qu'on  en 
trouve  beaucoup  le  long  de  la  côte  d'Afrique  et 
sur  celle  de  l'ouest  de  la  Nouvelle-Hollande.  La  mer 
des  Moluques  en  fournit  très-peu,  bien  que  la 
multiplicité  des  terres  et  des  eaux  calmes  soient 
des  conditions  favorables.  Nous  ne  pouvons  pasbien 
nous  rendre  compte  de  ce  fait,  qui  ne  présentera 
qifune  ou  deux  exceptions.  La  partie  sud  de  Java, 
où  la  1110-  est  tranquille  comme  dans  un  bassin, 
ne  nous  a  rien  donné  non  plus.  Les  eaux  de  la 
Nouvelle-Zélande,  des  îles  des  Amis,  de  la  Nou- 
velle-Guinée et  des  îles  environnantes,  n'ont  aug- 
menté que  de  fort  peu  nos  collections;  il  est  vrai 
que  nous  fûmes  tellement  contrariés  par  la  saison, 
que  nous  ne  pouvons  pas  dire  que  les  Zoophytes 
s'éloignent  entièrement  de  ces  contrées.  La  plupart 
de  ces  faibles  animaux  ,  dont  les  moyens  de  loco- 
motion sont  si  bornés ,  se  trouvent  entraînés  par 


ZOOPHYTES.  5 

les  courants,  qui  les  réunissent  quelquefois  en  si 
grand  nombre,  que  la  mer  en  est  comme  couverte 
et  diversement  colorée.  Il  leur  arrive  aussi  d'être 
portés  sur  les  terres ,  où  l'ardeur  du  soleil  les  tue 
lorsqu'ils  restent  trop  long-temps  échoués,  comme 
on  le  voit  tous  les  jours  sur  nos  côtes  par  rapport 
aux  Méduses.  Deux  fois,  à  Amboine  et  à  Vani- 
koro ,  nous  avons  été  favorisé  pour  tomber  dans 
ce  que  les  marins  appellent  remous  de  courant , 
et  y  faire  une  ample  récolte. 

Nous  ne  suivrons  point  un  ordre  rigoureuse- 
ment méthodique  dans  cet  aperçu  général;  ainsi, 
commençant  par  les  Zoophytes  pélagiens  ,  que 
les  eaux  de  la  mer  nourrissent  et  transportent, 
nous  dirons  combien  la  Méditerranée ,  qui  est  à 
notre  porte,  est  riche  en  ces  sortes  d'êtres,  pour 
qu'une  contrariété  de  quelques  jours  à  en  sortir 
nous  ait  mis  à  même  de  découvrir,  dans  le  détroit 
seul  de  Gibraltrar ,  toute  une  famille ,  que  nous 
avons  nommée  des  Diphides ,  par  analogie  avec 
une  espèce  principale  déjà  connue  *.  Depuis,  nous 
en  avons  retrouvé  d'autres  clans  plusieurs  mers , 
et  jusque  sur  les  côtes  de  la  Nouvelle-Hollande. 
Ici  les  données  ordinaires  manquent  pour  arriver 
à  la  connaissance  intime  de  ces  singuliers  êtres , 
qui  semblent  formés  de  deux  parties  se  mouvant 


Nous  en  avons  donné  un  aperçu  dans  les  Annales  des  Sciences  natu- 
relles ,  t.  X  ,  p.  5. 


G  ZOOLOGIE. 

séparément,  mais  ne  pouvant  pas  cependant  vivre 
long-temps  l'une  sans  l'autre.  Leur  transparence 
cristalline  permet  de  voir  toute  leur  organisation; 
et  cette  organisation  ne  se  rapportant  à  rien  de 
ce  qui  est  connu ,  on  n'en  peut  déduire  aucun 
phénomène  physiologique  satisfaisant ,  si  ce  n'est 
celui  de  la  locomotion.  Il  serait  donc  inutile  d'en- 
trer dans  de  plus  longs  détails,  sans  avoir  recours 
à  des  dessins  auxquels  nous  renvoyons. 

En  continuant  les  animaux  pélagiens  de  cette 
classe ,  nous  trouverons  la  famille  des  Physso- 
phores,  que  nous  avons  aussi  longuement  ob- 
servée, et  à  laquelle  nous  avons  ajouté  plusieurs 
espèces.  L'extrême  fragilité  de  ces  êtres,  qu'on  ne 
peut  presque  pas  toucher  sans  les  désunir  ou  les 
déchirer,  nécessite,  pour  les  étudier  avec  fruit, 
qu'on  connaisse  bien  leur  ensemble;  car  autre- 
ment on  donnerait  pour  nouvelles  des  espèces 
qui  ne  présenteraient  d'autres  différences  que 
celles  produites  par  des  mutilations.  Si  l'on  ne 
procédait  pas  ainsi ,  il  pourrait  même  arriver  qu'on 
produisît  comme  genres  fies  fragments  d'individus 
que  d'autres  naturalistes  plus  heureux  seraient 
appelés  à  faire  connaître  dans  leur  entier.  C'est 
ainsi,  par  exemple,  que  le  Gleba  de  Forskal,  re- 
produit par  M.  Otto,  n'est  qu'un  des  organes 
locomoteurs  de  l'animal  que  nous  avons  nommé 
Stéphanomie  Hippopode ,  et  que  le  Pontocardia 
de  notre  collègue  M.  Lesson  n'est  de  même  qu'une 


ZOOPHYTES.  7 

des  vésicules  creuses  qui  servent  au  déplacement 
des  Physsophores.  On  verra  que  nous  nous  sommes 
permis  aussi  de  créer  une  espèce,  d'après  un 
fragment  de  Zoophyte  que  nous  croyons  avoir 
assez  bien  étudié  pour  ne  pas  nous  être  trop  éloi- 
gné de  la  place  qu'il  doit  occuper. 

Il  ne  faut  point  regarder  les  Physsophores  et 
les  Stéphanomies  comme  des  animaux  agrégés, 
ayant  une  existence  dépendante.  Ils  sont  simples 
quoique  pourvus  d'organes  assez  compliqués,  les- 
quels peuvent  bien  se  mouvoir  encore  quelque 
temps  après  être  séparés  de  la  masse  centrale, 
mais  non  continuer  de  vivre. 

Nous  considérons  les  Pbysalies  comme  des  sortes 
de  Physsophores  à  ampoule  hydrostatique  exces- 
sivement développée ,  sans  pouvoir  donner  de 
bonnes  raisons  des  rapports  et  de  l'usage  de 
toutes  les  parties  que  nous  y  avons  observées, 
qui,  selon  nous,  ne  peuvent  arriver  à  constituer 
un  vrai  Mollusque  :  car  nous  n'y  avons  point  re- 
marqué les  mouvements  d'un  cœur,  qui  ne  man- 
quent jamais  de  se  manisfester  dans  les  plus  petits 
animaux  de  cette  classe.  Nous  convenons  toute- 
fois que  les  idées  que  M.  de  Blainville  a  émises  à 
cet  égard  sur  les  Physales  sont  neuves  et  demandent 
à  être  prises  en  considération  dans  les  recherches 
qui  sont  encore  à  faire  relativement  à  ces  Zoophytes; 
les  jeunes  semblent  naître  avec  leur  vésicule ,  qui 
précède  le  développement  de  plusieurs  de  leurs 
nombreux  appendices. 


8  ZOOLOGIE. 

Les  Velelles  et  les  Porpites  se  soutiennent  éga- 
lement à  la  surface  des  flots  par  des  tubes  car- 
tilagineux remplis  d'air.  Sans  augmenter  le  nom- 
bre des  espèces  connues,  nous  pourrons  ajouter 
quelques  détails  à  ce  qu'on  sait  déjà  de  leur  or- 
ganisation. 

Il  faut  nécessairement  que  ces  animaux  aient 
la  faculté  de  vider  l'air  qu'ils  ont  produit  ou  ab- 
sorbé, quand  vient  le  mauvais  temps,  afin  de  des- 
cendre à  des  profondeurs  qui  les  mettent  à  l'abri; 
autrement  ils  seraient  bientôt  brisés  par  l'effort 
des  lames.  Les  Pbysales  seules,  mieux  organisées 
et  beaucoup  plus  robustes,  résistent,  comme  nous 
l'avons  vu  plusieurs  fois,  à  d'assez  grosses   mers. 

D'après  les  recherchés  que  nous  avons  faites 
sur  les  Béroés,  que  nous  aurions  peut-être  dû 
indiquer  les  premiers,  ils  doivent  avoir  dans  l'é- 
chelle animale  une  place  un  peu  plus  élevée  que 
celle  qu'ils  occupent,  et  faire,  en  attendant  qu'on 
reconnaisse  en  eux  toutes  les  conditions  pour  être 
des  Mollusques  acéphales,  le  passage  entre  ces 
derniers  et  les  Zoophvtes.  En  effet ,  nous  avons 
reconnu  des  branchies  dans  les  cirrhes  locomo- 
trices et  une  circulation  si  active,  qu'elle  doit 
nécessairement  entraîner  toutes  les  conditions  qui 
la  font  exister  et  qui  en  dépendent,  bien  que 
nous  n'avons  pu  voir  d'organe  d'impulsion  ou  de 
cœur  proprement  dit. 

Cette  autre  variété  de  Réroé,  que  Pérou  a  nom- 


ZOOPHYTRS.  9 

niée  Callyanire,  jouit  de  la  même  organisation. 
Il  en  est  d'antres  à  large  cavité  dont  l'opacité  des 
parois  ou  leur  coloration  ne  permet  pas  de  voir 
la  circulation;  mais  l'ensemble  des  formes  et  l'exis 
tence  de  quelques  organes  conduisent  à  suppo- 
ser ceux  qu'on  ne  peut  distinguer.  Les  Gestes  ne 
sont  que  des  Béroés  très-étendus  latéralement, 
comme  L'a  dit  M.  Cuvier.  Le  grand  développement 
de  ces  êtres,  leur  mollesse  extrême,  qui  souvent 
ne  permet  pas  de  les  prendre  sans  les  briser,  en 
rendent  l'étude  excessivement  embarrassante.  Ils 
paraissent  vivre  malgré  la  rupture  de  leurs  corps, 
et  des  fractions  même  jouissent  pendant  long- 
temps de  la  faculté  d'exercer  des  mouvements  ré- 
guliers. Nous  recommandons  à  ceux  qui  seront 
à  même  de  continuer  après  nous  l'étude  de  ces 
êtres  singuliers  de  le  faire  à  la  lumière  artificielle, 
dans  de  l'eau  bien  pure  et  au  travers  d'un  bocal 
aplati,  qui  produit  peu  de  ces  diffractions  si  péni- 
bles quand  on  observe  à  la  loupe. 

Le  genre  Sagittèle,  que  nous  avions  nommé 
Flèche  avant  que  de  savoir  que  M.  Lesueur  l'avait 
déjà  découvert,  et  qui  ne  doit  ni  ne  peut  être 
confondu  avec  les  Firoles,  nous  paraît  avoir  une 
organisation  plus  élevée  que  les  Zoophytes  pro- 
prement dits,  et  se  rapprocher  davantage  des  Mol- 
lusques par  sa  forme  symétrique ,  ses  nageoires  et 
ses  mâchoires  armées  de  dents  cornées.  C'est  pres- 
que toujours   par   milliers   qu'on   trouve  de  ces 


10  ZOOLOGIE. 

très-petits  animaux,  qui   empruntent  leur   nom 

autant  de  leur  forme  que  de  la  rapidité  de  leurs 

mouvements. 

Nous  en  dirons  autant  de  notre  genre  Fretillaire 
que  nous  avons  rencontré  dans  plusieurs  mers, 
notamment  aux  environs  du  cap  de  Bonne-Espé- 
rance, où  il  donnait  à  l'eau  une  teinte  rouge  brun, 
bien  que  chaque  individu  n'eût  qu'une  ligne  de 
longueur.  Ces  singuliers  petits  animaux  dont  le 
dessin  seul  peut  donner  une  idée,  ne  font  que  se 
tortiller  sur  eux-mêmes.  Dans  leur  état  complet 
ils  sont  comme  enveloppés  dans  une  large  mem- 
brane dont  ils  se  séparent  sans  paraître  en  souf- 
frir. On  en  trouve  même  beaucoup  plus  de  libres 
que  munis  de  cet  appendice  *. 

Nous  pourrons  augmenter  de  près  d'un  tiers  le 
nombre  des  Médusaires  connues.  Dans  toutes  les 
mers  et  dans  tous  les  parages,  nous  avons  trouvé 
de  ces  animaux  dont  la  forme  générale  varie  assez 
peu.  Eu  cherchant  à  saisir  quelques  détails  de 
leur  organisation  intime,  nous  sommes  arrivé  à 
des  résultats  satisfaisants  touchant  la  digestion 
dans  certaines  espèces.  Les  autres  fonctions  nous 
ont  paru  très-obscures. 


*  C'est  probablement  le  genre  Oikopleura  de  Mertens  (  Mémoires  de 
la  Société  de  Saint-Pétersbourg  ,  t.  I,  2e  livr.,  février  i83o  ).  Cet  habile 
naturaliste  navigateur  ,  dont  les  sciences  doivent  vivement  regretter  la 
perte  prématurée  ,  n'a  pu  ,  dans  une  trop  courte  entrevue  ,  nous  démontrer 
tout  ce  qu'il  avait  cru  voir  dans  cet  animal,  <pii  reste  encore  à  être  bien 
connu. 


ZOOPHYTES.  1 1 

II  résulte  de  nos  remarques  relativement  à  la 
nutrition ,  que  la  nature  a  fourni  à  ces  animaux 
deux  moyens  de  l'opérer,  i°  pour  quelques-uns, 
par  l'imbibition  et  l'assimilation  des  particules  ali- 
biles  que  tient  en  suspension  le  milieu  dans  lequel 
ils  vivent,  comme  le  font  beaucoup  d'autres  Zoo- 
phytes  et  une  grande  quantité  de  Mollusques; 
2°  pour  d'autres,  par  une  vraie  digestion,  lors- 
que le  hasard  amène  à  leur  bouche  quelque  ani- 
mal. N'ayant  point  encore  observé  ce  fait  dans 
nos  premiers  voyages,  nous  avions  de  la  peine 
à  l'admettre;  mais  aujourd'hui  il  est  hors  de  doute 
pour  nous,  comme  il  l'a  été  pour  Péron  et  d'autres 
voyageurs.  Les  quatre  franges  arrondies  et  colo- 
rées qu'on  aperçoit  au  travers  de  l'ombrelle 
dans  quelques  espèces,  ne  sont  que  des  appen- 
dices de  l'estomac,  de  vrais  cœcums,  dont  le  re- 
bord est  parfois  pourvu  de  nombreux  suçoirs. 
On  trouve  dans  ces  replis  un  produit  de  diges- 
tion qui  se  répartit  ensuite  dans  les  canaux  qui 
en  partent,  et  se  portent  à  toutes  les  parties  du 
corps.  Ces  conduits,  à  peine  visibles  chez  quelques 
individus,  sont  tellement  marqués  dans  d'autres 
qu'ils  peuvent  servir  de  caractères  spécifiques. 
La  coloration  presque  constante  des  replis  stoma- 
caux semble  indiquer  que  les  corps  qui  la  pro- 
duisent sont  des  glandes  qui  doivent  servir  à   la 


r^ 


qui 


digestion.  Il  nous  paraît  bien  certain  que  ce  ne 
sont  pas  des  ovaires  comme  on  l'a  cru  jusqu'à  ce 


12  ZOOLOGIE. 

jour,  nous  ne  savons  trop  pourquoi.  D'ailleurs  un 
grand  nombre  de  Méduses  en  sont  dépourvues  et 
se  reproduisent  comme  les  autres.  Nous  ne  nions 
pas  qu'il  est  des  individus  où  les  ovaires  doivent 
entourer  l'estomac,  ou  en  être  fort  près.  L'expo- 
sition de  l'organisation  de  ces  êtres  montrera  de 
nombreuses  variétés  à  ce  sujet. 

Ces  Zoophytes  doivent  multiplier  considérable- 
ment, car  il  nous  est  quelquefois  arrivé  de  navi- 
guer plusieurs  jours  au  travers.  Une  fois  entre 
autres  dans  les  Moluques,  en  entrant  dans  la  rade 
de  Bourou,  notre  navire  se  frayait  une  route  parmi 
des  amas  de  gros  individus  pesant  plusieurs  livres. 

En  laissant  les  Zoophytes  ballottés  par  les  flots, 
si  nous  portons  nos  regards  vers  ceux  qui  sont 
fixés  et  que  nourrissent  les  rivages,  nous  verrons 
qu'il  n'est  pas  de  plus  beau  spectacle  pour  l'ob- 
servateur que  cette  admirable  fécondité  de  la  na- 
ture entre  les  tropiques.  Le  soleil  ardent  qui  vi- 
vifie toutes  ces  existences,  fait  que  les  rescifs  sur 
lesquels  il  n'y  a  que  quelques  pieds  d'eau,  repré- 
sentent un  vrai  parterre  sous-marin  émaillé  des 
couleurs  les  plus  belles  et  les  plus  suaves  en 
même  temps;  car  le  liquide  qui  les  recouvre  con- 
tribue à  leur  donner  à  toutes  une  teinte  inimi- 
table de  velouté.  Mais  ce  qu'on  prendrait  pour 
des  plantes  et  pour  des  (leurs,  sont  autant  d'a- 
nimaux qui  s'agitent  et  se  retirent  sous  la  main  qui 
les  touche.  Un   bloc  de    madrépore  est  un  petii 


ZOOPHYTES;  13 

monde  recelant  une  foule  d'être  divers,  qui  trou- 
vent dans  ses  anfractuosités  un  refuge  et  l'exis- 
tence. Ainsi ,  indépendamment  du  Zoophyte  lui- 
même  couvrant  de  ses  polypes  son  enveloppe 
pierreuse,  on  trouve  tout  à  la  fois  entre  ses  bran- 
ches des  petits  poissons,  des  Mollusques  libres, 
d'autres  incrustés  dans  sa  substance,  des  Anné- 
lides,  des  Ophiures,  des  polypiers  flexibles,  des 
éponges,  desThalassiophytes,  et  enfin  de  ces  subs- 
tances que  les  naturalistes  n'ont  encore  pu  classer, 
lesquelles  se  tiennent  sur  la  limite  des  corps 
qu'on  nomme  organisés  de  ceux  qui  ne  les  ont 
pas. 

Au  milieu  de  tant  de  richesses  que  nous  ne  pou- 
vions toutes  saisir,  nous  étions  forcé  de  n'étudier 
que  les  choses  principales,  celles  qui  nous  parais- 
saient entièrement  nouvelles.  Nous  suivîmes  ici 
la  même  marche  que  nous  avons  déjà  indiquée 
pour  les  Mollusques,  de  dessiner  tous  ces  Zoo- 
phytes  vivants.  Si  leur  étude  était  plus  minutieuse 
que  celle  des  Mollusques,  nous  avions  du  moins 
l'avantage  de  pouvoir  les  conserver  vivants  plu- 
sieurs jours.  Quelques-uns  avaient  besoin  de 
ce  temps  pour  s'épanouir  complètement.  Par- 
mi ces  êtres  à  configurations  si  diverses  qui  con- 
servent leurs  formes  et  quelquefois  leurs  teintes, 
même  après  avoir  été  mis  dans  l'esprit-de-vin , 
nous  citerons  les  Astéries  et  les  Oursins. 

Les  premières  nous  ont  présenté  leurs  variétés 


14  ZOOLOGIE. 

de  formes  et  de  couleurs,  depuis  celles  qui  res- 
semblent à  une  lentille  jusqu'à  celles  qui,  allon- 
gées et  découpées  en  cinq  bras ,  et  qu'on  nomme 
Ophiures,  se -tortillent  en  effet  comme  des  serpents. 
La  fragilité  de  ces  échinodermes  est  extrême  :  ils 
se  brisent  eux-mêmes  dans  leurs  contractions;  sans 
autre  sens  que  le  tact,  il  est  curieux  de  voir  avec 
quelle  prestesse  ils  se  dérobent  à  la  main  qui 
veut  les  saisir.  D'autres  espèces  au  contraire, 
moins  bien  organisées,  n'ont  qu'une  locomotion 
lente  et  passagère.  Enfin  il  en  est  d'énormes,  ar- 
rondies en  forme  de  coussin,  et  qu'on  ne  peut 
quelquefois  pas  distinguer  des  roches  au  milieu 
desquelles  elles  se  trouvent.  Le  jaune,  la  laque, 
le  vert,  le  plus  beau  bleu  de  ciel,  ou  toutes  ces 
couleurs  mélangées  recouvrent  ces  animaux. 

Les  Oursins  moins  brillants  n'en  sont  pas  moins 
variés  dans  leur  aspect  et  leurs  teintes.  Il  n'y  a 
peut-être  pas  la  dixième  partie  des  individus  de 
cette  grande  famille  de  connue.  Toutes  les  mers 
en  produisent  ;  mais  la  difficulté  de  les  conserver 
fait  qu'en  général  on  s'en  occupe  peu ,  qu'on  ne 
récolte  que  les  plus  élégants  et  ceux  de  taille  mé- 
diocre qui  peuvent  facilement  se  loger.  Il  faut 
dire  aussi  qu'il  en  est  dont  les  baguettes  sont  si 
longues  et  si  délicates,  qu'il  est  impossible  de  les 
avoir  entières.  Il  est  de  ces  animaux  condamnés 
par  des  circonstances  particulières  à  ne  changer 
jamais  de  place  dans  les  trous  où  le  hasard  les  a 


ZOOPHYTES.  15 

fait  éclore.  D'autres  se  meuvent  avec  une  certaine 
vitesse.  Nous  en  avons  vu  de  tout  noirs  avec  de 
très-longs  piquants,  et  dont  la  membrane  qui 
recouvre  le  corps  était  marquée  en  dessus  de  lignes 
veloutées  couleur  d'émeraude  *. 

Les  voyageurs  ne  se  sont  point  encore  assez 
attachés  à  l'étude  des  Holothuries.  Il  est  vrai 
que  pour  ces  animaux  il  ne  suffit  pas  de  les  re- 
cueillir, et  qu'il  faut  encore  les  dessiner  dans 
leur  épanouissement  et  avec  leurs  couleurs;  car 
une  fois  racornis  dans  une  liqueur  conservatrice, 
on  ne  peut  plus  en  tirer  aucun  parti  pour  la  dé- 
termination des  espèces.  Nous  remarquerons,  qu'il 
résulte  de  nos  recherches  sur  un  assez  grand  nom- 
bre d'individus  que  tous  n'ont  pas  la  même  orga- 
nisation ;  qu'il  y  a  des  différences  assez  notables 


*  Dans  les  grands  voyages,  il  arrive  quelquefois  des  accidents  parmi  les 
équipages,  occasionés  par  les  blessures  d'Oursins,  qui,  dans  les  pays 
chauds,  peuvent  déterminer  le  tétanos  et  la  mort.  Voici  à  cet  égard  un 
fait  utile  que  nous  tenons  de  M.  Aiguillon ,  ancien  chirurgien-major  de 
la  marine.  Étant  dans  la  mer  Rouge,  où  ces  animaux  abondent,  un 
matelot,  en  se  mettant  à  l'eau  sans  souliers,  eut  la  plante  des  pieds  rem- 
plie de  piquants  qui  s'y  étaient  brisés.  Les  tentatives  de  M.  Aiguillon 
pour  les  enlever  ne  faisaient  que  les  enfoncer  davantage,  et  il  y  avait 
tant  de  ces  corps  qu'il  ne  pouvait  pas  se  permettre  d'agrandir  les  ouver- 
tures pour  les  retirer.  Il  était  d'autant  plus  embarrassé  que  le  malade 
souffrait  beaucoup.  Un  Arabe  présent  demanda  à  employer  le  moyen 
dont  on  se  sert  chez  eux  en  pareil  cas.  Il  frotta  la  plante  des  pieds 
d'huile  ou  de  graisse;  la  fit  ensuite  approcher  du  feu,  de  manière 
à  la  chauffer  assez  fortement;  puis  la  racla  avec  une  lame  de  couteau, 
jusqu'à  ce  que  tous  les  aiguillons  fussent  sortis.  Ce  procédé  réussit 
complètement  :  toutefois  nous  pensons  qu'il  est  des  baguettes  tellement 
configurées  qu'elles  pourraient  très-bien  résister  à  un  semblable  procédé. 


16  ZOOLOGIE. 

dans  les  viscères,  dont  on  ne  peut  cependant  pas 
trop  se  servir  pour  la  classification  de  ces  êtres  , 
laquelle  doit  plutôt  être  prise  des  formes   exté- 
rieures, et  surtout  des   tentacules  qui  entourent 
la  bouche.    Les  principales  fonctions  de  ces  ap- 
pendices sont,  comme  nous  l'avons  vu  très-sou- 
vent, de  porter  dans  l'orifice  buccal  les  particules 
nutritives  qui  peuvent  se  trouver  à  leur  portée. 
A  cet  effet,  lorsque  tout  le  disque  est  épanoui  , 
chacun   d'eux  se    recourbe  et  s'enfonce   dans  la 
bouche,  pour  en  ressortir  promptement  et  faire 
place  à  un  autre.   Il  est  rare  que  deux  agissent  à 
la  fois.  C'est  ainsi  que  ,  dans  les  plantes  et  pour 
une  autre  fonction ,  on  voit ,  au  temps  de  la  fécon- 
dation de  la  rue,  les  étamines  se  porter  tour  à 
tour  sur  le  pistil. 

Les  Holothuries  ont  encore  un  autre  moyen 
de  se  nourrir,  c'est  d'avaler  une  grande  quantité 
de  sable  ,  parmi  lequel  se  trouvent  quelques 
animalcules.  Leur  long  intestin  en  est  toujours  farci, 
et  c'est  tout  au  plus  si  ces  délicates  membranes 
peuvent  en  supporter  le  poids. 

Toutes  les  espèces  ne  sont  pas  dans  l'habitude 
de  rejeter  leurs  viscères,  lorsqu'on  les  touche  ou 
qu'on  les  tourmente;  celles,  par  exemple,  qui 
sont  coriaces,  comme  cartilagineuses,  ne  le  font 
pas.  La  rade  du  Port-Jackson  nous  en  a  donné  de 
cette  nature,  qui  se  tiennent  à  une  assez  grande 
profondeur,  sans  qu'on  les  voie  jamais  ramper  sur 


ZOOPHYTKS.  17 

le  rivage.  Le  plus  grand  nombre  se  tient  sur  les 
fonds  sablonneux,  pour  la  raison  que  nous  venons 
d'indiquer.  Il  en  est  même ,  comme  l'Holothurie 
noire,  qui  se  recouvrent  en  partie  de  sable,  à  l'excep- 
tion des  points  du  dos  où  se  trouvent  ce  que  nous 
nommons  les  spiracules,  qui  sont  à  nu.  D'autres 
fuient  la  lumière ,  et  se  tiennent  constamment 
cachées  sous  les  pierres.  Mais  la  chose  la  plus  sur- 
prenante que  nous  ayons  vue,  a  été  de  trouver 
dans  la  grande  Holothurie  Ananas  un  poisson  vi- 
vant long  de  six  pouces,  du  genre  Fierasfer.  Cette 
circonstance  n'était  point  due  au  hasard,  car  elle 
s'est  reproduite  plusieurs  fois,  et  au  retour  de 
notre  voyage  nous  avons  vu  dans  les  beaux  tra- 
vaux de  M.  Mertens  sur  les  Holothuries,  qu'il  avait 
rencontré  la  même  chose  dans  d'autres  lieux  que 
nous.  Ce  poisson  très-allongé,  un  peu  aplati,  ne  sau- 
rait par  sa  grosseur  loger  dans  l'estomac.  Comme 
de  sa  nature  il  n'y  voit  que  fort  peu,  et  fuit  la 
lumière,  lorsqu'il  donne  au  milieu  des  tentacules 
épanouis  de  ces  grandes  Holothuries,  il  s'intro- 
duit par  la  bouche,  rompt  l'œsophage  et  demeure 
entre  les  viscères  et  l'enveloppe  extérieure;  pro- 
bablement au  milieu  de  l'eau  qui  a  dû  s'introduire 
avec  lui ,  ou  que  les  spiracules  y  apportent.  Nous 
avons  quelquefois  rencontré  deux  de  ces  poissons 
parasites  à  la  fois,  sans  que  rien  indiquât  leur 
présence,  et  que  l'animal  parût  en  souffrir.  Nous 

Zoologie,  t.  iv.  2 


18  ZOOLOGIE. 

avons  vu  également  un  petit  crustacé  s'introduire 
par  le  cloaque,  et  vivre  clans  les  tubes  àquifères, 
qui  semblent  faire  dans  ces  Zoophytes  les  fonc- 
tions de  branchies. 

L'habitude  de  manger  des  Holothuries  se  main- 
tient toujours  dans  les  Moluques  et  en  Chine. 
C'est  cependant  une  branche  d'industrie  peu  con- 
sidérable, quoiqu'elle  s'étende  jusqu'aux  îles  Ma- 
rianes,  qui  envoient  leurs  produits  à  Manille.  Il  suffit 
pour  la  conservation  de  ces  Zoophytes  de  les  vider, 
de  les  plonger  dans  l'eau  bouillante  un  instant, 
puis  de  les  faire  sécher  au  soleil.  Certaines  espèces 
sont  seules  recherchées  comme  comestibles;  mais 
nous  pensons  que  c'est  par  préjugé  qu'on  rejette 
les  autres  qui  paraissent  de  même  nature ,  et  tout 
aussi  gélatineuses.  Tôt  ou  tard  on  finira  par  les 
prendre  toutes  *. 

Par  le  système  que  nous  suivions  de  tout  exa- 
miner et  de  tout  étudier ,  il  nous  est  arrivé  en  cas- 
sant des  Madrépores,  d'y  trouver  plusieurs  espèces 
deSiponcles,  qui  se  logent  dans  des  trous  très- 
régulièrement  creusés  en  forme  de  tubes,  à  l'aide 
d'une  sorte  de  roulette  osseuse  qui  termine  l'une 
des  extrémités.  Les  individus  qui   n'ont  pas  cet 


*  On  trouve,  à  notre  connaissance,  aux  îles  Marianes,  cinq  à  six 
espèces  d'Holothuries.  Nous  croyons  que  c'est  celle  à  laquelle  nous  avons 
donné  le  nom  d'Holothurie  de  Guam  qu'on  mange  le  plus  communément. 
Le  Pikle,  qui  équivaut  à  i?o  livres,   se  vend    i5o  francs. 


ZOOPIIYTES.  19 

instrument,  habitent  dans  le  sable.  C'est  parmi  les 
Siponcles  qu'il  faut  placer  le  genre  Ochetostome, 
encore  assez  mal  connu. 

En  parlant  des  Siponcles  après  les  Holothuries, 
on  voit  que  nous  aurions  une  tendance  à  les  rap- 
procher de  ces  dernières.  Ce  serait  en  effet  au- 
près d'elles  que  les  placerait  leur  forme  exté- 
rieure ;  mais  il  faut  avouer  qu'il  est  des  caractères 
de  leur  organisation  interne  qui  les  en  éloignent 
complètement. 

Les  contrées  chaudes  sont  fertiles  en  Actinies. 
Les  îles  des  Amis,  la  Nouvelle-Irlande  nous  en  ont 
offert  d'une  taille  gigantesque ,  dont  les  tentacules 
rameux  s'élèvent  comme  ceux  d'une  vraie  plante 
marine.  Ces  Zoophytes  de  plus  d'un  pied  d'éléva- 
tion ont  leur  corps  enfoui  dans  le  sable,  sous  le- 
quel toutes  les  parties  rentrent  quand  on  les  tou- 
che. Quelques-uns  ont  des  tentacules  longs  et 
déliés,  simples  ou  ramifiés  ou  granuleux ,  d'autres 
les  ont  très-courts  ou  à  peine  perceptibles.  Des 
espèces  sont  éminemment  caustiques.  Il  suffit  de 
les  toucher  dans  l'eau  même,  pour  qu'elles  occa- 
sionnent une  forte  cuisson  accompagnée  de  rou- 
geur. Quelques-unes  transmettent  cette  propriété 
à  l'eau  qu'elles  lancent  en  se  contractant  ;  nous 
reçûmes  une  fois  de  cette  eau  dans  l'œil,  ce  qui  le 
fit  enfler  sur-le-champ;  toutefois  la  douleur  fut 
beaucoup  plus  vive  aux  paupières,  qui  eurent 
des  phlyctènes,  qu'à  laconjonctive.il  en  est,  et  c'est 


20  ZOOLOGIE. 

le  plus  grand  nombre,  qu'on  touche  impunément, 
et  qu'on  mange  cuites*.  Nous  avons  cherché,  au- 
tant qu'il  nous  a  été  possible,  à  rendre  les  cou- 
leurs de  ces  animaux;  nous  y  sommes  quelquefois 
parvenu ,  mais  il  est  des  cas  où  nous  n'avons  que 
faiblement  approché  des  modèles,  tant  il  est  dif- 
ficile, pour  ne  pas  dire  impossible,  d'imiter,  à  l'a- 
quarelle surtout,  le  velouté  qui  recouvre  toutes 
ces  teintes  comme  un  vernis. 

Ces  Zoophytes  se  fixent,  comme  on  sait,  par  la 
base.  On  dit,  et  c'est  très -probable,  qu'ils  sont 
susceptibles  de  changer  lentement  de  place  ;  nous 
le  croyons  pour  ceux  placés  sur  un  espace  facile 
à  parcourir ,  une  roche  lisse  par  exemple  ;  mais 
la  plupart  sont  engagés  dans  des  trous,  au  milieu 
des  pierres  ou  des  inégalités  madréporiques , 
d'où  il  leur  est  bien  difficile  de  sortir;  après  qu'on 
les  a  enlevés  et  mis  dans  un  vase,  ils  s'y  collent 
de  nouveau  avec  force.  Lorsqu'ils  commencent  à 
souffrir,  l'eau  pénètre  leur  substance,  et  toutes 
leurs  parties  acquièrent  un  volume  monstrueux. 
Nous  avons  vu  des  jeunes  sortir  tout  formés  par 
la  bouche,  et  être  entraînés  par  les  eaux  jusqu'à 
ce  qu'ils  fussent  fixés. 

Il  est  de  vraies  Actinies  flottantes.  Nous  avons 
trouvé  échouée  par  centaines,  sur  les  plages  du 


"  Nous  en  avons  vu  de  pleins  paniers  au  marché  de  Rochefort ,  d'une 
ou  deux  espèces,  larges  comme  la  main,  rougeàtres  et  ver dà  1res  :  on 
les   nomme  CuI-de-Clieval. 


ZOOPHYTES.  21 

port  Western ,  à  la  Nouvelle-Hollande ,  la  belle 
espèce  que  nous  nommons  tuberculeuse ,  si  re- 
marquable ,  en  effet ,  par  ses  bosselures  bien  dé- 
terminées ,  de  diverses  couleurs.  La  marée  mon- 
tante les  reprenait ,  et  portait  au  large  celles  que 
le  soleil  n'avait  pas  tuées ,  comme  cela  arrive  pour 
les  Médusaires. 

Mais  une  Actinie  essentiellement  pélagienne  et 
très-rare  est  le  genre  Minias ,  que  nous  n'avons 
trouvé  qu'une  fois  ,  entre  la  Nouvelle-Zélande  et 
les  îles  des  Amis.  L'ayant  conservé  vivant  plusieurs 
jours,  nous  l'avons  dessiné  sous  toutes  les  formes 
qu'il  a  voulu  prendre. 

Des  Actinies  on  passe  aux  Mamillifères ,  qui 
ne  sont  réellement  que  des  Actinies  groupées  et 
à  enveloppe  coriace,  comme  l'a  fait  remarquer 
M.  Cuvier.  Ce  ne  sera  que  sur  de  bonnes  figures, 
coloriées  et  faites  sur  le  vivant,  qu'on  pourra 
parvenir  à  débrouiller  les  espèces  de  ce  petit 
groupe ,  dont  la  plupart  n'ont  encore  été  étudiées 
que  sur  des  échantillons  desséchés.  Ces  animaux 
sont  apathiques ,  et  fort  lents  à  montrer  leurs 
courts  tentacules ,  lesquels  sont  le  plus  souvent 
à  rangée  simple ,  occupant  le  pourtour  du  disque. 

Viennent  ensuite  les  Fongies,  dont  l'animal  est 
une  vraie  yictinie  ,  étendue  sur  les  lamelles  cal- 
caires qu'elle  sécrète ,  lesquelles  traduisent  par- 
faitement la  forme    du   Polype.    On  en   trouve, 


22  ZOOLOGIE. 

comme  dans  le  genre  Actinie,  avec  des  tentacules 
courts  ou  très-longs ,  qui ,  lorsqu'ils  sont  déve- 
loppés ,  ressemblent  si  bien  à  ceux  des  Actinies 
que  ce  n'est  qu'en  mettant  la  main  dessus  qu'on 
peut  reconnaître  la  différence.  Ils  ne  se  rétractent 
point  dans  la  liqueur  de  manière  à  ce  qu'on  ne 
puisse  pas ,  après  leur  mort ,  saisir  cette  ressem- 
blance ,  ainsi  qu'on  peut  s'en  assurer  d'après  un 
grand  individu  que  nous  avons  déposé  au  Muséum. 
Dans  les  Fongies   non  fixées ,  reposant  sur  le 
sable ,  et  ce  sont  les  plus  nombreuses ,  la  mem- 
brane du  Polype  se  recourbe  sous  le  polypier  pour 
sécréter  les   petites  aspérités  qu'on  y  remarque. 
Elle  est    quelquefois   tellement  mince  et   trans- 
parente qu'on  a  de  la  peine  à  l'apercevoir;  il  est 
même  des  cas  où  elle  ne  dépasse  pas  le  disque; 
la  macération  dans   l'esprit-de-vin  la  rend  plus 
sensible.  La  forme  du  plateau  calcaire  ,  les  décou- 
pures de  ses  lamelles ,  sont  d'assez  bons  caractères 
à  joindre,  pour  la  détermination  des  espèces,  à 
ceux  que  présentent  les  Polypes.  Les  Fongies  dé- 
pourvues de  tentacules  ou  qui   n'en  ont  que  de 
très-courts,  ont  de  si  grands  rapports  entre  elles 
qu'on    est   obligé    de  se  servir   des   couleurs   de 
l'animal  pour  les  caractériser.   Elles   n'ont   ordi- 
nairement qu'un  Polype;  celles  qui  en  présentent 
deux  ou  plusieurs ,    et  dont  la  forme  s'allonge , 
doivent  former  une  subdivision  dans  ce  genre. 


ZOOPHYTES.  23 

Les  Turbinolies  sont  comme  de  petites  Fongies 
comprimées  et  fixées,  qui  font  insensiblement 
arriver  aux  Caryophyllies. 

Ce  rapprochement ,  déjà  indiqué  par  de  M.  Blain- 
ville,  entre  ces  animaux  et  les  Actinies,  s'étendra 
à  beaucoup  de  Polypes  coralligènes,  soit  simples 
ou  groupés,  qui  tous  ont  la  forme  d'Actinie, 
comme  les  Caryophyllies,  les  Astrées ,  les  Pavonies 
et  même  les  Méandrines ,  qui  jusqu'à  ce  jour 
avaient  été  peu  étudiées ,  et  se  trouvaient  classées 
uniquement  d'après  la  forme  du  produit  calcaire. 

Dans  les  Caryophyllies,  les  animaux  peuvent  être 
rapprochés  ou  très-écartés ,  mais  toujours  isolés 
sur  une  branche  séparée,  seulement  unie  par  la 
base  à  un  tronc  commun.  Ils  ont  une  ouverture 
centrale,  des  tentacules  plus  ou  moins  longs, 
comme  les  Actinies,  lesquels  débordent  un  peu 
leur  support;  quelquefois  ces  tubes  sont  soudés 
entre  eux  à  mesure  qu'ils  s'élèvent.  Il  est  des  Caryo- 
phyllies qui  font  presque  le  passage  aux  Méandrines. 

Celles-ci  forment  le  plus  souvent  des  demi- 
sphères  fixées  par  un  large  pédicule.  Les  Polypes 
recouvrent  toute  la  masse  ;  ils  sont  confluents ,  et 
l'on  n'entrevoit  de  lignes  de  séparation  que  sur 
le  sommet  des  sillons ,  aucunes  dans  les  vallées , 
qu'occupent  des  bouches  et  des  tentacules  exces- 
sivement courts  *.  On  voit  dans  les  collections  des 

Notre  manière  de  voir  ces  animaux,  ainsi  que  nos  dessins,  diffèrent 
un  peu  de  re  qu'a  vu  M.  Lesueur.  Il  Saut  noire  qu'il  y  a  eu  erreur  dans 


24  ZOOLOGIE. 

Méandrines  libres,  parfaitement  rondes,  grosses 
comme  de  petits  boulets.  Ceci  s'explique  de  cette 
manière  :  un  seul  point  portait,  pendant  que  tout 
le  reste  était  recouvert  de  Polypes;  un  accident 
aura  fait  un  peu  tourner  la  boule ,  et  les  animaux 
auront  gagné  la  partie  qui  en  était  dépourvue. 
Ces  conditions  rendent  ces  exemples  rares. 

Les  Astrées  se  rapprochent  beaucoup  plus  des 
Actinies  que  les  Méandrines.  Chaque  étoile  a  son 
Polype  vivant  d'une  manière  individuelle,  bien 
qu'il  touche  à  ceux  qui  l'entourent  pour  ne  for- 
mer qu'une  seule  membrane  enveloppant  les  demi- 
sphères  que  forment  ordinairement  ces  animaux. 
Il  en  est  qui  sont  pédicules  ,  et  d'autres  qui 
ont  des  tentacules  assez  longs. 

Nous  ne  répéterons  point  ce  que  nous  avons  dit 
ailleurs  pour  cet  ordre ,  dont  les  polypiers  tra- 
duisent, en  général ,  assez  parfaitement  la  forme 
des  animaux  qui  les  ont  sécrétés.  Comme  les  espè- 
ces en  étaient  encore  assez  mal  déterminées,  nous 
tâcherons,  par  nos  dessins,  de  faire  concorder  les 
caractères  des  polypiers  avec  ceux  des  animaux. 
Ces  derniers ,  ornés  des  couleurs  les  plus  agréables 


Jes  notes  de  rel  habile  observateur,  relativement  à  ce  qu'il  a  donné  pour 
être  des  Méandrines  (  Mémoires  du  Muséum,  t.  VI,  p.  271  ),  dont  les 
polypes,  beaucoup  trop  distincts,  ressemblent  plulôt  h  ceux  des  Astrées- 
C'est  aussi  l'opinion  de  M.  le  professeur  de  Blainville,  qui  a  examiné  les 
animaux  de  Méandrines  que  nous  avons  déposés  au  Muséum.  Cependant  on 
peut  concevoir  (pie  quelque  étoile  isolée  de  Méandrine  présente  ce  carac- 
tère ;  mais  ce  ne  sera  jamais  l'ensemble. 


ZOOPHYTES.  25 

et  les  plus  douces,  s'élèvent,  en  général,  peu  au- 
dessus  de  leur  support  poreux.  Ainsi  que  les  Ac- 
tinies ,  ils  se  laissent  considérablement  gonfler 
par  l'eau  lorsqu'ils  souffrent;  c'était  même  un  des 
moyens  que  nous  employions  pour  mieux  étudier 
leur  organisation  interne,  qui  diffère  bien  peu  de 
celle  des  Actinies.  Nous  avons  transporté  des 
Astrées  des  latitudes  chaudes  dans  des  régions 
froides  pour  elles;  des  Moluques  à  Van-Diemen, 
par  exemple,  en  ayant  soin  de  les  changer  tous 
les  jours  d'eau  :  elles  y  ont  assez  bien  vécu.  Nous 
en  avons  mutilé,  pour  voir  si  elles  se  reprodui- 
raient :  une  étoile  coupée  en  deux  ne  s'était  pas 
totalement  réparée  après  deux  mois  :  il  est  vrai 
qu'alors  nous  nous  éloignions  de  la  chaleur,  qui 
est  une  des  conditions  de  leur  vitalité. 

Chaque  animal ,  dans  les  Pavonies,  occupe  une 
large  surface,  pour  recouvrir  les  profondes  lamel- 
les qui  distinguent  ce  polypier.  La  bouche ,  qui 
ne  nous  a  pas  paru  entourée  de  tentacules ,  est 
placée  dans  le  fond  des  sillons. 

Tous  ces  Polypes  actiniformes  tendent  à  donner 
à  leurs  polypiers  une  disposition  demi-sphérique 
ou  ronde ,  quand  rien  ne  gène  leur  libre  dévelop- 
pement. Dans  le  cas  contraire ,  ils  sont  irréguliers , 
ondulés  ou  aplatis. 

Pour  continuer  ce  qui  est  relatif  à  ces  pro- 
ductions pierreuses,  nous  parlerons  des  Madré- 
pores proprement  dits ,  c'est-à-dire  de  ceux  qui 


26  ZOOLOGIE. 

offrent  le  plus  souvent  de  ces  ramifications  qui 
ressemblent  à  des  branches  d'arbre,  et  dont  l'en- 
semble forme  de  larges  explanations  circulaires. 
Ce  sont  ceux  qui  se  multiplient  davantage,  et  re- 
tiennent en  s'enchevètrant  une  foule  de  corps 
qui  contribuent  à  l'élévation  du  sol  clans  les  rades 
peu  profondes.  Dépouillés  de  leurs  animaux ,  ils 
ornent  les  collections  par  leur  éclatante  blancheur. 
Ces  êtres  ,  inconnus  jusqu'à  ce  jour  ,  fixèrent 
notre  attention ,  et  en  les  étudiant  sur  plusieurs 
espèces,  nous  vîmes  que  tous  avaient  pour  carac- 
tères d'être  pourvus  de  douze  tentacules ,  ce  qui 
nous  servit  à  y  rattacher  d'autres  polypiers  , 
placés  jusque-là  dans  des  genres  différents.  Les 
Madrépores  ne  diffèrent  des  autres  Coralligè- 
nes  que  par  la  régularité  de  leurs  appendices; 
mais  ils  enveloppent  également  de  leurs  membra- 
nes la  substance  qu'ils  sécrètent,  et,  quoiqu'il  y 
ait  continuité  de  tissu  à  la  surface ,  chaque  Polype 
jouit  d'une  vie  indépendante  et  séparée.  A  mesure 
que  le  polypier  croît,  les  parties  inférieures  restent 
dépourvues  d'animaux.  En  général ,  il  n'y  a  guère 
que  les  sommités  qui  en  soient  complètement 
couvertes.  Ils  sécrètent  une  humeur  blanche,  albu- 
mineuse,  filante  comme  du  blanc  d'ceuf,  qu'à  tort, 
dans  nôtre  premier  voyage ,  nous  avions  prise 
pour  la  substance  même  du  Polype,  difïluente 
comme  celle  des  éponges.  Il  y  a  des  Madrépores 
blancs,   d'autres   colorés  en  jaune,  en  rose,    en 


ZOOPHYTES.  27 

bleu  de  ciel,  etc.  Quelquefois  la  base  est  blanche 
et  l'extrémité  des  rameaux  bleue  :  nous  ignorons 
d'où  peut  provenir  cette  différence. 

Les  Alvéopores,  les  Héliopores  sont  également 
des  animaux  rayonnes,  mais  dont  le  nombre  des 
tentacules  n'est  pas  aussi  fixe  que  chez  les  Madré- 
pores. L'Hélioporebleu  a  cela  de  particulier  que  la 
matière  pierreuse  est  azurée,  tandis  que  l'animal 
est  blanc.  Il  est  très-rare  vivant  ;  nous  n'en  avons 
même  trouvé  qu'à  Guam  sur  le  rescif  qui  est  devant 
la  ville  d'Agagna. 

L'organisation  de  tous  ces  êtres  consiste  dans 
une  bouche  centrale,  ronde  ou  ovale,  ondulée 
ou  froncée.  Sur  ses  bords  à  quelque  distance ,  sont 
placés  les  tentacules  en  nombre  déterminé  ou 
multiples ,  ordinairement  sur  une  seule  rangée. 
L'ouverture  buccale  donne  dans  une  cavité  sto- 
mocale,  au  fond  de  laquelle  adhèrent  des  corps 
blancs  très-déliés,  entortillés  et  pénétrant  dans  les 
lamelles  sous-jacentes  au  Polype:  ce  sont  des  ovai- 
res ,  auxquels  sont  fixés  des  ovules  qui  sortent  par 
la  bouche  et  se  développent  sur  le  lieu  où  elles 
tombent. 

Il  est  des  polypiers  dont  les  animaux  sont  si 
petits ,  que  la  loupe  ne  pouvait  pas  nous  les  dé- 
montrer. Il  nous  a  été  impossible,  faute  de  temps, 
dry  appliquer  le  microscope;  car  il  faut  toujours 
avoir  à  la  pensée  que  ces  sortes  d'études  ne  se 
font  bien  que  dans  l'eau. 


28  ZOOLOGIE. 

Les  limites  les  plus  extrêmes  dans  les  deux 
hémisphères  où  nous  ayons  trouvé  des  polypiers , 
sont  le  port  du  Roi-Georges  à  la  Nouvelle-Hollande, 
et  Algesiras  en  Espagne.  Us  étaient  en  petit  nom- 
bre, vivement  colorés,  et  appartenaient  au  genre 
Astrée. 

Deux  faits  recueillis  dans  ce  dernier  voyage, 
prouvent  ce  que  nous  avons  dit  ailleurs ,  que  dans 
les  contrées  équatoriales  les  polypiers  coralligènes 
ne  s'accroissent  pas  avec  autant  de  rapidité  qu'on 
a  bien  voulu  le  dire.  Le  premier  est  relatif  aux 
ancres  et  aux  canons  des  vaisseaux  de  Lapérouse, 
dans  l'île  de  Yanikoro,  située  par  n°  de  latitude. 
Ils  étaient  par  environ  quinze  pieds  de  profondeur 
encroûtés  seulement  de  quelques  pouces  de  poly- 
piers mélangés  de  coquilles,  mais  non  recouverts 
et  cachés  par  ces  animaux  qui,  depuis  quarante 
ans,  auraient  dû  les  avoir  enfouis  si  leur  croissance 
eût  été  très -active.  On  ne  peut  pas  objecter  que 
la  nature  des  métaux  ne  leur  était  pas  convena- 
ble pour  s'élever;  car  alors  ils  l'auraient  fait  tout 
autour,  et  en  les  circonscrivant  eussent  placé 
ces  objets  comme  dans  une  fosse;  ce  qui  n'était 
pas;  des  saumons  de  plomb  même  étaient  visibles. 

L'autre  fait  qui  s'est  passé  par  environ  i3°  de 
latitude  nord,  dans  l'île  de  Tinian,  a  pour  objet 
l'ancre  du  vaisseau  d'Anson,  qui  depuis  plus  de 
85  ans  était  sous  les  eaux  à  vingt-deux  brasses  de 
profondeur.  Non-seulement  elle  fut  retirée,  mais 


ZOOPHYTES.  29 

vue  auparavant,  ce  qui  annonce  des  eaux  calmes 
et  limpides  ,  de  bons  yeuxet  surtout  qu'elle  n'était 
pas  trop  recouverte  de  Madrépores.  En  effet  elle 
n'en  était  revêtue  que  de  quelques  pouces,  qu'on 
fit  tomber  en  la  chauffant.  On  sait  que  le  vais- 
seau de  l'amiral  était  de  soixante  canons;  aussi 
cette  ancre  que  nous  avons  vue  à  Guam  avait-elle 
dix-sept  pieds  de  tige. 

Il  est  des  corps  qui  par  leur  croissance  régu- 
lière, symétrique  et  toujours  la  même,  semblent 
tenir  aux  polypiers  coralligènes  sans  qu'il  soit  pos- 
sible d'y  reconnaître  la  moindre  trace  d'être  orga- 
nisé, comme  les  Corallines,  les  Acétabules,  les 
Polyphyses*  ,  ainsi  que  ces  petits  corps  discoïdes, 
ombiliqués,  crétacés**  que  nous  trouvions  libres, 
et  toutes  ces  plaques  de  même  nature ,  ramifiées 
ou  mamelonnées ,  variées  en  couleurs,  qui  encroû- 
tent les  corps  marins.  Ils  peuvent  être  considérés 
comme  formant  une  sorte  de  passage  de  l'anima- 
lité à  une  cristallisation  minérale  toute  particu- 
lière; de  même  que  d'autres  substances,  comme 
lesTéthies,  les  Géodies,  semblent  être  placées  sur 
les  limites  de  la  végétation. 

Rien  n'est  encore  plus  vaguement  indiqué  que 
la  nombreuse  famille  des  Polypes  à  huit  tentacules: 

*  Les  Polyphyses  diffèrent  des  Acétabules  et  de  ces  autres  corps  crétacés, 
en  ce  que  les  vésicules  qui  terminent  l'extrémité  sont  remplies  d'un  liquide 
gélatineux,  qui  tient  de  celui  qu'on  trouve  dans  certains  fucus;  ce  qui  a 
probablement  fait  que  Dawson  Turner  les  avait  placés  parmi  ces  végétaux. 

**  Genre  Marginoporè  de  M.  de  Blainville. 


30  ZOOLOGIE. 

c'est  un  travail  qu'on  pourrait  commencer,  parce 
qu'on  possède  un  bon  nombre  de  ces  animaux 
assez  bien  déterminés.  Nos  dessins  faits  sur  les 
lieux  augmenteront  le  nombre  des  espèces  en 
même  temps  qu'ils  faciliteront  pour  la  détermina- 
tion précise  de  quelques  genres  dont  le  nombre 
a  été,  selon  nous,  trop  multiplié.  On  ne  s'entend 
pas  bien  sur  ce  qu'on  nomme  Alcyon ,  Cornnlaire 
Lobulaire,  etc.  Il  est  de  ces  animaux  libres,  d'autres 
fixés.  Chez  les  uns  les  Polypes  peuvent  rentrer 
dans  la  masse  qui  leur  sert  de  base,  tandis  que 
d'autres  ne  peuvent  pas  le  faire,  et  sont  constam- 
ment saillants.  Il  en  est  pour  la  consistance  de  mous, 
de  coriaces;  pour  la  forme,  de  mamelonnés,  de 
flabelliformes ,  d'allongés  en  rameaux  et  ressem- 
blant sous  les  eaux  à  de  vraies  plantes  marines.  On 
peut  vraiment  dire  qu'il  n'est  point  d'aspect  et 
de  couleurs  que  ne  prennent  ces  Zoophytes,  qui 
ont  tous  huit  tentacules  réguliers;  a  mer  basse  ils 
forment  comme  des  coussins  appliqués  aux  rochers, 
qu'ils  rendent  très -glissants.  Nous  nous  sommes 
positivement  assuré  que  ces  animaux  ont  une 
vie  séparée,  bien  qu'ils  soient  susceptibles,  jus- 
qu'à un  certain  point ,  de  communiquer  entre  eux 
par  la  base  sarcoïde  dans  laquelle  ils  sont  implan- 
tés. On  peut  en  effet,  lorsque  tous  sont  épanouis, 
toucher,  mutiler  les  individus  d'un  rameau  sans 
que  les  voisins  s'en  ressentent. 

La  plupart  sont  fixés  à  des  profondeurs  plus  ou 


ZOOPHYTES.  3 1 

moins  grandes  ;  il  en  est  de  flottants  comme  les 
Pennatnles  et  d'autres  qui,  bien  que  pédicules, 
comme  les  Vérétilles  et  les  Rénilles,  demeurent 
toujours  au  fond  de  la  mer.  Il  semble  qu'une  cause 
quelconque  a  rompu  leur  adhérence  au  sol ,  et 
peut-être  même  y  tiennent-ils  à  une  certaine  épo- 
que de  leur  vie.  Les  Vérétilles  ont  la  faculté  d'ab- 
sorber une  si  grande  quantité  d'eau,  qu'elle  va 
presque  jusqu'à  centupler  leur  volume;  elles  la 
rejettent  ensuite,  et  les  Polypes  rentrent  dans  la 
masse  commune. 

Les  Tubipores  sont  très-voisins  des  genres  que 
nous  venons  d'indiquer,  avec  cette  différence  que 
chaque  Polype  est  isolé  dans  un  tube  demi-calcaire; 
mais  il  est  des  espèces  qui  font  le  passage  (voyez 
notre  genre  Clavulaire)  et  chez  lesquelles  ce  cylindre 
n'est  que  cartilagineux.  Le  Tubipore  Musique,  que 
nous  avons  autrefois  fait  connaître,  a  ses  animaux 
d'un  beau  vert.  Une  autre  espèce  que  nous  a  four- 
nie la  Nouvelle-Irlande  a  les  siens  rougeàtres.  Ses 
tubes  couleur  de  laque  ne  diffèrent  du  précédent 
que  par  la  longueur  et  la  grosseur.  Nous  ferons 
remarquer  à  ce  sujet  que  lorsque  nous  arrivâmes, 
ayant  de  l'eau  jusqu'à  la  ceinture,  sur  l'énorme 
masse  arrondie  de  ces  Zoophytes,  nous  ne  les  recon- 
nûmes pas  d'abord  pour  ce  qu'ils  étaient;  leurs 
Polypes  développés  et  se  touchant  couvraient  to- 
talement les  tuyaux  qui,  dans  cet  état,  sont  d'une 


32  ZOOLOGIE. 

grande  friabilité.  Ils  se  durcissent  ensuite  à  l'air  à 
mesure  qu'ils  perdent  l'eau  qu'ils  contiennent. 

D'autres  Polypes  à  tuyaux,  connus  sous  le  nom 
de  Polypiers  flexibles,  présentent  cette  différence 
qu'ils  communiquent  entre  eux  le  plus  ordinair 
renient  par  une  tige  commune.  Ce  sont  les  Sertu- 
lariés  et  tous  les  nombreux  genres  qui  se  ratta- 
chent à  cette  famille;  quelques-uns,  comme  les  Ta- 
bulaires, les  Tubulipores,  et  même  des  Campanu- 
laires,  ont  leurs  animaux  simples  sur  une  tige 
isolée.  Ils  sont  doués  d'une  grande  irritabilité, 
rentrent  prestement  dans  leur  tube  et  en  sortent 
en  étalant  en  roue  les  nombreux  tentacules  qui 
entourent  leur  bouche.  On  se  sert  pour  les  clas- 
ser de  la  forme  des  rameaux  et  des  cellules  ;  mais 
tous  les  Polypes  ont,  à  peu  de  chose  près,  la  même 
organisation.  Leur  reproduction  diffère  de  celle 
des  Polypes  à  huit  tentacules  ;  les  gemmules 
sont  déposées  dans  des  urnes  qui  adhèrent  aux 
tiges. 

Ces  Zoophytes  à  tubes  excessivement  mous, 
comme  les  Tabulaires  et  notre  nouveau  genre 
Dédale,  se  reproduisent  avec  une  très  grande  rapi- 
dité. Au  Brésil  et  à  l'Ile-de-France ,  dans  l'espace 
d'un  mois  le  fond  de  nos  canots  en  était  couvert; 
ils  avaient  crû  comme  des  plantes.  C'est  même 
à  ce  prompt  développement  que  nous  reconnû- 
mes que  les  Dédales ,  dont  la  nature  animale  pa- 


ZOOPHYTES.  33 

raissait  si  obscure ,  n'étaient  point  des  Thalassio- 
pliytes. 

Les  animaux  des  Eschares  s'élèvent  de  leurs  cel- 
lules friables  en  forme  de  petits  panaches;  quelques- 
uns  ont  un  opercule  élastique,  ressemblant  au 
fermoir  d'une  bourse,  qu'ils  soulèvent  pour  se 
montrer  au  dehors.  Ils  ne  nous  ont  pas  paru  dif- 
férer de  ceux  des  Flustres,  que  plusieurs  natura- 
listes ont  dernièrement  considérés  comme  devant 
se  rapprocher  des.Ascidiens. 

On  trouve  partout  de  ces  êtres  microscopiques; 
mais  les  pays  chauds  fournissent  préférablement 
les  espèces  à  tubes  allongés,  tandis  que  c'est  dans 
la  zone  tempérée  que  croissent  plus  abondam- 
ment les  Flustres.  Les  expansions  folaciées  des 
nombreux  fucus  du  cap  de  Bonne -Espérance 
et  des  îles  Malouines  en  sont  couvertes.  Il  y  en  a 
beaucoup  également  clans  la  rade  d'Hobart-Town 
à  la  terre  de  Van-Diemen. 

Les  animaux  et  les  polypiers  sont  généralement 
blancs;  toutefois  nous  en  avons  rencontré  d'un 
beau  rouge  pourpre ,  dans  le  dernier  des  lieux 
que  nous  venons  de  citer.  Lorsque  la  liqueur  dans 
laquelle  on  les  plonge  n'est  pas  trop  forte ,  ils  s'y 
conservent  très-bien  ,  ayant  leurs  tentacules  épa- 
nouis ,  de  manière  à  pouvoir  encore  étudier  leur 
forme  extérieure. 

Parmi  les  productions  amorphes  qui  tiennent 
aux  Zoophytes,   la  plus  singulière  est  celle  que 

Zoologie,  t.  iv.  3 


34  ZOOLOGIE. 

nous  avons  nommée  avec  M.  de  Blainville  Alcyon- 
celle,  et  dont  on  ne  peut  se  faire  d'idée  qu'en  se 
représentant  une  éponge  cylindrique ,  creuse , 
ayant  des  mailles  comme  de  la  grosse  dentelle. 
Cette  substance  pierreuse,  très  -  élégante ,  qui 
a  été  trouvée  dans  les  Moluques  par  une  grande 
profondeur ,  ne  peut  donner  aucune  idée  de 
l'animal  qui  l'a  formée. 


Nous  aurions  eu  à  parler  des  Entomozoaires 
chétopodes  et  apodes  que  nous  avons  recueillis 
et  dessinés  en  grand  nombre,  surtout  dans  les 
genres  Amphitrites ,  Serpules ,  Néréides  et  Térè- 
belles ,  qui  fournissent  des  espèces  si  élégantes  et 
si  riches  en  couleurs  ;  mais  ne  pouvant  point , 
faute  d'espace ,  les  faire  paraître  dans  cet  ouvrage , 
nous  réservons  pour  ailleurs  ces  observations,  de 
même  que  celles  relatives  aux  vfcrs,  que  nous 
-n'avons  point  négligé  de  recueillir  et  d'étudier. 
Les  Planaires  surtout  ont  fixé  notre  attention ,  et 
nous  avons  été  une  fois  assez  favorisé  pour  saisir 
quelques  phénomènes  de  l'organisation  de  ces 
animaux,  qui  pourront  servir  à  compléter  leur 
histoire. 


Nous  commencerons  par  ces  animaux  que  leur 
organisation  douteuse  et  encore  peu  connue  a 
fait  placer  par  M.  de  Blainville  entre  les  Mollus- 
ques et  les  Zoophytes  ,  sous  le  nom  de  Faux 
Zoophytes.  De  nouvelles  observations  bien  faites 
pourront  lever  les  doutes  à  cet  égard,  et  indiquer 
définitivement  la  place  que  doivent  occuper  ces 
êtres.  Nous  allons  indiquer  ce  qu'ils  nous  ont 
offert  de  remarquable ,  en  plaçant  en  première 
ligne  les  Béroés ,  comme  nous  ayant  présenté  un 
plus  grand  nombre  d'organes  assez  compliqués. 

Cet  ordre  des  Ciliogrades  contient  plusieurs 
petits  genres  qui ,  il  faut  l'avouer ,  ont  été  faits 
d'après  des  caractères  de  peu  d'importance,  et 
qu'il  ne  faut  véritablement  considérer  que  comme 
des  divisions  :  ainsi  les  Gestes,  les  Callianires,  les. 
Eucharis ,  les  Ocyroés ,  etc. ,  ont  absolument  la 
même  organisation  que  les  Béroés  proprement 
dits  ;  seulement  il  arrive  quelquefois  que  ces  der- 
niers ont  leurs  parois  d'une  telle  opacité  qu'on  ne 
peut  y  distinguer  les  canaux  que  laissent  assez 
ordinairement  voir  les  Callianires.  Pour  la  forme, 

/   globuleux  ou  ovalaires , 

m  1      t>>      >     1    transverses, 

u  y  a  des  Beroes    / 

j    en  mitre, 

{  avec  appendices. 

V 


3G  ZOOLOGIE. 

Notre  intention  n'est  de  donner  ici  qu'une  seule 
espèce  nouvelle  de  celles  que  nous  avons  recueil- 
lies ,  afin  de  faire  connaître  par  des  figures  les 
détails  d'organisation  que  nous  avons  pu  saisir 
dans  ces  singuliers  animaux. 


• 


ZOOPHYTES.  37 


Genre  BÉROÉ.  —  Beroe. 

Corps  régulier ,  libre ,  ovale  ou  allongé ,  con- 
vexe en  dessus  ,  comme  tronqué  en  dessous,  ayant 
huit  bandes  longitudinales  formées  par  autant  de 
canaux ,  garnies  de  cils  ou  cirrhes  transverses  , 
rapprochés  et  vibratoires. 

Ouverture  buccale  locomotrice  à  l'extrémité 
tronquée.  Anus  à  sa  partie  opposée.  De  chaque 
côté ,  vers  le  haut ,  une  ouverture  par  où  sort  un 
tentacule  ramifié  et  rétractile. 


BÉROÉ  ALLONGÉ. 

Bcroc  clongatus,  nob. 

(Mollusques.)  planche  90,  figures  9-1 4« 


Beroe,  corpore  hjalino ,  fusiformi,  elongato , 
in  medio  paululum  iitflato ,  octo-costato  ;  çirrhis 
diwbus  ramosis. 

Cette  espèce ,  qui  a  été  prise  dans  l'océan  Atlan- 
tique ,  non  loin  de  la  côte  d'Afrique  ,  par  8°  de 
latitude  nord ,  est  longue  d'un  pouce  et  demi  à 


38  ZOOLOGIE. 

deux  pouces.  Sa  forme  est  allongée  et  ressemble 
un  peu  à  celle  d'un  fuseau  renflé  au  milieu.  L'ou- 
verture ,  qu'on  est  convenu  de  nommer  inférieure, 
bien  que  l'animal  se  tienne  souvent  horizontale- 
ment,  est  médiocre,  un  peu  proéminente;  l'ex- 
trémité opposée  est  arrondie.  Huit  côtes  ciliées 
recouvrent  régulièrement  le  corps,  de  la  partie 
supérieure  et  latérale  duquel  sortent  deux  fila- 
ments ramifiés,  assez  longs.  Tout  l'animal  est 
blanc,  et  si  ses  côtes  reflètent  les  couleurs  de 
l'iris ,  cela  est  dû  à  la  décomposition  de  la  lumière 
par  les  lamelles  minces  qui  les  recouvrent. 

En  étudiant  ce  Béroé  avec  beaucoup  de  soin  à  la 
lumière,  voici  ce  que  nous  y  avons  vu. 

La  grande  ouverture  terminale  donne  dans  une 
cavité  allongée,  qui  contient  de  chaque  côté  deux 
organes  dont  nous  n'avons  pas  bien  pu  nous  ren- 
dre compte ,  mais  que  nous  supposons  devoir 
servir  à  la  digestion;  une  très-petite  ouverture 
placée  au  pôle  opposé  est  probablement  l'anus. 
Sur  chacune  des  parties  latérales  de  ces  corps 
existent  deux  canaux  un  peu  en  forme  d'S  romai- 
ne, échancrés  pour  s'accommoder  au  renflement 
du  canal  central;  ils  s'ouvrent  latéralement  vers  le 
tiers  supérieur  par  deux  orifices  béants,  qui  don- 
nent issue  aux  deux  filaments  indiqués  ci-dessus, 
plus  ou  moins  longs,  ciliés  sur  un  seul  côté,  très- 
irritables,  rentrant  ou  sortant  promptement  à  la 
volonté  del'animal.  Sont-cedes  espèces  de  tentacules 


ZOOPHYTES.  39 

propres  à  le  fixer ,  ou  des  ovaires  ?  Cette  dernière 
opinion  ne  nous  paraît  pas  probable,  car  nous 
n'y  avons  jamais  vu  de  gemmules  attachées.  Ce 
sont  ces  corps  qu'on  a  voulu  figurer  dans  les  Bé- 
roés  globuleux  et  ovale  de  l'Encyclopédie  métho- 
dique. Les  espèces  transverses  les  possèdent  ;  mais 
nous  n'avons  pu  les  découvrir  dans  celles  dont  les 
parois  sont  opaques  et  l'ouverture  très-large.  Vers 
l'extrémité  du  grand  canal  est  un  organe  assez  com- 
pliqué, allongé,  pointu  en  haut,  renflé  en  cœur 
au  milieu  et  divisé  en  deux  branches  inférieure- 
ment.  Il  en  part  de  chaque  côté  un  canal  qui  se 
divise  promptement  en  deux  branches ,  puis  en 
quatre  ;  ce  qui  forme  huit  canaux  pour  l'ensem- 
ble, lesquels  se  recourbent  en  gagnant  la  péri- 
phérie du  corps,  qu'ils  semblent  diviser  en  huit 
parties  égales.  Ces  vaisseaux  (  car  c'en  sont  réelle- 
ment )  sont  extérieurement  couverts  dans  toute 
leur  étendue  de  petites  lamelles  ciliées,  plus  ou 
moins  rapprochées,  quelquefois  légèrement  im- 
briquées, qui  sont  toujours  en  mouvement,  et 
font  évidemment  les  fonctions  de  branchies,  en 
même  temps  qu'elles  servent  un  peu  à  la  progres- 
sion de  l'animal  *.  Il  s'opère  au  centre  du  corps 
que  nous  venons  de  décrire,  et  qui  est  probable- 
ment   un    cœur  ,     une    circulation    très  -  active 


*  Lorsque  nous  avons  découvert  que  la  blanchie  des  Biphores  était 
recouverte  de  semblables  lamelles,  nous  n'avons  plus  hésité  à  leur  attri- 
buer la  même  fonction  dans  les  P.éroés.. 


40  ZOOLOGIE. 

que  facilitent  les  branchies,  qui  sont  toujours  en 
mouvement.  Nous  avons  cru  voir,  ce  qui  serait 
bien  particulier,  qu'il  y  avait  à  la  fois  deux  cou- 
rants clans  le  même  vaisseau ,  l'un  concentrique 
et  l'autre  excentrique,  ce  qui  est  assez  facile  à 
distinguer  par  la  qualité  grumeleuse  du  sang. 
Si  ce  n'est  qu'une  illusion,  il  faudrait  l'attribuer  à 
deux  systèmes  de  vaisseaux  si  bien  unis  que  nous 
n'aurions  pu  distinguer  leurs  limites.  N'ayant  été  fa- 
vorisé qu'une  seule  fois  pour  faire  ces  observations, 
nous  laissons  à  d'autres  le  soin  de  les  vérifier. 

Voilà  deux  fonctions  subordonnées  bien  dis- 
tinctes, la  circulation  et  la  respiration,  qui  ten- 
dent à  rapprocher  les  Béroés  des  Mollusques  acé- 
phales. 

Nous  ne  connaissons  rien  de  relatif  à  la  géné- 
ration, si  ce  n'est  que  sur  un  individu  remar- 
quable par  sa  mollesse  presque  diffluente ,  et  les 
nombreux  appendices  dont  il  était  recouvert,  nous 
avons  vu  des  ovules  logées  dans  les  plis  des  la- 
melles branchiales,  et  dans  un  autre,  ces  mêmes 
corps  être  engagés  dans  le  canal  central.  Quel- 
ques espèces  ont  sur  le  pôle  supérieur  une  petite 
palette  rétrécie  au  milieu ,  et  assez  souvent  colorée 


en  rouge. 


Les  particularités  propres  au  tube  digestif  nous 
ont  aussi  échappé.  Nous  croyons  cependant  que 
l'anus  doit  s'ouvrir  à  l'extrémité  opposée  à  la  bou- 
che, quoique  nous  n'ayons  pu  le  mettre  hors  de 


ZOOPHYTES.  4 1 

doute  .par  nos  dessins,  à  l'exception  d'un  seul 
individu  que  nous  avons  représenté  avec  deux 
ouverture  anales,  portées  par  deux  tubes  et  des- 
quelles sort  une  matière  excrémentitielle. 

Il  est  des  Béroés  qui  ne  présentent  que  les  huit 
principaux  vaisseaux  que  nous  avons  décrits,  mais 
il  en  est  d'autres  qui  joignent  à  ceux-ci  des  rami- 
fications sans  nombre,  blanches  ou  colorées  en 
rose  et  en  jaune. 

La  vie  semble  répandue  dans  les  moindres 
parcelles  de  ces  êtres  fragiles,  que  les  plus  petites- 
circonstances  brisent  :  aussi  arrive-t-il  quelquefois 
que  la  surface  de  la  mer  est  couverte  de  leurs 
débris,  dans  lesquels  on  voit  encore  les  cirrhes 
branchiales  vibrer  et  décomposer  la  lumière  en 
brillants  reflets.  Leurs  mouvements  sont  extrême- 
ment lents;  ils  n'ont  en  partie  lieu  que  par  ces 
mêmes  branchies;  car  il  est  rare  que  le  large  en- 
tonnoir qui  forme  l'ensemble  de  l'animal  se  con- 
tracte et  renvoie  l'eau  qu'il  contient  à  la*  manière 
des  Médusaires. 

Il  n'est  pas  nécessaire  de  dire  que  dans  ceux 
qui  s'allongent  en  lanières,  comme  les  Cestes,  les 
organes  que  nous  venons  de  mentionner  suivent 
cette  disposition;  mais  alors  les  deux  filaments  ré- 
tractiles  qui  sont  à  la  partie  supérieure  dans  les 
autres  espèces,  sortent  près  de  la  grande  ouver- 
ture, qui  est  toujours  centrale;  c'est  ce  qu'on  peut 
voir  dans  les  Callianires  et  les  Ocyroés. 


42  ZOOLOGIE. 

Ces  animaux  paraissent  habiter  toutes  les  mers. 
Les  plus  grands  et  les  mieux  colorés  nous  vien- 
nent des  pays  chauds.  Quelques  espèces  se  con- 
servent assez  bien  dans  la  liqueur,  quoiqu'il  soit 
toutefois  difficile  de  pouvoir  s'en  servir  pour  les 
anatomiser.  Il  en  est  d'autres  tellement  molles 
qu'il  faut  y  renoncer,  et  que  pour  les  prendre 
sans  les  rompre,  on  est  obligé  de  couler  un  bocal 
dans  la  mer. 


