VOYAGE
DE
LASTROLABE
IMPRIMERIE DE FIRMIN DIDOT FRERES, RUE JACOR , NU 24.
VOYAGE
DE DECOUVERTES
DE
L ASTROLABE
(Bxéfuti par ovïrrc îui Hoi,
PENDANT LES ANNÉES 1826-1827-1828-1829,
SOUS LE COMMANDEMENT
DE M. J. DUMONT DURVILLE.
colonie
PAR
MM. QUOY ET GAIMARD.
TOME QUATRIEME.
PARIS,
J. TASTU, EDITEUR-IMPRIMEUR,
N° 36, HUE UE VAUGIRARD.
*• o.
\/\/OODs
CONSIDERATIONS GENERALES.
Si les Mollusques offraient des lacunes , que nous
avons cherché à remplir toutes les fois que nous
l'avons pu, nous savions également ce qu'il y avait
à faire clans l'étude des Zoophytes, encore à peine
ébauchée. Les matériaux que nous allons apporter
pour servir à cette histoire sont très-certaine-
ment ceux qui nous ont le plus coûté d'attention
et de constance pour approcher le plus près de
la vérité et laisser le moins possible à repren-
dre dans une aussi grande masse de faits, recueillis
tant dans les relâches que sur les diverses mers
que T Astrolabe a parcourues *. Nous les donnons
tels quels , quoique , mieux que personne , nous
sachions ce que ces travaux ont de défectueux et
ce qui leur manque. Mais ce que les navigateurs
pourront peut-être seuls bien apprécier , ce sont
les circonstances au milieu desquelles ils ont été
faits, les obstacles physiques que présen te un navire,
* Lorsque ceci fut écrit, nous espérions, comme nous lavons fait poul-
ies Mollusques , pouvoir donner , soit dans cet ouvrage ou dans une
suite, un allas d'environ cent planches, relatives seulement aux Zoo-
phytes; mais des circonstances indépendantes de notre volonté nous font
craindre de ne pouvoir continuer la publication de nos travaux.
Zoologie, t. iy. i
2 ZOOLOGIE.
et qu'il a fallu vaincre à chaque instant sans perdre
courage. Nous nous expliquons : à la mer, entre
les tropiques et sous l'équateur, le temps favo-
rable à l'apparition des Zoophytes est celui des
calmes ; mais c'est aussi celui où une chaleur acca-
blante, énervant le corps et l'esprit, ne fait désirer
qu'une chose, le repos. C'est donc déjà beaucoup
que de se donner l'activité nécessaire à découvrir
et saisir péniblement les Zoophytes pélagiens qui
passent le long du bord. Ce n'est pas tout :
l'étude de leur organisation est bien autrement
difficile; car il est de ces êtres si transparents,
ou tellement mobiles , que ce n'est qu'à la longue ,
et en y revenant souvent , qu'on peut bien saisir
leur ensemble. Le mouvement dû navire et la
manière dont il reçoit la lumière, sont sans contre-
dit les plus grands et les plus pénibles des obsta-
cles que le naturaliste ait à vaincre. Aussi, la loupe
d'une main et le bocal contenant les animaux de
l'autre, étions-nous obligé de suivre les rayons
du soleil, qui variaient à chaque instant par
l'effet du calme. Nous avions encore à nous
mettre en garde contre les illusions d'optique : c'est
ce qui nous a empêché de nous servir du micros-
cope, que nous n'aurions pu employer d'ailleurs
que dans les relâches, ou fort rarement à la mer*.
* Nous recommandons à ceux qui n'ont pas une vue à toute épreuve
d'être sobres de travail à la loupe , s'ils ne veulent pas , comme nous ,
la voir promptement faiblir île moitié el devenir un peu myopes. Nous
ZOOPHYTES. 3
Les Zoophytes demandent aussi , comme les
Mollusques, à être souvent changés d'eau, si on
ne veut pas voir s'altérer leur transparence, varier
ou disparaître leurs couleurs, et enfin cesser leur
existence. Presque tous ceux qui vivent fixés au
sol sont dans le même cas ; mais ils ont cela
d'avantageux qu'on n'est pas obligé de les étudier
sur l'heure ou dans un temps donné, et qu'avec
quelques soins on peut les conserver assez poul-
ies examiner à loisir.
Avant que d'entrer dans quelques spécialités,
qu'il nous soit permis de témoigner au capitaine
d'Urville, et aux officiers nos compagnons, notre
reconnaissance pour l'obligeance qu'ils ont mise
à favoriser nos recherches , et pour l'empresse-
ment qu'ils apportaient à saisir des Zoophytes ,
pendant que nous étions occupé à en étudier
d'autres. Nous leur devons d'heureuses découver-
tes en ce genre que nous aurons soin d'indiquer.
L'Océan contient une prodigieuse quantité de
Zoophytes , qui puisent leur nourriture molécu-
laire au milieu de tous ces débris d'êtres organisés
qui s'y accumulent sans fin ; aussi trouve-t-on par-
tout de ces animaux qui ont bien certaines loca-
lités propres, mais qui peuvent cependant vivre
croyons devoir attribuer cette myopie accidentelle à une nutrition sur-
abondante dans l'œil, produite par un exercice inaccoutumé, qui augmente
la force de ces parties, comme de toutes celles qui agissent beaucoup ; d'où
une disposition plus grande à la réfraction de la part de la cornée, etc., etc.
4 ZOOLOGIE.
sous diverses latitudes, parla faculté qu'ils ont
de changer de température en se portant à des
profondeurs plus ou moins grandes. C'est par
ce moyen sans doute que ceux que les courants
transportent à de grandes distances du lieu où
ils sont nés, contre-balancent ce que les influences
atmosphériques peuvent avoir de désavantageux
pour eux. L'extrême pleine mer , c'est-à-dire une
grande partie de la zone équatoriale, n'est pas
fertile en Zoophytes , qui semblent se plaire da-
vantage sur les limites des tropiques, principale-
ment au voisinage des terres : c'est ainsi qu'on en
trouve beaucoup le long de la côte d'Afrique et
sur celle de l'ouest de la Nouvelle-Hollande. La mer
des Moluques en fournit très-peu, bien que la
multiplicité des terres et des eaux calmes soient
des conditions favorables. Nous ne pouvons pasbien
nous rendre compte de ce fait, qui ne présentera
qifune ou deux exceptions. La partie sud de Java,
où la 1110- est tranquille comme dans un bassin,
ne nous a rien donné non plus. Les eaux de la
Nouvelle-Zélande, des îles des Amis, de la Nou-
velle-Guinée et des îles environnantes, n'ont aug-
menté que de fort peu nos collections; il est vrai
que nous fûmes tellement contrariés par la saison,
que nous ne pouvons pas dire que les Zoophytes
s'éloignent entièrement de ces contrées. La plupart
de ces faibles animaux , dont les moyens de loco-
motion sont si bornés , se trouvent entraînés par
ZOOPHYTES. 5
les courants, qui les réunissent quelquefois en si
grand nombre, que la mer en est comme couverte
et diversement colorée. Il leur arrive aussi d'être
portés sur les terres , où l'ardeur du soleil les tue
lorsqu'ils restent trop long-temps échoués, comme
on le voit tous les jours sur nos côtes par rapport
aux Méduses. Deux fois, à Amboine et à Vani-
koro , nous avons été favorisé pour tomber dans
ce que les marins appellent remous de courant ,
et y faire une ample récolte.
Nous ne suivrons point un ordre rigoureuse-
ment méthodique dans cet aperçu général; ainsi,
commençant par les Zoophytes pélagiens , que
les eaux de la mer nourrissent et transportent,
nous dirons combien la Méditerranée , qui est à
notre porte, est riche en ces sortes d'êtres, pour
qu'une contrariété de quelques jours à en sortir
nous ait mis à même de découvrir, dans le détroit
seul de Gibraltrar , toute une famille , que nous
avons nommée des Diphides , par analogie avec
une espèce principale déjà connue *. Depuis, nous
en avons retrouvé d'autres clans plusieurs mers ,
et jusque sur les côtes de la Nouvelle-Hollande.
Ici les données ordinaires manquent pour arriver
à la connaissance intime de ces singuliers êtres ,
qui semblent formés de deux parties se mouvant
Nous en avons donné un aperçu dans les Annales des Sciences natu-
relles , t. X , p. 5.
G ZOOLOGIE.
séparément, mais ne pouvant pas cependant vivre
long-temps l'une sans l'autre. Leur transparence
cristalline permet de voir toute leur organisation;
et cette organisation ne se rapportant à rien de
ce qui est connu , on n'en peut déduire aucun
phénomène physiologique satisfaisant , si ce n'est
celui de la locomotion. Il serait donc inutile d'en-
trer dans de plus longs détails, sans avoir recours
à des dessins auxquels nous renvoyons.
En continuant les animaux pélagiens de cette
classe , nous trouverons la famille des Physso-
phores, que nous avons aussi longuement ob-
servée, et à laquelle nous avons ajouté plusieurs
espèces. L'extrême fragilité de ces êtres, qu'on ne
peut presque pas toucher sans les désunir ou les
déchirer, nécessite, pour les étudier avec fruit,
qu'on connaisse bien leur ensemble; car autre-
ment on donnerait pour nouvelles des espèces
qui ne présenteraient d'autres différences que
celles produites par des mutilations. Si l'on ne
procédait pas ainsi , il pourrait même arriver qu'on
produisît comme genres fies fragments d'individus
que d'autres naturalistes plus heureux seraient
appelés à faire connaître dans leur entier. C'est
ainsi, par exemple, que le Gleba de Forskal, re-
produit par M. Otto, n'est qu'un des organes
locomoteurs de l'animal que nous avons nommé
Stéphanomie Hippopode , et que le Pontocardia
de notre collègue M. Lesson n'est de même qu'une
ZOOPHYTES. 7
des vésicules creuses qui servent au déplacement
des Physsophores. On verra que nous nous sommes
permis aussi de créer une espèce, d'après un
fragment de Zoophyte que nous croyons avoir
assez bien étudié pour ne pas nous être trop éloi-
gné de la place qu'il doit occuper.
Il ne faut point regarder les Physsophores et
les Stéphanomies comme des animaux agrégés,
ayant une existence dépendante. Ils sont simples
quoique pourvus d'organes assez compliqués, les-
quels peuvent bien se mouvoir encore quelque
temps après être séparés de la masse centrale,
mais non continuer de vivre.
Nous considérons les Pbysalies comme des sortes
de Physsophores à ampoule hydrostatique exces-
sivement développée , sans pouvoir donner de
bonnes raisons des rapports et de l'usage de
toutes les parties que nous y avons observées,
qui, selon nous, ne peuvent arriver à constituer
un vrai Mollusque : car nous n'y avons point re-
marqué les mouvements d'un cœur, qui ne man-
quent jamais de se manisfester dans les plus petits
animaux de cette classe. Nous convenons toute-
fois que les idées que M. de Blainville a émises à
cet égard sur les Physales sont neuves et demandent
à être prises en considération dans les recherches
qui sont encore à faire relativement à ces Zoophytes;
les jeunes semblent naître avec leur vésicule , qui
précède le développement de plusieurs de leurs
nombreux appendices.
8 ZOOLOGIE.
Les Velelles et les Porpites se soutiennent éga-
lement à la surface des flots par des tubes car-
tilagineux remplis d'air. Sans augmenter le nom-
bre des espèces connues, nous pourrons ajouter
quelques détails à ce qu'on sait déjà de leur or-
ganisation.