ZOOPHYTES.  43 


Genre  GALÉOLAIRE — Galeolaria,  Lesueur. 

Corps  gélatineux  ,  résistant ,  régulier  ,  symé- 
trique, subpolygone  ou  ovale,  comprimé  sur  les 
côtés  et  garni  de  deux  rangs  latéraux  de  cirrhes 
extrêmement  fines  ;  une  grande  ouverture  posté- 
rieure percée  dans  une  sorte  de  diaphragme  avec 
des  lobes  appendiculaires  binaires  en  dessus,  con- 
duisant dans  une  grande  cavité  à  parois  muscu- 
laires ;  un  ovaire  à  la  face  antérieure  supérieure, 
sortant  par  un  orifice  médian  et  bilabié.  (Bl.) 


GALEOLAIRE   AUSTRAL. 
Galeolaria  australis,  nob. 

PLANCHE    5,    FIGURES    3o-3l. 

Galeolaria  y  corpore  pyramidale,  subcompresso, 
gelatinoso ,  basi  truncato ,  bilabiato,  unitentacu- 
lato;  apertura  ampla;  lateribus  ciliatis. 

Nous  avions  donné  le  nom  de  Béroïde  à  ce 
corps,  parce  qu'il  nous  semblait  faire  le  passage 


44  ZOOLOGIE. 

des  Ciliogrades  aux  Diphydes;  niais  M.  de  Blain- 
ville  l'ayant  changé  en  celui  de  Galéolaire,  d'après 
des  manuscrits  de  M.  Lesueur  qui  l'aurait  ob- 
servé le  premier  ,  nous  ne  tenons  point  à  notre 
dénomination,  et  nous  adoptons  celle  de  ce  der- 
nier naturaliste  pour  simplifier  la  nomenclature. 
Ce  genre  nous  semble  du  reste  avoir  beaucoup 
d'affinités  avec  XErsœa  de  M.  Eschscholtz ,  et 
rentrerait  alors  dans  les  Diphydes. 

Sa  forme  est  celle  de  la  partie  postérieure  d'une 
Diphyde.  Elle  est  pyramidale,  subaplatie,  pointue 
à  une  extrémité,  comme  tronquée  à  l'autre,  avec 
une  grande  ouverture  donnant  dans  une  cavité 
plus  large,  quia  la  forme  mitrale  du  corps.  Cette 
ouverture  est  pourvue  d'une  valvule  mince  et  sur- 
montée d'une  lèvre  bifurquée,  derrière  laquelle, 
sur  un  plan  oblique,  est  un  petit  appendice  ten- 
taculaire  recourbé,  rosé.  Les  côtés  du  corps  ont 
une  ligne  longitudinale  déliée  de  petites  cirrhes 
écartées,  qui  ressemblent  un  peu  à  celles  des  Bé- 
roés.  Nous  n'y  avons  remarqué  aucun  des  canaux 
qui  distinguent  ces  Zoophytes. 

Le  Galéolaire  est  de  consistance  assez  ferme,  de 
couleur  blanche;  sa  longueur  est  d'environ  un 
pouce.  Il  a  été  pris  dans  l'océan  indien  par  36°  3a' 
de  latitude  sud. 

D'après  la  caractéristique  du  genre,  par  M.  de  Blain- 
ville,  il  paraîtrait  que  les  individus  qu'a  eus  M.  lie- 
sueur    avaient  plus    de  parties   que  n'en  offrent 


ZOOPHYTES.  45 

nos  deux  espèces,  auxquelles  il  semble  en  effet 
manquer  quelque  chose. 


2.  GALÉOLAIRE  A  QUATRE  DENTS. 

Galeolaria  quadrideniata,  nob. 

t 

PLANCHE   5,    FIGURES   32-33. 


Galeolaria , pyrqmidali ,  hyalinà,  subcompressa, 
basi.  truncata  ;  apertura  bilabiata  quadridentata. 

Cette  espèce  ne  diffère  de  la  précédente  que 
par  le  contour  de  la  bouche,  qui  est  entourée  de 
quatre  pointes.  La  lèvre  bifurquéë  qui  les  sur- 
monte paraît  aussi  plus  longue.  Il  n'existait  point 
d'appendice  tentaculaire  sur  le  plan  incliné  qui 
vient  après  l'ouverture,  et  s'il  y  avait  de  petites 
cirrhes  sur  les  côtés  du  corps,  elles  étaient  telle- 
ment déliées  que  nous  n'avons  pu  les  apercevoir. 


46  ZOOLOGIE. 


PHYSOGRADES,  Blainville. 


C'est  à  Forskàl  que  nous  devons  la  connais- 
sance de  ces  animaux  pélagiens  dont  les  formes 
sont  si  singulières  et  l'organisation  si  difficile  à 
saisir.  Personne  depuis  lui  n'en  avait  observé  di- 
rectement jusqu'à  l'expédition  des  terres  australes, 
que  MM.  Péron  et  Lesueur  en  représentèrent 
deux  individus  dans  leur  ouvrage. 

Aux  Physsophores  déjà  connus  ils  ajoutèrent 
les  genres  Stéphanomie  et  Rhizophyse.  Mais  nous 
n'adoptons  point  ce  dernier  génie,  fait  aux  dépens 
d'un  animal  incomplet.  Leur  Rhizophyse,  en  effet, 
n'est  qu'un  axe  de  Physsophore  ou  mieux  de  Sté- 
phanomie, portant  encore  sa  vessie  aérienne,  mais 
dépouillé  de  ses  ampoules,  de  ses  appendices  en 
forme  de  suçoirs  et  même  de  ses  longs  tentacules 
en  vrilles;  ce  qui  arrive  facilement  dans  ces  Zoo- 
phytes ,  ainsi  que  nous  l'avons  plusieurs  fois  ob- 
servé; tant  est  faible  l'adhérence  des  parties  qui 
viennent  se  grouper  autour  de  cet  axe. 

Ce  n'est  qu'après  une  comparaison  attentive  de 
ces    animaux    que   nous    nous  sommes  décidé  à 


ZOOPHYTES.  47 

rejeter  le  genre  Rhizophyse  et  à  reporter  aux  Sté- 
phanoinies  les  individus  qui  avaient  reçu  cette 
première  dénomination,  soit  dans  les  Annales  des 
sciences  naturelles  (tome  X,  page  177)  ou  dans 
nos  manuscrits ,  dont  s'est  servi  M.  de  Blainville 
pour  son  article  Zoophyte. 

On  verra  par  nos  dessins,  combien  peu  les  Sté- 
phanomies  diffèrent  des  Physsophores  et  les  rap- 
ports qui  lient  les  unes  aux  autres.  Leur  axe  cen- 
tral est  à  peu  de  chose  près  le  même ,  et  la  plupart 
portent  la  bulle  hydrostatique  qui  leur  a  valu  le 
nom  de  Physogrades.  Mais  comme  ces  animaux 
sont  d'une  délicatesse  et  d'une  mollesse  extrêmes, 
un  rien  les  brise  et  leur  fait  perdre  quelques- 
unes  de  leurs  parties;  d'où  ces  lambeaux  dont  on 
a  formé  des  espèces  et  des  genres  incomplets. 

Ces  Zoophytes  ne  viennent  à  la  surface  que 
dans  les  calmes  parfaits  des  mers  équatoriales. 
Ils  s'y  maintiennent  à  l'aide  de  la  bulle  d'air  placée 
au  sommet  de  leur  axe  radiculaire  ;  par  consé- 
quent ils  nagent  toujours  verticalement.  Ceux  qui 
l'ont  perdue  peuvent  encore  conserver  cette  posi- 
tion, mais  ils  prennent  plus  souvent  l'horizontale. 
Il  est  probable  qu'ils  ont  la  faculté  de  vider  cet 
air  pour  descendre  par  le  mauvais  temps  dans  des 
zones  plus  calmes.  Toutefois,  nous  n'avons  pu  les 
forcer  à  nous  dévoiler  ce  mécanisme,  soit  en  les 
conservant  pendant  quelque  temps,  ou  en  les  tour- 


48  ZOOLOGIE. 

mentant  dans  un  vase.  Lorsqu'ils  sont  morts  et 
commencent  à  se  putréfier,  la  bulle  d'air  persiste 
encore  clans  la  double  et  résistante  membrane  qui 
la  contient. 

Toutes  les  parties  de  ces  êtres  n'ont  pas  la 
même  vitalité.  Les  appendices  natateurs  creux 
sont  souvent  très  mobiles  et  vivent  plusieurs 
heures,  pourvu  qu'on  renouvelle  l'eau.  Ceux  au 
contraire  qui  sont  pleins  n'ont  point  de  mou- 
vement, ou  du  moins  n'en  manifestent  que  lors- 
qu'ils font  partie  de  l'animal  complet.  L'axe  et  les 
tentacules  sont  d'une  irritabilité  extrême,  quoique 
séparés  des  autres  parties.  Nous  en  avons  vu  vivre 
pendant  douze  heures  sans  renouveler  l'eau.  Ils 
s'allongent  et  se  développent  prodigieusement , 
pour  rentrer  brusquement  au  moindre  contact 
sous  les  folioles  qui  les  cachent.  Les  suçoirs  res- 
semblent dans  leur  mouvement  continuel  à  de 
petites  sangsues. 

Ces  Zoophytes  sont  quelquefois  incolores  dans 
toutes  leurs  parties,  et  tellement  hyalins,  qu'on 
a  de  la  peine  à  les  apercevoir  dans  le  vase  qui  les 
contient,  bien  que  leur  longueur  soit  souvent  de 
plusieurs  pouces.  D'autres  brillent  des  plus  élé- 
gantes couleurs,  auxquelles  il  faut  ajouter  la  dia- 
phanéité  que  ne  peut  rendre  aucun  dessin.  Tous 
ont  ordinairement  l'extrémité  de  leurs  cirrhes  ten- 
taculaires   colorée.  Leur   fragilité  est  telle  qu'on 


ZOOPHYTES.  49 

est  fort  heureux  lorsqu'ils  ne  laissent  pas ,  sur  le 
filet  d'étamine  qui  sert  à  les  prendre,  une  partie 
d'eux-mêmes. 

Mis  dans  un  vase  convenable ,  il  faut  que  l'ob- 
servateur attende  qu'ils  veulent  bien  se  dévelop- 
per, s'agiter  et  montrer  l'ensemble  de  leur  orga- 
nisation, qui  est  fort  compliquée.  Nous  avouons 
avoir  éprouvé  de  grandes  difficultés  à  ce  sujet,  et 
nous    laissons    sans   doute   beaucoup    à    désirer. 
Comment  cela   ne  serait-il  pas,  lorsque   sur  un 
plan  peu  stable,  il  faut  constamment  avoir  le  vase 
d'une  main  et  la  loupe  de  l'autre  pour  faire  tom- 
ber sur  un  animal  mobile  les  rayons  de  lumière 
les   plus    convenables.  Ces  animaux   ont  parfois 
des  mouvements  très-rapides ,  surtout  ceux  qui 
ont  des  appendices  locomoteurs  creux.  Il  est  cu- 
rieux  de  voir   comment  toutes  ces  ouvertures, 
qui  ressemblent  à  de  petites  bouches,  s'animent 
et  s'agitent  pour  concourir  à  déplacer  l'individu. 
Nous  n'avons  point  été  à  même  de  saisir  leur  nu- 
trition, nous  pensons  cependant  qu'elle  a  lieu  de 
la  même  manière  que  dans  les  Physales  et  chez 
certaines  Méduses;  c'est-à-dire  que  le  plus  sou- 
vent elle  est  moléculaire,  mais  que  dans  certains 
cas  de  petits  animaux  peuvent  être  absorbés  par 
les  suçoirs  des   individus  qui   en   sont  pourvus. 
Nous  avons  remarqué  que  les  ampoules  creuses 
rejetaient  quelquefois  une  sanie  blanchâtre.  Se- 

Zoologie.  t.  iv.  4 


;>o  ZOOLOGIE. 

rait-ce  une  autre  voie  d'alimentation  que  la  na- 
ture aurait  donnée  à  quelques-uns  de  ces  animaux? 
Des  filets  très-déliés  qui  parcourent  ces  appen- 
dices sont  autant  de  vaisseaux  qui  les  font  com- 
muniquer avec  l'axe  commun. 

Voici  en  définitive  les  parties  constituantes  des 
Physsophores  et  des  Stéphanomies. 

i°  Un  axe  central  simple  ou  ramifié,  plus  ou 
moins  long ,  probablement  creux ,  portant  le  plus 
souvent  à  son  extrémité  supérieure  une  ampoule 
à  double  membrane ,  pourvue  d'une  ouverture 
ciliée.  Une  seule  fois  en  pressant  un  de  ces  glo- 
bules, nous  en  avons  fait  sortir  un  appendice  ra- 
mifié. 

i°  Des  appendices  qui  simulent  des  suçoirs  de 
formes  diverses;  le  plus  souvent  relégués  à  la  par- 
tie supérieure  et  disposés  de  manière  à  paraître 
radiaires;  ils  cachent  une  vésicule,  rarement  deux, 
renflée  en  forme  d'outre,  ayant  une  ouverture  en 
rose. 

3°  Des  paquets  d'ovules  répartis  le  long  de  la 
chaîne,  ou  groupés  seulement  à  sa  partie  supé- 
rieure. 

4°  Des  suçoirs  et  de  longs  tentacules  déliés,  ter- 
minés par  de  petits  boutons  en  forme  de  vrilles. 

5°  Enfin  des  appendices  creux  ou  pleins,  pla- 
ies au  sommet  de  l'axe  ou  dans  sa  longueur  de 
chaque  côté,  susceptibles  de  recouvrir  toutes  les 


ZOOPHYTES.  51 

parties  que  nous  venons  de  mentionner.  Ce  sont 
eux  qui  serviront  principalement  à  caractériser 
les  espèces. 

Elles  sont  assez  constantes  clans  leurs  formes , 
pour  que  lorsqu'on  rencontre  une  partie  princi- 
pale isolée  (un  appendice  natateur,  par  exemple) 
qui  diffère  de  celles  qui  sont  connues,  on  peut  à 
coup  sur  la  considérer  comme  appartenant  à  une 
espèce  nouvelle.  D'autres  fois  on  ne  trouve  qu'un 
axe. avec  ses  tentacules,  ses  ovaires  et  même  ses 
suçoirs,  vivant  et  s'agitant  dans  l'eau.  Ici  les  carac- 
tères  sont  un  peu  moins  sûrs  pour  dire  s'ils  ap- 
partiennent à  un  animal  nouveau,  parce  qu'on 
peut  voir  par  nos  figures,  qu'il  est  plusieurs  de 
ces  organes  qui  se  ressemblent,  et  que  par  eux 
seuls  on  ne  peut  point  déduire  la  forme  des 
appendices  locomoteurs ,  et  s'ils  sont  pleins  ou 
creux. 

Les  Pli\  sales  font  naturellement  partie  de  cette 
famille,  et  s'il  n'est  pas  démontré  qu'elles  doi- 
vent appartenir  aux  Mollusques,  c'est  après  les 
Physsophores  qu'il  faudra  les  mettre  ,  comme 
nous  paraissant  avoir  une  organisation  un  peu 
moins  compliquée.  Le  défaut,  de  place  nous  em- 
pêche de  donner  un  grand  dessin  de  Physale, 
comme  étude  que  nous  avons  faite  avec  toutes 
l'attention  qu'il  nous  a  été  possible  d'y  mettre. 
Les  tentacules  de  cet  individu  n'avaient  pas  moins 

4* 


52  ZOOLOGIE. 

de  quinze  à  vingt  pieds  de  longueur,  et  toutes  ses 
parties  étaient  parfaitement  développées.  Ayant 
observé  un  assez  grand  nombre  de  ces  animaux 
de  tous  les  âges ,  nous  serions  disposé  à  croire 
qu'il  n'en  existe  que  deux  espèces ,  dont  l'une  plus 
grande ,  qu'on  peut  appeler  Commune  ou  Atlan- 
tique, parce  qu'elle  abonde  dans  cet  Océan,  et 
l'autre  plus  petite,  à  crête  à  peine  colorée,  qu'on 
rencontre  dans  les  mers  du  Sud. 


ZOOPHYTES.  53 


Genre  PHYSSOPHORE.  —  Phjssophora,  F. 


Animal  gélatineux  libre,  cylindroïde,  ayant  un 
axe  central  plus  ou  moins  long,  surmonté  d'une 
bulle  d'air  percée  d'un  trou  au  sommet;  des  corps 
vésiculeux  creux,  natateurs;  au  dessous  des  appen- 
dices coniques  en  forme  de  suçoirs,  entourant 
une  ampoule  à  ouverture  plus  ou  moins  radiée; 
des  appendices  tentaculaires  cirrhifères  *. 


i.  PHYSSOPHORE  BLANCHE. 

Phjssophora  alba,  nob. 

PLANCHE    I  ,   FIGURES    1-9. 


Phjssophora ,  corpore  ovato-globoso ,  kjcùlino; 
filamentis ,  extremitate  rubris  ;  arnpùllis  globosis 
antice  jurcatls;  cirrhis  apice  ovatis ,  vesiculosis. 

*  Le  genre  Cupulite  du  Voyage  de  YUranie,  pi.  86,  fig.  i5-i6,  que 
nous  n'observâmes  pas  par  nous-même ,  nous  paraît  être  une  Physso- 
phore  incomplète.  On  pourrait  concevoir  aussi  cependant  que  ce  tût  une 
Stéplianomie  à  organes  natateurs  creux. 


54  ZOOLOGIE. 

Cette  espèce  en  bon  état  de  conservation  n'a  que 
trois  pouces  de  longueur  totale.  Son  axe  et  sa 
vessie  natatoire  sont  fort  courts;  cette  dernière 
est  ovalaire,  villeuse  et  couleur  de  laque  à  son 
sommet.  Elle  est  presque  enveloppée  par  cinq  am- 
poules qui  demandent  une  description  particulière, 
parce  que  leur  forme,  ainsi  que  celle  de  l'extré- 
mité des  tentacules,  est  un  bon  caractère  pour 
arriver  à  la  connaissance  des  espèces. 

Dans  celle  qui  nous  occupe,  ces  corps  natateurs 
sont  ovalaires,  subaplatis,  bifurques  en  avant, 
légèrement  écbancrés  en  arrière  et  pourvus  d'une 
ouverture  valvulaire  quadrilatère,  donnant  dans 
une  cavité  façonnée  en  gourde,  striée  par  trois 
vaisseaux.  Dans  l'eau  ces  ampoules  paraissent  grou- 
pées d'une  manière  radiaire  autour  de  l'axe,  quoi- 
qu'elles puissent  réellement  être  placées  symétri- 
quement de  cbaque  coté.  Cette  opinion  est  celle 
de  M.  de  Blainville;  nous  ne  sommes  point  éloi- 
gné de  la  partager,  malgré  les  apparences  contrai- 
res, parce  qu'elle  se  rattache  à  des  principes  d'or- 
ganisation sur  ces  animaux,  que  nous  représentons 
tels  que  nous  les  avons  dessinés. 

Au  dessous  des  ampoules  sont  des  appendices 
encore  plus  pressés  entre  eux,  allongés,  cylindri- 
ques, pointus  et  recourbés,  sans  ouverture  à  leur 
extrémité,  bien  qu'ils  paraissent  creux  :  on  y  re- 
marque un  corps  rouge  et  une  strie  ondulée  dans 
le  sens  de  la  longueur.  En  les  arrachant  de  l'axe 


ZOOPHYTES.  55 

on  voit  qu'ils  y  tiennent  par  un  long  filament. 
On  ne  peut  pas  considérer  ces  corps  comme  des 
suçoirs.  Au  milieu  d'eux  est  une  ampoule  renflée 
en  massue  ayant  une  ouverture  fort  petite  étoilée 
à  huit  rayons.  D'après  M.  de  Blainville,  qui  place 
la  bouche  à  l'extrémité  aérienne  et  opposée,  ce 
devrait  être  l'orifice  anal.  Mais  nous  allons  voir 
bientôt  une  autre  Physsophore  en  avoir  deux. 

Des  côtés  de  l'axe  partent  deux  tentacules  très- 
rétractiles,  qui  donnent  naissance  de  chaque  côté 
de  leur  tige  à  des  filaments  terminés  par  un  bou- 
ton ovalaire,  membraneux,  enveloppant  un  corps 
rouge  strié  en  vis.  Ces  appendices  varient  dans 
chaque  espèce  ;  leur  axe  offre  dans  son  intérieur 
des  plaques  d'un  blanc  mat,  régulièrement  es- 
pacées. 

Les  parties  que  nous  venons  de  décrire  étaient 
douées  pour  la  plupart  d'une  grande  irritabilité  ; 
surtout  les  ampoules  qui  s'agitaient  et  pirouet- 
taient dans  tous  les  sens,  même  après  être  déta- 
chées du  corps. 

Cette  Physsophore  a  été  prise  par  M.  le  capi- 
taine d'Urville  dans  l'océan  Atlantique  ,  en  août 
18.26,  par  3o°  de  latitude  sud  et  i5°  longitude  O. 


56  ZOOLOGIE. 

2.  PHYSSOPHORE  INTERMÉDIAIRE. 
Physsophora  intermedia,  nob. 

PLANCHE    I ,    FIGURES     IO-l8. 


Physsophora,  corpore ovàto ,  crasso,  hyalino ; 
ampullîs  transverse  bicornibus;  appendicibus  cylin- 
draceis  atque  triangularibus  ;  tentaculis  apice  bi- 
capiUatis. 

Cette  espèce  offre  cela  de  remarquable  qu'ayant 
au-dessous  de  ses  ampoules  des  appendices  cylin- 
driques, et  d'autres  aplatis  et  triangulaires,  mé- 
langés, elle  semble  faire  le  passage  des  Physso- 
phores  aux  Stéphanomies  ,  d'où  nous  lui  avons 
donné  le  nom  d'Intermédiaire. 

Sa  vessie  d'air  est  oblongue,  rouge  à  sa  pointe; 
ses  ampoules  locomotrices  sont  transverses,  bilo- 
bées,  cornues  en  arrière;  leur  cavité  a  la  forme 
d'une  mailloche. 

Ce  mélange  de  deux  sortes  d'appendices  pleins 
semble  bien  indiquer  que  ce  ne  sont  point  des 
suçoirs.  Ils  embrassent  la  tige,  qui  est  très-courte, 
et  recouvrent  en  partie  deux  ampoules  allongées 
différemment  renflées  par  le  bout,  qui  est  percé 
et  crispé  :  elles  sont  d'un  rouge  doré.  Deux  tiges 


ZOOPHYTES.  57 

tentaculaires  assez  longues  fournissent  sur  un 
seul  de  leur  coté,  des  filaments  terminés  par  un 
bouton  olivaire  bifurqué,  recouvert  d'une  spirale 
rouge.  Le  reste  de  l'animal  est  incolore.  Il  a  été 
pris  dans  l'océan  Atlantique  par  70  de  latitude  nord 
en  février  1829. 

Pour  ne  rien  négliger  de  ce  qui  peut  éclairer  l'his- 
toire de  ces  animaux,  nous  dirons  qu'à  la  même 
époque  nous  trouvâmes,  dans  le  filet  placé  der- 
rière le  navire,  des  tiges  de  Physsophore  dépouil- 
lées de  leurs  parties  accessoires.  L'une  d'elles  nous 
a  montré  en  pressant  sa  vésicule  hydrostatique, 
un  appendice  digité  que  nous  représentons  dans 
cette  même  planche  I,  sans  en  tirer  aucune  induc- 
tion. Comme  cela  s'est  passé  presque  au  moment  de 
notre  retour  en  France,  nous  n'avons  point  eu 
occasion  de  renouveler  nos  observations. 


3.  PHYSSOPHORE  AUSTRALE. 
Physsophora  australis,  nob. 

PLANCHE  I,   FIGURES    IQ-2I. 

Pliyssophora,  vcsica,  (tarifera,  elongata,  levi, 
acuta,  rubra;  vesiculis  latetibus  cordiformilms , 
postice  obtuse  bilobatis. 


58  ZOOLOGIE. 

Quoique  nous  n'ayons  eu  de  cet  individu  qu'une 
portion  de  sa  tige  et  quelques  ampoules,  nous 
n'avons  point  hésité,  d'après  les  principes  ci-dessus, 
à  en  faire  une  espèce,  parce  que  ces  ampoules 
étudiées  avec  soin  nous  ont  paru  différer  de  celles 
que  nous  connaissons.  Elles  sont  cordiformes,  bi- 
lobées,  cornues  en  arrière;  chaque  lobe  est  obtus. 
En  avant  elles  s'allongent  un  peu  et  sont  coupées 
carrément.  Ces  caractères  les  font  un  peu  ressem- 
bler à  celles  de  la  Physsophore  intermédiaire; 
mais  elles  en  diffèrent  par  leur  cavité  qui,  au  lieu 
d'être  en  marteau ,  a  une  forme  trilobée.  De  plus, 
la  face  inférieure  de  ces  corps  locomoteurs  offre 
trois  mamelons.  Des  vaisseaux  très-déliés  les  par- 
courent ;  l'un  deux  part  du  fond  et  se  porte  dans 
l'axe  central,  qui  paraissait  avoir  une  assez  grande 
longueur. 

La  vessie  aérostatique  est  très-longue,  pointue, 
lisse,  rosée,  couleur  de  laque  à  son  extrémité  avec 
une  petite  tache  noire.  Les  autres  parties  sont 
transparentes,  à  l'exception  de  la  cavité  des  am- 
poules, qui  est  jaunâtre.  Dans  cet  individu,  qui 
provient  de  l'océan  Austral ,  ces  organes  sont  évi- 
demment pairs. 


ZGOPHYTES.  59 

!k.  PHYSSOPHORE  DISCOÏDE. 
Physsophora  discoidea ,  nob. 

(Genre  Rhodophyse  de  Blainville.  ) 

PLANCHE    I  ,    FIGURES    "l'I-l^. 


P//}ssoj)//ora,  corpore  piano,  discoideo,  desuper 
pedicidato ,  al  ho  et  l'oseo  variegato,  ovariis  circum- 
dato  ;  plurinùs  tentacalis, 

Il  manque  probablement  quelques  parties  à 
cette  Physsophore,  dont  la  forme  singulière  diffère 
de  celles  que  nous  venons  de  décrire.  Elle  pour- 
rait facilement  être  prise  pour  une  Médusaire, 
sans  la  bulle  d'air  qui  la  caractérise.  Elle  ressem- 
ble au  plateau  d'un  Electrophore.  De  sa  partie  su- 
périeure s'élève  un  assez  long  pédicule  qui  en 
représente  le  manche  ;  il  est  terminé  par  une  am- 
poule aérifère  :  peut-être  devait-il  être  pourvu  de 
vésicules  locomotrices.  Quoiqu'il  en  soit,  la  dispo- 
sition évidemment  radiaire  de  cet  axe  le  rend  très 
remarquable.  Du  pourtour  du  disque  et  en  dessous 
pendent  une  douzaine  d'appendices  floconneux, 
légèrement  rosés,  composés  de  petits  globules  se 


GO  ZOOLOGIE. 

tenant  les  uns  les  autres.  Ce  sont  probablement 
des  groupes  d'ovaires.  De  la  ligne  médiane  sortent 
trois  ou  quatre  appendices,  transversalement  striés, 
qui  ne  dépassent  point  ordinairement  les  ovaires 
du  contour;  ils  sont  très-rétractiles.  Nous  les  con- 
sidérons cependant  moins  comme  de  vrais  tenta- 
cules que  comme  des  divisions  de  la  tige,  ainsi 
que  cela  se  voit  dans  les  Stéphanomies. 

La  sommité  de  ce  Zoophyte  est  rougeâtre,  les 
ovaires  sont  mélangés  de  jaune  et  de  rose;  le 
reste  est  blanc.  Quoique  nous  soyons  assez  sûr 
de  l'exactitude  de  notre  dessin  pour  ce  qui  con- 
cerne les  formes  extérieures  ,  nous  avouons 
cependant  que  nous  n'avons  pas  assez  porté  d'at- 
tention dans  la  disposition  des  détails  de  ce  sin- 
gulier corps,  qui  a  de  certains  rapports  avec  la 
Méduse,  figurée  dans  l'Encyclopédie  méthodique 
(pi.  92,  fig.  i57  7e  livraison,  Vers),  laquelle  a  été 
prise  dans  l'ouvrage  deSlabber,  et  nommée  depuis 
Obélie  Sphéruline  par  M.  de  Blainville. 

Ce  Zoophyte  a  été  pris  dans  la  Méditerranée,  à 
l'entrée  du  détroit  de  Gibraltar.  Il  est  représenté 
grossi. 


ZOOPHYÏES.  (il 


Genre  STÊVHANOMIE.— S/ cj)/itt/wmia ,  P.  et  L. 


Animal  libre,  gélatineux,  ayant  un  axe  central, 
une  vessie  aérienne  au  sommet,  des  folioles  nata- 
toires symétriques,  pleines  ou  creuses  le  long  de 
la  tige,  des  tentacules,  des  vrilles,  des  suçoirs  et 
des  ovaires. 

D'après  les  diverses  espèces  que  nous  avons  re- 
cueillies, nous  divisons  ces  Zoophytes  ainsi  qu'il 
suit. 

A.  Axe  très-court  portant  un  petit  nombre  d'ap- 
pendices natateurs  pleins. 

B.  Axe  plus  allongé  avec  un  grand  nombre  d'ap- 
pendices également  pleins. 

C.  Axe  allongé  avec  appendices  creux  en  forme 
d'ampoules. 

Quoique  nos  figures  de  Stéphanomie  contien- 
nent un  grand  nombre  de  détails ,  il  en  est  cepen- 
dant qui  nous  ont  échappé  ou  sur  lesquels  nous 
n'avons  pas  assez  fixé  notre  attention.  Tout  ce 
qui  est  relatif  à  la  nutrition,  à  la  génération ,  nous 
est  inconnu.  Nous  n'avons  pas  toujours  pu  bien 


62  ZOOLOGIE. 

saisir  la  manière  dont  les  nombreux  et  divers  ap- 
pendices se  groupaient  sur  leur  tige.  Les  plus 
extérieurs,  ceux  qui  servent  en  général  à  la  loco- 
motion ,  sont  évidemment  symétriques ,  imbri- 
qués; et  s'ils  ont  une  apparence  d'être  radiaires,  en 
spirale,  cela  tient  à  la  torsion  de  l'axe  sur  lui- 
même  dans  le  sens  de  sa  longueur. 

Nous  le  répétons  encore,  croyant,  au  début 
de  notre  voyage,  que  les  Rhizophyses  de  Pérou 
étaient  des  animaux  distincts,  nous  leur  avions 
donné  le  nom  qui  appartient  aux  Stéphanomies, 
cherchant  toujours  ces  dernières  d'après  le  type 
considérablement  embelli  de  l'atlas  du  Voyage  aux 
terres  australes  *. 


*  Notre  Stéphanomie  lisse,  du  Voyage  de  ÏUranie,  pi.  86,  n'ayant 
pas  été  dessinée  par  nous,  est  un  Zoophyle  très-incomplet  dans  plusieurs 
de  ses  parties. 


ZOOPHYTES.  63 


A.  Axe  très -court,  portant  un  petit  nombre 
d'appendices  natateurs  pleins. 

(  Genre  Rhodophyse  de  Blainville.  ) 


i.   STÉPHANOM1E    HÉLIANTHE. 
Stephanomia  Helianthus,  nob. 

PLANCHE   2  ,     FIGURES     1-6. 


Stephanomia  ,  ovata  ;  appetidicïbus  longis ,  sub- 
cjlindraceis ,  recurvatis;  tèntaculis  rubris  apice 
tpifidis. 

• 

Cette  espèce  tient  réellement  plus  aux  Physso- 
phores  qu'aux  Stéphanomies,  et  il  ne  lui  manque 
que  des  ampoules  pour  appartenir  au  premier  de 
ces  genres;  mais  il  est  évident  que  la  place  leur 
manque  et  qu'on  ne  peut  pas  dire  qu'elles  sont 
tombées.  Ainsi  on  voit  combien  ces  distinctions 
artificielles  de  genres  sont  souvent  difficiles  à  éta- 
blir. 

M.  de  Blainville  (tome  LX,  page  i  i3du  Diction- 
naire des  sciences  naturelles)  a  élevé  des  doutes 
sur  la  disposition  radiaire  des  folioles  de  ce  Zoo- 


64  ZOOLOGIE. 

phyte.  Malheureusement  nous  ne  pouvons  pas  re- 
venir sur  ce  que  nous  avons  fait  dans  le  cas  où 
nous  nous  serions  trompé,  car  notre  dessin  était-il 
à  peine  achevé  que  tous  ces  corps  étaient  désa- 
grégés. Mais  nous  nous  souvenons  très-bien  que 
dans  l'eau  ils  s'étalaient  en  roue,  ce  qui  ne  vou- 
drait pas  tout-à-fait  dire  qu'ils  fussent  placés  en 
verticille  sur  leur  tige.  Hors  du  fluide  ils  se  grou- 
paient de  la  manière  dont  nous  les  avons  repré- 
sentés :  nous  laissons  à  d'autres  le  soin  d'éclaircir 
ce  sujet. 

Quoiqu'il  en  soit,  cette  jolie  espèce  est  globu- 
leuse, ovalaire  ;  son  axe  très-court,  à  plusieurs  di- 
visions, est  surmonté  d'une  grosse  vésicule  lisse, 
couleur  de  carmin.  C'est  sous  son  cou  rétréci  que 
se  groupent  de  nombreux  appendices  recourbés, 
étroits,  subaplatis,  pointus  à  leur  extrémité  avec 
une  strie  longitudinale  dans  leur  milieu.  -Ils  sont 
tellement  transparents  qu'on  a  de  la  peine  à  les 
apercevoir.  Lorsqu'ils  retombent  le  long  de  leur 
tige,  ils  donnent  au  Zoophyte  l'aspect  d'un  petit 
melon  à  côtes.  Sous  les  ramifications  de  l'axe,  et 
au  milieu  d'un  paquet  oviforme  jaunâtre,  est  une 
large  ampoule  à  goulot  évasé,  qui  ressemble  à  un 
suçoir  ;  sa  base  est  recouverte  par  des  espèces  de 
petites  franges.  Du  milieu  de  tous  ces  corps  sortent 
quatre  longs  tentacules  blancs,  ponctués  d'une 
teinte  plus  niatte.  Ils  paraissent  creux  et  donnent 
attache,  d'un  seul  côté,  à  de  petits  boutons  pédi- 


ZOOPHYTES.  65 

culés,  de  forme  cylindrique,  trifides  à  leur  pointe 
et  recouverts  d'un  petit  ruban  rouge  en  spirale. 

Après  la  désunion  des  parties  de  cet  animal, 
les  tentacules  vivent  encore  très-long-temps.  Douze 
heures  après  cette  séparation,  on  les  voyait  ré- 
tracter lorsqu'on  touchait  seulement  le  vase  qui  les 
contenait. 

Cette  Stéphanomie  a  été  prise  dans  la  Méditer- 
ranée, sous  Gibraltar,  par  M.  le  capitaine  D'Urville. 
C'est  peut-être  celle  que  Forskàl  a  voulu  rendre 
dans  le  dessin  peu  reconnaissable  qu'il  a  donné 
planche  43,  figures  B  b,  et  qui  a  été  reproduit 
dans  l'Encyclopédie  méthodique ,  planche  89,  fi- 


gures  10-11. 


2.  STÉPHA.NOMIE  MELON. 

Stephanomia  Meh ,  nob. 

PLANCHE   2,    FIGURES   7-I2. 

Stephanomia ,  g/obosa,  costata ,  perlucida  ;  ap- 
pendicibus  cardia ginosis ,  crassis,  ovatis ,  desuper 
ruçosis;  vesica  semirubra ,  échina  ta. 

Cette  espèce  est  une  des  plus  élégantes  que 
nous   ayons    vues.    Elle   est   remarquable    par  sa 

Zoologie,  t.  iv.  5 


60  ZOOLOGIE. 

forme  sphéroïdale  et  par  celle  de  chacun  de  ses 
appendices,  qui  sont  épais,  très-résistants,  transpa- 
rents comme  du  cristal ,  ovalaires,  en  forme  d'aile, 
avec  un  renflement  à  la  partie  supérieure,  qui 
sert  de  moyen  d'union  avec  la  tige.  Un  de  ces 
corps  vu  de  face  ressemble  à  une  côte  de  melon 
ou  mieux  encore  à  l'élytre  rugueux  de  quelques 
Buprestes.  Ces  inégalités  sont  produites  par  de 
petites  éminences  longitudinales ,  régulièrement 
disposées  sur  six  ou  sept  rangs.  L'individu  que 
nous  avons  possédé  n'avait  que  deux  de  ces  or- 
ganes placés  symétriquement;  mais  tout  indique 
qu'ils  doivent  être  en  plus  grand  nombre  et  donner 
à  ce  Zoophyte  l'aspect  du  précédent,  ce  que  nous 
avons  essayé  de  rendre  dans  une  de  nos  figures. 

L'ampoule  d'air  est  volumineuse,  arrondie,  épi- 
neuse, rouge  de  laque  en  dessus,  verdâtre  en  des- 
sous et  presque  enfoncée  entre  les  appendices.  11 
y  a,  comme  dans  l'espèce  précédente,  des  tenta- 
cules en  boutons  trifldes,  d'autres  contournés  en 
tire-bouchon,  et  de  plus  des  sortes  de  suçoirs 
allongés,  dont  l'extrémité  est  évasée  et  découpée. 
Les  ovaires  sont  mélangés  de  jaune  et  de  carmin. 

Cette  Stéphanomie ,  dont  le  diamètre  est  d'un 
à  deux  pouces,  en  a  trois  ou  quatre  de  longueur. 
Elle  fut  prise  à  l'entrée  du  détroit  de  Gibraltar, 
par   M.   D'Urville. 


ZOOPHYTES.  67 

3.  STÉPHANOMIE  HIPPOPODE. 
Stephanomia  hippopoda ,  nob. 

(Genre  Protomédée  de  M.  de  Blainville.) 
Gleba  excelsa,  Otto. 

PLANCHE    2  ,  FIGURES      l3-2I. 

Stephanomia,  corpore  ovato ,  cylindraceo,  hyct- 
lino  ;  appendicibus  imbricatis ,  sùborhiculatis ,  con- 
cavis ,  vah'iilatis  ;  tentaculis  longis  ;  ovarïis  luteis. 

Lorsque  nous  découvrîmes  ce  Zoophyte,  nous 
en  fîmes  le  genre  Hippopode,  mais  ayant  rencon- 
tré depuis  plusieurs  Stéphanomies,  nous  avons 
vu  qu'il  appartenait  réellement  à  ce  groupe,  dont 
il  ne  forme  qu'une  division. 

Cette  espèce  a  l'aspect  d'un  petit  cône  d'un  pouce 
de  longueur,  formé  de  sept  à  huit  appendices  lo- 
comoteurs ,  imbriqués  sur  deux  rangs  d'une  ma- 
nière alterne,  dont  les  plus  gros  sont  les  plus  infé- 
rieurs; ils  sont  groupés  sur  une  tige  commune, 
assez  longue,  ramifiée,  prenant  son  point  de  départ 
d'un  des  premiers  appendices  auquel  elle  est  fixée. 
M.  Lesueur  dit  y  avoir  vu  une  bulle  d'air ,  comme 


08  ZOOLOGIE. 

dans  les  espèces  précédentes;  nous  avons  bien 
aperçu  une  fois  de  l'air,  mais  il  paraissait  répandu 
au  sommet  de  ces  corps,  sans  être  contenu  dans 
une  ampoule  spéciale. 

La  forme  dont  se  rapprochent  le  plus  ces 
organes  natateurs  est  celle  du  sabot  d'un  cheval. 
La  face  que  nous  nommerons  inférieure,  d'a- 
près la  position  la  plus  naturelle,  est  concave 
avec  quatre  petites  pointes  en  cercle  au  milieu , 
servant  de  moyen  d'union  entre  les  individus.  A 
la  base  de  ces  pointes  est  une  valvule  semi  lunaire 
d'une  ligne  de  largeur,  à  peine  visible  hors  de  l'eau; 
c'est  elle  qui  par  ses  contractions  détermine  la 
locomotion.  L'extrémité  interne  de  ces  corps  pré- 
sente une  échancrure  qui,  réunie  à  l'opposée, 
forme  un  canal  central ,  par  lequel  rentrent  et  sor- 
tent les  tentacules.  La  face  supérieure  est  égale- 
ment concave  pour  recevoir  celle  qui  lui  corres- 
pond. 

Tous  ces  appendices  sont  résistants  ,  translu- 
cides, d'un  aspect  opalin,  croissant  de  volume  de 
haut  en  bas.  Ceux  qui  terminent  le  sommet  sont 
plus  arrondis  et  beaucoup  plus  petits.  Par  leur 
forme  concave  et  valvulaire,  ils  sont  intermédiaires 
entre  les  espèces  qui  les  ont  pleins ,  et  celles  qui 
les  ont  creusés  en  ampoule. 

Les  tentacules  grêles,  déliés,  au  nombre  de  six, 
peuvent  avoir,  dans  leur  plus  grande  extension, 
huit  pouces  de  longueur:  ils  sont  garnis  sur  un 


ZOOPHYTJES.  69 

de  leurs  côtés  seulement  de  vésicules  oviières,  iso- 
lées, jaunes,  à  la  base  desquelles  est  attaché  un 
filament  en  vrille.  Il  y  a  dans  notre  dessin  un 
suçoir  isolé,  le  texte  ne  parle  pas  de  la  place  qu'il 
pouvait  occuper. 

Les  individus  que  nous  avons  rencontrés  n'a- 
vaient pas  plus  de  dix  folioles;  cependant  on  peut 
concevoir  ce  nombre  plus  considérable.  L'animal 
se  meut  horizontalement  lorsque  ses  tentacules 
sont  rentrés,  et  verticalement  quand  ils  sont 
sortis.  Ce  mécanisme  s'opère  à  l'aide  des  valvules 
dont  nous  venons  de  parler;  il  n'est  pas  nécessaire 
que  toutes  agissent,  une  seule  suffit  pour  produire 
le  déplacement.  Dans  la  désassociation  des  parties 
elles  se  meuvent  encore  quelque  temps.  Les  ten- 
tacules sont  les  derniers  à  donner  des  signes  de 
vie. 

Nous  avons  quelquefois  trouvé  de  ces  Stépha- 
nomies  avec  deux  ou  trois  folioles  seulement,  aux- 
quelles  tenaient  la  tige  et  les  filaments  tentacu- 
laires. 

Celle-ci  a  été  prise  dans  la  Méditerranée,  à  l'en- 
trée du  détroit  de  Gibraltar.  On  la  rencontre 
aussi  dans  d'autres  lieux. 

C'est  sur  une  de  ses  folioles  isolée  qu'a  été 
fait  le  genre  Gleba  de  l'Encyclopédie,  adopté  depuis 
par  M.  Otto. 


70  ZOOLOGIE. 


B.  Axe  plus  allongé,  avec  un  grand  nombre 
d'appendices  natateurs  pleins    . 


4.  STEPHANOMIE  TRIANGULAIRE. 

Stephanomia  triangularis  ,  nob. 


PLANCHE   3  ,   FIGURES    1-Ji 


Stephanomia,  elongata,  cjlindracea,  alba;  ap- 
pendiciùus  foliatis ,  crassis ,  triangularibus ,  quater 
emarginatis;  tentaculis  apice  rubris  tnfidis. 

L'ensemble  de  l'animal  forme  un  cylindre  de 
sept  à  huit  pouces  de  longueur.  Sa  bulle  d'air  est 
fort  petite;  ses  appendices  en  grand  nombre  sont 
foliacés,  courts,  <*pais,  triangulaires,  pointus  au 
sommet  de  l'angle,  taillés  à  quatre  facettes  con- 
caves à  la  base,  avec  une  arête  au  milieu.  Ces 
corps  se  groupent  en  spirale  autour  de  l'axe,  en 
se  supportant  les  uns  les  autres;  ils  y  sont  très-peu 
adhérents.  La  tige  est  couverte  dans  toute  son  éten- 


*  Notre  genre  Polytome,  du  Voyage  de  l'Uranie ,  pi.  86,  fig.  i2-i3, 
n'est  qu'une  Stéphanomie  de  cette  division,  ramassée  en  boule,  et  qui 
ne  se  sera  pas  développée.  C'est  cependant  une  espèce  nouvelle,  re- 
marquable par  la  petitesse  des  organes  locomoteurs. 


ZOOPHYTES.  7 1 

due  de  grappes  d'ovaires,  de  suçoirs  dont  quel- 
ques-uns sont  renflés  en  ampoule,  de  tentacules 
déliés,  terminés  par  des  boutons  rougeâtres  trilobés. 

Le  reste  de  ce  Zoophyte,  qui  prend  quelquefois 
la  forme  d'un  œuf,  est  blanc.  Il  serait  facile  d'en 
donner  une  idée,  en  l'imitant  avec  des  morceaux 
de  verre  limpide.  On  peut  très-bien  le  conserver 
dans  l'esprit-de-vin. 

Il  a  été  pris  dans  l'océan  Atlantique,  aux  envi- 
ions  du  cap  Vert. 


5.  STÉPHANOMIE  IMBRIQUÉE. 
Stephnnomia  imbricata ,  nob. 

PLANCHE   3,    FIGURES    l3-l5. 


Stephanomia,  elongato-cylindracea ,  alba  ;  ap- 
pendicibus  crassis ,  triangularibus,  bimarginatis  ; 
tentaculis  apice  vesiculosis ,  rubris. 

Si  cette  espèce  n'avait  pas  été  indiquée  sous  le 
nom  d'Imbriquée  dans  l'ouvrage  de  M.  de  Bla in- 
ville, nous  lui  aurions  substitué  celui  de  Bimar- 
ginée,  qui  lui  conviendrait  mieux  par  la  forme  de 


72  ZOOLOGIF. 

ses  folioles,  qui  sont  triangulaires,  pointues  à  l'ex- 
trémité adhérente,  et  doublement  échancrées  à 
celle  qui  est  libre,  de  manière  à  représenter  un 
écusson.  Ces  appendices  sont  blancs,  épais,  serrés, 
et  imbriqués  entre  eux. 

La  tige  qui  était  privée  de  sa  vessie  d'air  ,  avait 
des  ovaires  en  grappes,  de  petits  suçoirs  cylin- 
driques terminés  par  trois  pointes,  et  des  tenta- 
cules susceptibles  de  prendre  beaucoup  d'exten- 
sion. Il  partait  de  ces  derniers ,  et  d'un  côté 
seulement,  de  petits  boutons  pédicules  enveloppés 
d'une  spirale  rouge,  ayant  deux  pointes  de  la 
même  couleur,  recouverte  d'une  membrane  trans- 
parente. La  tige  d'où  sortent  ces  appendices  est 
marquée  de  petits  carreaux  blancs. 

Cette  Stéphanomie,  dont  il  ne  restait  que  deux 
à  trois  pouces,  et  évidemment  tronquée,  a  été 
prise  sur  les  côtes  de  la  Nouvelle-Zélande,  dans  le 
mois  de  février  1827. 


ZOOPHYTES.  73 


6.  STEPHANOMIE  HEPTACA.NTHE. 

Stephanomia  heptacantha ,  nob. 

PLANCHE   3,  FIGURES    l6-l8. 


Stephanomia ,  cylindrica ,  alba  ;  appendicibus 
crassis,  cordiformibus ,  quater  limbo  marginatis  , 
septem  apicibus  distinctis  ;  haustellis  tubulosis. 

Nous  ferons  pour  cette  espèce  la  même  obser- 
vation que  pour  la  précédente,  c'est-à-dire,  qu'elle 
était  privée  de  la  partie  supérieure  où  devait  se 
trouver  la  vessie  aérifère*.Nousne  savons  pas  non 
plus  quelle  forme  avait  l'extrémité  de  ses  tenta- 
cules; mais  celle  de  ses  appendices  latéraux  suffit 
pour  la  caractériser  comme  nouvelle  et  différente 
des  Stéphanomies  précédentes.  En  effet  ces  appen- 
dices sont  élargis,  cordiformes,  arrondis  dans  leur 
bord  libre,  lequel  présente  quatre  facettes  obliques 
séparées  par  sept  petites  pointes  bien  distinctes, 
d'où  nous  avons  tiré  le  nom  de  ce  Zoophyte, 


'  Nous  ferons  observer  que  si  c'est  la  bouche  qui  est  à  l'extrémité  de 
cette  vésicule,  elle  n'est  pas  d'une  utilité  indispensable  à  ranimai,  qui 
peut,  comme  on  le  voit,  vivre  sans  elle. 


74  ZOOLOGIE. 

L'axe  a  des  ovaires  et  deux  sortes  de  suçoirs; 
les  uns  simples,  un  peu  tortillés,  n'en  ont  que 
l'apparence,  tandis  que  les  autres  sont  en  forme 
d'olive  allongée,  à  canal  étroit  avec  une  ouverture 
terminale. 

Cette  espèce  provient  des  Moluques. 


7.  STÉPHANOMK  FOLIACÉE. 
Stephanomia  foliacea ,  nob. 

PLANCHE    3,  FIGURES    8-12. 


Stephanomia ,  elongata,  cylindracea;  apperuk- 
cibus  foliaceis ,  ovalïbus ,  medio  appendiculâtis ; 
teniaculis  contùriis,  albis  et  rubris;  haustellis  cam- 
panulatis. 

Cette  espèce  est  susceptible  d'atteindre  une 
grande  longueur ,  si  on  en  juge  par  la  quantité 
de  débris  séparés  que  nous  trouvions  en  même 
temps  que  des  individus  presque  entiers.  Nous 
ne  connaissons  point  la  forme  de  la  vessie 
hydrostatique.  Les  appendices  ressemblent  à  des 


zoophytp:s.  75 

feuilles  ovalaires  légèrement  bombées  en  dehors, 
munies  d'une  languette  triangulaire  en  dedans,  à 
l'aide  de  laquelle  ces  corps  se  fixent  sur  leur  axe. 
Ce  mode  d'union  est  facilité  par  un  tube  court, 
qui  est  quelquefois  garni  de  vrilles  et  de  faux 
suçoirs.  Ces  folioles  se  recouvrent  en  partie  les 
unes  les  autres.  Elles  n'ont  pas  toutes  la  même 
forme.  Quelques-unes  sont  plus  courtes  ou  plus 
élargies,  et  ont  leur  languette  déviée  d'un  côté 
ou  de  l'autre,  pour  s'accommoder  à  la  forme  géné- 
rale. Cette  disposition  n'est  point  seulement  pro- 
pre à  cette  espèce,  elle  existe  également  pour 
celles  que  nous  venons  de  décrire. 

La  tige  est  chargée  de  vrilles  rouges  et  blanches, 
de  corps  cylindriques  qui  ressemblent  à  des  su- 
çoirs,  bien  qu'ils  n'aient  pas  d'ouvertures,  enfin 
de  longues  campanules  pédiculées,  comme  arti- 
culées dans  leur  point  d'insertion,  laissant  sortir 
de  leur  ouverture  tronquée  une  sorte  de  petit  bat- 
tant. On  remarquait,  à  l'extrémité  supérieure  de 
l'axe,  un  gros  et  long  suçoir  creux  à  extrémité 
rebordée  en  trompette  et  différent  des  autres. 

Cette  Stéphanomie  provient  de  la.  partie  nord 
de  la  Nouvelle-Guinée. 


76  ZOOLOGIE. 


C.  Axe  allongé,  avec  appendices  creux  en 

FORME  D'AMPOULE. 


8.  STEPHANOMIE  RUCHE. 
Stephanomia  alveolata, 

PLANCHE   3,     FIGURES    I9"23. 


Stephanomia,  oya$o-elongata}  alveiformi,  hya- 
lina  ;  appendicibus  subplanis  ,  cuneiformibus ,  vesi- 
culosis ,  marginatis. 

L'ensemble  de  cette  espèce  a  deux  pouces  de 
long  sur  un  pouce  de  large  dans  son  plus  grand 
diamètre  ;  c'est  une  sorte  de  cylindre  à  facettes , 
arrondi  par  le  haut,  avec  une  ampoule  aérifère 
en  forme  de  manche ,  ce  qui  donne  à  ce  Zoo- 
phyte  l'aspect  d'une  petite  ruche. 

Les  appendices  sont  serrés  autour  de  l'axe,  de 
manière  à  former  un  tout  continu  et  non  lâche 
comme  dans  quelques  individus  précédemment 
décrits;  ils  sont  aplatis,  subtriangulaires,  coupés 
net  à  leur  pointe ,  qui  est  extérieure ,  échancrés 
à  leur  base ,   de  manière  à  former  un  trou  rond 


ZOOPHYTES.  77 

avec  celui  du  coté  opposé.  Chaque  côté  a  deux 
petites  facettes.  L'intérieur  est  creusé  d'une  large 
cavité  subcordiforme,  pourvue  d'une  valvule  et 
s'ouvrant  à  la  pointe  du  triangle.  Ces  corps  nata- 
teurs  sont  d'autant  plus  grands  qu'ils  sont  plus 
inférieurs.  Les  supérieurs  diminuent  de  volume 
en  formant  une  calotte  sphérique  ;  ils  laissent  au 
milieu  d'eux  un  canal  par  lequel  sort  la  tige ,  qui 
est  ramifiée  et  garnie  d'ovaires.  Nous  n'avons  pu 
nous  assurer  de  la  forme  des  tentacules. 

L'ensemble  de  cet  animal  est  résistant,  coriace 
et  parfaitement  transparent;  la  vessie  seule  est 
rouge  à  son  extrémité.  Les  ampoules  désunies 
vécurent  assez  long-temps  en  nageant  avec  vitesse. 

On  voit  que  cette  espèce ,  par  la  forme  de  ses 
appendices  creux,  se  rapproche  beaucoup  des 
Physsophores  proprement  dits;  elle  provient  de 
l'océan  Atlantique,  non  loin  du  cap  Vert. 

D'après  ce  que  nous  avons  dit  dans  nos  consi- 
dérations sur  les  Physogrades,  nous  nous  permet- 
trons de  signaler  ici ,  comme  devant  appartenir  à 
des  espèces  distinctes  de  Stéphanomies,  des  am- 
poules locomotrices,  trouvées  isolément  et  séparées 
de  leur  axe.  Nous  appellerons  la  première  : 


78  ZOOLOGIE. 

9.  STÉPHANOMIE  EN  TOIT. 

Stephdnomia  Tectum,  noh. 

PLANCHE  2  ,    FIGURE   2.6. 


Remarquable  par  sa  grandeur  et  sa  forme  tri- 
angulaire ,  aplatie,  taillée  en  toit,  fortement  échan- 
crée.  Le  sommet  du  triangle  où  se  trouve  l'ouver- 
ture est  coupé  carrément  ;  la  cavité  est  vaste , 
cordiforme;  ses  parois  sont  parcourues  par  des 
vaisseaux  déliés  qui  se  coupent  en  croix. 

Habite  les  environs  des  iles  du  cap  Vert. 


ZOOPHYTES.  7(J 


10.  STEPHANOMIE  A  VRILLES. 


Stephanomia  cirr/iosa,  nob. 


PLA.NCHE   2  ,    FIGURES   22-25. 


Ici ,  c'est  un  axe  que  nous  avons  étudié  encore 
vivant ,  non  loin  duquel  nous  prîmes  en  même 
temps  des  ampoules  que  nous  croyons  lui  appar- 
tenir ,  sans  positivement  l'assurer  ;  aussi  n'atta- 
chons-nous que  fort  peu  d'importance  à  ces 
observations,  que  nous  nous  bornons  à  indiquer 
pour  mettre  les  voyageurs  naturalistes  sur  la  voie 
de  les  compléter  un  jour. 

La  tige  de  cette  Stéphanomie  diffère  de  celles 
que  nous  avons  décrites  jusqu'ici  par  de  longs 
suçoirs,  évasés  en  trompette,  étranglés  dans  leur 
milieu ,  qui  est  garni  de  franges  et  de  vrilles  rouges. 
Indépendamment  de  ceux-ci  à  forme  compli- 
quée ,  il  en  existe  de  simples,  courts,  en  ampoule. 
Des  vrilles  blanches ,  des  ovaires ,  sont  placés  le 
long  de  la  tige,  d'une  manière  que  nous  n'avons 
peut-être  pas  assez  bien  précisée. 

Les  appendices  locomoteurs  ,  indiqués  plus 
haut,   sont  aplatis,   triangulaires,  plus  ou  moins 


80  ZOOLOGIE. 

pointus.  C'est  du  côté  de  leur  base ,  fort  élargie  > 
qu'est  l'ouverture,  assez  étroite,  donnant  dans 
une  cavité  médiocre ,  surbaissée ,  étendue  trans- 
versalement. 

Habite  la  Méditerranée. 

Une  de  ces  ampoules  a  été  trouvée  près  du  cap 
Vert. 


ZOOPHYTES.  81 


DIPHYDES*. 


Animal  libre,  nageant,  hyalin,  coriace,  formé 
de  deux  parties,  rarement  de  trois,  réunies  à  la 
suite  l'une  deTautre,  diversiformes ,  creuses,  l'an- 
térieure nucléale,  portant  des  ovaires  et  des  suçoirs. 

Quelques  jours  de  contrariété  à  l'ouverture  du 
détroit  de  Gibraltar,  à  notre  départ  de  France,  nous 
facilitèrent  l'étude  de  ces  singuliers  animaux,  et 
nous  mirent  à  portée  d'en  faire  connaître  plusieurs 
espèces  nouvelles,  dans  un  mémoire  inséré  dans  le 
tome  X  des  Annales  des  Sciences  naturelles.  En 
ayant  rencontré  d'autres  pendant  notre  voyage, 
nous  les  reproduisons  toutes  ici ,  en  convenant  que 
les  genres  que  nous  avons  formés  ne  doivent  être 
considérés  que  comme  des  divisions  de  cette  fa- 
mille, dont  les  individus  ne  diffèrent  réellement 


*  Lorsque  M.  de  Blaiflville  fit  paraître  son  article  Zoophytes  du  Diction 
naire  des  Sciences  naturelles ,  il  ne  connaissait  malheureusement  pas 
l'excellent  ouvrage,  sur  les  Aealèphes  ,  de  M.  le  professeur  Eschscholtz,  de 
Dorpat,  naturaliste  fort  habile,  qui  avait  déjà  fait  quelques-unes  de  nos 
découvertes  dans  la  famille  des  Diphydes,  et  leur  avait  imposé  des  noms 
particuliers.  M.  de  Blainville  s'est  servi  de  ceux  que  nous  avons  donnés  à 
ces  Zoophytes.  Mais  tout  en  accordant  la  priorité  au  naturalisterusse,  nous 
conservons  en  partie  les  dénominations  du  professeur  de  Paris,  pour  ne  pas 
nuire  à  une  classification  déjà  reçue  et  adoptée  en  France. 

Zoologie,  t.  iv.  0 


82  ZOOLOGIE. 

que  par  les  formes  extérieures.  11  en  est  toutefois 
qui  demandent  à  être  étudiés  de  nouveau  avec 
beaucoup  de  soin ,  dont  toutes  les  parties  ne  nous 
ont  pas  paru  complètes  ou  qui  en  ont  plus  de 
deux;  ce  que  ne  présentent  jamais  les  vraies  Di- 
phves,  qui  servent  de  type  au  genre. 

Nous  convenons  qu'avec  les  dessins  les  mieux 
faits  il  est  quelquefois  difficile  de  se  faire  une  idée 
de  ces  animaux ,  qu'il  faut  réellement  voir  en 
nature.  Heureusement  que  leur  substance  est  assez 
coriace  et  assez  résistante  pour  pouvoir  être  con- 
servée dans  la  liqueur.  Leurs  appendices  tentacu- 
laires  seuls  s'altèrent  et  ne  sont  plus  reconnais- 
sablés  . 

Dans  quelques  espèces,  un  gros  suçoir  peut 
bien  être  pris,  jusqu'à  un  certain  point,  pour  un 
orifice  buccal;  mais  il  en  est  d'autres,  et  cela  dans 
les  plus  grandes ,  où  il  ne  nous  a  pas  été  possible 
de  reconnaître  d'organe  central  de  digestion  ;  à 
moins  que  certaines  parties  creuses  qui  servent 
à  la  locomotion  n'en  tiennent  lieu.  Là  où  il  existe 
un  long  tube,  garni  de  suçoirs,  d'ovaires  et  de 
tentacules,  on  peut  supposer  que  la  nutrition 
s'opère  en  partie  par  quelques-uns  de  ces  organes. 

Nous  n'avons  rien  pu  saisir  de  relatif  à  la  géné- 
ration ,  et  ce  n'est  que  par  induction  que  nous 
supposons  que  de  petits  corps  ronds  ou  allongés 
sont  des  ovaires. 


ZOOPHYTES.  83 


A.  Espèces  dont  la  partie  antérieure  a  deux 

CAVITÉS   DISTINCTES. 

i .  D1PHYE  BORY. 

Diphyes  Bory,  nob. 

• 

PLANCHE   4  j   FIGURES    1-6. 


D.iphjeSypartibus  œqualibus,  mitratis,  hyalin is  ; 
aperturis  cfentatis  ;  haustellis,  inter  se  campanulis 
basi  tectis. 

M.  Bory  Saint-Vincent  est  le  premier  qui,  dans 
son  voyage  de  l'Ile-de-France,  a  fait  connaître  ce 
Zoophyte,  sons  le  nom  de  Biphore  biparti,  auquel 
M.  Cuvier  substitua  celui  plus  exact  de  Diphye; 
car  ce  n'était  pas  un  Biphore  proprement  dit. 
Bientôt  après  M.  Tilésiusen  donna  aussi  une  figure 
dans  l'ouvras, e  de  M.  deRrusenstern.  Mais  toutes 
deux,  quoique  donnant  une  idée  de  l'animal,  ne  le 
caractérisent  pas  assez  bien,  surtout  dans  les  dé- 
tails de  ses  deux  parties,  qu'il  ne  faut  point  re- 
présenter comme  pouvant  s'isoler  à  volonté.  Le 
dessin  que  nous  en  avons  donné  dans  l'atlas  zoo- 

6» 


84  ZOOLOGIE. 

logique  du  Voyage  de  l'Uranie,  n'ayant  pas  été  fait 
par  nous-même,  est  également  défectueux.  Nous 
avons  donc  cherché  à  étudier  avec  tout  le  soin 
possible  ce  singulier  animal,  qui  a  donné  son  nom 
à  toute  la  famille. 

On  ne  le  trouve  en  général  que  dans  la  haute 
mer  et  dans  presque  toutes  celles  des  pays  chauds. 
De  petits  individus,  d'une  forme  un  peu  plus 
allongée,  que  nous  prenions  pour  le  jeune  âge, 
pourraient  bien  être  une  espèce  distincte  à  ajou- 
ter aux  deux  qu'a  fait  connaître  M..Eschscholtz 
sous  le  nom  ftangustata  et  appeniliculuta.  Les 
deux  parties  qui  composent  ce  Zoophyte  sont  à 
peu  près  égales  en  volume  et  se  ressemblent 
même  jusqu'à  un  certain  point.  Elles  sont  co- 
riaces et  tellement  diaphanes  qu'on  ne  les  aper- 
çoit quelquefois  pas  dans  le  bocal  qui  les  contient, 
si  leur  chaîne  de  suçoirs  n'est  pas  colorée.  La 
pyramide  que  forme  le  corps  antérieur  est  com- 
primée, à  cinq  côtés.  Les  deux  ouvertures  de  sa 
base  conduisent  dans  deux  cavités  cylindriques, 
presque  accolées  l'une  à  l'autre ,  dont  l'inférieure 
est  un  peu  plus  grande.  Elles  se  rétrécissent  brus- 
quement en  s'arrondissant  et  finissent  par  deux 
canaux  filiformes  qui  vont  se  terminer  à  la  pointe 
de  la  pyramide,  sans  que  par  de  nombreuses  ob- 
servations à  la  loupe,  nous  puissions  dire  s'ils 
s'ouvrent  au  dehors.  Dans  quelques  individus  ce 
sommet  est  comme   étranglé.  L'ouverture  supé- 


ZOOPHYTES.  85 

rieure  a  cinq  dents  rapprochées  :  l'inférieure  est 
en  parallélogramme  pour  recevoir  la  partie  pos- 
térieure. Du  fond  de  sa  cavité  part  une  longue 
chaîne  cylindrique,  rétractile,  enveloppée  d'une 
série  de  cloches  se  recouvrant  les  unes  les  autres. 
Sous  chacune  est  logé  un  suçoir,  tenant  à  l'axe 
par  une  sorte  de  nœud  et  portant  à  sa  hase  des 
filaments  qui  ont  l'aspect  d'ovaires.  Ces  suçoirs, 
élargis  en  trompette  à  leur  extrémité,  sont  suscep- 
tibles de  se  coller  sur  les  corps ,  même  sur  le 
verre,  à  la  manière  des  ventouses,  et  par  ce  moyen 
de  fixer  l'animal. 

De  distance  en  distance  existent  des  filets  ten- 
taculaires  ramifiés  d'un  seid  côté,  et  terminés  par 
un  bouton  d'où  pend  un  petit  filament.  La  tige 
centrale  de  cette  chaîne,  noueuse  comme  un 
roseau ,  est  creuse  ;  car  en  la  comprimant  on  y 
voit  circuler  un  fluide. 

Le  corps  postérieur  de  la  Diphye  nous  a  tou- 
jours paru  un  peu  moins  consistant  que  le  pré- 
cédent. Son  ouverture  supérieure  n'est  à  propre- 
ment parler  qu'un  canal  profond,  à  bords  ouverts, 
ou  bien  seulement  unis  dans  un  point  du  milieu, 
ce  qui  est  le  plus  ordinaire.  Lorsque  cette  partie 
est  emboîtée  dans  l'autre ,  c'est  par  ce  conduit  que 
passe  la  chaîne  des  suçoirs.  Elle  sort  et  rentre  avec 
la  plus  grande  facilité. 

La  cavité  inférieure  a  aussi  cinq  dents  à  son  ou- 
verture   et   se   termine   également   par   un  canal 


86  ZOOLOGIE. 

étroit  qui  va  aboutir  à  l'extrémité.  C'est  même  par 
là  que  s'opère  la  principale  jonction  des  deux  corps. 
Toutes  les  cavités  dont  nous  venons  de  parler ,  à 
l'exception  de  celle  qui  est  en  canal,  sont  quel- 
quefois remplies  d'une  sanie  blanchâtre,  indice 
d'une  sorte  de  digestion. 

La  progression  de  ces  animaux,  surtout  des 
jeunes,  est  excessivement  rapide,  quelquefois  dés- 
espérante pour  l'observateur ,  qui  est  obligé  d'at- 
tendre qu'elle  devienne  moins  vive  pour  mieux 
les  étudier.  Les  deux  parties  peuvent  y  coopérer  ; 
cependant  le  plus  souvent  c'est  l'antérieure  qui  la 
détermine  en  contractant  sa  cavité  supérieure,  qui 
chasse  l'eau  qu'elle  contient.  Lorsqu'elles  sont  dé- 
collées ,  elles  ne  peuvent  plus  se  réunir.  Alors  la 
portion  antérieure  conserve  seule  sa  vivacité,  et 
il  arrive  même  que  l'autre  ne  donne  plus  que  des 
signes  de  vie  éloignés. 

Lorsqu'on  retire  ces  êtres  de  la  mer,  ils  ressem- 
blent à  des  morceaux  de  cristal  taillé;  mais  leur 
limpidité  s'altère  promptement,  quelque  soin  qu'on 
prenne  de  renouveler  l'eau. 


ZOOPHVrttS.  87 

a.  DIPHYE  AI5YLA. 
Diphyes  Abyla  ,  nob. 

PLANCHE    4  i    FIGURES     13-1^. 


Diphyes,  partions  Umpidis,  inœqualibus  :  ante- 
riore  subcubica  ;  jwstcriori  trigona  ,  apice  acuta  , 
latere  crenulata;  apertura  quinquedentata. 

L'ensemble  de  cet  animal  est  allongé  ettrigone. 
Sa  partie  antérieure,  beaucoup  moins  grande  que 
la  postérieure,  est  un  corps  taillé  en  cube  irré- 
gulier, plus  long  que  large,  ayant  une  ouverture 
évasée  au  milieu,  et  sur  les  côtés  deux  cavités 
oblongues,  dont  l'une  est  un  peit  plus  arrondie 
que  l'autre.  La  plus  grande  s'ouvre  à  l'extérieur, 
et  toutes  les  deux  communiquent  par  leur  base, 
à  l'aide  d'un  tube  très-court,  avec  la  grande  pièce 
postérieure.  C'est  de  l'ouverture  évasée  que  part 
la  tige  qui  porte  les  ovaires  et  les  suçoirs.  Ces  der- 
niers sont  quelquefois  colorés  de  jaune  ou  d'o- 
rangé et  conservent  leurs  mouvements  long-temps 
après  la  désunion  des  deux  portions  du  Zoophyte. 

Le  cube  est  articulé  à  plat  avec  le  grand  corps. 
Il  est  coriace  et  doué  d'un  mouvement  de  contrac- 


88  ZOOLOGIE, 

tion  qui  a  lieu  clans  la  cavité  la  plus  oblongue,  la- 
quelle s'ouvre  à  l'extérieur.  Il  faut  beaucoup  d'at- 
tention pour  l'apercevoir  *. 

La  partie  postérieure  est  pyramidale  à  trois 
côtés,  séparés  par  autant  d'ailes  membraneuses, 
dont  une,  beaucoup  plus  considérable,  est  accolée 
à  une  quatrième,  denticulée  en  scie.  Dans  quelques 
individus  ce  collement  n'a  lieu  que  sur  un  point 
seulement.  Il  en  résulte  un  canal  pour  la  chaîne 
des  suçoirs.  Le  corps  se  termine  par  une  pointe 
en  bec  de  cuiller  qui  s'enfonce  assez  profondé- 
ment dans  le  cube  sans  y  être  très-adhérente.  Une 
seconde  cavité  plus  grande  a  son  ouverture  ré- 
trécie,  entourée  de  cinq  petites  pointes  obtuses 
qu'il  faut  écarter  pour  y  pénétrer.  Elle  est  mar- 
quée de  plusieurs  stries  longitudinales  qui  parais- 
sent être  autant  de  vaisseaux  réunis  vers  le  fond 
en  un  seul,  lequel  va  communiquer  avec  les  deux 
petites  cavités  du  cube. 

C'est  particulièrement  dans  le  détroit  de  Gi- 
braltar que  nous  avons  trouvé  le  plus  de  ces  Zoo- 
phytes,  bien  que  nous  en  ayons  aussi  rencontré 
dans  d'autres  mers.  Ils  tirent  leur  nom  de  la  loca- 
lité; les  plus  grands  individus  ont  environ  un 
pouce  et  demi  de  longueur. 


*  Ce  que  dans  la  Zoologie  du  Voyage  de  V  Uranie  nous  avons  décrit  et  fait 
figurer  sous  le  nom  de  Biphore  polymorphe,est  évidemment  ce  corps  trouvé 
séparé  de  la  partie  qui  le  complète- 


ZOOPHYTES.  89 


3.  DIPHYE  CALPÉ. 
Diphyes  Calpe,  nob. 

PLANCHE   4,   FIGURES    7-II, 


Diphyes ,  corpore  trarislucido ,  pyramidale,  pen- 
iagono  ;  partibus  inœqualibus  :  anteriore  cubica , 
biforata  ;  posteriori  ore  qui/iquepartita. 

Les  deux  parties  de  cette  espèce,  fort  inégales 
en  grandeur,  n'entrent  point  l'une  dans  l'autre  ; 
elles  se  tiennent  seulement  par  un  court  pédicule. 

L'antérieure,  très-petite,  est  cubique,  pourvue 
d'une  assez  large  ouverture  qui  donne  issue  à  un 
long  chapelet  d'ovaires  et  de  suçoirs ,  dont  la  cou- 
leur varie  de  l'argenté  au  jaunâtre.  Elle  est  de 
plus  creusée  de  deux  petites  cavités,  dont  l'une, 
ovalaire,  fusiforme,  s'ouvre  à  l'extérieur,  et  l'autre 
est  arrondie  avec  un  petit  appendice.  Toutes  deux 
aboutissent  à  un  canal  qui  paraît  aller  s'ouvrir 
dans  la  cavité  principale  du  grand  corps. 

Ce  dernier ,  qui  à  lui  seul  forme  presque  toute 
la  Diphye,  est  pyramidal,  pentagone,  tronqué  à 
sa  pointe  pour  s'unir  au  cube  antérieur ,  pourvu 
à  sa  base  de  cinq  pointes  inégales ,  d'où  partent 


90  ZOOLOGIE. 

autant  d'arêtes  longitudinales,  limitant  les  cotés  du 
corps.  Il  est  creusé  de  deux  cavités,  dont  l'une 
plus  grande,  cylindrique,  un  peu  renflée  au  mi- 
lieu, aboutit  au  canal  que  nous  venons  d'indiquer, 
auquel  viennent  se  joindre  quatre  vaisseaux.  L'ou- 
verture de  cette  cavité  est  toujours  béante  et 
pourvue  d'une  valvule,  ce  qui  la  distingue  de  celle 
de  l'espèce  précédente. 

La  seconde  issue  qui  occupe  l'un  des  cotés, 
n'est  qu'un  canal  incomplet  formé  de  deux  lamelles, 
dont  l'une  plus  grande  se  replie  sur  elle-même  et 
recouvre  l'autre,  qui  est  repliée  en  sens  opposé  et 
denticulée  en  scie  :  par  ce  conduit  sort  la  file  des 
suçoirs,  qui  tiennent  au  corps  antérieur. 

C'est  par  la  grande  cavité  que  l'animal  se  meut 
assez  rapidement. — La  petite  ouverture  du  cube , 
qui  communique  avec  l'extérieur,  est  aussi  sus- 
ceptible de  se  contracter. 

Ce  Zoophyte  est  transparent,  assez  ferme;  sa 
longueur  est  d'un  pouce.  Nous  l'avons  trouvé 
dans  différentes  mers;  mais  le  détroit  de  Gilbral- 
tar  est  le  lieu  qui  nous  en  a  le  plus  fourni;  c'est 
pourquoi  nous  lui  avons  donné  le  nom  sous 
lequel  les  anciens  connaissaient  ce  promontoire 
d'Europe.  Nous  avons  assez  examiné  de  ces  ani- 
maux pour  assurer  qu'ils  sont  bien  entiers,  et 
que  ce  ne  sont  point  des  parties  détachées  d'autres 
individus. 


ZOOPHYTES.  91 


4.  DIPHYE  DE  BASS. 
Diphyes  bassensis,  nob. 

PLANCHE   4)   FIGURES    l8-2(». 


Diphyies  ,  parti  bus  hyalinis ,  inœqualibus  , 
quadrilateris  :  posiica ,  majore,  apertura  quinqtie- 
dentata. 

On  voit  que  cette  espèce  a  beaucoup  de  rap- 
ports avec  la  précédente.  Elle  en  diffère  par  sa 
forme  plus  élargie,  plus  courte  et  quadrilatère.  Elle 
nage  verticalement,  ce  qui  tient  probablement  à 
ce  que  sa  partie  antérieure  est  plus  lourde.  Elle 
forme  un  cube  irrégulier,  aplati,  taillé  à  facettes, 
parfaitement  uni  au  corps  postérieur.  Ce  corps 
contient  deux  petites  cavités ,  dont  l'une  s'ouvre 
à  l'extérieur  sur  une  des  faces.  Elles  aboutissent 
à  un  canal  qui  va  joindre  le  fond  de  la  cavité  an- 
térieure ,  où  viennent  se  réunir  quatre  autres  vais- 
seaux. La  chaîne  des  suçoirs  est  fort  courte. 

5 

La  partie  postérieure  est  quadrilatère,  un  peu 
renflée  au  milieu,  à  ouverture  et  cavité  très-larges. 
La  première  est  entourée  de  cinq  pointes ,  dont 
une  fort  petite.  Le  canal  latéral,  si  bien   marqué 


92  ZOOLOGIE. 

dans  les  deux  espèces  que  nous  venons  de  décrire, 
est  à  peine  indiqué  dans  celle-ci. 

Nous  l'avons  trouvée  àla  Nouvelle-Hollande,  dans 
le  détroit  de  Bass,  dont  elle  porte  le  nom.  Sa  lon- 
gueur est  de  huit  à  dix  lignes. 


B.  Espèces  dont  la  partie  antérieure  n'a  qu'une  seule 

CAVITÉ,  OU  DONT  LA  SECONDE  EST  EXCESSIVEMENT  PETITE. 


5.  DIPHYE  CAPUCHON. 
Diphyes  Cucullus ,  nob. 

Eudoxia  Lessonii ,  Eschscholtz,  Acalèphes,  pi.   12, 
fig.  2. 

PLANCHE    4j    FIGURES    21-9.3. 


Diphyes,  partibus  œqualibus,  albidis  :  antica 
conica ,  cucullata  ;  postica  quadrata  ;  apertura 
quadridentata. 

Dans  cette  espèce,  les  deux  parties  sont  à  peu 
près  d'égal  volume;  mais  l'antérieure  étant  apparem- 


ZOOPHYTES.  93 

ment  plus  pesante,  forçait  l'animal  à  nager  verti- 
calement. Elle  est  en  forme  de  capuchon  pointu , 
renflé  au  milieu,  bilobé ,  dont  un  des  lobes  est 
plus  allongé.  Ce  corps  est  assez  largement  creusé 
et  contient  un  grand  suçoir  rougeâtre  à  ouverture 
rebordée,  dont  la  base  est  entourée  de  petits  corps 
qui  sont  peut-être  des  ovaires. 

Dans  cette  sorte  d'entonnoir  vient  s'implanter 
la  partie  postérieure  ,  subquadrilatère,  à  quatre 
arêtes,  lesquelles  se  terminent  par  autant  de  pointes 
environnant  l'ouverture.  Cette  dernière  conduit 
dans  une  cavité  en  ampoule  renflée,  du  fond  de 
laquelle  part  le  vaisseau  qui  lie  cette  pièce  à  la 
première.  L'extrémité  engainante  est  coupée  obli- 
quement. 

Les  deux  portions  de  l'individu  adhèrent  assez 
fortement  entre  elles.  La  postérieure  fournit  seule 
à  la  locomotion ,  qui  est  aussi  brusque  que  vive. 
La  petitesse  de  cette  Diphye,  qui  n'a  que  trois  lignes 
de  long,  nous  a  empêché  de  reconnaître  quel- 
ques parties  que  l'analogie  semblerait  devoir 
indiquer;  comme,  par  exemple,  l'existence  d'un  ca- 
nal latéral  pour  le  suçoir,  qui  ici  nous  a  évidem- 
ment paru  sortir  par  le  côté. 

Ce  Zoophyte  a  été  trouvé  sur  la  côte  nord  de 
la  Nouvelle-Guinée,  aux  environs  du  port  Dorey , 
près  de  Misory  et  de  l'île  Longue. 

11  est  dit  dans  l'ouvrage  de  M.  de  Blainville,  que 
M.  Botta  ayant  fréquemment  trouvé  cette  espèce 


94  ZOOLOGIE. 

mélangée  avec  la  grande  Diphye  de  Bory ,  elle 
pouvait  bien  n'être  qu'un  premier  degré  de  déve- 
loppement de  cette  dernière.  Cela  ne  peut  pas  être; 
d'abord  par  la  différence  de  forme  des  organes 
natateurs,  commeledit  fort  bien  M.  de  Blainville,  et 
de  plus  parce  que  nous  avons  souvent  trouvé  de 
jeunes  Diphyes  parfaitement  complètes,  qui  avaient 
à  peine  deux  lignes  de  longueur. 


6.  DIPHYE  CUCUBALE. 

Diphyes  Cucubalus,  nob. 

PLANCHE    4  ■>     FIGURES     O./^-l'J. 


Diphyes,  partions  subœqualibus,  a/bis,  cordifor- 
mibus  :  antica  uniperforata  ;  haustello  elongato  ', 

basi  ovariis  tecto. 

Le  nom  donné  à  cette  espèce  est  emprunté  du 
fruit  du  Cucubale  avec  lequel  elle  a  quelque  res- 
semblance. Les  deux  parties  qui  la  composent 
adhèrent  peu  et  se  séparent  facilement.  Elles  sont 
globuleuses,  cordiformes,  pointues.  L'antérieure, 


ZOOPHYTES.  1)5 

un  peu  plus  petite,  présente  une  seule  cavité  large, 
ovàlaire,  à  ouverture  rétrécie.  Il  est  probable  qu'elle 
aplusde  densité  que  l'autre,  puisqu'elle  maintient 
tout  le  corps  dans  une  position  verticale.  C'est 
aussi  à  elle  seule  qu'est  due  la  progression. 

La  partie  postérieure  plus  grande  est  recevante, 
creusée  d'une  cavité  ovàlaire ,  remplie  par  la 
pointe  de  la  portion  que  nous  venons  de  décrire. 
Il  en  sort  un  assez  long  suçoir  garni  d'ovaires  à 
sa  base. 

Ce  Zoophyte  incolore,  long  de  deux  lignes,  pro- 
vient de  la  rade  d'Amboine ,  dans  les  Moluques. 


7.  DIPHYE  NACELLE. 
Diphyvs  Cymba  ,  uob. 

PLANCHE    5 ,  FIGURES   12- I^. 

Variété,  fig.  18-20. 


Diphyes  ,  partibus  subœqualibus,  hyalinis  :  an- 
teriore  foliacea ,  sagittata,  emarginata  ;  posteriori, 
pyramidale,  biforata;  apertura  sexdentata. 


9G  ZOOLOGIE. 

Le  corps  antérieur ,  vu  de  face ,  ressemble 
assez  à  un  fer  de  flèche,  obtus,  caréné  inférieu- 
rement  et  offrant  en  arrière  un  angle  rentrant. 
Isolé ,  il  a  également  l'aspect  d'un  petit  sabot 
flottant.  Il  est  creusé  d'une  large  cavité  qui  donne 
issue  à  un  suçoir  et  à  des  ovaires ,  en  même  temps 
qu'elle  reçoit ,  par  une  union  assez  intime ,  la 
partie  postérieure. 

Celle-ci  a  beaucoup  de  rapport  avec  l'analogue 
de  la  Diphye  Calpé  ;  elle  est  pyramidale,  coupée 
obliquement  dans  son  extrémité  d'insertion ,  et 
pouvue  à  l'autre  de  six  pointes  inégales ,  environ- 
nant l'ouverture  qui  donne  dans  une  cavité  ob- 
longue,  laquelle  communique,  par  un  conduit 
étroit,  avec  la  partie  antérieure.  Sur  le  côté  est 
un  canal  à  bord  denticulé,  par  lequel  passe  la 
chaîne  des  suçoirs. 

Nous  avons  trouvé  et  figuré  près  de  cette  issue, 
sur  le  coté  gauche ,  un  troisième  corps ,  qui  est 
peut-être  un  jeune  individu  encore  adhérent,  ayant 
comme  l'adulte  ses  six  pointes  et  son  canal  crénelé. 
Cependant  il  manquait,  pour  le  rendre  complet, 
sa  portion  antérieure  en  fer  de  flèche;  ce  qui  est 
une  difficulté  pour  en  faire  un  fœtus.  Ce  Zoo- 
phyte  demande  donc  à  être  observé  de  nouveau 
avec  attention.  Il  nage  indifféremment  d'une  ma- 
nière horizontale  ou  verticale.  Nous  l'avons  repré- 
senté de  grandeur  naturelle.  Il  se  trouve  dans  le 
détroit  de  Gibraltar. 


ZOOPHYTES,  97 

Nous  avons  représenté  sur  la  même  planclie, 
fig.  1 8  et  20,  une  variété  de  cette  espèce,  recueillie 
dans  le  grand  océan  Austral.  Sa  partie  antérieure, 
la  seule  que  nous  ayons  pu  nous  procurer,  a  la 
forme  d'un  sabot,  lorsqu'on  la  voit  de  profil. 


8.  DIPHYE  TRONQUÉE. 
Diphyes  truncata,  nob. 


'l»LA.NCHE    5  ,     FIGURES    21-23. 


Nous  n'hésitons  point  à  donner  comme  appar- 
tenant à  une  espèce  nouvelle  cette  seule  partie 
antérieure  de  Diphye,  que  nous  avons  prise  dans 
l'océan  Atlantique,  par  8°  de  latitude  nord.  C'est 
un  petit  carré  long,  coupé  net  à  ses  deux  ex- 
trémités, échancré  sur  une  de  ses  faces,  où  se 
trouve  une  ouverture  pour  recevoir  le  corps  pos- 
térieur. C'est  d'un  petit  cul-de-sac  en  forme  de 
cornemuse  que  part  une  chaîne  d'ovaires  jaunes. 


Zoologie,  t.  iv. 


98  ZOOLOGIE. 

9.  DIPHYE  CUBOIDE. 

Diphyes  cuboidea  ,  nob. 
/ 

PLANCHE  5,  FIGURES  7-II. 


Diphyes ,  partibus  maxime  inœqualibus ,  per- 
lucidis  :  anteriore  cubica  ;  posteriore  minitna  ,  py- 
ramidali;  apertUra  margine  quinquedentata. 

Dans  ce  Zoophyte,  le  corps  antérieur  ou  rece- 
vant est  beaucoup  plus  considérable  que  celui-  qui 
est  reçu  ;  d'où  l'on  peut  déduire  la  lenteur  de  ses 
mouvements.  Il  est  exactement  cubique ,  en  forme 
de  dé,  transparent  comme  du  cristal,  et  d'une 
résistance  cartilagineuse  au  sortir  de  l'eau.  Les 
quatre  angles  sont  saillants  et  les  six  faces  un  peu 
rentrées.  L'une  d'elles  présente  un  trou  en  enton- 
noir ,  d'où  sortent  des  suçoirs  blancs  et  des  ovai- 
res jaunes  ;  elle  est  de  plus  avoisinée  par  deux 
petites  cavités,  dont  une  s'ouvre  au  dehors. 

La  seconde  partie  de  l'animal  est  très-petite, 
pyramidale,  coupée  obliquement  dans  son  extré- 
mité engainante,  offrant  à  l'autre  extrémité  cinq  den- 
ticules  qui  entourent  une  cavité  assez  profonde,  du 
fond  de  laquelle  part  un  canal  qui  va  communiquer 


ZOOPHYTES.  <J9 

avec  le  cube.  Il  est  probable  même  qu'il  doit  exis- 
ter un  conduit  latéral,  crénelé,  pour  le  passage 
des  ovaires,  comme  dans  quelques-unes  des  espè- 
ces précédentes  ;  ce  que  la  petitesse  de  ce  corps 
ne  nous  a  pas  permis  de  constater. 

Les  mouvements  de  cette  Dipliye  sont  extrê- 
mement obscurs.  Nous  n'avons  vu  qu'une  seule 
fois  l'ouverture  buccale  de  la  partie  postérieure 
se  contracter. 

Il  faut  sans  doute  regarder  comme  une  variété 
un  individu  dont  le  petit  corps ,  au  lieu  d'avoir  les 
bords  de  son  ouverture  denticulés ,  les  a  quadri- 
latères. La  frange  en  spirale  qui  le  contourne  est 
probablement  le  canal  mentionné  ci-dessus.  Ici  la 
cavité  creusée  dans  le  cube  a  ses  bords  dentelés , 
et  la  chaîne  des  suçoirs,  au  lieu  d'être  ramassée 
au  fond  de  la  cavité ,  est  plus  développée. 

Ce  Zoophyte  ,  qui  aurait  encore  besoin  d'être 
étudié,  se  trouve  dans  le  détroit  de  Gibraltar. 


r 


100  ZOOLOGIE. 

10.  DIPHYE  ENNÉAGONE. 

Diphycs  cnneogona  ,  nob, 

PLANCHE  5  ,  FIGURES    1-6. 


Diphyes ,  partibus  maxime  inerqualibus  ,  vi- 
treis  :  afitica  pyramidale ,  enneagona  ;  postiea  , 
minima  ,  subquadrata  ;  are  quiiiquedeiitato. 

Dans  ces  dernières  espèces,  les  rapports  des  par- 
ties changent,  et  nous  voyons  la  partie  recevante, 
qui  jusqu'ici  avait  été  égale  ou  fort  petite,  deve- 
nir infiniment  grande  et,  pour  ainsi  dire,  envahir 
l'autre.  Elles  tiendraient  aussi  plus  de  la  première 
division  que  nous  avons  faite  de  ces  animaux  que 
de  la  seconde,  car  leur  partie  cubique  contient 
réellement  deux  ouvertures.  Le  nom  de  cette  Di- 
phye  est  tiré  de  sa  forme ,  assez  irrégulière ,  ayant 
l'apparence  d'une  chausse-trape.  On  peut  la  dé- 
finir une  pyramide  quadrangulaire ,  pointue,  de 
la  base  de  chacune  des  faces  de  laquelle  s'élève  un 
triangle;  ce  qui  forme  en  tout  neuf  angles  à  poin- 
tes très-aiguës.  A  la  base  est  une  cavité  pour  rece- 
voir l'autre  partie  ;  et  plus  profondément ,  deux 
autres  excavations,  dont  l'une  loge  des  suçoirs 
blancs  et  des  ovaires  jaunes. 


ZOOPHYTES.  101 

La  seconde  pièce,  très-petite,  est  subquadri- 
latère, tronquée,  canaliculée  sur  un  côté  et  pour- 
vue d'une  cavité  dont  l'ouverture  a  cinq  dents. 

Ce  Zoophyte  est  coriace  et  ressemble  à  du 
cristal  taillé  ;  ses  mouvements  sont  très-obscurs  : 
ce  qui  tient  à  la  petitesse  du  corps  qui  doit  les 
produire. 

Il  provient  du  détroit  de  Gibraltar. 


(Nous  ne  donnons  ces  espèces  que  comme  incomplètes.) 

il.  DIPHYE  TÉTRA.GONE. 

Diphyes  tetragona  ,  nob. 

PLANCHE   5  ,    FIGURES   25-^6. 


Nous  n'hésitons  point  à  faire  une  espèce  nou- 
velle de  cette  portion  de  Zoophyte ,  qui  est  bien 
évidemment  la  partie  postérieure  d'une  Diphye. 
Sa  forme  est  celle  d'un  parallélipipède  allongé,  de 
huit  à  dix  lignes  de  longueur,  dont  les  quatre 
côtés  sont  réguliers  et  les  deux  extrémités  tronquées 
La  partie  emboîtante  est  oblique  ;  l'opposée  a  d'un 
côté  une  petite  lèvre  échancrée.   Ce  corps  a  une 


102  ZOOLOGIE. 

cavité  qui  occupe  presque  toute  son  étendue  et 
dont  l'ouverture  est  ronde.  Sur  une  des  faces  ex- 
térieures est  un  canal  ouvert,  pour  le  passage 
d'une  tige  de  suçoirs,  dans  lequel  il  y  en  avait 
encore  une  portion  adhérente,  telle  que  nous 
l'avons  figurée  ;  ce  qui  indique  qu'il  n'y  avait  pas 
long-temps  que  cette  Diphye  était  séparée  de  sa 
partie  antérieure. 

Elle  a  été  recueillie  dans  l'océan  Atlantique ,  par 
6°  de  latitude  nord.  Nous  en  avons  également 
trouvé  dans  d'autres  mers;  mais,  comme  celle-ci, 
elles  étaient  incomplètes. 


12.  DIPHYE  A  CINQ  DENTS. 

Diphyes  quinquedentata ,  nob. 

PLANCHE   5.i  FIGURES  27-29. 

Ayant  reconnu  que  notre  genre  Tétragone  de- 
vait faire  partie  des  Diphyes,  il  nous  a  fallu  toute- 
fois ,  en  le  supprimant ,  conserver  les  dénomina- 
tions spécifiques  données  aux  individus ,  pour 
faire  le  moins  de  confusion  possible.  Mais  celle 
qui  était  bonne  pour  l'espèce  du  genre  Tétragone, 


ZOOPHYTES.  103 

est  peu  convenable  à  une  Diphye ,  il  faut  en  con- 
venir, puisque  un  grand  nombre  d'entre  elles  ont 
leur  partie  postérieure  entourée  de  cinq  dents. 

Quoi  qu'il  en  soit ,  nous  ferons  pour  celle-ci  la 
même  remarque  que  pour  la  précédente  :  c'est 
que,  bien  qu'elle  soit  incomplète,  elle  diffère  assez 
de  toutes  celles  que  nous  venons  d'examiner  pour 
être  considérée  comme  nouvelle. 

Elle  est  subcylindrique,  longue  de  sept  à  huit 
lignes,  un  peu  coupée  obliquement  par  le  bord 
où  elle  adhère ,  pourvue  d'une  languette  profon- 
dément bifurquée  à  l'extrémité  opposée,  et  de 
cinq  dents  bien  marquées  qui  entourent  l'ouver- 
ture, laquelle  conduit  dans  une  cavité  profonde, 
terminée,  comme  à  l'ordinaire,  par  un  conduit 
qui  va  gagner  la  pièce  antérieure.  Au  côté  opposé 
aux  denticules,  règne  un  canal  ouvert  par  où 
s'échappe  la  chaîne  des  suçoirs. 


1 3.  DIPHYE  HISPIDE. 

Diphyes  hispida,  nob. 

PLANCHE   5  ,    FIGURE  lt{. 

C'est  d'après  cette  Diphye  incomplète  que  nous 
établîmes,  il  y  a  près  de  quinze  ans,  dans  le  voyage; 


104  ZOOLOGIE. 

de  ÏUranie,  le  genre  Tétragone,  que  nous  réta- 
blissons aujourd'hui  à  sa  vraie  place,  par  analogie 
seulement,  car  nous  n'avons  point  trouvé  ce  Zoo- 
phyte  entier. 

C'est  un  petit  parallélipipède  allongé,  tronqué 
à  l'extrémité  qui  l'unissait  à  la  portion  antérieure 
de  l'animal,  muni  de  quatre  pointes  aiguës  à  l'op- 
posée, bordant  une  ouverture  qui  donne  dans  une 
cavité  assez  profonde.  Ce  corps  est  un  peu  rétréci 
au  milieu  et  plissé  sur  la  longueur  d'une  de  ses 
faces. 

Le  genre  Pyramis,  formé  par  M.  Otto(Nov.  Act. 
cur.,  t.  II,  part,  i,  tab.  Zp),  est  évidemment  une 
semblable  portion  d'une  autre  espèce  de  Diphye , 
trouvée  isolément. 


(Nous  ne  donnons  ces  espèces  que  comme  douteuses.) 

14.  DIPHYE  DOUTEUSE. 

Diphycs  dubia ,  nob. 

PLANCHE    5,   FIGURES    34"36. 

C'est  encore  une  grande  analogie  qui  nous  dé- 
termine à  mettre  ce  corps  au  nombre  des  Diphyes, 


ZOOPHYTES.  105 

plutôt  que  d'en  faire  une  ampoule  de  Physsophore, 
comme  l'indique  M.  de  Bla inville,  en  se  fondant  sur 
sa  mollesse. 

En  effet,  nous  y  voyons  une  grande  cavité  à 
l'opposé  de  laquelle  est  un  canal  comme  dans  la 
plupart  des  pièces  postérieures  des  espèces  que 
nous  venons  d'étudier. 

Sa  forme  est  épaisse,  subquadrilatère,  arrondie 
et  plus  élargie  à  une  extrémité,  bilobée  à  celle  que 
nous  considérons  comme  postérieure  ,  laquelle 
présente  une  surface  oblique,  creusée  d'une  large 
ouverture  à  bourrelet,  donnant  dans  un  vaste  en- 
tonnoir peu  profond,  régulièrement  strié  en  long 
de  vaisseaux  qui  aboutissent  à  un  seul,  médian, 
lequel  va  jusqu'à  l'extrémité  du  corps  et  remonte 
ensuite  de  chaque  côté  en  se  ramifiant. 

Du  côté  opposé  à  la  cavité  est  un  large  canal 
ouvert,  formé  par  deux  replis  à  bords  libres.  Cette 
partie  du  Zoophyte  est  beaucoup  plus  résistante 
que  les  autres.  Nous  n'y  avons  point  remarqué  de 
pédicule  propre  à  servir  à  l'insertion  d'un  cube. 

L'entonnoir  avec  ses  vaisseaux  symétriquement 
rangés  ressemble  à  l'ombrelle  striée  de  certaines 
Méduses.  Ses  contractions  furent  répétées  long- 
temps ,  et  assez  fortes  pour  indiquer  qu'il  était 
tout  récemment  séparé  de  la  partie  qui  devait  le 
compléter. 

Nous  avions  fait  de  ce  corps  organisé,  gélatineux 
et  transparent,  notre  genre  Praya  mentionné  par 


106  ZOOLOGIE. 

M.  de  Blainville  dans  son  Traité  des  Zoophytes  , 
nom  insignifiant  donné  au  premier  individu  que 
nous  trouvâmes  dans  la  rade  de  la  Praya ,  aux  îles 
du  cap  Vert. 

Cette  grande  espèce  provient  des  côtes  de  la 
Nouvelle-Hollande ,  aux  environs  de  l'île  des  Kan- 
guroos. 


i5.  DIPHYE  DE  PRAYA. 

Diphyes  prayensis,  nob. 

PLANCHE    5,   FIGURES    3j  -38. 

Cette  espèce,  moins  grande  que  la  précédente,  est 
aussi  douteuse.  Elle  est  molle,  longue  d'un  pouce 
et  demi  sur  un  demi-pouce  de  largeur,  arrondie 
sur  une  de  ses  faces,  aplatie  à  l'opposée,  légère- 
ment échancrée  à  l'extrémité,  que  nous  reconnais- 
sons devoir  être  la  postérieure,  et  où  se  trouve 
une  ouverture  transverse  sans  dents,  munie  d'une 
valvule  mince,  dans  laquelle  on  peut  introduire 
l'extrémité  du  petit  doigt  ;  cette  ouverture  donne 
dans  une  cavité  peu  profonde,  conique,  allant  s'ou- 
vrir dans  un  vaisseau  qui  occupe  toute  la  Ion- 


ZOOPHYTES.  1 07 

gueur  de  l'individu.  A  l'opposé  de  cette  face  est 
un  canal  large,  longitudinal,  béant,  formé  par  deux 
replis. 

Ce  Zoophyte  a  été  trouvé  au  port  de  la  Praya,. 
à  Saint-Iago ,  l'une  des  îles  du  cap  Vert, 


108  ZOOLOGIE. 


HOLOTHURIES. 


Animal  ayant  le  corps  subcylindrique,  vermi- 
forme,  plus  ou  moins  allongé,  mou  ou  coriace, 
pourvu  de  suçoirs  et  de  spiracules,  percé  de  deux 
ouvertures dontl'antérieure  estlabouche,  entourée 
de  tentacules  rameux  sur  un  seul  rang;  la  posté- 
rieure, l'anus ,  simple  ou  garnie  de  cinq  cartilages. 
Un  cloaque. 


Une  bonne  monographie  des  Holothuries  serait 
à  désirer ,  car  il  n'est  pas  certain  que  toutes  celles , 
en  assez  grand  nombre,  qu'on  trouve  mentionnées 
dans  les  auteurs,  soient  des  espèces  bien  distinctes. 
A  l'époque  où  plusieurs  d'entre  elles  furent  dé- 
crites, on  ne  tenait  pas  assez  compte  des  couleurs 
et  des  formes  diverses  qu'elles  sont  susceptibles 
de  prendre.  Les  mêmes  peuvent  très-bien  à  cause  de 
cela  avoir  reçu  des  noms  différents.  Leur  histoire 
est  donc  encore  à  faire,  en  se  servant  avec  pré- 
caution des  matériaux  qu'on  possède.  Ceux  qui 
ont  été  fournis  dans  ces  derniers  temps,  et  qui 
sont  relatifs  aux  Holothuries  étrangères,  ont  en  gé- 
néral plus  de  correction  quand  on  a  tenu  compte 
des  caractères  que  donnent  les  tentacules,  la  dis- 


ZOOPHYTES.  109 

position  des  suçoirs  et  surtout  la  forme  de 
1  animal.  L'étude  de  ces  Zoophytes  n'est  pas  tou- 
jours des  plus  faciles,  surtout  dans  les  voyages  de 
circumnavigation,  où  l'on  est  obligé  d'opérer  ra- 
pidement. Il  en  est ,  en  effet,  qui  sont  d'une  len- 
teur désespérante  à  se  développer,  ou  qui  en  se 
contractant  perdent  leurs  viscères  et  leur  forme 
naturelle. 

Les  pays  chauds  contiennent  un  bien  plus  grand 
nombre  d'Holothuries  que  les  contrées  froides, 
comme  nous  avons  pu  nous  en  assurer;  elles  font 
encore,  ainsi  que  nous  l'avons  dit,  l'objet  d'un 
certain  commerce  avec  la  Chine. 

Le  nombre  de  planches  dont  nous  pouvons  dis- 
poser ne  nous  permettant  pas  de  représenter 
toutes  les  espèces  que  nous  avons  dessinées,  nous 
nous  contenterons  de  les  indiquer  à  la  suite  avec 
une  phrase  caractéristique.  Nous  ferons  principa- 
lement connaître  comme  plus  rares  celles  dont 
les  tentacules  sont  régulièrement  pinnés,  dont  le 
corps  est  mou  et  allongé,  et  qui  appartiennent  à 
la  division  des  Fistulaires. 

On  pourra  plus  tard  joindre  aux  caractères  des 
sections  qu'offre  la  disposition  des  suçoirs,  et  qui 
sont  fort  bons ,  cet  autre  caractère  que  présentent 
les  cinq  cartilages  qui  entourent  l'anus  de  quelques 
espèces. 

Nous  regrettons,  pour  ne  pas  faire  de  doubles 
emplois  dans  notre  travail,  que  celui  qu'a  laissé 


110  ZOOLOGIE. 

M.  Mertens  n'ait  pas  encore  paru.  Les  recherches 
sur  les  Holothuries  de  ce  laborieux  et  savant  natu- 
raliste, trop  tôt  enlevé  aux  sciences,  sont  pour  les 
moindres  détails  d'une  exactitude  et  d'un  fini  pré- 
cieux, dont  nous  apprécions  tout  le  mérite  en 
songeant  aux  difficultés  qu'il  lui  a  fallu  vaincre. 
Nous  sommes  assez  de  l'avis  de  M.  de  Lamarck, 
qui  a  fait  de  certaines  espèces  un  genre  sous  le 
nom  de  Fistulaire.  Nous  en  donnerons  plus  bas 
la  raison. 


HOLOTHURIES  PROPREMENT  DITES, 

i.  HOLOTHURIE  ANANAS. 
Holothuria  Ananas,  nob. 

PLANCHE   6,    FIGURES     1-3. 


Holothuria  ,  corpore  maximo ,  subparallelipipe- 
ilo ,  desuper  foliaceoy  riifo,  subtus  rubro  haustellis 
irrorato  ;■  tentaculis  vigenti ,  crassis ,  nec  apicc 
cïliatis. 

C'est  la  plus  grande  que  nous  ayons  vue  de  cette 
forme.  Elle  atteint  près  de  deux  pieds  de  longueur  : 


ZOOPHYTES.  1 1 1 

aplatie  en  dessus,  en  dessous,  un  peu  sur  les  côtés  et 
aux  extrémités,  elle  ressemble  à  un  parallélipipède. 
Son  dos  est  coriace  et  recouvert  de  larges  replis 
de  la  peau  en  forme  de  folioles  aplaties,  pointues, 
formant  des  demi-cercles  et  des  couronnes  à  la' 
tète  et  la  queue.  Ces  corps  sont  autant  de  spira- 
cules  creux  communiquant  avec  l'intérieur.  Leur 
couleur  est  d'un  rouge  brun  mélangé  destries  noires 
à  leur  base.  Les  espaces  compris  entre  ces  replis 
sont  piquetés  de  jaunâtre  et  de  rouge  brun.  Le 
ventre,  d'un  assez  joli  rouge  clair,  est  parsemé  de 
suçoirs  irrégulièrement  disposés.  Les  tentacules, 
gros,  courts,  rougeâtres,  au  nombre  de  vingt,  ont 
leur  extrémité  renflée,  à  peine  laciniée.  L'anus 
très-large  a  son  pourtour  noirâtre. 

Cette  espèce  se  trouve  au  havre  Carteret  de  la 
Nouvelle-Irlande.  Elle  vient  rarement  sur  la  plage  ; 
nous  la  rencontrions,  par  une  assez  grande  pro- 
fondeur, sur  un  seul  point  de  l'île  aux  Cocos.  Les 
naturels  la  mangent.  Il  paraîtrait  que  c'est  la 
même  que  les  habitants  d'Amboine  connaissent 
sous  le  nom  d'Ananas  (que  nous  lui  avons  con- 
servé), et  qui  est  fort  estimée  parmi  eux. 


1 1 2  ZOOLOGIE. 


OBSERVATIONS     ANATOMIQUES. 


La*  peau  de  cette  Holothurie  est  coriace.  Les 
replis  de  celle  du  dos  disposés  en  forme  de  feuilles 
se  recouvrant,  sont  simples  ou  bifurques  et  percés 
d'un  trou  qui  communique  dans  l'intérieur  de 
l'animal.  Après  cette  enveloppe  extérieure  et  dure 
vient  une  membrane  mince ,  fragile ,  identifiée 
avec  les  dix  cordons  musculaires  larges  et  accou- 
plés deux  à  deux ,  qui  occupent  toute  la  longueur 
du  corps.  La  partie  antérieure  de  ces  doubles  fais- 
ceaux se  porte  en  se  rétrécissant  au  milieu  de 
chacune  des  cinq  pièces  cartilagineuses  qui  for- 
ment la  bouche.  Ils  servent  à  retirer  au  dedans 
la  bouche  et  les  tentacules  qui  l'entourent,  en 
même  temps  qu'en  prolongeant  leur  action  sur 
toute  la  longueur  du  Zoophyte  ils  tendent  à  le 
rapetisser.  La  peau  du  ventre  est  mince  et  garnie 
d'une  grande  quantité  de  suçoirs  mous,  creux, 
très-mobiles  ,  communiquant  avec  la  cavité  in- 
terne ,  affectant  des  séries  plus  ou  moins  régu- 
lières selon  les  espèces,  mais  irrégulièrement  ré- 
partis dans  celle  que  nous  décrivons. 

La  bouche  proprement  dite  est  ronde,  pourvue 
d'une  membrane  muqueuse  noirâtre  violacée  ; 
à  son  contour  le  plus  extérieur  sont  placés  vingt 
tentacules  épais,  renflés  et  à  peine  frangés  à  leur 
extrémité. 


ZOOPHYTES.  113 

Les  cinq  pièces  osseuses  qui  environnent  la 
bouche  sont  garnies  dans  leur  partie  supérieure 
d'un  assez  grand  nombre  de  corps  allongés,  vermi- 
culaires,  creux,  diaphanes,  remplis  d'une  liqueur 
incolore,  qu'on  fait  refluer  dans  la  bouche  en  les 
pressant.  Ces  tubes  atteignent  quelquefois  jus- 
qu'au quart  de  la  longueur  de  l'animal.  Au  milieu 
d'eux  se  trouvent  deux  ou  trois  organes  d'une 
belle  couleur  de  laque,  branchus,  dont  les  der- 
nières ramifications  sont  ovalaires  et  aplaties.  Us 
perforent  également  les  cartilages  et  s'ouvrent 
dans  la  bouche  par  deux  conduits  rapprochés,  qui 
pourraient  bien  communiquer  auparavant  entre 
eux  par  de  petits  faisceaux  de  fibres  déliées  et  co- 
lorées. On  a  supposé  que  ces  corps  très-remar- 
quables étaient  des  ovaires  :  nos  observations  ne 
nous  ont  rien  appris  à  ce  sujet. 

Nous  n'avons  pas  été  heureux  dans  ce  qui  est 
relatif  au  système  nerveux,  dont  nous  avons  en  vain 
cherché  des  traces  au  milieu  de  ces  organes  et 
des  pièces  buccales. 

Après  l'œsophage,  qui  est  légèrement  rétréci, 
vient  l'estomac,  très-long,  ample  et  mou,  renflé 
comme  le  colon  de  certains  mammifères,  ayant  une 
membrane  muqueuse  très-distincte,  brunâtre.  Il 
est  assez  étendu  pour  former  un  arc  dans  la  cavité 
abdominale.  Le  reste  du  canal  intestinal  se  replie 
en  une  grande  anse  et  vient  en   arrière  former 

Zoologie,  t.  iv.  H 


1 1 4  ZOOLOGIE. 

le  rectum,  qui  est  court,  rétréci  et  à  parois  fort 
épaisses  *. 

Le  tube  digestif  paraît  adhérent,  dans  sa  partie 
œsophagienne,  à  une  membrane  excessivement 
mince  et  délicate,  violacée,  qui  suit  le  bord  des 
muscles  du  corps  correspondant.  Dans  sa  portion 
stomacale  on  remarque  deux  sortes  de  mésen- 
tères :  un  inférieur  peu  considérable,  parcouru  par 
quelques  vaisseaux  qui  se  portent  sur  le  reste  des 
intestins;  le  supérieur,  au  contraire,  est  un  réseau 
considérable  de  mailles  allongées,  formé  de  gros 
vaisseaux  qui  marchent  assez  souvent  parallèles 
entre  eux  et  se  terminent  peu  à  peu  comme  le 
précédent.  Il  règne  une  sorte  de  raphé  sur  toute 
la  partie  inférieure  du  canal  intestinal. 

L'anus  n'est  point  terminal.  Il  finit  même  assez 
haut  dans  une  espèce  de  cloaque  oviforme,  mem- 
braneux, qui  flotterait  dans  l'abdomen  s'il  n'était 
retenu  à  ses  parois  par  un  grand  nombre  de  vais- 
seaux résistants,  divergents  dans  tous  les  sens, 
qui  sont,  ainsi  que  la  paroi  externe  du  cloaque, 
d'un  rouge  de  laque  foncé,  tandis  que  l'intérieur 
de  cet  organe  est  jaunâtre.  Il  est  tapissé  par  une 
membrane  muqueuse  très-irritable,  qui   se  con- 


*  Il  est  des  Holothuries ,  comme  celle  à  laquelle  nous  avons  donné  le 
nom  de  Maurice,  qui  ont  jusqu'à  dix  fois  leur  longueur  en  intestins;  chez 
d'autres  ,  comme  celle  de  Guam,  ces  dimensions  dépassent  de  seize  fois  le 
plus  grand  diamètre. 


ZOOPHYTES.  U5 

tracte  encore  après  que  l'animal  a  été  coupé  en 
morceaux.  C'est  à  cette  membrane  que  se  joint 
un  appendice  qui  termine  le  rectum  et  que  la 
moindre  traction  sépare  du  cloaque.  De  chaque 
coté  de  l'anus  partent  deux  longs  tubes  dont  les 
ouvertures  forment  avec  la  sienne  un  triangle;  ils 
remontent  sur  les  intestins  jusqu'à  la  bouche. 
Dans  toute  leur  longueur ,  et  sur  un  seul  coté ,  sont 
des  flocons  de  ramuscules,  agréablement  frangés, 
d'un  violet  sombre  et  ressemblant  à  des  plantes 
marines.  Ils  contiennent  une  matière  colorante 
tenace.  L'ouverture  de  ces  canaux,  ainsi  que  celle 
de  l'anus,  est  constamment  béante  et  assez  grande 
pour  que  de  petits  crustacés  de  trois  à  quatre 
lignes  de  diamètre  puissent  y  pénétrer  et  y  vivre, 
ainsi  que  nous  l'avons  vu  et  représenté. 

Le  cloaque  et  les  tubes  absorbent  une  grande 
quantité  d'eau  que  l'animal  rejette  assez  souvent 
en  forme  de  jet.  En  ouvrant  des  Holothuries  on 
trouve  presque  toujours  leur  cavité  pleine  d'eau, 
de  sorte  que  tous  les  viscères  flottent  dans  ce  li- 
quide. Son  introduction  ne  paraît  point  se  faire 
par  la  bouche;  car  dans  un  grand  nombre  d'indi- 
vidus les  intestins  sont  entièrement  remplis  de 
sable  tassé.  Nous  croyons  qu'elle  parvient  par  les 
spiracules  du  dos  et  peut-être  par  les  suçoirs , 
quoique  ces  derniers  ne  paraissent  propres  qu'à 
transporter  lentement  ces  animaux  ou  à  les  fixer 

8* 


116  ZOOLOGIE. 

fortement,  par  le  vide  qu'opèrent  toutes  ces  pe- 
tites bouches  improprement  nommées  suçoirs. 

L'Holothurie  Ananas  est  de  celles  qui  rejettent 
leurs  intestins  avec  l'eau  contenue  dans  le  corps. 
Nous  n'avons  pas  pu  expérimenter  combien  elle 
pouvait  encore  vivre  de  temps  après  un  pareil 
accident.  C'est  dans  cette  espèce  que  nous  trou- 
vâmes à  plusieurs  reprises  des  poissons  anguilli- 
formes  vivants,  du  genre  Fierasfer,  ainsi  que  nous 
l'avons  dit  dans  les  considérations  générales. 

Il  est  vraiment  surprenant  de  trouver  les  vis- 
cères d'un  animal  qui  vit  aussi  profondément,  si 
bien  colorés.  L'eau  dont  son  ventre  est  rempli 
peut  donner  lieu  de  penser  que  celle  qu'absorbent 
les  tubes  doit  avoir  un  but  et  servir  à  une  sorte 
de  circulation  toute  particulière  dont  la  marche 
n'a  point  encore  été  bien  observée.  Le  cloaque 
avec  les  filaments  qui  l'entourent  nous  a  paru 
être  aussi  un  organe  devant  avoir  une  fonction 
plus  importante  que  celle  que  comporte  un  simple 
réceptacle  d'eau  ou  de  déjections.  Nous  lui  avons 
vu,  dans  une  autre  espèce,  des  mouvements  con- 
tinuels d'oscillation. 


ZOOPUYTES.  117 

a.  HOLOTHURIE  FLAMMÉE. 

Holothuria  f/ammea ,  nob. 

PLANCHE    6,    FIGURES    5-6. 

Holothuria ,  corpore  parallelipipedo  ,  luteo  ,  vi- 
rescente ,  supra  flammis  nigris  notato  ;  subtus 
tubulis  violaceis  seriehus  tripliculis  ;  téntacuUs  vi- 
gihtt ,  temiiter  api  ce  racemosis. 

Très-grande  et  très-belle  espèce ,  d'une  forme 
quadrilatère,  allongée  ,  présentant  des  taches  ver- 
dâtres  sur  un  fond  jaune  d'orpin ,  le  tout  recou- 
vert de  stries  ou  flammes  noires  très-rapprochées 
les  unes  des  autres  et  dirigées  en  divers  sens.  Quel- 
ques faisceaux  viennent  aboutir  à  un  centre,  qui 
est  ordinairement  le  fond  d'une  bosselure.  Les 
flancs  sont  parsemés  de  points  jaunâtres.  Le  ven- 
tre est  d'un  jaune  lisse  ,  avec  trois  rangées  de 
suçoirs  violacés.  Le  contour  de  l'extrémité  anté- 
rieure  est  lacinié,  et  présente  vingt  gros  tentacules 
jaunâtres,  très-finement  ramifiés  à  leur  pointe, 
qui  est  touffue.  L'anus  est  lisse  et  terminal.  Les 
spiracules  dorsaux  font  peu  de  saillie. 

Cette  Holothurie  habite  l'île  de  Vanikoro ,  où 
elle  est  rare. 


118  ZOOLOGIE. 

3.  HOLOTHURIE  ÉPINEUSE. 
Hnlothuria  spinosa ,  nob. 

PLANCHE    7,    FIGURES     I-IO. 

Holothuriay  cucumi 'forme ,  coriacea,  subrubra  , 
lateribus  spinosa,  apice  acuta,  antice  quiftque- 
partita;  tentaculis  tionis  ramosis ,  basi  fusco-iuii- 
punctatis. 

Cette  espèce  a  la  forme  ovalaire  d'un  petit 
concombre,  très-pointue  à  l'extrémité  anale  ,  pré- 
sentant cinq  dentelures  à  l'opposée.  Son  enveloppe 
coriace  a  la  dureté  de  celle  des  Astéries;  elle  con- 
tient même  une  si  grande  quantité  de  molécules 
calcaires  qu'on  y  remarque  de  petites  plaques 
polygonales.  Une  rangée  latérale  d'épines  dis- 
tingue encore  cette  Holothurie  ,  qui  a  neuf  ten- 
tacules très- ramifiés  ,  de  couleur  rougeâtre  , 
comme  tout  le  corps ,  avec  une  tache  brune  à  la 
base  de  chacun  d'eux.  La  bouche  est  festonnée 
et  d'un  rouge  plus  intense  clans  son  contour.  Les 
suçoirs  et  les  spiracules  n'ont  point  de  disposi- 
tions régulières. 

*  Peut-être  ce  nombre  est-il  de  dix;  alors  il  y  en  aurait  un  d'avorlé, 
comme  nous  l'avons  vu  quelquefois. 


ZOOPHYTES.  ut) 

Indépendamment  de  ces  formes  extérieures* 
voici  ce  que  l'organisation  plus  intime  de  ce  Zoo- 
pliyte  nous  a  présenté.  La  partie  intérieure  est 
tapissée  d'une  membrane  jaunâtre,  unie  à  l'enve- 
loppe cartilagineuse  par  de  nombreuses  fibres  qui 
paraissent  tubuleuses. 

Cinq  muscles  longitudinaux  vont  d'une  extré- 
mité à  l'autre. 

En  avant ,  il  s'en  détache  autant  de  faisceaux 
obliques  i  qui  se  portent  sur  les  cinq  dents  cartilagi- 
neuses qui  forment  la  bouche.  Ces  pièces,  biponc- 
tuées  de  brun,  sont  unies  entre  elles  par  de  petites 
fibres  musculaires  ,  et  reçoivent  deux  organes,  qui 
s'ouvrent  dans  la  bouche  :  l'un  est  une  grosse  vési- 
cule oblongue,  transparente,  tachée  de  violet,  dont 
le  canal  passe  sous  les  pièces  ci-dessus  mentionnées  ; 
l'autre,  au  contraire,  qui  a  la  forme  d'un  pana- 
che pédicule,  violet,  les  perfore.  C'est  l'analogue 
de  ce  que  nous  avons  appelé  ovaires,  dans  la  des- 
cription de  l'espèce  précédente.  La  vésicule  serait- 
elle  un  organe  mâle?  nous  l'ignorons. 

Le  tube  digestif  peut  avoir  trois  ou  quatre  fois 
la  longueur  du  corps;  il  est  jaunâtre,  et  d'un  dia- 
mètre à  peu  près  uniforme  dans  toute  son  éten- 
due, sans  renflement  stomacal.  Le  rectum  seul 
est  globuleux  à  son  extrémité;  il  s'ouvre  dans  un 
cloaque  cordiforme,  composé  de  fibres  tranver- 
ses,  érectiles,  et  terminé  par  huit  pointes  qui  font 
un  peu  saillie  à  l'extérieur.  La  membrane  muqueuse 


120  ZOOLOGIE. 

de  cette  cavité  s'avançait  entre  elles ,  en  présen- 
tant des  mouvements  oscillatoires  assez  réguliers , 
dont  nous  n'avons  pu  apprécier  le  but.  De  chaque 
côté  de  l'anus  s'ouvrent  les  deux  tubes  acpiifères , 
qui  sont  bifurques  dans  cette  espèce,  et  dont  les 
rameaux  sont  dirigés  en  dedans;  ce  qui  est  le 
contraire  dans  l'espèce  nommée  Ananas. 

Cette  Holothurie,  que  nous  représentons  de 
grandeur  naturelle,  conserve  toujours  sa  forme 
à  l'aide  de  sa  rigidité ,  et  ne  change  que  peu  de 
couleur  dans  l'esprit-de-vin.  Ne  pouvant  que  peu 
se  contracter,  elle  ne  rejette  point  ses  viscères. 
Nous  la  prenions  à  la  drague  en  assez  grand  nom- 
bre, et  par  plusieurs  brasses  de  profondeur,  dans 
la  rade  de  Sydney,  au  port  Jackson.  Jamais  nous 
ne  l'avons  rencontrée  sur  le  rivage. 


/,.  HOLOTHURIE  ORANGÉE. 
Holothuria  aurea,  nob. 

PLANCHE   7,    FIGURES   I  5-1  J. 

Holothuria  ,  molle ,  cylindrica  ,  vermi forme  , 
grarmlosa;  tentaculis  duodenis ,  ramosis  ;  tuhuli.s 
retraetilihu.s  brc\  'ibus . 


ZOOPHYTES.  T2I 

Cette  espèce,  par  sa  forme  cylindrique,  sa  con- 
sistance molle  et  ses  tentacules  assez  régulière- 
ment ramifiés  ,  semble  faire  le  passage  des  Holo- 
thuries coriaces ,  résistantes  ,  prismatiques  ,  à 
celles  qui  ressemblent  à  des  vers  et  qu'on  a  nom- 
mées Fistulaires. 

Elle  est  longue  de  deux  à  trois  pouces,  d'un 
bel  orangé ,  granulée ,  comme  réticulée  en  dessus , 
ayant  le  ventre  couvert  de  petits  suçoirs ,  courts , 
irrégulièrement  placés.  Les  tentacules ,  que  nous 
n'avons  pu  voir  développés,  sont  au  nombre  de 
douze  environ.  La  bouche  est  pourvue  de  cinq 
dents  étroites ,  formant  par  leur  ensemble  un  bou- 
ton  ovalaire ,  portant  dans  son  contour  cinq  glan- 
des pyriformes. 

Cette  Holothurie,  dont  les  mouvements  sont 
excessivement  lents ,  a  été  trouvée  parmi  les  raci- 
nes de  fucus  de  la  rade  du  cap  de  Bonne-Espé- 
rance. 


22  ZOOLOGIE. 


HOLOTHURIES  FISTULAIRES. 


Genre  FISTULA1RE.  —  Fistuhiria.  Lamk. 


Corps  cylindrique ,  très-allongé ,  mou ,  vermi- 
forme,  lisse  ou  garni  de  papilles  adhérentes;  sans 
suçoirs.  Tentacules  pinnés  à  leur  extrémité  ou 
dans  toute  leur  étendue.  Anus  terminal.  Point  de 
cloaque. 


Nous  croyons  que  plusieurs  espèces  d'Holothu- 
ries que  nous  allons  décrire  présentent  des  dif- 
férences organiques  assez  notables  pour  qu'on 
puisse  les  admettre  sous  le  nom  de  Fistulaires , 
indiqué  par  M.  Lamarck.  Elles  sont  en  effet 
remarquables  par  leur  extrême  longueur  ,  par  leur 
mollesse,  l'absence  de  suçoirs  bien  marqués  ,  rem- 
placés par  des  papilles  courtes,  crochues  et  très- 
adhérentes  aux  corps  qui  les  touchent.  Ce  manque 
de  suçoirs  existe  du  moins  pour  les  espèces  que 
nous  avons 'observées;  mais  il  en  est  une  dans 
l'Encyclopédie  méthodique  ,  qui  paraîtrait  faire 
exception.  Malheureusement  nous  n'avons  point 
assez    bien   examiné  l'organisation  intérieure   de 


ZOOPHYTES.  12:} 

ces  animaux,  pour  faire  connaître  la  différence 
que  leurs  viscères  présentent  d'avec  ceux  des  Ho- 
lothuries proprement  dites.  Seulement  nous  trou- 
vons dans  nos  notes  pour  l'une  d'elles,  que  l'anus, 
au  lieu  de  donner  dans  un  cloaque ,  est  terminal  r 
et  que  chacun  des  muscles  longitudinaux  du  corps 
se  divise  en  deux  faisceaux.  Il  n'y  a  pas  non  plus, 
de  tubes  aquifères;  ce  qui  simplifie  beaucoup  ces 
Zoophytes. 

Il  en  est  d'une  fragilité  extrême ,  et  qui  se  rom- 
pent d'eux-mêmes  lorsqu'on  veut  les  prendre.  Les 
petites  pointes  rares  et  recourbées  dont  quelques- 
uns  ont  le  corps  recouvert ,  continuent  leur  action 
adhérente,  même  après  que  l'animal  a  été  mis 
dans  l'esprit-de-vin. 

Nous  divisons  les  Fistulaires  en  deux  sections, 
selon  que  leurs  tentacules  sont  pin  nés  dans  toute 
leur  longueur,  ou  bien  qu'il  n'y  a  que  leur  extré- 
mité de  divisée. 


124  ZOOLOGIE. 

A.  Espèces  dont  les  tentacules  sont  uniformément 

PINNÉS   DANS   TOUTE   LEUR  ETENDUE. 

i.  FLSTULAIRE  DE  DOREY. 
Fistularia  doreyana ,  nob. 
Mangararaef,  par  les  Papous. 


PLANCHE   7,    FIGURES    11-12. 


Fistularia,  longissima ,  molle,  translucida;  dor- 
so  luteo-viridi  bilineato  ;  tuberculis  quaternis  serie- 
bus  rugosis;   tehtaculis  quindenis  loiigis  et  albis. 

m 

Cette  espèce  est  d'une  grande  élégance  pour  les 
couleurs  et  la  transparence  du  corps,  lequel  est 
excessivement  mou,  délicat  et  susceptible  d'un 
grand  allongement.  Il  est  recouvert  sur  les  cotés 
et  le  dos  de  quatre  rangées  de  tubercules  qui  lui 
donnent  un  aspect  quadrilatère.  Ces  éminences 
isolées  sont  plus  que  demi  sphériques  lorsque 
l'animal  se  développe  en  entier.  Elles  sont  héris- 
sées de  papilles  qui  adhèrent  à  la  main  qui  les 
touche.  Leur  couleur  est  blanche,  brune  ou  noi- 
râtre sur  les  côtés  et  d'un  blanc  mat  au  ventre. 
(  )n  remarque  sur   le  dos  deux  lignes  verdàtres 


ZOOPHYTES.  125 

bien  marquées  sur  un  fond  jaune.  Les  tentacules, 
très-longs,  blancs,  au  nombre  de  quinze,  ont  de 
petites  folioles  latérales,  régulières  dans  toute  leur 
étendue.  Comme  nous  avons  conservé  ce  Zoo- 
plryte  assez  long-temps  vivant,  nous  avons  été  à 
même  de  voir  que  deux  ou  trois  de  ces  organes 
ramenaient  à  la  fois  vers  la  bouche  les  substances 
nutritives  qui  pouvaient  se  présenter.  L'ouverture 
buccale  est  entourée  d'un  cercle  de  points  bruns. 
L'anus  est  terminal. 

Cette  Fistulaire  habite  le  port  Dorey  à  la  Nou- 
velle-Guinée. Elle  a  quelques  rapports  avec  l'Ho- 
lothurie océanienne  de  M.  Lesson  (Centurie  zoo- 
logique,  planche  35)  ;  mais  en  les  comparant,  on 
voit  que  ce  n'est  pas  la  même.  Nos  deux  espèces 
de  cette  division  ont  chacune  quinze  tentacules, 
la  sienne  n'en  aurait  que  dix. 


■2.  FISTULAIRE  PIQUETÉE. 
Fistidaria  punctulata,  nob. 

l'T.ATVCHE    y,    FIGURES    l3-l4- 

Fistularia ,  corpore  vermiformi,  molle,  papil- 
loso,  luteo-virescente ,  punctis  aigris  irrorato,  ;  ten- 
id  eu  lis  quindenis,  fusco  reticulatis. 


1 26  ZOOLOGIE. 

Le  corps  de  cette  espèce  est  long  d'environ 
deux  pieds,  très-mou,  sans  suçoirs,  mais  hérissé 
de  petits  crochets  adhérents.  11  est  d'un  jaune  ver- 
dâtre  sale  piqueté  de  nombreux  points  bruns. 

La  bouche  est  ronde,  entourée  de  brun  rouge 
sombre.  Les  quinze  tentacules  sont  longs,  déliés, 
mous  et  garnis  de  folioles  alternes  sur  leurs  bords, 
lesquelles  sont  vertes  au  milieu  et  brunes  par  les 
côtés.  Leur  tiçe  est  réticulée  de  brun. 

Ce  Zoophyte ,  qui  se  trouve  au  même  lieu  que 
le  précédent,  se  brise  dès  qu'on  veut  le  saisir.  Nous 
n'avons  eu  même  d'entier  que  sa  partie  antérieure, 
qui  nous  a  cependant  suffi  pour  donner  les  carac- 
tères des  appendices  buccaux  et  de  la  couleur  du 
corps,  qui  ne  paraissait  pas  être  différente  dans  le 
reste  de  son  étendue 


R.  Espèces  dont  les  tentacules  ne  sont  pinnés  qu'a 

LEUR  EXTRÉMITÉ,   QUI  EST   ÉLARGIE. 

3.  FISTULAIRE  BRUNE. 

Fistalaria  fuse  a ,  nob. 

PLANCHE   8,   FIGURES    \~/\. 

Fistularia,'Corpore  gracili,êlongcUo,  levé,  viola- 
eeo ,  Juscescente.  Tentaculis  sexdecim ,  palmaùs , 
laàiniatis,  rubris. 


ZOOPIIYTES.  197 

Corps  long  de  huit  à  neuf  pouces ,  vermiforme , 
I rès-mou,  lisse,  d'un  brun  violacé.  Tentacules,  dont 
on  n'a  pu  compter  que  seize,  fort  grands,  déliés, 
rougeàtres,  dilatés  et  aplatis  en  palette  ovalaire  à 
leur  extrémité,  qui  se  divise  en  dix  laciniures  de 
chaque  côté.  C'est  en  général  à  l'aide  de  ces  ten- 
tacules, ressemblant  aux  branchies  des  Glaucus, 
que  ces  animaux  se  meuvent. 

Cette  espèce  habite  le  havre  Carteret  à  la  Nou- 
velle-Irlande. C'est  sur  elle  que  nous  avons  fait  les 
observations  anatomiques  suivantes. 

Le  canal  digestif  forme  une  double  anse  et  se 
termine  à  l'extrémité  du  corps  sans  s'ouvrir  au- 
paravant dans  un  cloaque.  L'estomac  est  dilaté  et 
le  reste  de  l'intestin  est  maintenu  par  un  mésentère. 
Il  part  des  pièces  cartilagineuses  de  la  bouche,  de 
nombreux  tuyaux  très-longs,  déliés  et  jaunâtres, 
qui  sont  ou  des  glandes  salivaires  ou  des  organes 
générateurs. 

Les  muscles  rétracteurs ,  au  nombre  de  cinq , 
sont  divisés  en  deux  faisceaux  qui  se  réunissent 
en  un  seul  avant  que  de  se  porter  aux  pièces  buc- 
cales qu'ils  ramènent  en  dedans. 

Les  tentacules  ainsi  découpés  pourraient  peut- 
être  bien  joindre  à  leurs  fonctions  celles  des  bran- 
chies, ce  qui  aurait  besoin  d'être  examiné. 


128  ZOOLOGIE. 

4.  FISTULAIRE  ROUGE ATRE. 

Fistularia  rubcola,  nob. 

PLANCHE   8  ,   FIGURES    5-6. 


Fistularia,  corpore  crasso,  papilloso,  rubènte; 
tenta  eu  lis  viginti i,  rubeolentibus ,  api  ce  pahnatis  , 
laciniosis. 

Cette  espèce,  longue  d'environ  trois  pouces,  a 
le  corps  gros,  d'un  rouge  brun  clair,  couvert  de 
nombreuses  papilles  qui  le  font  paraître  rugueux, 
mais  qui  ne  sontpoint  adhérentes  comme  dans  quel- 
ques-unes des  Fistulaires  précédemment  décrites. 
On  compte  environ  une  vingtaine  de  tentacules 
élargis  et  laciniés  à  leur  extrémité.  Ils  sont  de  la 
même  couleur  que  le  reste  du  Zoophyte. 

Une  variété,  sur  un  fond  rougeâtre,  a  le  corps 
parsemé  de  verrues  blanches.  Habite  dans  le  havre 
Carteret  a  la  Nouvelle-Irlande. 

Cette  espèce  a  des  rapports  avec  Tffolot/iuria  pur- 
purea  de  M.  Lesson  (Centurie  zoologique,  pi.  52), 
mais  elle  est  moins  rouge  et  porte  des  tentacules 
plus  nombreux  et  plus  longs. 


ZOOPHYÏES.  129 

5.  FISTULAIRE  DÉLIÉE. 

Fistularia  tenais ,  nob. 

PLANCHE    8  ,    FIGURES    J-g. 

Fistu/aria  ,  corpore  gracili,  cylindrico ,  rufulo, 
valde  papilloso  ;  tentaculis  vicenis  subflavis,  basi 
puncto  nigro  notatîs. 

Cet  individu,  de  trois  à  quatre  pouces  de  long;, 
a  le  corps  gros  comme  une  plume  à  écrire,  cylin- 
drique, jaunâtre,  recouvert  dans  toute  son  éten- 
due de  trois  petites  papilles  adhérentes.  La  bouche 
est  entourée  de  vingt  et  un  tentacules  égaux,  jau- 
nâtres, dont  les  extrémités  aplaties  ont  sept  à  huit 
laciniures  de  chaque  côté.  Chaque  tentacule  est 
marqué  d'un  point  noir  à  sa  base,  dont  l'ensemble 
forme  un  cercle  de  cette  couleur  autour  de  la  ca- 
vité buccale. 

Cette  Fistulaire  habite  avec  la  précédente  dans 
la  Nouvelle-Irlande. 


Zoologie,  t.  IV. 


130  ZOOLOGIE. 

Voici  la  liste  des  espèces  d'Holothuries  propre- 
ment dites  que  nous  avons  figurées  ou  décrites, 
mais  qu'il  ne  nous  a  pas  été  possible  de  représen- 
ter dans  cet  ouvrage.  Nous  nous  proposons  de  les 
faire  connaître  plus  tard  avec  détail. 


i.  HOLOTHURIE  JAUNE. 

Holothurift  lu  te  a ,  nob. 

Holot/uiria  ,  maxima ,  tetragona ,  lutea  >  nigrp 
punctata;  dorso  gibberoso  ;  tentaculis  dénis  ?  crassis 
extremitate  dilatatis  ;  ventre  rubescente  ;  tubulis 
viresçentibus ,  tribus  seriebus  dispositif. 

Habite  l'île  Tonga.  Longue  d'un  pied. 


2.  HOLOTHURIE  BANDELETTE. 

Holothuria  Fasciola ,  nob. 

Holothuria  ,  siibtetragona  ,  tuberculosa  ,   vires- 
cente,  pwtctis  rubris  et  luteis  notata  ;  vitta  niera 


ZOOPHYTES.  131 

lateribus  ;  ventre  fulvo,  subrubro  punctato  ;  tubulis 
sparsis  ;  tentaculis  viginti,  ntbentibus. 

Habite  la  Nouvelle-Irlande.  Longue  d'un  à  deux 
pieds. 


3.  HOLOTHURIE  TUBERCULEUSE. 

Holuthuria  tuberculosa ,  nob. 

Holothuria ,  subtetragona ,  extrernitatibus  trun- 
cata,cœrulescente, pallida;  dorso  valde  tuberculose); 
tuberculis  adnatis,  basi  injlatis;  tentaculis  bis  dénis, 
brevibus  ;  haustellis  tribus  seriebus  ordinatis  ;  ano 
n/'oro. 

Habite  Tonga.  Longue  de  huit  à  dix  pouces. 


4.  HOLOTHURIE  MONOTUBERCULEE. 

Holothuria  monotuberculata ,  nob. 

Holothuria,  desuper  coiwexa,  subtus plana,  luteo- 
viridi ,  tuberculosa  ;  eminentibus  so/itariis ,  acutis  ; 

9* 


132  ZOOLOGIE. 

ventre  cœruleo ,  tribus  vit  lis  nîgricanttbus  notalo  ; 
tubulis  trifariis;  tentaculis  viginti  api  ce  luteis. 

Habite  le  port  Louis  de  l'île  de  France.  Longueur 
de  six  à  huit  pouces. 


5.  HOLOTHURIE  A  RAIES  BLANCHES. 
Holoihuria  alhifasciata ,  nob. 

Ho/othuria,  elongdta,  apice  acuta,  brunnea;  ven- 
tre albo  trifasciato  ;  haustellis  trifariis ,  longis  et 
albidis;  dorso  spiracu/is  longïssirnis  hirsuto;  ten- 
taculis bis  dénis. 

Habite  Tonga.  Longueur  de  dix-huit  pouces  à 
deux  pieds. 


H.  HOLOTHURIE  PONCTUÉE  DE  BRUN. 

Hnlothiiria  fuscopunctatu ,  nob. 

Holothuria,  c)/i/u//ica,  rugosa,  tessellula,  subfus 
albida  ,  desuper  rubente,  punctis  subfucis  bi farinai 


ZOOPHYTES.  133 

instructis ,  tentaculis  viginti,  ramosis;  tubulis  con- 
fluentibus- 

Habite  le  havre  Garteret  à  la  Nouvelle-Irlande. 
Longue  d'environ  cinq  pouces. 


7.  HOLOTHURIE  FASCIÉE. 
Holothuria  fasciata ,  nob. 

Holothuria ,  subcjlindrica ,  desuper  luteo-vires- 
cente ,  tratisversim  nigro  jasciata,  punctisque  nigris 
tecta  ;  ventre  albo  ;  tubulis  retractilibus  medianis  ; 
tentaculis  viginti,  laciniosis ,  apice  tuberculatis. 

Habite  l'île  de  Vanikoro.  Longue  de  sept,  à  huit 
pouces. 


134  ZOOLOGIE. 

8.  HOLOTHURIE  LUCIFUGE. 

Holothuria  lucifuga ,  nob. 

Holothuria ,  cjlindrica ',  molle,  violacea;  tenta- 
culis  bis  dénis,  longis ,  apice  ramosis ;  haustellis 
brevibus  trifariis  ;  ore  eireum  nigro  piuictato. 

Habite  le  havre  Carteret.  Longue  de  trois  à 
quatre  pouces. 


9.  HOLOTHURIE  OPHIDIENNE. 

Holothuria  ophidiana ,  nob. 

Holot/iuria,  cylindricea,  molli,  tuberculosa,  de- 
super  luteo  viridique  maculosa,  subtus  fuscescente; 
tentaculis  viginti ,  luteis ,  subrubro  punctatis. 

Habite  le  port  Dorey  à  la  Nouvelle-Guinée.  Lon- 
gue de  six  à  sept  pouces. 


ZOOPHYTES.  135 

io.  HOLOTHURIE  FAUVE. 

Holothuria  fulva,  nob. 


Holothuria ,  cylindricà,  molle,  viscosa,  tubercu- 
losa ,  subrubra;  tuberculis  poljgoniis  rubro  uni- 
pwictatis  ;  ventre  griseo  ;  tubulis  confertis. 

Habite  le  port  du  Roi-Georges  à  la  Nouvelle 
Hollande.  Longue  d'un  peu  plus  d'un  pied. 


ii.  HOLOTHURIE  PENTAGONE. 

Holothuria  pentagona ,  nob. 


Holothuria,  rigida,  prismatica,  apice  acuta  > 
fusca  ;  spiraculis  dorsi  ordinatis  ;  haustellis  roseis 
trifariis  ;  tentaculis  dénis  ,  gracilibus  ,  ramosis- 
simis  pwictatis  ;  ore  rubro. 

Habite  le  fond  de  la  rade  de  Sydney  au  port 
Jackson.  Longue  de  deux  à  trois  pouces. 


1 36  ZOOLOGIE. 

la.  HOLOTHURIE  TERRE  DE  SIENNE. 
Holothuria  subrubra,  nob. 

Holothuria,  cylindrica,  subtus  plana,  rubente, 
maculis  irregularibus  rabro-fuscis picta;  ventre  albo; 
haustellis  confluéntibus  viridi-luteis  ;  tentaculis  bis 
(/en/s  a/bicantibus. 

Cette  espèce,  longue  de  douze  à  quinze  pouces, 
que  nous  n'avons  point  dessinée,  habite  les  îlots 
aux  Cerfs  de  l'île  de  France. 


Les  Holothuries  suivantes  se  distinguent  par  cinq  pointes 
cartilagineuses  ou  osseuses  autour  de  l'anus. 


i3.  HOLOTHURIE  LINÉOLÉE. 

Holothuria  lineolattt ,  nob. 

Holothuria,  cor/acea,  verrniforrni,  crassa,  linéolis 
conjcrtissimis  fuscis  tecta;  extremitate  spàdicea; 
ossicu/is  ani  quinis,  sabra  bris  ;  tentaculis  vicenis 
albido  luteis;  tubulis  sparsis. 


ZOOPHYTES.  137 

Habile  Tonga  sur  l'ile  Panhi-Motoit.  Longueur, 
huit  à  dix  pouces. 


14.  HOLOTHURIE  MILIAIRE. 


Holothuria  miliaris,  nob. 


HolotJiuria,  ovato-elongata, piriformi,  lutesçente, 
tuberculis  minimis  rufescentibus  irrorata  ;  tenta- 
cul  is  viginti ,  crassis.,  luteis,  apiçe  ciliato-tuber- 
culatis;  haustellis  trifariis,  rugasis  ;  spiraculis  loti- 
gis. 


Habite  l'île  de  Vanikoro.  Longue  d'environ  six 
pouces. 


i5.  HOLOTHURIE  DE  GUAM. 
Holothuria  guamensis ,  nob. 

Holothuria,  subeylindrica ,  postier  ovali,   alba  . 
aorso,  lateribus,  maculis  autflammis  subrubris  or- 


1 38  ZOOLOGIE. 

nato  ;  ventre  rubido,    Jiaustellis   trifarie  onusto  ; 
tentaculis  vigintPsex ,  roseis  ;  ossiculis  ani  albis. 

Habite  l'île  Guam.  Longueur,  sept  pouces. 


16.  HOLOTHURIE  DE  MAURICE. 

Holothuria  mauritiana ,  nob. 


Holothuria,  cyîindrica,  desupev  dneracea,  luteo 
îtiixta;  ventre  albo  ,  delicatissime  nigro punctato  ; 
tubulis  conjluentihiis ,  virescentibus ;  ossiculis  uni 
albidis. 

Habite  les  îlots  aux  Cerfs  de  l'île  de  France.  Cette 
espèce,  qui  n'a  point  été  figurée,  est  longue  de  six 
à  dix  pouces.  Elle  se  contracte  en  forme  de  toupie. 


ZOOPHYTES.  1 39 

ACTINIES. 


Animal  à  corps  cylindrique  mou,  plus  ou  moins 
allongé ,  élargi  et  fixé  par  sa  base ,  avec  la  faculté 
de  se  déplacer;  bouche  centrale;  disque  pourvu 
d'un  plus  ou  moins  grand  nombre  de  tentacules, 
variables  en  longueur,  simples,  villeux  ou  ramifiés. 


Malgré  les  travaux  d'observateurs  recomman- 
dables ,  l'organisation  des  Actinies  n'est  pas  aussi 
bien  connue  qu'on  pourrait  le  désirer,  et  que  la 
présence  de  ces  animaux  sur  nos  côtes  devrait  le 
faire  supposer.  Dans  l'état  actuel  de  nos  connais- 
sances, il  est  d'autant  plus  à  souhaiter  que  quel- 
que naturaliste  placé  sur  les  bords  de  la  mer  s'en 
occupe ,  que  ce  sera  jeter  en  même  temps  un 
grand  jour  sur  l'organisation  des  Zoanthaires  en 
général,  que  nous  avons  reconnu  avoir  les  plus 
grands  rapports  avec  les  Actinies  proprement  dites. 

Nous  avons  quelquefois  été  placé  dans  des  cir- 
constances bien  favorables  à  ces  sortes  d'études, 
lorsque  dans  les  contrées  équatoriales ,  nous  trou- 
vions des  Actinies  qui  avaient  jusqu'à  deux  pieds 
de  haut;  mais  nous  l'avouons,  en  courant  après 
le  plus  brillant ,  nous  avons  négligé  le  plus  positil 


140  ZOOLOGIE. 

et  le  plus  solide.  Nous  n'avons  pu  résister  à  la 
beauté ,  à  la  variété  des  formes  et  des  couleurs  ; 
la  description  des  espèces  l'a  emporté  sur  des  dé- 
tails anatomiques  ,  que  nous  supposions  devoir 
être  connus  à  notre  retour. 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  voyages  récents  ont  fait 
connaître  un  assez  grand  nombre  d'espèces ,  qui 
varient  assez  dans  la  forme  de  leurs  tentacules 
pour  former  des  divisions  propres  à  faciliter  leur 
étude,  sans  que  pour  cela  on  aille  jusqu'à  les  ériger 
en  genres  ;  car  il  nous  a  semblé  que  l'organisation 
intérieure  de  ces  Zoophytes  n'offrait  pas  pour 
cela  d'assez  grandes  différences. 


A.  Espèces  a  tentacules  simples,  plus  ou  moins  longs, 
SUR  plusieurs  rangées  ,  ou  les  actinies  proprement 

DITES. 


i.  ACTINIE  MAGNIFIQUE. 

Actinia  niagnijîca ,  nob. 

PLANCHE   y,   FIGURE    I. 

Actinio,  rnaxima,  oyali;  margine,  basique  dila- 
tàtis  ;  corpore  spléndide  rubro;  tentaculis  cylindri- 
cis,  obtiisiSf  apice  rubicundis. 


ZOOPHYTES.  1 4 1 

Grande  espèce  de  sept  à  huit  pouces  de  diamètre, 
à  base  d'un  beau  rouge  cramoisi,  à  limbe  ondulé, 
garni  de  deux  rangs  de  tentacules  médiocrement 
longs,  épais,  cylindriques,  obtus  à  la  pointe,  qui 
est  couleur  de  laque,  tandis  que  le  milieu  est  jaune 
clair  et  la  base  rougeâtre,  quelquefois  grisâtre.  Le 
contour  de  la  bouche  est  gris. 

Cette  Actinie,  qui  n'est  point  caustique,  habite 
l'île  de  Vanikoro. 


i.  ACTINIE  AURORE. 

Actinia  Aurora,  nob. 

PLANCHE    12,    FIGURES    1-3. 


Actinia,  cylindrica,  basi  aurantiaca,  longitrorsfbm 
substriata;  tentaculis  aodosis,  luteo-roseis ,  duode- 
cim  intus  limbum  dispersis  ;  ore  subflavo,  radiato. 

Farietas,  tentaculis  virescentibus  apicc  roseis  ; 
disco  viridi  lineato. 

Cette  espèce  assez  peu  élevée  ,  parfaitement 
ronde, a  trois  pouces  de  diamètre.  Sa  base  est  d'un 
bel  orangé,  striée  de  la  même  couleur.  Le  limbe  est 


142  ZOOLOGIE. 

blanc,  ponctué  en  dessous  de  taches  plus  blanches. 
Plus  en  dedans  le  disque  est  légèrement  enfumé 
et  marqué  dans  le  contour  de  la  bouche  de  lan- 
guettes d'un  jaune  pâle,  sans  saillie. 

Les  tentacules  sont  très-nombreux,  médiocre- 
ment longs,  noduleux,  les  uns  jaunes,  les  autres 
alternativement  tachés  de  jaune  et  de  laque. 

Cette  Actinie  habitait  sur  les  pierres  de  l'île  aux 
Cocos,  du  havre  Carteret  de  la  Nouvelle-Irlande. 

La  variété  que  nous  avons  rencontrée  au  port 
Dorey  de  la  Nouvelle-Guinée,  est  d'un  orangé  plus 
éclatant.  Ses  tentacules,  également  noueux  dans 
toute  leur  longueur,  sont  bruns  à  la  base,  ver- 
dâtres  au  milieu  et  un  peu  rouges  à  la  pointe.  La 
surface  du  disque  est  jaunâtre,  avec  des  stries 
verdâtres  qui  convergent  vers  la  bouche. 


3.  ACTINIE  VIOLETTE. 
Actinia  ameihystirtâ ,  nob. 


PLANCHE    12,    FIGURE   5. 