Il faut nécessairement que ces animaux aient
la faculté de vider l'air qu'ils ont produit ou ab-
sorbé, quand vient le mauvais temps, afin de des-
cendre à des profondeurs qui les mettent à l'abri;
autrement ils seraient bientôt brisés par l'effort
des lames. Les Pbysales seules, mieux organisées
et beaucoup plus robustes, résistent, comme nous
l'avons vu plusieurs fois, à d'assez grosses mers.
D'après les recherchés que nous avons faites
sur les Béroés, que nous aurions peut-être dû
indiquer les premiers, ils doivent avoir dans l'é-
chelle animale une place un peu plus élevée que
celle qu'ils occupent, et faire, en attendant qu'on
reconnaisse en eux toutes les conditions pour être
des Mollusques acéphales, le passage entre ces
derniers et les Zoophvtes. En effet , nous avons
reconnu des branchies dans les cirrhes locomo-
trices et une circulation si active, qu'elle doit
nécessairement entraîner toutes les conditions qui
la font exister et qui en dépendent, bien que
nous n'avons pu voir d'organe d'impulsion ou de
cœur proprement dit.
Cette autre variété de Réroé, que Pérou a nom-
ZOOPHYTRS. 9
niée Callyanire, jouit de la même organisation.
Il en est d'antres à large cavité dont l'opacité des
parois ou leur coloration ne permet pas de voir
la circulation; mais l'ensemble des formes et l'exis
tence de quelques organes conduisent à suppo-
ser ceux qu'on ne peut distinguer. Les Gestes ne
sont que des Béroés très-étendus latéralement,
comme L'a dit M. Cuvier. Le grand développement
de ces êtres, leur mollesse extrême, qui souvent
ne permet pas de les prendre sans les briser, en
rendent l'étude excessivement embarrassante. Ils
paraissent vivre malgré la rupture de leurs corps,
et des fractions même jouissent pendant long-
temps de la faculté d'exercer des mouvements ré-
guliers. Nous recommandons à ceux qui seront
à même de continuer après nous l'étude de ces
êtres singuliers de le faire à la lumière artificielle,
dans de l'eau bien pure et au travers d'un bocal
aplati, qui produit peu de ces diffractions si péni-
bles quand on observe à la loupe.
Le genre Sagittèle, que nous avions nommé
Flèche avant que de savoir que M. Lesueur l'avait
déjà découvert, et qui ne doit ni ne peut être
confondu avec les Firoles, nous paraît avoir une
organisation plus élevée que les Zoophytes pro-
prement dits, et se rapprocher davantage des Mol-
lusques par sa forme symétrique , ses nageoires et
ses mâchoires armées de dents cornées. C'est pres-
que toujours par milliers qu'on trouve de ces
10 ZOOLOGIE.
très-petits animaux, qui empruntent leur nom
autant de leur forme que de la rapidité de leurs
mouvements.
Nous en dirons autant de notre genre Fretillaire
que nous avons rencontré dans plusieurs mers,
notamment aux environs du cap de Bonne-Espé-
rance, où il donnait à l'eau une teinte rouge brun,
bien que chaque individu n'eût qu'une ligne de
longueur. Ces singuliers petits animaux dont le
dessin seul peut donner une idée, ne font que se
tortiller sur eux-mêmes. Dans leur état complet
ils sont comme enveloppés dans une large mem-
brane dont ils se séparent sans paraître en souf-
frir. On en trouve même beaucoup plus de libres
que munis de cet appendice *.
Nous pourrons augmenter de près d'un tiers le
nombre des Médusaires connues. Dans toutes les
mers et dans tous les parages, nous avons trouvé
de ces animaux dont la forme générale varie assez
peu. Eu cherchant à saisir quelques détails de
leur organisation intime, nous sommes arrivé à
des résultats satisfaisants touchant la digestion
dans certaines espèces. Les autres fonctions nous
ont paru très-obscures.
* C'est probablement le genre Oikopleura de Mertens ( Mémoires de
la Société de Saint-Pétersbourg , t. I, 2e livr., février i83o ). Cet habile
naturaliste navigateur , dont les sciences doivent vivement regretter la
perte prématurée , n'a pu , dans une trop courte entrevue , nous démontrer
tout ce qu'il avait cru voir dans cet animal, <pii reste encore à être bien
connu.
ZOOPHYTES. 1 1
II résulte de nos remarques relativement à la
nutrition , que la nature a fourni à ces animaux
deux moyens de l'opérer, i° pour quelques-uns,
par l'imbibition et l'assimilation des particules ali-
biles que tient en suspension le milieu dans lequel
ils vivent, comme le font beaucoup d'autres Zoo-
phytes et une grande quantité de Mollusques;
2° pour d'autres, par une vraie digestion, lors-
que le hasard amène à leur bouche quelque ani-
mal. N'ayant point encore observé ce fait dans
nos premiers voyages, nous avions de la peine
à l'admettre; mais aujourd'hui il est hors de doute
pour nous, comme il l'a été pour Péron et d'autres
voyageurs. Les quatre franges arrondies et colo-
rées qu'on aperçoit au travers de l'ombrelle
dans quelques espèces, ne sont que des appen-
dices de l'estomac, de vrais cœcums, dont le re-
bord est parfois pourvu de nombreux suçoirs.
On trouve dans ces replis un produit de diges-
tion qui se répartit ensuite dans les canaux qui
en partent, et se portent à toutes les parties du
corps. Ces conduits, à peine visibles chez quelques
individus, sont tellement marqués dans d'autres
qu'ils peuvent servir de caractères spécifiques.
La coloration presque constante des replis stoma-
caux semble indiquer que les corps qui la pro-
duisent sont des glandes qui doivent servir à la
r^
qui
digestion. Il nous paraît bien certain que ce ne
sont pas des ovaires comme on l'a cru jusqu'à ce
12 ZOOLOGIE.
jour, nous ne savons trop pourquoi. D'ailleurs un
grand nombre de Méduses en sont dépourvues et
se reproduisent comme les autres. Nous ne nions
pas qu'il est des individus où les ovaires doivent
entourer l'estomac, ou en être fort près. L'expo-
sition de l'organisation de ces êtres montrera de
nombreuses variétés à ce sujet.
Ces Zoophytes doivent multiplier considérable-
ment, car il nous est quelquefois arrivé de navi-
guer plusieurs jours au travers. Une fois entre
autres dans les Moluques, en entrant dans la rade
de Bourou, notre navire se frayait une route parmi
des amas de gros individus pesant plusieurs livres.
En laissant les Zoophytes ballottés par les flots,
si nous portons nos regards vers ceux qui sont
fixés et que nourrissent les rivages, nous verrons
qu'il n'est pas de plus beau spectacle pour l'ob-
servateur que cette admirable fécondité de la na-
ture entre les tropiques. Le soleil ardent qui vi-
vifie toutes ces existences, fait que les rescifs sur
lesquels il n'y a que quelques pieds d'eau, repré-
sentent un vrai parterre sous-marin émaillé des
couleurs les plus belles et les plus suaves en
même temps; car le liquide qui les recouvre con-
tribue à leur donner à toutes une teinte inimi-
table de velouté. Mais ce qu'on prendrait pour
des plantes et pour des (leurs, sont autant d'a-
nimaux qui s'agitent et se retirent sous la main qui
les touche. Un bloc de madrépore est un petii
ZOOPHYTES; 13
monde recelant une foule d'être divers, qui trou-
vent dans ses anfractuosités un refuge et l'exis-
tence. Ainsi , indépendamment du Zoophyte lui-
même couvrant de ses polypes son enveloppe
pierreuse, on trouve tout à la fois entre ses bran-
ches des petits poissons, des Mollusques libres,
d'autres incrustés dans sa substance, des Anné-
lides, des Ophiures, des polypiers flexibles, des
éponges, desThalassiophytes, et enfin de ces subs-
tances que les naturalistes n'ont encore pu classer,
lesquelles se tiennent sur la limite des corps
qu'on nomme organisés de ceux qui ne les ont
pas.
Au milieu de tant de richesses que nous ne pou-
vions toutes saisir, nous étions forcé de n'étudier
que les choses principales, celles qui nous parais-
saient entièrement nouvelles. Nous suivîmes ici
la même marche que nous avons déjà indiquée
pour les Mollusques, de dessiner tous ces Zoo-
phytes vivants. Si leur étude était plus minutieuse
que celle des Mollusques, nous avions du moins
l'avantage de pouvoir les conserver vivants plu-
sieurs jours. Quelques-uns avaient besoin de
ce temps pour s'épanouir complètement. Par-
mi ces êtres à configurations si diverses qui con-
servent leurs formes et quelquefois leurs teintes,
même après avoir été mis dans l'esprit-de-vin ,
nous citerons les Astéries et les Oursins.
Les premières nous ont présenté leurs variétés
14 ZOOLOGIE.
de formes et de couleurs, depuis celles qui res-
semblent à une lentille jusqu'à celles qui, allon-
gées et découpées en cinq bras , et qu'on nomme
Ophiures, se -tortillent en effet comme des serpents.
La fragilité de ces échinodermes est extrême : ils
se brisent eux-mêmes dans leurs contractions; sans
autre sens que le tact, il est curieux de voir avec
quelle prestesse ils se dérobent à la main qui
veut les saisir. D'autres espèces au contraire,
moins bien organisées, n'ont qu'une locomotion
lente et passagère. Enfin il en est d'énormes, ar-
rondies en forme de coussin, et qu'on ne peut
quelquefois pas distinguer des roches au milieu
desquelles elles se trouvent. Le jaune, la laque,
le vert, le plus beau bleu de ciel, ou toutes ces
couleurs mélangées recouvrent ces animaux.
Les Oursins moins brillants n'en sont pas moins
variés dans leur aspect et leurs teintes. Il n'y a
peut-être pas la dixième partie des individus de
cette grande famille de connue. Toutes les mers
en produisent ; mais la difficulté de les conserver
fait qu'en général on s'en occupe peu , qu'on ne
récolte que les plus élégants et ceux de taille mé-
diocre qui peuvent facilement se loger. Il faut
dire aussi qu'il en est dont les baguettes sont si
longues et si délicates, qu'il est impossible de les
avoir entières. Il est de ces animaux condamnés
par des circonstances particulières à ne changer
jamais de place dans les trous où le hasard les a
ZOOPHYTES. 15
fait éclore. D'autres se meuvent avec une certaine
vitesse. Nous en avons vu de tout noirs avec de
très-longs piquants, et dont la membrane qui
recouvre le corps était marquée en dessus de lignes
veloutées couleur d'émeraude *.