Actinia ,  cjlindrica ,  medio  constricta  ;  basi  vi- 
rescentc  ,  violaceo  punctato  ;  tëntaculis  numerosis- 
simis ,  hrevibus ,  obtusis ,  violaceis  ;  are  citrino. 


ZOOPHYTES.  1 43 

Cette  Actinie,  qui  a  deux  pouces  de  diamètre, 
selargit  quelquefois  en  vase  en  se  rétrécissant  au 
milieu.  Sa  base  est  d'un  joli  vert  clair  avec  des 
lignes  longitudinales  de  points  violets ,  qui  ne  la 
parcourent  pas  en  entier.  Le  disque,  légèrement 
ondulé,  est  couvert  de  nombreux  tentacules  très- 
courts  ,  arrondis ,  d'un  beau  violet.  Cette  couleur 
est  plus  intense  sur  ceux  du  pourtour. 

Habite  l'île  aux  Cocos  du  havre  Carteret  à  la 
Nouvelle-Irlande. 


/,.  ACTINIE  A  GLOBULES. 

Actinia  globulosa,  nob. 

PLANCHE   9,    FIGURE    4- 


Actinia,  minima,  hemispherica ,  rosea ,  striata  ; 
tentaculis  a  Ibis  apice  globosis  ;  are  prominenti  , 
sitbritbro.     * 

Cette  très-petite  espèce  n'a  que  trois  à  quatre 
lignes  de  hauteur.  Elle  a  la  forme  d'un  petit  dôme. 
Sa  couleur  est  d'un  rose  tendre  avec  des  stries 
verticales   d'une   teinte  un    peu  plus  foncée.   Sa 


i44  ZOOLOGIE. 

bouche  est  rougeâtre  et  proéminente  ;  ses  tenta- 
cules sont  blancs,  terminés  par  un  petit  bouton  à 
leur  extrémité,  d'où  nous  avons  tiré  le  nom  spéci- 
fique de  ce  Zoophyte,  qui  habite,  par  une  assez 
grande  profondeur,  les  ports  Jervis  et  Western  de 
la  Nouvelle-Hollande. 


5.   ACTINIE  BRUN-ROUGE. 
Actinia  fusco-rubra ,  nob. 

Poré-Poré  Ango,  par  les  habitants  de  Tonga. 

PLANCHE    I  I  ,    FIGURE    7. 


Actinia,  cylindrica,  basi  transversim  stria  ta,  gra- 
nulosa,  rubro-fuscescente  ;  tentaculis  gracilibus  ro- 
se/s subrubro  annulatis ;  disco  stria to,  maculis  albis 
sertis  nutato;  ore  rubro  cœruleoque  circaindato. 

Varietas,  corpore  lutescente  longitudinatiter  san- 
guineo  litieato,  basi  punctato. 

Cette  Actinie  a  environ  un  pouce  et  demi  de 
diamètre  sur  deux  de  hauteur.  Elle  est  cylindrique, 


ZOOPHYTES.  145 

d'un  rouge  brun  foncé,  formant  des  stries  trans- 
verses, granuleuses.  Le  contour  de  la  base  est  d'un 
rougeâtre  plus  clair,  marqué  de  petits  tubercules 
d'un  blanc  jaunâtre.  Les  tentacules  sont  assez 
longs,  grêles,  pointus,  diaphanes,  colorés  en  rou^e 
clair  avec  des  anneaux  rougeâtres. 

Le  disque  est  remarquable  en  ce  qu'il  a  six 
taches  blanches  subquadrilatères,  dont  les  inter- 
valles sont  striés  de  brun  et  rouge;  le  contour  de 
la  bouche  est  rouge  avec  un  cercle  bleu. 

Une  variété  de  cette  espèce,  trouvée  à  Amboine, 
a  le  corps  jaunâtre  avec  des  bandes  et  des  taches 
longitudinales  d'un  rouge  sanguinolent.  La  base 
a  quelques  points  bleuâtres  et  une  rangée  de  petits 
tubercules  jaunâtres  marqués  d'un  point  noir. 
Entre  les  grandes  bandelettes  sont  de  légères  stries 
rougeâtres  tremblées.  Le  disque  ne  présente  au- 
cune différence.  Cette  Actinie  en  se  contractant 
prend  la  forme  d'un  petit  dôme. 


G.   ACTINIE  PIQUETÉE. 
Actinia  punctulata,  nob. 

PLANCHE   12,   FIGURES   8-9. 

ictinia,  parva ,    cylindracea,  jusco-violaeea  , 

Zoologie,   t.  iv.  10 


1 46  ZOOLOGIE. 

striata ,  albo  punctata  ;   tcntaculis  virescentibus , 
annulatis  ;  are  viridi. 

Cette  petite  espèce  a  le  corps  brun  violacé,  li- 
néolé  de  la  même  couleur  et  taché  de  points 
blancs.  Le  pied  est  jaunâtre  et  le  pourtour  du 
limbe  verdâtre  avec  des  taches  blanches.  La  bouche 
est  verdâtre,  et  les  tentacules,  assez  longs,  portent 
des  anneaux  de  la  même  couleur. 

Ce  Zooplryte  a  deux  pouces  de  hauteur  dans 
son  plus  grand  développement;  contracté,  il  a 
une  forme  globuleuse. 

On  le  trouve  en  assez  grand  nombre,  à  marée 
basse,  sur  les  pierres  de  la  rade  d'Hobart-Town,  à 
Van-Diemen. 


7.  ACTINIE  PELAGIENNE. 
Actinia  pelagica,  nob. 


PLANCHE    II,  FIGURE    IO. 


Actinia,  miruma,  cordiformi,  subjlava;  tentaculis 
inœqimlibus,  longis,  fusco  jnmctatis  ;  ore  violaceo 
circumdato. 


ZOOPHYTES.  147 

Cette  très-petite  Actinie,  que  nous  avons  trouvée 
surdes  fucus  au  milieu  de  l'océan  Atlantique,  pour- 
rait bien  n'être  qu'un  jeune  âge.  Elle  est  subcor- 
diforme,  jaunâtre,  et  remarquable  par  la  rareté  et 
l'inégalité  de  grandeur  de  ses  tentacules,  qui  sont 
longs,  assez  gros,  pointus,  d'un  jaunâtre  sale  avec 
des  points  brunâtres.  La  bouche  est  entourée 
d'un  cercle  violet  qui  doit  faire  distinguer  cette 
espèce  de  celles  qui  pourraient  avoir  des  rapports 
avec  elle. 

Dans  notre  dessin  elle  est  grossie  du  double. 


8.  ACTINIE  VASE. 


Àctinia  Vas,  nob. 


PLANCHE    12,   FIGURE    6. 

Actinia,  cjlindrica ,  ventricosa  ,  longitrorsum 
transversimque  fusco  striata;  disco  basique  auran- 
tiacis;  teiitacuUs  minimis,  obtusis ,  fusco  et  viridi 
variegatis. 

Cette  Actinie  a  ordinairement  la  forme  d'un 
petit  vase  renflé  par  le  milieu.  Elle  est  striée  en 

IO* 


148  ZOOLOGIE. 

long  et  en  travers  par  des  bandelettes  mal  cir- 
conscrites d'un  brun  rougeatre.  Le  contour  du 
disque  et  du  pied  sont  cerclés  d'orangé,  et  les 
tentacules,  fort  courts,  obtus,  ont  la  pointe  ver- 
dâtre  et  la  base  brune.  La  bouche  est  piquetée 
de  brun  rouge  sur  un  fond  jaune. 

Le  diamètre  du  corps  est  d'un  pouce  et  demi. 
Ce  Zoophyte  se  trouve  dans  l'île  de  Vanikoro. 


B.   Espèces  a    tentacules  simples,   plus  ou    moins 

LONGS,  SUR  UNE  SEULE  RANGEE. 

9.  ACTINIE  ROUGE  ET  BLA.NCHE. 
Actinia  rubro-  ulba ,  nob. 


PLANCHE    IO,    FIGURE     5. 


Actinia,  minima,  cylindrica,  alba  ;  tentaculis  au- 
rantiaeis  paulalum  Ion  gis,  uniseriatis. 

Petite  espèce  de  quatre  à  cinq  lignes  de  dia- 
mètre, haute  d'un  pouce,  cylindrique,  dont  le  corps 
et  la  bouche  sont  entièrement  blancs,  et  les  ten- 
tacules d'un  bel  orangé.  Ces  derniers,  médiocre- 


ZOOPHYTES.  1 49 

ment  longs ,  sont  disposés  sur  une  seule  rangée. 
Ce  Zoophyte  se  trouve  dans  la  rade  du  cap  de 
Bonne-Espérance.  Deplusieurs  points  de  son  corps, 
et  probablement  par  quelque  rupture,  sortaient 
de  ces  filets  blancs  qu'on  suppose  appartenir  aux 
organes  de  la  génération. 


ïo.  ACTINIE  DE  DOREY. 
Actinia  doreensis,  nob. 

PLANCHE    12,    FIGURER. 


Actinia  cylindrica ,  basi  aurea  ,  margine  hitec? 
punçtato  ;  tentaculis  raris ,  corpore  longioribus , 
crassis  ,  subreclinatis  ,  fuscis ,  àpice  f lavis  ;  ore 
albido. 

Assez  grande  espèce,  cylindrique,  sans  évase- 
ment  dans  sa  partie  supérieure,  d'un  bel  orangé  à 
sa  base,  diminuant  d'intensité,  et  passant  au  rou- 
geâtre  vers  le  limbe ,  qui  est  ponctué  de  jaune. 
Le  contour  de  la  bouche  est  blanc.  Les  tentacules , 
en  petit  nombre,  sont  gros,  très-longs,  recourbés 
en  dehors,  pointus,  brunâtres  à  la  base,  et  d'un 


150  ZOOLOGIE. 

jaune  clair  à  leur  extrémité.  Us  nous  ont  paru 
n'avoir  qu'une  rangée. 

Cette  Actinie,  dont  le  corps  a  pins  de  deux  pou- 
ces d'élévation ,  habite  le  port  Dorey  de  la  Nou- 
velle-Guinée. 


ii.  ACTINIE  CLOU. 


Âctinia  Clavus ,  riob. 


PLANCHE    IO,   FIGURES  6-1  I. 


Actinidy  natans,  elongata,  conica,  basi subacuta, 
albida;  teiitaculis  diiodenis ,  parvis. 

C'est  avec  quelque  doute  que  nous  donnons 
ce  Zoophyte  comme  une  vraie  Actinie,  quoiqu'il 
en  ait  la  forme.  Mais  sa  disposition  clavulaire,  co- 
nique, ses  douze  tentacules  invariables,  sur  une 
seule  rangée,  et  les  plis  réguliers  de  ses  organes 
générateurs ,  qu'on  voit  très-bien  au  travers  des 
parois ,  sont  autant  de  caractères  qu'on  ne  trouve 
pas  dans  les  Actinies.  Au  premier  aspect  on  dirait 
un  Polype  arraché  à  une  masse  charnue,  si  l'extré- 
mité postérieure  était  perforée,  ce  qui  n'existe  pas. 


ZOO  PH  Y  TES.  151 

Ce  Zoophyte,  dont  nous  trouvâmes  plusieurs  indi- 
vidus vivants  engagés  dans  les  tentacules  d'une 
Méduse,  est  long  de  sept  à  huit  lignes  dans  son 
plus  grand  développement ,  et  de  trois  seulement 
lorsqu'il  est  contracté.  Il  est  blanc  ,  translucide , 
un  peu  évasé  à  son  extrémité  supérieure  en  forme 
de  tète  de  clou.  Au  milieu  est  une  ouverture  buc- 
cale ,  un  peu  proéminente,  du  contour  de  laquelle 
partent  douze  petits  tentacules.  Leur  base  donne 
naissance  à  autant  de  stries  qui  parcourent  la 
longueur  du  corps,  et  vont  se  réunir  au  boutopposé. 
La  vitalité  de  cette  Actinie  est  fort  obscure.  Elle 
se  borne  à  s'allonger  et  à  se  rétracter  en  formant 
des  bosselures  de  diverses  formes.  Elle  fut  prise  dans 
le  mois  de  novembre,  à  notre  sortie  du  détroit  de 
Bass,  sur  les  côtes  de  la  Nouvelle-Hollande,  par  38° 
de  latitude  sud. 


12.  ACTINIE  GRELE. 

Actinia  gracilis ,  nob. 

PLANCHE    12,    FIGURES    IO-II. 

Actinia,  minima,  e/ongata,  tenui,  alba  ;  tenta- 
calis  dénis ,  longis,  acutis ,  uniseriatis;  ore  croceo. 


152  ZOOLOGIE. 

C'est  également  avec  doute  que  nous  indiquons 
ce  petit  Zoophyte  comme  devant  être  une  vraie 
Actinie;  n'ayant  qu'un  seul  rang  de  tentacules.  Il 
était  groupé  en  assez  grand  nombre  sur  une  Nasse 
vivante  (Mollusque  à  mouvements  très -vifs), 
comme  font  les  Zoanthes,  avec  lesquelles  il  aurait 
des  rapports  sans  son  extrême  mollesse  et  la  lon- 
gueur de  ses  tentacules,  qui  sont  bien  ceux  des 
Actinies.  Ces  appendices,  pointus,  au  nombre  de 
dix  ou  douze,  entourent  une  bouche  couleur  de 
soufre.  Le  corps  est  grêle ,  allongé  en  tube ,  un 
peu  renflé  vers  le  haut.  Sa  couleur  est  blanche, 
ainsi  que  celle  des  tentacules. 

Ces  Zoophy tes  sont  peu  susceptibles  de  raccour- 
cissement. La  manière  dont  ils  étaient  serrés  les 
uns  près  des  autres  ,  semble  indiquer  qu'ils  n'é- 
taient pas  susceptibles  de  prendre  un  accroissement 
beaucoup  plus  considérable. 

Habite  le  port  Louis  de  l'ile  de  France. 


ZOQPHYTES.  153 


C.   Espèces  a  tentacules  très-gros  ,  très-longs  ,  ar- 
borescents ,    GARNIS    DE    TUBERCULES    GRANULEUX. 


(  Actinodendres  de  Blainvillc.  ) 

i3.  ACTINIE  ARBORESCENTE. 

Jctinia  arborca.  nob. 

PLANCHE    IO,    FIGURES   3~4- 


Actinia,  maxima;  corpore  subcylindriço ,  brevi, 
margine  undulato,  viresce/iti,  basi fusco  maculato ; 
disco  lutescente,  lunulis  radiatis  fascis  notato;  ten- 
taculis  lôngissimis ,  crassis,  ramosis,  tuberculatis , 
lungitrorsum  striatis. 

Grande  espèce  de  pins  d'un  pied  de  hauteur ,  à 
corps  court,  trapu,  rougeâtre  à  sa  base,  laquelle 
est  ponctuée  de  rouge  brun ,  ayant  son  limbe  on- 
dulé et  jaunâtre.  Le  disque  est  remarquable  par 
ses  lignes  de  lunules  brunes  qui  convergent  vers 
la  bouche.  Les  tentacules  sont  excessivement 
grands,  droits,  très-gros,  bifurques  à  leur  pointe 
et  garnis  dans  leur  étendue  de  grappes  de  tuber- 
cules pédoncules,  bilobés,  qui  ressemblent  pariai- 


154  ZOOLOGIE. 

tement  aux  masses  de  certains  Alcyons.  Ces  appen- 
dices, d'un  jaune  clair,  sont  très-finement  striés 
de  brun  sur  leur  longueur. 

Cette  Actinie ,  ainsi  que  toutes  celles  de  cette 
forme  et  de  cette  grandeur ,  occasionnent  une 
cuisson  douloureuse  lorsqu'on  les  touche.  Cette 
faculté  se  communique  à  l'eau  qu'elles  absorbent, 
et  chose  peut-être  surprenante ,  c'est  qu'elle  est 
beaucoup  plus  active  sur  l'épiderme,  qu'elle  rougit 
et  fait  enfler,  que  sur  les  membranes  muqueuses. 
Ainsi  ayant  reçu  de  cette  eau  dans  l'œil,  nous  souf- 
frîmes beaucoup  moins  sur  l'organe  qu'à  l'exté- 
rieur des  paupières. 

Ce  Zoophyte  se  trouve  au  port  Dorey  de  la 
Nouvelle-Guinée. 


14.  ACTINIE  ALCYONOIDE. 

Actinia  alcyonoidea ,  nob, 


PLANCHE    IO,  FIGURES    1-2. 


Actinia,  maxima,  cylindrica ,  basi  longitrorsum 
rubescente  striata;  disco  viridi ,  punctis  viridibus 
notato  ;  teiitacidis  longis ,  crassis ,  répandis,  trans- 
versim  striatis;  ramidis  lateralibus  racemosïs  vin-r 
dibus. 


ZOOPHYTES.  [55 

Cette  espèce  est  une  des  plus  grandes  que  nous 
connaissions,  car  lorsque  ses  tentacules  sont  étalés, 
elle  a  plus  d'un  pied  de  diamètre.  Le  corps  est 
cylindrique,  assez  élevé,  d'un  brun  clair  avec  des 
bandes  longitudinales,  un  peu  ondulées,  d'un  brun 
rougeâtre. 

Le  disque  est  d'un  vert  foncé  au  centre  avec 
des  points  arrondis  de  la  même  couleur,  qui  s'é- 
tendent sur  la  racine  des  tentacules.  Ces  derniers, 
très -gros  ,  très-longs  ,  sur  deux  rangées,  sont 
striés  en  travers  de  rouge  brun  dans  une  partie  de 
leur  étendue ,  et  jaune  à  leur  base.  Ils  sont  garnis 
sur  leur  longueur,  en  verticille  ou  d'une  manière 
alterne,  de  nombreuses  grappes  coniques  d'un 
beau  vert,  formées  de  petits  grains  pédicules,  les- 
quels font  ressembler,  à  s'y  méprendre,  ces  tenta- 
cules aux  Alcyons.  Le  contour  de  la  bouche  est 
jaunâtre. 

Une  variété  de  cette  Actinie  a  le  centre  du  dis- 
que violacé  ;  quelquefois  la  tige  des  tentacules  est* 
d'un  violet  sale.  Ces  appendices  font  éprouver  une 
cuisson  assez  forte. 

Ce  Zoophyte  habite  à  Panhi-Motou,  sur  l'île 
de  Tonga.  Il  s'enfonce  dans  le  sable  au  point  de 
disparaître  complètement.  Quoique  ses  rameaux 
soient  granuleux  comme  le  précédent ,  il  suffit  de 
comparer  les  deux  espèces,  pour  voir  combien 
elles  diffèrent  l'une  de  l'autre. 


156  ZOOLOGIE. 

D.  Espèces  a  tentacules  courts,  élargis,  villeux, 

TURERCULEUX. 

(Actinéries  de  Blainville.  ) 

16.  ACTINIE  VILLEUSE. 
Aciinia  villosa ,  nob. 


PLA.NCHE    II,    FIGURES    1-2. 


Actinia,  maxima ,  cylindrica,  transversim  pli- 
cata,  griseo-violacea;  tentaculis  brevibus  ovato- 
planis  ,  desuper  viïlosis ,  infra  tuberculatis. 

Cette  espèce  a  quatre  à  cinq  pouces  de  diamètre 
et  présente  une  large  base  cylindrique,  transver- 
salement plissée.  Les  tentacules,  très  nombreux, 
courts,  fusiformes  ou  ovalaires,  sont  couverts  en 
dessus  de  villosités  ramifiées,  et  en  dessous  de  petits 
tubercules  arrondis  ou  ovoïdes  fort  rapprochés. 
Ces  villosités  vont  en  rayonnant  et  en  diminuant 
de  nombre  jusqu'à  la  bouche.  Dans  cette  étendue 
elles  sont  noires,  tandis  que  les  tentacules  sont 
d'un  joli  gris  de  lin  sur  la  face  supérieure  et  jau- 


ZOOPHYTES.  157 

nâtres  à  l'inférieure.  Le  contour  de  la  bouche  et  le 
pied  sont  également  grisâtres. 

Ce  Zoophyte  provient  de  l'île  Tonga. 


E.   Espèces    a   tentacules    nombreux,    excessivement 

COURTS  ,    ET  DONT    LE    BORD     DU     DISQUE     EST    TOUJOURS 
TRÈS-ÉVASÉ  ET  FORTEMENT  ONDULE. 


1 5.  ACTINIE  AZUR. 

Actinia  cœrulea  ,  nob. 

PLANCHE   Q,    FIGURE   2. 

Actiniay  maxifna,  basi  cjlindrtca,  limbo  va  hic 
dilatata  et  undulata,  gibbosa,  tuberculata,  fulva; 
tentaculis  min  i mis ,  numéro  si  s ,  apice  cœruleis  ;  ore 
luteo. 

Cette  division  nous  a  paru  devoir  être  établie 
pour  des  espèces  peu  élevées,  dont  le  disque,  tou- 
jours fortement  ondulé  et  quelquefois  même 
bosselé ,  rentre  en  dedans  et  porte  de  très-petits 
tentacules. 


158  ZOOLOGIE. 

L'Actinie  azur  n'a  pas  moins  de  sept  à  huit 
pouces  de  diamètre  dans  son  disque,  qui  est  élargi, 
fortement  ondulé,  bosselé,  rentrant,  et  couvert 
de  tubercules  régulièrement  disposés.  Le  pied 
est  subcylindrique,  dilaté  à  sa  base,  portant  deux 
ou  trois  rangées  de  tubercules.  Toutes  ces  parties 
sont  d'un  joli  fauve,  avec  des  stries  de  la  même 
couleur,  ou  un  peu  plus  foncées.  Les  tentacules, 
excessivement  courts,  pressés,  n'occupent  que  le 
contour  du  disque.  Ils  sont  d'un  bleu  de  ciel  très- 
brillant  à  leur  pointe,  qui  est  obtuse,  et  fauves  à 
la  racine.  Plusieurs  de  ces  appendices,  à  base  brun 
rouge ,  forment  plusieurs  rayons  de  deux  lignes , 
qui  se  portent  vers  la  bouche.  Cette  dernière  est 
jaune,  et  la  surface  plane  du  disque  est  légèrement 
rosée. 

Ce  Zoophyte  habite  l'île  de  Vanikoro;  il  n'est 
point  urticant. 


16.  ACTINIE  VERDATRE. 

Actinia  viridcscens  ,  nob. 

PLANCHE  g  ,  FIGURE  3. 

Actinia,  parva ,    basi  cylindrica ,    rosea ,    rubro 
stria  ta;  disco  dilatato ,  a /a  tu /a  ta,  desuper  subrubro 


ZOQPHYTES.  159 

striato;  tentaculis  minimis,  numerosis,  luteo-vires- 
centibus. 

Petite  espèce  à  peu  près  de  la  même  forme  que 
la  précédente ,  quant  au  disque ,  mais  sans  tuber- 
cules. Il  est  fort  évasé,  comme  lobé  et  rentrant 
sur  ses  bords,  qui  sont  garnis  de  nombreux  petits 
tentacules  d'un  jaune  verdâtre.  D'autres,  sur  deux 
rangées,  viennent  se  rendre  à  la  bouche,  qui  est 
rayonnée  de  brun  rougeâtre.  Le  pied  est  cylindri- 
que ,  un  peu  dilaté ,  d'un  rose  tendre ,  strié  de 
rouge  vif  en  long. 

Habite  le  même  lieu  que  l'espèce  précédente. 


F.  Espèces  a  tentacules  courts  ou  non  apparents  , 

COUVERTES  DE  TUBERCULES  FORMANT  DES    COTES    LONGI- 
TUDINALES. 

(  Actinectes  de  Blainville.) 

17.  ACTINIE  TUBERCULEUSE. 

Actinia  tuberculosa ,  110b. 


PLANCHE    I  I  ,    FIGURES 


3-6. 


Actinia,  turriculata,  molle,  subrubra,  tuberculis 


1 60  ZOOLOGIE. 

oualibus,    striatis ,   ordinatis  ,    ornata  ;  tenUicuJis 
brevibus  subluteis;  ore  rubenti. 

Cette  espèce  est  remarquable  par  ses  bords 
droits  en  forme  de  tour,  quoiqu'elle  soit  fort  molle; 
par  les  nombreux  tubercules  ovalaires  lisses  qui 
la  recouvrent ,  en  formant  des  lignes  verticales 
quelquefois  très-régulières.  Ces  excroissances,  qui 
se  touchent  presque,  varient  en  couleur;  elles 
sont  ou  rouge  brun ,  ou  aurore ,  ou  d'un  cramoisi 
sombre,  ou  bien  encore  brunâtres,  et  toujours 
marquées  en  long  de  deux  ou  trois  bandelettes 
d'une  couleur  plus  foncée.  Mais  ce  qui  ne  varie 
que  rarement,  ce  sont  six  rangées  verticales  de 
tubercules,,  d'un  joli  gris  bleuâtre,  linéolés  de  brun. 
Le  disque,  d'un  jaune  tendre,  porte  trois  rangées 
de  tentacules  courts  et  déliés  de  la  même  couleur. 
La  bouche  est  orangée  dans  son  contour. 

Cette  Actinie  est  vagabonde,  ou  n'adhère  que 
fort  peu  au  sol,  car  chaque  marée  en  rejetait  des 
millions  sur  la  plage.  On  en  accrochait  quelquefois 
avec  des  hameçons.  Celles  que  nous  trouvions  au 
port  du  Roi-Georges  n'avaient  que  deux  pouces 
environ  de'  diamètre;  mais  plus  loin  à  Western, 
dans  le  détroit  de  Bass,  des  individus  avaient  le 
volume  des  deux  poings. 

Cette  espèce  fait  le  passage  à-la  suivante,  connue 
sous  le  nom  'de  Minyas. 


ZQOPHYTES.  161 

18.  ACTINIE  VIRIDULE. 
Actinia  viridula,  nol). 

PLANCHE    l3,    FIGURES    l5-2I. 


Actinia,  discoidea  tint  elorigata,  viridi,  costata  ; 
costis  tuberculatis ,  tentaculatis  ;  basi  radiata,  aeri- 
fera;  orë  plicato. 

Le  Zoophyte  qui  fait  le  sujet  de  cette  observa- 
tion ,  lequel  eût  appartenu  autrefois  aux  Miniades 
de  M.  Cuvier,  nous  semble  assez  différer  des  Acti- 
nies, pour  former  un  genre  à  part  dans  cette  fa- 
mille, lorsque  son  organisation  sera  mieux  connue. 
N'en  ayant  eu  qu'un  individu  en  notre  possession, 
que  nous  désirions  conserver,  nous  ne  pûmes  pas 
pousser  fort  loin  nos  recherches  à  ce  sujet.  Toute- 
fois, en  le  plaçant  après  l'espèce  précédente,  nous 
ne  prétendons  faire  qu'un  simple  rapprochement, 
car  la  disposition  de  tentacules  à  l'extérieur,  l'or- 
gane aérifère  qu'il  porte  à  sa  base,  l'en  éloignent. 
Il  y  a  donc  en  lui  quelque  chose  qui  en  ferait  un 
intermédiaire  entre  les  Porpites  et  les  Actinies. 

La  forme  rigoureuse  de  cet  animal  est  assez  dif- 
ficile à  déterminer:  tantôt  il  est  en   disque  assez 

Zoologie,  t.  iv.  i  i 


IG2  ZOOLOGIE. 

épais,  en  barillet,  ou  ressemble  à  un  .petit  melon 
régulièrement  ovoïde,  ou  étranglé  par  le  milieu; 
d'autres  fois  il  s'allonge,  et  ce  sont  les  extrémités 
qui  se  renflent.  Cependant,  son  aspect  le  plus  cons- 
tant est  celui  d'un  disque,  semblable  aux  frontaux 
que  l'on  met  sur  la  tête  des  jeunes  enfants.  Il  est 
pourvu  de  vingt  côtes  qui  forment,  à  la  base  ou 
en  dessus,  une  petite  calotte  rayonnée.  Elle  est 
pourvue  d'un  trou  susceptible  de  s'élargir,  et  qui 
laisse  voir  un  corps  blanc,  nacré,  spongieux,  comme 
celui  des  Porpites;  lequel  par  sa  légèreté  maintient 
ainsi  cette  Actinie  renversée,  la  bouche  en  bas.  Ses 
côtes  étant  sillonnées  en  travers,  sont  tubercu- 
leuses et  présentent  dans  leur  milieu  une  ligne  de 
petits  appendices  blanchâtres ,  qui  peuvent  adhé- 
rer aux  corps  extérieurs,  et  même  sur  le  verre, 
comme  font  les  tentacules  des  Actinies. 

La  bouche,  qui  est  plissée,  ponctuée  de  jaunâtre, 
laisse  quelquefois  entrevoir  des  ovaires  d'un  brun 
violacé ,  qui  remplissent  toute  la  cavité  intérieure. 
Il  n'y  a  point  de  tentacules.  Ils  semblent  remplacés 
au  pourtour  de  la  bouche  par  de  petits  tubercules. 

Le  corps  est  verdâtre,  mélangé  de  bistre  sur  les 
côtes,  et  d'un  vert  plus  foncé  dans  les  intervalles, 
et  à  l'extrémité  qui  avoisine  la  bouche,  laquelle 
est  plus  veloutée. 

Ce  Zoophyte  est  très-vivace;  divisé  en  deux  il 
a  vécu  long-temps  dans  l'eau  de  mer.  Il  a  fallu 
même  le  plonger  dans  l'eau  douce  pour  le  faire 


ZOOPHYTES.  103 

mourir.  Nous  l'avons  vu  avaler  de  petites  Jan- 
thines  qui  s'étaient  offertes  à  son  ouverture  buc- 
cale. 

11  a  été  pris  clans  le  grand  Océan,  au  mois  de 
mars,  entre  la  Nouvelle-Zélande  et  les  îles  des 
Amis. 


Espèces  d'Actinies  décrites  et  figurées  qui  n  ont  pas 
pu  etre  représentées  dans  nos  planches. 


i.  ACTINIE  DE  TONGA. 

Actinia  Tongana,  nob. 

Aetinia , parva ,  conica,  alba,  striata,  rubro  et 
fusco  maculata;  tentaculis  minimis  subflâvis,  basi- 
j'ascis. 

Cette  espèce  habite  les  îles  des  Amis  ;  sa  hau- 
teur est  d'un  peu  plus  d'un  pouce. 


1 1 


164  ZOOLOGIE, 

a.  ACTINIE  STRIÉE. 
Actinia  striata ,  nob. 

Actinia,  paiva ,  cylindrica,  elongata,  pallida , 
cœruleo ,  subrubro  striata  ;  tentaculis  numerosis  , 
acutis,  flavicantibus  ;  ore  lutescenle. 

Habite  les  rochers  de  la  baie  des  Iles  à  la  Nou- 
velle-Zélande. Haute  d'un  demi-pouce. 


3.  ACTINIE  MAMILLAIRE. 

Actinia  mamiUaris ,  nob, 

Actinia,  paiva ,  rosea ,  tuberculis  subaureis  ordi- 
natis  tecta  ;  basi  subtus  rosacea  rubro  radiata;  ten- 
taculis brevibus  cinereis ,  apice  l'abentibus. 

Habite  le  rivage  de  l'île  de  l'Ascension.  Haute 
d'un  pouce  et  demi. 


ZOOPHYTES.  165 

4.  ACTINIE  A  COURTS  TENTACULES. 
Actinia  parvitentaculata ,  nob. 

Actinia  brevitentaculata,  Blainv.,  Dict.,  t.  LX.,  page  29'i, 


Actinia,  vasiformi,  basi  candida  ;  disco  patulo  , 
undulato,  rnargine  glanduloso;  tentaculis  numerosis, 
brevibus,  truncàtis ,  luteo-virescentibus  ;  ore  roseo- 
vwlaceo. 

Si  M.  de  Blainville  n'eût  pas  indiqué  cette  Ac- 
tinie dans  son  ouvrage  sur  les  Zoophytes,  nous 
lui  eussions  donné  une  autre  dénomination,  parce 
qu'il  y  en  a  déjà  une  brevitentaculée  ;  nous  n'a- 
vons seulement  changé  qu'une  partie  du  nom 
latin  pour  ne  pas  confondre  ces  deux  espèces. 

Celle-ci  a  deux  pouces  de  diamètre,  et  habite 
le  havre  Carteret  de  la  Nouvelle-Irlande. 


5.  ACTINIE  DES  PAPOUS. 
Actinia  Papuana  ;  nob. 

Actinia,  corbif orme,  basi  candida, flammis  luteis 
ornata;  disco,  rnargine  undulato,  viridi,  albo  punc- 


166  ZOOLOGIE. 

lato  ;  tentaculis  brevibus  acutis ,  basicrassis,  luteo 
et  violaceo  variegatis  ;  ore  rubeiite ,  margine  viruli. 

Habite  le  port  Dorey  à  la  Nouvelle-Guinée.  Sa 
hauteur  est  d'un  peu  plus  de  deux  pouces. 


6.  ACTINIE  CANNELEE. 

Actinia  strigata ,  nob. 


Actinia,  cjlindrica,  vircscenti ,  longitudinaUter 
plicata;  limbo  denticulato;  tentaculis  conicis,  luteis, 
viridi  maculatis  ;  ore  flavo  viridicjue  variegato. 

Habite  les  rescifs  du  port  Louis  à  l'île  de  France. 
Haute  de  deux  pouces. 


ZOOPHYTES.  Ki7 


ZOANTHAIRES  CORIACES 


En  étudiant  ces  animaux  Actiniens,  on  arrive 
successivement  des  plus  mous  à  ceux  qui  s'enve- 
loppent d'une  sécrétion  pierreuse.  Dans  ces  séries 
ce  sont  lesZoanthes,  les  Mamillifères  et  les  Corti- 
ficères  qui  servent  d'intermédiaires.  Nous  avons 
examiné  des  individus  de  ces  deux  derniers  genres, 
et  il  résulte  de  nos  observations,  qu'il  y  a  tant  de 
ressemblance  entre  eux,  que  réellement  ils  ne  doi- 
vent former  que  des  divisions  d'un  seul  et  même 
genre,  fondées  sur  le  plus  ou  le  moins  d'épaisseur 
de  l'enveloppe  extérieure,  dans  laquelle  se  dépose 
quelquefois  une  assez  grande  quantité  de  matière 
calcaire.  Le  peu  que  nous  avons  vu  de  Zoanthes 
proprement  dites,  conservées  dans  la  liqueur,  nous 
porte  également  à  croire  qu'il  n'y  a  pas  une  grande 
différence  dans  leur  organisation,  d'avec  celle  des 
Zoopbytes  ci-dessus  indiqués.  Toutefois,  vu  leur 
plus  de  mollesse,  leur  non  encroûtement,  et  les 
ramifications  de  leur  base,  on  peut  jusqu'à  un 
certain  point  les  laisser  subsister  comme  genre. 

Relativement  à  la  dénomination  générique  à 
prendre,  nous  choisirons  celle  de  Mamillifère,  bien 


1G8  ZOOLOGIE. 

que  plusieurs  de  nos  espèces  ne  présentent  pas  un 
aspect  mamelonné  et  cortical.  Il  en  est  même  de 
simplement  groupées ,  les  unes  à  côté  des  autres , 
parmi  lesquelles  il  s'en  trouve  de  complètement 
isolées. 

Comme  ces  animaux  ne  se  développent  que 
lentement,  il  faut  autant  de  soin  que  de  patience 
pour  saisir  la  forme  et  la  couleur  de  leurs  petits 
tentacules;  c'est  même  cette  habitude  de  les  avoir 
rentrés,  qui  leur  donne  l'aspect  tuberculeux  d'où 
est  venu  leur  nom.  On  les  trouve  généralement 
dans  les  petites  criques  abritées  où  il  y  a  peu 
d'eau ,  fixés  à  demeure  sur  les  pierres  ou  d'autres 
corps.  Quelques  espèces,  indépendamment  de  la 
consistance  coriace  de  leur  peau,  la  renforcent 
en  agglutinant  des  fines  parcelles  de  sable,  comme 
nous  l'avons  vu  pour  des  Ascidies. 


Genre  MAMILLIFÈRE.  —  Mamillifera.  Blainv. 


Corps  coriace,  court,  cylindrique,  mamilliforme 
dans  la  contraction,  un  peu  élargi  à  l'extrémité 
buccale,  qui  est  pourvue  de  deux  rangs  de  tenta- 
cules marginaux,  naissant  en  plus  ou  moins  grand 


ZOQPHYTES.  169 

nombre  de  la  surface  d'une  expansion  membra- 
neuse, commune  et  fixée.  Bl. 


i.  MAMILLIFÈRE  CERCLEE. 

MamilUJ'cra  cingulata ,  nob. 

PLANCHE    l3,    FIGURES    1-3. 


MamMiferci)  coadunata;  corpore  cjlindraceo  fus- 
cesceiite,  âlbo  cingulato  ;  tentaculis  viridibus  acu- 
fis  ;  ore  candido. 

m 

Individus  groupés  dans  une  masse  commune, 
élevés  de  quatre  lignes  seulement,  cylindriques  ou 
un  peu  contractés  au  sommet;  de  consistance 
assez  coriace,  denticulés  sur  le  limbe;  ce  qui 
semble  représenter  un  premier  rang  de  tentacules. 
Les  vrais  tentacules  sont  assez  longs,  élargis  d'a- 
bord ,  puis  très-pointus ,  verdâtres.  Le  reste  du 
limbe  est  brun  et  strié  de  la  même  couleur  ;  la 
bouche  seule  est  blanche.  L'enveloppe  extérieure 
est  d'un  assez  joli  brun,  cerclé  d'une  large  bande- 


170  ZOOLOQIE. 

lette  blanche,  qui  adonné  son  nom  à  ce  Zoophyte, 
lequel  provient  de  l'île  aux  Cocos  du  havre  Car- 
teret  de  la  Nouvelle-Irlande. 


2.  MAMILLIFERE  VERTE. 

Mamillifera  viridis ,  nob. 

PLANCHE    l3,  FIGURES   Q-H. 


Mamillifera ,  minima,  cjrlindrica ,  viridi  ;  ma- 
millis  distinctis ,  margine  crenulatis;  tentaculis 
biais ,  lanceolaûis,  ihtus  roseis  ;  ore  circula  viridi 

cincto. 

• 

Très -petite  espèce  dont  les  mamelons,  assez 
saillants,  sont  séparés  les  uns  des  autres  sur  la 
base  qui  les  supporte;  leur  forme  est  cylindrique, 
peu  évasée  à  l'extrémité,  d'où  sortent  deux  rangées 
de  petits  tentacules  lancéolés,  verdâtres.  Le  centre 
du  disque  est  rosé,  la  bouche  verdâtre,  de  même 
qu'un  petit  cercle  qui  l'entoure. 

Les  animaux  contractés  sur  eux-mêmes  forment 


ZOOPHYTES.  171 

des  tubercules  crénelés,  au  centre  desquels  parais- 
sent les  tentacules  colorés  en  vert. 

Cette  Mamillifère  habite  la  rade  d'Amboine  aux 
Moluques. 


3.  MAMILLIFERE  VERTE  ET  BRUNE. 
Mamillifcra  viridi-fusca ,  nob. 

PLANCHE    l3,    FIGURE    12. 


Mamillifera ,  separata,  cjlindrica,  crassa,  subro- 
sca  ;  disco  viric/i  et  j'usco  radiato;  tentaculis  niini- 
jitis  tuberculosis. 

• 
Il  est  souvent  difficile  de  caractériser  ces  Zoo- 
phytes  quand  on  n'a  égard  qu'aux  couleurs  ou  à 
la  forme  extérieure  de  l'enveloppe;  mais  le  disque 
et  les  tentacules  présentent  toujours  quelques  dif- 
férences qu'il  faut  chercher  à  saisir.  L'espèce  qui 
nous  occupe  a  ses  tubes  séparés,  hauts  de  six  à 
sept  lignes,  blanchâtres  ou  légèrement  rosés; 
le  disque  a  huit  lignes  de  diamètre,  ce  qui  est  fort 
large  proportionnellement  à  la  hauteur;  il  est  strié 


172  ZOOLOGIE. 

de  brun  rouge  et  de  vert  éclatant,  de  manière  à 
ce  que  les  lignes  vertes  soient  côtoyées  par  deux 
brunes.  Les  tentacules  sont  excessivement  courts, 
tuberculeux  et  jaunâtres. 
Habite  l'île  de  Tongatabou. 


4.  MAMILLIFERE  JAUNE. 

Mamillifera  lutea,  nob. 

PLANCHE    l3,  FIGURES    l'5-l^. 


Mamillifera,  crustata,  coriacea,  luteo-squalidà  ; 
màmillis  distinctis  brevibus,  corricis  ;  tentaculis  rrii- 
nimis  ;  ore  elevato ,  fùscck  stria to. 

Ce  sont  de  semblables  espèces  qui  ont  fait 
former  le  genre  Corticifère,  par  leur  consistance 
subéreuse  et  leur  disposition  encroûtante.  Les 
plaques  de  cette  Mamillifère  n'ont  qu'à  peu  près 
quatre  lignes  d'épaisseur  ;  elles  sont  d'un  jaune 
sale,  plus  brun  sur  les  points  où  doivent  se  mon- 
trer les  Polypes,  qui,  lorsqu'ils  sont  contractés, 
deviennent  à  peine  apparents.  Développés,  ils  s'é- 


ZOOPHYTES.  173 

lèvent  de  trois  à  quatre  lignes,  et  ont  une  forme 
conique  ou  de  cratère.  Les  tentacules  sont  fort 
courts,  grêles,  entourant  une  bouche  proémi- 
nente ,  striée  de  brun. 

Habite  le  même  lieu  que  la  précédente. 


5.  MAMILLIFERE  FAUVE. 
Mamillifera  fulva ,  nob. 

PLANCHE    l3,    FIGURES    7-8. 


Mamillifera,  magna,  distincta,  cylindrica,  mem- 
branacea,  fulva  ;  disco  dilalata,  brevi  tentaculato, 
subfubro  striato. 

Ici  les  individus  sont  isolés,  peu  nombreux, 
longs  de  plus  d'un  pouce,  cylindriques,  simple- 
ment membraneux,  d'un  fauve  strié,  légèrement 
verdâtre  à  la  base  du  pied.  Leur  disque  est  très- 
évasé ,  profond,  un  peu  irrégulier,  ayant  deux 
langées  de  petits  tentacules  lancéolés.  Toutes  ces 
parties  sont  rayonnées  de  roux  vif.  La  bouche  est 
ronde  ou  un  peu  ovalaire.  Cette  espèce  peut  faci- 


174  ZOOLOGIE. 

lement  s'anatomiser  et  permet  de  voir  les  fila- 
ments tremblés  qui  remplissent  en  partie  sa  ca- 
vité et  qu'on  considère  comme  des  organes  gé- 
nérateurs. 

Habite  l'île  de  Vanikoro. 


6.  MAMILLIFERE  DE  VANIKORO. 
Mamillifera  Vanikorensis ,  nob. 

PLANCHE     l3  ,   FIGURES    ^-6. 


Mamillifera,  cyliiidrica,  separata,  glauca,  stria- 
ta;  teiitaculis  binis,  subf lavis  ;  disco  rubro  cingulato. 

Cette  Mamillifère  nous  a  paru  assez  différer  de 
la  verte,  à  laquelle  elle  ressemble,  pour  en  faire 
une  espèce  distincte.  Elle  est  haute  de  cinq  à  six 
lignes,  isolée,  cylindrique,  d'un  vert  glauque,  et  lé- 
gèrement striée  en  long.  Les  tentacules  sont  courts, 
un  peu  obtus,  jaunâtres,  ainsi  que  le  disque,  qui 
était  cerclé  de  rouge  chez  quelques  individus. 

Habite  l'île  dont  elle  porte  le  nom. 


ZOOPHYTES.  175 


ZOANTHAIRES   PIERREUX. 


Nous  voici  arrivé  à  des  Actinies  sécrétant  dans 
leur  substance  une  matière  pierreuse,  et  généra- 
lement connues  sous  le  nom  de  Madrépores  ou 
de  Coraux.  Elles  ne  croissent  en  abondance  que 
dans  les  pays  chauds;  et  comme  les  individus,  au 
lieu  de  se  disperser  et  d'aller  vivre  au  loin,  s'accu- 
mulent au  dessus  ou  à  côté  les  uns  des  autres,  il 
en  résulte  ordinairement  des  niasses  pins  ou  moins 
considérables,  qui  s'augmentent  de  leurs  produc- 
tions ou  de  leurs  propres  débris,  élèvent  insensi- 
blement le  sol  où  elles  se  développent,  quand  tout 
concourt  à  leur  accroissement.  Nous  avons  re- 
marqué ailleurs*  que  les  circonstances  favorables 
pour  cela  étaient  :  i°  une  profondeur  qui  ne  fût 
pas  trop  grande ,  pour  que  la  lumière ,  qui  est 
aussi  nécessaire  à  ces  êtres  qu'aux  autres  animaux, 
pût  y  parvenir  ;  i°  le  calme  des  eaux  et  l'abri  des 
forts  courants  :  d'où  il  résulte  que  c'est  dans  les 
ports  fermés  que  ces  Zoophytes  pullulent  le  plus. 
Une  fois  arrivés  à  la  surface,  l'intensité  du  soleil 

*  Voyage  Je  VUretnie,  Zoologie. 


176  ZOOLOGIE. 

les  tue  lorsque  les  basses  marées  les  laissent  à  sec, 
d'où  ces  vastes  bancs  de  Madrépores  morts  que 
nous  avons  rencontrés  partout,  au  milieu  desquels 
de  petites  flaques  nourrissaient  encore  quelques 
espèces  échappées  à  la  destruction  générale  ;  d'où, 
à  la  longue,  par  l'action  successive  des  flots  et 
des  agglomérations  de  matières,  ces  petites  îles  à 
fleur  d'eau,  si  dangereuses  pour  les  navigateurs, 
et  qu'on  rencontre  dans  la  mer  du  Sud. 

Les  divers  genres  ont  des  limites  de  profon- 
deur, qu'on  parviendra  à  constater  quelque  jour, 
mais  qu'il  est  difficile  de  reconnaître  dans  la  ra- 
pidité des  voyages.  Tous  ne  s'élèvent  pas  pèle-mèle 
du  plus  profond  à  la  superficie  ;  et  les  Fongies , 
les  Astrées,  les  Caryophyllies,  aux  suaves  et  bril- 
lantes couleurs,  qu'on  ramasse  sous  quelques  pieds 
d'eau,  ne  descendent  pas  indifféremment  par  vingt 
ou  trente  brasses. 

Nous  ne  nions  pas  qu'il  n'y  ait  de  certaines  es- 
pèces de  Madrépores  à  quatre  ou  cinq  cents  pieds; 
mais  ceux-là  ne  jouissent  pas  d'une  activité  bien 
grande  et  n'arrivent  jamais  jusqu'à  encombrer  les 
bassins  des  ports.  Quant  à  ces  murs  perpendi- 
culaires de  plusieurs  centaines  de  brasses  qu'on 
croit  être  exclusivement  formés  par  ces  Zoophytes, 
parce  qu'il  en  existe  près  de  la  surface,  nous  ré- 
pétons, par  des  inductions  zoologiques  tirées 
de  la  nature  de  ces  animaux,  que  nous  ne  pen- 
sons pas  qu'ils  doivent  constituer  de  telles  bases, 


ZOOPHYTES.  177 

qui  appartiennent  sans  doute  à  certaines  dispo- 
sitions de  terrains  et  sont  simplement  géologiques; 
ce  qu'on  vérifiera  peut-être  quelque  jour. 

Quoique  les  individus  que  nous  allons  étudier 
vivent  généralement  fixés  au  sol  et  groupés  entre 
eux,  il  en  est  cependant  qui ,  vraies  Actinies,  iso- 
lées comme  les  Fongies,  n'y  adhèrent  le  plus 
souvent  pas ,  et  sont  susceptibles  de  quelque 
léger  déplacement  spontané.  Nous  avons  même  une 
fois  rencontré  un  large  morceau  d'Astrée  flottant 
à  la  surface  delà  mer.  Il  est  vrai  que  les  Polypes  en 
étaient  morts,  et  nous  ignorons  si  vivants  le  même 
phénomène  aurait  eu  lieu. 


Zfiohg/e.  t.  iv.  ia 


178  ZOOLOGIE. 


Genre  FONGIE.  —  Fungis. 

Animal  membraneux,  le  plus  souvent  simple, 
déprimé,  orbicuiaire  ou  ovale ,  ayant  une  bouche 
centrale  supérieure,  transverse,  des  tentacules  plus 
ou  moins  longs,  nombreux,  quelquefois  à  peine 
apparents,  solidifié  dans  son  intérieur  par  un 
polypier  calcaire,  lamelleux,  rayonnant  en  dessus, 
granuleux  en  dessous. 


Tous  les  animaux  actiniformes  dont  nous  allons 
avoir  à  parler,  ont  cela  de  particulier  que  la  sub- 
stance solide  qu'ils  sécrètent  est  toujours  rayon- 
née,  lamelleuse  et  réellement  interne,  quoiqu'elle 
ne  le  paraisse  pas  d'abord.  De  même  que  nous 
avons  passé  des  Actinies  simples  et  susceptibles 
de  se  déplacer  à  d'autres  Actinies  groupées  et  fixées, 
de  même  dans  cette  famille  nous  trouverons  des 
individus  complètement  isolés,  libres  sur  le  sable, 
et  d'autres,  c'est  le  plus  grand  nombre,  réunis 
entre  eux  et  faisant  partie  du  sol. 

Les  Fongies  nous  fourniront  le  premier  exem- 
ple. Ce  sont  des  Zoophytes  qui  par  leur  produit 
pierreux,  ont  une  grande  ressemblance  avec  un 


ZOOPBYTES.  179 

champignon  renversé,  comme  leur  nom  l'indique, 
mais  tous  n'ont  pas  une  forme  circulaire.  Il  en 
est  d'ovalaires,  de  comprimés,  et  c'est  ceux-là 
qui  présentent  quelquefois  deux  ou  trois  Polypes 
réunis  *.  Il  est  des  Fongies  fixées  par  un  court  pédi- 
cule, qui  doivent  probablement  former  des  es- 
pèces distinctes ,  ce  dont  nous  n'avons  pu  nous 
assurer  par  l'observation  des  animaux.  Ces  der- 
niers fourniront  pour  les  espèces  rondes,  des  ca- 
ractères qui  nous  semblent  meilleurs  que  ceux 
tirés  de  la  forme  des  lamelles,  dont  il  sera  cepen- 
dant toujours  facile  de  tenir  compte.  D'après  cela 
on  pourrait  les  diviser  en  Fongies  à  longs  tenta- 
cules ,  et  en  Fongies  à  courts  tentacules,  ou  plutôt 
qui  n'en  ont  pas;  comme  est  celle  de  la  mer  Rouge 
que  nous  a  fait  connaître  le  premier,  le  judicieux 
Forskàl,  et  dont  aucun  auteur  n'avait  parlé  depuis, 
lorsque  nous  rapportâmes  un  individu  de  cette 
section,  que  nous  avons  décrit  dans  notre  voyage 
de  VU  nu  de. 

Les  Turbinolies  ressemblent  tellement  à  de 
petites  Fongies  fixées,  qu'on  voit  dans  les  collec- 
tions, et  qui  sont  à  demi  repliées  sur  elles-mêmes, 


*  Nous  n'avons  jamais  vu  cette  particularité  sur  le  grand  nombre  de 
Fongies  01  biculaires  que  nous  avons  observées.  Il  arrive  bien  quelquefois 
qu'uti  de  ces  animaux  étant  par  hasard  placé  obliquement  sur  le  sol,  un 
ovule  peut  se  développer  et  croître  à  la  partie  postérieure,  comme  le  Mu- 
séum en  possède  un  exemple;  mais  là  ce  sont  deux  travaux  distincts,  opposés 
parleur  base,  et  non  une  réunion  pour  produire  une  seule  forme. 

11* 


180  ZOOLOGIE. 

que  nous  aurions  été  tenté  d'en  faire  une  divi- 
sion de  ce  genre ,  s'il  n'était  préférable  de  les  rap- 
procher des  Caryoplryllies ,  comme  l'a  fait  M.  de 
Blainville.  Elles  semblent  du  reste  former  le  pas- 
sage des  unes  aux  autres ,  ainsi  que  l'a  dit  M.  de 
Lamarck. 


i.  FQNGIE  ACTINIE. 
Fungia  actiniformls  ,  nob. 

PLANCHE    l4,    FIGURES    1-2. 


Fungia  lutescens  ,  viridi  radiata  ;  tentaculis 
/ongis,  confluentibus,  eylindricis,  fuscis,  apice  sub- 
luteis. 

Testa  orbicularis,  convexd  in  medio  ,  elevata , 
subtus  planiuscula ,  regulariter  s  tria  ta  ;  lamellis 
subœqualibus ,  lobatis. 

Cette  grande  espèce  n'existant  point  au  Muséum 
ni  dans  la  collection  de  M.  Lamarck  nous  a  paru 
nouvelle.  Son  diamètre  est  de  quatre  polices,  et 


ZOOPHYTES.  181 

son  épaisseur  d'un  pouce;  elle  est  bien  arrondie, 
épaisse,  plane  en  dessous,  sans  concavité,  assez 
bombée  en  dessus,  en  s'élevant  progressivement 
des  bords  vers  le  centre.  Ses  lamelles  sont  minces, 
profondes,  inégales;  les  plus  grandes,  à  peu  près 
de  même  niveau,  l'emportent  par  le  nombre  sur 
les  plus  petites,  avec  lesquelles  elles  alternent  ce- 
pendant quelquefois.  Toutes  sont  finement  gre- 
nues par  les  côtés,  profondément  et  largement 
festonnées;  plusieurs  de  ces  découpures  sont  ac- 
couplées. 

La  surface  inférieure  présente  aussi  des  lamelles 
très-régulières,  serrées,  finement  denticulées,  peu 
profondes  ;  de  sorte  qu'en  présentant  cette  Fongie 
sous  cet  aspect,  on  pourrait  croire  que  c'en  est 
une  autre  d'une  espèce  différente. 

Lorsque  nous  en  vîmes  l'animal  épanoui  dans 
l'eau,  nous  le  prunes  pour  une  véritable  Actinie. 
Sa  superficie  est  jaunâtre,  striée  de  verdâtre.  Les 
tentacules  sont  longs,  cylindriques,  un  peu  mous, 
très-nombreux,  presque  confluents,  bruns,  excepté 
à  la  pointe  qui  est  jaunâtre.  Quand  on  les  touche 
ils  se  retirent  en  partie  entre  les  lamelles.  L'animal 
diminuant  d'épaisseur  sur  le  bord,  passe  à  la  sur- 
face inférieure,  qu'il  tapisse  delà  même  manière 
qu'en  dessus,  en  formant  un  léger  boursouflement 
semblable  au  contour  du  pied  des  Actinies.  Ceci 
s'observe  encore  très -bien  dans  les  individus 
conservés  dans  la  liqueur. 


182  ZOOLOGIE. 

La  bouche  est  longuement  ovalaire,  plissée;  les 
ovaires  sont  en  forme  de  filaments  blancs,  déliés 
et  tortillés,  logés  entre  les  lames  centrales  du 
polypier. 

Cette  Fongie  a  été  trouvée  sur  l'île  aux  Cocos, 
au  havre  Carteret  de  la  Nouvelle-Irlande. 


i.  FONGIE  A  GROS  TENTACULES. 

Fungia  crassitentaculata,  nob. 

PLANCHE   l4,     FIGURES     3-4» 


Fungia ,  lutescens ,  radiata  ;  tentaculis  numero- 
sis  y  conicis ,  crassis ,  apice  luteo-virescentibus . 

Testa  orbicularis ,  planulata,  subtils  tenuiter 
striata  ;  lamellis  profundis ,  inœqualibus ,  va/de 
lo  bâtis. 

Espèce  de  moyenne  grandeur,  orbiculaire  ou 
légèrement  ovalaire,  aplatie  en  dessus  et  en  dessous, 
présentant  dans  le  premier  sens,  de  grandes  et 
de  petites  lamelles,  assez  irrégulièrement  réparties 
entre  elles.  Les  grandes  seules  atteignent  jusqu'au 
centre;  toutes  sont  largement  festonnées  comme 


ZOOPHYTES.  18.'$ 

dans  l'espèce  précédente.  Ces  denticules  sont  d'au- 
tant plus  larges,  qu'ils  avoisinent  le  milieu  de 
l'étoile.  La  surface  inférieure  est  assez  régulière- 
ment striée ,  avec  une  rugosité  au  centre ,  qui 
pourrait  faire  croire  que  le  Zoophyte  aurait  été 
fixé  par  un  pédicule  ;  ce  dont  nous  ne  nous  sou- 
venons pas,  lorsque  nous  le  recueillîmes  vivant. 
L'animal  est  d'un  jaunâtre  un  peu  sale,  légère- 
ment strié  à  sa  surface,  laquelle  est  recouverte 
par  de  nombreux  et  gros  tentacules,  qui  ressem- 
blent en  quelque  sorte  à  des  sangsues;  ils  sont 
allongés,  plus  gros  vers  le  milieu,  d'une  teinte 
fauve,  si  ce  n'est  à  l'extrémité,  qui  est  jaune  ver- 
dâtre.  C'est  par  une  absorption  interstitielle  que 
ces  tubes  se  remplissent  d'eau,  et  non  par  des  ou- 
vertures terminales  bien  marquées.  Cette  Fongie, 
qui  a  deux  pouces  et  demi  de  diamètre  et  sept 
lignes  d'épaisseur,  habite  Vanikoro. 


184  ZOOLOGIE. 


Genre  POLYPHYLLIE.  —  Poljphyîlia. 

Voici  comment  s'exprime  M.  de  Blainville,  rela- 
tivement à  ce  nouveau  genre,  clans  son  article 
Zoophyte,  du  grand  Dictionnaire  des  Sciences 
naturelles,  page  3o5  : 

«  Ce  genre  a  été  établi  par  MM.  Quov  et  Gai- 
«mard,  pour  des  Zoanlhaires  pierreux,  fort  remar- 
ie quables  en  ce  que  les  individus  sans  tentacules 
«autour  de  la  bouche,  mais  épars  sur  la  partie 
«  commune,  comprennent  dans  leur  intérieur  une 
«  masse  calcaire,  analogue  aux  Fongies  complexes, 
«  c'est-à-dire  mince,  libre,  en  grande  plaque,  mais 
«qui,  au  lieu  de  lamelles  partant  de  centres  plus 
«ou  moins  nombreux,  formant  des  loges  stelli- 
«  formes,  distinctes,  présente  des  crêtes  courtes, 
«  denticulées,  tranchantes,  toutes  perpendiculaires 
«au  grand  diamètre  du  polypier,  qui  a  un  sillon 
«médian  sur  toute  sa  longueur.  Il  n'y  a  aucune 
«apparence  d'étoile  sur  le  polypier,  et  cependant 
«  il  appartient  réellement  à  un  grand  nombre  d'ani- 
«  maux  actinoïdes,  bien  distincts  par  la  bouche,  et 
«  confluents  complètement  par  la  circonférence. 

«On  conçoit  qu'on  puisse  réunir  à  ce  genre  la 
«seconde  division  des  Fongies;  mais  c'est  ce  qu'il 
«  serait  trop  hardi  de  faire  en  ce  moment. 


ZOOPHYTES.  185 

«Les  animaux  sont  nombreux",  à  bouche  un 
«peu  saillante,  lobée  à  sa  circonférence,  couverts 
«  de  tentacules  nombreux,  épars  à  la  surface  d'une 
«partie  charnue,  enveloppant  de  toutes  parts  et 
«contenant  un  polypier  calcaire,  solide,  libre, 
«  diversiforme ,  en  plaque  convexe,  et  concave 
«  en  sens  opposé ,  denticulé  en  dessus ,  tubercu- 
«leux  par  dessous.» 


i.  POLYPHYLLIE  BASSIN. 
Polypliyllia pelvis ,  nob. 

An  Fungia  talpa  ?  Laniarck,  An.  s.  v.,  t.  II,  page  237. 
Lithactinia  Noi>œ-H)'berniœ,l>esson,  Illust.  Zool.,  pi.  6, 
f.  1-2. 


PLANCHE    20,   FIGURES   8-IO. 


Polyphyliia,  oblonga,  subtus  concava,  echinata; 
lamellis  subserialibus ,  brevissimis }  inœquàlibtis , 
scabris ,  denticulàtis. 

Poljpiis  conjluentibus  ,  sûbrubris  ;  tentaculù 
sparsis,  crassis,  apice  albidis  ;  bre  ovali,  crispa ta. 

Ce  polypier  non  adhérent  peut  varier  de  forme, 
mais  quelle  que  soit  celle  qu'il  affecte,  ronde, 
ovale   ou  subquadrilatère,    il   conserve  toujours 


186  ZOOLOGIE. 

celle  d'un  bassin  plus  ou  moins  profond,  et  dont 
les  bords  sont  un  peu  obliques.  Il  est  mince,  léger; 
néanmoins  il  ne  flotte  pas  naturellement,  et  s'il  se 
soutient  sur  l'eau,  c'est  à  la  manière  d'un  vase 
concave  et  en  prenant  les  mêmes  précautions. 
C'est  à  la  surface  convexe  que  sont  les  Polypes. 
Dans  les  grands  échantillons  elle  est  ordinairement 
marquée  d'une  ligne  de  séparation  dans  son  plus 
grand  diamètre,  laquelle  va  d'un  bord  à  l'autre. 

Les  lamelles  sont  très -nombreuses,  en  crêtes 
courtes ,  fortement  denticulées ,  granuleuses  sur 
les  côtés,  renforcées  à  leur  base  par  d'autres  pe- 
tites lames  moins  élevées  et  moins  denticulées  , 
de  manière  à  ce  que  chaque  grande  en  ait  une 
plus  petite.  La  surface  inférieure  est  striée  en 
ondes. 

Toute  la  superficie  est  tapissée  par  des  ani- 
maux confluents,  qui  n'affectent  point  de  séries 
régulières  ;  de  manière  que  les  bouches  s'ouvrent 
cà  et  là  au  fond  des  dentelures.  Elles  sont  ova- 
laires  ou  arrondies,  légèrement  frangées  dans 
leur  contour  ,  sans  trace  de  tentacules.  Ces 
derniers  ,  aussi  nombreux  qu'il  y  a  pour  ainsi 
dire  de  grandes  crêtes ,  sont  le  prolongement  de 
la  substance  charnue  qui  recouvre  ces  éminences. 
Ils  sont  courts,  coniques,  d'un  rouge  brun  assez 
intense,  comme  l'ensemble  du  Polype,  avec  leur 
extrémité  blanche .  Ces  appendices ,  qui  ont  tous 
la  même  direction,  ne  rayonnent  point  autour  de 


ZOOPHYTES.  187 

plusieurs  centres.  On  ne  les  voit  bien  que  dans 
l'eau,  et  lorsqu'ils  en  sont  sortis,  ils  s'enfoncent 
dans  les  ambulacres.  Après  l'estomac,  viennent 
les  filaments  blancs ,  tortillés  ,  communs  à  cette 
famille  de  Zoanthaires. 

Cette  Polyphyllie  n'est  point  rare  dans  la  mer 
du  Sud.  Notre  individu  provient  du  havre  Carte- 
ret,  à  la  Nouvelle-Hollande.  Nous  l'avons  aussi  ren- 
contré à  Vanikoro.  Des  échantillons  bien  conser- 
vés dans  la  liqueur  ont  été  déposés  au  Muséum. 


188  ZOOLOGIE. 


Genre  TURBINOLIE.—  TurbinùMa,  Lamk. 


Animal  simple,  membraneux,  actiniforme,  à 
bouche  centrale,  entourée  de  nombreux  et  longs 
tentacules.  Polypier  calcaire,  fixe,  conique,  com- 
primé, ayant  une  grande  cellule  profondément  et 
régulièrement  lamelleuse,  un  peu  déjetée  en  de- 
hors dans  son  contour.  Plus  ou  moins  striée  à 
l'extérieur. 


TURBINOLIE  ROUGE  *. 
Turbinolia  rubfa ,  iiob. 

PLANCHE  l4,   FIGURES   5-t). 


Turbinolia  ,  triangularis ,  compressa ,  cuneifor- 
mis  ;  Stella  oblonga,  sublutea  et  rubra  ;  lamellis 
regularibus  inœqualibus.  Animale  rubro;  tentaculis 
longis ,  aibis ,  veruoosis. 


*  C'esl  la  mi'rae  que  M.  de  Blainville  a  indiquée  sous  le  nom  de  Caryo- 
pliyllie  aplatie,  Dicl.  Zooph.,  tomeLX,  page  53o,  d'après  nos  manuscrits , 
dénomination  que  nous  avons  cru  deroir  rectifier. 


ZOOPHYTES.  189 

Nous  décrivons  ce  Zoophyte  comme  un  genre 
à  part,  en  attendant  qu'on  le  réunisse  aux  Caryo- 
phyllies,  dont  il  ne  parait  vraiment  être  qu'un 
individu,  vivant  isolé.  Cette  espèce,  haute  d'envi- 
ron un  pouce,  a  beaucoup  de  rapports  avec  la 
Turbinolie  comprimée  de  M.  de  Lamarck,  laquelle 
est  fossile.  Elle  est  toujours  fixée,  de  forme  trian- 
gulaire, comprimée,  élargie  un  peu  à  la  base.  Son 
ouverture,  ovalaire,  se  déjette  légèrement  en  de- 
hors. Son  contour  en  est  régulier,  un  peu  arqué, 
garni  en  dedans  d'environ  cinquante  lamelles  al- 
ternativement grandes  et  petites,  ne  débordant 
point.  Les  moins  longues  atteignent  à  peine  le 
fond  de  l'entonnoir,  qui  est  profond  et  rétréci.  Les 
parois  extérieures  sont  à  peine  striées,  et  de  cou- 
leur rougeâtre.  L'étoile  est  d'un  jaunâtre  clair 
avec  six  bandes  rouges.  L'animal  est  d'un  rouge 
très-vif.  Sa  bouche  est  ovalaire,  grande,  plissée, 
de  couleur  rosée,  avec  quelques  taches  blanchâ- 
tres, garnie  dans  son  contour  de  plusieurs  ran- 
gées d'assez  longs  tentacules  déliés,  blancs,  dia- 
phanes et  tuberculeux  sur  leur  longueur. 

Ce  Zoophyte  provient  de  la  Nouvelle-Zélande 
dans  le  détroit  de  Cook;  il  était  seul  adhérent  à 
une  Valve  de  Vénus,  et  fut  pris  par  vingt-cinq 
brasses  de  profondeur. 


190  ZOOLOGIE. 

Genre  CARYOPHYLLIE.  —  Caryophyllia  ,  Lamk. 

Animaux actiniformes, à  tentacules  nombreux, 
cylindriques,  saillants.  Polypiers  cylindro- coni- 
ques, à  lamelles  rayonnantes,  striés  en  dehors, 
simples,  fixés  par  la  base  et  à  peine  agrégés. 


i.  CARYOPHYLLIE  FASCICULÉE. 

Caryophyllia  fasciculata . 

Lamarck,  An.  s.  v.,  t.  II,  page  226,  n°  4- 

PLANCHE    l5,    FIGURES     3-6. 


Carjopliyllia  ,  cyluulris  clavato-turbinatis  aut 
cotnpressis ,  longiusculis ,  e  crus  ta  surrectis ,  diver- 
gentibus;  stellarum  lamellis  cxsertis.  Lam. 

Nous  venons  de  décrire  des  Actinies  pierreuses 
isolées.  Celles  qui  vont  maintenant  s'offrir  ten- 
dront à  s'agglomérer  de  plus  en  plus,  soit  qu'elles 
deviennent  rameuses  ou  qu'elles  s'unissent  sim- 


ZOOPHYTES.  1U1 

plement  par  leur  base,  ou  à  l'aide  d'un  ciment 
particulier,  dans  lequel  leurs  tuyaux  isolés  sont 
comme  implantés.  C'est  le  cas  de  la  Caryophyllie 
fasciculée,  dont  les  masses  peu  volumineuses  sont 
planes  ou  s'arrondissent  en  demi -sphère.  On  les 
rencontre  assez  ordinairement  abritées,  au  milieu 
des  places  vides  que  forment  d'autres  Madrépores. 

Les  tubes,  rapprochés  les  uns  des  autres,  sont 
coniques,  pointus,  droits  ou  quelquefois  courbés 
en  virgule,  cylindriques  ou  un  peu  comprimés, 
cannelés  à  l'extérieur.  L'étoile  est  découpée  en  la- 
melles profondes,  triangulaires,  aiguës,  légère- 
ment denticulées,  régulières  ou  entremêlées  de 
grandes  et  de  petites,  dont  le  nombre  varie  de 
vingt  à  vingt-cinq.  La  cavité  que  forme  leur  en- 
semble a  peu  de  profondeur;  elle  est  arrondie  ou 
ovalaire,  selon  la  disposition  du  tube. 

Tous  ces  tuyaux  sont  empâtés,  sans  se  toucher, 
dans  un  dépôt  crétacé,  aérolaire,  friable,  sécrété 
par  la  partie  de  l'animal  qui  déborde  le  polypier. 
Pareille  chose  a  lieu  dans  les  Tubipores,  qui  sont 
des  Zoophytes  d'une  autre  forme. 

Au  premier  aspect,  les  animaux  de  cette  Caryo- 
phyllie semblent  ne  former  qu'une  masse  con- 
fluente  d'un  beau  vert  velouté ,  parce  que  leurs 
tentacules  longs  et  flexibles  se  touchent  entre 
eux.  Ils  sont  cylindriques,  obtus  à  l'extrémité; 
quelques-uns  sont  seulement  verts  à  la  pointe  et 
rougeâtres  dans  le  reste  de  leur  étendue.  La  partie 


192  ZOOLOGIE, 

du  Polype  qui  descend  à  l'extérieur  le  long  de 
chaque  cylindre  est  également  rougeâtre  avec  des 
stries  longitudinales.  La  bouche  est  verte. 

Cette  espèce,  que  nous  ne  reproduisons  ici  qu'à 
cause  de  son  animal,  n'est  pas  très-répandue  dans 
la  mer  du  Sud.  Nous  l'avons  trouvée  à  Vanikoro. 
Nous  croyons  qu'elle  existe  aussi  à  l'île  de  France. 


ZOOPHYTES.  I9.'{ 


Genre  LOBOPHYJLLIE.  —  Lobophyllia,  Blàinv. 


Animaux  actiniformes ,  pourvus  d'une  grande 
quantité  de  tentacules  cylindriques  sortant  de 
loges  coniques,  subcirculaires  ou  sinueuses,  à 
lamelles  tranchantes,  composant  un  polypier  cal- 
caire, turbiné,  fixe,  strié  longïtudinalement  à  l'ex- 
térieur, très-lacuneux  à  l'intérieur. 


i.  LOBOPHYLLIE  ANGULEUSE. 

Lobophyllia  angulosa,  var. 


Caryophyll.  ahgul.,  Laraarck,  An.  s.  v.,  t.  II,  page  22g, 
n°  iB. 


PLANCHE   l5>   FIGURAS    1-2. 

Lobophyllia  ,  céspitdsa;  ramis  brevifcus,  eréctis, 
creberrimis  ;  stellis  orbiculatorsinuatis ,  irregula- 
ribus. 

Polypis  virescentibus  ;  tentaculis  longis  cylin- 
driciSy  fuscis,  apice  rotundis  viridibusquè. 

Zoologie,  t.  IV.  '  > 


194  ZOOLOGIE. 

Ce  nouveau  genre  a  été  formé  par  M.  de  Blain- 
ville,  aux  dépens  des  Caryophyllies ,  qui  ont  de 
longs  et  gros  tentacules.  L'espèce  représentée  ici 
est  une.  variété  de  la  Caryophyllie  que  nous  avons 
donnée  dans  la  planche  96  du  Voyage  de  l'Uranief 
laquelle  consiste  pour  le  polypier  dans  moins 
d'étendue ,  et  en  ce  que  les  étoiles  sont  plus  iso- 
lées, arrondies  et  moins  ondulées,  ou  anguleuses. 
Les  différences  que  présentent  les  Polypes  sont 
d'avoir  des  tentacules  plus  courts  et  moins  verts. 

Du  reste ,  la  partie  calcaire  forme  des  masses 
assez  considérables,  planes  ou  légèrement  sphé- 
riques,  peu  élevées,  dont  les  branches,  unies  par 
leur  base  et  striées  à  l'extérieur,  ont  un  ou  deux 
pouces  de  longueur.  Les  étoiles  en  sont  un  peu 
évasées,  à  lamelles  profondes,  inégales,  lisses  et 
arrondies.  Elles  laissent  au  fond  du  cône  un  es- 
pace vide,  ovalaire  ou  comprimé  selon  leur  forme, 
dans  lequel  se  loge  la  bouche  du  Polype. 

La  forme  de  ce  dernier  est  traduite  par  celle  des 
cellules  qu'il  déborde,  en  descendant  à  quelques 
lignes  le  long  de  l'extérieur  de  la  tige.  Il  est  re- 
couvert de  tentacules  nombreux,  qui  sont  d'un 
beau  vert  tant  qu'ils  demeurent  rapprochés,  parce 
qu'il  n'y  a  que  leur  pointe  obtuse  qui  ait  cette 
couleur.  Le  reste  de  leur  étendue  est  brun  ver- 
dâtre. 

Les  grands  individus  de  cette  espèce  forment 
des  massifs  d'un   vert  admirable  par  l'union  de 


ZOOPHITES.  195 

leurs  tentacules,  qui  sont  si  longs  qu'on  peut  les 
saisir  à  pleines  mains  sans  crainte  de  les  voir  se 
contracter  et  disparaître.  Ils  adhèrent  à  la  peau 
comme  ceux  des  Actinies. 

Nos  individus  qui  ont  été  déposés ,  très-bien 
conservés,  au  Muséum,  proviennent  du  havre  Car- 
teret  à  la  Nouvelle-Irlande. 

Nous  ferons  observer  qu'il  y  a  de  si  grandes 
différences  entre  les  animaux  de  ce  Zoophyte  et 
ceux  de  la  Caryophyllie  en  arbre,  que  nous  a  fait 
connaître  Donati,  que  ces  derniers,  dont  nous  ne 
concevons  pas  trop  la  forme ,  auraient  besoin 
d'être  examinés  de  nouveau  pour  s'assurer  si  réel- 
lement ils  sont  tels;  ce  dont  nous  doutons  beau- 
coup. 