Les voyageurs ne se sont point encore assez
attachés à l'étude des Holothuries. Il est vrai
que pour ces animaux il ne suffit pas de les re-
cueillir, et qu'il faut encore les dessiner dans
leur épanouissement et avec leurs couleurs; car
une fois racornis dans une liqueur conservatrice,
on ne peut plus en tirer aucun parti pour la dé-
termination des espèces. Nous remarquerons, qu'il
résulte de nos recherches sur un assez grand nom-
bre d'individus que tous n'ont pas la même orga-
nisation ; qu'il y a des différences assez notables
* Dans les grands voyages, il arrive quelquefois des accidents parmi les
équipages, occasionés par les blessures d'Oursins, qui, dans les pays
chauds, peuvent déterminer le tétanos et la mort. Voici à cet égard un
fait utile que nous tenons de M. Aiguillon , ancien chirurgien-major de
la marine. Étant dans la mer Rouge, où ces animaux abondent, un
matelot, en se mettant à l'eau sans souliers, eut la plante des pieds rem-
plie de piquants qui s'y étaient brisés. Les tentatives de M. Aiguillon
pour les enlever ne faisaient que les enfoncer davantage, et il y avait
tant de ces corps qu'il ne pouvait pas se permettre d'agrandir les ouver-
tures pour les retirer. Il était d'autant plus embarrassé que le malade
souffrait beaucoup. Un Arabe présent demanda à employer le moyen
dont on se sert chez eux en pareil cas. Il frotta la plante des pieds
d'huile ou de graisse; la fit ensuite approcher du feu, de manière
à la chauffer assez fortement; puis la racla avec une lame de couteau,
jusqu'à ce que tous les aiguillons fussent sortis. Ce procédé réussit
complètement : toutefois nous pensons qu'il est des baguettes tellement
configurées qu'elles pourraient très-bien résister à un semblable procédé.
16 ZOOLOGIE.
dans les viscères, dont on ne peut cependant pas
trop se servir pour la classification de ces êtres ,
laquelle doit plutôt être prise des formes exté-
rieures, et surtout des tentacules qui entourent
la bouche. Les principales fonctions de ces ap-
pendices sont, comme nous l'avons vu très-sou-
vent, de porter dans l'orifice buccal les particules
nutritives qui peuvent se trouver à leur portée.
A cet effet, lorsque tout le disque est épanoui ,
chacun d'eux se recourbe et s'enfonce dans la
bouche, pour en ressortir promptement et faire
place à un autre. Il est rare que deux agissent à
la fois. C'est ainsi que , dans les plantes et pour
une autre fonction , on voit , au temps de la fécon-
dation de la rue, les étamines se porter tour à
tour sur le pistil.
Les Holothuries ont encore un autre moyen
de se nourrir, c'est d'avaler une grande quantité
de sable , parmi lequel se trouvent quelques
animalcules. Leur long intestin en est toujours farci,
et c'est tout au plus si ces délicates membranes
peuvent en supporter le poids.
Toutes les espèces ne sont pas dans l'habitude
de rejeter leurs viscères, lorsqu'on les touche ou
qu'on les tourmente; celles, par exemple, qui
sont coriaces, comme cartilagineuses, ne le font
pas. La rade du Port-Jackson nous en a donné de
cette nature, qui se tiennent à une assez grande
profondeur, sans qu'on les voie jamais ramper sur
ZOOPHYTKS. 17
le rivage. Le plus grand nombre se tient sur les
fonds sablonneux, pour la raison que nous venons
d'indiquer. Il en est même , comme l'Holothurie
noire, qui se recouvrent en partie de sable, à l'excep-
tion des points du dos où se trouvent ce que nous
nommons les spiracules, qui sont à nu. D'autres
fuient la lumière , et se tiennent constamment
cachées sous les pierres. Mais la chose la plus sur-
prenante que nous ayons vue, a été de trouver
dans la grande Holothurie Ananas un poisson vi-
vant long de six pouces, du genre Fierasfer. Cette
circonstance n'était point due au hasard, car elle
s'est reproduite plusieurs fois, et au retour de
notre voyage nous avons vu dans les beaux tra-
vaux de M. Mertens sur les Holothuries, qu'il avait
rencontré la même chose dans d'autres lieux que
nous. Ce poisson très-allongé, un peu aplati, ne sau-
rait par sa grosseur loger dans l'estomac. Comme
de sa nature il n'y voit que fort peu, et fuit la
lumière, lorsqu'il donne au milieu des tentacules
épanouis de ces grandes Holothuries, il s'intro-
duit par la bouche, rompt l'œsophage et demeure
entre les viscères et l'enveloppe extérieure; pro-
bablement au milieu de l'eau qui a dû s'introduire
avec lui , ou que les spiracules y apportent. Nous
avons quelquefois rencontré deux de ces poissons
parasites à la fois, sans que rien indiquât leur
présence, et que l'animal parût en souffrir. Nous
Zoologie, t. iv. 2
18 ZOOLOGIE.
avons vu également un petit crustacé s'introduire
par le cloaque, et vivre clans les tubes àquifères,
qui semblent faire dans ces Zoophytes les fonc-
tions de branchies.
L'habitude de manger des Holothuries se main-
tient toujours dans les Moluques et en Chine.
C'est cependant une branche d'industrie peu con-
sidérable, quoiqu'elle s'étende jusqu'aux îles Ma-
rianes, qui envoient leurs produits à Manille. Il suffit
pour la conservation de ces Zoophytes de les vider,
de les plonger dans l'eau bouillante un instant,
puis de les faire sécher au soleil. Certaines espèces
sont seules recherchées comme comestibles; mais
nous pensons que c'est par préjugé qu'on rejette
les autres qui paraissent de même nature , et tout
aussi gélatineuses. Tôt ou tard on finira par les
prendre toutes *.
Par le système que nous suivions de tout exa-
miner et de tout étudier , il nous est arrivé en cas-
sant des Madrépores, d'y trouver plusieurs espèces
deSiponcles, qui se logent dans des trous très-
régulièrement creusés en forme de tubes, à l'aide
d'une sorte de roulette osseuse qui termine l'une
des extrémités. Les individus qui n'ont pas cet
* On trouve, à notre connaissance, aux îles Marianes, cinq à six
espèces d'Holothuries. Nous croyons que c'est celle à laquelle nous avons
donné le nom d'Holothurie de Guam qu'on mange le plus communément.
Le Pikle, qui équivaut à i?o livres, se vend i5o francs.
ZOOPIIYTES. 19
instrument, habitent dans le sable. C'est parmi les
Siponcles qu'il faut placer le genre Ochetostome,
encore assez mal connu.
En parlant des Siponcles après les Holothuries,
on voit que nous aurions une tendance à les rap-
procher de ces dernières. Ce serait en effet au-
près d'elles que les placerait leur forme exté-
rieure ; mais il faut avouer qu'il est des caractères
de leur organisation interne qui les en éloignent
complètement.
Les contrées chaudes sont fertiles en Actinies.
Les îles des Amis, la Nouvelle-Irlande nous en ont
offert d'une taille gigantesque , dont les tentacules
rameux s'élèvent comme ceux d'une vraie plante
marine. Ces Zoophytes de plus d'un pied d'éléva-
tion ont leur corps enfoui dans le sable, sous le-
quel toutes les parties rentrent quand on les tou-
che. Quelques-uns ont des tentacules longs et
déliés, simples ou ramifiés ou granuleux , d'autres
les ont très-courts ou à peine perceptibles. Des
espèces sont éminemment caustiques. Il suffit de
les toucher dans l'eau même, pour qu'elles occa-
sionnent une forte cuisson accompagnée de rou-
geur. Quelques-unes transmettent cette propriété
à l'eau qu'elles lancent en se contractant ; nous
reçûmes une fois de cette eau dans l'œil, ce qui le
fit enfler sur-le-champ; toutefois la douleur fut
beaucoup plus vive aux paupières, qui eurent
des phlyctènes, qu'à laconjonctive.il en est, et c'est
20 ZOOLOGIE.
le plus grand nombre, qu'on touche impunément,
et qu'on mange cuites*. Nous avons cherché, au-
tant qu'il nous a été possible, à rendre les cou-
leurs de ces animaux; nous y sommes quelquefois
parvenu , mais il est des cas où nous n'avons que
faiblement approché des modèles, tant il est dif-
ficile, pour ne pas dire impossible, d'imiter, à l'a-
quarelle surtout, le velouté qui recouvre toutes
ces teintes comme un vernis.
Ces Zoophytes se fixent, comme on sait, par la
base. On dit, et c'est très -probable, qu'ils sont
susceptibles de changer lentement de place ; nous
le croyons pour ceux placés sur un espace facile
à parcourir , une roche lisse par exemple ; mais
la plupart sont engagés dans des trous, au milieu
des pierres ou des inégalités madréporiques ,
d'où il leur est bien difficile de sortir; après qu'on
les a enlevés et mis dans un vase, ils s'y collent
de nouveau avec force. Lorsqu'ils commencent à
souffrir, l'eau pénètre leur substance, et toutes
leurs parties acquièrent un volume monstrueux.
Nous avons vu des jeunes sortir tout formés par
la bouche, et être entraînés par les eaux jusqu'à
ce qu'ils fussent fixés.
Il est de vraies Actinies flottantes. Nous avons
trouvé échouée par centaines, sur les plages du
" Nous en avons vu de pleins paniers au marché de Rochefort , d'une
ou deux espèces, larges comme la main, rougeàtres et ver dà 1res : on
les nomme CuI-de-Clieval.
ZOOPHYTES. 21
port Western , à la Nouvelle-Hollande , la belle
espèce que nous nommons tuberculeuse , si re-
marquable , en effet , par ses bosselures bien dé-
terminées , de diverses couleurs. La marée mon-
tante les reprenait , et portait au large celles que
le soleil n'avait pas tuées , comme cela arrive pour
les Médusaires.
Mais une Actinie essentiellement pélagienne et
très-rare est le genre Minias , que nous n'avons
trouvé qu'une fois , entre la Nouvelle-Zélande et
les îles des Amis. L'ayant conservé vivant plusieurs
jours, nous l'avons dessiné sous toutes les formes
qu'il a voulu prendre.
Des Actinies on passe aux Mamillifères , qui
ne sont réellement que des Actinies groupées et
à enveloppe coriace, comme l'a fait remarquer
M. Cuvier. Ce ne sera que sur de bonnes figures,
coloriées et faites sur le vivant, qu'on pourra
parvenir à débrouiller les espèces de ce petit
groupe , dont la plupart n'ont encore été étudiées
que sur des échantillons desséchés. Ces animaux
sont apathiques , et fort lents à montrer leurs
courts tentacules , lesquels sont le plus souvent
à rangée simple , occupant le pourtour du disque.
Viennent ensuite les Fongies, dont l'animal est
une vraie yictinie , étendue sur les lamelles cal-
caires qu'elle sécrète , lesquelles traduisent par-
faitement la forme du Polype. On en trouve,
22 ZOOLOGIE.
comme dans le genre Actinie, avec des tentacules
courts ou très-longs , qui , lorsqu'ils sont déve-
loppés , ressemblent si bien à ceux des Actinies
que ce n'est qu'en mettant la main dessus qu'on
peut reconnaître la différence. Ils ne se rétractent
point dans la liqueur de manière à ce qu'on ne
puisse pas , après leur mort , saisir cette ressem-
blance , ainsi qu'on peut s'en assurer d'après un
grand individu que nous avons déposé au Muséum.
Dans les Fongies non fixées , reposant sur le
sable , et ce sont les plus nombreuses , la mem-
brane du Polype se recourbe sous le polypier pour
sécréter les petites aspérités qu'on y remarque.
Elle est quelquefois tellement mince et trans-
parente qu'on a de la peine à l'apercevoir; il est
même des cas où elle ne dépasse pas le disque;
la macération dans l'esprit-de-vin la rend plus
sensible. La forme du plateau calcaire , les décou-
pures de ses lamelles , sont d'assez bons caractères
à joindre, pour la détermination des espèces, à
ceux que présentent les Polypes. Les Fongies dé-
pourvues de tentacules ou qui n'en ont que de
très-courts, ont de si grands rapports entre elles
qu'on est obligé de se servir des couleurs de
l'animal pour les caractériser. Elles n'ont ordi-
nairement qu'un Polype; celles qui en présentent
deux ou plusieurs , et dont la forme s'allonge ,
doivent former une subdivision dans ce genre.
ZOOPHYTES. 23
Les Turbinolies sont comme de petites Fongies
comprimées et fixées, qui font insensiblement
arriver aux Caryophyllies.
Ce rapprochement , déjà indiqué par de M. Blain-
ville, entre ces animaux et les Actinies, s'étendra
à beaucoup de Polypes coralligènes, soit simples
ou groupés, qui tous ont la forme d'Actinie,
comme les Caryophyllies, les Astrées , les Pavonies
et même les Méandrines , qui jusqu'à ce jour
avaient été peu étudiées , et se trouvaient classées
uniquement d'après la forme du produit calcaire.
Dans les Caryophyllies, les animaux peuvent être
rapprochés ou très-écartés , mais toujours isolés
sur une branche séparée, seulement unie par la
base à un tronc commun. Ils ont une ouverture
centrale, des tentacules plus ou moins longs,
comme les Actinies, lesquels débordent un peu
leur support; quelquefois ces tubes sont soudés
entre eux à mesure qu'ils s'élèvent. Il est des Caryo-
phyllies qui font presque le passage aux Méandrines.
Celles-ci forment le plus souvent des demi-
sphères fixées par un large pédicule. Les Polypes
recouvrent toute la masse ; ils sont confluents , et
l'on n'entrevoit de lignes de séparation que sur
le sommet des sillons , aucunes dans les vallées ,
qu'occupent des bouches et des tentacules exces-
sivement courts *. On voit dans les collections des
Notre manière de voir ces animaux, ainsi que nos dessins, diffèrent
un peu de re qu'a vu M. Lesueur. Il Saut noire qu'il y a eu erreur dans
24 ZOOLOGIE.
Méandrines libres, parfaitement rondes, grosses
comme de petits boulets. Ceci s'explique de cette
manière : un seul point portait, pendant que tout
le reste était recouvert de Polypes; un accident
aura fait un peu tourner la boule , et les animaux
auront gagné la partie qui en était dépourvue.
Ces conditions rendent ces exemples rares.
Les Astrées se rapprochent beaucoup plus des
Actinies que les Méandrines. Chaque étoile a son
Polype vivant d'une manière individuelle, bien
qu'il touche à ceux qui l'entourent pour ne for-
mer qu'une seule membrane enveloppant les demi-
sphères que forment ordinairement ces animaux.
Il en est qui sont pédicules , et d'autres qui
ont des tentacules assez longs.
Nous ne répéterons point ce que nous avons dit
ailleurs pour cet ordre , dont les polypiers tra-
duisent, en général , assez parfaitement la forme
des animaux qui les ont sécrétés. Comme les espè-
ces en étaient encore assez mal déterminées, nous
tâcherons, par nos dessins, de faire concorder les
caractères des polypiers avec ceux des animaux.
Ces derniers , ornés des couleurs les plus agréables
Jes notes de rel habile observateur, relativement à ce qu'il a donné pour
être des Méandrines ( Mémoires du Muséum, t. VI, p. 271 ), dont les
polypes, beaucoup trop distincts, ressemblent plulôt h ceux des Astrées-
C'est aussi l'opinion de M. le professeur de Blainville, qui a examiné les
animaux de Méandrines que nous avons déposés au Muséum. Cependant on
peut concevoir (pie quelque étoile isolée de Méandrine présente ce carac-
tère ; mais ce ne sera jamais l'ensemble.
ZOOPHYTES. 25
et les plus douces, s'élèvent, en général, peu au-
dessus de leur support poreux. Ainsi que les Ac-
tinies , ils se laissent considérablement gonfler
par l'eau lorsqu'ils souffrent; c'était même un des
moyens que nous employions pour mieux étudier
leur organisation interne, qui diffère bien peu de
celle des Actinies. Nous avons transporté des
Astrées des latitudes chaudes dans des régions
froides pour elles; des Moluques à Van-Diemen,
par exemple, en ayant soin de les changer tous
les jours d'eau : elles y ont assez bien vécu. Nous
en avons mutilé, pour voir si elles se reprodui-
raient : une étoile coupée en deux ne s'était pas
totalement réparée après deux mois : il est vrai
qu'alors nous nous éloignions de la chaleur, qui
est une des conditions de leur vitalité.
Chaque animal , dans les Pavonies, occupe une
large surface, pour recouvrir les profondes lamel-
les qui distinguent ce polypier. La bouche , qui
ne nous a pas paru entourée de tentacules , est
placée dans le fond des sillons.
Tous ces Polypes actiniformes tendent à donner
à leurs polypiers une disposition demi-sphérique
ou ronde , quand rien ne gène leur libre dévelop-
pement. Dans le cas contraire , ils sont irréguliers ,
ondulés ou aplatis.
Pour continuer ce qui est relatif à ces pro-
ductions pierreuses, nous parlerons des Madré-
pores proprement dits , c'est-à-dire de ceux qui
26 ZOOLOGIE.
offrent le plus souvent de ces ramifications qui
ressemblent à des branches d'arbre, et dont l'en-
semble forme de larges explanations circulaires.
Ce sont ceux qui se multiplient davantage, et re-
tiennent en s'enchevètrant une foule de corps
qui contribuent à l'élévation du sol clans les rades
peu profondes. Dépouillés de leurs animaux , ils
ornent les collections par leur éclatante blancheur.
Ces êtres , inconnus jusqu'à ce jour , fixèrent
notre attention , et en les étudiant sur plusieurs
espèces, nous vîmes que tous avaient pour carac-
tères d'être pourvus de douze tentacules , ce qui
nous servit à y rattacher d'autres polypiers ,
placés jusque-là dans des genres différents. Les
Madrépores ne diffèrent des autres Coralligè-
nes que par la régularité de leurs appendices;
mais ils enveloppent également de leurs membra-
nes la substance qu'ils sécrètent, et, quoiqu'il y
ait continuité de tissu à la surface , chaque Polype
jouit d'une vie indépendante et séparée. A mesure
que le polypier croît, les parties inférieures restent
dépourvues d'animaux. En général , il n'y a guère
que les sommités qui en soient complètement
couvertes. Ils sécrètent une humeur blanche, albu-
mineuse, filante comme du blanc d'ceuf, qu'à tort,
dans nôtre premier voyage , nous avions prise
pour la substance même du Polype, difïluente
comme celle des éponges. Il y a des Madrépores
blancs, d'autres colorés en jaune, en rose, en
ZOOPHYTES. 27
bleu de ciel, etc. Quelquefois la base est blanche
et l'extrémité des rameaux bleue : nous ignorons
d'où peut provenir cette différence.
Les Alvéopores, les Héliopores sont également
des animaux rayonnes, mais dont le nombre des
tentacules n'est pas aussi fixe que chez les Madré-
pores. L'Hélioporebleu a cela de particulier que la
matière pierreuse est azurée, tandis que l'animal
est blanc. Il est très-rare vivant ; nous n'en avons
même trouvé qu'à Guam sur le rescif qui est devant
la ville d'Agagna.
L'organisation de tous ces êtres consiste dans
une bouche centrale, ronde ou ovale, ondulée
ou froncée. Sur ses bords à quelque distance , sont
placés les tentacules en nombre déterminé ou
multiples , ordinairement sur une seule rangée.
L'ouverture buccale donne dans une cavité sto-
mocale, au fond de laquelle adhèrent des corps
blancs très-déliés, entortillés et pénétrant dans les
lamelles sous-jacentes au Polype: ce sont des ovai-
res , auxquels sont fixés des ovules qui sortent par
la bouche et se développent sur le lieu où elles
tombent.
Il est des polypiers dont les animaux sont si
petits , que la loupe ne pouvait pas nous les dé-
montrer. Il nous a été impossible, faute de temps,
dry appliquer le microscope; car il faut toujours
avoir à la pensée que ces sortes d'études ne se
font bien que dans l'eau.
28 ZOOLOGIE.
Les limites les plus extrêmes dans les deux
hémisphères où nous ayons trouvé des polypiers ,
sont le port du Roi-Georges à la Nouvelle-Hollande,
et Algesiras en Espagne. Us étaient en petit nom-
bre, vivement colorés, et appartenaient au genre
Astrée.
Deux faits recueillis dans ce dernier voyage,
prouvent ce que nous avons dit ailleurs , que dans
les contrées équatoriales les polypiers coralligènes
ne s'accroissent pas avec autant de rapidité qu'on
a bien voulu le dire. Le premier est relatif aux
ancres et aux canons des vaisseaux de Lapérouse,
dans l'île de Yanikoro, située par n° de latitude.
Ils étaient par environ quinze pieds de profondeur
encroûtés seulement de quelques pouces de poly-
piers mélangés de coquilles, mais non recouverts
et cachés par ces animaux qui, depuis quarante
ans, auraient dû les avoir enfouis si leur croissance
eût été très -active. On ne peut pas objecter que
la nature des métaux ne leur était pas convena-
ble pour s'élever; car alors ils l'auraient fait tout
autour, et en les circonscrivant eussent placé
ces objets comme dans une fosse; ce qui n'était
pas; des saumons de plomb même étaient visibles.
L'autre fait qui s'est passé par environ i3° de
latitude nord, dans l'île de Tinian, a pour objet
l'ancre du vaisseau d'Anson, qui depuis plus de
85 ans était sous les eaux à vingt-deux brasses de
profondeur. Non-seulement elle fut retirée, mais
ZOOPHYTES. 29
vue auparavant, ce qui annonce des eaux calmes
et limpides , de bons yeuxet surtout qu'elle n'était
pas trop recouverte de Madrépores. En effet elle
n'en était revêtue que de quelques pouces, qu'on
fit tomber en la chauffant. On sait que le vais-
seau de l'amiral était de soixante canons; aussi
cette ancre que nous avons vue à Guam avait-elle
dix-sept pieds de tige.
Il est des corps qui par leur croissance régu-
lière, symétrique et toujours la même, semblent
tenir aux polypiers coralligènes sans qu'il soit pos-
sible d'y reconnaître la moindre trace d'être orga-
nisé, comme les Corallines, les Acétabules, les
Polyphyses* , ainsi que ces petits corps discoïdes,
ombiliqués, crétacés** que nous trouvions libres,
et toutes ces plaques de même nature , ramifiées
ou mamelonnées , variées en couleurs, qui encroû-
tent les corps marins. Ils peuvent être considérés
comme formant une sorte de passage de l'anima-
lité à une cristallisation minérale toute particu-
lière; de même que d'autres substances, comme
lesTéthies, les Géodies, semblent être placées sur
les limites de la végétation.
Rien n'est encore plus vaguement indiqué que
la nombreuse famille des Polypes à huit tentacules:
* Les Polyphyses diffèrent des Acétabules et de ces autres corps crétacés,
en ce que les vésicules qui terminent l'extrémité sont remplies d'un liquide
gélatineux, qui tient de celui qu'on trouve dans certains fucus; ce qui a
probablement fait que Dawson Turner les avait placés parmi ces végétaux.