2.  LOBOPHYLLIE  ORANGEE. 

Lobophyllia  aurea ,  nob. 

PLANCHE  l5  ,  FIGURES   J-  I  I . 


Lobophyllia,  ramis  brevibus  ovatis  mit  rompre. s- 
sis ,  extrinsecus  striatis,  aureis  ;  stellis  excoriatis. 
Poljpis  aurantiacis ,  brevitentaculatis. 


190  ZOOLOGIE. 

Tubes  courts,  gros,  cylindriques  ou  comprimés, 
finement  striés  à  l'extérieur.  Les  arêtes  des  canne- 
lures sont  denticulées.  Le  contour  des  étoiles  est 
irrégulier,  comme  déchiré,  à  lamelles  grandes  et 
petites  alternativement,  légèrement  dentelées.  Le 
polypier  est  brunâtre  ou  participe  de  la  couleur 
de  l'animal.  Son  intérieur  est  formé  de  réticula- 
tions  confuses. 

Le  Polype  est  profondément  enfoncé  dans  sa 
cellule;  sa  bouche  est  ovalaire  et  entourée  de 
tentacules  fort  petits.  Ces  parties  sont  d'un  orangé 
plus  intense  autour  de  l'orifice  buccal.  Les  ovaires 
sont  jaunâtres.  Cette  espèce,  cpii  n'a  qu'un  demi- 
pouce  de  longueur ,  se  trouve  au  port  du  Roi- 
Georges  et  au  port  Jackson  de  la  Nouvelle-Hollande. 


ZOOPHYTES.  197 


Genre  DENDROPHYLLIE.— Dendgoph)  llia, 

Blaiuville. 


Animaux  actiniformes ,  pourvus  d'un  granû 
nombre  de  tentacules,  au  milieu  desquels  est  la 
bouche,  contenus  et  à  peine  saillants  dans  des 
loges  profondes,  rayonnées,  à  lamelles  nombreuses; 
polypier  largement  fixé,  comme  tronqué,  arbo- 
rescent, strié  en  dehors,  lacuneux  intérieurement. 


DENDROPHYLLIE  ROUGEA.TRE. 

Dendropliyllia  rubcola ,  nob. 

PLANCHE   l5,  FIGURES  I2-l5. 

Dendrophjllia,  cylindricis ,  reçus,  mihimis,  sub- 
cespitosis ,  agregatis  \  fasciculis  rubentibus. 

Polypis  subrubris,  tentaculatis;  limbo  viridicir- 
cumdato ,  ore  prvminenti  conico,  crispato. 

M.  de  Blainville  a  établi  ce  genre  avec  certaines 
Caryopjxyllies  arborescentes,  cylindriques  et  trou- 


198  ZOOLOGIE. 

quéès  à  l'extrémité  des  rameaux,  qui  portent  des 
étoiles  isolées. 

Cette  espèce  a  de  grands  rapports  avec  la  Ca- 
ryoplryllie  en  gerbe.  On  la  trouve  par  petits  groupes 
irréguliers,  dont  les  tubes  fort  courts,  longs  de 
deux  à  trois  lignes,  sont  cylindriques,  légèrement 
cannelés,  coupés  net  à  leur  extrémité.  Le  contour 
du  limbe  est  linéaire  et  bien  régulier.  Les  étoiles 
sont  coniques,  à  lamelles  petites  et  grandes  alter- 
nativement. Tout  le  polypier  est  d'un  rougeâtre 
clair. 

Les  Polypes,  qui  sont  aussi  de  la  même  couleur, 
s'élèvent  en  bourrelet  au  dessus  des  étoiles.  Leur 
disque  est  assez  largement  rayonné  et  marqué 
d'un  cercle  vert  fort  étroit.  Plus  en  dedans  sont 
de  petits  tentacules  grêles,  du  centre  desquels  sort 
une  longue  bouche  en  cône  renversé,  découpée 
dans  son  contour. 

Ce  Zoophyte  marin  a  été  trouvé  dans  ce  qu'on 
appelle  la  rivière  Tamise  à  la  Nouvelle-Zélande. 


ZQOPHYTES.  190 


Genre  ASTRÉE. — Astrea,  Lamk. 


Animaux  actiniformes ,  courts,  granuleux,  à 
bouche  médiane,  entourée  de  tentacules  en  géné- 
ral fort  courts,  peu  nombreux,  contenus  dans  des 
loges  lamelleuses ,  radiaires ,  polymorphes ,  peu 
profondes,  formant  des  masses  encroûtantes  ou 
arrondies  en  boule. 


Dans  ce  genre,  les  animaux  se  rapprochent  da- 
vantage et  finissent  même  par  se  toucher  et  deve- 
nir confluents  dans  les  dernières  espèces.  Toute- 
fois des  lignes  distinctes  indiquent  la  démarcation 
de  chacun  d'entre  eux.  En  général  ils  varient 
assez  peu  de  forme.  Leurs  tentacules  sont  à  peine 
indiqués;  quelques  espèces  les  ont  un  peu  plus 
saillants  que  d'autres.  Mais  celles  où  ils  existent 
en  plus  ou  moins  grand  nombre  et  dont  les  tubes 
s'élèvent  au  dessus  du  polypier,  méritent  de  fixer 
l'attention,  parce  qu'il  est  possible  qu'on  en  fasse 
quelque  jour  un  genre  à  part.  Les  tentacules 
sont  placés  autour  de  la  bouche.  Cette  dernière, 
plus  ou  moins  saillante,  donne  dans  un  estomac 


200  ZOOLOGIE, 

ovalaire;  puis  viennent  de  nombreux  ovaires  dé- 
liés et  tortillés.  Les  rayons  du  disque  charnu  sont 
toujours  plissés  en  travers,  de  manière  à  former 
des  lignes  tuberculeuses.  Il  est  des  Astrées  apla- 
ties; mais  le  plus  grand  nombre  tend  à  former 
des  demi-sphères  toujours  peu  volumineuses.  Le 
vert  et  le  jaune  sont  les  couleurs  qui  dominent 
dans  leurs  teintes. 


A.  Espèces  a  polypes  tubulés,  saillants,  et  dont  la 

BOUCHE    EST     ENTOUREE     d'un    PLUS     OU     MOINS     GRA.ND 
NOMBRE  DE   TENTACULES. 

(Tubastrèe  de  Blainville.) 


i.  ASTREE  CALICULAIRE. 

Astre  a  calicularis. 

Madrépore  rayon  d'abeille,  Linn. 

Elliset  Sol,  pi.  5. 

Boccog.,  Mus.,  vol.  i,   pi.  5. 

Gualticri,  pi.  ig. 

Knor.,  vol.  i,  pi.  A,  n°  i. 

Cavolini,  M.  i,  tab.  3,  f.  i-5. 

Madrepora  ealycularis  ,  Délia  Chiaie,  pi.  17,  f.  7. 

Journal  de  Phys. ,  ann.  1806,  page  435,  pi.  1,  fig.  B. 


ZOOPHYTES.  201 

Caryophyllia  calyrularis ,  Lamk.,  t.  ir,  page  17.6,  n°  2. 
Dict.  d'hist.  nat.,  2e  édit.,  Deterville,  t.  16,  page  364. 
Astroïde  jaune ',  Quoy  et  Gaimard,  Ann.  se.  nat.,  t.  io, 
p.  187,  pi.  9,  B. 


PLANCHE    10,    FIGURES    l6'-23. 


Asti-ca,  crustacea,  plana;  stellis  excavatis,  qua- 
dratis  vel  polygoniis.,  Juscis;  centro  promiriulo. 

Polypis  cylînchicis  prominentibus  ereciis,  auran- 
tiacis  ;  tentaculis,  birds>  breyibus  ;  ore  prominenti. 

La  synonymie  indique  sous  combien  de  noms 
ce  Zoophyte  était  connu  avant  que  nous-mêmes 
nous  ne  lui  en  imposions  par  mégarde  un  de  plus. 
Frappés  en  effet  de  quelques  différences  dans  les 
Polypes  d'avec  ceux  des  Astrées  ordinaires,  nous 
lappelàmes  Astréoïde;  mais  ayant  abandonné  de- 
puis cette  dénomination  appliquée  rapidement  et 
à  la  mer,  nous  lui  rendons  celle  d'Astrée,  jusqu'à 
ce  qu'on  trouve  assez  de  caractères  pour  établir 
un  genre  avec  les  espèces  dont  les  Polypes  s'élèvent 
en  forme  de  tube. 

Nous  devons  promptement  dire  aussi  que  si 
nous  n'avions  pas  craint  de  surcharger  encore 
cette  espèce  d'un  nom ,  nous  lui  aurions  oté  celui 
de  Caliculaire,  qui   pourrait    la   faire  confondre 


202  ZOOLOGIE. 

avec  celle  que  M.  Lamarck  a  appelée  ainsi,  la- 
quelle en  est  bien  distincte  et  provient  des  mers 
australes.  Ce  double  emploi  tient  à  ce  que  l'au- 
teur ci-dessus  avait  placé  cette  Astrée  parmi  les 
Caryophyllies  :  erreur  qui  avait  échappé  à  sa  sa- 
gacité. 

Vincent  Rosa,  conservateur  du  muséum  d'his- 
toire naturelle  de  Pavie,  est  probablement  le  pre- 
mier qui  ait  observé  vivant  ce  Zoophyte,  dans  les 
environs  d'Alger.  Sa  description  que  Bosc  fit  in- 
sérer, en  1806,  dans  le  Journal  de  physique  avec 
un  dessin  assez  peu  correct,  fut  reproduite  depuis 
dans  la  seconde  édition  du  Dictionnaire  de  Deter- 
ville,  à  l'article  Madrépore. 

Depuis,  M.  Délia  Chiaie  de  Naples  en  a  donné 
une  figure  en  noir  dans  son  intéressant  ouvrage. 
Nous  aurions  donc  pu,  à  la  rigueur,  nous  dispenser 
d'en  parler,  si  nous  ne  tenions  à  faire  connaître 
cette  espèce  avec  sa  forme  et  ses  couleurs  natu- 
relles. 

On  la  trouve  ordinairement  en  petites  masses 
encroûtantes  ,  planes  ou  légèrement  arrondies  , 
de  quelques  pouces  d'étendue  sur  quelques 
lignes  d'épaisseur.  Les  étoiles  sont  pressées  en 
forme  d'alvéoles  ,  arrondies  ou  polygonales , 
rarement  à  six  côtés.  Les  bords  en  sont  unis,  sans 
dentelures  ;  les  lamelles  nombreuses ,  verticales  , 
régulières.  Quelques-unes  cependant  font  un  peu 
plus  de  saillie  que  les  autres,  sans  converger  dans 


ZOOPHYTES.  203 

le  fond  de  l'étoile,  du  milieu  duquel  s'élève  un 
petit  tubercule  poreux. 

Dans  leur  développement  les  Polypes  sont  sail- 
lants de  près  d'un  demi-pouce,  cylindriques  ou 
un  peu  ventrus ,  striés  en  long.  Leur  bouche  est 
proéminente,  ovalaire,  plissée,  entourée  de  tenta- 
cules courts,  réguliers,  un  peu  tuberculeux  ;  notre 
manuscrit  dit  de  deux  rangées,  mais  le  dessin 
n'en  indique  qu'une  seule.  Ces  animaux  sont  très- 
contractiles  et  s'enfoncent  dans  leurs  loges  de 
manière  à  disparaître  en  partie.  Leur  couleur 
est  d'un  bel  orangé  velouté,  plus  intense  sur  la 
bouche  et  les  tentacules.  Le  polypier  est  d'un 
brun  sale  et  blanchâtre  dans  quelques  points, 

On  conserve  très-bien  ce  Zoophyte  dans  la  li- 
queur. Les  Polypes  peuvent  encore  s'y  étudier  et 
sont  même  quelquefois  saillants  hors  des  étoiles, 
selon  le  temps  où  ils  ont  été  saisis. 

Habite  les  environs  du  mouillage  de  Guettare 
dans  la  baie  d'Algesiras. 


204  ZOOLOGIE. 

2.  ASTRÉE  VERTE. 

Astrea  -viridis ,  nob. 

PLANCHE    l6,   FIGURES    1-3. 


Astrea,  ghbulosa  vel  ovali;  stellis  parvis,  com- 
pressis, poljgoniis,  conicis;  lamellis œqualibus mar- 
gine  ragosis. 

Polypis  tubulosis ,  prominentibus ,  striatis ,  gri- 
seis  ;  tentaculis  numéro  sis simis,  viridibus. 

Cette  espèce  a  ses  Polypes  encore  plus  proé- 
minents que  ceux  de  la  précédente.  Elle  a  des 
rapports  avec  l'Astrée  Réseau,  qui  a  ses  étoiles 
beaucoup  plus  régulières  qu'elle ,  et  semble  être 
l'analogue  d'un  fossile  qu'on  rencontre  à  Puiseux. 

On  la  trouve  en  petites  masses  de  la  grosseur 
du  poing,  arrondies  ou  ovalaires.  Ses  étoiles  sont 
petites  ,  pressées  ,  polygonales  ,  d'environ  deux 
lignes  de  diamètre,  assez  profondes,  coniques,  à 
Lords  verticaux,  dont  le  contour  est  rugueux, 
comme  scarieux.  Les  lamelles  sont  égales,  denti- 
culées  et  n'atteignent  point  le  fond  des  alvéoles. 
L'intérieur  du  polypier  est  formé  d'aréoles  arron- 
dies, petites  et  confuses.  Sa  couleur  est  d'un  brun 


ZOOPHYTES.  205 

noirâtre  à  l'extérieur,  probablement  duc  à  la  ma- 
cération des  animaux  dans  leurs  cellules. 

Ces  derniers  sont  assez  peu  confluents,  cylin- 
driques, longs  de  plus  de  six  lignes,  striés  en  long 
et  en  travers  et  maimnelonnés  dans  leur  contrac- 
tion. Le  disque  buccal  est  très-développé,  arrondi, 
garni  d'un  grand  nombre  de  tentacules  peu  ré- 
guliers d'un  beau  vert;  la  bouche  et  le  reste  du 
tube  sont  d'un  gris  bleuâtre.  Ces  Zooplrytes  ren- 
trent complètement  dans  leurs  loges,  et  l'on  ne 
voit  alors  'que  des  aréoles  d'un  gris  ardoisé  ayant 
quelques  points  verts  au  milieu. 

Il  ne  faut  pas  confondre  cette  Astrée  avec  le 
Goniopore  pédoncule  que  nous  décrirons  plus  bas. 

Habite  l'île  de  Vanikoro. 


B.  Espèces  a  polypes  planes  et  a  tentacules  rudi- 

MENTAIRES. 

3.  ASTRÉE  ANOMALE. 

Astrea  abdita. 

Lamarck,  An.  s.  v.,  t.  II,  page  ?i)5,  n°  22. 

PLANCHE    l6,    FIGURES   4  "  5. 

Astrea,  conglomerata,  semiglobata  <mi  plana  ; 
si  cl  lis  angulatis ,  patulis ,  margine  acutis,  multila- 


206  ZOOLOGIE. 

mellosis,   conicis  centra  angustis  ;  lamelhs  crenu- 
lato-dentatis. 

Polypis  radiatis  subtubereidosis ,  luteis ;  tenta- 
culis  longis  lanceolatis,  ondulatis,  sulphiïreo  colore. 

L'individu  que  nous  représentons  est  une  va- 
riété de  cette  grande  et  belle  espèce,  ayant  ses 
étoiles  un  peu  moins  hexagonales.  Les  masses  que 
forme  cette  Astrée  sont  planes  ou  tendent  à  for- 
mer de  larges  demi-sphères.  Les  alvéoles  ont  de 
neuf  à  dix  lignes  de  diamètre;  elles  sont  un  peu 
confluentes,  arrondies  ou  polygonales,  évasées, 
peu  profondes,  à  lamelles  larges  et  uniformes, 
mais  fortement  denticulées.  Le  cône  qu'elles  for- 
ment se  rétrécit  brusquement  de  manière  à  en 
former  comme  un  second  plus  étroit  succédant 
au  premier  :  ce  que  nous  n'avons  vu  que  dans 
cette  espèce.  Une  coupe  horizontale  du  polypier 
présente  un  assez  agréable  effet  de  rayons  lamel- 
leux  d'un  brun  clair  ,  circonscrit  par  une  assez 
large  bandelette  blanche. 

Les  animaux  sont  confluents,  un  peu  quadrila- 
tères, à  bords  épais,  d'un  jaune  de  Naples foncé. 
Ce  qu'ils  ont  de  remarquable,  et  que  nous  n'avons 
pas  rencontré  dans  les  autres  espèces  de  vraies 
Astrées ,  c'est  d'avoir  de  longs  tentacules,  aplatis, 
lancéolés,  un  peu  bosselés,  d'un  jaune  de  soufre 
clair. 

Habite  l'île  Vanikoro. 


Z00P11YTES.  207 


/,.  ASTREE  ANANAS. 
Astrea  Ananas. 

Lamarck,  An.  s.  v.,  t.  II,  page  260,  n°  5. 
Pouha-ha,  parles  indigènes  de  Tonga. 

PLANCHE    l6  j    FIGURES   6-J. 


Astrea,  stellis  subangulatis ,  inœquaUlms ,  mul- 
tiradicatis  ;  marginibus  convexis,  lamellosis ,  la- 
mellis  denticulatis  ;  interstitiis  concavis,  (Lamk.  ) 

Poljpis  rotundis  luteo-virescentibus ,  i  11  tus  fus- 
cis  ;    tetitaculis  brevibus  tubcrcalatis  ;  ore  brurieo. 

Varietas  ;  animalibus  sulphureo  colore  ,  intus 
fusco  circulatis. 

Elle  a  quelques  rapports  avec  i'Astrée  Cardère, 
sans  avoir  cependant  ses  lamelles  aussi  rugueuses 
et  aussi  âpres.  Elle  a  de  la  disposition  à  s'arrondir 
en  boules  assez  volumineuses.  Ses  étoiles,  de  qua- 
tre à  cinq  lignes  de  diamètre,  sont  assez  irrégu- 
lières, pressées,  ovalaires,  rarement  polygonales, 
à  bords  un  peu  élevés,  épais,  arrondis,  sillonnés  à 
l'extérieur;  au  dedans,  à  lamelles  assez  épaisses, 
régulières,  denticulées,  sans  être  épineuses. 


208  ZOOLOGIE. 

Les  animaux  sont  d'un  jaune  verdâtre  dans 
leur  contour ,  et  brunâtre  au  milieu.  La  bouche 
est  ovalaire  et  de  couleur  rouge  brun.  Les  tenta- 
cules ne  sont  autre  chose  que  de  petits  tuber- 
cules arrondis  qu'on  ne  peut  bien  voir  qu'à  la 
loupe. 

Habite  Tonga.  Sur  notre  exemplaire,  de  la  gros- 
seur du  poing,  se  trouvaient  de  très  petites  espèces 
de  Balanes  enfoncées  dans  le  polypier,  et  faisant 
saillir  leurs  cirrhes  de  manière  à  pouvoir  les  faire 
confondre  avec  les  animaux  de  l'Astrée,  par  quel- 
qu'un d'inattentif. 

Une  variété  que  nous  figurons  et  qui  provient 
du  même  lieu,  a  ses  Polypes  plus  arrondis,  d'un 
jaune  serin  sur  les  bords ,  plus  clair  au  centre , 
où  l'on  voit  un  petit  cercle  d'un  brun  violacé. 

M.  Lesueur  a  décrit  et  figuré  dans  les  Mémoires 
du  Muséum,  tome  VI,  page  2  85,  une  Astrée  sous 
le  nom  d'Ananas,  qui  nous  semble  être  ni  celle  de 
M.  Lamarck ,  ni  la  nôtre.  Elle  doit  sans  doute  for- 
mer une  espèce  nouvelle.  Rien  n'est  plus  facile  que 
de  se  tromper  avec  des  phrases  descriptives  aussi 
courtes,  quand  on  n'a  pas  les  échantillons  sous 
les  yeux  pour  comparer;  ce  que  nous  avons  tou- 
jours eu  la  précaution  de  faire  avec  les  espèces  du 
muséum. 


ZOOPHYTES.  209 


5.  ASTRÉE  ANNULAIRE. 
Astrai  annularis. 

Lamarck,  An.  s.  v.,  t.  II,  page  25g,  n°  3. 

PLANCHE    17,   FIGURES    17-18. 


Astrea,  stellis,  remotiusculis,  marginc,  elevatis, 
r.r/i/s  subradïantibus  ;  interstitiis  piano  -  concavis , 
radin  lis.  (Lam.  ) 

Polypis  luteo-viridibus ,  splendentibus. 

Elle  se  présente  en  petites  masses  planes,  ou 
subarrondies,  peu  épaisses,  remarquables  par  la 
disposition  qu'ont  les  étoiles  à  s'élever  en  forme 
de  tubes,  quoiqu'elles  soient  assez  rapprochées 
les  unes  des  autres.  Comme  elles  sont  un  peu  co- 
niques et  parfaitement  rondes,  elles  laissent  entre 
elles  des  espaces  vides.  Leur  diamètre  est  d'environ 
trois  ou  quatre  lignes.  Le  contour  en  est  rugueux, 
fortement  denticulé,  strié  sur  sa  face  externe  ;  les 
cannelures  sont  régulièrement  denticulées.  Les  ca- 
vités sont  profondes,  à  lamelles  internes,  bien  mar- 
quées, se  prolongeant  jusqu'au  fond  du  cône. 

Zoologie,  t.  iv.  i4 


2(0  ZOOLOGIE. 

Les  Polypes  sont  arrondis,  et  n'offrent  rien  de 
remarquable  dans  leur  forme  générale  de  l'espèce 
précédente.  Mais  le  fond  de  leur  couleur,  d'un  joli 
jaune  verdâtre,  est  parsemé  de  petits  points  d'un 
vert  métallique ,  ce  qui  rend  la  surface  de  ces  ani- 
maux comme  glacée.  Il  est  extrêmement  difficile, 
pour  ne  pas  dire  impossible,  de  rendre  ces  nuances 
dans  un  dessin. 

Cette  Astrée  formait  des  demi- sphères  de  la 
grosseur  du  poing,  sur  le  récif  du  havre  Carteret, 
à  la  Nouvelle-Irlande. 

M.  Lamarck  indique  une  variété ,  comme  pro- 
venant de  la  Nouvelle-Hollande;  ce  qui  est  douteux 
pour  nous. 


6.  ASTRÉE  CARDERE. 
Astre  a  dipsacea ,  var. 

Lamarck,  An.  s.  v.,  t.  II,  page  262,  n°  16. 

a 

PLANCHE    iy  ,    FIGURES    1-2. 

Astrea,  conglomerata;  stellis  magnis,  inœqua- 
libus ,  angulatis  ;  margine  lato  echinato  ;  parietibus 
multilamellosis ;  lamellis  serrato-dentatis. 


ZOOPHYTES.  211 

Polypis  margine  cineraceis,  centra  viridibus,  reti- 
culatis. 


Cette  Astrée  est  une  variété,  à  étoiles  plus  petites, 
de  la  Cardère.  Elle  a  de  certains  rapports  avec  la 
vermoulue,  dont  les  alvéoles  sont  cependant  plus 
comprimées,  et  un  peu  méandriformes. 

Elle  forme  des  encroûtements  peu  considérables, 
subaplatis,  rarement  orbiculaires.  Les  loges,  qui 
ont  de  cinq  à  six  lignes  de  diamètre,  sont  arron- 
dies, profondes,  coniques,  fortement  lamelleuses. 
Ces  lamelles  ont  leurs  bords  tellement  épineux, 
que  toute  la  surface  du  Polype  est  hérissée  de 
pointes  aiguës,  que  les  animaux  qui  les  recou- 
vrent sur  le  vivant  adoucissent  un  peu,  mais  ne 
font  pas  disparaître. 

Les  Polypes  sont  grisâtres  sur  le  bord  du  man- 
teau, et  d'un  beau  vert  au  milieu,  avec  des  rayons 
de  la  même  couleur,  croisés  par  des  cercles  con- 
centriques ;  ce  qui  donne  à  cette  partie  un  aspect 
réticulé.  La  bouche  et  les  tentacules  sont  égale- 
ment verts.  Quelques-uns  de  ces  Zoophytes  ont 
une  forme  ovalaire  ou  subquadrilatère. 

Habite  l'île  Tonga. 


i4" 


212  ZOOLOGIE. 


7.  ASTRÉE  DIFFLUENTE. 
Astrea  diffluens. 
Lamarck,  An.  s.  v.,  t.  II,  page  267,  n°  16. 

PLANCHE    17,  FIGURES    l5-l6. 


Astrea,  inerustans ,  plano-undata  ;  stellis  contigids 
minimis ,  înœqualibus ,  dijfluentibus ,  majusculis  ; 
laméllis  integris,  wuhdatis. 

Ardmalibus  recessis ,  viridibus. 

Cette  espèce  forme  des  encroûtements  fort 
minces,  assez  étendus,  planes.  Elle  est  remar- 
quable par  la  forme  et  la  disposition  de  ses  étoiles, 
qui  se  touchent  toutes  en  se  formant  les  unes 
par  les  autres;  c'est-à-dire  que  les  lamelles  d'une 
alvéole  peuvent  être  communes  à  cinq  ou  six  de 
celles  qui  l'environnent,  ce  qui  rend  par  consé- 
quent les  Polypes  plus  confluents  que  dans  aucune 
autre  espèce.  Chaque  loge  ressemble  à  une  petite 
Fongie  dont  les  lamelles  seraient  ondulées,  égales 
en  longueur,  mais  inégales  en  hauteur  et  en 
épaisseur. 


ZOOPHYTES.  2i:i 

L'animal  est  traduit  par  la  disposition  du  poly- 
pier. Sa  boucLe  est  ovalaire,  et  les  rayons  qui  en 
partent  font  ressembler  chacun  de  ces  Zoophytes 
à  de  petites  Gorgones  d'un  joli  vert  jaunâtre.  La 
substance  pierreuse  est  elle-même  un  peu  jaune. 

Cette  Astrée  mieux  étudiée  sera  probablement 
susceptible  de  former  un  nouveau  genre.  Elle  ha- 
bite le  havre  Carteret,  à  la  Nouvelle-Irlande. 


8.  ASTRÉE  D'AMBOINE. 
Astrea  amboinensîs ,  nob. 

PLANCHE   17,    FIGUKES   3-y. 


Àstrea ,  polypis  confluentibus ,  orbiculatis,  obs- 

cure-viridibus ,  granulatîs.  , 

Il  est  malheureux  que  ce  soit  l'espèce  dont  nous 
ayons  le  mieux  étudié  l'animal,  que  nous  n'avons 
pu  comparer  et  bien  caractériser  à  notre  re- 
tour ,  ayant  confondu  le  polypier  avec  d'autres , 
et  n'ayant  pas  voulu  nous  exposer  à  le  dénommer 
au  hasard.  En  attendant  les  éclaircissements  qu'on 


214  ZOOLOGIE. 

pourra  obtenir  quelque  jour  à  ce  sujet,  nous 
avons  donné  à  cette  Astrée  le  nom  du  pays  d'où 
elle  provient. 

Les  Polypes  sont  confluents,  arrondis ,  formés 
de  rayons  granuleux,  aboutissant  à  un  cercle  lisse 
qui  les  sépare  des  tentacules.  Ceux-ci,  courts  et 
fort  petits,  entourent  une  bouche  ronde  ou  ova- 
laire,  plissée  sur  ses  bords;  elle  pénètre  dans  un 
estomac  en  forme  de  cul-de-sac,  autour  duquel 
sont  d'assez  nombreux  filaments  en  spirale,  con- 
sidérés comme  des  organes  qui  servent  à  la  géné- 
ration. Us  sont  contenus  dans  les  lamelles  sous-ja- 
centes  à  la  bouche. 

Ce  Zoophyte  est  d'un  vert  sombre  velouté,  un 
peu  plus  intense  sur  les  tentacules.  C'est  lui  que 
nous  avons  transporté  vivant  des  Moluques  dans 
les  régions  assez  froides  de  la  terre  de  Van-Diemen. 
Les  figures  au  trait  montrent  les  différents  aspects 
que  peuvent  prendre  les  Polypes,  en  s'élevant  au- 
dessus  de  leurs  alvéoles.  On  peut  juger  de  la  forme 
de  ces  dernières  d'après  la  disposition  des  animaux. 


ZOOPHYTES.  215 


9.  ASTPxÉE   BRUNE  ET  VERTE. 

Astrea  fusco-viridis  ,  nob. 


PLANCHE    I y  ,   FIGURES   8-9. 


Astrea,  animalibus  irregidaribus,  subquadratis , 
margine  spadiceis ,  intus  viridib'us. 

Nous  ferons  pour  cette  espèce  la  même  obser- 
vation que  pour  la  précédente,  c'est-à-dire  que 
nous  nous  contentons  d'en  décrire  les  animaux, 
sans  pouvoir  indiquer  si  le  polypier  appartient  à 
une  Astrée  déjà  connue,  ou  s'il  est  nouveau: 

Les  Polypes,  en  assez  petit  nombre,  mais  grands, 
sont  en  général  peu  arrondis,  quelquefois  subqua- 
drilatères, d'un  brun  de  chocolat  dans  leur  con- 
tour, et  d'un  beau  vert  au  milieu,  ainsi  que  la 
bouche.  Les  tentacules  sont  assez  saillants,  et  les 
rayons  stellaires  bien  marqués,  granuleux. 

Nous  n'avons  jamais  trouvé  que  de  très-petits 
groupes  de  cette  Astrée,  qui  nous  paraît  nouvelle. 
Elle  habite  Tonga-Tabou. 


216  ZOOLOGIE. 


io.  ASTREE  GALAXEE. 


Astrca  galaxea. 


Lamarck,  An.  s.  v.,  t.  II,  page  267,  n°  3i. 

Lesueur,  Mém.  du  Mus.,  t.  VI,  page  a85,  pi.  16,  f.  i3. 


PLANCHE    IJ,    FIGURES   10-l4. 


Astrea,  incrustons,  subglobosa  aut  plana;  stellis 
confettis  ,  excavatis  ,  rotimdis  ,  multilqmellosis  ; 
lamellis  serrulatis,  margine  regularker  denticulatis : 

Polypis  confluentibus ,  viridibus,  subtus  ruben- 
tibus. 

Nos  échantillons  ont  les  étoiles  un  peu  plus 
grandes  que  ceux  du  Muséum.  Ils  forment  de 
petites  plaques  encroûtantes  de  trois  à  quatre 
pouces  de  diamètre  sur  un  d'épaisseur.  Les  al- 
véoles ont  une  ligne  et  demie  à  deux  lignes  de 
diamètre.  Elles  sont  peu  profondes,  bien  arrondies, 
quoique  se  touchant,  à  lamelles  dont  le  bord  est 
arrondi  et  régulièrement  denticulé  ;  ce  qui  ne  se 
voit  bien  qu'à  la  loupe,  et  donne  un  caractère 
particulier  et  distinctif  à  cette  espèce.  Ces  lamelles 
alternent  entre  elles  de  grandeur,  et  dégénèrent 
en  petits  tubercules  au  fond  de  l'étoile. 


ZOOPHYTES.  217 

Les  animaux  sont  confluents  ,  formant  une 
surface  d'un  beau  vert-pré  sous  les  eaux.  Cette 
couleur  n'est  qu'un  pigmentum  qui  s'enlève  assez 
facilement  pour  faire  place  à  une  teinte  rougeâtre. 
Nos  dessins  représentent  de  longs  filaments  blancs, 
contournés,  sortant  par  l'ouverture  de  la  bouche, 
et  que  le  manuscrit  indique  comme  des  tenta- 
cules. Nous  les  laissons  subsister  tels  qu'ils  étaient, 
en  prévenant  que  ce  ne  sont  probablement  pas 
des  tentacules,  mais  des  organes  générateurs  qui 
sortaient  par  cette  issue. 

Si  l'espèce  qu'a  figurée  M.  Lesueur  est  la  même 
que  la  notre,  elle  présente  quelques  différences 
dans  les  teintes. 

Cette  Astrée  se  trouve  au  port  du  Roi-Georges, 
dans  les  lieux  abrités,  et  par  une  petite  profon- 
deur. Sa  brillante  couleur  la  fait  facilement  dis- 
tinguer, là  surtout  que  les  Zoophytes  en  ont  géné- 
ralement de  peu  éclatantes. 


218  ZOOLOGIE. 


Genre  GONIOPORE.—  Goniopora,  Blainv. 

* 

Animaux  actiniformes,  allongés,  cylindriques, 
pourvus  d'une  couronne  de  plus  de  douze  tenta- 
cules simples  et  assez  longs,  contenus  dans  des 
loges  polygonales,  irrégulières,  échinulées  sur  les 
bords,  formant  un  polypier  glomérulé,  arrondi, 
encroûtant  et  très-poreux. 


GONIOPORE  PÉDONCULE. 

Goniopora  pedtuiculata ,  nob. 

Astrée  calyculaire ,  var.,  Lani.,  t.  II,  page  266,  n°  27. 

PLANCHE    l6,   FIGURES  9-II. 

Goniopora ,  glomerata,  reticulata;  ccUulis  parvis 
subhexagonis ,  contiguis,  lamellatis ,  margine  gra- 
nulatis. 

Poljpis  viridibus  subcorifhicntibus,  pedunculatis; 
tentaculis  çylindricis  numerosis. 


ZOOPHYTES.  2K> 

Nous  avons  formé  ce  genre  aux  dépens  des 
Astrées  dont  le  polypier,  arrondi  en  boule,  a  de 
petites  cellules  irrégulières,  serrées,  profondes, 
poreuses  et  échinulées,  et  des  animaux  assez  lon- 
guement pédicules,  pourvus  d'un  grand  nombre 
de  tentacules. 

Notre  individu,  qui  a  servi  à  cet  établissement, 
est  précisément  une  variété  de  l'Astrée  calyculaire 
de  M.  de  Lamarck ,  laquelle  se  trouve  former  un 
double  emploi  de  nom,  ainsi  que  nous  l'avons  dit 
à  l'article  de  la  vraie  Astrée  calyculaire,  dont 
ce  naturaliste  avait  fait  à  tort  une  Caryophyllie. 

Les  différences  que  présente  notre  individu 
sont,  d'avoir  les  lamelles  ou  cloisons  intermédiaires 
moins  saillantes  et  moins  uniformément  groupées 
que  dans  celui  décrit  par  l'auteur  ci-dessus  indiqué. 

Ce  Goniopore ,  présentant  des  demi-sphères 
grosses  comme  le  poing,  est  fort  rare,  car  nous  ne 
l'avons  trouvé  qu'une  fois.  Ses  alvéoles  sont  nom- 
breuses, serrées,  polygonales,  tendant  à  devenir 
hexagones,  d'une  ligne  tout  au  plus  de  diamètre, 
profondes,  irrégulièrement  lamelleuses,  à  bords 
verticaux,  inégalement  denticulés,  grenus;  ce  qui 
rend  la  surface  du  polypier  âpre  et  rude.  Son 
intérieur  est  aréolaire  et  présente  une  sorte  de 
cristallisation  confuse.  Cette  disposition  ne  peut 
bien  se  voir  qu'à  la  loupe. 

Les  animaux  sont  confluents,  d'un  beau  vert 
jaunâtre,  ce  qui  donne  à  ce  Zoophyte  un  aspect 


220  ZOOLOGIE. 

très-agréable.  Ils  s'élèvent  de  deux  à  trois  lignes  au- 
dessus  de  leurs  cellules,  et  y  rentrent  au  moindre 
contact.  Ce  n'est  que  la  partie  centrale  qui  se  dé- 
veloppe ainsi  en  tube,  car  la  base  de  l'animal  de- 
meure collée  sur  les  lamelles  en  forme  de  bour- 
relet granuleux.  La  bouche  est  ronde,  entourée 
d'un  grand  nombre  de  tentacules  cylindriques, 
assez  gros  et  obtus. 

Habite  le  port  Dorey  de  la  Nouvelle-Guinée, 
sur  un  rescif  dont  presque  tous  les  animaux  qui 
ont  contribué  à  le  former  sont  morts. 


ZOOPHYTES.  221 


Genre  ÏRIDACOPHYLL1E.  —  Tridacophfllia , 

Blainville. 


Animaux  actiniformes ,  confluents,  très-dépri- 
més, élargis  et  épanouis  sur  les  bords,  avec  une 
bouche  centrale  tuberculée,  sans  traces  de  tenta- 
cules, contenus  dans  des  loges  profondes,  irrégu- 
lières, foliacées  sur  les  bords,  garnies  de  lamelles 
rayonnées  et  denticulées  à  l'intérieur,  striées  à 
l'extérieur,  irrégulièrement  réunies,  et  formant  un 
polypier  calcaire ,  foliacé ,  non  poreux ,  turbiné , 
fixé  par  le  sommet. 


TRIDACOPHYLLIE  LAITUE. 
Tridacophy  lien  Lactuca . 
Pavone  Laitue,  Lam.,  An.  s.  v.,  t.  II,  page  ^g,  n°  3. 

PLANCHE    l8,  FIGURE     I. 

Tridacophjllia,  jroiidihus  te.iiuissimis,  irregula- 


212  ZOOLOGIE. 

ribus,  subpliçatis,  laciniosis,  lamelloso-striatis  ; 
stellis  maghis*  irregularibus. 

Polypis  explanatis  ,  térvUissimis  ,  rubentibûs  , 
centro  viridibus  ;  orc.  oblongo,  plîcato. 

M.  de  Blainville  a  formé  ce  genre  avec  la  Pavone 
Laitue  de  M.  de  Lamarck ,  et  d'après  ce  que  nos 
dessins  lui  ont  fait  connaître  de  l'animal. 

Dans  ceZoophyte,  la  forme  foliacée  a  pris  son 
plus  grand  développement,  et  tout  est  pour  ainsi 
dire  en  lamelles  d'une  ténuité  extrême,  conser- 
vant toujours  cependant  la  disposition  générale 
du  groupe  de  polypiers  qui  nous  occupe.  Cette 
espèce,  comme  son  nom  l'indique,  ressemble  à 
certaines  laitues.  Ses  parois  en  cornet  forment 
de  vastes  et  irrégulières  cavités  couvertes  de  la- 
melles peu  saillantes,  ondulées,  quelquefois  den- 
ticulées  sur  leur  arête.  C'est  au  fond  de  ces  sortes 
d'entonnoirs  que  se  trouvent  les  centres  des  Po- 
lypes. Ils  ont  la  bouche  ovalaire,  un  peu  tubercu- 
leuse, entourée  d'une  belle  couleur  vert-pré,  glacée 
de  jaune  et  de  verdâtre  d'une  autre  teinte,  que  le 
dessin  ne  saurait  rendre.  A  mesure  que  les  Polypes 
gagnent  les  sommités  pour  recouvrir  totalement  la 
surface  des  lamelles,  ils  passent  au  brun  rouge.  Ils 
sont  confluents  et  résistants,  quoique  d'une  grande 
minceur.  Nous  n'y  avons  point  remarqué  de  traces 
de  tentacules,  même  avec  des  verres  grossissants. 
Le  polypier,  dépouillé  de  son  enveloppe  charnue,  est 


ZOOPHYTES.  2>:ï 

blanc.  On  sait  qu'il  forme  d'assez  grandes  masses, 
légères,  et  recherchées  dans  les  collections.  Nous 
ne  l'avons  rencontré  qu'une  seule  fois,  et  c'est 
dans  l'île  de  Vanikoro. 


224  ZOOLOGIE. 


Genre  MÉANDRINE.  —  Meandrina ,  Lamk 

» 


Animaux  confluents  sur  un  seul  plan ,  en  lon- 
gues séries  tortueuses,  ayant  chacun  une  bouche 
distincte,  saillante,  et  des  tentacules  très-courts, 
seulement  dans  le  sens  longitudinal,  contenus 
dans  des  loges  assez  peu  profondes ,  non  séparées 
et  formant  par  leur  confusion  latérale  des  espèces 
de  vallons  sinueux,  garnis  de  chaque  côté  de  la  ligne 
médiane  de  lames  transverses,  subparallèles,  re- 
montant jusqu'à  des  crêtes  collinaires,  limitant  les 
vallons,  occupant  la  surface  d'un' polypier  calcaire, 
fixé,  simple,  turbiné  dans  le  premier  âge,  et  plus 
ou  moins  globuleux  dans  un  âge  plus  avancé. 


i.  MEA.NDRINE  CERÉBRIFORME. 

Meandrina  ccrebriformis. 

Lamarck,  An.  s.  v.,  t.  II,  page  246,  n°  2. 

PLANCHE    18,    FIGURES  2-3. 

Meandrina ,  subsphœrica  ;  anfractibus  tortuosis , 
prœlongis  ;  lamellis   basi  dilatatis ,   denticulatis  ; 


ZOOPHYTES.  225 

collibus  truncatis ,    subbicarinatis ,  ambulacrifor- 
mibus.  (Lamk.) 

Poljpis  confluentibus,  cœruleis ,  margine  spadi- 
ceis  ;  tentaculis  minimis  rubicundulis. 

Jusqu'ici  nous  avons  vu  des  Polypes  plus  ou 
moins  confluents  les  uns  avec  les  autres,  mais 
laissant  toujours  entre  eux  une  ligne  visible  limi- 
tant les  individus.  Dans  les  Méandrines ,  cela 
n'existe  plus  pour  tous  ceux  qui  vivent  dans  un 
même  sillon,  lesquels  sont  tellement  confondus 
entre  eux  que  nous  n'avons  pu  y  voir  la  moindre 
trace  de  démarcation  ;  si  ce  n'est  seulement  au 
sommet  des  collines,  à  l'endroit  où  les  animaux 
de  deux  vallons  opposés  se  touchent  par  leurs 
bords. 

Cette  espèce  a  une  grande  disposition  à  s'ar- 
rondir, quelle  que  soit  sa  grandeur,  et  même  à  de- 
venir complètement  sphérique,  comme  cela  s'est 
vu  quelquefois.  Le  nom  qu'elle  a  reçu  exprime 
très-bien  l'arrangement  de  ses  circonvolutions , 
qui  sont  étroites,  peu  profondes,  rapprochées, 
abords  verticaux,  garnis  de  lamelles,  grosses, 
assez  écartées,  âpres,  légèrement  denticulées.  Les 
lignes  de  séparation  qui  parcourent  les  collines 
sont  à  peine  marquées. 

Les  bouches  des  Polypes,  placées  au  fond  des 
ambulacres,  sont  très-rapprochées,  lisses  dans  leur 
contour,   rondes   ou  ovalaires,   un  peu  proémi- 

Zoologic.  t.  iv.  i5 


22G  ZOOLOGIE. 

nentes,  d'un  bleu  ardoisé,  tandis  que  la  partie 
charnue  qui  remonte  sur  les  reliefs  forme  des 
lamelles  tuberculeuses  d'un  brun  foncé  de  cho- 
colat. C'est  à  la  ligne  de  séparation  de  ces  deux 
couleurs  tranchées ,  que  sont  placés  ,  sur  deux 
rangées  et  dans  le  fond  des  vallons,  des  tentacules 
assez  courts,  coniques  ,  et  légèrement  rougeâtres. 
Mais,  nous  le  répétons,  pour  les  deux  espèces  que 
nous  avons  observées,  nous  ne  les  avons  point 
vus  entourer  la  bouche  en  rayonnant,  ainsi  que 
le  représente  M.  Lesueur  pour  les  Méandrines 
dédale  et  labyrinthiforme.  Malgré  la  couleur 
foncée  des  bords  des  animaux,  on  suit  cependant 
assez  facilement  la  ligne  qui  indique  l'union  de 
chaque  série. 

Habite  l'île  Tonga.  C'est  la  même  que  celle  in- 
diquée par  M.  de  Blainville  dans  le  Dictionnaire 
des  sciences  naturelles,  tomeLX,  page  3a4,  sous 
le  nom  de  Méandrine  brune  et  bleue  ,  que  nous 
n'avions  seulement  caractérisée  que  par  la  couleur 
de  l'animal,  sans  avoir  pu  la  comparer  avec  le  po- 
lypier ,  qui  s'est  trouvé  appartenir  à  la  Meandrina 
cerebriformis . 


ZOOPHYTES.  227 

2.  MÉANDRINE  SINUEUSE. 
Meandrina  sinuosa. 

Ellis  et  Solander,  page  60. 

Lesueur,  Mém.  du  Mus.,  t.  VI,  page  281,  4e  variété? 

PLANCHE    18,    FIGURES    /\-5. 


Meandrina  ,  sùbhemisphœrica  aut  planiuscula , 
crassa;  anfractibus  latis  ,  sinuosis  ;  ïamellis  in- 
œqualibuSf  spaciosis,  spinosis. 

Poljpis  margine  fuscis ,  intus  virescentibus  ;  ore 
ovali ,  plicato ,  albido  ;  tentaculis  brevissimis. 

M.  de  Lamarck  ne  mentionne  point  cette  espèce 
qu'ont  décrite  Ellis  et  Solander,  et  qui  existeau  Mu- 
séum. Nous  croyons  bien  que  c'est  la  même  dont 
parle  M.  Lesueur  sous  le  nom  de  variété  vineuse  de 
la  Méandrine  sinueuse.  Enfin  elle  n'est  pas  diffé- 
rente de  celle  qu'indique  M.  de  Blainville  dans  l'ou- 
vrage précité,  sous  la  dénomination  de  Méandrine 
brune,  que  nous  ne  lui  avions  que  provisoirement 
donnée  dans  notre  voyage,  et  seulement  d'après  la 
couleur  de  l'animal.  Lepolypier  est  très-épais,  sub- 
aplati,  ayant  des  vallons  profonds  ondulés,  dont 

i5* 


228  ZOOLOGIE. 

les  bords  sont  arrondis,  les  lamelles  entières, 
assez  espacées,  minces  et  épaisses  alternativement, 
ayant  leur  ligne  de  séparation  à  peine  indiquée 
sur  le  sommet  des  sillons. 

La  couleur  générale  des  Polypes  est  brune; 
mais  en  les  examinant  avec  soin  on  voit  qu'il  n'y 
a  que  les  bords  qui  sont  ainsi,  et  que  le  fond 
des  vallons  est  verdâtre  piqueté  de  la  même  teinte. 

Les  bouches  sont  ovalaires,  plissées  et  blanches; 
les  tentacules  peu  apparents,  excessivement  courts 
et  verdâtres.  Les  lignes  de  démarcation  des  Po- 
lypes qui  parcourent  les  crêtes  sont  bleuâtres. 

Cette  Méandrine,  représentée  aux  deux  tiers  de 
sa  grandeur  naturelle,  habite  le  havre  Carteret 
de  la  Nouvelle-Irlande. 


ZOOPHYTES.  220 


MADREPORES. 


Comprenant  des  polypiers  en  général  arbores- 
cents, à  loges  petites,  sublamelleuses,  et  constam- 
ment poreux  clans  les  intervalles  et  dans  leurs 
parois.  Animaux  ayant  ordinairement  douze  ten- 
tacules. 


Les  Zoophytes  de  cette  section  se  distinguent 
par  les  expansions  arborescentes  ou  foliacées 
qu'ils  forment,  recouvertes  de  cellules  ou  de  petits 
tubes  saillants,  poreux,  striés  ou  échinulés.  Il  en 
est,  comme  les  Madrépores  proprement  dits, qui, 
par  leurs  ramifications  sans  nombre  et  leur 
enchevêtrement ,  constituent  de  véritables  petites 
forets  sous-marines,  dont  nous  abattions  les  som- 
mités en  naviguant  dans  nos  canots ,  mais  qu'il 
serait  dangereux  à  un  grand  navire  de  vouloir 
traverser.  Les  animalcules  microscopiques  qui 
construisent  lentement  ces  récifs  sont  actini 
formes  et  rayonnes  comme  ceux  que  nous  avons 


230  ZOOLOGIE. 

précédemment  étudiés,  avec  cette  différence,  que 
la  plupart  d'entre  eux  ont  leur  bouche  entourée  de 
douze  tentacules  réguliers.  Toute  la  partie  vivante 
du  polypier  est  également  recouverte  des  expan- 
sions charnues  et  confluentes  de  ces  animaux , 
toujours  plus  nombreux  et  mieux  développés  aux 
sommités  des  rameaux  qu'à  leur  base,  qui  finit 
par  n'être  plus  qu'une  substance  calcaire  inerte  et 
morte  *. 

Nous  croyions  être  les  premiers  à  faire  con- 
naître la  forme  de  ces  êtres;  mais  nous  venons  de 
nous  apercevoir  qu'ils  n'ont  point  échappé  aux 
laborieuses  recherches  de  M.  Lesueur,  qui  a  par- 
faitement représenté  les  douze  divisions  de  leurs 
étoiles. 

Quoique  les  polypiers  aient  des  formes  régu- 
lières et  assez  constantes,  nous  avouons  la  diffi- 
culté qu'il  y  a  à  bien  établir  les  espèces,  surtout 
parmi  les  Madrépores  ,  qu'on  ne  peut  réellement 
bien  déterminer  qu'avec  de  grandes  masses,  aussi 
difficiles  à  se  procurer  qu'à  conserver.  Si  l'on  ne 
se  sert  que  de  petits  échantillons,  on  est  exposé  à 
commettre  des  erreurs.  D'un  autre  côté,  les  ani- 
maux sont  trop  petits  pour  pouvoir  aider  dans  ce 
travail.  On  tiendra  cependant  compte,  jusqu'à  un 


*  La  disposition  assez  régulière  des  Polypes  sur  leur  axe  nous  porte  à 
croire  que  ce  n'est  pas  toujours  par  des  ovules  que  leur  reproduction  a 
lieu,  mais  par  un  développement  spontané  dans  la  substance  charnue, 
comme  cela  a  lieu  pour  les  bourgeons  d'un  arbre. 


ZOOPHYÏES.  231 

certain  point ,  de  leurs  couleurs ,  quoiqu'elles 
soient  susceptibles  de  varier.  Cette  étude  est  donc 
pour  ainsi  dire  toute  à  reprendre,  et  nous  la  re- 
commandons aux  naturalistes  qui  habitent  sur  les 
lieux  où  croissent  ces  Lithophytes. 


Genre  MADRÉPORE.  —  Madrepora,  Lamk. 


Animaux  actiniformes ,  courts,  à  douze  tenta- 
cules simples ,  contenus  dans  des  loges  plus  ou 
moins  profondes,  saillantes,  à  peine  stelliformes, 
irrégulièrement  éparses  à  la  surface  et  surtout 
aux  extrémités  d'un  polypier  calcaire,  multiporé, 
arborescent  ou  frondescent,  fixé,  ramifié  en  épi 
ou  en  expansions*. 


*  Nous  prévenons  qu'il  ne  faut  pas  tenir  compte  des  dénominations  que 
nous  avons  données  à  divers  Madrépores,  dans  nos  manuscrits,  qu'a  bien 
voulu  citer  M.  de  Blainville  ;  car  ce  n'était  seulement  que  de  simples  indi- 
cations pour  nous  reconnaître;  et  nous  avons  vu  depuis  parla  comparaison 
que  tous  appartenaient  aux  espèces  connues,  que  nous  reproduisons  pour 
en  donner  les  animaux. 


232  ZOOLOGIE. 

i. MADRÉPORE  ABROTANOIDE. 

Madrepora  abrotanoides. 

Lamarck,  An.  s.  v.,  t.  II,  page  280,  n°  7. 
Voyage  de  l'Uranie ,  Zool.,  pi.  96. 

* 

PLANCHE    19,   FIGURES     1-2. 

Madrepora  ,  ramosa ,  crecta  ;  ramis  composais , 
pjramidato-attcnuatis ;  ramulis  lateralibus  breui- 
bus,  sparsis,  crebriusculis. 

Animalibus  reticukitis  rubentibus  ;  tentaculis  sul- 
phureis. 

Nous  avons  vu  dans  les  genres  précédents  que 
c'est  dans  les  vallons  que  sont  les  bouches 
des  Polypes;  ici,  c'est  le  contraire,  car  c'est  aux 
extrémités  des  petits  tubes  qui  hérissent  le  po- 
lypier, qu'elles  se  tiennent  ordinairement.  Elles 
sont  entourées  de  douze  tentacules,  ni  plus  ni 
moins  ;  caractère  qui  ne  varie  pas.  Ces  appendices 
sont  gros,  courts  et  obtus.  Ils  ne  font  que  très- 
peu  de  saillie  hors  des  cellules.  Les  autres  parties 
composantes  internes,  sont  un  estomac  et  des 
ovaires  filiformes,  qui  sortent  parfois  sur  les  cô- 
tés, comme  dans  les  Actinies. 


ZOOPHYTES.  2M 

A  l'extérieur,  ces  animaux  ne  composent  qu'une 
masse  uniforme,  aréolaire,  ou  striée  en  long,  em- 
brassant l'ensemble  de  la  tige  calcaire  qu'ils  sécrè- 
tent. On  ne  voit  point  de  traces  de  séparation 
comme  clans  les  Méandrines  et  les  Astrées,  quelle 
que  soit  la  distance  qu'il  y  ait  d'un  tube  à  un 
autre. 

Le  Madrépore  abrotanoïde  a  ses  branches 
épaisses,  droites,  rameuses,  terminées  en  pyra- 
mides, et  couvertes  de  ramuscules  courts,  hérissés 
de  tubes  nombreux,  allongés,  cylindriques,  obtus 
à  l'extrémité ,  laquelle  se  termine  par  une  ouver- 
ture arrondie  en  forme  de  bourrelet  rentrant,  ou 
bien  coupée  obliquement,  et  dirigée  vers  le  haut. 
Ces  loges  saillantes  sont  semées  irrégulièrement, 
grenues,  et  tuberculeuses. 

Les  Polypes  ont  leur  substance  charnue  réti- 
culée de  rouge  brun,  jusqu'aux  extrémités  des 
étoiles,  et  leurs  tentacules  d'un  joli  jaune  soufre; 
ce  que  nous  avions  déjà  indiqué  dans  notre  pre- 
mier voyage  sur  l'Uranie.  Ces  parties  sont  repré- 
sentées très-grossies. 

Habite  l'île  de  Tonga-Tabou. 


234  ZOOLOGIE. 


2.  MADRÉPORE  PLANTAIN. 

Madrepora  plqntaginea. 
Lamarck,  An.  s.  v.,  t.  II,  page  279,  n°  4- 

PLANCHE     19,  FIGURE  3. 


Madrepora,  cespitosa,  ramis  numerosis ,  erectis, 
spicœformibus ,  subproliferis  ;  cellulis  tubuloso-tur- 
binatis  y  margine  incrassatis,  rotwulatis.  (Lamk.) 

Polypïs  reticulatis  omnino  roseis. 

•  , 

Cette  espèce  ressemble  beaucoup  à  la  précé- 
dente pour  la  forme  du  polypier;  seulement  ses 
rameaux  sont  moins  grêles ,  moins  allongés ,  et 
plus  irréguliers.  Les  cellules  nous  ont  paru  abso- 
lument être  les  mêmes. 

Les  branches  ont  une  belle  couleur  rose  clair, 
tirant  un  peu  sur  le  lilas ,  produite  par  les  Polypes, 
qui  sont  réticulés  sur  toute  leur  surface,  et  dont 
les  tentacules  sont  également  rosés. 

Habite  les  mêmes  lieux  que  le  précédent. 


ZOOPHYTES.  235 


3.  MADRÉPORE  PROLIFÈRE. 

Madrepora  proliféra. 

Lamarck,  An.  s.  v.,  t.  II,  page  281,  n°  g. 

PLANCHE    19  ,  FIGURE   4' 


Madrepora,  ramis  longis,  gracilibus,  teretibus, 
ad  apices  proliferis;  papillis  tubulosis,  longiusculis. 
striatis. 

Polypis  luteo-virescentibus  reticulatis;  papillis 
fusco-striatis . 

Ce  Madrépore  diffère  des  deux  autres  par  ses 
longues  branches  cylindriques,  seulement  ramifiées 
vers  le  sommet.  Elles  sont  couvertes  de  tubes  très- 
pressés  ,  excessivement  courts  sur  les  branches , 
plus  longs  sur  les  rameaux,  et  dont  l'extrémité 
est  toujours  coupée  obliquement  quelle  que  soit 
leur  longueur.  Ces  cellules  sont  striées  en  long, 
ce  que  n'offrent  pas  les  deux  espèces  déjà  indi- 
quées, et  les  espaces  qui  les  séparent  sont  grenus. 

Les  animaux  ont  une  couleur  jaune  verdâtre, 
réticulée  seulement  sur  les  tiges,  car  les  tubes 
présentent  des  stries  longitudinales  brunes. 


236  ZOOLOGIE. 

Nous  trouvons  dans  nos  notes  la  description 
d'un  autre  Madrépore,  qui  ne  paraîtrait  être  qu'une 
variété  de  celui-ci.  Les  Polypes  sont  absolument 
semblables;  mais  le  polypier  forme  une  masse  arron- 
die, à  branches  petites  et  ramifiées. 

Tous  deux  se  trouvent  à  Tonga-Tabou. 


4.  MADRÉPORE  POCILL1FERE. 
Madrepora  pocillifera. 
Laraarck,  An.  s.  v.,  t.  II,  page  280,  n°  5. 

PLANCHE     19,     FIGURE     5; 

et  variété,  fig.  6-io. 

•        7 


Madrepora,  ramosa;  ramis  teretibus,  ascenden- 
tibus ,  pr&liferis,  apice  perforatis ;  cellulis  confettis 
prominidis ,  cochleariformibus.  (Lamk.  ) 

Varietas  ;  papillis  crassioribus ,  rotundioribus. 

Poljpis  subfuscis,  longitudinaliter  striatis  ;  ten- 
taculis  apice  albidis. 

Espèce  formant  d'assez  larges  empâtements,  ayant 
des  rameaux  courts,  obtus,  irrégulièrement  ra- 


ZOOPHYTES.  237 

mifiés  à  leur  extrémité,  quelquefois  un  peu  tor- 
tueux, couverts  de  nombreux  oscilles  qui  se  tou- 
chent presque,  et  tendent  à  former  des  quinconces. 
Ils  sont  courts  ,  même  ceux  des  extrémités  des 
rameaux ,  demi  circulaires,  en  forme  de  paniers  à 
pigeons ,  striés  sur  leur  convexité  qui  regarde  en 
bas.  Excepté  les  terminaux,  il  en  est  fort  peu  de 
complétemen  t  çylind  riques. 

Les  échantillons  qui  ont  servi  à  nos  dessins 
ont  leurs  étoiles  plus  épaisses  et  plus  arrondies 
que  l'individu  décrit  par  M.  de  Lamarck. 

Les  animaux  donnent  aux  rameaux  de  ce  Ma- 
drépore une  couleur  verdâtre.  Ils  ont  les  tenta- 
cules brunâtres,  avec  une  tache  blanche  à  l'extré- 
mité. Le  contour  de  l'oscule  est  glauque ,  et  sa 
surface  convexe,  striée  de  brun  en  long. 

Habite  Tonga. 

A.  Varietas  ininor;  ramis  crassis ,  confertis,  coni- 

cis;  cellaUs  siibeyliiidraccis. 

Animalïbus  subrubris  longitrorsum  striatis  ; 
tentaculis  obtusis  extremitate  a/bis. 

En  ne  considérant  que  la  couleur  des  animaux, 
nous  aurions  été  tenté  de  faire  une  espèce  de  cet 
individu,  dont  le  polypier  ne  nous  offre  réellement 
qu'une  variété  de  l'espèce  précédente,  remarqua- 
ble par  ses  branches  plus  courtes,  plus  pressées 


238  ZOOLOGIE, 

entre  elles,  formant  des  masses  orbiculaires , 
subdivisées  en  rameaux  obtus ,  coniques.  Ses  os- 
cilles, moins  bien  demi  circulaires,  tendent  à  deve- 
nir plus  cylindriques. 

Ce  polypier  nous  a  paru  constamment  d'un 
brun  sombre ,  avec  des  teintes  jaunâtres  aux  ex- 
trémités des  branches  :  cette  couleur  est  due  aux 
Polypes  qui,  examinés  à  la  loupe ,  sont  d'un  rouge 
brun.  Les  étoiles  sont  striées  en  long,  de  la  même 
couleur  sur  leur  face  convexe,  et  les  tentacules 
ont  leur  extrémité  blanche.  C'est  de  ce  Madrépore 
que  nous  avons  vu  sortir  des  filaments  ovifères , 
représentés  très-grossis. 
Habite  les  îles  Vitis. 


B.  Varietas ,   ramis  gracilibus ,   crebris  ;    cellulis 

semicircidaribus ,  subsquamosis ,  striatis. 
Polypis  roseis  ;  teritaculis  subfuscis,  apice  al- 
bidis.  '  . 


C'est  avec  quelque  doute  que  nous  donnons  ce 
Madrépore  comme  une  autre  variété  du  Pocilli- 
fère.  Peut-être  que  mieux  connu  quelque  jour,  il 
formera  une  espèce  distincte. 

Ses  rameaux  sont  grêles ,  très-ramifiés  ;  ses  os- 
cules,  assez  rapprochés,  ont  bien  à  peu  près  la 
même  disposition  que  les  précédents,   mais  ils 


ZOOPHYTES.  239 

sont  en  forme  d'arc,  avec  une  disposition  écail- 
leuse,  et  des  stries  sur  leur  longueur. 

Les  branches  sont  rosées  comme  dans  le  Madré- 
pore plantain  ;  ce  qui  tient  à  ce  que  chaque  Po- 
lype a  le  contour  qui  borde  sa  cellule  de  cette 
couleur,  ainsi  que  la  membrane  qui  les  unit 
entre  eux,  laquelle  est  striée  sur  les  cellules.  Les 
tentacules ,  fort  petits ,  sont  légèrement  bruns. 

Cet  individu  se  trouve  dans  l'île  de  Vanikoro. 


240  ZOOLOGIE. 


Genre  ALVÉOPORE. — Aheopora.  Blainv. 

Animaux  actiniformes  peu  saillants,  pourvus  de 
tentacules  assez  longs,  contenus  dans  des  loges 
profondes,  alvéiformes  ou  polygonales,  irrégu- 
lières ,  inégales ,  non  lamelleuses ,  tuberculées  in- 
térieurement, limitées  par  des  cloisons  perforées 
ou  réticulées,  échinulées  à  leur  bord  terminal, 
formant  un  polypier  pierreux,  poreux,  fixé  en 
masses  phytoïdes  ou  arrondies. 


• 


i.  ALVEOPORE  VERT. 
Alveopora  viridis,  nob. 

PLANCHE  20,   FIGURES    I-zf. 


Alveopora,  dichotomo-ramosa;  ranùs  crassîs, 
compresses ,  rotundatis  ;  stellis  prqfundis:  suborbi- 
culatis,  margine  crenulatis  ;  parietibus  fenestratis . 

Poljpis  prominentibus  ;  tentaculis  crassis }  ob- 
scuris  y  apice  viridibus. 


ZOOPHYTES.  241 

Ces  animaux  ressemblent  beaucoup  à  ceux  des 
Madrépores;  mais  le  polypier  présente  assez  de 
différence,  pour  qu'on  puisse  très -bien  en  faire 
un  genre  à  part,  dans  lequel  rentreront  quelques 
Pocillopores  de  M.  de  Lamarck*.  Cette  espèce  a 
même  des  ressemblances  avec  le  Fenestré  de  cet 
auteur.  Les  massifs  de  la  notre  sont  plus  ramifiés, 
et  ont  leurs  étoiles  plus  petites,  et  davantage  réti- 
culées. Les  branches  en  sont  peu  élevées,  les  ra- 
meaux larges ,  subaplatis ,  arrondis  à  l'extré- 
mité. Leur  surface  est  criblée  d'alvéoles,  qui  n'ont 
environ  qu'une  demi-ligne  de  diamètre ,  très  pro- 
fondes, arrondies  ou  tendant  par  leur  réunion  à 
devenir  polygonales,  séparées  par  des  cloisons 
excessivement  minces,  percées  à  jour,  dont  les 
bords  sont  très-rugueux,  comme  cristallisés.  Celles 
de  ces  cellules  qui  sont  aux  extrémités  des  bran- 
ches ont  une  direction  oblique  vers  le  haut.  Il 
résulte  de  l'organisation  toute  cellulaire  de  ce 
polypier,  que  les  animaux  doivent  avoir  plus  de 
contact  entre  eux  qu'aucune  autre  espèce. 

Leur  forme  est  rayonnée  à  douze  tentacules, 
bruns  et  verts ,  longs,  assez  gros,  confluents  dans 
leur  saillie,  mais  paraissant  isolés  quand  ils  sont 
rentrés  dans  leurs  loges.  On  n'aperçoit  alors  que 
l'extrémité   verte  des    tentacules,   entourée   des 


*  Tïn  morceau  de  base  de  Madrépore,  dont  les  cellules  ne  sont  point  tu- 
buleuses,  ressemble  beaucoup  à  un  fragment  d'Alvcopore. 

Zoologie,  t.  iv.  16 


242  ZOOLOGIE. 

pointes  blanches  et  rudes  des  étoiles.  Nous  avons 
cherché  à  les  représenter  sous  ce  double  aspect. 
Ce  Zoophyte,  qui  n'a  que  quelques  pouces  de 
haut ,  est  assez  rare  au  havre  Carteret  de  la  Nou- 
velle-Irlande. 


a.  ALVEOPORE  ROUGE. 

Alvenpora  rubra ,  nob. 

PLANCHE    Ig,   FIGURES     I  l-l/\. 


Alveopora :,  ramulosa;  rubra;  rarrmlis  elongatis, 
bifurcatis  ,  erectis ,  porosis  ;  stellis  spinosis,  sex- 
dentatis. 

Polypis  rubris  ;  tentaculis  crassis ,  brevibus ,  ro- 
tundatis. 

Cette  espèce  se  rapproche  plus  par  son  port  des 
vraies  Madrépores  que  la  précédente  :  elle  a  aussi 
des  rapports  avec  le  Porite  allongé.  Nos  échan- 
tillons n'avaient  que  deux  ou  trois  pouces  de 
longueur,  à  ramification  dichotome,  dont  les  ra- 
meaux sont  cylindriques,  ou  un  peu  comprimés, 


ZOOPHYTES.  243 

pointus,  chargés  d'alvéoles  crénelées,  irrégulières, 
fort  petites ,  séparées  par  des  cloisons  poreuses , 
et  dont  le  contour  de  l'ouverture  est  garni  de  six 
pointes  horizontales,  entre  lesquelles  sortent  les 
tentacules  de  l'animal.  Les  intervalles  des  cellules 
sont  remplis  de  pores  irréguliers,  ressemblant  à 
une  cristallisation  confuse. 

Les  Polypes  ont  douze  tentacules  ,  courts,  gros, 
élargis  et  arrondis  à  leur  extrémité;  ils  sont  d'un 
rouge  brun  vif,  de  même  que  le  polypier  qu'ils 
sécrètent.  Ils  sont  plus  rares  à  la  base  qu'au  som- 
met. 

Habite  le  même  lieu  que  l'espèce  précédente. 


16' 


244  ZOOLOGIE. 


Giînre   POCILLOPORE.  -  -  Pocillopora.   (Lamk.) 


Animaux  à  douze  tentacules  courts,  arrondis, 
contenus  dans  des  loges  petites,  enfoncées,  subpo- 
lygonales, échinulées  sur  leurs  bords,  un  peu  la- 
melleuses,  formant  un  polypier  calcaire,  fixé, 
arborescent  ou  mamelonné,  d'un  tissu  compacte. 


POCILLOPORE  CORNE  DE  DAIM. 

Pocillopora  damicornis. 

Lamarck,  An.  s.  v.,  t.  II,  page  27/1,  n°  2. 


PLANCHE   20,  FIGURES  5  -y. 


Pocillopora ,  ramosissima  ;  ramis  subtortuosis  , 
crassis ,  varie  dwisis  ;  ramuUs  brevibus ,  obtusis, 
apice  turgentibus ,  loba  lis. 

Poljpis  rcticulatis ,  rubentibus  ;  tentaculis  bre- 
vibus,  obtusis,  crassis,  subalbidis. 


ZOOPHYTES.  245 

Nous  avons  hésité  à  laisser  subsister  cette  es- 
pèce dans  le  genre  Pocillopore,  tant  ses  animaux 
ressemblent  à  ceux  des  Madrépores;  Le  polypier 
lui-même  n'en  est  pas  très-éloigné ,  et  ne  pré- 
sente d'autre  différence  que  d'avoir  ses  alvéoles 
planes  et  non  tubulées.  Ce  genre  mérite  donc 
d'être  examiné  avec  soin  pour  connaître  quels 
sont  les  individus  qui  doivent  en  faire  partie  et 
ceux  qu'on  doit  en  retirer.  M.  de  Blainville  en  a 
déjà  soustrait,  et  avec  juste  raison,  le  Pocillopore 
bleu.  En  attendant,  celui  qui  nous  occupe  se 
présente  en  masses  assez  larges,  peu  élevées,  pe- 
santes,  irrégulièrement  tuberculées;  chaque  tuber- 
cule est  lui-même  subdivisé  en  une  foule  d'autres, 
comme  rabougris,  criblés  dans  tous  les  sens 
d'étoiles  subarrondies  ou  polygonales ,  peu  pro- 
fondes, assez  régulièrement  denticulées  sur  leur 
bord,  d'où  vient  l'âpreté  et  la  rugosité  du  poly- 
pier. Leur  intérieur  parait  lamelleux,  et  les  espaces 
qui  les  séparent  sont  grenus. 

Les  animaux  sont  confluents  ,  réticulés  comme 
ceux  des  Madrépores,  et  recouvrent  par  consé- 
quent toute  la  masse  calcaire.  Leur  bouche  est 
centrale ,  entourée  de  douze  tentacules  courts  , 
obtus  à  l'extrémité,  laquelle  est  un  peu  dilatée. 
Ils  sont  blanchâtres  et  rouge  brun  à  la  base.  Ils 
ne  font  que  très-peu  de  saillie  hors  des  alvéoles , 
et  les  espaces  intermédiaires  sont  remplis  par 
leur  substance,  qui   est  réticulée  et  rouge  brun. 


246  ZOOLOGIE. 

Cette  couleur  est  à  peu  près  celle  de  tout  le  po- 
lypier dans  l'état  frais.  Elle  persiste  même  encore 
après  la  mort  des  Polypes,  dont  on  aperçoit  faci- 
lement les  débris  dans  les  cellules.  On  pourrait 
même  compter  leurs  tentacules  desséchés. 

Ce  Pocillopore  se  trouve  pour  ainsi  dire  par- 
tout dans  la  mer  du  Sud.  Nos  échantillons  pro- 
viennent de  la  petite  île  Ticopia.  La  surface  du 
polypier  est  tellement  rude ,  qu'au  premier  abord 
on  dirait  qu'elle  est  dépourvue  de  ses  animaux, 
qu'on  ne  tarde  pas  de  voir,  à  la  loupe,  enfoncés 
dans  leurs  loges. 

Le  Porite  verruqueux  de  M.  de  Lamarck  nous 
a  paru  n'être  qu'un  Pocillopore  à  rameaux  plus 
comprimés,  à  alvéoles  plus  échinulées  que  l'espèce 
que  nous  décrivons.  Les  animaux  et  le  polypier 
sont  d'un  vert  bouteille. 
Habite  la  Nouvelle-Irlande. 


ZOOPHYTES.  247 


Genre  MONTIPORE.  —  Montipom. 

Animaux  actiniformes ,  courts,  à  douze  tenta- 
cules, contenus  clans  des  loges  arrondies,  enfon- 
cées, régulières,  paucicannelées,  éparses  sur  un 
polypier  encroûtant  ou  glomérulé,  poreux,  très- 
échinulé,  et  garni  de  mamelons  ou  monticules 
rugueux. 


MONTIPORE  VERRUQUEUX. 
Montipora  verrucosa,  nob. 


PLANCHE   20,   FIGURE   II. 


Montipora,  explanata,  lutescenle  ;  cormlis  inœ- 
qualibus,  elevatis,  denticulatis ,  compressis. 
Poljpis  Jlcwis  ;  tentacules  brevibus. 

A  peine  avons-nous  quelques  notes  sur  ce  nou- 
veau genre,  que  nous  dessinâmes  cependant  avec 
assez  de  soin.  Et  depuis,  lorsqu'à  notre  retour, 


248  ZOOLOGIE, 

nous  voulûmes  l'examiner  de  nouveau,  nous  ne 
le  retrouvâmes  plus.  Ce  polypier  forme  des  en- 
croûtements de  quelques  lignes  de  hauteur,  sa 
surface  est  recouverte  de  petits  monticules  co- 
niques, assez  espacés,  triangulaires,  comprimés, 
fortement  denticulés  sur  leurs  arêtes.  Les  al- 
véoles sont  dans  le  fond  des  vallons,  et  les  ani- 
maux qui  les  habitent  ont  douze  tentacules  courts, 
d'un  jaunâtre  clair.  Toute  la  masse  est  d'un  fauve 
un  peu  roux. 

Habite  l'île  de  Tonga. 


ZOOPHYTES.  240 


Genre  PORITE.  —  Parités,  Lamk. 

Animaux  à  douze  tentacules  courts,  contenus 
dans  des  loges  peu  profondes,  polygonales,  irré- 
gulières, inégales,  à  peine  circonscrites  et  incom- 
plètement radiées  par  des  lamelles  courtes,  échi- 
nulées;  polypier  calcaire,  polymorphe,  encroûtant 
ou  lobé,  poreux,  aréolaire  à  l'intérieur. 


PORITE  CONGLOMÉRÉ. 

Parités  conglomerata. 

Lamarck,  An.  s.  v.,  t.  II,  page  269,  n°  2. 

PLANCHE    l8  ,  FIGURES    6-8. 


Porites,  glomerata,  globoso-orbiculari,  violacea; 
stellis  parvis,  angulatis,  contiguis,  aceroso-scabris  ; 
centra  prominulo. 

Poljpis  minimis  duodenitentaculatis . 