** Genre Marginoporè de M. de Blainville.
30 ZOOLOGIE.
c'est un travail qu'on pourrait commencer, parce
qu'on possède un bon nombre de ces animaux
assez bien déterminés. Nos dessins faits sur les
lieux augmenteront le nombre des espèces en
même temps qu'ils faciliteront pour la détermina-
tion précise de quelques genres dont le nombre
a été, selon nous, trop multiplié. On ne s'entend
pas bien sur ce qu'on nomme Alcyon , Cornnlaire
Lobulaire, etc. Il est de ces animaux libres, d'autres
fixés. Chez les uns les Polypes peuvent rentrer
dans la masse qui leur sert de base, tandis que
d'autres ne peuvent pas le faire, et sont constam-
ment saillants. Il en est pour la consistance de mous,
de coriaces; pour la forme, de mamelonnés, de
flabelliformes , d'allongés en rameaux et ressem-
blant sous les eaux à de vraies plantes marines. On
peut vraiment dire qu'il n'est point d'aspect et
de couleurs que ne prennent ces Zoophytes, qui
ont tous huit tentacules réguliers; a mer basse ils
forment comme des coussins appliqués aux rochers,
qu'ils rendent très -glissants. Nous nous sommes
positivement assuré que ces animaux ont une
vie séparée, bien qu'ils soient susceptibles, jus-
qu'à un certain point , de communiquer entre eux
par la base sarcoïde dans laquelle ils sont implan-
tés. On peut en effet, lorsque tous sont épanouis,
toucher, mutiler les individus d'un rameau sans
que les voisins s'en ressentent.
La plupart sont fixés à des profondeurs plus ou
ZOOPHYTES. 3 1
moins grandes ; il en est de flottants comme les
Pennatnles et d'autres qui, bien que pédicules,
comme les Vérétilles et les Rénilles, demeurent
toujours au fond de la mer. Il semble qu'une cause
quelconque a rompu leur adhérence au sol , et
peut-être même y tiennent-ils à une certaine épo-
que de leur vie. Les Vérétilles ont la faculté d'ab-
sorber une si grande quantité d'eau, qu'elle va
presque jusqu'à centupler leur volume; elles la
rejettent ensuite, et les Polypes rentrent dans la
masse commune.
Les Tubipores sont très-voisins des genres que
nous venons d'indiquer, avec cette différence que
chaque Polype est isolé dans un tube demi-calcaire;
mais il est des espèces qui font le passage (voyez
notre genre Clavulaire) et chez lesquelles ce cylindre
n'est que cartilagineux. Le Tubipore Musique, que
nous avons autrefois fait connaître, a ses animaux
d'un beau vert. Une autre espèce que nous a four-
nie la Nouvelle-Irlande a les siens rougeàtres. Ses
tubes couleur de laque ne diffèrent du précédent
que par la longueur et la grosseur. Nous ferons
remarquer à ce sujet que lorsque nous arrivâmes,
ayant de l'eau jusqu'à la ceinture, sur l'énorme
masse arrondie de ces Zoophytes, nous ne les recon-
nûmes pas d'abord pour ce qu'ils étaient; leurs
Polypes développés et se touchant couvraient to-
talement les tuyaux qui, dans cet état, sont d'une
32 ZOOLOGIE.
grande friabilité. Ils se durcissent ensuite à l'air à
mesure qu'ils perdent l'eau qu'ils contiennent.
D'autres Polypes à tuyaux, connus sous le nom
de Polypiers flexibles, présentent cette différence
qu'ils communiquent entre eux le plus ordinair
renient par une tige commune. Ce sont les Sertu-
lariés et tous les nombreux genres qui se ratta-
chent à cette famille; quelques-uns, comme les Ta-
bulaires, les Tubulipores, et même des Campanu-
laires, ont leurs animaux simples sur une tige
isolée. Ils sont doués d'une grande irritabilité,
rentrent prestement dans leur tube et en sortent
en étalant en roue les nombreux tentacules qui
entourent leur bouche. On se sert pour les clas-
ser de la forme des rameaux et des cellules ; mais
tous les Polypes ont, à peu de chose près, la même
organisation. Leur reproduction diffère de celle
des Polypes à huit tentacules ; les gemmules
sont déposées dans des urnes qui adhèrent aux
tiges.
Ces Zoophytes à tubes excessivement mous,
comme les Tabulaires et notre nouveau genre
Dédale, se reproduisent avec une très grande rapi-
dité. Au Brésil et à l'Ile-de-France , dans l'espace
d'un mois le fond de nos canots en était couvert;
ils avaient crû comme des plantes. C'est même
à ce prompt développement que nous reconnû-
mes que les Dédales , dont la nature animale pa-
ZOOPHYTES. 33
raissait si obscure , n'étaient point des Thalassio-
pliytes.
Les animaux des Eschares s'élèvent de leurs cel-
lules friables en forme de petits panaches; quelques-
uns ont un opercule élastique, ressemblant au
fermoir d'une bourse, qu'ils soulèvent pour se
montrer au dehors. Ils ne nous ont pas paru dif-
férer de ceux des Flustres, que plusieurs natura-
listes ont dernièrement considérés comme devant
se rapprocher des.Ascidiens.
On trouve partout de ces êtres microscopiques;
mais les pays chauds fournissent préférablement
les espèces à tubes allongés, tandis que c'est dans
la zone tempérée que croissent plus abondam-
ment les Flustres. Les expansions folaciées des
nombreux fucus du cap de Bonne -Espérance
et des îles Malouines en sont couvertes. Il y en a
beaucoup également clans la rade d'Hobart-Town
à la terre de Van-Diemen.
Les animaux et les polypiers sont généralement
blancs; toutefois nous en avons rencontré d'un
beau rouge pourpre , dans le dernier des lieux
que nous venons de citer. Lorsque la liqueur dans
laquelle on les plonge n'est pas trop forte , ils s'y
conservent très-bien , ayant leurs tentacules épa-
nouis , de manière à pouvoir encore étudier leur
forme extérieure.
Parmi les productions amorphes qui tiennent
aux Zoophytes, la plus singulière est celle que
Zoologie, t. iv. 3
34 ZOOLOGIE.
nous avons nommée avec M. de Blainville Alcyon-
celle, et dont on ne peut se faire d'idée qu'en se
représentant une éponge cylindrique , creuse ,
ayant des mailles comme de la grosse dentelle.
Cette substance pierreuse, très - élégante , qui
a été trouvée dans les Moluques par une grande
profondeur , ne peut donner aucune idée de
l'animal qui l'a formée.
Nous aurions eu à parler des Entomozoaires
chétopodes et apodes que nous avons recueillis
et dessinés en grand nombre, surtout dans les
genres Amphitrites , Serpules , Néréides et Térè-
belles , qui fournissent des espèces si élégantes et
si riches en couleurs ; mais ne pouvant point ,
faute d'espace , les faire paraître dans cet ouvrage ,
nous réservons pour ailleurs ces observations, de
même que celles relatives aux vfcrs, que nous
-n'avons point négligé de recueillir et d'étudier.
Les Planaires surtout ont fixé notre attention , et
nous avons été une fois assez favorisé pour saisir
quelques phénomènes de l'organisation de ces
animaux, qui pourront servir à compléter leur
histoire.
Nous commencerons par ces animaux que leur
organisation douteuse et encore peu connue a
fait placer par M. de Blainville entre les Mollus-
ques et les Zoophytes , sous le nom de Faux
Zoophytes. De nouvelles observations bien faites
pourront lever les doutes à cet égard, et indiquer
définitivement la place que doivent occuper ces
êtres. Nous allons indiquer ce qu'ils nous ont
offert de remarquable , en plaçant en première
ligne les Béroés , comme nous ayant présenté un
plus grand nombre d'organes assez compliqués.
Cet ordre des Ciliogrades contient plusieurs
petits genres qui , il faut l'avouer , ont été faits
d'après des caractères de peu d'importance, et
qu'il ne faut véritablement considérer que comme
des divisions : ainsi les Gestes, les Callianires, les.
Eucharis , les Ocyroés , etc. , ont absolument la
même organisation que les Béroés proprement
dits ; seulement il arrive quelquefois que ces der-
niers ont leurs parois d'une telle opacité qu'on ne
peut y distinguer les canaux que laissent assez
ordinairement voir les Callianires. Pour la forme,
/ globuleux ou ovalaires ,
m 1 t>> > 1 transverses,
u y a des Beroes /
j en mitre,
{ avec appendices.
V
3G ZOOLOGIE.
Notre intention n'est de donner ici qu'une seule
espèce nouvelle de celles que nous avons recueil-
lies , afin de faire connaître par des figures les
détails d'organisation que nous avons pu saisir
dans ces singuliers animaux.
•
ZOOPHYTES. 37
Genre BÉROÉ. — Beroe.
Corps régulier , libre , ovale ou allongé , con-
vexe en dessus , comme tronqué en dessous, ayant
huit bandes longitudinales formées par autant de
canaux , garnies de cils ou cirrhes transverses ,
rapprochés et vibratoires.
Ouverture buccale locomotrice à l'extrémité
tronquée. Anus à sa partie opposée. De chaque
côté , vers le haut , une ouverture par où sort un
tentacule ramifié et rétractile.
BÉROÉ ALLONGÉ.
Bcroc clongatus, nob.
(Mollusques.) planche 90, figures 9-1 4«
Beroe, corpore hjalino , fusiformi, elongato ,
in medio paululum iitflato , octo-costato ; çirrhis
diwbus ramosis.
Cette espèce , qui a été prise dans l'océan Atlan-
tique , non loin de la côte d'Afrique , par 8° de
latitude nord , est longue d'un pouce et demi à
38 ZOOLOGIE.
deux pouces. Sa forme est allongée et ressemble
un peu à celle d'un fuseau renflé au milieu. L'ou-
verture , qu'on est convenu de nommer inférieure,
bien que l'animal se tienne souvent horizontale-
ment, est médiocre, un peu proéminente; l'ex-
trémité opposée est arrondie. Huit côtes ciliées
recouvrent régulièrement le corps, de la partie
supérieure et latérale duquel sortent deux fila-
ments ramifiés, assez longs. Tout l'animal est
blanc, et si ses côtes reflètent les couleurs de
l'iris , cela est dû à la décomposition de la lumière
par les lamelles minces qui les recouvrent.
En étudiant ce Béroé avec beaucoup de soin à la
lumière, voici ce que nous y avons vu.
La grande ouverture terminale donne dans une
cavité allongée, qui contient de chaque côté deux
organes dont nous n'avons pas bien pu nous ren-
dre compte , mais que nous supposons devoir
servir à la digestion; une très-petite ouverture
placée au pôle opposé est probablement l'anus.
Sur chacune des parties latérales de ces corps
existent deux canaux un peu en forme d'S romai-
ne, échancrés pour s'accommoder au renflement
du canal central; ils s'ouvrent latéralement vers le
tiers supérieur par deux orifices béants, qui don-
nent issue aux deux filaments indiqués ci-dessus,
plus ou moins longs, ciliés sur un seul côté, très-
irritables, rentrant ou sortant promptement à la
volonté del'animal. Sont-cedes espèces de tentacules
ZOOPHYTES. 39
propres à le fixer , ou des ovaires ? Cette dernière
opinion ne nous paraît pas probable, car nous
n'y avons jamais vu de gemmules attachées. Ce
sont ces corps qu'on a voulu figurer dans les Bé-
roés globuleux et ovale de l'Encyclopédie métho-
dique. Les espèces transverses les possèdent ; mais
nous n'avons pu les découvrir dans celles dont les
parois sont opaques et l'ouverture très-large. Vers
l'extrémité du grand canal est un organe assez com-
pliqué, allongé, pointu en haut, renflé en cœur
au milieu et divisé en deux branches inférieure-
ment. Il en part de chaque côté un canal qui se
divise promptement en deux branches , puis en
quatre ; ce qui forme huit canaux pour l'ensem-
ble, lesquels se recourbent en gagnant la péri-
phérie du corps, qu'ils semblent diviser en huit
parties égales. Ces vaisseaux ( car c'en sont réelle-
ment ) sont extérieurement couverts dans toute
leur étendue de petites lamelles ciliées, plus ou
moins rapprochées, quelquefois légèrement im-
briquées, qui sont toujours en mouvement, et
font évidemment les fonctions de branchies, en
même temps qu'elles servent un peu à la progres-
sion de l'animal *. Il s'opère au centre du corps
que nous venons de décrire, et qui est probable-
ment un cœur , une circulation très - active
* Lorsque nous avons découvert que la blanchie des Biphores était
recouverte de semblables lamelles, nous n'avons plus hésité à leur attri-
buer la même fonction dans les P.éroés..
40 ZOOLOGIE.
que facilitent les branchies, qui sont toujours en
mouvement. Nous avons cru voir, ce qui serait
bien particulier, qu'il y avait à la fois deux cou-
rants clans le même vaisseau , l'un concentrique
et l'autre excentrique, ce qui est assez facile à
distinguer par la qualité grumeleuse du sang.
Si ce n'est qu'une illusion, il faudrait l'attribuer à
deux systèmes de vaisseaux si bien unis que nous
n'aurions pu distinguer leurs limites. N'ayant été fa-
vorisé qu'une seule fois pour faire ces observations,
nous laissons à d'autres le soin de les vérifier.
Voilà deux fonctions subordonnées bien dis-
tinctes, la circulation et la respiration, qui ten-
dent à rapprocher les Béroés des Mollusques acé-
phales.
Nous ne connaissons rien de relatif à la géné-
ration, si ce n'est que sur un individu remar-
quable par sa mollesse presque diffluente , et les
nombreux appendices dont il était recouvert, nous
avons vu des ovules logées dans les plis des la-
melles branchiales, et dans un autre, ces mêmes
corps être engagés dans le canal central. Quel-
ques espèces ont sur le pôle supérieur une petite
palette rétrécie au milieu , et assez souvent colorée
en rouge.
Les particularités propres au tube digestif nous
ont aussi échappé. Nous croyons cependant que
l'anus doit s'ouvrir à l'extrémité opposée à la bou-
che, quoique nous n'ayons pu le mettre hors de
ZOOPHYTES. 4 1
doute .par nos dessins, à l'exception d'un seul
individu que nous avons représenté avec deux
ouverture anales, portées par deux tubes et des-
quelles sort une matière excrémentitielle.
Il est des Béroés qui ne présentent que les huit
principaux vaisseaux que nous avons décrits, mais
il en est d'autres qui joignent à ceux-ci des rami-
fications sans nombre, blanches ou colorées en
rose et en jaune.
La vie semble répandue dans les moindres
parcelles de ces êtres fragiles, que les plus petites-
circonstances brisent : aussi arrive-t-il quelquefois
que la surface de la mer est couverte de leurs
débris, dans lesquels on voit encore les cirrhes
branchiales vibrer et décomposer la lumière en
brillants reflets. Leurs mouvements sont extrême-
ment lents; ils n'ont en partie lieu que par ces
mêmes branchies; car il est rare que le large en-
tonnoir qui forme l'ensemble de l'animal se con-
tracte et renvoie l'eau qu'il contient à la* manière
des Médusaires.
Il n'est pas nécessaire de dire que dans ceux
qui s'allongent en lanières, comme les Cestes, les
organes que nous venons de mentionner suivent
cette disposition; mais alors les deux filaments ré-
tractiles qui sont à la partie supérieure dans les
autres espèces, sortent près de la grande ouver-
ture, qui est toujours centrale; c'est ce qu'on peut
voir dans les Callianires et les Ocyroés.
42 ZOOLOGIE.
Ces animaux paraissent habiter toutes les mers.
Les plus grands et les mieux colorés nous vien-
nent des pays chauds. Quelques espèces se con-
servent assez bien dans la liqueur, quoiqu'il soit
toutefois difficile de pouvoir s'en servir pour les
anatomiser. Il en est d'autres tellement molles
qu'il faut y renoncer, et que pour les prendre
sans les rompre, on est obligé de couler un bocal
dans la mer.
ZOOPHYTES. 43
Genre GALÉOLAIRE — Galeolaria, Lesueur.
Corps gélatineux , résistant , régulier , symé-
trique, subpolygone ou ovale, comprimé sur les
côtés et garni de deux rangs latéraux de cirrhes
extrêmement fines ; une grande ouverture posté-
rieure percée dans une sorte de diaphragme avec
des lobes appendiculaires binaires en dessus, con-
duisant dans une grande cavité à parois muscu-
laires ; un ovaire à la face antérieure supérieure,
sortant par un orifice médian et bilabié. (Bl.)
GALEOLAIRE AUSTRAL.
Galeolaria australis, nob.
PLANCHE 5, FIGURES 3o-3l.
Galeolaria y corpore pyramidale, subcompresso,
gelatinoso , basi truncato , bilabiato, unitentacu-
lato; apertura ampla; lateribus ciliatis.
Nous avions donné le nom de Béroïde à ce
corps, parce qu'il nous semblait faire le passage
44 ZOOLOGIE.
des Ciliogrades aux Diphydes; niais M. de Blain-
ville l'ayant changé en celui de Galéolaire, d'après
des manuscrits de M. Lesueur qui l'aurait ob-
servé le premier , nous ne tenons point à notre
dénomination, et nous adoptons celle de ce der-
nier naturaliste pour simplifier la nomenclature.
Ce genre nous semble du reste avoir beaucoup
d'affinités avec XErsœa de M. Eschscholtz , et
rentrerait alors dans les Diphydes.
Sa forme est celle de la partie postérieure d'une
Diphyde. Elle est pyramidale, subaplatie, pointue
à une extrémité, comme tronquée à l'autre, avec
une grande ouverture donnant dans une cavité
plus large, quia la forme mitrale du corps. Cette
ouverture est pourvue d'une valvule mince et sur-
montée d'une lèvre bifurquée, derrière laquelle,
sur un plan oblique, est un petit appendice ten-
taculaire recourbé, rosé. Les côtés du corps ont
une ligne longitudinale déliée de petites cirrhes
écartées, qui ressemblent un peu à celles des Bé-
roés. Nous n'y avons remarqué aucun des canaux
qui distinguent ces Zoophytes.
Le Galéolaire est de consistance assez ferme, de
couleur blanche; sa longueur est d'environ un
pouce. Il a été pris dans l'océan indien par 36° 3a'
de latitude sud.
D'après la caractéristique du genre, par M. de Blain-
ville, il paraîtrait que les individus qu'a eus M. lie-
sueur avaient plus de parties que n'en offrent
ZOOPHYTES. 45
nos deux espèces, auxquelles il semble en effet
manquer quelque chose.
2. GALÉOLAIRE A QUATRE DENTS.
Galeolaria quadrideniata, nob.
t
PLANCHE 5, FIGURES 32-33.
Galeolaria , pyrqmidali , hyalinà, subcompressa,
basi. truncata ; apertura bilabiata quadridentata.
Cette espèce ne diffère de la précédente que
par le contour de la bouche, qui est entourée de
quatre pointes. La lèvre bifurquéë qui les sur-
monte paraît aussi plus longue. Il n'existait point
d'appendice tentaculaire sur le plan incliné qui
vient après l'ouverture, et s'il y avait de petites
cirrhes sur les côtés du corps, elles étaient telle-
ment déliées que nous n'avons pu les apercevoir.
46 ZOOLOGIE.
PHYSOGRADES, Blainville.
C'est à Forskàl que nous devons la connais-
sance de ces animaux pélagiens dont les formes
sont si singulières et l'organisation si difficile à
saisir. Personne depuis lui n'en avait observé di-
rectement jusqu'à l'expédition des terres australes,
que MM. Péron et Lesueur en représentèrent
deux individus dans leur ouvrage.
Aux Physsophores déjà connus ils ajoutèrent
les genres Stéphanomie et Rhizophyse. Mais nous
n'adoptons point ce dernier génie, fait aux dépens
d'un animal incomplet. Leur Rhizophyse, en effet,
n'est qu'un axe de Physsophore ou mieux de Sté-
phanomie, portant encore sa vessie aérienne, mais
dépouillé de ses ampoules, de ses appendices en
forme de suçoirs et même de ses longs tentacules
en vrilles; ce qui arrive facilement dans ces Zoo-
phytes , ainsi que nous l'avons plusieurs fois ob-
servé; tant est faible l'adhérence des parties qui
viennent se grouper autour de cet axe.
Ce n'est qu'après une comparaison attentive de
ces animaux que nous nous sommes décidé à
ZOOPHYTES. 47
rejeter le genre Rhizophyse et à reporter aux Sté-
phanoinies les individus qui avaient reçu cette
première dénomination, soit dans les Annales des
sciences naturelles (tome X, page 177) ou dans
nos manuscrits , dont s'est servi M. de Blainville
pour son article Zoophyte.
On verra par nos dessins, combien peu les Sté-
phanomies diffèrent des Physsophores et les rap-
ports qui lient les unes aux autres. Leur axe cen-
tral est à peu de chose près le même , et la plupart
portent la bulle hydrostatique qui leur a valu le
nom de Physogrades. Mais comme ces animaux
sont d'une délicatesse et d'une mollesse extrêmes,
un rien les brise et leur fait perdre quelques-
unes de leurs parties; d'où ces lambeaux dont on
a formé des espèces et des genres incomplets.
Ces Zoophytes ne viennent à la surface que
dans les calmes parfaits des mers équatoriales.
Ils s'y maintiennent à l'aide de la bulle d'air placée
au sommet de leur axe radiculaire ; par consé-
quent ils nagent toujours verticalement. Ceux qui
l'ont perdue peuvent encore conserver cette posi-
tion, mais ils prennent plus souvent l'horizontale.
Il est probable qu'ils ont la faculté de vider cet
air pour descendre par le mauvais temps dans des
zones plus calmes. Toutefois, nous n'avons pu les
forcer à nous dévoiler ce mécanisme, soit en les
conservant pendant quelque temps, ou en les tour-
48 ZOOLOGIE.
mentant dans un vase. Lorsqu'ils sont morts et
commencent à se putréfier, la bulle d'air persiste
encore clans la double et résistante membrane qui
la contient.
Toutes les parties de ces êtres n'ont pas la
même vitalité. Les appendices natateurs creux
sont souvent très mobiles et vivent plusieurs
heures, pourvu qu'on renouvelle l'eau. Ceux au
contraire qui sont pleins n'ont point de mou-
vement, ou du moins n'en manifestent que lors-
qu'ils font partie de l'animal complet. L'axe et les
tentacules sont d'une irritabilité extrême, quoique
séparés des autres parties. Nous en avons vu vivre
pendant douze heures sans renouveler l'eau. Ils
s'allongent et se développent prodigieusement ,
pour rentrer brusquement au moindre contact
sous les folioles qui les cachent. Les suçoirs res-
semblent dans leur mouvement continuel à de
petites sangsues.