250  ZOOLOGIE. 

Les  auteurs  qui  se  sont  occupés  de  ce  genre 
ont  été  assez  embarrassés  pour  le  placer  métho- 
diquement. M.  de  Lamarck  ne  le  considérant  que 
sous  le  rapport  du  polypier ,  le  met  après  les 
Astrées,  auxquelles,  en  effet,  il  ressemble  fort. 
M.  de  Blainville,  qui  en  a  vu  les  animaux,  le  range 
dans  les  Madrépores,  parce  qu'ils  ont  douze  ten- 
tacules. Mais  tous  deux  conviennent  qu'il  serait 
susceptible  de  faire  le  passage  des  unes  aux  autres. 
C'est  une  forme  à  part  qui  montre  les  difficultés 
qu'on  éprouve  dans  ces  divisions.  En  le  plaçant 
après  les  Madrépores,  nous  indiquons  que  c'est  la 
forme  des  Polypes  qui  décide  notre  opinion. 

C'est  M.  Lesueur  qui ,  le  premier ,  a  fait  con- 
naître que  ces  animaux  avaient  douze  tentacules; 
et  depuis  nous  avons  eu  occasion  de  confirmer 
ses  observations,, 

Le  Porite  congloméré  présente  d'assez  grandes 
masses,  ovalaires,  ondulées,  bosselées,  arrondies 
en  boule  ou  en  cercle,  comme  celui  que  nous 
représentons,  qui  a  la  forme  d'un  turban,  parce 
qu'une  cause  quelconque  avait  détruit  la  surface 
du  polypier.  Il  y  en  a  de  jaunes  et  de  violets,  couleurs 
qui  appartiennent  plus  à  la  masse  calcaire  qu'aux 
animaux.  Les  alvéoles  sont  extrêmement  petites, 
très-rapprochées, polygonales,  ou  le  plus  souvent 
hexagonales,  peu  profondes,  à  bords  rugueux,  et 
remarquables  en  ce  que  du  fond  s'élèvent  de  petits 
tubercules  ,   dont   quelques-uns   viennent  égaler 


ZOOPHYTES.  251 

1rs  bords  des  cellules.  Il  faut  bien  faire  attention 
sur  le  vivant  à  ne  pas  les  prendre  pour  les  ani- 
maux eux-mêmes.  Les  parois  ont  des  lamelles 
très-rugueuses  et  qui  paraissent  assez  régulières. 
La  masse  du  polypier  est  composée .  d'aréoles 
très-serrées. 

Chaque  étoile  est  bordée  d'un  joli  violet,  un 
peu  rougeâtre  ;  le  centre  est  ponctué  de  noir. 
Habite  Vanikoro. 

Une  autre  espèce  ou  variété ,  que  nous  a  fournie 
Tonga-Tabou,  était  d'un  jaune  clair. 

Les  Polypes  étaient  si  petits  que  nous  n'avons 
pu  que  les  reconnaître  et  les  signaler  comme 
ayant  douze  tentacules  tuberculeux ,  s' élevant  à 
peine  hors  de  leurs  loges. 


252  ZOOLOGIE. 


Genre  HÉLIOPORE.  —  Heliopora,  Blainv. 

Animaux  courts ,  cylindriques  ,  pourvus  de 
quinze  à  seize  tentacules  courts,  larges,  triangu- 
laires, pointus,  contenus  dans  des  loges  rondes, 
cannelées  intérieurement,  échinulées  à  leur  ou- 
verture, opposées,  et  formant  un  polypier  calcaire, 
fixé,  ramifié,  poreux  dans  l'intervalle  des  cellules. 


HELIOPORE  BLEU. 

Heliopora  ccerulea. 

Pocillopore  bleu,  Lam.,  An.  s.  v.,  t.  II,  page  276,  n°  7. 

PLANCHE    20,   FIGURES    11-\\. 


Heliopora  compressa,  frondescen s,  in  lobos  ereo 
tos  et  complanatos  divisa ,  intus  cœrulea  ;  poris 
cylindricis ,  parietibus  lamelloso-striatis  intersti- 
tiis  scabris.  Lamk. 


ZOOPHYTES.  253 

Poljpis  radiatis,  cylindricis ,  luteo-albidis  ;  ten- 
taculis  phirimis,  brevibus,  foliaçeis. 

C'est  d'après  la  connaissance  des  animaux  du 
Pocillopore  bleu  que  M.  de  Blainville  s'est  décidé 
à  le  retirer  de  ce  genre  pour  en  former  celui  des 
Héliopores.  En  effet,  comme  nous  avons  vu  que 
les  Pocillopores  n'avaient  que  douze  tentacules  ni 
plus  ni  moins,  et  que  cette  espèce  en  compte 
davantage,  elle  ne  devait  pas  plus  long-temps'  en 
faire  partie. 

Les  Héliopores  sous  ce  rapport  s'éloignent  donc 
un  peu  de  la  famille  des  vrais  Madrépores.  Ils  for- 
ment des  masses  assez  considérables ,  branchues , 
dont  les  rameaux  sont  verticaux,  pressés,  épais, 
comprimés,  à  sommités  obtuses,  arrondies,  de 
couleur  grisâtre  à  l'extérieur  et  bleue  à  l'intérieur. 
Les  cellules  en  sont  petites,  rapprochées,  sans  se 
toucher  cependant,  cylindriques,  à  parois  striées, 
légèrement  saillantes  dans  leur  ouverture,  qui  est 
ronde,  échinulée. 

Ces  alvéoles  tendent  à  devenir  obliques  aux 
extrémités  des  rameaux,  et  convergent  par  leur 
base  en  formant  un  raphé ,  qu'on  ne  peut  voir 
qu'en  les  brisant;  disposition  qui  ne  paraît  avoir 
lieu  que  pour  ce  polypier.  Les  interstices  des  cel- 
lules sont  poreux  et  papilleux ,  ce  qui  rend  la 
surface  très-rugueuse. 

Les  Polypes  sont  fort  peu  apparents.  C'est  avec 


254  ZOOLOGIE. 

infiniment  de  peine  que  nous  avons  pu,  avec  une 
forte  loupe,  distinguer  leurs  tentacules,  qui  remplis- 
sent les  espaces  denticulés  des  cellules.  En  comp- 
tant ces  divisions,  on  en  a  à  peu  près  le  nombre, 
qui  est  de  quinze  à  seize.  Ils  sont  courts,  aplatis, 
pointus  comme  des  folioles,  et  forment  un  disque 
autour  d'une  bouche  centrale,  ronde.  Leur  cou- 
leur est  d'un  blanc  jaunâtre.  Le  corps  de  l'animal 
est  cylindrique,  probablement  cannelé  pour  s'ac- 
commoder aux  cloisons  intérieures.  En  l'ouvrant, 
on  distingue  un  renflement  stomacal,  après  lequel 
viennent  des  filaments  déliés  portant  quelques 
ovules  sur  leur  longueur. 

Ce  polypier  n'est  pas  très-répandu  :  notre  voyage 
était  sur  le  point  de  s'achever  que  nous  n'en 
avions  point  encore  rencontré  de  vivant.  Étant 
à  Guam,  nous  nous  souvînmes  que  nous  en  avions 
autrefois  vu  devant  la  ville  d'Agania.  Nous  fîmes 
le  voyage,  et  trouvâmes  en  effet  quelques  massifs 
qui  ont  servi  à  nos  dessins.  Nous  eûmes  alors 
occasion  de  voir  que  ce  que ,  dans  le  Voyage  de 
rUranie,  planche  96,  nous  avions  pris  pour  les 
animaux  de  ce  Lithophyte,  étaient  de  petits  Zoo- 
phytes  parasites  à  longs  tentacules,  probablement 
de  la  classe  des  Annélides,  qui  s'étaient  logés  dans 
les  interstices  poreux  qui  séparent  les  cellules,  et 
dans  les  cellules  elles-mêmes  vides. 


ZOOPHYTES.  25r- 


.► 


ZOOPHYTAIRES. 


Dans  les  derniers  Actinozooaires  que  nous 
avons  examinés  ,  nous  avons  vu  les  animaux 
prendre  une  forme  plus  fixe,  et  se  spécialiser  en 
quelque  sorte  dans  leurs  caractères  extérieurs. 
Dans  ceux  qui  nous  restent  à  faire  connaître, 
cette  disposition  est  invariable,  et  nous  leur  trou- 
verons à  tous  huit  tentacules,  soit  qu'ils  vivent 
isolés,  soit,  ce  qui  est  le  plus  ordinaire,  qu'ils  se  pré- 
sentent groupés  sur  une  même  tige. 

Ces  êtres  sont  loin  d'avoir  la  même  importance 
dans  les  phénomènes  géologiques  que  les  précé- 
dents. Ils  ne  s'accroissent  jamais  en  masses 
énormes,  et  ne  forment  point  de  récifs  sous -ma- 
rins. D'une  consistance  flexible,  molle  ou  friable, 
ils  vivent  en  petits  groupes,  et  ne  persistent  point 
après  leur  mort;  si  ce  n'est  le  seul  genre  des 
Tubipores,  et  quelques  espèces  de  Coraux. 

Relativement  à  cette  dernière  famille,  nous  ob- 
serverons qu'elle  a  les  plus  grands  rapports  avec 
les  Madrépores ,  et  ne  doit  pas  trop  s'en  éloigner 
dans  un  ordre  méthodique. 


256  ZOOLOGIE. 

En  effet,  nous  voyons  dans  les  Isis,  les  Gorgones, 
les  Antipathes,  un  axe  central  phytoïde  sécrété, 
recouv  rt  d'une  écorce  spongieuse  et  vivante,  dans 
laquelle  se  logent  des  Polypes  d'une  forme  con- 
stante. Dans  les  vrais  Madrépores  ,  il  n'y  a  de 
différent  que  la  solidité  de  l'axe,  la  minceur  de 
Fécorce,  et  douze  tentacules  aux  animaux,  au  lieu 
de  huit  qui  existent  dans  les  Coraux.  Encore  le 
genre  Corail,  proprement  dit,  a-t-il ,  comme  tout 
le  inonde  sait,  sa  tige  pierreuse. 

Pour  ce  qui  est  de  la  classification  des  Zoo- 
phytes  Sarcoïdes,  connus  en  général  sous  le  nom 
d'Alcyons,  c'est  un  travail  à  faire,  afin  de  voir  si 
on  ne  rencontrerait  point  dans  l'organisation  de 
la  base  spongieuse  polypifère,  des  caractères  meil- 
leurs que  ceux  tirés  de  la  forme,  qui  varie  à 
l'infini.  Aussi  trouvons-nous  que  la  plupart  des 
divisions  génériques  admises  par  les  auteurs  sont 
aussi  fugitives  qu'arbitraires. 


ZOOPHYTES.  257 


TUBIPOKES. 


À.    A    ENVELOPPE     CALCAIRE. 

Genre  Tubipore.  lubipora. 

Animaux  cylindriques,  à  huit  tentacules  pinnés, 
contenus  dans  des  tubes  calcaires,  cylindriques, 
verticaux,  à  ouverture  ronde,  réunis  entre  eux 
par  des  cloisons  transverses  en  masse  considé- 
rable, arrondie,  fixée,  constituant  une  sorte  de 
polypier. 


TUBIPORE  ROUGEATRE. 

Tuhipora  rubcola,  nob. 

PLANCHE    21  ,  FIGURES     1-8. 

Tubipora,  tubis  cjlindricis,  longis,  Iaxis,  rubris, 
sepimentis  separatis. 

Poljpis  subrubris;  tentaculis  radiatis,  pèctinàûs. 

Zoologie,  t.  iv.  J7 


258  ZOOLOGIE. 

Nous  sommes  les  premiers  qui,  clans  notre  pre- 
mier voyage,  avons  fait  connaître  les  animaux  des 
Tubipores ,  que  jusque-là  on  croyait  appartenir  à 
quelque  Annélide. 

Nous  n'ajouterons  rien  à  ce  qui  a  été  dit,  en 
parlant  du  Tubipore  Musique,  de  cette  multitude 
de  petits  cylindres  perpendiculaires  et  parallèles, 
rapprochés  sans  se  toucher ,  et  réunis  entre  eux 
par  des  cloisons  transverses  qui  leur  sont  exté- 
rieures. Ces  cloisons ,  sécrétées  par  le  bord  du 
manteau  des  Polypes,  sont  de  même  nature  que  les 
tubes,  c'est-à-dire  membrano-calcaires,  durcissant 
à  l'air  ;  ce  qui  fait  qu'à  l'aide  de  ces  moyens  d'u- 
nion, les  Tubipores  forment  réellement  de  grosses 
masses  pierreuses.  A  mesure  que  ces  Zoophytes 
s'élèvent,  ils  abandonnent  la  partie  inférieure  de 
leur  tube,  et  multiplient  les  lamelles  qui  les  unis- 
sent les  uns  aux  autres.  Il  arrive  quelquefois  que 
ces  sortes  de  diaphragmes  forment  des  plans  ho- 
rizontaux assez  réguliers,  surtout  dans  le  Tubi- 
pore Musique.  Il  n'en  est  pas  de  même  dans 
l'espèce  nouvelle  que  nous  donnons,  dont  les  tubes 
sont  plus  gros,  plus  longs,  légers,  moins  serrés, 
et  offrant  des  cylindres  de  deux  à  trois  pouces, 
sans  nœuds.  Leur  couleur  est  du  reste  la  même; 
c'est  un  joli  rouge  vif  de  laque,  qui  ne  paraît 
nullement  dans  la  mer ,  parce  que  les  Polypes , 
toujours  étalés  et  confluents,  la  masquent;  à  tel 
point,  que  n'ayant  vu  qu'un  Tubipore  à  tentacules 


ZOOPHYTÈS.  25Î) 

verts,  nous  ne  reconnûmes  pas  d'abord  pour  te] 
celui  qui  nous  occupe,  lorsque  nous  arrivâmes 
snr  la  masse  considérable  et  arrondie  qu'il  formait. 
En  y  enfonçant  le  pied,  tous  ces  tubes  fragiles  se 
brisaient  comme  du  verre. 

Les  Polypes,  comme  l'indique  leur  nom  spéci- 
fique, sont  légèrement  rougeàtres,  à  huit  tentacules 
lancéolés,  pointus,  pinnés  sur  les  bords.  Ils  dé- 
bordent et  forment  un  bourrelet  plissé  à  l'ouver- 
ture de  leur  tube,  qui  dans  cette  partie,  non  encore 
solidifiée,  est  presque  membraneux.  Ce  bourrelet 
varie  de  forme  selon  le  plus  ou  le  moins  de  déve- 
loppement des  tentacules,  qui  rentrent  quand  on 
les  touche,  à  peu  près  comme  cela  a  lieu  dans  un 
doigt  de  gant  qu'on  replie.  Nous  avons  figuré 
d'après  nature  ces  divers  aspects,  et  nous  ren- 
voyons pour  plus  de  détails  au  Mémoire  inséré 
dans  la  Zoologie  de  VUranie,  où  l'on  voit  la  dis- 
position des  ovules  dans  ces  animaux  * . 

Le  Tubipore  rougeâtre  habite  le  havre  Car- 
teret,  à  la  Nouvelle -Irlande.  Il  y  formait  une 
masse  arrondie,  de  plusieurs  pieds  de  diamètre, 
recouverte  d'un  à  deux  pieds  d'eau,  dans  les  plus 
basses  marées.  Celui  que  nous  primes  autrefois  à 
Timor  était  situé  moins  profondément,  et  pou- 
vait même  être  à  sec  pendant  quelque  temps. 

*  C'est  à  tort  que  dans  ce  livre  nous  avons  fait  dire,  d'après  d'autres,  à 
M.  Roux  de  Marseille,  que  le  Tubipore  Musique  existait  dans  la  Méditer- 
ranée. Il  nous  a  assuré  qu'il  n'y  avait  rien  de  certain  à  ce  sujet. 

17* 


260  ZOOLOGIE. 


B.    A  ENVELOPPE  CHARNUE. 

Genre  CLAVULAIRE.  —  Clavularia. 

Animaux  cylindriques  à  huit  tentacules  pinnés, 
contenus  dans  des  tubes  claviformes,  coriaces  , 
striés,  subpédiculés,  fixes,  et  agglomérés. 


i.  CLAVULAIRE  VERTU 

Clavularia  viriclis,  nob. 

PLANCHE   21  ,    FIGURES    IO-I2. 


Clavularia ,  tubis  distinctis,  coriaceis,  claviilatis, 
redis  aut  subcontortis ,  longitrorsum  stria  fis ,  vi~ 
rescentibus. 

Poljpis  stria  fis ,  fuscis;  tentaculis  planius 'culis , 
pinnatis ,  violaceis. 

Ce  genre,  qui  semble  faire  le  passage  des  Tubi- 
pores  aux  Cornulaires,  a  été  établi  pour  des  ani- 
maux à  huit  tentacules,  contenus  dans  des  tubes 


ZOOPHYTES.  2(il 

membraneux  coriaces,  auxquels  ils  sont  intime- 
ment unis.  Fixés  sur  les  corps  marins,  et  groupés 
entre  eux  en  masses  plus  ou  moins  serrées,  ils 
ne  sécrètent  point  de  cloisons  extérieures  qui 
puissent  réunir  leurs  tubes ,  lesquels  ne  forment 
pas  non  plus  de  séries  d'accroissement  superpo- 
sées. 

La  Clavulaire  verte  est  longue  de  deux  pouces, 
un  peu  tortueuse ,  recourbée  vers  son  extrémité 
fixée,  laquelle  est  un  peu  pointue.  Les  individus, 
fort  rapprochés,  se  touchent  même  sans  adhérer 
les  uns  aux  autres,  et  leurs  Polypes,  étalés,  parais- 
sent confluents.  Les  tubes,  d'un  jaune  verdâtre, 
sont  striés  en  long,  et  couverts  à  l'extérieur  d'a- 
cicules  subcalcaires,  réunis  en  faisceaux. 

Les  Polypes  proéminent  un  peu  au-dessus  de 
leurs  loges,  comme  font  les  Tubipores,  avant  que 
d'étaler  leurs  huit  tentacules  lancéolés,  garnis  de 
chaque  côté  d'une  série  simple  de  petites  folioles 
obtuses.  Ces  dernières  sont  d'un  joli  gris  violacé, 
et  le  corps  de  l'animal ,  qui  est  contractile  et  rentre 
dans  le  tube,  a  des  stries  longitudinales  brunes. 

Cette  espèce  est  très-répandue  dans  l'île  de  Va- 
nikoro  ,  où  elle  encroûte  de  ses  plaques  les  Ma- 
drépores et  les  autres  corps  sous-marins. 


262  ZOOLOGIE. 


a.  CLA.VULAIRE  VIOLETTE. 

Clavularia  violacea,  nob. 

PLANCHE  21,  FIGURES   l3-l6. 


Clavularia  miuima,  tubis  cylt/alr/c/s,  coriaceis , 
truncatis ,  canaliculatis ,  obscuro  -violaceis. 
Tentaculis  brevibus ,  J/avis. 

Petite  espèce  seulement  élevée  de  quelques 
lignes,  dont  les  tubes  grêles,  presque  cylindriques, 
cannelés ,  d'un  violet  sombre ,  et  pressés  les  uns 
contre  les  autres ,  forment  d'assez  larges  plaques. 
Ils  sont  couverts  d'acicules,  qui  sont  aussi  de  cou- 
leur violette.  Les  Polypes  sortent  à  peine  de  leurs 
loges,  et  ne  laissent  voir  que  les  extrémités  des 
tentacules,  d'un  beau  jaune.  Ce  n'est  quedansl'eau 
et  sur  place  que  le  contraste  de  ces  deux  teintes 
paraît  bien  ;  car  dès  qu'on  enlève  ces  Clavulaires, 
les  Polypes  rentrent  profondément  pour  ne  plus 
reparaître ,  même  dans  le  vase  où  on  les  place  ;  ce 
qui  est  le  contraire  de  ce  que  font  la  plupart  des 
Zoophytes.  Cela  nous  a  empêché  de  reconnaître 


ZOOPHYTES.  263 

la  forme  et  la  disposition  des  tentacules,  s'ils 
étaient  pinnéson  non.  En  rentrant  complètement, 
ils  froncent  un  peu  l'ouverture  de  leurs  tubes. 

Habite  l'île  de  Vanikoro,  toujours  au-dessous 
des  plus  basses  marées,  vis-à-vis  l'îlot  de  Manévé. 


204  ZOOLOGIE. 


Genre  CORNULAIRE.  —  Çornularia. 

Animaux  cylindriques,  pédicules,  pourvus  de  # 
huit  tentacules  pinnés,  non  rétractiles,  groupés 
sur  une  base  sarcoïde  adhérente  j»  membraneuse 
ou  plus  ou  moins  lobée. 


Les  Cornulaires  tiennent  aux  Tubipores  par 
la  disposition  pinnée  de  leurs  tentacules  au  nom- 
bre de  huit,  et  aux  Alcyons  par  la  base  charnue  et 
lobée  d'où  partent  les  Polypes;  mais  elles  dif- 
fèrent de  ces  derniers  en  ce  que  les  animaux, 
portés  sur  des  pédicules ,  ne  sont  point  suscep- 
tibles de  rentrer  dans  des  alvéoles,  creusées  dans 
la  masse  sarcoïde.  Cependant  ce  petit  groupe,  par 
la  consistance  et  le  port  extérieur  de  ses  animaux, 
nous  semble  tenir  davantage  aux  Alcyonaires.  Il 
ne  diffère  que  fort  peu  des  genres  Xénie  et  An- 
thélie  de  M.  Savigny,  qui,  selon  notre  opinion, 
ne  doivent  former  qu'une  division  dans  les  Cornu- 
laires. Ces  dernières,  comme  nous  les  avons  définies, 
diffèrent  un  peu  de  ce  qu'indiquent  les  auteurs; 
mais  ayant  pour  nous  l'observation  directe,  notre 


ZOOPHYTES.  205 

manière  de  voir  pourra  peut-être  servir  de  guide 
au  milieu  des  distinctions  un  peu  embrouillées 
de  ces  polypes  à  huit  tentacules.  Nous  allons  voir 
tout  à  l'heure  ce  que  nous  entendons  par  Alcyons 
proprement  dits. 


i.  CORNULAIRE  MULTIPINNÉE. 
Cornularia  mvltipinnata ,  nob. 

PLANCHE    22,   FIGURES    l~4- 


Cornularia  ,  ramosa ,  mollissima  ,  pallida  ;  lobis 
crassis,  obtusis  ;  polypis  numerosis ,  pediculatis  ; 
têntaculis  octo ,  laciniis  tectis. 

Cette  espèce  forme  des  empâtements  peu  con- 
sidérables ,  de  quelques  pouces  de  hauteur.  Elle 
est  remarquable  en  ce  qu'elle  se  divise  en  rameaux 
épais,  au  sommet  desquels  sont  les  Polypes.  Ceux-ci, 
longs  de  quelques  lignes,  comme  implantés  sur  une 
masse  charnue,  fibreuse,  extrêmement  molle,  ne 
sont  point  rétractiles  ;  de  sorte  qu'en  les  sortant 
de  l'eau,  ils  retombent  sur  leur  base.  Ils  ont  une 
forme  cylindrique,  pédiculée,  et  huit  tentacules 


266  ZOOLOGIE. 

assez  grêles,  recouverts  d'un  grand  nombre  de 
laciniures  qui  n'affectent  point  d'ordre  régulier  ; 
ce  que  nous  n'avons  rencontré  que  dans  cette  Cor- 
nulaire.  Ces  nombreuses  franges  donnent  à  ce 
Zoophyte  un  aspect  qui  le  fait  distinguer  au 
premier  abord  du  suivant,  avec  lequel  il  a  des 
rapports.  Sa  couleur  est  blafarde  dans  toutes  les 
parties.  Les  Polypes  laissent  découler  une  grande 
quantité  d'albumine,  ce  qui  nécessite  de  les  chan- 
ger souvent  d'eau  pour  les  observer,  et  d'esprit- 
de-vin  pour  les  conserver. 

Habite  les  îles  des  Amis,  à  Tonga. 


i.  CORNULAIRE  VERDATRE. 
Cornularia  subviridis ,  uob. 

An  Actinantha  Jlorida?  Lesson,  Voyage  de  la  Coquille, 
pi.  3,  n°  i. 


PLANCHE    22  ,    FIGURES    5^. 


Cornularia,  explanata,  indivisa,  molle ,  albido- 
lutescente;  polypis  conjluentibus,  pediculatis,  regu- 
larilcr  laciniatis ;  laciniis  vircscentibus. 


ZOOPHYTES.  267 

Le  polypier  est  charnu,  mou,  formant  des  ex- 
planations  peu  élevées,  qui  atteignent  jusqu'à  un 
pied  de  diamètre.  Les  Polypes  qui  y  sont  implantés, 
longs  de  trois  à  quatre  lignes,  n'ont  point  de 
mouvement  de  rétraction.  Leurs  tentacules  retom- 
bent sur  eux-mêmes.  Ils  sont  à  huit  divisions,  un 
peu  renflés  au  milieu,  pointus,  et  régulièrement 
pinnés  sur  les  bords.  Ces  laciniures  sont  vertes , 
tandis  que  les  autres  parties  du  Zoophyte  ont 
une  teinte  d'un  blanc  jaunâtre. 

Quoique  les  Polypes  de  cette  Cornulaire  ne  se 
touchent  point,  leurs  tentacules  épanouis  pa- 
raissent cependant  confluents,  et  sont  d'un  assez 
joli  effet  sous  l'eau ,  par  leur  couleur  verte. 

On  la  trouve  sur  le  récif  de  l'île  des  Cocos  ,  au 
havre  Carteret  de  la  Nouvelle-Irlande. 

Nous  considérons  comme  une  variété  de  cette 
espèce,  prise  dans  le  même  lieu,  la  Cornulaire 
des  figures  8  et  10,  dont  les  masses  plus  petites,  et 
arrondies  en  boule ,  ne  dépassent  pas  la  grosseur 
du  poing.  Leurs  Polypes,  moins  développés ,  ont 
également  les  folioles  verdâtres;  mais  les  tenta- 
cules sont  un  peu  moins  allongés.  Ce  qu'il  y  a  de 
remarquable ,  c'est  que  dans  le  nombre  il  s'en 
trouve  beaucoup  de  courtement  pédicules  ,  qui 
ont  leurs  divisions  obtuses,  arrondies  et  sans 
franges.  Sont-ce  de  plus  jeunes  individus  qui  n'a- 
vaient pas  encore  atteint  toute  leur  croissance? 
Nous  serions  disposé  à  le  croire. 


268  ZOOLOGIE. 

Cette  Cornulaire  nous  paraît  être  la  même  fi- 
gurée par  MM.  Garnot  et  Lesson,  dans  le  Voyage 
de  la  Coquille,  sous  le  nom  d'Actinanthe  fleurie,  et 
que  le  dessinateur  a  un  peu  trop  bien  arrangée 
en  forme  d'Actinie;  ce  qui  pourrait  donner  lieu 
à  quelque  méprise,  et  faire  croire  que  ce  n'est 
qu'un  animal,  tandis  que  «'est  réellement  une 
agrégation  de  plusieurs. 


ZOOPHYTES.  2G9 


Genre  ALCYON. — Alcyonum. 

Animaux  polypiforrnes  à  huit  tentacules  simples, 
rarement  laciniés,  contenus  clans  des  cellules,  ou 
à  l'extrémité  de  pédoncules  épars  à  la  surface 
d'une  partie  commune,  charnue,  arborescente  ou 
encroûtante  et  fixée. 


Nous  avons  examiné  avec  attention  un  grand 
nombre  d'Alcyons  vivants  ,  et  nous  pouvons  as- 
surer que  les  genres  qui  ont  été  formés  avec  les 
diverses  espèces  de  ces  Zoophytes  ne  nous  pa- 
raissent pas  établis  sur  d'assez  bons  caractères  pour 
être  conservés.  On  n'a  pu  les  tirer  de  la  forme 
des  Polypes,  qui  se  ressemblent  presque  tous,  il  a 
fallu  les  prendre  dans  celle  de  la  masse  polypifère, 
laquelle  varie  à  l'infini;  d'où  la  difficulté  de  se 
reconnaître  dans  cette  petite  classification. 

Les  vrais  Alcyons  seront  pour  nous  des  Po- 
lypes octotentaculés,  imparfaitement  ou  rarement 
pinnés ,  susceptibles  de  rentrer  dans  une  gangue 
charnue,  très-diversiforme,  fixée  ou  encroûtante. 
Une  douzaine  d'exemples   tirés  de   nos  propres 


270  ZOOLOGIE. 

observations  vont  servir  de  base  aux  divisions 
que  nous  proposons  pour  faciliter  l'étude  de  ces 
animaux,  qui  sont  assez  nombreux. 

[  lobés  (ou  les  Lobulaires) 
,  coriaces. 

Alcyons 

arborescents  (ou  les  Neptées 


mous, 
coriaces. 


Ce  n'est  que  pour  arriver  plus  promptement  à 
la  connaissance  de  l'espèce  que  nous  avons  établi 
quatre  subdivisions  qui,  à  la  rigueur,  pourraient 
n'en  former  que  deux,  selon  que  les  Alcyons  se- 
raient lobés  ou  branchus. 


A.  Espèces  molles  et  lobées  (ou  les  Lobulaires) 

i.  ALCYON  GLAUQUE. 
jêlcyonum  glaucum,  nob. 


PLANCHE    22,   FIGUHES    11-12, 


Alcyonuin,  carnosum,  pediculatum,  plano-loba- 
tum,  virescens,  luteo  et  fusco  punctatum  ;  poljpîs 
fascis  longitrorsum  striatis ,  quincunci  ordinatis; 
tentactuis  vire  s  cent  Unis,  obtusiusculis. 


ZOOPHYTES.  271 

Espèce  formant  de  larges  plaques  charnues,  à 
gros  pédicules  courts,  et  dont  les  bords  arrondis, 
ondulés,  sont  quelquefois  lobules.  Ces  expansions, 
épaisses  de  cinq  à  six  lignes  ,  sont  d'un  beau 
glauque,  avec  des  teintes  jaunes  et  des  points 
grisâtres  assez  régulièrement  alignés  en  forme  de 
quinconces;  ce  sont  les  oscilles  par  où  sortent  les 
animaux,  qui,  nombreux  et  rapprochés,  modi- 
fient, lorsqu'ils  sont  sortis,  la  couleur  que  nous 
venons  d'indiquer,  parce  qu'ils  ont  leurs  tenta- 
cules verdàtres,  et  leur  tige  brune  avec  des  stries 
en  long.  Ces  Polypes  n'ont  guère  plus  d'une  ligne 
dans  leur  plus  grand  développement.  Les  huit 
rayons  de  leurs  étoiles  sont  grêles,  obtus  et  lisses. 

Quelques-uns  de  ces  Alcyons  présentent  quelque 
variété  dans  leur  teinte ,  qui  est  plus  ou  moins 
grisâtre  ou  verdâtre. 

On  les  trouve  sur  les  plages,  que  la  mer  laisse 
à  découvert,  de  l'îlot  de  Panhi-Modou,  à  Tonga. 
Ils  rendent  les  places  qu'ils  recouvrent  très-glis- 
santes. Il  semble  qu'on  marche  sur  des  coussins 
charnus  enduits  d'une  matière  albumineuse. 


272  ZOOLOGIE. 

2.  ALCYON  VERT. 

Alcyonum  viridc ,  nob. 


PLANCHE  23,  FIGURES  22-2  3. 


Alcyonum ,  magnum  ,  lobato-digitatum  ,  carno- 
sum  ,  virescens  ;  polypis  minimis,  virescentibus ; 
tentaculis  ovato-lanceolatis ,  membrana  junctis , 
apice  ciliatis. 

Cet  Alcyon  est  en  masses  assez  considérables, 
largement  fixées,  en  lobes  digités ,  arrondis  au 
sommet.  Sa  couleur  est  d'un  vert  foncé  avec  des 
taches  jaunâtres.  Les  Polypes  ,  irrégulièrement 
placés,  mais  fort  rapprochés,  sont  verdâtres,  très- 
courts,  faisant  peu  de  saillie.  Leurs  tentacules  sont 
pétalliformes,  réunis  entre  eux  par  une  membrane 
mince,  et  laciniés  à  leur  extrémité. 

Habite  l'île  Vanikoro. 


ZOOPHYTES.  273 

3.  ALCYON  ÉVENTAIL. 

Alcyomun  Flabellum ,  nob. 

PLANCHE   23,  FIGURES   1 8-20. 


Alcyonum,  carnosurn ,  repandum ,  compressum, 
lobatum,  spadiceum;  digitationibus  acutis,  redis; 
polypis  elevatis ,  gracilibus ,  tentacules  luteis. 

Cette  espèce  forme  des  bancs  de  plusieurs  pieds 
d'étendue ,  étalés  en  éventail  ou  étendus  en  plaques 
arrondies.  Les  digitations  en  sont  profondes,  com- 
primées, pointues,  d'un  brun  violacé  .tirant  sur 
le  chocolat.  Les  oscilles  forment  des  points  bru- 
nâtres assez  clair-semés  et  irrégulièrement  placés. 
Les  Polypes  sont  grêles,  bruns,  à  tentacules  sub- 
arrondis et  jaunâtres. 

Cet  Alcyon  varie  dans  sa  couleur ,  qui  peut 
devenir  jaunâtre  ou  verdâtre.  Il  habite  le  havre 
Carteret  à  la  Nouvelle-Irlande. 


Zoologie,  t.  iv.  itf 


274  ZOOLOGIE. 


B.  Espèces  ï,obées  et  coriaces. 


A.   ALCYON  TUBERCULEUX. 

Jlcyonum  tuberciilosum,  nob. 

planche  23  ,  figures  4-5. 


Alcyonum,  brevipedimculatum ,  incrustons,  co- 
riaceum,  lûtes  cens,  autgriseum;  mamillis  convexis, 
subrôtundis  ;  polypis  sessilibas  ;  tentaculis  longis , 
gracilibus. 

Espèce  dure ,  coriace ,  formée  de  mamelons 
arrondis,  serrés,  groupés  sur  un  court  pédicule, 
recouvrant  les  corps  marins.  L'ensemble  de  ces 
éminences  est  gris  de  lin;  mais  il  y  en  a  de  jau- 
nâtres et  de  brunes.  Les  points  bruns  qui  les  re- 
couvrent sont  les  oscules  par  où  sortent  les  Po- 
lypes. Ceux-ci  ne  font  de  saillie  que  pour  laisser 
passer  leurs  tentacules  en  étoile,  dont  les  huit 
branches  sont  bien  marquées,  déliées  et  jaunâtres. 

Cet  Alcyon  habite  Tonga ,  et  forme  des  groupes 
qui  n'excèdent  pas  de  beaucoup  la  grosseur  du 
poing. 


ZOOPHYTES.  075 


.) 


C.  Espèces  molles  et  arborescentes   (les   Noptées). 

5.  ALCYON  RAMEUX. 
Alcyonum  ramosum,  nob. 

PLANCHE   23,    FIGURES   8-1  I. 


Alcyonum,  magnum,  molle,  multiramosum ; 
stirpe  albicunti,  fulvo  striato  ;  polypis  /'//sets,  in 
extremitate  ramorum  coadunatis  ;  tentaçulis  brc- 
vibus  rotundatis. 

Cet  Alcyon,  et  trois  autres  dont  nous  parlerons 
plus  bas,  seraient  à  la  rigueur  susceptibles  de 
former  un  genre,  parce  que  leurs  Polypes,  dispo- 
sés en  grappes  à  l'extrémité  des  rameaux,  ne  ren- 
trent point  dans  leur  gangue  corticale  ;  il  n'y  a 
que  les  tentacules  seuls,  qui  se  replient  sur  eux- 
mêmes  en  se  fermant  comme  les  pétales  d'une 
fleur. 

Cette  grande  espèce  atteint  plusieurs  pieds  de 
longueur;  elle  est  comprimée  dans  son  ensemble, 
et  forme  comme  de  petites  palissades  sous  les 
eaux.  Le  rameau  que  nous  figurons,  et  qui  appar- 
tenait à  un  ensemble  beaucoup  plus  considérable, 

18* 


276  ZOOLOGIE. 

est  de  grandeur  naturelle.  Sa  substance  molle 
laisse  échapper  beaucoup  d'albumine.  Les  tiges 
sont  blanchâtres  avec  des  stries  longitudinales 
rougeâtres,  très-déliées.  C'est  à  l'extrémité  des 
nombreuses  branches,  que  les  Polypes  sont  agglo- 
mérés en  panicules  ovoïdes.  Chaque  individu  a  un 
pédicule  distinct,  court,  d'un  brun  rougeâtre,  ou 
couleur  de  bistre,  de  même  que  les  huit  tenta- 
cules obtus  et  arrondis  qui  le  terminent.  Ces  ap- 
pendices, rapprochés  entre  eux,  ressemblent  à  un 
bouton  de  lilas  sur  le  point  d'éclore. 

Indépendamment  des  groupes  d'animaux  qui 
existent  à  l'extrémité  des  rameaux ,  on  en  voit 
d'autres  plus  petits ,  sessiles ,  sur  les  tiges  elles- 
mêmes. 

Habite  le  port  Dorey  à  la  Nouvelle-Guinée. 


6.  ALCYON  DES  AMIS. 

Alcyonum  amicorum ,  nob. 
Neptée  des  omis,  Blainv.,  Dict.  se.  nat.,  t.  LX,  p.  487. 

PLANCHE   22  ,    FIGURES     l3-l5. 


Alcyonum ,  carnosum,  crasse  pediculattim ,  ar- 
boreum  ,    violaceo-vircscens-;    ramis    explanaiis  ; 


ZOOPÏIYTES.  277 

potyp$ paniculatis  ;  tentacules  octonis,  âpice  <>/>- 
/us/s ,  virescentibus. 

Cette  espèce,  très-largement  pécliculée ,  forme 
des  ramifications,  qui  au  lieu  de  s'élever  s'étalent 
latéralement  et  sont  très-pressées.  Elles  sont  char- 
gées de  mamelons  ovalaires,  composés  de  très-pe- 
tites granulations,  qui  sont  autant  d'animaux, 
très-courtement  pédicules,  à  huit  tentacules  grê- 
les et  obtus,  lesquels  s'épanouissent  rarement.  Ce 
Zoophyte  est  vert  pré,  avec  des  teintes  jaunâtres  ; 
les  tiges  principales  et  la  base  sont  violacées. 

On  le  trouve  sur  l'île  Tonga-Tabou. 


7.  ALCYON  ORANGÉ. 
Alcyonum  aurcintiacuin  ,  nob. 

PLANCHE  22  ,    FIGURES   l6-l8. 

Alcyonum,  parvum,  molle,  ramosum,  aurcum  ; 
rames  obtusis  ;  polypis  elongatis,  clavatis  ,  a  Ibis  ; 
tentaculis  brevissimis  rotundatis. 

Cette  espèce,  molle,  rameuse,  a  des  rapports 
avec  les*Véré tilles  par  la  forme  de  ses  Polypes,  qui 


278  ZOOLOGIE. 

sont  transparents,  et  la  disposition  qu'elle  a  à  ab- 
sorber une  grande  quantité  d'eau  ,  ce  qui  aug- 
mente son  volume. 

Sa  longueur  est  de  deux  à  trois   pouces  ;  ses 
rameaux  sont    obtus,   orangés,    et   couverts    de 
points  blancs,  qui  sont  les  extrémités  des  Polypes 
rentrés.  Ceux-ci,  grêles,  saillants,  ont  la   forme 
d'une  petite  massue.  Leurs  tentacules,  au  nombre 
de  huit,  ne  sont  autre  chose  que  de  petits  tuber- 
cules, s'élevant  à  peine  au-dessus  de  la  bouche. 
Cette  dernière  donne  dans  un  estomac  court,  des 
côtés  duquel  partent  cinq  à  six  filaments  plissés 
ovifères.  Cette  organisation,  que  la  blancheur  et  la 
transparence  des  animaux  nous  a  permis  de  voir, 
est  absolument  la  même  que  celle  des  Vérétilles. 
Si  l'on  n'attendait  pas  le  développement  complet 
de  cet  Alcyon  ,  on  en  aurait  une  idée  peu  exacte. 
Il  provient  du  lieu  qu'on  nomme  rivière  Tamise, 
à  la  Nouvelle-Zélande,  par  huit  à  dix  brasses  de 
profondeur. 


ZOOPHYTES.  279 

8.  ALCYON  FLEXIBLE. 

Alcyonum  Jlexibile ,  nob. 

PLANCHE  23,   FIGURES    1-3. 

Alcyonum,  maximum,  ramosum,  lutescens; ramis 
gracilibus  cylindricis,  prœlongis ,  mollibus;  polypis 
minimis ,  virescentïbus  ,  centro  luteis  ;  tentaculis 
brèvibus  rotundatis . 

Cet  Alcyon  habite  toujours  à  d'assez  grandes 
profondeurs,  qui  ne  découvrent  jamais  à  basse 
mer.  On  prendrait  ses  longs  rameaux  cylindriques 
et  flexibles  pour  des  éponges.  Ils  partent  de  tiges 
elles-mêmes  ramifiées,  mollasses,  formant  sous  les 
eaux  des  faisceaux  considérables.  Leur  couleur 
varie  du  fauve  au  jaune  pâle;  mais  lorsque  les 
animaux  très-pressés  qui  les  couvrent  font  saillie , 
il  s'y  mélange  du  verdâtre,  parce  que  c'est  leur 
couleur.  Us  forment  de  petites  rosettes  peu  élevées, 
à  huit  tentacules  rudimentaires ,  arrondis.  Le  dis- 
que buccal  est  jaune. 

Habite  l'île  de  Vanikoro. 


280  ZOOLOGIE. 


D.  Espèces  coriaces  et  arborescentes. 


9.  ALCYON  JAUNE. 

Alcyonum  Jlavum ,  nob. 

PLANCHE    23  ,   FIGURES    6-J. 


Alcyonum,  coriaceum,  arbores  cens,  parvum,  basi 
compressum  ,  jlavum  ;  ramis  cylindricis ,  acutis , 
simplicibus  ;  osculis  minimis ,  sparsis  ;  tentaculis 
absconditis. 

Espèce  peu  commune,  très-coriace,  d'un  beau 
jaune  de  paille ,  formant  des  masses  d'un  assez 
gros  volume,  peu  élevées,  comprimées.  Leur  base 
donne  naissance  à  des  rameaux  cylindriques,  sim- 
ples, pointus,  d'un  à  deux  pouces  de  longueur, 
recouverts  d'oscules  jaunes,  irrégulièrement  placés 
et  qu'on  ne  peut  bien  voir  qu'à  la  loupe.  Les  Po- 
lypes ne  font  point  de  saillie,  et  à  peine  remar- 
que-t-on  les  huit  divisions  que  doivent  former 
leurs  tentacules. 

Cet  Alcyon,  d'une  aridité  extrême,  habite  File 
de  Vanikoro. 


ZOOPHYTES.  281 


10.  ALCYON  IMBRIQUÉ  \ 
Alcyonum  imbricatum,  nob. 

PLANCHE   23,    FIGURES    I2-l4- 


Alcyonum ,  ramosum ,  rigidum ,  albo-cœrules- 
cehs;  polypis  fasciculatis ,  pediculatis ,  subimbrî- 
catis  y  non  retractilîbus  ;  tentaculis  minimis  obtu- 
sis,  apice  fuscis. 

Espèce  coriace  et  très-rigide,  en  petites  masses 
de  la  grosseur  du  poing,  divisée  en  rameaux 
courts,  sur  lesquels  se  «groupent  les  animaux,  en 
formant  comme  de  petits  thyrses,  et  s'imbriquant 
un  peu  les  uns  les  autres.  Chaque  Polype,  porté 
sur  un  pédicule  court,  n'est  point  susceptible  de 
rentrer  dans  sa  gangue  corticale.  Leur  extré- 
mité, arrondie  en  ovale,  a  huit  tentacules  très- 
courts,  obtus,  recourbés  sur  eux-mêmes  et  dirigés 
vers  la  bouche;  leur  pointe,  qui  est  brune,  con- 
traste avec  le  blanc  légèrement  bleuâtre  du  reste 
du  polypier. 


*  Cet  Alcyon,  le  suivant  et  le  rameux  déjà  décrit,  sont  susceptibles  de 
former  une  division  à  part,  ou  même  un  genre. 


282  ZOOLOGIE. 

La  substance  de  ce  Zoophyte  est  composée  île 
petites  granulations  confuses,  très-pressées. 
Habite  le  havre  Carteret  de  la  Nouvelle-Irlande. 


ii.  ALCYON  TERMINAL. 

Alcyonum  terminale,  nob. 

PLANCHE  a3,    FIGURES    l5-I7. 


Alcyonum,  ramosum,  rigidum,  album;  ramis 
solitariis;  polypis  terminalibus ,  inflatis  ;  tenta- 
cutis  mimmis ,  foliaceis ,  acutis,  apice  fuscis. 

Cette  espèce  diffère  des  précédentes  en  ce  que 
chacun  des  rameaux  est  terminé  par  un  Polype 
en  forme  de  bouton  arrondi,  et  que  nous  n'en 
avons  point  vu  sur  les  tiges  principales.  Du  reste, 
la  partie  charnue  est  rigide  et  scarieuse  comme 
dans  l'Alcyon  imbriqué,  auquel  il  ressemble  un 
peu  sous  ce  rapport  seulement.  Les  tentacules, 
au  nombre  de  huit,  sont  courts,  triangulaires, 
bruns  à  leur  extrémité,  rentrés  sur  eux-mêmes, 
et  dirigés  vers  l'ouverture  buccale,  qu'ils  bouchent 


ZOOPHYTES.  283 

en  partie.  Nous  ne  les  avons  point  vus  épanouis, 
et  nous  ne  savons  même  pas  s'ils  peuvent  le  faire. 
Le  reste  du  polypier  est  d'un  blanc  mat.  Nous 
supposons  que  ce  que  nous  en  donnons  est  un 
fragment  qui  appartenait  à  une  masse  plus  con- 
sidérable. 

Habite  le  port  du  Roi-Georges,  à  la  Nouvelle- 
Hollande,  probablement  par  une  grande  profon- 
deur. 


284  ZOOLOGIE. 

Nota.  C'est  comme  en  appendice ,  et  pour 
compléter  trois  planches  qui  manquaient,  que  nous 
donnons  quelques  -une%  des  principales  espèces 
des  genres  suivants.  Leur  nouveauté  et  la  singula- 
rité de  leurs  formes  nous  fait  regretter  de  n'avoir 
pu  donner  plus  d'extension  à  notre  ouvrage,  en 
figurant  tous  les  objets  remarquables  que  nous 
avons  rapportés.  Nous  aurions  pu  nous  borner 
à  les  décrire;  mais  au  point  où  en  est  l'histoire 
naturelle,  on  ne  peut,  pour  ces  sortes  de  choses, 
se  passer  des  figures,  qui  sont  le  complément  de 
leur  explication. 


VERS  APODES. 


Genre  BORLASIE.  Borlasia,  Oken. 

Corps  mou,  extrêmement  long,  subcylindrique 
ou  aplati ,  obtus  aux  extrémités ,  plus  grêle  à  la 
postérieure;  l'antérieure  renflée  en  mufle  ou  en 
rostre,  ayant  de  chaque  côté  une  fossette  longi- 
tudinale. 

Bouche  inférieure  non  terminale,  en  fente  lon- 
gitudinale ,  formant  quelquefois  une  espèce  de 
ventouse. 

Orifice  de  l'appareil  générateur  dans  un  tuber- 
cule situé  au  bord  de  l'ouverture  buccale.  Bl. 


ZOOPHYTES.  285 

i.   BORLASIE  A  CINQ  LIGNES. 
Borlasia  quinquelineata ,  nob. 

PLANCHE   24,  FIGURES   1-2. 

Borlasia  longissima,  fr  agili}  rassa,  coin  planai  a, 
albida  ,  desuper  nigro  quinquelineata  sautas  bifas- 
ciata;  capite  b/rri,  rfilatato,  subcordiformi. 

Comme  le  remarque  fort  bien  M.  de  Blainville, 
les  genres  Cérébratules ,  Tubulan,  Borlasie,  Ne- 
merte  et  Ophiocéphale,  n'en  forment  pour  ainsi 
dire  qu'un  seul.  Ce  dernier  n'avait  été  créé  par 
nous  à  la  mer  que  provisoirement  et  pour  donner 
de  suite  un  nom  à  un  de  ces  vers. 


Cette  espèce,  longue  de  trois  à  quatre  pieds, 
a  la  forme  d'un  ruban  un  peu  épais.  Elle  est  très- 
cassante.  Sa  tète  est  petite,  cordiforme;  son  cou 
court  et  rétréci;  son  pore  buccal,  ovalaire,  assez 
grand.  L'extrémité  postérieure  est  obtuse.  Sa  cou- 
leur est  un  blanc  opalin  avec  cinq  lignes  longitu- 
dinales, noires  ou  brunes,  sur  le  dos,  deux  seule- 
ment sous  le  ventre,  et  trois  sur  la  tête. 

Habite  le  port  Dorey  de  la  Nouvelle-Guinée; 
la  Nouvelle-Irlande  et  d'autres  lieux  de  la  mer 
du  Sud. 


• 


286  ZOOLOGIE. 

2.  BORLASIE  STRIÉE. 

Borlasia  striata,  nob. 

PLANCHE   24,  FIGURES   3"4- 


Borlasia,  longissima ,  gracili,  cyiindricq,  rubra, 
,eis  tenuissimis 
capite  lanceolato. 


lineis  tenuissimis  subrubris  ïongîtrorsùm  striata 


C'est  la  plus  longue  espèce  que  nous  ayons 
trouvée  ;  elle  avait  six  pieds.  Sa  tète ,  de  forme  lan- 
céolée, est  remarquable  par  deux  pores  oblongs, 
placés  en  dessous  et  distants,  l'un  sur  le  renfle- 
ment céphalique,  l'autre  où  commence  le  corps. 
Le  fond  de  la  couleur  est  de  laque  foncée,  avec 
des  lignes  longitudinales  rouge  brun,  très-déliées 
et  rapprochées.  Elles  sont  plus  fines  et  plus  claires 
sous  le  ventre. 

Ce  ver  est  susceptible  de  se  renfler.  Dans  l'esprit* 
de-vin,  son  énorme  longueur  se  réduit  à  quelques 
pouces.  On  le  trouve  à  marée  basse  sur  les  ro- 
chers de  l'île  Guam,  principalement  à  Agagna  et 
à  Humata.  Il  a  été  déposé  au  Muséum  ainsi#que 
le  précédent. 


ZOOPHYTES.  287 

3.  BORLASIE  A   BANDELETTE. 

Borlasia  vittata  t  nob. 

PLANCHE    24,  FIGURES    5-6. 

Sa  variété,  fig.  7-8. 

Borlasia,  corpore  îemniscato ,  gracili,  subçom- 
planatOf  apice  acuto,  croceo,  desuper  nigro  univit- 
tato  ;  capite  elongato ,  lanceolato. 

Corps  long  de  près  d'un  pied,  un  peu  aplati, 
très-grèle  postérieurement;  tête  allongée,  angui- 
forme,  légèrement  obtuse,  ayant  de  chaque  côté 
la  fossette  longitudinale  bien  marquée,  mais  le 
pore  buccal  tellement  petit  que  nous  n'avons  pu 
l'apercevoir. 

Le  corps  est  d'un  beau  jaune  doré  en-dessus, 
avec  quelques  taches  brunes,  et  parcouru  dans 
toute  sa  longueur  par  une  bandelette  d'un  noir 
foncé,  placée  sur  un  fond  jaune  clair. 

La  variété  a  les  côtés  d'un  brun  violacé,  piqueté 
de  la  même  couleur.  Le  ventre  offre  une  ligne 
blanchâtre. 

On  trouve  cette  espèce  sous  les  pierres  de  la 
rade  d'Hobart-Town  àVanDiemen,  quand  la  mer 
est  basse. 


288  ZOOLOGIE. 

/,.  BORLASIE  VERTE. 

Borlasia  viridis ,  nob. 

PLANCHE    24  5    FIGURES    9"H. 

Borlasia,  corpore  tenui,  cylindrico,  irresmlaritei' 
gïbboso,  fragili,  viridi  ;  capite  longo,  anguiformi, 
albo  cincto. 

• 

Cette  espèce  est  remarquable  par  sa  tête  allon- 
gée, aplatie,  obtuse,  et  un  peu  échancréeen  avant, 
de  la  forme  de  celle  d'un  trigonocéphale,  ayant 
de  chaque  côté  une  fossette  bordée  de  blanc,  et 
rougeâtre  à  ses  deux  extrémités  dilatées.  Une 
bande  blanche  en  forme  d'écusson  passe  dessus 
et  dessous  la  tête.  La  bouche  est  rougeâtre.  Mais 
ce  que  présente  de  particulier  cette  Borlasie,  c'est 
d'avoir  de  chaque  côté  du  cou  une  sorte  de  pore 
ovalaire  également  rougeâtre.  Le  corps  est  grêle, 
cylindrique,  susceptible,  par  la  contraction ,  d'of- 
frir quelques  renflements  plus  ou  moins  réguliers, 
et  de  crisper  la  peau  de  manière  à  faire  ressem- 
bler ce  ver  à  une  Annélide.  Sa  couleur  est  un 
vert  bouteille  foncé.  Habite  sur  des  fucus,  par 
une  assez  grande  profondeur,  dans  la  rade  du 
Port-Jackson  à  la  Nouvelle-TIollande.  Sa  longueur 
est  de  cinq  à  six  pouces. 


ZOOPHYTES.  289 


5.  BORIASIE  TRICUSPIDE. 


Borlasia  tricuspidata ,  nob. 


PLANCHE    24,   FIGURES    I2-l4- 


Borlasia,  mùiinia,  elongata,  planiuscula,  viridi; 
capite  cordiformi,  brève,  desuper  cuspidibus  albis 
notato. 

Petite  espèce  tenant  de  la  précédente  pour  les 
couleurs  seulement,  irrégulièrement  renflée,  un 
peu  aplatie ,  dont  la  tète  en  cœur  offre  supérieu- 
rement un  écusson  de  trois  dents  triangulaires, 
vertes  et  jaunâtres,  largement  bordées  de  blanc. 
Tout  le  reste  de  l'animal  est  d'un  vert  sombre. 

En  l'observant  à  la  loupe,  nous  vîmes  sortir  de 
la  bouche,  placée  sous  la  dilatation  céphalique,  un 
corps  blanc,  aussi  long  que  délié,  se  tortillant  de 
chaque  côté.  Sans  ses  mouvements,  nous  eussions 
pris  ce  corps,  qui  est  probablement  un  ver  parasite 
pour  l'intestin  de  cette  Borlasie. 

Elle  habite  la  rade  d'Agagna  dans  l'île  Guam. 
Notre  manuscrit  porte  qu'elle  avait  de  quatre  à 
cinq  lignes   de  longueur.   Nous   croyons    qu'elle 
Zoologie,  t.  iv.  1 9 


290  ZOOLOGIE. 

devait  être  plus  longue.  Elle  est  par  conséquent 
représentée  grossie.  Une  des  figures  indique  le  ver 
sortant  de  son  intérieur. 


6.   BORLASIE  DE  LA  NOUVELLE-ZÉLANDE. 

Borlasia  Novœ-Zelandiœ ,  nob. 

PLANCHE    24,  FIGUItES    l5-IC;. 


Borlasia ,  corporè  breviter  elongato ,  piano ,  de- 
super  ruùro-fuseesee/ite,  subtus  luteo,  duabus  lineis 
vasculosis  notato  ;  capite  cordiformi. 

Espèce  longue  d'environ  trois  pouces,  aplatie, 
à  queue  pointue,  à  tête  évasée,  cordiforme,  unie 
au  corps  par  un  col  court,  sur  lequel  sont 
plusieurs  stries  d'un  rouge  brun  très -intense. 
La  bouche  est  une  longue  fente  très -déliée. 
Nous  n'avons  point  remarqué  de  fossettes  latérales. 
Tout  le  corps  est  rouge  brun  en  dessus,  plus 
foncé  sur  la  ligne  médiane;  en  dessous  il  est  jaune 


ZOOPHYTES.  291 

avec  l'indice  du  canal  intestinal  ;  de  chaque  côté 
duquel  existe  un  système  vasculaire,  représenté  par 
deux  vaisseaux  portant  des  ramifications  latérales. 
Ce  ver  est  susceptible  de  se  raccourcir  beau- 
coup. Il  habite  la  baie  des  Iles. 


7.   BORLA.SIE  A  QUATRE  POINTS. 
Borlasia  quadripunctata ,  nob. 

PLANCHE    l\  ,    FIGURES   20-22. 


Borlasia,  corpore  minimo , filiformi f  subpiano , 
albo,  de  super  bilineato  ;  capite  obtuso ,  antice  mar- 
ginato,  quatuor  punctis  aigris  notato. 

Cette  Borlasie  a  tout  au  plus  deux  pouces  de 
longueur;  elle  est  grêle,  un  peu  aplatie,  d'un  blanc 
mat,  avec  deux  lignes  longitudinales  sur  le  dos 
d'un  joli  brun,  dont  l'intervalle  est  jaune  clair. 
Le  ventre  est  blanc.  La  tète  est  obtuse ,  subarron- 
die, un  peu  échancrée  en  avant,  sans  indice  de  sé- 


292  ZOOLOGIE. 

paration  avec  le  corps.  On  voit  en  dessus  quatre 
points  ronds,  noirs,  que  nous  n'avons  trouvés  dans 
aucune  autre  espèce.  Sont-ce  des  yeux  ?  La  bou- 
che est  représentée  par  une  longue  fente  terminale. 
Habite  la  mer  d'Amboine,  et  se  trouvait  dans 
un  Anatife. 


ZOOPHYTES.  293 


MEDUSAIRES. 


Genre   CARYBDÉE.  —  Carybdea. 

i.  CARYBDÉE  BICOLORE. 

Carybdea  bicolor ,  nob. 

PLANCHE   23  ,    FIGUKES    1-3. 


Carybdea,  eonica,  pile  i/o  mu i,  basi  dilatata, 
subtus  eava ,  ferruginea ';  limbo  sexdecies  lubato; 
tentaculis  crassis,  brevibus,  rubru  punctatis. 

La  partie  supérieure  de  cette  Méduse  forme  un 
cône  pointu,  solide,  subcartilagineux ,  terminé  par 
sa  base  à  une  rainure  circulaire,  profonde,  où  com- 
mence le  rebord  de  l'ombrelle  proprement  dit.  Cette 
partie,  de  consistance  moindre,  s'élargissant  en  en- 
tonnoir, est  découpée  en  seize  languettes,  qui,  vues 
dans  l'eau,  ont  une  apparence  triangulaire  et  fo- 


294  ZOOLOGIE. 

liacée,  mais  qui  réellement  se  prolongent  en  une 
membrane  mince ,  diaphane  et  subarrondie.  Ces 
appendices  sont  creusés  en-dessus  par  une  assez 
large  rainure.  De  leur  intervalle  partent  seize  gros 
tentacules  courts ,  obtus ,  ponctués  de  rougeâtre. 

L'intérieur  offrait  un  large  trou  vide ,  sans"  ap- 
parence d'organes  quelconques.  Il  faut  supposer, 
malgré  l'intégrité  du  Zoophyte,  qu'ils  avaient  été 
détruits.  La  paroi  interne  était  couverte  d'un  en- 
duit rubigineux  si  peu  adhérent ,  qu'il  s'enlevait 
au  moindre  contact.  C'est  à  lui  que  l'animal  doit 
sa  couleur,  et  comme  ses  parois  extérieures  étaient 
blanches  ,  il  en  résultait  deux  teintes  bien  distinc- 
tes. Au  sommet  se  remarque  un  petit  cul-de-sac 
d'un  bleu  très-foncé.  L'épithète  de  rubigineux  eût 
mieux  convenu  pour  cette  Carybdée,  si  Péron  ne 
nous  eût  appris  que  celle  qu'il  a  décrite  offrait  le 
même  caractère;  ce  que  n'ont  point  indiqué  ceux 
qui  l'ont  reproduite. 

Notre  espèce,  bien  distincte  de  la  sienne ,  qu'il 
a  nommée  Périphylle,  a  six  pouces  de  hauteur, 
sans  y  comprendre  les  tentacules,  qui  en  ont  trois. 
Elle  a  été  trouvée  en  juillet,  dans  l'océan  Atlanti- 
que, entre  les  îles  du  cap  Vert  et  la  côte  d'Afri- 
que. 

Le  dessin  au  trait,  figure  3,  indique  la  forme 
qu'elle  prend  en  mourant. 


ZOOPHYTES.  295 


2.   CARYBDÉE  BITENTACULÉE. 

Carybdca  bitcntaculata  ,  no!>. 

PLANCHE    25,    FIGURES   4~5- 


Carybdca,  minima,  subcordiformi ;  limbo  dila- 
tata ,  undulata  ;  ore  octies  fimbriato  ;  tentaculis 
duo  bus,  externis ,  longis. 

Cette  Carybdée  a  une  forme  toute  particulière , 
et  mériterait  de  former  une  petite  division  dans 
ce  genre.  Son  ombrelle  est  comme  formée  de  deux 
parties  ;  la  supérieure,  cordiforme,  en  chapiteau  ; 
l'inférieure  plus  évasée,  ondulée  sur  son  limbe;  à 
leur  jonction,  partent,  en  dehors,  deux  tentacules 
grêles,  longs,  rigides,  recourbés  en  forme  de 
cornes ,  lesquels  paraissent  creux  à  leur  intérieur. 
Ils  pénètrent  profondément  dans  la  substance  de 
l'ombrelle.  La  bouche  assez  large,  profondément 
située,  est  découpée  en  huit  franges  :  ce  qui  fait 
supposer  que  celle  de  l'espèce  précédente  devait 
avoir  à  peu  près  cette  disposition. 

Les  couleurs  de  la  nôtre  varient  pour  le  fond , 
qui  quelquefois  est  blanc,  et  le  plus  souvent  d'un 


•296  ZOOLOGIE. 

jaune  rougeâtre  doré.  Les  tentacules,  rougeâtres  à 
leur  pointe,  sont  verclâtres  dans  le  milieu. 

Ce  Zoophyte,  dont  les  mouvements  sont  parfois 
très -vifs,  est  représenté  un  peu  grossi.  On  le 
trouve  en  grande  quantité  dans  la  rade  d'Am- 
boine. 


ZOOPHYTES.  207 


Genre  ORYTHIE.— Orj  thia. 

ORYTHIE  INCOLORE. 
Orythia  incolor,  nob. 

PLANCHE    25  ,  FIGURES   6-IO. 


Orythia,  discoidea,  liyalina ,  limbo  denticutata, 
desuper  cruciata  ;  brachiis  octo  ramosis  ;  foliis  sex 
ad peripheriam  oris. 

Très-élégante  Méduse,  incolore,  transparente, 
et  d'une  délicatesse  remarquable  ,  dont  l'ombrelle 
est  le  plus  souvent  relevée  en  coupe;  ses  bords 
sont  légèrement  frangés  et  rabattus.  En -dessus 
elle  est  parcourue  par  un  grand  nombre  de  vais- 
seaux. Quatre  pédoncules  donnent  naissance  à 
huit  bras  qui  se  divisent  en  seize,  lesquels  se  ra- 
mifient de  nouveau  en  se  relevant  vers  l'ombrelle. 
Chacune  de  ces  ramifications  est  terminée  par 
de. petites  laciniures  boutonnées,  qui  ont  quel- 
que ressemblance  avec  les  tentacules  des  animaux 
des  polypiers  flexibles.  La  bouche,  placée  au  cen- 


298  ZOOLOGIE. 

tre  des  pédoncules ,  est  pourvue  dans  son  con- 
tour de  six  laciniures  lancéolées,  granuleuses,  ca 
naliculées  à  leur  centre.  On  aperçoit  en  dessus 
l'appareil  digestif,  découpé  en  croix  de  Malte, 
entre  les  branches  de  laquelle  sont  quatre  folioles, 
ressemblant  à  des  feuilles  de  vigne,  et  dont  le 
pédoncule  est  un  vaisseau.  C'est  de  cet  appareil 
que  partent  tous  les  canaux  qui  se  ramifient  dans 
l'ombrelle,  laquelle,  ne  pouvant  pas  recouvrir  en- 
tièrement les  pédoncules,  est  presque  constam- 
ment relevée  en  forme  de  vase. 

Les  mouvements  de  ce  Zoophyte  sont  lents. 
C'est  le  second  de  cette  sorte  que  nous  rencon- 
trons ,  chacun  formant  Une  espèce  distincte.  Il  a 
été  pris  dans  le  mois  d'octobre,  en  sortant  des 
îles  Moluques. 


ZOOPHYTES.  299 


Genre  DÉDALE.  —  Dedalœa. 


Corps  ovoïde,  glandiforme,  pourvu  de  tenta- 
cules simples,  assez  longs,  disposés  subradiaire- 
ment,  contenu  dans  des  cellules  de  même  forme, 
transparentes ,  fixées  et  réunies  en  groupes  plus 
ou  moins  considérables,  sur  les  côtés  d'un  axe 
commun,  cylindrique,  membraneux,  anastomosé 
de  manière  à  former  une  sorte  de  grand  réseau 
irrégulier,  fixé.  Bl. 


DÉDALE  DE  MAURICE. 

Dedalœa  mauritiana,  nob. 

PLANCHE    26,    FIGURES     1-2. 


Dedalœa ,  rubescente  ,  ramosissima  ;  ramis  cy- 
li/idricis,  anastomosatis  ;  ccllulis  oppositis ,  obo- 
vatis,  vesiculosis  ;  polyporum  tentaculis  recuivatïs 
et  albis. 


300  ZOOLOGIE. 

M.  de  Blainville,  après  avoir  examiné  ce  singu- 
lier animal,  l'a  rangé  parmi  ses  Polypes  douteux, 
avec  les  Plumatelles  et  les  Cristatelles ,  avec  les- 
quelles  il  a  en  effet  beaucoup  de  rapports. 

Déjà,  dans  notre  premier  voyage  sur  l'Urémie, 
ce  corps  avait  fixé  notre  attention ,  et  nous  ne 
savions  pas  si  c'était  un  polypier  ou  une  Thalassio- 
pliyte.  Mais  en  embarquant  les  canots  de  l'Astro- 
labe ,  ayant  vu  qu'ils  étaient  couverts  de  cette 
substance ,  développée  dans  l'espace  d'un  peu 
plus  d'un  mois,  nous  pensâmes  que  cette  rapidité 
d'évolution  ne  pouvait  être  végétale,  et  devait 
appartenir  à  un  animal.  En  effet,  en  examinant 
dans  l'eau  et  à  la  loupe  ces  masses  enchevêtrées , 
nous  vîmes  qu'elles  étaient  couvertes  de  Polypes 
qui  s'épanouissaient  et  rentraient  alternativement. 
Nous  rendîmes  M.  le  capitaine  d'Urville ,  à  qui 
l'étude  de  l'histoire  naturelle  est  familière,  témoin 
de  cette  découverte. 

Dans  la  mer,  le  Dédale  forme  une  masse  de  petits 
tubes  cylindriques,  longs  de  plusieurs  pouces,  de 
la  grosseur  d'une  plume  de  pigeon,  embrouillés 
les  uns  dans  les  autres,  anastomosés  entre  eux, 
composant  des  nœuds  d'où  partent  des  groupes 
de  quatre  à  cinq  tuyaux ,  allant  former  avec 
d'autres  une  sorte  de  labyrinthe.  Le  long  des 
tiges,  mais  le  plus  souvent  aux  extrémités  des 
rameaux  ,  et  de  chaque  coté ,  sont  des  Polypes 
plus   ou   moins   nombreux  ,    contenus  dans  des 


ZOOPHYTES.  301 

ampoules  en  forme  de  gland,  ridées  à  leur  ba*se, 
à  ouverture  rétréeie.  L'animal  a  de  huit  ou  dix 
tentacules  blancs ,  en  plumet ,  recourbés  vers  la 
pointe.  M.  de  Blainville,  qui  paraît  l'avoir  examiné, 
y  a  reconnu,  comme  dans  les  Eschares,  un  œso- 
phage ,  un  estomac  entouré  d'un  foie,  et  un 
viscère  en  communication  avec  lui ,  qu'il  pense 
être  l'ovaire.  Les  Polypes  sont  très-irritables,  mais 
les  branches  ne  donnent  aucun  signe  de  vie.  Elles 
ont  un  canal  central,  avec  lequel  communiquent 
probablement  les  ampoules ,  sans  que  nous  ayons 
pu  nous  en  assurer.  Au  point  de  leur  anastomose , 
elles  forment  comme  des  nœuds  qui  paraissent 
articulés. 

La  couleur  du  polypier  est  un  mélange  de 
blanc  et  de  roussâtre  ;  cette  dernière  teinte  est 
produite  par  le  foie  ou  les  ovules,  qui  sont  ren- 
fermés dans  les  ampoules'. 

Ce  Zoophyte  est  très-abondant  dans  le  trou 
Fanfaron  de  l'île  de  France;  nous  ne  l'avons  trouvé 
dans  aucune  autre  partie:  apparemment  parce 
qu'il  paraît  demander  des  eaux  paisibles  pour  se 
développer.  Il  s'attache,  en  masses  plus  ou  moins 
considérables,  aux  vaisseaux  stationnés  dans  ce 
lieu. 


302  ZOOLOGIE. 


Genre  ALCYONCELLE.  — Alcyoncellum. 

Corps  phytoïde,  subpierreux,  solidifié  par  des 
spicules  tricuspides  ;  à  branches  peu  nombreuses, 
cylindriques,  fistulaires,  terminées  par  un  orifice 
arrondi,  à  parois  épaisses,  composées  de  granules 
réguliers ,  polygones  ,  alvéoliformes ,  percés  d'un 
pore  à  l'extérieur  et  à  l'intérieur.  Bl. 


ALCYONCELLE  SPÉCIEUX. 

Alcyoncellum  spcciosum  ,  nob. 

PLANCHE  20,   FIGURE    3. 


AlcjonceUum,  cjlindricum,  cavum,  cxtremitate 
rotundum,  album,  reticulis  lapidicis  elegantissime 
contextum. 

Cette  singulière  production ,  donnant  lieu  au 
genre  ci-dessus,  représente  un  cylindre  creux,  de 


ZOOPHYTES.  303 

sept  à  huit  pouces  d'étendue,  en  forme  de  phallus, 
arrondi,  et  un  peu  dilaté  ;«  une  extrçmité,  ouvert 
à  l'autre,  à  parois  minces,  formées  de  filets  très- 
déliés,  lâchement  accolés  les  uns  aux  autres, 
entre-croisés  dans  tous  les  sens ,  de  manière  à 
former  de  nombreuses  mailles  arrondies,  presque 
régulières,  comme  celles  de  la  dentelle  ou  bien 
des  sièges  tissés  en  rotang.  Ce  qui  fait  que  toute 
la  masse  est  à  jour.  En  voyant  l'élégante  blan- 
cheur et  la  régularité  d'un  tel  tissu ,  on  a  de  la 
peine  à  se  persuader  qu'il  est  le  produit  d'une 
réunion  d'animaux.  On  aime  mieux  en  voir  un 
seul  au  fond  de  la  mer  travailler  à  se  faire  ce  lo- 
gement pour  un  but  quelconque,  en  tirant  de  sa 
propre  substance,  comme  le  font  certaines  che- 
nilles, la  matière  qui  se  pétrifie  aussitôt  qu'elle 
est  en  contact  avec  l'eau. 

Ce  Zoophyte  habite,  nous  a-t-on  dit,  de  grandes 
profondeurs,  d'où  il  a  été  amené  par  une  sonde. 
Les  éclats  qu'on  remarque  à  une  de  ses  extré- 
mités indiquent  qu'il  doit  être  fixé.  Nous  le 
devons  à  M.  Merkus,  gouverneur  des  Moluques, 
qui  s'est  plu  a  favoriser,  avec  la  plus  grande  obli- 
geance, nos  recherches  d'histoire  naturelle  pen- 
dant le  temps  que  nous  avons  passé  dans  les  îles 
qu'il  administre. 


304  ZOOLOGIE. 


• 


Genre  OIKOPLEURE.— Oikopleum,  Mertens. 
Méra.  de  l'Ac.  de  St-Pétersb.,  1. 1,  2e  liv.,  i83o,  p.  ao5. 

OIKOPLEURE  BIFURQUÉE. 

Oikoplcura  bifurcata,  nob. 

PLANCHE   26  ,    FIGURES  4~7- 


C'est  pour  éveiller  l'attention  des  naturalistes 
voyageurs,  qu'en  terminant  cette  partie  des  Zoo- 
phytes,  nous  donnons  une  figure,  probablement 
incomplète,  d'un  animal  dont  le  genre  est  encore 
si  peu  connu,  qu'on  ne  sait  dans  quelle  classe  le 
placer.  D'après  M.  Mertens ,  il  devrait  appartenir 
aux  Mollusques,  quoiqu'il  faille  convenir  que  ses 
dessins  ne  donnent  guère  l'idée  de  ce  que  doit 
être  un  Mollusque. 

Voici  ce  que  nous  avons  observé.  En  décembre 
1 828,  étant  sur  les  sondes  du  banc  des  Aiguilles,  en 
vue  de  terre,  et  vis-à-vis  la  baie  d'Algoa,  nous 
vîmes  par  intervalle,  dans  d'assez  grands  espaces, 
et  par  zones ,  la  mer  devenir  rouge  brun.  En  y 


ZOOPHYTES.  305 

plongeant  un  filet  d'étamine,  nous  reconnûmes 
que  cette  couleur  était  due  à  une  énorme  quan- 
tité de  petits  animaux,  longs  d'une  ligne  ou  deux 
tout  blancs ,  si  ce  n'est  vers  la  tète  qu'ils  avaient 
un  point  rougeâtre.  On  jugera  par  là  combien  ils 
devaient  être  pressés  pour  refléter  une  couleur 
rouge  aussi  intense  que  celle  que  nous  représen- 
tons. 

Le  corps  de  cet  animal  est  anguilliforme,  aplati, 
pointu  à  son  extrémité,  laquelle  est  garnie  d'une 
nageoire,  qui  nous  a  paru  échancrée.  Son  axe  est 
parcouru  par  un  canal,  dans  lequel,  ou  plutôt 
sur  les  côtés  duquel,  on  voyait  des  granulations 
blanches,  appartenant  probablement  à  la  généra- 
tion. La  partie  qui  correspond  à  la  tète  est  sur- 
montée d'un  capuchon  membraneux,  très-délié, 
frangé ,  dont  la  petitesse  ne  nous  a  pas  permis 
d'examiner  les  organes  qu'il  pouvait  contenir,  et 
que  M.  Mertens  a  reconnus  dans  des  individus 
beaucoup  plus  grands.  C'est  là  qu'est  placé  le 
point  rouge  en  partie  entouré  de  jaune. 