Ces Zoophytes sont quelquefois incolores dans
toutes leurs parties, et tellement hyalins, qu'on
a de la peine à les apercevoir dans le vase qui les
contient, bien que leur longueur soit souvent de
plusieurs pouces. D'autres brillent des plus élé-
gantes couleurs, auxquelles il faut ajouter la dia-
phanéité que ne peut rendre aucun dessin. Tous
ont ordinairement l'extrémité de leurs cirrhes ten-
taculaires colorée. Leur fragilité est telle qu'on
ZOOPHYTES. 49
est fort heureux lorsqu'ils ne laissent pas , sur le
filet d'étamine qui sert à les prendre, une partie
d'eux-mêmes.
Mis dans un vase convenable , il faut que l'ob-
servateur attende qu'ils veulent bien se dévelop-
per, s'agiter et montrer l'ensemble de leur orga-
nisation, qui est fort compliquée. Nous avouons
avoir éprouvé de grandes difficultés à ce sujet, et
nous laissons sans doute beaucoup à désirer.
Comment cela ne serait-il pas, lorsque sur un
plan peu stable, il faut constamment avoir le vase
d'une main et la loupe de l'autre pour faire tom-
ber sur un animal mobile les rayons de lumière
les plus convenables. Ces animaux ont parfois
des mouvements très-rapides , surtout ceux qui
ont des appendices locomoteurs creux. Il est cu-
rieux de voir comment toutes ces ouvertures,
qui ressemblent à de petites bouches, s'animent
et s'agitent pour concourir à déplacer l'individu.
Nous n'avons point été à même de saisir leur nu-
trition, nous pensons cependant qu'elle a lieu de
la même manière que dans les Physales et chez
certaines Méduses; c'est-à-dire que le plus sou-
vent elle est moléculaire, mais que dans certains
cas de petits animaux peuvent être absorbés par
les suçoirs des individus qui en sont pourvus.
Nous avons remarqué que les ampoules creuses
rejetaient quelquefois une sanie blanchâtre. Se-
Zoologie. t. iv. 4
;>o ZOOLOGIE.
rait-ce une autre voie d'alimentation que la na-
ture aurait donnée à quelques-uns de ces animaux?
Des filets très-déliés qui parcourent ces appen-
dices sont autant de vaisseaux qui les font com-
muniquer avec l'axe commun.
Voici en définitive les parties constituantes des
Physsophores et des Stéphanomies.
i° Un axe central simple ou ramifié, plus ou
moins long , probablement creux , portant le plus
souvent à son extrémité supérieure une ampoule
à double membrane , pourvue d'une ouverture
ciliée. Une seule fois en pressant un de ces glo-
bules, nous en avons fait sortir un appendice ra-
mifié.
i° Des appendices qui simulent des suçoirs de
formes diverses; le plus souvent relégués à la par-
tie supérieure et disposés de manière à paraître
radiaires; ils cachent une vésicule, rarement deux,
renflée en forme d'outre, ayant une ouverture en
rose.
3° Des paquets d'ovules répartis le long de la
chaîne, ou groupés seulement à sa partie supé-
rieure.
4° Des suçoirs et de longs tentacules déliés, ter-
minés par de petits boutons en forme de vrilles.
5° Enfin des appendices creux ou pleins, pla-
ies au sommet de l'axe ou dans sa longueur de
chaque côté, susceptibles de recouvrir toutes les
ZOOPHYTES. 51
parties que nous venons de mentionner. Ce sont
eux qui serviront principalement à caractériser
les espèces.
Elles sont assez constantes clans leurs formes ,
pour que lorsqu'on rencontre une partie princi-
pale isolée (un appendice natateur, par exemple)
qui diffère de celles qui sont connues, on peut à
coup sur la considérer comme appartenant à une
espèce nouvelle. D'autres fois on ne trouve qu'un
axe. avec ses tentacules, ses ovaires et même ses
suçoirs, vivant et s'agitant dans l'eau. Ici les carac-
tères sont un peu moins sûrs pour dire s'ils ap-
partiennent à un animal nouveau, parce qu'on
peut voir par nos figures, qu'il est plusieurs de
ces organes qui se ressemblent, et que par eux
seuls on ne peut point déduire la forme des
appendices locomoteurs , et s'ils sont pleins ou
creux.
Les Pli\ sales font naturellement partie de cette
famille, et s'il n'est pas démontré qu'elles doi-
vent appartenir aux Mollusques, c'est après les
Physsophores qu'il faudra les mettre , comme
nous paraissant avoir une organisation un peu
moins compliquée. Le défaut, de place nous em-
pêche de donner un grand dessin de Physale,
comme étude que nous avons faite avec toutes
l'attention qu'il nous a été possible d'y mettre.
Les tentacules de cet individu n'avaient pas moins
4*
52 ZOOLOGIE.
de quinze à vingt pieds de longueur, et toutes ses
parties étaient parfaitement développées. Ayant
observé un assez grand nombre de ces animaux
de tous les âges , nous serions disposé à croire
qu'il n'en existe que deux espèces , dont l'une plus
grande , qu'on peut appeler Commune ou Atlan-
tique, parce qu'elle abonde dans cet Océan, et
l'autre plus petite, à crête à peine colorée, qu'on
rencontre dans les mers du Sud.
ZOOPHYTES. 53
Genre PHYSSOPHORE. — Phjssophora, F.
Animal gélatineux libre, cylindroïde, ayant un
axe central plus ou moins long, surmonté d'une
bulle d'air percée d'un trou au sommet; des corps
vésiculeux creux, natateurs; au dessous des appen-
dices coniques en forme de suçoirs, entourant
une ampoule à ouverture plus ou moins radiée;
des appendices tentaculaires cirrhifères *.
i. PHYSSOPHORE BLANCHE.
Phjssophora alba, nob.
PLANCHE I , FIGURES 1-9.
Phjssophora , corpore ovato-globoso , kjcùlino;
filamentis , extremitate rubris ; arnpùllis globosis
antice jurcatls; cirrhis apice ovatis , vesiculosis.
* Le genre Cupulite du Voyage de YUranie, pi. 86, fig. i5-i6, que
nous n'observâmes pas par nous-même , nous paraît être une Physso-
phore incomplète. On pourrait concevoir aussi cependant que ce tût une
Stéplianomie à organes natateurs creux.
54 ZOOLOGIE.
Cette espèce en bon état de conservation n'a que
trois pouces de longueur totale. Son axe et sa
vessie natatoire sont fort courts; cette dernière
est ovalaire, villeuse et couleur de laque à son
sommet. Elle est presque enveloppée par cinq am-
poules qui demandent une description particulière,
parce que leur forme, ainsi que celle de l'extré-
mité des tentacules, est un bon caractère pour
arriver à la connaissance des espèces.
Dans celle qui nous occupe, ces corps natateurs
sont ovalaires, subaplatis, bifurques en avant,
légèrement écbancrés en arrière et pourvus d'une
ouverture valvulaire quadrilatère, donnant dans
une cavité façonnée en gourde, striée par trois
vaisseaux. Dans l'eau ces ampoules paraissent grou-
pées d'une manière radiaire autour de l'axe, quoi-
qu'elles puissent réellement être placées symétri-
quement de cbaque coté. Cette opinion est celle
de M. de Blainville; nous ne sommes point éloi-
gné de la partager, malgré les apparences contrai-
res, parce qu'elle se rattache à des principes d'or-
ganisation sur ces animaux, que nous représentons
tels que nous les avons dessinés.
Au dessous des ampoules sont des appendices
encore plus pressés entre eux, allongés, cylindri-
ques, pointus et recourbés, sans ouverture à leur
extrémité, bien qu'ils paraissent creux : on y re-
marque un corps rouge et une strie ondulée dans
le sens de la longueur. En les arrachant de l'axe
ZOOPHYTES. 55
on voit qu'ils y tiennent par un long filament.
On ne peut pas considérer ces corps comme des
suçoirs. Au milieu d'eux est une ampoule renflée
en massue ayant une ouverture fort petite étoilée
à huit rayons. D'après M. de Blainville, qui place
la bouche à l'extrémité aérienne et opposée, ce
devrait être l'orifice anal. Mais nous allons voir
bientôt une autre Physsophore en avoir deux.
Des côtés de l'axe partent deux tentacules très-
rétractiles, qui donnent naissance de chaque côté
de leur tige à des filaments terminés par un bou-
ton ovalaire, membraneux, enveloppant un corps
rouge strié en vis. Ces appendices varient dans
chaque espèce ; leur axe offre dans son intérieur
des plaques d'un blanc mat, régulièrement es-
pacées.
Les parties que nous venons de décrire étaient
douées pour la plupart d'une grande irritabilité ;
surtout les ampoules qui s'agitaient et pirouet-
taient dans tous les sens, même après être déta-
chées du corps.
Cette Physsophore a été prise par M. le capi-
taine d'Urville dans l'océan Atlantique , en août
18.26, par 3o° de latitude sud et i5° longitude O.
56 ZOOLOGIE.
2. PHYSSOPHORE INTERMÉDIAIRE.
Physsophora intermedia, nob.
PLANCHE I , FIGURES IO-l8.
Physsophora, corpore ovàto , crasso, hyalino ;
ampullîs transverse bicornibus; appendicibus cylin-
draceis atque triangularibus ; tentaculis apice bi-
capiUatis.
Cette espèce offre cela de remarquable qu'ayant
au-dessous de ses ampoules des appendices cylin-
driques, et d'autres aplatis et triangulaires, mé-
langés, elle semble faire le passage des Physso-
phores aux Stéphanomies , d'où nous lui avons
donné le nom d'Intermédiaire.
Sa vessie d'air est oblongue, rouge à sa pointe;
ses ampoules locomotrices sont transverses, bilo-
bées, cornues en arrière; leur cavité a la forme
d'une mailloche.
Ce mélange de deux sortes d'appendices pleins
semble bien indiquer que ce ne sont point des
suçoirs. Ils embrassent la tige, qui est très-courte,
et recouvrent en partie deux ampoules allongées
différemment renflées par le bout, qui est percé
et crispé : elles sont d'un rouge doré. Deux tiges
ZOOPHYTES. 57
tentaculaires assez longues fournissent sur un
seul de leur coté, des filaments terminés par un
bouton olivaire bifurqué, recouvert d'une spirale
rouge. Le reste de l'animal est incolore. Il a été
pris dans l'océan Atlantique par 70 de latitude nord
en février 1829.
Pour ne rien négliger de ce qui peut éclairer l'his-
toire de ces animaux, nous dirons qu'à la même
époque nous trouvâmes, dans le filet placé der-
rière le navire, des tiges de Physsophore dépouil-
lées de leurs parties accessoires. L'une d'elles nous
a montré en pressant sa vésicule hydrostatique,
un appendice digité que nous représentons dans
cette même planche I, sans en tirer aucune induc-
tion. Comme cela s'est passé presque au moment de
notre retour en France, nous n'avons point eu
occasion de renouveler nos observations.
3. PHYSSOPHORE AUSTRALE.
Physsophora australis, nob.
PLANCHE I, FIGURES IQ-2I.
Pliyssophora, vcsica, (tarifera, elongata, levi,
acuta, rubra; vesiculis latetibus cordiformilms ,
postice obtuse bilobatis.
58 ZOOLOGIE.
Quoique nous n'ayons eu de cet individu qu'une
portion de sa tige et quelques ampoules, nous
n'avons point hésité, d'après les principes ci-dessus,
à en faire une espèce, parce que ces ampoules
étudiées avec soin nous ont paru différer de celles
que nous connaissons. Elles sont cordiformes, bi-
lobées, cornues en arrière; chaque lobe est obtus.