Ces  êtres  étant  dans  un  mouvement  perpétuel 
de  vibration  qu'ils  impriment  à  tout  leur  corps , 
l'étude  en  devient  un  peu  embarrassante.  Ils 
semblent  vouloir  se  délivrer  de  leur  enveloppe 
céphalique.  Ils  altèrent  promptement  l'eau  qui 
les  contient,  et  dans  une  demi -heure  ils  sont 
morts.  Alors  leur  corps  se  recourbe  dans  di- 
vers sens,    la  tête  en   bas;    il    devient    opaque, 

Zoologie,  t.  iv.  y.o 


306  ZOOLOGIE. 

d'un  blanc  mat ,  et  l'on  ne  peut  plus  rien  dis- 
tinguer de  leur  organisation.  Nous  les  avons 
représentés  dans  ces  diverses  positions.  Ce  sont 
sans  doute  ces  animaux,  ou  bien  de  très-petits 
Biphores ,  qui ,  lorsqu'ils  recouvraient  une  vaste 
étendue,  ont  donné  lieu  aux  anciens  navigateurs 
de   parler  de  mers   couleur  de  sang. 

S'il  existe  dans  les  eaux  salées  des  animaux 
susceptibles  de  subir  des  métamorphoses  avant 
que  de  devenir  parfaits ,  ceux-ci  pourraient  bien 
alors  être  des  larves.  En  ayant  rencontré  dans 
plusieurs  lieux ,  nous  les  avions  nommés  Frétil- 
laires  ;  mais ,  après  avoir  pris  connaissance  du 
mémoire  de  M.  Mertens  ,  nous  avons  reconnu 
qu'ils  devaient  faire  partie  de  son  genre  Oiko- 
pleure  ,  que  M.  Chamisso  avait  découvert  long- 
temps avant,  plus  imparfaitement  il  est  vrai, 
mais  auquel  il  avait  donné  le  nom  beaucoup  plus 
euphon ique  d \4ppendiciiUiria. 


ZOOPHYTES.  307 


REMARQUES 

SUR    QUELQUES    LOCALITÉS    PROPRES    A    FACILITER 
DES    RECHERCHES    ZOOLOGIQUES. 


Lorsqu'un  navire  arrive  dans  un  lieu  pour  n'y 
demeurer  que  quelques  jours,  il  faut,  afin  d'ob- 
tenir le  plus  de  résultats  possibles,  savoir  mettre 
le  temps  à  profit.  On  commence  ordinairement  par 
reconnaître  le  pays,  examiner  les  intentions  des 
naturels,  et  chercher  à  se  mettre  en  bonne  intel- 
ligence avec  eux.  Ce  n'est  qu'après  ces  précautions 
qu'on  peut  se  livrer  à  des  recherches  suivies  en 
histoire  naturelle  ;  et  lorsqu'on  part ,  on  s'aperçoit 
presque  toujours  qu'il  y  a  eu  beaucoup  de  temps 
mal  employé,  que  des  indications  auraient  pu 
mieux  utiliser.  C'est  dans  cette  intention  que  nous 
allons  donner  quelques  détails  sur  les  lieux 
que  nous  avons  parcourus,  en  indiquant  ce  que 
nous  y  avons  trouvé,  afin  de  pouvoir  être  utile 
aux  naturalistes  qui  les  visiteront  après  nous. 
Us  pourront  leur  épargner  des  courses  inutiles,  et 
leur  faire  trouver  de  suite  des  choses  que  le  hasard 
seul  nous  a  révélées.  On   ne  s'avise  pas  de  tout 


20' 


308  ZOOLOGIE. 

dans  un  premier  voyage,  ni  même  dans  un  second, 
et  nous  avouons  que  si  nous  en  faisions  un  troi- 
sième, nous  prendrions  bien  des  précautions  que 
nous  avons  omises  dans  les  deux  précédents. 

Jusqu'à  présent  dans  les  voyages  de  circumna- 
vigation, les  sciences  naturelles  n'ont  été  consi- 
dérées que  d'une  manière  accessoire,  le  but  prin- 
cipal ayant  constamment  été  la  géographie,  la 
physique  et  l'astronomie;  mais  si  quelque  jour 
on  entreprend  une  expédition  où  l'inverse  ait  lieu, 
on  verra  quelle  immensité  de  matériaux  pourront 
réunir  des  hommes  habiles  et  laborieux,  habitués 
au  service  maritime  ;  surtout  si  dans  les  relâches 
ils  n'ont  pas  à  s'acquitter  des  doubles  fonctions  de 
naturalistes  et  de  médecins.  Ce  n'est  que  pour  les 
personnes  appelées  à  remplir  une  semblable  mis- 
sion, que  les  détails  dans  lesquels  nous  allons 
entrer  pourront  être  de  quelque  intérêt  et  ne 
pas  paraître  trop  minutieux  ou  inutiles. 

Nous  réunirons  dans  cet  aperçu  les  contrées 
que  nous  avons  explorées ,  avec  l'Umnàe  et  l'As- 
troldhe,  à  deux  époques  différentes;  et  pour  ne 
pas  lui  donner  trop  d'extension ,  nous  ne  parle- 
rons que  peu  des  animaux  vertébrés,  que  tout 
le  monde  s'empresse  de  chasser  ou  de  pêcher. 


ZOOPHYTES.  30!) 


TOULON. 

Avant  notre  départ  nous  explorâmes  ce  port, 
parfaitement  exposé  pour  l'habitation  des  Mollus- 
ques et  des  Zoophytes.  Il  suffit  iYen  parcourir  le 
contour ,  pour  trouver  au  voisinage  de  la  grosse 
Tour,  dans  les  petits  bassins  que  forment  les  ro- 
chers, des  Aplysies  au  milieu  des  fucus  qui  ser- 
vent à  leur  nourriture.  Entre  les  cailloux  de  la 
même  plage,  on  rencontre  des  Troques,  des  Osca- 
brions,  des  Actinies,  des  Néréiphylles,  et  quel- 
quefois des  Lucernaires.  Ces  derniers  Zoophytes 
sont  des  plus  rares  ,  car  nous  ne  les  avons  vus 
que  là.  Plus  loin,  sur  les  sables,  sont  des  Cérites 
et  d'autres  Mollusques  testacés. 

Il  existe  diverses  espèces  d'Ascidies;  nous  en 
avons  même  trouvé  sur  les  bois  qui  flottent  dans 
le  port,  avec  d'autres  Ascidiens  en  plaque.  Il  n'est 
peut-être  pas  de  lieu  plus  propre  à  étudier  le  dé- 
veloppement de  ces  êtres,  par  la  facilité  qu'on 
a  de  les  observer  autant  de  fois  qu'on  veut,  sans 
craindre  d'être  dérangé  par  les  marées. 

Sur  les  rochers  des  îles  d'Hyères,  on  trouve  spé- 
cialement l'Actinie  écarlate,  des  Holothuries,  des 
Astéries,  des  Oursins,  et  en  général  toutes  les 
productions  de  nos  côtes,  réunies  dans  un  assez 
petit  espace;  plus  celles  que  le  INord  ne  con- 
naît  pas,   comme    les  Acétabules.  Ces  êtres  am- 


.310  ZOOLOGIE. 

bigus  y  sont  en  grande  quantité  dans  les  lieux 
calmes,  entre  les  anfractuosités  des  rochers.  On 
en  trouve  également  en  draguant  dans  la  rade 
de  Toulon. 

Des  occupations  nous  ont  détourné  de  l'étude 
des  Acétabules  ,  dont  nous  avions  cru  voir  autre- 
fois, comme  Donati,  le  Polype  réuni  en  faisceau 
plumeux  sur  le  milieu  du  disque.  Mais  d'après  ce 
que  nous  a  dit  M.  le  professeur  de  Blainville ,  qui 
a  observé  des  milliers  de  ces  êtres  sans  rien  y  voir 
d'animé,  il  paraît  que  ce  que  nous  avions  pris  pour 
un  Polype  était  quelque  animal  parasite.  Ce  sont 
donc  de  ces  productions  douteuses  à  formes  régu- 
lières qui  demandent  à  être  étudiées  avec  soin 
par  les  personnes  qui  habitent  sur  les  lieux. 

ALGESIRAS. 

C'est  sur  les  rochers  de  la  pointe  de  Carnero 
que  nous  recueillîmes  pour  la  première  fois  des 
Siphonaires,  qu'il  est  si  facile  de  confondre  avec 
les  Patelles,  lorsqu'on  n'a  égard  qu'à  la  coquille. 
Dans  le  même  lieu  ,  les  plaques  d'un  assez  beau 
jaune  qui  recouvrent  les  pierres  sont  des  Astrées 
calyculaires,  dont  les  animaux  sont  d'une  facile  ob- 
servation. On  y  trouve  encore  abondamment  des 
Oursins, de  grandes  Actinies  vertes,  au  milieu  des 
fucus;  des  Amphitrites,  des  polypiers  flexibles, 
parmi  lesquels  sont  des  Campanulaires  et  desSpios, 


ZOOPHYTES.  :{|l 

On  pêche  par  une  assez  grande  profondeur  la 
Vérétille  jaune,  que  nous  avons  déjà  fait  connaî- 
tre,  avee  l'Astrée  indiquée  plus  haut,  dans  les 
Annales  des  sciences  naturelles,  tome  X. 

Nous  regrettons  de  n'avoir  pu  porter  notre  at- 
tention sur  un  infiniment  petit  Mollusque  gasté- 
ropode,  abondant,  que  nous  supposons  être  une 
Onchidie,  ou  du  moins  appartenir  à  un  genre 
voisin. 


TENERIFFE. 


Le  voyage  que  nous  fîmes  au  sommet  du  Pic 
nous  empêcha  de  reconnaître  les  productions  que 
peut  donner  la  rade  de  Sainte-Croix,  d'où  on  nous 
apporta  seulement  quelques  Patelles  violettes,  et 
une  grande  Aplysie  à  lunules,  probablement  la 
même  que  M.  Rang  a  trouvée  aux  îles  du  cap 
Vert,  et  qu'il  a  figurée  dans  sa  monographie  de 
ces  animaux. 

Sur  les  mousses  des  petits  ruisseaux  de  la  belle 
forêt  d'Aguas  Gracias,  nous  trouvâmes  des  Vi- 
trines et  des  Ancilles,  qui  enrichissent  notre  atlas 
de  deux  espèces  nouvelles. 

En  montant  au  Pic  près  de  la  caverne  del  Pino, 
on  trouve  des  Martinets  qui  se  jouent  dans  un 
air  aussi  chaud  que  pur,  et  l'on  peut  prendre  abon- 
damment sous  les  monceaux  de  lave   une  grosse 


312  ZOOLOGIE. 

espèce  de  Pimélie  noire  qui  s'y  cache.  Les  ani- 
maux disparaissent  à  mesure  qu'on  monte,  et 
dans  la  plaine  formée  de  poussière  d'obsidienne 
nommée  Cagnadas,  on  ne  rencontre  plus  que  quel- 
ques plantes  rares,  parmi  lesquelles  on  remarque 
la  Viola  Teydensis. 


SAINT-IAGO    (iLES  DU   CAP  VERT  ). 

Les  rochers  abruptes  de  cette  rade,  battus  par 
les  eaux,  ne  sont  pas  propres  à  l'accroissement 
des  Zoophytes  délicats.  Il  y  a  même  peu  de  Mol- 
lusques, hormis  des  Patelles,  une  Fissurelle  qui 
nous  a  paru  nouvelle,  et  quelques  Troques. 
Nous  n'y  avons  point  assez  demeuré  pour  étendre 
nos  recherches  aux  environs.  On  peut  supposer 
que  la  proximité  de  l'Afrique  doit  y  faire  trouver 
plusieurs  de  ses  productions ,  lorsqu'il  se  présente 
des  localités  favorables.  Nous  obtînmes  un  assez 
bon  nombre  de  poissons  riches  en  couleur,  pris 
à  la  ligne. 

RIO    DE  JANEIRO. 

Cette  immense  rade,  située  presque  sous  le  tro- 
pique, ne  nourrit  pas  autant  de  Zoophytes  que  sa 
position  et  le  calme  de   ses  ondes  sembleraient 


ZOOPHYTES.  313 

l'indiquer  au  premier  abord;  ce  qui  tient  proba- 
blement à  la  quantité  de  rivières  qui  viennent 
mêler  leurs  eaux  à  celles  de  la  mer. 

Sous  le  monastère  da  Gloria  habitent  des  Aply- 
sies  que  nous  n'avons  point  trouvées  ailleurs,  si 
ce  n'est  derrière  l'église  de  Notre-Dame  de  Bon 
Voyage,  de  l'autre  côté  de  la  rade  à  Praya  Grande, 
où  nous  en  vîmes  amener  avec  une  seine.  C'est 
de  cette  manière  que  nous  nous  procurâmes  la 
Rénille  violette ,  de  la  famille  des  Alcyons,  dont  la 
base  des  Polypes  est  en  forme  de  disque  écliancré. 

Les  environs  de  la  ville  et  de  la  baie  fournissent 
d'assez  jolis  Mollusques,  parmi  lesquels  il  faut  met- 
tre le  plus  gros  desBulimes.Les  ruisseaux  ont  leurs 
Ampullaires,  et  dans  les  trous  de  l'aqueduc  duCor- 
covado,  nous  fîmes  provision  de  diverses  Hélices, 
parmi  lesquelles  on  remarque  celle  qui  porte  le 
nom  de  Peau-de-serpent. 

On  fouille  les  sables  pour  avoir  des  Hippes, 
sortes  de  Crustacés  lucifuges,  dont  les  pêcheurs 
se  servent  comme  d'appâts.  Dans  les  marais  qui 
bordent  les  rivières,  on  voit,  la  vase  couverte  de 
Thelphuses  et  de  Gélasimes.  En  levant  nos  câbles 
nous  amenâmes  des  Portunes  et  des  Maïas  ;  ces 
derniers  abandonnent  rarement  le  fond  des  eaux. 
Nous  prîmes  également  un  grand  nombre  de 
Nymphons.  Après  quarante  jours  de  relâche,  nos 
canots  étaient  couverts  comme  d'une  végétation 
de  Tubulaires,  de  plusieurs  pouces  de  longueur, 


314  ZOOLOGIE. 

parmi   lesquelles    se   trouvaient  des    milliers    de 

Chevrolles. 

Comme  on  sait  que  cette  partie  du  Brésil  est 
la  plus  abondante  en  productions  du  domaine 
de  l'histoire  naturelle;  que  c'est  de  là  qu'on  tire 
le  fonds  de  la  plupart  des  collections  en  Mammi- 
fères, Oiseaux,  et  surtout  en  Insectes,  nous  n'en- 
trerons dans  aucun  détail  à  ce  sujet ,  en  ayant 
déjà  parlé  dans  notre  premier  voyage. 

Lorsque  nous  visitâmes  cette  riche  contrée, 
nous  n'avions  malheureusement  pas  adopté  le  sys- 
tème que  nous  avons  suivi  depuis,  de  tout  étu- 
dier et  de  tout  dessiner.  Ce  vaste  bassin  nous  eût 
sans  doute  offert  bien  des  choses  nouvelles.  Cepen- 
dant, malgré  sa  position,  nous  n'y  avons  point 
remarqué  de  bancs  de  polypiers  coralligènes  ;  ce 
qui  tient  probablement  au  mélange  de  l'eau  douce. 
Nous  recommandons  l'étude  des  Zoophytes  de 
cette  contrée  à  ceux  qui  auront  occasion  d'y  sé- 
journer. 


MONTEVIDEO. 


Le  grand  fleuve  d'eau  douce  de  la  Plata  ne  nous 
a  fourni  qu'un  Piniélode  et  un  Ilolocentre,  qu'on 
prenait  abondamment  à  la  ligne.  Ses  îles  donnent 
refuge  à  des  Phoques  que  nous  avons  vus,  sans 
pouvoir  nous  en  procurer. 


ZOOPHYTES.  315 

Les  plaines  sans  fin  de  cette  contrée  sont  ha- 
bitées par  des  vols  de  Troupiales  et  des  Carouges, 
par  le  Traqnet  à  lunettes,  le  Gobe -Mouche  l'eu- 
comèle,  un  Tyran  à  ventre  jaune,  des  Tinamous, 
des  Vanneaux  armés,  etc.,  etc.;  et  sur  les  bords 
marécageux  de  la  rivière  on  voit  des  Canards 
blancs,  qu'on  pourrait  prendre  pour  des  Cygnes 
à  leur  grosseur;  quelques  Echasses,  et  des  bandes 
de  Becs-en-ciseaux  et  de  Mouettes.  Le  lieu  où  l'on 
découvre  des  ossements  fossiles ,  appartenant  pro- 
bablement au  genre  Mastodonte,  n'est  pas  éloi- 
gné de  la  ville. 

Nous  n'avons  point  eu    occasion   de  voir  les 
Mollusques  qui  doivent  se  trouver  dans  la  rivière. 


IL1S  MALOUINES. 

Nous  avons  fait  connaître ,  dans  le  Voyage  de 
ÏUranie,  ce  que  ces  îles  désertes  offraient  de  re- 
marquable en  zoologie;  nous  avons  principale- 
ment insisté  sur  les  oiseaux  aquatiques  ,  qui  y 
abondent  pendant  une  saison  de  l'année.  Ces 
latitudes  froides  ne  paraissent  pas  favorables  au 
développement  des  Mollusques;  aussi  n'y  trou- 
vâmes-nous que  des  Patelles,  d'assez  grandes 
Fissurelles,  le  Buccin  feuilleté,  un  petit  Troque  élé- 
gant ,  et  la  Moule  magellanique ,  qui  habite  pro- 


316  ZOOLOGIE. 

fondement  entre  les  racines  des  fucus.  On  ne 
peut  même  se  la  procurer  que  lorsque  la  mer  ar- 
rache de  ces  Thalassiophytes  et  les  rejette  sur  le 
rivage.  Il  en  existe  une  autre  espèce  plus  petite, 
d'un  noir  bleuâtre ,  tellement  remplie  de  granula- 
tions en  forme  de  perles,  que  nous  ne  pouvions 
en  manger.  Une  Modiole  rare  et  peut-être  nou- 
velle se  fixe  sur  les  fucus  qu'on  trouve  un  peu 
au  large.  Enfin,  toutes  les  expansions  foliacées  de 
ces  plantes  qui  embarrassent  les  ports  sont  cou- 
vertes de  Flustres  vivantes.  Dans  les  mauvais 
temps,  la  mer  dépose  sur  le  rivage  des  Ascidiens 
agrégés  ,  en  grappes  de  la  grosseur  du  poing. 

Les  roches  schisteuses  des  environs  de  l'éta- 
blissement abandonné  de  Saint-Louis,  et  celles 
qui  avoisinent  le  lieu  où  tUranie  avait  établi  son 
camp  ,  portent  des  empreintes  de  coquilles  bi- 
valves et  d'autres  turriculées.  Mais  à  cette  époque, 
notre  position  était  si  malheureuse  que  nous  ne 
pûmes  que  saisir  les  choses  les  plus  remarquables, 
n'ayant  plus  de  moyens  pour  conserver  les  ani- 
maux des  Mollusques  et  des  Zoophytes  que  nous 
aurions  pu  recueillir. 

NOUVELLE  -  HOLL  AN  DE. 

Si  la  portion  de  cette  grande  terre  qu'habitent 
les  Anglais   ne   présente  plus  autant  de   choses 


ZOOPIIYTES.  317 

nouvelles  dans  les  Mammifères  et  les  Oiseaux,  il 
n'en  est  pas  de  même  pour  les  animaux  inverté- 
brés qu'on  trouve  au  bord  de  la  mer.  Les  sept 
relâches  que  nous  avons  faites  sur  six  points 
de  cette  contrée  ,  ont  enrichi  notre  atlas  d'un 
grand  nombre  de  Mollusques  et  de  Zoophytes 
recueillis  dans  assez  peu  de  temps  ;  ce  qui  indique 
qu'il  en  reste  encore  beaucoup  à  faire  connaître. 


BAIE   DES  CHIENS-MARINS. 

Cette  grande  étendue  de  mer,  abritée  par  des 
îles,  est  peu  profonde.  Nous  étions  mouillés  près 
de  la  presqu'île  Péron,  sur  un  fond  rempli  de  fu- 
cus, que  nous  n'avons  malheureusement  point 
assez  bien  exploré,  et  qui  semblait  promettre  une 
ample  moisson  de  Zoophytes  de  toute  espèce,  qui 
resteront  probablement  long-temps  inconnus  ; 
car  cette  contrée  manquant  d'eau  douce  ne  peut 
y  attirer  les  navigateurs.  C'est  de  là  que  nous  ap- 
portâmes, il  y  a  plus  de  dix  ans,  des  Vermets,  dont 
les  tuyaux  sont  fixés  sur  des  coquilles.  On  y  trouve 
la  Volute  ondulée  et  la  grande  espèce  dont  on  a 
fait  le  genre  Cymbium,  des  Pinnes  marines  en- 
foncées dans  le  sable,  et  en  si  grande  quantité, 
qu'on  se  blesserait  si  on  ne  portait  pas  de  souliers. 
Nous  v  recueillîmes  un  Pleurobranche  tout  noir, 


318  ZOOLOGIE. 

que  nous  perdîmes,  et  plusieurs  espèces  de  Bi- 
valves. Les  contours  des  étangs  salés  sont  couverts 
de  Cérites  blanches. 

Sur  l'île  Dirck-Athigs,  éloignée  de  dix  lieues,  on 
trouve  des  Tonnes  en  quantité ,  ainsi  que  des 
Éponges  et  des  débris  de  polypiers  coralligènes , 
qui  indiquent  qu'il  y  a  des  localités  où  ces  der- 
niers croissent ,  en  petite  quantité  sans  doute  ; 
car  sur  ces  côtes  sablonneuses  ,  la  température 
s'abaissant  considérablement  la  nuit,  doit  être 
désavantageuse  à  leur  reproduction. 

Riche  et  Péron  ont  parlé  d'arbres  entiers  fossi- 
lisés, et  dont  il  ne  resterait  plus  que  les  troncs. 
Il  serait  bon  d'étudier  de  nouveau  ces  productions, 
et  d'indiquer,  clans  l'état  actuel  de  la  science,  ce 
que  peut  être  ce  phénomène. 


PORT   DU  ROI-GEORGES. 


Ce  lieu  est  riche  en  Mollusques.  On  trouve  dans 
les  eaux  calmes  du  havre  de  la  Princesse,  principa- 
lement sur  la  gauche,  beaucoup  de  variétés  de 
Phasianelles  ,  coquille  qui  a  long-temps  été  rare 
dans  les  collections.  Les  Bulles  y  sont  par  centaines, 
et  on  en  écrase  trois  ou  quatre  espèces  sous  les 
pieds.  En  prolongeant  la  rive  droite,  on  rencontre 
des  Troques ,  beaucoup  d'Avicules  fixées  sur  de 


ZOOPHYTES.  319 

longues  feuilles  de  fucus  comme  des  grains  de 
chapelet ,  des  Fuseaux  ,  des  Buccins  ,  des  Natices, 
des  Nérites,  des  Anatifes,  etc.  Sur  les  rochers  des 
deux  cotés  de  l'entrée  de  ce  havre  sont  d'énormes 
Patelles  et  de  longs  Balanes,  qu'il  n'est  pas  tou- 
jours facile  d'avoir,  parce  que  la  mer  vient  briser 
dessus.  C'est  dans  les  anfractuosités  de  gauche, 
au  milieu  des  petits  bassins  que  forment  les 
rochers,  que  nous  découvrîmes  des  accumulations 
de  la- grande  Cérite  lisse,  très-rare  dans  les  collec- 
tions. On  trouve  fixée  sur  ces  Mollusques  apa- 
thiques, l'Hipponice  australe  ,  qui  faisait  autrefois 
partie  des  Patelles.  Des  valves  de  Solens  et  de  So- 
lémies,  parfaitement  conservées,  gisent  sur  les 
plages  sablonneuses.  Nous  n'avons  pu  nous  pro- 
curer l'animal  de  ces  dernières,  qui  ont  la  plus 
grande  ressemblance  avec  celles  qu'on  trouve 
dans  la  Méditerranée. 

En  coulant  au  fond  de  l'eau  un  filet  avec  des 
appâts  de  chair,  on  y  attire  de  petites  Phasianelles, 
que  nous  obtenions  également  avec  une  drague, 
ainsi  que  des  Stomatelles  et  des  Cryptostomes. 
Mais  c'est  spécialement  sur  l'îlot  du  Jardin,  dans 
les  nids  d'hirondelles  de  mer  et  de  mouettes,  que 
nous  faisions  des  provisions  de  cette  dernière  co- 
quille, dont  le  Mollusque  sert  de  nourriture  aux 
jeunes  de  ces  oiseaux. 

On  nous  apportait  des  îles  du  milieu  de  la  rade 
le  Turbo  de  Cook  et  des  Haliotides  d'une  grande 


320  ZOOLOGIE. 

dimension.  La  rive  gauche  de  l'entrée  de  la  rivière 
des  Anglais  abonde  en  Vénus  ,  dont  nous  nous 
nourrissions.  Elles  sont  enfoncées  dans  la  vase, 
mais  faciles  à  obtenir,  parce  qu'elles  portent 
presque  toutes  un  élégant  fucus  moniliforme. 
Là,  il  y  a  encore  un  petit  Troque  jaune  dont  les 
individus  se  réunissent  sur  les  pierres.  Les  plages 
saumâtres  de  cette  rivière  sont  couvertes  de  l'Am- 
pullaire  minime ,  qui  appartient  à  notre  genre 
Ampullacère. 

Les  lieux  abrités  nous  ont  donné  des  plaques 
de  l'Astrée  galaxée ,  qui  a  ses  animaux  d'un  beau 
vert.  En  draguant  à  l'entrée  de  la  rade,  nous 
avons  obtenu  par  cinquante  brasses  des  Coma- 
tules,  des  polypiers  flexibles  et  coralligènes. 

On  trouve  encore  au  port  du  Roi-Georges  des 
Parmophores ,  des  Boltenies,  une  grande  espèce 
de  Tubulaire  rouge,  etc.  On  recueille  à  terre  l'Hé- 
lice trois  lignes  ;  sur  le  mont  Bald-Head  ,  l'Am- 
brette  allongée  et  le  Bulime  Melon.  La  base  de 
cette  montagne,  formée  de  calcaire,  a  des  incrus- 
tations qui  paraissent  assez  récentes ,  où  l'on  voit 
même  des  coquilles  qui  vivent  dans  la  rade, 
comme  les  grosses  Cérites  lisses  dont  nous  ve- 
nons de  parler.  Mais  en  parcourant  son  sommet 
dans  les  trois  quarts  de  son  étendue,  nous  n'avons 
point  remarqué  les  Madrépores  fossiles  mentionnés 
par  Vancouver. 


ZOOPHVJ'KS.  821 


PORT    WESTERN. 


Quoique  peu  éloigné  du  précédent,  ce  port  pré- 
sente assez  de  différences  dans  ses  productions. 
Ainsi,  dans  les  lieux  sablonneux  nous  trouverons 
des  Volutes  que  n'a  pas  le  port  du  Roi-Georges, 
et  que  nous  avons  vues  exister  très-loin  vers  le 
nord,  à  la  baie  des  Chiens-marins.  En  draguant 
au  mouillage,  on  obtiendra  des  milliers  de  Téré- 
bratules,  parmi  des  fragments  de  Peignes  et  de 
ïrigonies.  La  localité  de  ce  dernier  Mollusque, 
rare  et  recherché,  est  encore  à  découvrir  dans  ce 
port;  nos  recherches  n'ont  pu  y  parvenir,  quoi- 
qu'il paraisse  y  être  abondant.  En  général,  sur  cette 
partie  de  la  côte  méridionale  de  la  Nouvelle-Hol- 
lande, on  peut  en  calme  lancer  la  drague,  sans  in- 
convénient, par  d'assez  grandes  profondeurs,  et 
aller  même  jusqu'à  cinquante  brasses  comme  nous 
l'avons  fait;  c'est  le  moyen  de  s'enrichir  d'une  foule 
de  productions  diverses. 

Il  faut,  pour  descendre  sur  l'île  vis-à-vis  laquelle 
nous  étions  mouillés,  choisir  la  haute  mer,  si  l'on  ne 
veut  s'enfoncer  dans  la  vase  jusqu'à  la  ceinture. 
On  trouve  dans  quelques  points  de  ces  bords 
fangeux,  parmi  les  herbes,  des  Auricules  par  mil- 
liers. Le  milieu  de  la  rade  nous  a  donné  des  Pleu- 
robranches,  des  Crépiclules  ,  des  Vermets ,  accolés 
à  des  débris  de  coquilles,  et  plusieurs  espèces  de 
Polypiers  flexibles. 

Zoologie.   T.  iv.  2  I 


322  ZOOLOGIE. 

Dans  la  passe  de  l'Est,  la  mer  laisse  sur  le  ri- 
vage une  grande  quantité  de  fucus ,  au  milieu 
desquels  se  réfugient  divers  Turbos,  l'Ondulé  sur- 
tout, des  Tritons,  des  Troques,  et  quelques  Pha- 
sianelles.  Mais  quant  à  ces  dernières,  c'est  sur  les 
plages  sablonneuses  qu'il  faut  aller,  aprèls  cha- 
que marée,  et  on  les  recueille  sur  le  rivage  par 
centaines. 

Les  Phasianelles  fuient  la  lumière  en  se  cachant 
sous  les  fucus;  nous  en  trouvâmes  un  jour  soixante- 
seize  sous  une  touffe  de  ces  plantes  :  elles  étaient 
moins  grosses  et  moins  variées  en  couleur  que 
celles  du  port  du  Roi-Georges. 

C'est  de  là  que  proviennent  les  Ascidies  sablon- 
neuses à  forme  ronde,  groupées  entre  elles  ou 
autour  d'une  tige  quelconque.  On  en  trouve  assez 
souvent  de  desséchées  et  toutes  préparées,  de 
même  que  des  Oursins  et  des  Eponges. 

Le  port  Western  fournit  encore  des  Bolténies, 
un  Polycline  formant  de  belles  guirlandesbleues, 
et  d'autres  Ascidiens  agrégés.  C'est  dans  l'enfon- 
cement de  la  rade,  près  de  la  passe  de  l'Est,  que 
nous  rencontrâmes  un  bon  nombre  d'individus 
du  Parmophore  bombé. 

Au  mois  de  novembre ,  époque  de  notre  séjour 
au  port  Western,  la  mer  déposait  sur  le  rivage  une 
grande  quantité  de  Méduses,  de  l'organisation  la 
plus  simple,  plates  comme  un  disque,  marquées 


ZOOPHYTES.  323 

d'un  estomac  en  croix.  A  peine  pouvait-on  distin- 
guer de  quel  cùté  était  la  bouche. 

Les  bois  ne  nous  ont  offert  qu'une  espèce  de 
Vitrine,  fort  rare,  dont  ranimai  est  noie. 

Une  tête  de  Koala,  que  nous  trouvâmes, indique 
que  cet  animal,  qu'on  a  signalé  comme  apparte- 
nant à  File  de  Van-Diémen,  habite  aussi  la  Nou- 
velle-Hollande. 

Peu  loin  du  mouillage  de  l'Astrolabe,  vers  le 
milieu  de  l'île,  est  un  enfoncement  où  la  mer 
pénètre,  et  qui  simule  une  rivière.  Sur  sa  rive 
gauche,  la  mer  basse  met  à  découvert  des  trous 
d'où  sortent  des  myriades  de  Mictyres,  petits  Crus- 
tacés globuleux  de  couleur  violette ,  doués  d'une 
grande  prestesse,  et  qui  rentrent  si  promptement 
dans  leur  trou  au  moindre  danger,  qu'on  a  infini- 
ment de  peine  à  les  prendre. 


BAIE    JERVIS. 


Ce  joli  port  est  plus  riche  en  Poissons  qu'en  au- 
tres objets.  C'est  là  que  nous  obtînmes,  pour  la 
première  fois,  plusieurs  individus  du  Squale  à  sept 
branchies,  de  belles  espèces  de  Raies,  des  Balistes 
pris  à  la  seine,  une  Sépiole,  une  Sèche  à  lignes 
bleues,  etc.  etc.  Nous  eûmes  aussi,  par  le  moyen 
de  la  drague,  des  Pleurobranches  orangés,   des 

ai* 


324  ZOOLOGIE. 

Doris,  des  Vermets,  des  Pourpres,  la  Porcelaine 
australe  et  des  Serpules. 


PORT  JACKSON. 


On  devrait  s'attendre  à  trouver  dans  ce  port 
fermé  de  toutes  parts ,  et  découpé  en  nombreuses 
criques,  beaucoup  plus  de  choses  qu'il  n'y  en  a 
réellement.  Les  Cérites  Pyrazes  sont  très -nom- 
breuses aux  alentours  de  l'aiguade,  et  sur  la  plus 
grande  des  îles  de  la  rade.  Elles  habitent  la  vase 
avec  d'autres  Cérites.  Les  rochers  sont  quelque- 
ibis  couverts  de  plusieurs  jolies  espèces  de  petits 
Troques.  Les  Littorines  se  plaisent  sur  les  plages 
sablonneuses,  où  croît  une  espèce  de  chiendent, 
dans  lequel  elles  se  cachent.  Nous  n'en  vîmes  que 
dans  un  enfoncement  qui  avoisine  le  lieu  où  les 
navires  vont  faire  de  l'eau. 

Dans  notre  premier  voyage,  sur  FL  ranie,  nous 
recueillîmes,  sur  l'une  des  petites  îles  de  la  rade, 
des  Térébratules  vivantes ,  qu'il  nous  a  été  impos- 
sible de  retrouver  pendant  le  séjour  que  nous  avons 
fait  au  Port-Jackson  avec  V Astrolabe. 

Partout  on  rencontre  une  petite  espèce  d'Huître 
denticulée,  bonne  à  manger,  mais  difficile  à  ou- 
vrir. Le  grès  paraît  être  une  roche  favorable  à 
ces  Mollusques,  car  sur  tous  les  points  de  la 
Nouvelle-Hollande  où  il  existe,  il  s'y  attache  des 
Huîtres. 

On  ne  peut  avoir  qu'à  la  drague,  et  par  une 


ZOOPHYTKS.  325 

assez  grande  profondeur,  une  petite  Holothurie 
épineuse,  très-coriace,  et  commode  pour  étudier 
L'organisation  de  ces  animaux,  parce  qu'elle  ne 
rend  point  ses  intestins.  Elle  est  quelquefois  en 
compagnie  d'une  Astérie  noire ,  et  d'une  autre 
Holothurie  pentagone. 

Les  fucus  récèlent  une  Borlasie  verte  qui  se 
brise  facilement  dans  ses  contractions,  et  une  très- 
petite  espèce  d'Actéon  fort  rare,  dont  nous  don- 
nons une  figure.  Le  flux  et  le  reflux  amènent  des 
Béroés  et  des  Médusaires  remarquables. 

Dans  les  bois,  à  l'opposite  de  Sydney,  nous  trou- 
vâmes quelques  Hélices  dont  nous  ne  pûmes  étudier 
l'animal,  qui  avait  été  tué  par  le  feu,  qu'on  peut 
mettre  ici  aux  forets  sans  les  détruire ,  car  l'exté- 
rieur seul  de  l'écorce  et  les  feuilles  brûlent,  ce 
qui  n'empêche  pas  l'arbre  d'en  repousser  d'autres. 

Il  faut  pénétrer  dans  l'intérieur,  sur  les  bords  de 
la  Népean,  à  la  plaine  des  Emious,  pour  rencon- 
trer, sous  les  bois  morts,  des  Vitrines  ou  Hélica- 
rions  à  pied  tronqué. 

En  général,  toute  cette  partie  de  la  Nouvelle- 
Hollande  est  trop  sèche  et  trop  peu  arrosée  pour 
avoir  beaucoup  de  Mollusques  terrestres  et  flu- 
viatiles.  En  revanche  elle  a  des  espèces  très-cu- 
rieuses de  Lézards,  et  quelques  Rainettes. 

Les  forets  sont  abondamment  pourvues  d'Oi- 
seaux, la  plupart  connus  des  naturalistes,  et  dont 
nous  ne  parlerons  point. 


32(i  ZOOLOGJK. 


ILE    DE    DIEMEX. 

Une  relâche  de  quelques  heures  dans  le  détroit 
de  d'Entrecasteaux  a  suffi  pour  nous  faire  con- 
naître que  les  Siphonairês  y  étaient  bien  plus  ré- 
pandues que  les  Patelles.  On  trouve  encore  des 
Phasianeîles  sur  quelques-unes  de  ces  grandes 
plages  sablonneuses;  mais  elles  y  sont  rares  à 
mesure  qu'on  s'avance  vers  le  sud.  Nous  croyons 
même  qu'il  n'y  en  a  plus  au  port  Jackson. 

La  rade  d'Hobart-Town  contient  beaucoup  de 
fucus  sur  lesquels  on  trouve  des  Ascidies  dia- 
phanes, des  Flustres  rouges,  des  Tubulipores  avec 
leur  animai,  et  une  foule  d'autres  Polypiers  flexi- 
bles qu'il  faut  arracher  du  fond.  Sur  les  rochers 
devant  lesquels  on  est  ancré,  se  trouvent  de  pe- 
tites Patelloïdes,  des  Siphonairês,  des  Buccins 
bleuâtres  ou  Littorines  en  grande  quantité,  et 
sous  les  pierres ,  des  Borlasies  et  des  Planaires. 

On  arrive  en  prolongeant  la  côte  à  un  petit 
marais  qui  a  des  fossés  d'eau  saumâtre,  dont  les 
bords  nourrissent  des  variétés  d'Auricules  et 
d'AmpLillacères  plus  grandes  que  celles  qu'on  ren- 
contre au  port  Western. 

Malgré  l'extrême  sécheresse  de  la  saison  dans 
laquelle  nous  nous  trouvions,  les  collines  envi- 
ronnantes   nous    ont    donné    des    Ambrettes   et 


ZOOPHYTES.  327 

PHélice  Dufresne ,  vivantes    et    cachées   sous    les 
pierres . 

Plus  on  s'enfonce  dans  les  criques  que  la  mer 
forme  dans  l'intérieur,  moins  on  trouve  d'objets 
intéressants.  La  rade,  fort  peu  poissonneuse,  ne 
nous  fournissait  guère  que  des  Squales  à  sept 
branchies,  et  des  Aiguillats.  On  voit,  parle  peu 
de  résultats  de  nos  recherches,  que  cette  rade  est 
pauvre  en  objets  d'histoire  naturelle. 

NOUVELLE-ZÉLANDE. 


BAIE  TASMAN. 

V Astrolabe  a  sept  fois  jeté  l'ancre  sur  les  côtes 
de  la  Nouvelle-Zélande.  Pour  la  première  fois 
d'abord,  dans  le  détroit  de  Cook,  à  l'entrée  de  la 
baieTasman,  où  nous  avons  dragué  dans  la  vase 
le  Fuseau  Rave,  qui  pour  nous  est  un  Buccin, 
des  Ancillaires  et  de  petits  Oursins. 

Plusloin,dansi'ansedei'Astrolabe,  on  obtient, en 
explorant  le  fond,  des  Vénéricardes,  desTurritelles 
en  grand  nombre,  des  Murex,  des  Astéries;  et 
sur  le  banc  de  sable  qui  prolonge  la  petite  île 
de  gauche,  sont  des  Mésodesmes,  des  Tellines 
blanches ,  de  superbes  Moules  vertes  ;  sur  les 
rochers,  d'épais  encroûtements  de  Serpules,  parmi, 
lesquels  pullulent  de  petites  Onchidies  noires,  et 


328  ZOOLOGIE, 

des  Onchidies  verdâtres,  qui  ressemblent  à  des  Pa- 
telles. Dans  un  des  enfoncements  de  la  grande  de 
à  gauche ,  on  trouve  dans  de  petites  mares  sau- 
mâtres,  en  assez  grande  abondance,  l'Ampullaire 
Aveline,  qui  s'enfonce  quelquefois  un  peu  dans 
le  sable.  Elle  sert  à  la  nourriture  des  naturels, 
comme  les  Limaçons  dans  nos  contrées,  ce  qui 
fait  que  nous  en  trouvions  des  tas  qui  avaient  été 
grillés. 

Il  y  a  peu  de  Poissons  dans  cette  anse.  Les  Oi- 
seaux n'y  sont  pas  non  plus  très-nombreux.  Nous 
n'y  vîmes  que  le  Glaucope  cendré,  le  Troupiale 
à  caroncules,  des  Synallaxes,  un  gros  Tangara,  le 
Gobe-Mouche  à  longues  jambes ,  et  sur  le  rivage 
des  Huîtriers  et  des  Cormorans. 

ANSE   DKS   COURANTS. 

Cette  passe  rétrécie  a  des  rochers  baignés  par  des 
eaux  rapides,  sur  lesquels  on  trouve  à  droite,  mais 
mieux  encore  sur  ceux  de  gauche,  des  Pourpres,  des 
Tritons,  des  Troques  de  Cook,  quelquefois  l'Impé- 
rial et  le  Diaphane,  que  la  mer  rejette  en  grande 
quantité  sur  le  rivage;  des  Volutes,  des  Patelles, 
des  Patelloïdes;  ces  dernières  se  tiennent  ordinai- 
rement sous  les  pierres. 

Les  côtes  de  ce  petit  détroit  sont  roides  et  très- 
boisées,  ce  qui  rend  la  chasse  difficile;  aussi  ne 
tuâmes-nous   que  des  Glaucopes ,  et  le  Tangara 


ZOOPIÎYTES.  325) 

précédemment  indiqué.  C'est  là  que  nous   vîmes 
des  nids  de  Cormorans  sur  des  arbres  assez  élevés. 

Beaucoup  plus  loin,  sur  l'île  nord  de  la  Nou- 
velle-Zélande, nous  laissâmes  tomber  l'ancre, 
pendant  quelques  heures  seulement,  dans  la  baie 
Tolaga,  qui ,  en  Mollusques,  ne  nous  donna  que 
quelques  Haliotides,  et  en  Oiseaux,  le  petit  Echas- 
sier,  déjà  connu  sous  le  nom  de  Pluvier  delà  Nou- 
velle-Zélande. 

Le  mauvais  temps  que  nous  éprouvâmes  dans 
la  baie  des  Brèmes  de  Cook  ne  nous  permit  pas 
d'explorer  ce  lieu,  qui,  par  son  mélange  de  plages 
et  de  rochers,  semblait  devoir  augmenter  nos  ré- 
coltes. Nous  n'eûmes  à  prendre  dans  l'enfoncement 
où  nous  descendîmes  qu'une  Nérite  noire,  très- 
abondante. 

En  parcourant  plusieurs  points  de  la  rivière 
Tamise,  nous  jetâmes  la  drague  à  diverses  reprises, 
et  nous  obtînmes  vis-à-vis  la  baie  Shouraki  un  assez 
bon  nombre  d'objets,  comme  des  Ancillaires,  des 
Peignes,  des  Vermets,  des  Térébratules  rouges,  un 
Ascidien  composé  du  plus  bel  écarlate,  des  Bor- 
lasies,  des  Néréides ,  des  Caryophyllies ,  quelques 
Polypiers  flexibles ,  toutes  choses  de  peu  d'impor- 
tance au  premier  abord,  mais  qui  ont  de  l'intérêt 
aux  yeux  des  naturalistes. 


330  ZOOLOGIE. 


1ÎAIE   DES    ILES. 


Les  découpures  de  ce  port,  formé  comme  l'in- 
dique son  nom  par  plusieurs  îles,  présentent  des 
retraites  favorables  aux  Mollusques.  Nous  obtîn- 
mes des  Volutes,  des  Buccins  très-variés  et  en 
quantité;  sous  les  pierres, à  mer  basse,  d'élégantes 
Patelloïdes,  et  plusieurs  espèces  de  jolis  Oscabrions 
avec  leurs  nombreuses  variétés. 

Il  faut  rechercher  avec  soin ,  dans  les  petites 
flaques  d'eau,  une  Crépiduie  violacée  à  cotes,  telle- 
ment couverte  d'enduit  marin  qu'elle  peut  échap- 
per aux  regards.  Il  y  en  a  d'autres  espèces  blan- 
ches, excessivement  aplaties,  qui  se  logent  dans 
les  coquilles  vides,  et  une  plus  grande,  discoïde, 
tomenteuse,  dont  M.  Lamarck  avait  fait  le  Troque 
calyptriforme.  Nous  eûmes  également  un  assez 
bon  nombre  d' A  nnélides,  telles  que  Néréides,  Ser- 
pules,  Térébelles  agréablement  colorées,  un  Si- 
poncle,  des  Bulles,  des  Ascidies,  etc. 

Autour  des  cases  des  naturels  sont  des  tas  de 
Struthiolaires  noduleuses  qu'ils  mangent,  et  qu'ils 
paraissent  aller  chercher  au  loin  sur  les  récifs 
battus  par  la  mer.  Malgré  cette  abondance,  nous 
n'avons  pu  les  déterminer  à  nous  en  aller  chercher 
de  vivantes. 

Le  Poisson  est  peu  abondant  dans  cette  partie 
de  la  Nouvelle-Zélande.  Nous    en   prîmes  à    l'ai- 


ZOOPHYTËS.  3.31 

guade  une  espèce  gluante, assez  incommode,  parce 
qu'il  fallait  l'empêcher  de  s'introduire  dans  les 
tonneaux,  où  elle  eût  gâté  l'eau. 


TONGA-TABOU. 


Dès  qu'on  laisse  la  zone  tempérée  pour  les 
tropiques,  le  règne  organique  présente  bien  plus 
de  variétés,  et  un  beaucoup  plus  grand  nombre 
d'espèces,  quand  toutefois  les  localités  favorisent 
leur  développement.  L'île  de  Tonga-Tabou ,  sous 
ce  rapport,  ne  laisse  rien  à  désirer.  De  nombreux 
récifs  l'environnent  pour  ainsi  dire  de  toutes  parts. 
L'endroit  par  où  l'on  entre  en  présente  d'immen- 
ses qui,  pour  la  plupart,  découvrent  à  mer  basse. 
Malheureusement  les  événements  qui  nous  advin- 
rent  sur  cette  île  ne  nous  permirent  pas  de  les 
parcourir  tous.  Nous  n'explorâmes  que  le  récif  qui 
tient  à  la  petite  île  de  Pangaï-Modou ,  devant  la- 
quelle V Astrolabe  était  mouillée.  Il  est  assez 
étendu,  riche  en  Mollusques  et  en  Zoophytes  de 
toute  espèce. 

En  débarquant ,  lorsque  les  eaux  sont  basses , 
on  foule  aux  pieds  de  larges  plaques  d'Alcyons  lo- 
bules, affectant  diverses  formes.  Si  l'on  parcourt  les 
Madrépores,  morts  pour  la  plupart,  qui  forment 
cet  écueil,  on  trouve  des  Porcelaines  de  sept  à 
huit  espèces,  des  Mitres,  des  Vis,  des  Sigarets, 
des  Turbos,  des  Vermets,  diverses  Cérites,  des 
Peignes,  des  Ptérocères,  des  Nasses,  des  Doris. 


V,ï2  ZOOLOGIE. 

des  Phyllidies,  des  Stomatelles,  des  Tonnes,  des 
Nérites,  des  Calyptrées ,  le  genre  Placobranche, 
découvert  à  Java  par  M.  VanHasselt,  et  une  foule 
d'autres  Mollusques,  pour  lesquels  nous  renvoyons 
à  nos  planches. 

De  grandes  Dolabelles  se  tiennent  près  du  rivage, 
au  milieu  de  la  vase  et  des  fucus.  Leur  immobi- 
lité, jointe  aux  villosités  qui  recouvrent  leur  corps, 
nous   les   a   quelquefois    fait    prendre   pour  des 
Thalassiophytes.   Il  y  a  de  très -belles  Actinies, 
dont  les  tentacules  ramifiés  sont  caustiques.  Elles 
s'enfoncent  et  disparaissent  sous    le  sable.   Pour 
les  avoir,  il  fout  les  soulever  brusquement  avec 
une  pelle.  On  trouve  également  diverses  Astéries, 
dont  quelques-unes,  en  forme  de  petits  coussins, 
peuvent  être  prises  pour  des  pierres,  lorsque  leurs 
couleurs    ne    sont  pas  brillantes.    Les    Holothu- 
ries y  sont   également  communes.  Les   Natices, 
les  Strombes,  les  Nasses,  rampent  au  milieu  des 
herbes  sous -marines  qui  avoisinent  le  rivage  de 
cet  îlot,  tandis  que  si  l'on  veut  trouver  des  Limes, 
qui  nagent  avec  tant  de  vitesse,  il  faut  les  chercher 
dans  les  Madrépores  constamment  couverts  par 
l'eau  :  les  nombreuses  et  fragiles  cirrhes  tentacu- 
laires   de  cette    bivalve  se  détachant  facilement, 
elle  ne  pouvait  pas  être  exposée  à  demeurer  à  sec. 
Pareillement,  quand  on  veut  se  procurer  des 
Méandrines,  des  Astrées   et  des  Madrépores  vi- 
vants, il  faut  se  mettre  dans  l'eau  jusqu'à  la  cein- 


ZOOPHYTES.  333 

ture,  et  aller  où  les  récifs  finissent.  Dans  ce  cas, 
nous  faisions  des  marchés  avec  les  naturels  qui 
nous  conduisaient  dans  leurs  légères  pirogues.  Ils 
arrachaient  du  fond  des  masses  de  Polypiers  que 
nous  cassions  dans  le  bateau  pour  avoir  les  Pois- 
sons, les  Mollusques,  les  Crustacés  et  les  Zoophytes 
qui  se  cachent  dans  leurs  rameaux.  Nous  promet- 
tons une  ample  récolte  d'objets  nouveaux  aux 
naturalistes  qui,  à  l'aide  de  ce  moyen,  parcour- 
ront les  immenses  bancs  de  l'entrée  de  Tonga-Ta- 
bou et  ceux  qui  s'étendent  jusqu'à  la  pointe  d'Ifo. 
11  sera  nécessaire  d'employer  plusieurs  jours 
à  une  semblable  course,  en  résidant  sur  les  îlots 
qu'on  rencontre,  pour  y  mettre  ses  collections  en 
ordre,  et  esquisser  les  objets  qui  perdent  promp- 
tement  leurs  couleurs  et  leurs  formes. 

Nous  ferons  remarquer  qu'en  général  là  où 
croissent  les  Coraux ,  il  n'est  presque  plus  pos- 
sible, ou  du  moins  très-difficile  de  se  servir  de  la 
drague.  Une  autre  circonstance  qui  doit  être  prise 
en  considération,  c'est  de  ne  pas  visiter  les  récifs  qui 
ne  découvrent  jamais  complètement  après  que  la 
brise  est  levée,  parce  que  le  mouvement  qu'elle 
occasionne  dans  les  ondes  empêche  de  distinguer 
les  objets.  Ainsi,  ce  n'est  que  le  matin  jusqu'à 
onze  heures  qu'on  peut  se  livrer  à  ces  sortes  de 
recherches.  Le  reste  du  jour  peut  être  employé  à 
dessiner.  Car,  nous  le  répétons,  on  est  loin  d'avoir 
tout  fait  après  qu'on  a  bien  récolté:  il  faut  en- 


334  ZOOLOGIE. 

core  chercher  à  conserver  à  cette  foule  d'êtres  les 
formes  et  les  couleurs  qu'ils  vont  bientôt  perdre 
dans  la  liqueur ,  où  ils  s'altéreront  au  point  que 
l'on  ne  pourra  presque  plus  distinguer  les  espèces. 

Les  naturels  nous  apportaient  des  Corbeilles , 
des  Olives,  des  Tornatelles  et  des  Physes  ,  dont 
nous  n'avons  pu  voir  les  localités.  Il  y  a  aussi 
des  Ombrelles  à  Tonga. 

La  partie  de  la  grande  île  du  coté  d'Ifo 
étant  battue  par  la  mer  du  large,  n'a  qu'une  lé- 
gère ceinture  de  récifs  peu  éloignés  de  terre, 
sur  lesquels  il  n'est  pas  facile  d'aller.  Vu  cette 
disposition,  la  cote  ne  nous  a  offert  qu'une  nou- 
velle petite  espèce  de  Siphonaire. 

En  parcourant  l'île  dans  une  partie  de  sa  lon- 
gueur ,  depuis  Moua ,  résidence  du  chef  Palou , 
jusqu'à  lfo,  qu'habitent  les  missionnaires  ,  nous 
marchions  presque  constamment  sous  des  allées 
couvertes,  et  nous  ne  vîmes  d'autres  Mollusques 
terrestres  qu'une  très-petite  Hélice  et  une  Hélicine 
marquée  de  rouge. 

Nous  ignorons  quels  moyens  les  habitants  em- 
ployaient pour  nous  apporter  vivant,  et  sans  danger, 
un  grand  serpent  d'eau  très-venimeux,  jaune,  an- 
nelé  de  noir. 

ILES  SANDWICH. 

Ces  îles,  toutes  volcaniques,  ont  des  cotes 
abruptes,  battues  par  la  nier.  Elles  manquent  de 


Z00P1IYTES.  335 

port,  ou  n'ont  que  des  anses  dans  lesquelles  les 
animaux  marins  ne  trouvent  pas  assez  d'abri.  L'île 
de  Wahou,  ou  mieux  Ouaou,  est  la  seule  où  il  y  ait 
un  enfoncement  considérable ,  avec  des  bancs  de 
Madrépores.  Toutefois,  comme  il  n'est  pas  parfaite- 
ment à  couvert  des  vents  du  large,  il  est  peu  riche 
en  Mollusques  et  en  Zoophy tes.  Enfin ,  il  n'est  pas 
d'endroit  placé  entre  les  tropiques  où  nous  ayons 
trouvé  moins  de  choses  qu'aux  Sandwich  ;  ce  qui 
tient  manifestement  aux  localités,  et  peut-être  aux 
fortes  brises  qui  soufflent  dans  cet  archipel.  Ce 
sont  elles  qui  nous  ont  empêchés  de  faire  des  re- 
cherches suivies  sur  les  récifs  du  port  de  Ouaou 
et  sur  celui  d'Owhyhi,  ou  mieux  Ouahi,  où  nous 
aperçûmes  quelques  bouquets  isolés  d'Astrées  et 
d'autres  Polypiers.  C'est  dans  ce  lieu  que  nous 
trouvâmes  l'animal  de  la  Vis  maculée,  seul  Mol- 
lusque important  que  nous  puissions  citer. 

L'iîe  Mowi  ou  Mouï  n'est  pas  plus  riche  que  les 
précédentes.  Vu  le  peu  d'abondance  de  Madré- 
pores ,  nous  conseillons  d'explorer  le  fond  avec 
une  drague;  ce  que  nous  ne  pratiquâmes  point, 
n'ayant  pas  alors  adopté  un  système  aussi  suivi 
de  recherches  dans  toutes  les  parties  de  la  zoo- 
logie. 

A.  terre,  sur  les  laves  arides  du  rivage,  nous 
recueillîmes  plusieurs  espèces  d'Hélices  mortes,  qui, 
lorsqu'elles  sont  vivantes,  habitent  probablement 


33G  ZOOLOGIE. 

les  montagnes,  où  les  nuages  entretiennent  de  la 
verdure  et  de  la  fraîcheur. 

La  mer  donne  de  très-belles  espèces  de  Pois- 
sons de  la  famille  des  Labres.  TSous  les  obtenions 
des  naturels  ,  qui  les  pèchent  à  la  ligne. 


NOUVELLE-IRLANDE. 


Le  havre  Carteret,  que  nous  avons  visité  avec  soin, 
est  un  canal  étroit  entre  deux  îles  très-élevées,  dont 
les  côtes  sont  roides,  boisées,  et  la  mer  très-profonde 
jusqu'à  leur  pied.  A  gauche  en  entrant  est  un  ré- 
cif de  peu  d'étendue  et  découvrant  en  partie.  C'est 
à  peu  près  le  seul  point  qui  ait  contribué  à  aug- 
menter nos  collections.  Nous  y  trouvâmes,  pour 
la  première  fois,  l'animal  de  la  Dauphinule,  des 
Tridacnes  enfoncées  dans  les  Madrépores,  et  qu'on 
reconnaît  à  la  belle  couleur  bleue  du  Mollusque, 
dont  les  valves  sont  presque  toujours  entr'ou- 
vertes.  Sous  les  rochers  qui  s'avancent  en  voûte, 
on  voit  suspendus  des  Troques  pagodes  et  beaucoup 
d'Onchidiesqui  viennent  s'y  mettreà  l'abri  du  soleil. 
On  y  rencontre  aussi  des  Olives ,  des  Tritons,  des 
Pourpres,  des  Oscabrions,  des  Doris ,  des  Phylli- 
dies.  Sur  les  sables  rampent  des  centaines  d'Holo- 
thuries noires,  et  d'autres  beaucoup  plus  grandes, 
parmi  lesquelles    se  trouve  l'Holothurie  Ananas, 


ZOOPHYTES.  .{37 

remarquable  par  sa  taille   et  les  découpures  fo- 
liacées de  son  enveloppe. 

On  trouve  plusieurs  espèces  de  Néritines  qui  ne 
craignent  pas  de  s'avancer  dans  la  mer.  Les  bois 
de  la  petite  île  Legh  sont  remplis  d'Auricules 
scarabes  qui  se  cachent  sous  les  feuilles  mortes, 
et  se  développent  difficilement. 

C'est  sur  ce  banc  que  nous  vîmes  une  très-grosse 
masse  de  Tubipores  rougeàtres,  que  nous  ne  re- 
connûmes qu'en  y  portant  la  main.  On  rencontre 
çà  et  là  de  petits  bouquets  d'Alcyons  et  de  Cor- 
nulaires,  et  un  polypier  flexible  de  la  famille  des 
Sertulaires  ,  dont  les  animaux  brûlent  comme  les 
tentacules  des  Phy sales.  C'est  la  seule  fois  que 
ces  Zoophytes  nous  aient  produit  cet  effet. 

Les  blocs  arrondis  de  Coraux  qui  avoisinent  le 
lieu  où  nous  étions  mouillés  recèlent  de  magni- 
fiques Amphitriles  ,  des  Serpules  et  des  Siponcles. 
Ceux  de  ces  derniers  animaux  qui  ne  se  creusent 
point  une  retraite  dans  les  Polypiers  se  trouvent 
sous  les  pierres,  avec  le  genre  Ochétostome  et  une 
espèce  de  petite  Holothurie  qui  fuit  la  lumière. 
Des  Astrées,  des  Méandrines,  et  surtout  des  Acti- 
nies de  la  plus  grande  élégance  pour  la  forme  et 
du  plus  bel  éclat  dans  les  couleurs,  répandent  une 
grande  variété  dans  les  recherches  du  naturaliste. 

INous  obtenions  des  naturels  la  grande  ïri- 
dacne  géante,  qu'ils  paraissent  aller  chercher  au 

Zoologie,  t.  iv.  *2 


338  ZOOLOGIE. 

loin.  Ils  nous  procurèrent  aussi  une  petite  espèce 
de  Phalanger  et  un   grand  Serpent  noir. 

Nous  tuâmes  un  Crocodile  long  de  douze  pieds. 
Les  voyageurs  ne  font  pas  mention  de  ce  reptile 
à  la  Nouvelle-Irlande.  Enfin,  ce  lieu  de  mouillage 
est  tellement  resserré,  que  nous  pouvons  dire  en 
avoir  obtenu  presque  toutes  les  productions. 


NOUVELLE-GUINÉE. 

Le  havre  de  Dorey  n'est  pas  aussi  propice  aux 
Mollusques  et  aux  Zoophytes  que  sa  position,  par 
une  latitude  très-chaude,  semblerait  l'indiquer  ;  ce 
qui  tient  probablement  à  la  nature  des  terres  en- 
vironnantes, qui,  dans  la  saison  des  pluies,  sont 
entraînées  dans  ce  petit  havre,  et  mêlent  leurs 
eaux  à  celles  de  la  mer ,  en  les  rendant  instantané- 
ment bourbeuses  et  saumâtres.  Ces  causes  peuvent 
avoir  fait  abandonner  cette  contrée  à  ces  faibles 
animaux ,  et  détruit  ceux  qui  ne  pouvaient  pas 
s'y  soustraire.  Les  deux  bancs  de  l'entrée  du  port 
sont  formés  de  Coraux  morts  depuis  long-temps, 
et  parmi  lesquels  on  ne  trouve  que  quelques  Po- 
lypes isolés  et  fort  peu  de  Mollusques ,  excepté 
des  Onchidies  ,  très-communes  à  l'abri  des  arbres 
qui  ombragent  l'aiguade. 

En  allant  du  mouillage  au  village  de  Dorey,  à 


ZOOPHYTES.  XV.) 

mer  basse,  on  passe  au  travers  d'une  petite  prairie 
de  zostères  et  d'autres  fucus,  recouverte  à  peine 
d'un  pouce  d'eau,  et  sur  laquelle  nous  recueillî- 
mes des  Natices,  des  Strombes,  et  des  Bulles  jau- 
nes qui  s'accouplaient. 

Les  maisons  de  ce  village  sont  bâties  dans  l'eau , 
sur  des  pieux,  le  long  desquels  nous  récoltions 
des  Littorines  en  abondance. 

Mais  c'est  aux  naturels,  il  faut  le  dire,  que  nous 
devons  les  matériaux  des  nombreux  dessins  que 
nous  avons   pu  faire   dans    une  courte   relâcbe  ; 
ils  nous  procurèrent  des  Doris,  des  Éolides,   des 
Ascidies,  des  Fistulaires,  des  Némertes,  des  Al- 
cyons ,   remarquables  par  leur  élégance  et  leur 
éclat.  Occupés  à  dessiner  tous  ces  objets,  nous 
ne  pouvions  les  suivre  pour  connaître  dans  quelles 
localités  ils  prenaient  en  abondance  des  Auricules 
Midas,  des  Cy rênes,  des  Mélanies,  des  Pirènes , 
qu'ils  nous  présentaient  encore  couvertes  de  vase 
noire.  Le  peu  de  temps  qu'ils  mettaient  à  se  pro- 
curer ces   derniers    Mollusques    indique  que  ces 
animaux  babitent  les  flaques  d'eau  marécageuses 
qui  sont  entre  le  rivage  et  les  montagnes  voisines. 
Les  Harpes  vivantes  et  les  Volutes  étaient  pè- 
chées  au  dehors  de  la  rade,  dans  des  endroits  que 
les  indigènes  seuls  connaissaient,  car  nous  n'en 
avons  jamais  trouvé  nous-mêmes.  A  l'aide  de  quel- 
ques petits  encouragements,  on  a  bientôt  obtenu 
de  ces  insulaires  tout  ce  que  contient  le  havre  de 


22" 


340  ZOOLOGIE. 

Dorey,  même  en  choses  qui  leur  sont  complètement 
indifférentes  ;  c'est  ainsi  qu'ils  nous  apportaient 
jusqu'à  des  Méduses  et  des  Serpents  d'eau ,  dans 
des  vases  de  cocos. 

C'est  à  Dorey  que  nous  avons  trouvé  le  nou- 
veau genre  Goniopore ,  de  la  famille  des  Coralli- 
gènes ,  une  grande  Némerte  à  cinq  bandes  ,  et  la 
Térébelle  longitudinale,  dont  les  tentacules,  longs 
de  plusieurs  pieds ,  paraissent  seuls  au  milieu  des 
corps  marins. 

Les  Nautiles  ombiliqués  ne  sont  point  rares  ; 
c'est  avec  cette  coquille  que  les  habitants  puisent 
l'eau  dans  les  puits.  L'animal  semble  leur  être 
inconnu,  et  toutes  nos  offres  n'ont  pu  les  décider 
à  chercher  à  se  les  procurer. 

Les  enfants  nous  apportaient,  pour  des  épin- 
gles, tous  les  Insectes  qui  leur  tombaient  sous  la 
main  ;  c'est  ainsi  que  nous  avons  pu  répandre 
dans  les  collections  le  genre  Tricondyle,  qui  était 
fort  rare  avant  notre  voyage.  C'est,  un  insecte 
qui ,  ne  volant  pas ,  est  facile  à  prendre ,  bien 
que  fort  agile. 

Quoiq  ueles  oiseaux  abondent  clans  cette  partie  de 
la  Nouvelle-Guinée,  il  s'y  trouve  peu  de  nouvelles 
espèces  à  faire  connaître  ;  il  faudrait  pour  cela 
s'engager  un  peu  avant  dans  l'intérieur  des  terres, 
ce  qui  serait  aussi  difficile  qu'imprudent. 

Nous  avons  découvert  une  nouvelle  espèce  de 
Péramèle,  et  apporté  un  jeune  âge  deKanguroo, 


ZOOPHYTES.  341 

dont  il  serait  bon  de  connaître  l'animal  adulte, 
qui  doit  être  de  grande  taille,  à  en  juger  par  l'on- 
gle du  pied  postérieur ,  dont  les  naturels  se  ser- 
vent pour  tendre  la  corde  de  leur  arc. 


VAIGIOll. 


Le  lieu  où  nous  abordâmes ,  dans  le  voyage  de 
FUrame,  est  une  petite  île  nommée  Rawak,  qui 
ne  laisse  entre  elle  et  la  grande  terre  qu'un  étroit 
passage.  Quoique  ce  port  soit  placé  sous  l'équateur 
et  qu'il  ait  des  Polypiers  coralligènes ,  on  peut  ce- 
pendant, avec  des  précautions,  y  jeter  la  drague 
et  amener  une  foule  d'animaux  divers.  La  vase 
est  surtout  riche  en  très-petites  coquilles  cloison- 
nées ,  dont  nous  n'avons  pu  découvrir  les  Mollus- 
ques; nous  supposons  même  que  quelques-unes 
d'entre  elles  sont  fossiles. 

Dans  l'intérieur  de  cette  île  un  peu  marécageuse, 
nous  trouvâmes  des  Auricules  scarabes  et  des 
Hélices  sur  les  arbres  ;  on  y  tua  plusieurs  Serpents 
de  petite  taille ,  et  de  gros  Lézards. 

A  quatre  ou  cinq  lieues  de  là  est  une  autre  île 
peu  grande,  nommée  Bony,  entourée  en  partie 
de  récifs.  Il  y  a  quelque  danger  à  s'y  engager;  mais 
une  fois  qu'on  est  en  dedans  de  ces  récifs,  on  peut, 
par  une  médiocre  profondeur,  recueillir  des  Àstrées, 
des  Méandrines,  des  Madrépores,  et  les  divers  ani- 


342  ZOOLOGIE. 

maux  qui  se  réfugient  clans  leurs  rameaux.  Nous 
ne  rencontrâmes  que  fort  peu  de  Mollusques  vi- 
vants clans  ces  deux  endroits;  cependant  les  natu- 
rels, qui  savent  où  les  prendre,  en  font  une  assez 
grande  consommation,  puisque  à  Bony  ils  avaient 
commencé  une  petite  jetée  de  leurs  débris.  Autour 
des  maisons,  il  y  avait  des  monceaux  de  coquilles, 
parmi  lesquelles  nous  en  trouvâmes  d'intactes,  telles 
que  le  gros  Turbo  marbré,  dont  la  nacre  est  si 
belle,  des  Placunes,   qui  étaient  rares  alors  dans 
les  collections ,  desPernes ,  desTellines,  des  Vénus , 
des  Mitres,  plusieurs  Tridacnes ,  et  un  grand  nom- 
bre de  Daupliinules,  avec  lesquelles  nos  matelots 
faisaient  des  pipes. 


PI  SANG. 


C'est  seulemenjt  pour  mémoire  que  nous  citons 
cette  très-petite  île,  isolée  de  l'archipel  des  Molu- 
ques,  que  le  hasard  nous  mit  à  même  de  visiter,  une 
heure  ou  deux,  dans  un  de  ses  points  le  moins  acces- 
sibles, où  la  plage  était  si  rétréciepar  la  végétation, 
que  les  branches  des  arbres  pendaient  dans  la  mer. 
Une  pirogue   venait  d'y   passer,  et   ceux   qui  la 
montaient  avaient  laissé,  parmi  les  débris  de  leur 
repas,  de  larges  Patelles  minces,  dont  le  sommet, 
porté  en  avant,  annonce  que  l'animal  doit  différer 


ZOOPHYTJES.  343 

de  celui  des  vraies  Patelles,  et  avoir  une  longue 
branchie  cervicale.  Nous  arrachâmes  des  rochers 
volcaniques  de  cette  île  quelques-uns  de  ces  Ana- 
tifes  remarquables  par  la  multiplicité  de  leurs  val- 
ves allongées. 

« 

CÉLÈBES. 

Nous  n'avons  touché  qu'à  cjeux  points  de  cette 
grande  île,  riche  en  productions  d'histoire  natu- 
relle, la  plupart  inconnues.  Le  premier  est  Manado, 
dont  la  rade  est  ouverte  aux  vents  du  large,  et  le 
fond  de  sable  argileux,  complètement  dépourvu  de 
Mollusques  et  de  Zoophytes,  qui,  par  une  latitude 
aussi  favorable  à  leur  développement,  n'ont  en- 
core pu  trouver  un  point  d'appui  et  un  abri  con- 
venables pour  s'élever  et  former  des  récifs.  Ce 
n'est  pas  le  seul  lieu  où  nous  ayons  vu  les  loca- 
lités, en  opposition  avec  une  température  élevée, 
élre  contraires  à  l'accroissement  de  ces  animaux. 
Ainsi  là,  il  faudra  donc  se  borner  à  prendre  à  la 
seine  quelques  espèces  peu  variées  de  Poissons, 
et  recueillir,  dans  les  ruisseaux  qui  se  jettent  dans 
la  rade,  de  grosses  Ampullaires  et  des  Mélanies. 

La  route  qui  conduit  sur  la  montagne  où  est 
situé  le  lac  de  Tondano,  est  coupée  de  ruisseaux 
qui  nous  donnèrent  des  Paludines  à  cotes;  elles 
sont  en  grand  nombre  dans  le  lac  même,  et  leurs 


344  ZOOLOGIE. 

coquilles,  vides,  décolorées,  flottent  par  milliers 
sur  ses  bords. 

Nous  trouvâmes,  dans  les  bois,  deux  élégantes  Vi- 
trines, dont  la  coquille  de  l'une  d'elles  est  d'un  vert 
agréable  comme  son  animal.  Cette  couleur  dispa- 
rait par  la  dessiccation. 

Les  contours  du  lac  nous  donnèrent  deux  ma- 
gnifiques Hélices ,  des  Bulimes  et  un  Planorbe. 

En  laissant  Manado,  nous  profitâmes  de  ce  qu'on 
avait  laissé  tomber,  l'ancre  devant  le  village  de  Li- 
coupang,  pour  y  aller  faire  une  courte  excursion.  La 
plage,  en  partie  sablonneuse,  a  quelques  roches  sur 
lesquelles  nous  trouvâmes  des  Turbos,  des  Buccins 
et  d'assez  grosses  Patelloïdes.  La  mer  forme  devant 
le  village  un  marécage  où  sont  des  Cérites  ,  des 
Huîtres  très  -  allongées  et  quelques  bivalves,  sur- 
tout une  petite  Donace  striée,  en  grande  quantité. 

En  général  dans  ces  parages  les  courants  sont 
si  violents,  que  la  mer  n'est  pas  plus  riche  en  Mol- 
lusques et  en  Zoophytes  que  les  côtes  qu'elle  bai- 
gne. Toutefois  Célèbes  est  si  considérable  et  telle- 
ment découpée,  que  dans  les  nombreux  golfes 
qu'elle  forme  il  doit  y  avoir  des  localités  où  ces 
animaux  peuvent  se  développer  paisiblement  sous 
l'influence  de  causes  favorables. 


ZOOPHYTES.  345 


AMDOINE. 


Le  naturaliste  qui  arrive  dans  cette  île  est  sur- 
pris de  l'immense  quantité  de  coquilles  que  les 
marchands  chinois  et  malais  viennent  lui  offrir. 
C'est  que  de  tout  temps  Amboine  a  été  le  centre 
de  cette  sorte  de  commerce,  déterminé  par  le  goût 
que  les  Hollandais  ont  eu  les  premiers  pour  ces 
agréables  productions  de  la  nature.  C'est  en  partie 
par  eux  qu'elles  ont  été  répandues  plus  tard  en 
Europe.  Les  cabinets  de  coquilles  acquis  à  des 
prix  très-élevés  ont  été  le  commencement  de  l'é- 
tude des  sciences  naturelles.  Il  y  avait,  et  il  y  a 
encore  de  ces  enveloppes  ,  qu'on  évalue  et  que 
l'on  paie  jusqu'à  plus  de  deux  mille  francs.  Lors- 
que nous  foulions  aux  pieds  les  jolies  Phasianelles 
de  la  Nouvelle -Hollande  nous  nous  rappelions 
qu'autrefois  un  officier,  grand  amateur  de  ces  sor- 
tes d'objets,  avait  payé  trente  louis  une  Phasia- 
nelle,  qu'il  porta  dans  sa  poche  pendant  tout  le 
temps  d'une  longue  guerre. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  valeurs  fictives  don- 
nées jadis  en  Europe  à  certaines  coquilles,  et  que 
l'amour  mieux  entendu  de  la  science  a  réduites  à  leur 
juste  valeur,  les  Hollandais  d'Amboine  n'en  conser- 
vent pas  moins  l'habitude  de  ce  commerce.  Certes, 
ce  n'est  parleur  île  qui  l'alimente  et  l'entretient;  elle 


:*46  ZOOLOGIE. 

est  trop  petite  et  ne  présente  pas  d'assez  heureuses 
localités  pour  cela.  Mais  de  toutes  les  Moluques  , 
on  y  apporte  de  ces  animaux  qu'on  enfouit  et  qu'on 
laisse  pourrir  dans  la  terre  ;  ce  qui  n'altère  pas 
autant  le  test,  dit -on,  que  de  les  faire  bouillir. 
Céram,  qui  touche  presque  Amboine,  est  renom- 
mée surtout  pour  en  fournir  abondamment.  Les 
Malais  les  arrangent  très  -  artistement  dans  des 
boîtes  extrêmement  légères  de  tiges  d'agave,  et 
donnent  un  agréable  coup  d'ceil  à  cette  marchandise, 
qui  s'y  vend  fréquemment  plus  cher  qu'en  Europe. 
Ils  ont  même  conservé  un  prix  si  élevé  à  cer- 
taines espèces ,  telles  que  les  Argonautes ,  les  Na- 
vettes, les  Scalatas,  qu'on  pourrait  leur  en  vendre 
ou  en  échanger  avec  avantage.  Il  est  vrai  que  dans 
ces  contrées  éloignées,  où  l'on  ne  reçoit  de  nou- 
velles d'Europe  tout  au  plus  qu'une  fois  l'année, 
on  conserve  bien  d'autres  préjugés,  comme  celui, 
par  exemple,  de  croire  que  les  Moluques  seules 
sont  encore  en  possession  de  fournir  du  girofle  à 
l'ancien  inonde,  etc.  Mais  revenons  à  nos  co- 
quilles. 

En  explorant  le  golfe  qui  divise  presque  l'île  en 
deux  parties,  on  trouve,  en  débarquant  sur  les 
rochers  du  pont, des  Planaxes  et  de  petites  Huîtres 
épineuses  tellement  collées  à  la  pierre  qu'on  ne 
peut  souvent  obtenir  qu'une  des  valves;  dans  le 
sable,  des  Néréides,  des  Sanguinolaires.  Plus  loin  , 
au-delà  du  camp  malais,  nous  rencontrâmes, clans 


ZOOPHYTES.  347 

une  argile  durcie,  des  Pholades  arrondies  en  boule, 
et  parmi  les  rochers  quelques  Astrées  rares,  des 
Ma  mi  llifères,  etc.  C'est  le  seul  lieu  où  nous  ayons 
été  à  même  de  dessiner  l'animal  de  la  Cérite  Té- 
lescope. 

La  côte  située  à  l'opposite  de  la  ville  est  sablon- 
neuse, avec  un  mélange  de  galets  volcaniques  par 
intervalles.  Nous  n'y  recueillîmes  qu'une  très-petite 
Doris ,  un  Pleurobranche  ,  des  Clypéastres  ram- 
pant sur  une  vase  molle.  Nous  avons  parlé  ailleurs 
des  Mollusques  et  des  Zoophytes  pélagiens  que  les 
forts  courants  de  ce  golfe  apportent  et  rempor- 
tent dans  le  même  jour.  Il  suffisait  de  plonger 
un  seau  ou  un  filet  d'étamine  dans  la  mer  pour 
recueillir  les  nombreuses  espèces  que  nous  avons 
données  dans  nos  planches.  Il  en  est  de  microsco- 
piques qu'il  faut  rechercher  avec  soin  dans  le  vase 
bien  transparent  qui  reçoit  l'eau. 

A  force  d'instances ,  nous  obtînmes  des  Malaisr 
dans  les  derniers  jours  de  notre  relâche ,  qu'ils 
nous  apporteraient  les  animaux  des  coquilles 
qu'ils  vont  recueillir  dans  les  contours  extérieurs 
de  l'île.  Nous  eûmes  par  ce  moyen  le  grand  Turbo 
marbré ,  un  Cymbium  ,  le  Casque  Bézoar,  l'Olive 
noire,  la  Cancellaire  Lime,  qui  n'est  qu'une  Nasse, 
le  Murex  Fine-Épine,  des  Placunes ,  etc.,  dont  les 
animaux,  dans  leurs  formes  et  dans  leurs  couleurs, 
étaient  encore  inconnus. 

C'est   a  Amboine  qu'un  habitant,  qui  ne  nian- 


348  ZOOLOGIE. 

quait  pas  d'instruction ,  nous  voyant  examiner 
avec  attention  le  Poulpe  qui  se  trouve  dans 
l'Argonaute  ,  nous  assura  ,  sans  que  nous  l'eus- 
sions questionné  à  ce  sujet,  que  ce  n'était  point 
l'animal  de  cette  coquille ,  qu'il  s'y  logeait  après 
que  le  véritable  propriétaire  n'existait  plus.  Cet 
Amboinais,  voulant  nous  donner  une  idée  de 
l'animal  de  l'Argonaute,  dessina  une  sorte  de  Gas- 
téropode  qu'il  avait  vu.  Si  cette  question,  qui  di- 
vise maintenant  les  zoologistes,  n'est  pas  bientôt 
éclaircie,  la  vérité  peut  nous  venir  de  ce  lieu,  où 
nous  avons  bien  recommandé  qu'on  envoyât  en 
Europe  plusieurs  de  ces  animaux  tels  qu'on  croyait 
les  avoir  vus.  Dans  les  jardins  qui  avoisinent  la 
rivière,  on  trouve  sur  les  arbres  l'Hélice  citrine 
des  auteurs,  très-variée  en  couleur,  laquelle  nous 
avons  reconnue  être  une  vraie  Vitrine. 

Les  chaleurs  excessives  qui  régnent  dans  cette 
île  font  que  les  Européens  préfèrent  avoir  re- 
cours à  l'extrême  obligeance  des  autorités  et  aux 
Malais,  pour  se  procurer  ce  que  le  pays  a  de  plus 
remarquable. 


boitrou. 


Cette  île  est  peu  éloignée  d'Amboine.  Elle  con- 
tient un  grand  nombre  d'Oiseaux,  comme  l'indique 
son  nom  qui,  en  malais,  signifie  oiseau.  La  rade  de 
Cayéli  est  sablonneuse,  comme  celle  deManado, 


ZOOPHYTES.  34î) 

à  Célèbes;  ce  qui  fait  qu'on  n'y  trouve  que  peu 
de  chose,  si  ce  n'est  une  Cythérée  que  les  enfants 
enlèvent  des  sables  ,  par  milliers.  On  trouve,  dans 
une  ceinture  d'eau  saumâtre  qui  sépare  le  village 
de  la  mer ,  des  Cérites  et  des  Pirènes  qui ,  toutes, 
ont  la  spire  rongée.  Nous  obtînmes  des  Malais  des 
Lingules  vivantes. 

Il  existe  assez  loin ,  sur  la  gauche  de  la  rade , 
un  récif  qui  ne  découvre  pas  entièrement  et  sur 
lequel  on  doit  trouver  beaucoup  d'objets  divers. 
Mais  notre  santé  très-altérée  à  cette  époque,  par  la 
fièvre  intermittente  que  nous  avions  contractée  à 
Vanikoro,  ne  nous  permit  pas  de  le  visiter. 

TIMOR. 

En  général  les  Moluques  ne  sont  point  des  îles 
saines,  et  les  naturalistes  ne  doivent  pas  trop  s'ex- 
poser à  l'ardeur  du  soleil  ni  se  mettre  souvent 
dans  l'eau.  Il  peut  en  résulter  la  fièvre  ou  la  dys- 
senterie,  bien  plus  dangereuse  encore. 

A  Timor,  on  contracte  facilement  cette  dernière 
maladie  qui,  si  elle  n'emporte  pas  promptement 
le  malade,  le  fait  languir  long-temps,  lorsque  la 
navigation  se  prolonge  entre  les  tropiques.  Aussi 
les  amateurs  d'histoire  naturelle  que  le  zèle  em- 
porte dans  leurs  recherches,  doivent-ils  s'abstenir 
de  faire  des  courses  trop  pénibles  au  milieu  du  jour, 
et  de  se  mettre  dans  l'eau  le  moins  possible. 

I^a  rade  de  Coupang   ne  manque  pas  de  Zoo- 


350  ZOOLOGIE. 

phytes.  C'est  principalement  sur  la  petite  île  Kéra, 
qui  est  bordée  d'un  récif,  qu'on  voit  à  mer  basse 
des  Alcyons  de  diverses  couleurs,  des  Astéries  du 
plus  beau  bleu,  des  Tubipores  verts,  des  Astrées, 
des  Méandrines,  et  diverses  autres  espèces  d'êtres 
animés.  Ces  productions  formant  des  groupes  ir- 
réguliers nous  empêchèrent  de  jeter  la  seine  et  de 
prendre  du  poisson. 

Le  rivage  sur  lequel  une  portion  du  village  de 
Coupang  est  assise  se  trouve  formé  d'Astrées  fos- 
siles. On  voit  que  ces  animaux  ont  travaillé  avec 
régularité  et  sans  interruption  pour  élever  ces 
massifs  assez  considérables.  En  suivant  le  bord  de 
la  mer  à  gauche,  on  arrive  à  un  petit  banc  qui  se 
prolonge  un  peu  dans  la  mer  et  sur  lequel  nous 
recueillîmes  une  Fistulaire  très-fragile  et  quelques 
autres  Zoophytes. 

Nous  obtînmes  des  naturels  les  coquilles  ma- 
rines propres  à  cette  contrée,  et  nous  trouvâmes, 
principalement  dans  le  cimetière  chinois ,  sur  de 
beaux  câpriers ,  l'élégante  Hélix  contraria. 

Les  malades  que  nous  eûmes  dans  cette  relâ- 
che, malgré  le  peu  de  temps  que  nous  y  consa- 
crâmes, ne  nous  permirent  pas  d'étendre  très-loin 
nos  recherches.  Mais  nous  sommes  persuadé  que 
dans  les  eaux  paisibles  de  cette  immense  baie,  il 
y  a  plusieurs  lieux  qui  doivent  fournir  une  ample 
moisson  d'objets  divers  tant  en  Mollusques  qu'en 
Polypiers. 


ZOOPHYTES.  351 

Le  comptoir  portugais  de  Dillé,  sur  la  même 
île,  devant  lequel  nous  demeurâmes  deux  jours  , 
situé  dans  un  détroit  où  régnent  de  forts  cou- 
rants, ne  nous  parait  pas  aussi  favorable  aux  re- 
cherches zoologiques.  En  avant  du  village  est  un 
récif  qui  ne  découvre  pas  ,  mais  sur  lequel  on 
pourrait  trouver  quelque  chose  à  l'aide  des  naturels. 
C'est  un  moyen  que  nous  employions  quelquefois. 
Lorsque  la  brise  n'est  pas  levée ,  l'eau  est  calme  et 
d'une  transparence  qui  permet  de  voir  au  fond  les 
plus  petites  choses,  que  d'adroits  plongeurs  rap- 
portent facilement. 


VANIKORO. 


L'île  est  entourée  d'une  ceinture  de  récifs ,  en 
dedans  desquels  la  mer  est  calme  comme  dans  un 
bassin.  Cette  disposition  est  des  plus  favorables 
aux  animaux  qui  nous  occupent.  Mais  il  faudrait 
plus  de  temps,  plus  de  moyens,  et  surtout  de  plus 
beaux  jours  que  ceux  que  nous  avons  eus,  pour 
explorer  avec  soin  une  aussi  grande  étendue  de 
côtes.  Nos  recherches  se  bornent  à  peu  près  au 
mouillage  d'Ocili  et  à  celui  de  Manévai. 

La  plage  du  premier,  toute  sablonneuse,  n'offre 
que  des  Pagures  dans  les  diverses  coquilles  mortes 
qu'ils  habitent,  et  des  Littorines  sur  les  branches 
d'arbres  qui  pendent  vers  les  eaux.  Sur  les  rochers 


352  ZOOLOGIE. 

qui  forment  l'extrémité  de  cette  baie,  nous  trou- 
vâmes des  Planaires,  et  un  seul  individu  vivant 
d'une  sorte  de  Vélutine ,  dont  la  coquille  est  con- 
nue sous  le  nom  de  Sigaret  cancellé.  A  quelques 
centaines  de  pas  du  rivage ,  sont  des  marécages 
saumâtres,  remplis  de  Néritines  et  de  Mêlâmes  de 
plusieurs  sortes.  Les  arbres  nous  donnèrent  trois 
ou  quatre  espèces  d'Hélices  pyramidales  ou  dis- 
coïdes. 

La  rade  de  Manévai  plus  grande ,  mieux  abri- 
tée, a  de  plus  grands  récifs,  dont  la  plupart  dé- 
couvrent à  mer  base.  Ils  sont  habités  par  des 
Tonnes,  des  Troques,  des  Strombes  en  énorme 
quantité,  des  Pourpres,  des  Ricinules,  des  Turbos, 
des  Mitres,  des  Siphonaires ,  par  une  Stomatelle 
à  animal  operculé,  des  Tridacnes,  des  Dauphi- 
nules ,  etc. 

Le  banc  sur  lequel  nous  élevâmes  un  petit 
monument  à  la  mémoire  de  Lapérouse  est  mort 
et  stérile.  Toutefois  en  soulevant  les  plaques  mo- 
biles des  Madrépores  qui  le  forment ,  on  trouve 
encore  des  choses  qui  méritent  de  fixer  l'attention. 

La  petite  île  de  Manévai ,  devant  laquelle  nous 
étions  à  l'ancre,  a  un  récif  vaseux  donnant  des 
Huîtres,  des  Patelles,  quelques  Pyramidelles  et  des 
Oursins.  Tout-à-fait  sur  ses  bords ,  on  voit  à  envi- 
ron deux  pieds  sous  les  eaux  ,  lorsqu'elles  sont 
basses ,  des  Houlettes  engagées  dans  des  massifs 
dAstrées.  On  ne   les  reconnaîtrait    pas  d'abord, 


ZOOPHYTES.  353 

paire  qu'elles  ne  présentent  que  Je  bord  de  leur 
ouverture  béante.  Pour  obtenir  ees  coquilles  , 
encore  rares  et  précieuses ,  il  faut  nécessairement 
briser  les  Polypiers  avec  une  barre  de  fer;  ce  qui 
n'est  pas  toujours  très-commode.  Le  même  lieu 
nous  fournit  aussi  des  Fongies  à  gros  et  longs 
tentacules,  des  Alcyons  très-mous,  longs,  ramifiés 
comme  des  fucus,  et  plusieurs  autres  Polypes 
très-remarquables. 

A  l'endroit  où  vient  se  décharger  la  rivière,  est 
une  plage  un  peu  vaseuse,  dans  laquelle  s'enfoncent 
de  grandes  Pinnes  marines,  sur  lesquelles  sont 
fixés  des  Vermets,  et  des  Huîtres  fortement  plis- 
sées. 

C'est  par  les  naturels  que  nous  eûmes  des  Py- 
ramidelles  vivantes,  qu'ils  allaient  prendre  assez 
loin  de  leur  village. 

En  sortant  de  la  rade,  on  voit  à  gauche  l'îlot 
de  Nanotm-ha,  sur  les  bords  duquel  habitent  des 
Auricules  jaunes.  Nous  ne  vîmes  que  dans  cette 
localité  ce  Mollusque,  qui,  sans  aller  à  la  mer, 
aime  cependant  à  n'en  pas  être  éloigné.  Nous  re- 
cueillîmes aussi,  sur  les  feuilles  des  arbrisseaux, 
une  très-petite  espèce  d'Hélicine. 

GUAM. 

Cette  île  a  trente  lieues  de  tour.  La  né(  ;  :".■' 
nous  a  forcé  jadis  à  y  faire  un  long  séjour,   et 

Zoologie,  t.  iv.  a'j 


354  ZOOLOGIE, 

nous  l'avons  explorée  dans  toutes  ses  parties.  Une 
nouvelle  résidence  d'un  mois ,  malgré  l'état  mala- 
dif dans  lequel  nous  étions,  nous  a  mis  à  même 
de  recueillir  plusieurs  choses  qui  nous  avaient 
échappé  la  première  fois.  Les  navires  mouillent 
dans  deux  rades ,  celle  d'Umata  et  celle  d'Apra. 

La  première,  environnée  de  côtes  assez  élevées, 
exposée  aux  vents  du   large  pendant  une  saison 
de  l'année,  ne  présente  aux  naturalistes  qu'un  petit 
nombre  d'objets  dignes  de  remarque.  A  son  entrée 
de  droite,  est  l'île  des  Cocos,  dont  les  récifs  se  pro- 
longent assez  loin  pour  former  entre  les  terres  un 
espace  peu  profond,  où  l'on  voit  çàetlà  de  grosses 
tètes  de  Polypiers  pierreux.  En  se  rapprochant  de  la 
pointe  volcanique  qui  commence  la  rade,  on  peut 
rencontrer  des  Onchidies.  Un  peu  plus  en  dedans 
nous  vîmes  les  habitants  des  Carolines  armés  d'un 
clou,   plonger  par  huit  ou  dix  brasses,  et  déta- 
cher du  fond  des  ïridacnes  qu'ils  mangent  crues. 
A  gauche,  ce  port  est  terminé  par  un  rocher  élevé, 
sur  lequel  sont  deux  pièces  de  canon.  La  mer  en 
baigne  le   pied,  et  y  bat  constamment.  Nous  y 
recueillîmes  une  très-petite  espèce  de  Bulle  verte, 
collée  en  grande  quantité  dans  les  aspérités  des 
pierres ,  à  la  manière  des  Oscabiions.  C'est  la  seule 
fois  que  nous  ayons  remarqué  cette  habitude  dans 
d'aussi  fragiles  animaux.  Le  même  lieu  nous  four- 
nit   des  Ricinules,   de   petites   Siphonaires,   des 
ISémertes  rouges  striées,  de  plus  de  six  pieds  de 


ZOOPHYTES.  355 

long,  et  le  plus  grand  Vermet  operculé  que 
nous  ayons  vu.  La  côte  est  remplie  de  Pagures, 
qui  ont  pris  pour  demeure  des  Nérites ,  qu'ils 
portent  quelquefois  jusqu'au  sommet  des  monta- 
gnes environnantes.  On  trouve  aussi  à  Guam  le 
grand  Pagure  Larron. 

La  rivière  qui  se  jette  dans  la  rade  nourrit 
abondamment  deux  sortes  de  Mélanies.  Il  faut 
remonter  à  sa  source,  peu  éloignée,  pour  trouver 
de  larges  Navicelles  qui  se  collent  sur  les  rochers 
humides. 

Le  sable  du  mouillage  d'Umata  est  rempli  de 
petites  coquilles  Polythalames ,  probablement  fos- 
siles ,  qui  adhèrent  aux  câbles. 

La  rade  d'Àpra  est  remplie  de  bancs  de  Ma- 
drépores, dont  plusieurs  découvrent  à  mer  basse. 
En  explorant  cette  localité,  où  la  plupart  des 
navires  jettent  l'ancre,  on  trouvera  diverses  choses, 
principalement  des  Holothuries  vertes  et  prismati- 
ques ;  toutefois  on  éprouvera  quelques  difficultés, 
parce  que  ces  récifs  étant  formés  de  Coraux  très- 
fragiles,  et  ne  découvrant  qu'un  instant,  on  s'y  en- 
fonce jusqu'à  mi-jambe,  ce  qui  brouille  l'eau,  et 
empêche  de  voir  et  de  saisir  les  animaux  que  l'on 
cherche. 

La  ville  d'Agagna  offre  plus  d'avantages.  Il  n'est 
même  peut-être  pas  de  lieu  plus  commode  pour 
l'observateur.  Une  barre,  sur  laquelle  la  mer  brise, 
forme  entre  elle  et  la  terre  une  sorte  de  bassin 

23* 


556  ZOOLOGIE. 

dans  lequel  les  eaux  entrent  et  sortent  chaque 
jour.  Une  foule  d'animaux  divers  se  retirent  dans 
ces  lieux  paisibles.  On  peut  les  étudier  sans  être 
trop  enfoncé  dans  l'eau  ,  ou  bien  dans  une  petite 
pirogue.  L'obligeant  gouverneur  des  Marianes  , 
Don  José  de  Médinilla ,  nous  avait  donné  un 
homme  d'une  adresse  rare  à  cerner  les  têtes  des 
Madrépores  avec  un  petit  filet,  pour  prendre  ces 
brillants  Poissons  de  roches  qui  se  dérobent  au 
milieu  de  leurs  rameaux.  En  brisant  dans  le  bateau 
les  masses  que  nous  parvenions  à  enlever,  nous 
obtenions,  en  même  temps  que  des  Labres,  des 
Chétodons,  des  Amphiprions,  etc.,  des  Crustacés 
sans  nombre,  des  Astéries  ,  et  plusieurs  Mollus- 
ques gastéropodes.  Indépendamment  de  cela,  le 
sol  est  parsemé  de  Méandrines,  d'Astrées,  de  Fon- 
gies  et  de  Caryophyllies ,  dont  les  longs  tentacules 
sont  d'un  beau  vert  velouté.  Nous  ne  vîmes  que 
là  des  groupes  assez  considérables  de  l'Héliopore 
bleu,  qui  apparaît  grisâtre  à  l'extérieur.  La  vase 
qui  précède  ce  récif  est  remplie  de  petits  Strombes 
dont  les  indigènes  se  nourrissent. 

En  s'établissant  avec  des  bocaux  de  verre  et 
d'autres  vases  convenables  sous  les  hangars  de 
construction  qui  sont  sur  la  plage ,  on  peut  re- 
nouveler l'eau  dans  laquelle  on  place  tous  ces  ani- 
maux pour  les  dessiner  à  son  aise. 

Guam  a  encore  d'autres  rivages  fertiles  en 
Mollusques ,  comme  celui  de  Retillan ,  où  nous 
vîmes  de   très-belles   et  très-longues  Holothuries 


ZOOPHYTES.  357 

de  la  division  des  Fistillaires ,  cassantes,  et  cou- 
vertes de  petits  crochets  qui  adhèrent  même  après 
la  mort  du  Zoophyte.  Nous  signalerons  aussi  la 
grande  plage  sablonneuse  qui  est  devant  le  village 
d'Agat,  sur  laquelle  les  habitants  pèchent  beau- 
coup d'Olives.  On  trouve  peut-être  dans  cette  île 
toutes  les  espèces  connues  de  Cyprées,  et  de  plus 
la  Porcelaine  Gésier,  qui  n'y  est  pas  rare;  nous 
ne  pûmes  cependant  nous  la  procurer  avec  l'ani- 
mal :  il  parait  qu'elle  se  plaît  sur  les  récifs  les 
plus  avancés.  Il  en  est  de  même  d'un  Turbo  lisse 
et  très-brillant. 

On  trouve  des  Hélices  (  Partules  )  gibbeuses  par 
centaines  sur  les  feuilles  des  arbres  des  environs 
d'Agagna,  et  des  Lymnées  dans  les  marais.  Nous 
regrettons  d'avoir  négligé  de  visiter  celui  dans 
lequel  la  rivière  prend  sa  source. 

On  peut  se  confier  aux  habitants,  et  surtout 
aux  enfants,  pour  se  procurer  tout  ce  que  l'île 
renferme  d'objets  d'histoire  naturelle;  mais  rela- 
tivement aux  coquilles,  il  ne  faut  pas  croire  que 
toutes  celles  qu'on  peut  rassembler  soient  propres 
à  Guam  ;  un  grand  nombre  sont  fournies  par  les 
îles  Carolines,  dont  les  naturels  viennent  chaque 
année  chercher  du  fer  et  autres  objets  dont  ils  ont 
besoin.  Pauvres  et  encore  dans  l'enfance  de  la  civili- 
sation, ils  selouent,  avecleurspros,  pour  transporter 
les  denrées  d'une  des  îles  Marianes  à  l'autre,  et  n'ont 
d'autres  moyens  d'échange  que  des  coquilles  qu'ils 


.358  ZOOLOGIE. 

recueillent  sur  leurs  petites  îles   basses,  ou  bien 

quelques  nattes  assez  artistement  faites. 

Nous  avons  parlé,  clans  le  Voyage  de  l'Uranie, 
des  oiseaux  et  autres  animaux  vertébrés  que  con- 
tient cet  archipel. 


BATAVIA. 

Toute  la  côte  nord- ouest  de  Java  jusqu'au  dé- 
troit de  la  Sonde  est  une  terre  basse  qui  se  perd 
sous  les  eaux.  La  mer  y  est  peu  profonde  et  remplie 
de  bancs  vaseux;  aussi,  malgré  la  chaleur  qu'on 
éprouve  par  cette  latitude,  ces  causes  locales  en 
ont  chassé  les  Mollusques  et  les  Zoophytes.  D'après 
le  peu  que  nous  en  avons  vu,  on  peut  dire  qu'il 
n'est  point  de  contrées  qui  en  soient  autant  dé- 
pourvues. Il  ne  serait  pas  étonnant  qu'il  en  fût 
de  même  de  toute  la  partie  nord  de  cette  grande 
île ,  le  long  de  laquelle  nous  naviguions  dans  une 
mer  blanchâtre. 

La  rivière  qui  traverse  la  ville  de  Batavia  porte 
à  la  mer  une  grande  quantité  de  l'argile  rou- 
geâtre  sur  laquelle  elle  coule.  Enfin,  jusqu'au  vil- 
lage d'Antjer,  nous  ne  pûmes  rien  recueillir  ni 
dessiner.  Celui  qui  s'y  fixerait ,  dans  le  but  d'étu- 
dier les  productions  de  la  mer,  serait  tout-à-fait 
désappointé.  Nous  croyons  cependant  que,  dans 


ZOOPHYTES.  350 

une  aussi  grande  étendue  de  cotes,  il  peut  se 
rencontrer  des  localités  favorables  au  développe- 
ment des  Zoophytes;  car,  au  comptoir  d'Antjer, 
une  portion  de  la  plage  est  couverte  de  débris 
de  Madrépores  morts.  C'est  là  qu'en  suivant  les 
pécheurs  qui  jetaient  la  seine,  nous  ne  vîmes 
rapporter,  avec  un  peu  de  poisson,  que  quelques 
petits  Oursins.  Ainsi ,  le  voyageur  qui  n'aurait  vu 
que  la  partie  de  Java  que  nous  citons,  Manado 
sur  l'île  Célèbes,  et  Amboine,  ne  serait  nullement 
compétent  pour  disserter  sur  le  rôle  que  les  Poly- 
piers coralligènes  jouent  dans  ces  mers. 


ILE-DE-FRANCE. 


Ce  lieu ,  qui  fut  de  tout  temps  le  rendez-vous 
de  la  plupart  des  expéditions  scientifiques,  qui 
a  été  exploré  dans  tous  les  sens,  qui  a  eu  pour 
habitants  des  naturalistes,  ou  des  personnes  qui 
se  chargeaient  d'envoyer  en  Europe  tout  ce  qu'il 
offrait  de  curieux ,  ne  devait  donc  pas  nous  laisser 
beaucoup  à  recueillir.  Toutefois ,  malgré  Tassez 
mauvais  état  de  notre  santé,  qui  ne  nous  permit 
pas  de  faire  autant  de  recherches  que  nous  l'au- 
rions désiré,  et  surtout  de  visiter  les  récifs  du 
grand  Port ,  nous  avons  rapporté  de  cette  île  dix- 
neuf  planches  in-4°,  composées  seulement  de  Mol- 
lusques et  de  Zoophytes. 


60  ZOOLOGIE. 

Le  récif  en  partie  mort  qui  encombre  la  rade 
du  port  Louis  nous  donna  l'élégant  animal  de  la 
Bulle  striée ,  des  Sigarets ,"  le  Pleurobranche  de 
Péron,  riche  en  couleur,  et  une  autre  espèce  bien 
plus  grande  qui  vient  jusque  dans  le  trou  Fanfa- 
ron. Nous  trouvâmes  sur  la  jetée  aux  Tonneliers 
une  jolie  petite  Doris,  des  Aplysies,  presque  par- 
tout des  Planaxes,  qui  se  collent  aux  rochers,  etc. 

Pour  avoir  des  objets  nouveaux,  nous  conseil- 
lerions aux  naturalistes  de  parcourir  souvent  ce 
récif  et  ceux  du  dehors  de  la  rade  avec  une  pi- 
rogue, si  notre  ami,  M.  Julien  Desjardins ,  qui 
cultive  l'histoire  naturelle  de  son  pays  avec  tant 
de  zèle  et  de  succès,  ne  connaissait  pas,  au  "mo- 
ment où  nous  écrivons  ceci,  toutes  les  choses 
neuves  qu'il  renferme.  On  peut  donc  hardiment 
s'adresser  à  lui  pour  reconnaître  sur  les  lieux  ce 
que  Maurice  a  de  plus  remarquable  en  Mollusques 
et  en  Zoophytes.  C'est  dans  la  société  de  ce  natura- 
liste aussi  aimable  qu'instruit  que  nous  partîmes 
un  jour  pour  visiter  les  écueils  du  grand  Port,  d'où 
proviennent  la  plupart  des  coquilles  qu'on  vend 
au  marché.  Arrivés  à  la  grande  Rivière,  nous  trou- 
vant trop  faible  pourcontinuercettelonguecourse, 
nous  nous  rabattîmes  sur  les  îlots  aux  Cerfs,  situés 
fort  près  de  terre.  Nous  y  trouvâmes  une  grande 
quantité  de  Dolabelles,  deux  autres  espèces  d' Aply- 
sies, et  notamment  le  genreNotarchedeM.  Cùvier, 
qui  n'en  diffère  pas,  plusieurs  Doris,  des  Strombes, 


ZOOPHYTKS.  361 

des  Holothuries,  la  Bulle  Banderole  ,  dont  l'animal 
est  moins  élégant  que  celui  de  la  striée,  et  une 
Bullée  admirable  pour  le  beau  velouté  de  son  bleu 
foncé.  Voilà  ce  que,  dans  quelques  heures,  nous 
donnèrent  de  plus  remarquable  ces  eaux  chaudes 
et  paisibles.  En  les  fréquentant  dans  des  saisons 
diverses,  on  doit  nécessairement  y  rencontrer  dif- 
férentes espèces  d'animaux. 

Mais  nous  regretterons  toujours  de  n'avoir  pu 
faire  une  station  au  grand  Port ,  afin  d'aller  tous 

O  7 

les  matins  sur  ces  récifs  avant  que  la  brise  ait 
troublé  la  transparence  de  l'eau.  Nous  sommes 
parti  de  ce  lieu  sans  pouvoir  dessiner  dans  tout 
son  développement  l'animal  de  l'Ombrelle  et  celui 
de  la  Harpe  à  petites  côtes.  Le  Mollusque  de  cette 
coquille,  qu'on  ne  trouve  qu'à  l'Ile-de-France,  peut 
seul  indiquer  par  sa  forme  et  ses  couleurs  si  c'est 
réellement  une  espèce  ou  seulement  une  variété. 

Indépendamment  du  léger  aperçu  que  nous  ve- 
nons de  donner,  les  rivages  fournissent  un  grand 
nombre  de  Mollusques,  de  Crustacés,  d'Echino- 
dermes,  d'Astéries  et  de  Zoophytes,  tous  plus  ou 
moins  bien  connus.  Les  eaux  des  rivières  abondent 
en  Néritines,  en  Navicelles,  en  Mélanies  de  plu- 
sieurs sortes. 

Nous  devons  à  M.  Théodore  Delisse,  jeune  ha- 
bitant plein  de  zèle  et  d'instruction,  de  nous  avoir 
conduit  sur  la  montagne  du  Pouce,  dans  la  loca- 
lité où    se  trouve  une   assez  singulière  Limace, 


3fi2  ZOOLOGIE. 

ignorée  jusqu'à  ce  jour.  Nous  y  recueillîmes  en 
même  temps  un  très-petit  Cyclostome  à  tenta- 
cules rouges. 

C'est  dans  le  trou  Fanfaron ,  à  la  carène  des 
vieux  navires,  ou  sur  les  morceaux  de  bois  qui 
séjournent  depuis  long-temps  dans  l'eau,  qu'il 
faut  aller  chercher  le  Polypier  flexible,  qui  forme 
notre  nouveau  genre  Dédale.  Dans  cette  eau  pai- 
sible, il  se  développe  très-promptement  en  touffes 
ramifiées.  A  sa  forme  on  le  prendrait  même  pour 
un  fucus.  Il  faut  beaucoup  d'attention  pour  en 
apercevoir  les  Polypes  ,  qui  sont  blancs. 

Enfin,  si  nous  joignons  à  cela  les  oiseaux,  les 
poissons  et  les  végétaux,  il  n'est  pas  d'ile  qui,  re- 
lativement à  son  peu  d'étendue,  possède  plus  de 
variétés  dans  les  productions  de  la  nature.  L'his- 
toire complète  en  sera  faite  quelque  jour,  nous 
n'en  doutons  point  ,  par  les  enfants  mêmes  de 
cette  heureuse  contrée,  sans  égale  pour  l'hospita- 
lité. Les  Créoles  de  l'Ile-de-France  joignent,  à  la 
sagacité  qui  les  distingue;  la  persévérance  qui  as- 
sure le  succès. 


CAP  DE   BONNE-ESPERANCE. 

On  suppose  bien  qu'une  grande  baie  située  au- 
delà  du  tropique  par  33°  de  latitude,  ouverte 
et  exposée  à  l'action  d'une  mer  sans  bornes,  ne 
doit  pas  être  riche  en  Mollusques,  encore  moins 


ZOOPHYTES.  :56:i 

en  Zoophytes.  Une  partie  de  la  cote  est  sablon- 
neuse ,  et  ne  présente  rien  à  recueillir.  Celle  qui 
commence  au-dessous  de  la  ville,  et  s'étend  fort 
loin,  est  formée  de  rochers  sur  lesquels  croissent 
de  nombreux  fucus.  C'est  parmi  eux  que  cer- 
tains Mollusques  nus  cherchent  un  abri.  Nous  y 
trouvâmes  autrefois  des  Polycères,  division  des  Do- 
ris,  que  nous  n'avons  rencontrées  nulle  autre  part. 
Dans  les  branches  ou  les  racines  de  ces  végétaux 
marins  adhèrent  plusieurs  sortes  de  Patelles , 
comme  celle  en  bateau,  la  Scutellaire,  la  Granu- 
laire ,  ainsi  que  des  Sabellaires  ,  et  beaucoup  de 
Polypiers  flexibles.  Parmi  les  Patelles,  il  ne  faut 
pas  confondre  les  Siphonaires ,  qui  s'y  trouvent 
mêlées  en  petit  nombre.  Joignant  à  ces  animaux 
des  Troques,  des  Pourpres,  des  Crépidules,  des 
Oscabrions,  des  Holothuries,  des  Oursins,  des  As- 
téries et  quelques  Crustacés ,  nous  aurons  à  peu 
près  l'ensemble  des  êtres  sans  vertèbres  que  pro- 
duit cette  côte.  Les  Buccins  Onde  et  Agate  sont 
propres  à  cette  localité.  Ils  se  tiennent  à  une 
assez  grande  profondeur.  Quoique  aveugles,  ils  se 
portent  à  l'aide  de  l'odorat  sur  la  chair  qu'on 
coule  au  fond  pour  servir  d'appât.  C'est  par  ce 
moyen,  ou  à  l'aide  de  la  seine,  que  nous  pouvions 
nous  procurer  ces  Mollusques,  que  nous  n'avons 
jamais  aperçus  sur  le  rivage. 

Comme  on  n'arrive  dans  la  baie  de  la  Table  que 
dans  la  belle  saison ,  et  que  les  vents  et  la  chaleur 


304  ZOOLOGIE. 

ont  desséché  la  végétation  de  la  plaine,  nous  ne 
pûmes  étudier  les  Mollusques  terrestres,  dont  on 
trouve  les  enveloppes  sans  l'animal.  On  peut  re- 
commander aux  naturalistes  qui  se  trouveront  sur 
les  lieux  dans  des  circonstances  plus  favorables,  de 
les  faire  connaître  dans  tout  leur  développe- 
ment. 

SAINTE-HÉLÈNE. 

Cette  île  volcanique  placée  au  milieu  de  l'O- 
céan, ayant  des  cotes  abruptes  et  sans  ports, 
n'offre  aucun  abri  aux  animaux  qui  font  notre 
étude.  Il  ne  doit  donc  se  trouver  sur  ces  rochers 
battus  par  la  mer  que  ceux  qui ,  par  leur  nature, 
peuvent  vivre  en  pareil  lieu,  comme  les  Troques, 
les  Turbos  et  les  Patelles.  On  aperçoit  de  ces  der- 
nières sur  les  rochers  du  débarquement  où  la  mer 
déferle.  Par  cette  cause ,  les  Polypiers  coralligènes 
n'ont  pu  se  fixer  et  s'étendre  en  ceinture  autour 
de  cette  île,  dont  les  eaux  sont  profondes  ;  ou,  s'il 
en  existe,  ce  ne  sont  que  de  petits  groupes  qui  ont 
pu  trouver  un  abri  dans  quelques  petites  criques. 

Ce  que  nous  avons  rapporté  de  plus  remarqua- 
ble de  l'île  Sainte-Hélène,  ce  sont  de  grosses  Hélices 
à  ouverture  rétrécie,  épaisse  et  rebordée  comme 
les  Struthiolaires,  que  nous  devons  à  l'obligeance 
de  M.  Robert  Francis  Seale,  qui  les  a  trouvées  en- 


ZOOPHYTES.  365 

fouies  en  grand  nombre  dans  de  l'argile  blanchâ- 
tre, au  sommet  des  montagnes.  Leur  aspect  et 
cette  circonstance  semblent  indiquer  que  ces  co- 
quilles ,  qu'on  ne  trouve  plus  vivantes,  sont  fos- 
silisées. Toutefois,  nous  en  avons  vu  un  individu 
dans  la  collection  de  M.  de  Férussac,  qui  était 
remarquable  par  sa  transparence  et  sa  légèreté. 
Le  temps  ne  nous  a  pas  permis  de  visiter  la  lo- 
calité où  l'on  recueille  ces  Hélices.  Nous  devons 
au  même  naturaliste,  M.  Seale,  une  autre  petite 
espèce  nouvelle  qui  vit  dans  l'île. 


ASCENSION. 


Ce  que  nous  venons  de  dire  de  Sainte-Hélène 
s'applique  également  à  l'Ascension,  qui  paraît  être 
d'une  origine  moins  ancienne.  Les  bancs  de  po- 
lypiers et  de  coquilles,  finement  pulvérisés,  dont 
on  fait  de  la  chaux,  indiquent  qu'autrefois  les  lo- 
calités ont  permis  à  ces  animaux  de  se  développer 
en  abondance.  Des  éruptions  étant  survenues 
ensuite,  les  auront  fait  mourir  et  recouverts  en 
partie.  Toujours  est-il  qu'au  mouillage  de  Sandy- 
Bay,  il  n'y  a  plus  en  grandes  masses  de  polypiers 
pierreux  vivants,  et  tout  le  sable  blanc  qu'on  voit 
sur  les  plages  est  formé  de  leurs  débris  atténués 
par  la  force  de  la  mer.  Les  Sabelles  s'en  servent 
pour  construire  leurs  tubes,  qu'elles  agglomèrent 
en  petits  massifs. 


366  ZOOLOGIE. 

Les  rochers  battus  par  la  mer  donnent  des 
Patelles ,  un  petit  Buccin  ,  des  Littorines  et  une 
Pourpre  remarquable  par  les  trois  ou  quatre 
points  réguliers  de  sa  columelle  blanche. 

Une  affreuse  aridité  règne  dans  toute  cette  île, 
entièrement  couverte  de  scories  et  de  cendres,  si 
ce  n'est  au  sommet  du  piton  le  plus  élevé  où  la 
verdure  paraît  avec  les  nuages  qui  l'entretiennent. 
Dans  ce  lieu  seulement  nous  avons  trouvé  sous 
les  pierres  une  Limace  que  la  localité  nous  fait 
supposer  indigène. 


Dans  cette  énumération  faite  toute  de  mémoire, 
il  aura  pu  sans  doute  nous  échapper  de  mention- 
ner l'habitation  de  plusieurs  animaux  ;  mais  s'ils 
sont  de  quelque  importance  et  s'ils  méritent  de 
figurer  dans  l'ouvrage ,  on  les  retrouvera  facile- 
ment à  leur  place  avec  l'indication  de  la  localité 
qu'ils  habitent. 


ZOOPHYTES.  307 


MOYENS 


de  conserver  les  collections  de  zoologie  a  rori> 

d'un  vaisseau. 


Après  avoir  indiqué  les  différents  lieux  où  l'on 
peut  se  procurer  des  objets  d'histoire  naturelle,  il 
faut  connaître  approximativement  quels  sont  les 
moyens  dont  on  peut  avoir  besoin  pour  les  re- 
cueillir et  les  conserver. 

Tout  ce  qui  a  été  écrit  sur  ce  sujet  est  sans 
cloute  fort  bon  d'intention ,  mais  que  de  choses 
oiseuses,  dont  il  est  impossible  de  se  servir  et  de 
tenir  compte ,  ont  été  indiquées  par  des  personnes 
qui  ignoraient  l'emménagement  d'un  navire.  Dans 
notre  premier  voyage ,  nous  embarquâmes  scru- 
puleusement une  énorme  quantité  d'objets  divers 
qui  avaient  été  notés  comme  indispensables  par 
des  personnes  instruites ,  mais  qui ,  n'ayant  pas 
navigué,  ignoraient  l'espace  dont  on  peut  disposer. 
De  sorte  que  tout  ce  matériel  propre  aux  collec- 
tions ne  pouvant  servir,  se  détériora,  et  fut  en 
partie  jeté  à  la   mer  pour   faire   de  la   place.   Ici 


3GS  ZOOLOGIE. 

comme  en  toutes  choses  les  moyens  les  plus  simples 
sont  les  meilleurs.  Il  est  vrai  que  la  nécessité  y  foi-ce 
bientôt  et  tout  naturellement.  Nous  allons,  en 
quelques  pages,  réduire  à  leur  plus  simple  expres- 
sion nos  procédés  qui,  après  trois  ans  de  mer, 
ont  fait  arriver  dans  un  bon  état  nos  collections 
au  Muséum. 


MAMMIFERES    ET    OISEAUX. 


Après  le  procédé  de  l'empaillage,  l'essentiel  est 
de  les  laisser  parfaitement  dessécher  au  soleil  pen- 
dant plusieurs  jours.  Dans  les  lieux  où  ses  rayons 
n'ont  pas  assez  de  force,  et  où  les  pluies  pénè- 
trent tout  d'humidité,  on  a  à  craindre  la  moisis- 
sure et  la  pourriture.  Nous  placions  alors  nos 
animaux,  enveloppés  de  linge,  dans  une  boîte  de 
fer-blanc  que  nous  exposions  ,  quand  cela  était 
possible,  à  la  douce  chaleur  du  four.  Ce  procédé 
demande  les  plus  scrupuleuses  précautions  par 
la  nature  vénéneuse  de  la  préparation  dont  on  se 
sert.  On  ne  doit  même  en  confier  le  soin  à  per- 
sonne. 

Lorsque,  entre  les  tropiques ,  le  temps  est  à  la 
pluie,  et  qu'on  a  de  grands  Mammifères  à  prépa- 
rer à  bord,  il  faut  beaucoup  d'attention  pour  ne 
pas  voir  le  poil  se  séparer  de  la  peau. 


ZOOPHYTES.  369 

Les  Mammifères  et  les  Oiseaux,  parfaitement 
desséchés ,  sont  serrés  dans  des  caisses  en  bois , 
bien  faites,  d'une  dimension  convenable  et  ma- 
niable, dont  tontes  les  coutures  seront  enduites 
de  brai  et  recouvertes  de  limandes  de  toile  gou- 
dronnée. Nous  pensons  qu'il  est  inutile  d'enve- 
lopper ou  de  séparer  les  individus  avec  du  papier, 
qui  tend  trop  à  s'emparer  de  l'humidité.  Les  caisses, 
ainsi  préparées  et  placées  dans  l'endroit  le  plus  sec 
du  navire,  peuvent  rester  d'un  an  à  quinze  mois 
sans  être  visitées;  ce  qui  doit  être  toutefois  subor- 
donné au  temps  qu'il  aura  fait. 

Les  Mammifères  amphibies  ou  complètement 
aquatiques,  comme  les  Phoques,  les  Douyongs  , 
les  Dauphins,  dont  la  peau  est  épaisse  et  huileuse, 
doivent  être  enfermés  séparément,  ou  mieux  plon- 
gés dans  une  forte  saumure  qui  en  conserve  par- 
faitement les  parties  les  plus  délicates.  Toutes  les 
parties  du  squelette  doivent  être  soigneusement 
conservées ,  car  ce  n'est  souvent  que  par  leur  aide 
qu'on  peut  arriver  à  la  connaissance  exacte  de 
l'espèce. 

Possède-ton  plusieurs  individus  de  petits  Mam- 
mifères, il  faut  en  mettre  au  moins  un  dans  l'es- 
prit-de-vin  pur,  après  lui  avoir  largement  ouvert 
le  ventre.  C'est  encore  le  meilleur  moyen  pour 
une  espèce  qui  serait  unique  et  rare.  C'est  ainsi 
que  nous  procédâmes  pour  un  jeune  Babiroussa , 
qui  n'était  cependant  pas  un  petit  animal,  lequel 

Zoologie,  t.  iv.  ?4 


370  ZOOLOGIE. 

mourut  à  bord.  Ce  procédé  est  encore  bon  pour 
avoir  des  squelettes  d'oiseaux  bien  entiers. 

Les  anatomies  doivent  être  faites  autant  que 
possible  sur  les  individus  frais. 

Pour  toutes  ces  préparations  il  est  essentiel  de 
noter  la  localité ,  la  couleur  du  pelage ,  qui  peut 
changer,  celle  des  yeux  et  de  toute  partie  colorée, 
le  sexe,  le  genre  de  nourriture ,  la  forme  de  la  lan- 
gue si  ce  sont  des  oiseaux.  On  peut  même,  comme 
nous  faisions,  laisser  cette  dernière  dans  le  bec.  Les 
notes  seront  écrites  sur  du  parchemin,  fixées  à 
chaque  animal ,  et  reportées  sur  un  registre  pour 
plus  de  sûreté.  Pour  les  individus  mis  dans  l'al- 
cool ,  elles  seront  également  sur  le  parchemin 
et  à  l'encre  ordinaire,  qui  se  conserve  très-bien.  Il 
n'en  est  pas  ainsi  de  l'encre  de  Chine,  qui  peut  se 
dissoudre  et  s'effacer. 


REPTILES   ET  POISSONS. 

Pour  toutes  les  parties  du  règne  animal  qui  vont 
suivre,  moins  les  Papillons  et  quelques  Coléoptères, 
nous  pourrions  terminer  ici  nos  instructions ,  en 
disant  qu'on  peut  les  conserver  dans  l'esprit-de-vin 
renouvelé  de  temps  en  temps.  Ce  que  nous  allons 
ajouter  se  réduira  donc  simplement  à  cela,  sauf 
quelques  légères  modifications  à  apporter  à  cet 
uniforme  procédé. 


ZOOPHYTES.  371 

En  général  les  Reptiles  terrestres,  les  Serpents 
d'eau ,  conservent  parfaitement  leurs  couleurs 
dans  l'esprit-de-vin.  Il  n'en  est  pas  de  même  des 
Amphibiens,  chez  lesquels  elles  s'altèrent  plus  ou 
moins.  Aussi  après  les  avoir  dessinés  ou  au  moins 
décrits  sur-le-champ,  il  faut  pratiquer  plusieurs 
ouvertures  au  ventre  des  Serpents,  entre  les  grandes 
écailles;  autrement  les  gaz  qui  se  développeraient 
dans  les  intestins,  les  faisant  surnager  au  dessus 
de  la  liqueur,  avant  qu'ils  en  soient  suffisamment 
pénétrés,  on  les  verrait  se  gâter  assez  promptement. 

Il  n'est  pas  besoin  de  dire  qu'on  ne  doit  cher- 
cher à  conserver  que  les  peaux  desséchées  des  Rep- 
tiles et  des  Poissons  de  grande  taille.  Elles  doi- 
vent être  visitées  assez  souvent,  parce  que  nous 
avons  l'expérience  qu'elles  s'altèrent  facilement. 
Il  faudra  même  éviter  de  les  placer  avec  d'autres 
objets  qu'elles  pourraient  altérer  dans  leur  dé- 
composition. 

De  tous  ces  animaux  les  Poissons  étant  les  plus 
nombreux,  voici  le  moyen  dont  nous  nous  ser- 
vions. Celui  de  les  laver  à  l'eau  douce,  de  les 
coudre  ensuite  dans  un  petit  sac  de  toile ,  bon  en 
lui-même,  est  impraticable  sur  un  navire,  où  il 
faut  opérer  promptement  et  s'occuper  instanta- 
nément de  plusieurs  choses  à  la  fois.  En  arrivant 
dans  un  port  nous  avions  toujours  sous  la  main 
six  grands    bocaux   contenant  de    l'esprit-de-vin 

9.4* 


372  ZOOLOGIE. 

pur,  dans  lequel  nous  jetions  les  Poissons  que 
nous  nous  procurions ,  après  leur  avoir  ouvert  le 
ventre,  sans  endommager  les  intestins.  On  ne  vide 
en  partie  que  ceux  qui  les  ont  remplis  d'excré- 
ments et  de  vase.  Encore  faut-il  chercher  à  les 
conserver  avec  tous  leurs  viscères,  quand  ce  sont 
des  espèces  rares.  Ceux  qui  ont  de  brillantes  cou- 
leurs doivent  être  dessinés  sur-le-champ,  ou  au 
moins  décrits,  si  cela  n'est  pas  praticable. 

Ces  Poissons   demeurent  ainsi    pendant  toute 
la  relâche,  c'est-à-dire  i5  à  20  jours,  après  quoi 
ils  sont  changés  de  liqueur,  et  placés  par  ordre 
dans  des  bocaux  dont  ils  ne  doivent  plus  sortir. 
Il  faut  éviter  de  trop  les  entasser,  pour  qu'ils  ne 
se  gâtent  pas.  Les  bouchons  de  liège,  préparés 
d'avance  dans  le  port ,  étant  bien  adaptés  et  lûtes 
avec  du    brai  sec,  qui  est  la  composition  la  plus 
commode  et  la  plus  simple  dont  on  puisse  se  ser- 
vir ,  on  forme  des  caisses  qui  ne  doivent  pas  dé- 
passer deux  pieds  au  carré.  Mieux  vaudrait,   si 
cela  était  possible,  avoir  des  caissons  dans  lesquels 
on  pourrait  examiner  quelquefois  l'état  de  conser- 
vation des  animaux;  car  si  le  navire  est  d'une 
petite  dimension,  il  n'est  pas  toujours  facile  d'a- 
voir les  caisses  sous  la  main ,  pour  en  renouveler 
l'esprit-de-vin.  C'est  ainsi  qu'il  nous  est  arrivé  de 
perdre  plusieurs  bocaux  de  Poissons. 

Après  huit  mois   ou   un  an,  selon  la  chaleur 


ZOOPHYTES.  373 

des  latitudes  qu'on  parcourt,  il  faut  changer  la 
liqueur,  et  enlever  les  individus  dont  l'altération 
pourrait  gâter  tous  ceux  d'un  vase. 

Dans  les  pays  extrêmement  chauds,  il  arrive 
quelquefois  qu'on  apporte  de  loin  des  Poissons 
curieux ,  mais  déjà  altérés.  Il  faut  alors  les  fendre 
dans  presque  toute  leur  longueur,  en  enlever  le 
plus  de  chair  possible,  sans  altérer  la  peau,  et  les 
conserver  ainsi  dans  l'esprit-de-vin  le  plus  fort. 

De  toutes  les  parties  de  la  Zoologie ,  c'est  celle 
qui  demande  le  plus  de  soin ,  et  pour  laquelle  il 
faut  réserver  l'alcool  le  plus  fort.  On  s'en  munit 
bien  en  partant  d'une  assez  grande  quantité; 
mais ,  à  moins  que  d'avoir  un  très-grand  navire , 
on  ne  peut  en  prendre  pour  toute  une  campagne. 
Toutefois  dans  l'état  actuel  des  choses,  on  trouve 
du  rum  ou  de  l'arak  dans  presque  toutes  les 
relâches  où  l'on  s'arrête  pour  y  faire  des  vivres ,  et 
l'on  peut  facilement  renouveler  sa  provision.  En  se 
servant  de  ces  liqueurs,  dont  la  force  ne  dépasse 
guère  dix-huit  ou  dix-neuf  degrés, il  faut  les  chan- 
ger plus  souvent,  et  prendre  garde  de  ne  pas 
mettre  trop  d'animaux  dans  chaque  vase.  Sans 
connaître  bien  précisément  les  rapports  du  liquide 
à  la  masse  de  l'objet  à  conserver,  nous  croyons 
que  lorsque  ce  dernier  sera  enveloppé  de  trois 
fois  son  volume ,  il  sera  dans  le  cas  d'être  parfaite- 
ment et  long-temps  conservé. 


374  ZOOLOGIE. 


MOLLUSQUES. 

Nous  avons  déjà  indiqué  dans  cet  ouvrage  que 
tous  les  Mollusques  se  conservaient  parfaitement 
dans  l'esprit-de-vin ,  et  que  l'eau  saturée  de  sel 
ou  de  deutochlorure  de  mercure,  le  vinaigre  dont 
on  s'est  quelquefois  servi  à  son  défaut,  ne  le  rem- 
plaçaient qu'imparfaitement.  Vingt  degrés  est  la 
force  qu'il  doit  avoir  pour  ne  pas  trop  racornir  ces 
animaux.  On  peut  le  mettre  pur  si  on  est  forcé 
d'en  entasser  beaucoup  à  la  fois.  Il  est  des  Mollus- 
ques qui  rejettent  une  si  grande  quantité  de  mu- 
cus ,  lequel  se  coagule  aussitôt  autour  d'eux,  qu'il 
est  bon,  pour  que  la  liqueur  les  pénètre ,  de  les 
changer  quelques  jours  après  qu'ils  y  ont  été  mis. 
Il  faut  casser  l'extrémité  de  la  spire  de  ceux  à 
coquille,  pour  que  le  foie  qu'elle  contient  puisse 
se  conserver.  Autrement  on  ne  trouverait  à  la  lon- 
gue que  la  portion  antérieure  de  l'animal.  On  en 
trouve  où  l'on  brise  un  peu  les  bivalves,  pour  que 
l'alcool  pénètre  leur  intérieur.  La  coquille  doit 
toujours  accompagner  l'animal,  pour  en  détermi- 
ner le  genre  et  l'espèce ,  à  moins  qu'elle  ne  soit 
trop  grosse,  dans  lequel  cas  on  la  conserve  à  part, 
après  avoir  introduit  dans  le  flacon  une  note 
écrite  sur  parchemin. 

Il  est  des  Mollusques,  comme  les  Ptérocères,  les 


ZOOPHYTES.  375 

Cônes,  les  Mitres,  les  Vis,  certaines  Cérites,  qui 
sont  d'une  grande  dureté,  et  extrêmement  diffi- 
ciles à  casser  convenablement  sans  endommager 
l'animal.  La  sagacité  du  naturaliste  pourvoira  à 
ce  qui  doit  être  fait  en  pareille  circonstance.  Nous 
avons  dit  ailleurs  qu'un  étau  fixé  était  très-com- 
mode pour  cela. 


ZOOPHYTES. 


Il  est  de  ces  animaux  qui  sont  si  peu  consis- 
tants, comme  certaines  Médusaires  de  grande  taille, 
qu'il  serait  inutile  de  chercher  à  les  conserver. 
D'ailleurs  les  modifications  que  l'esprit-de-vin  leur 
aurait  fait  subir  ne  les  rendraient  presque  plus 
reconnaissables.  L'habitude  de  les  toucher  fera 
facilement  reconnaître  ceux  qui  peuvent  être  gar- 
dés dans  la  liqueur  pure  ,  de  ceux  qui  ne  l'exigent 
qu'à  seize  ou  vingt  degrés.  C'est  un  excellent 
moyen  pour  conserver  les  êtres  les  plus  fragiles, 
comme  ,  par  exemple  ,  les  Polypiers  flexibles  dont 
les  animaux  gardent  toutes  leurs  formes. 

Les  vases  doivent  être  de  petite  dimension  et 
très-multipliés.  Indépendamment  de  notre  grande 
collection,  nous  avions  toujours  sous  la  main  plus 
de  six  cents  bocaux,  de  deux  à  trois  pouces  de 
hauteur,  contenant  tous  les  Mollusques  et  les 
Zoophytes  qui  avaient  servi  à  la  confection    de 


376  ZOOLOGIE. 

plus  de  quatre  cents  planches  in-4°.  Nous  ajou- 
tions de  six  mois  en  six  mois  ,  quelquefois 
plus  tôt,  ce  que  l'évaporation  avait  enlevé  à  chaque 
bocal.  Leur  petitesse  détermine  à  les  visiter  sou- 
vent, car  pour  peu  qu'ils  soient  mal  bouchés, 
l'esprit-de-vin  s'en  va,   et  les  animaux  se  gâtent. 

Nous  proposerions,  à  cet  effet,  des  vases  de  cette 
grandeur,  à  large  goulot,  bouchés  àl'émeri,  ce  qui 
préviendrait  l'évaporation ,  et  dispenserait  du  fas- 
tidieux travail  qui  consiste  à  luter  de  nouveau  un 
aussigrand  nombre  de  flacons.  Les  objets  ne  doivent 
pas  être  trop  entassés;  et  lorsqu'ils  sont  petits  et 
délicats,  on  peut  les  séparer  avec  de  petites  plaques 
de  liège,  ou  les  envelopper  en  partie  dans  des 
rondelles  de  cire. 

C'est  dans  une  si  grande  diversité  de  choses 
qu'il  est  nécessaire  que  le  plus  grand  ordre  règne 
pour  ne  pas  confondre  les  localités.  Les  voyageurs 
doivent  bien  se  persuader  que  ce  n'est  pas  sur  un 
vaisseau,  avec  le  peu  de  livres  qu'on  emporte  , 
qu'il  est  facile  de  déterminer  régulièrement  les 
espèces  ;  aussi  suffit-il  d'arriver  à  la  connaissance 
du  genre,  ou  même  de  l'ordre,  pour  y  poser  un 
numéro  comme  servant  de  reconnaissance.  L'or- 
dre géographique  est  le  plus  convenable,  et  le 
seul  qu'on  puisse  suivre  dans  un  espace  aussi 
resserré.  Nos  récoltes  de  chaque  relâche  en  petits 
Mollusques  et  Zoophytes  étaient  placées  dans 
une  ou  deux  boîtes,  selon  le  nombre  des  flacons, 


ZOOPHYTES.  377 

qui  portaient  écrit  sur  leur  bouchon  un  numéro 
en  série  indéterminée,  c'est-à-dire  depuis  i  jusqu'à 
600  et  au-delà,  et  de  plus,  au-dessous,  la  quantité 
de  choses  que  chacun  d'eux  contenait.  Ces  étiquet- 
tes étaient  rapportées  sur  un  catalogue  particulier. 
Nous  insistons  beaucoup  sur  l'ordre  qu'on  doit 
apporter  dans  l'arrangement  des  collections,  parce 
que  c'est  presque  toujours  par  là  qu'on  pèche, 
et  que  cette  négligence  retardera  de  beaucoup 
l'enregistrement  exact  des  êtres  par  localités. 


COQUILLES  ,   ETC. 

On  ne  doit  conserver  dans  la  liqueur  qu'un 
petit  nombre  de  Mollusques  de  la  même  espèce 
avec  leur  test.  Les  coquilles  seront  mises  dans  des 
boîtes,  et  enveloppées  de  coton  oud'étoupe,  pour 
ne  plus  y  toucher  jusqu'au  lieu  de  leur  destina- 
tion. Quoique  la  coction  dans  l'eau  soit  un  moyen 
qui  altère  l'éclat  de  quelques-unes  ,  il  n'en  est 
souvent  pas  d'autres  et  de  plus  expéditifs  dont 
on  puisse  se  servir.  On  emballera  également,  et 
avec  plus  de  précautions  encore,  les  Crustacés, 
les  Oursins,  les  Astéries,  les  Madrépores, les  Poly- 
piers flexibles,  les  Éponges,  etc.,  qu'on  trouve  fré- 
quemment desséchés  sur  les  plages  et  dans  un 
état  parfait  de  conservation  dont  la  nature  a  fait 
tous  les  frais. 


378  ZOOLOGIE. 


CRUSTACES  ET    INSECTES. 

Si  les  Crustacés  se  conservent  parfaitement 
dans  l'esprit-de-vin  pur,  les  couleurs  de  la  plupart 
en  souffrent  beaucoup.  Il  en  est  qui  deviennent 
uniformément  rouges  :  ce  sont  les  Crustacés  d'eau 
douce  surtout.  Cependant  il  en  est  quelques-uns 
dont  les  teintes  résistent  assez  bien  à  ces  immer- 
sions. On  peut  se  contenter  de  simples  esquisses 
pour  fixer  de  suite  leurs  couleurs,  car  ces  animaux 
ont  une  si  grande  quantité  de  détails ,  qu'on  ne 
peut  pas  toujours  y  donner  le  temps  convenable. 

Parmi  les  Insectes,  il  n'y  a  à  proprement  parler 
que  les  Araignées,  des  Orthoptères  et  quelques 
Coléoptères  qui  puissent  être  conservés  par  ce 
moyen  ;  encore  ne  doit-on  s'en  servir  pour  les 
Coléoptères  que  quand  on  est  trop  pressé  ou 
qu'on  manque  d'espace ,  parce  qu'il  en  altère  tou- 
jours un  peu  l'éclat. 

Comme  à  l'époque  où  nous  écrivons  ceci  on 
s'occupe  beaucoup  de  recueillir  des  objets  d'his- 
toire naturelle,  il  sera  bon  d'avoir  sous  la  main 
des  réserves  pour  faire  des  échanges  dans  les 
diverses  relâches  où  il  se  trouve  des  amateurs 
possédant  des  collections. 


ZOOPHYTES. 


379 


Le  complément  de  cette  note  sur  la  manière  de 
conserver  les  collections  zoologiques  est  rémuné- 
ration des  choses  indispensables  à  embarquer 
pendant  une  campagne  de  trois  ans,  sur  un  navire 
de  moyenne  grandeur,  comme  ceux  dont  on  se 
sert  dans  de  semblables  missions ,  c'est-à-dire  de 
quatre  à  six  cents  tonneaux. 

Savoir  : 


Esprit-de-vin  incolore  à  3a  degrés  *. 

600  litres 

Estagnons  en  cuivre  pour  contenir  l'es- 

prit-de-vin  **. 

3 

Petite  pompe  à  main  pour  le  soutirer. 

1 

Pèse-liqueurs  pour  mesurer  sa  force. 

3 

Bocaux  de     20  litres. 

4 

Id.           de     10     id. 

24 

Id.           de       5     id. 

5o 

Id.          de       3     id. 

100 

Id.          de       2     id. 

100 

Id.          de       1     id. 

i5o 

Id.          de       r/2  id. 

200 

Id.          de        1/4  id. 

3oo 

Id.  d'au-dessous  un  quart  de  litre  jus- 

qu'à une  once  de  liquide. 

400 

*  Ce  qui  ne  dispensera  pas  de  prendre  de  l'arak  ou  du  rum  dans  les 
relâches  où  l'on  renouvelle  les  vivres. 

**  Ce  sont  des  vases  ronds  ou  carrés,  ayant  à  leur  face  supérieure  une 
petite  ouverture  fermée  à  vis. 


380  ZOOLOGIE. 

Flacons  à  large  ouverture,  bouchant  à 

l'émeri ,  d'un  litre  1/2.  4 
Idem  plus  petits  pour  mettre  dans  la 

poche.  6 
Bouchons  de  liège  préparés  et  adaptés 

aux  bocaux.                                               1,400 
Couteaux  à  liège.  2 
Râpes  à  bois.  2 
Une  série  de  neuf  numéros  en  poinçons.  1 
Emporte-pièce  de  sept  lignes  de  dia- 
mètre. 1 
Plomb  laminé  de  3/4  de  ligne  d'épais- 
seur pour  étiquettes.  2  pieds  carrés. 
Brai  sec.  3o  livres. 
Casserole  en  cuivre  pour  le  faire  fondre.  1 
Pinceaux  ou  brosses.  4 
Vieux  papier  fort.  20 
Vieux  linge.  20 
Coton  pressé  pour  empailler.  20 
Étoupes  pour  emballer  les  bocaux.  100 
Savon  arsenical  dans  un  baril  enveloppé.  5o 
Boîte  ronde  en  fer-blanc  pour  s'en  ser- 
vir, de  6  pouces  de  hauteur.  1 
Boîte  complète  de  scalpels.  3 
Couteaux  en  forme  de  scalpels.  3 
Pierre  à  rasoirs.  1 
Aiguilles  à  coudre  de  diverses  grandeurs.  100 
Fil  blanc  à  coudre.  1/2  livre. 
Loupes  simples.  3 
Loupes  doubles.  3 
Chalumeaux  en  verre  droits  et  recourbés.        12 
Parchemins  en  feuilles.  6 
Boîtes  carrées  en  fer-blanc  ,  pour  ser- 
vir à  divers  usages,  rentrant  les  unes 
dans  les  autres.  La  plus  grande  aura 
18  pouces  de  longueur  et  un  pied  de 
largeur.  (> 


ZOOPHYTES. 


381 


Boîtes  à  insectes  en  bois  ,  garnies  de 
liège,  fermant  parfaitement  bien,  de 
dix  pouces  carrés. 

Épingles  assorties. 

Camphre. 

Fusils  de  chasse  doubles  portant  loin, 
avec  leur  fourniment. 

Fusil  simple  très-lGng  ou  canardière. 

Numéros. 


Plomb  de  chasse  de  diverses 
grosseurs ,  600  livres. 


20 
,000 

!\  livres. 

2 

1 

10  livres. 

20 
100 
i5o 
i5o 


Cendrée.  170 

Poudre  fine  à  tirer,  quantité  suffisante. 

Marteaux  pour  la  minéralogie.  3 

Étamine  blanche  pour  les  filets  à  Mol- 
lusques et  à  Insectes.  3o  aunes. 

Arceaux  en  cuivre,  montés  sur  des  man- 
ches en  bois  de  quatre  pieds ,  pour 
la  chasse  aux  Insectes.  4 

Idem  pour  les  Mollusques  sur  des  man- 
ches en  bois  flexible,  de  dix  à  douze 
pieds  de  longueur.  3 

Fil  à  voile  retors  pour  le  filet  que  traîne 

le  navire.  20  livres. 

Papier  vélin.  3oo  feuilles. 

Boîtes  de  couleurs  complètes.  2 

Crayons  en  bois.  6  paquets. 

Gomme  élastique,  colle  à  bouche,  etc.,  etc. 


FIN    DU    OUATRIEME     F.T     DERNIER    VOLUME. 


TABLE  DES  MATIERES 


<  ONTENUES 


)uns  le  quatrième  Uolumc  be  la  3ooloa,ic 


> 


DU    VOYAGE    DE    L   ASTROLABE. 


A. 

Pages. 

Actinies.  i3o 

Actinie  magnifique.  1  40 

—  aurore.  141 

—  violette.  142 

—  à  globules.  i43 

—  brun  rouge.  144 

—  piquetée.  i45 

—  pelagienne.  146 

—  vase.  147 

—  rouge  et  blanche.  148 

—  de  Dorey.  149 

—  clou.  i5o 


grêle. 


i5i 


arborescente.  i53 

alcyonoïde.  i54 

villeuse.  i56 

azur.  1 57 

tuberculeuse.  i58 


384 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


—  viridule. 

—  de  Tonga. 

—  striée. 

—  mamillaire. 

—  à  courts  tentacules. 

—  des  Papous. 

—  cannelées. 
Alcyons. 
Alcyon  glauque. 

—  vert. 

—  éventail. 

—  tuberculeux. 

—  rameux. 

—  des  Amis. 

—  orangé. 

—  flexible. 

—  jaune. 

—  imbriqué. 

—  terminal. 
Alcyoncelle  spécieux. 
Algésiras  (observations  zoologiques). 
Alvéopore  vert. 

—  rouge. 

Amboine  (observations  zoologiques). 

Anse  des  Courants  (observations  zoologiques). 

Ascension  (observations  zoologiques.) 

Astrée  (genre). 

Astiée  caliculaire. 

—  verte . 

—  anomale. 

—  ananas. 

—  annulaire. 

—  cardère. 

—  diffluente. 

—  d'Amboine. 

—  brune  et  verte. 

—  galaxie. 


ȕ 


160 
i63 
164 
164 
iG5 
i65 
166 
269 
270 
279 
273 
274 
275 
276 
276 

279 
280 

281 

283 

302 

3io 
240 
242 
345 
328 
365 

»99 
200 

204 

2o5 

207 

209 

210 

212 
2l3 
2l5 

2l6 


TABLE   DES  MATIERES.  5S.» 

B. 

Raie  des  Chiens-Marins  (observations  zoologiques).  3 17 

—  des  Iles  (observations  zoologiques).  33o 
Batavia  (observations  zoologiques).  358 
Béroés  (division  des).  36 
Béroé  allongé.  $7 
Borlasie  à  cinq  lignes.  284 

—  striée.  286 

—  à  bandelette.  287 

—  verte.  288 

—  tricuspide.  289 
de  la  Nouvelle-Zélande.  290 

—  à  quatre  points.  291 
Bourou  (observations  zoologiques).  348 


—     violette. 


—     verdàtre. 


D. 


Zoologie,  t.  IV. 


25 


Cap  de  Bonne-Espérance    (observations  zoologiques).  36a 

Carybdée  bicolore.  29;* 

bitentaculée.  29^ 

Caryophyllie  fasciculée.  T9° 

Célèbes  (observations  zoologiques).  343 

Clavulaire  verte.  2"° 


262 


CORNULAIRES.  2"4 

Cornulaire  multipinnée.  2°5 


268 


Dédale  de  Maurice.  299 

Dendrophyllie  rougeàtre.  19" 

Diémen  (ile  de  Van-)  (observations  zoologiques).  3i6 


386  TABLE  DES  MATIERES. 

DlPHYDES.  8l 

Diphye  Bory.  83 

_     Abyla.  87 

—     Calpé.  89 


de  Bass. 


G. 


91 


capuchon.  92 

cucubale.  94 

nacelle.  95 

tronque'e.  97 

cuboïde.  g8 

ennéagone.  100 

tétragone.  101 

à  cinq  dents  102 

hispide.  io3 

douteuse.  104 

de  Praya.  106 


Fongie  (genre).  78 

Fongie  actinie.  1 80 

—     à  gros  tentacules.  182 


Galéolaire  austral.  42 

—     à  quatre  dents.  45 

Goniopore  pédoncule.  218 

Guam  (observations  zoologiques).  353 


H. 


Héliopore  bleu.  252 

Holothuries.  ïo8 

Holothurie  ananas.  no 


TABLE  DES  MATIERES.  387 

Son  anatomie.  112 

Holothurie  flammée.  117 

—  e'pineuse.  118 

—  orangée.  1 20 

—  jaune.  i3o 

—  bandelette.  1 3o 

—  tuberculeuse.  i3i 

—  monotuberculée.  i3i 

—  à  raies  blanches.  i32 

—  ponctuée  de  brun.  .  i32 

—  fasciée.  i33 

—  lucifuge.  i34 

—  ophidienne.  i34 

—  fauve.  1 35 

—  pentagone.  i35 

—  terre  de  Sienne.  i36' 

—  linéolée.  i37 

—  miliaire.  i37 

—  de  Guam.  i37 

—  de  Maurice.  i38 


Ile-de-France  (observations  zoologiques).  35g 


Jervis  (baie)  (observations  zoologiques).  3î3 


Lobophyllie  anguleuse.  10^ 

—     orangée.  *9J 

Localités  zoologiques.  ^07 


i'j 


K* 


3W  TABLE   DES   MATIÈRES. 


M. 


Madrépores.  229 

Madrépore  abrotanoïde.  2.33 

—  plantain.  234 

—  prolifère.  235 

—  pocillifère.  236 
Malouines  (îles)  (observations  zoologiques  j.  3i5 
Mainillifère  cercle'e.  169 

—  verte.  170 

—  verte  et  brune.  171 

—  jaune.  172 

—  fauve.  173 

—  deVanikoro.  174 
Méandrine  ce'rébriforme.  224 

—  sinueuse.  227 
Médusaires.  293 
Montevideo  (observations  zoologiques).  3 1 4 
Montipore  verruqueux.  247 
Moyens  de  conserver  les  objets  de  zoologie.  367 


N. 


Nouvelle-Guinée  (observations  zoologiques).  338 

Nouvelle-Hollande  (observations  zoologiques).  3  16 

Nouvelle-Irlande  (observations  zoologiques).  337 

Nouvelle-Zélande  (observations  zoologiques).  328 


o. 


Oïkopleure  bifurquée.  3o4 

Orythie  incolore.  297 


TABLE  DES  MATIERES.  :w.) 
R 

Physogrades.  46 

Physsophore  blanche.  53 

—  intermédiaire.  56 

—  australe.  S'j 

—  discoïde.  5g 
Pisang  (île)  (observations  zoologiques).  342 
Pocillopore  corne  de  daim.  244 
Polyphyllie  (genre).  184 
Polyphyllie  bassin.  i85 
Porite  congloméré.  249 
Port  du  Roi-Georges  (observations  zoologiques).  3 18 
Port-Jackson  (observations  zoologiques).  224 
Port- Western  (observations  zoologiques).  3a  1 

R. 

Rio-de-Janeiro  (observations  zoologiques).  3 12 

S. 

Sainte-Hélène  (ile)  (observations  zoologiques).  3o4 

Sandwich  (îles)  (observations  zoologiques).  334 

San-Iago  (ile)  (observations  zoologiques).  3i2 

Stéphanomies.  61 

Stéphanomie  hélianthe.  63 

—  melon.  65 

—  hippopode.  67 

—  triangulaire.  70 

—  imbriquée.  7  ' 

—  heptacanthe.  7^ 
— ■     foliacée.  74 

—  ruche.  76 

—  à  vrilles.  79 


390  TABLE  DES  MATIÈRES. 

T. 

Tasman  (baie)  (observations  zoologiques).  327 

Te'nériffe  (île)  (observations  zoologiques).  3  14 

Timor  (île)  (observations  zoologiques).  349 

Tonga-Tabou  (île)  (observations  zoologiques.)  33 1 

Toulon  (observations  zoologiques).  309 

Tridacophyllie  laitue.  221 

Tubipore  rougeâtre.  257 

Turbinole'e  rouge.  188 


Vaigiou  (observations  zoologiques).  34 1 

Vanikoro  (observations  zoologiques).  25 1 

Vers  apodes.  284 


Zoanthaires  pierreux.  175 

Zoophytaires.  255 

Zoophytes  (considérations  générales  sur  les).  1 


UN    DE    LA    TAbLE    DES    MATIERES.