En avant elles s'allongent un peu et sont coupées
carrément. Ces caractères les font un peu ressem-
bler à celles de la Physsophore intermédiaire;
mais elles en diffèrent par leur cavité qui, au lieu
d'être en marteau , a une forme trilobée. De plus,
la face inférieure de ces corps locomoteurs offre
trois mamelons. Des vaisseaux très-déliés les par-
courent ; l'un deux part du fond et se porte dans
l'axe central, qui paraissait avoir une assez grande
longueur.
La vessie aérostatique est très-longue, pointue,
lisse, rosée, couleur de laque à son extrémité avec
une petite tache noire. Les autres parties sont
transparentes, à l'exception de la cavité des am-
poules, qui est jaunâtre. Dans cet individu, qui
provient de l'océan Austral , ces organes sont évi-
demment pairs.
ZGOPHYTES. 59
!k. PHYSSOPHORE DISCOÏDE.
Physsophora discoidea , nob.
(Genre Rhodophyse de Blainville. )
PLANCHE I , FIGURES "l'I-l^.
P//}ssoj)//ora, corpore piano, discoideo, desuper
pedicidato , al ho et l'oseo variegato, ovariis circum-
dato ; plurinùs tentacalis,
Il manque probablement quelques parties à
cette Physsophore, dont la forme singulière diffère
de celles que nous venons de décrire. Elle pour-
rait facilement être prise pour une Médusaire,
sans la bulle d'air qui la caractérise. Elle ressem-
ble au plateau d'un Electrophore. De sa partie su-
périeure s'élève un assez long pédicule qui en
représente le manche ; il est terminé par une am-
poule aérifère : peut-être devait-il être pourvu de
vésicules locomotrices. Quoiqu'il en soit, la dispo-
sition évidemment radiaire de cet axe le rend très
remarquable. Du pourtour du disque et en dessous
pendent une douzaine d'appendices floconneux,
légèrement rosés, composés de petits globules se
GO ZOOLOGIE.
tenant les uns les autres. Ce sont probablement
des groupes d'ovaires. De la ligne médiane sortent
trois ou quatre appendices, transversalement striés,
qui ne dépassent point ordinairement les ovaires
du contour; ils sont très-rétractiles. Nous les con-
sidérons cependant moins comme de vrais tenta-
cules que comme des divisions de la tige, ainsi
que cela se voit dans les Stéphanomies.
La sommité de ce Zoophyte est rougeâtre, les
ovaires sont mélangés de jaune et de rose; le
reste est blanc. Quoique nous soyons assez sûr
de l'exactitude de notre dessin pour ce qui con-
cerne les formes extérieures , nous avouons
cependant que nous n'avons pas assez porté d'at-
tention dans la disposition des détails de ce sin-
gulier corps, qui a de certains rapports avec la
Méduse, figurée dans l'Encyclopédie méthodique
(pi. 92, fig. i57 7e livraison, Vers), laquelle a été
prise dans l'ouvrage deSlabber, et nommée depuis
Obélie Sphéruline par M. de Blainville.
Ce Zoophyte a été pris dans la Méditerranée, à
l'entrée du détroit de Gibraltar. Il est représenté
grossi.
ZOOPHYÏES. (il
Genre STÊVHANOMIE.— S/ cj)/itt/wmia , P. et L.
Animal libre, gélatineux, ayant un axe central,
une vessie aérienne au sommet, des folioles nata-
toires symétriques, pleines ou creuses le long de
la tige, des tentacules, des vrilles, des suçoirs et
des ovaires.
D'après les diverses espèces que nous avons re-
cueillies, nous divisons ces Zoophytes ainsi qu'il
suit.
A. Axe très-court portant un petit nombre d'ap-
pendices natateurs pleins.
B. Axe plus allongé avec un grand nombre d'ap-
pendices également pleins.
C. Axe allongé avec appendices creux en forme
d'ampoules.
Quoique nos figures de Stéphanomie contien-
nent un grand nombre de détails , il en est cepen-
dant qui nous ont échappé ou sur lesquels nous
n'avons pas assez fixé notre attention. Tout ce
qui est relatif à la nutrition, à la génération , nous
est inconnu. Nous n'avons pas toujours pu bien
62 ZOOLOGIE.
saisir la manière dont les nombreux et divers ap-
pendices se groupaient sur leur tige. Les plus
extérieurs, ceux qui servent en général à la loco-
motion , sont évidemment symétriques , imbri-
qués; et s'ils ont une apparence d'être radiaires, en
spirale, cela tient à la torsion de l'axe sur lui-
même dans le sens de sa longueur.
Nous le répétons encore, croyant, au début
de notre voyage, que les Rhizophyses de Pérou
étaient des animaux distincts, nous leur avions
donné le nom qui appartient aux Stéphanomies,
cherchant toujours ces dernières d'après le type
considérablement embelli de l'atlas du Voyage aux
terres australes *.
* Notre Stéphanomie lisse, du Voyage de ÏUranie, pi. 86, n'ayant
pas été dessinée par nous, est un Zoophyle très-incomplet dans plusieurs
de ses parties.
ZOOPHYTES. 63
A. Axe très -court, portant un petit nombre
d'appendices natateurs pleins.
( Genre Rhodophyse de Blainville. )
i. STÉPHANOM1E HÉLIANTHE.
Stephanomia Helianthus, nob.
PLANCHE 2 , FIGURES 1-6.
Stephanomia , ovata ; appetidicïbus longis , sub-
cjlindraceis , recurvatis; tèntaculis rubris apice
tpifidis.
•
Cette espèce tient réellement plus aux Physso-
phores qu'aux Stéphanomies, et il ne lui manque
que des ampoules pour appartenir au premier de
ces genres; mais il est évident que la place leur
manque et qu'on ne peut pas dire qu'elles sont
tombées. Ainsi on voit combien ces distinctions
artificielles de genres sont souvent difficiles à éta-
blir.
M. de Blainville (tome LX, page i i3du Diction-
naire des sciences naturelles) a élevé des doutes
sur la disposition radiaire des folioles de ce Zoo-
64 ZOOLOGIE.
phyte. Malheureusement nous ne pouvons pas re-
venir sur ce que nous avons fait dans le cas où
nous nous serions trompé, car notre dessin était-il
à peine achevé que tous ces corps étaient désa-
grégés. Mais nous nous souvenons très-bien que
dans l'eau ils s'étalaient en roue, ce qui ne vou-
drait pas tout-à-fait dire qu'ils fussent placés en
verticille sur leur tige. Hors du fluide ils se grou-
paient de la manière dont nous les avons repré-
sentés : nous laissons à d'autres le soin d'éclaircir
ce sujet.
Quoiqu'il en soit, cette jolie espèce est globu-
leuse, ovalaire ; son axe très-court, à plusieurs di-
visions, est surmonté d'une grosse vésicule lisse,
couleur de carmin. C'est sous son cou rétréci que
se groupent de nombreux appendices recourbés,
étroits, subaplatis, pointus à leur extrémité avec
une strie longitudinale dans leur milieu. -Ils sont
tellement transparents qu'on a de la peine à les
apercevoir. Lorsqu'ils retombent le long de leur
tige, ils donnent au Zoophyte l'aspect d'un petit
melon à côtes. Sous les ramifications de l'axe, et
au milieu d'un paquet oviforme jaunâtre, est une
large ampoule à goulot évasé, qui ressemble à un
suçoir ; sa base est recouverte par des espèces de
petites franges. Du milieu de tous ces corps sortent
quatre longs tentacules blancs, ponctués d'une
teinte plus niatte. Ils paraissent creux et donnent
attache, d'un seul côté, à de petits boutons pédi-
ZOOPHYTES. 65
culés, de forme cylindrique, trifides à leur pointe
et recouverts d'un petit ruban rouge en spirale.
Après la désunion des parties de cet animal,
les tentacules vivent encore très-long-temps. Douze
heures après cette séparation, on les voyait ré-
tracter lorsqu'on touchait seulement le vase qui les
contenait.
Cette Stéphanomie a été prise dans la Méditer-
ranée, sous Gibraltar, par M. le capitaine D'Urville.
C'est peut-être celle que Forskàl a voulu rendre
dans le dessin peu reconnaissable qu'il a donné
planche 43, figures B b, et qui a été reproduit
dans l'Encyclopédie méthodique , planche 89, fi-
gures 10-11.
2. STÉPHA.NOMIE MELON.
Stephanomia Meh , nob.
PLANCHE 2, FIGURES 7-I2.
Stephanomia , g/obosa, costata , perlucida ; ap-
pendicibus cardia ginosis , crassis, ovatis , desuper
ruçosis; vesica semirubra , échina ta.
Cette espèce est une des plus élégantes que
nous ayons vues. Elle est remarquable par sa
Zoologie, t. iv. 5
60 ZOOLOGIE.
forme sphéroïdale et par celle de chacun de ses
appendices, qui sont épais, très-résistants, transpa-
rents comme du cristal , ovalaires, en forme d'aile,
avec un renflement à la partie supérieure, qui
sert de moyen d'union avec la tige. Un de ces
corps vu de face ressemble à une côte de melon
ou mieux encore à l'élytre rugueux de quelques
Buprestes. Ces inégalités sont produites par de
petites éminences longitudinales , régulièrement
disposées sur six ou sept rangs. L'individu que
nous avons possédé n'avait que deux de ces or-
ganes placés symétriquement; mais tout indique
qu'ils doivent être en plus grand nombre et donner
à ce Zoophyte l'aspect du précédent, ce que nous
avons essayé de rendre dans une de nos figures.
L'ampoule d'air est volumineuse, arrondie, épi-
neuse, rouge de laque en dessus, verdâtre en des-
sous et presque enfoncée entre les appendices. 11
y a, comme dans l'espèce précédente, des tenta-
cules en boutons trifldes, d'autres contournés en
tire-bouchon, et de plus des sortes de suçoirs
allongés, dont l'extrémité est évasée et découpée.
Les ovaires sont mélangés de jaune et de carmin.
Cette Stéphanomie , dont le diamètre est d'un
à deux pouces, en a trois ou quatre de longueur.
Elle fut prise à l'entrée du détroit de Gibraltar,
par M. D'Urville.
ZOOPHYTES. 67
3. STÉPHANOMIE HIPPOPODE.
Stephanomia hippopoda , nob.
(Genre Protomédée de M. de Blainville.)
Gleba excelsa, Otto.
PLANCHE 2 , FIGURES l3-2I.
Stephanomia, corpore ovato , cylindraceo, hyct-
lino ; appendicibus imbricatis , sùborhiculatis , con-
cavis , vah'iilatis ; tentaculis longis ; ovarïis luteis.
Lorsque nous découvrîmes ce Zoophyte, nous
en fîmes le genre Hippopode, mais ayant rencon-
tré depuis plusieurs Stéphanomies, nous avons
vu qu'il appartenait réellement à ce groupe, dont
il ne forme qu'une division.
Cette espèce a l'aspect d'un petit cône d'un pouce
de longueur, formé de sept à huit appendices lo-
comoteurs , imbriqués sur deux rangs d'une ma-
nière alterne, dont les plus gros sont les plus infé-
rieurs; ils sont groupés sur une tige commune,
assez longue, ramifiée, prenant son point de départ
d'un des premiers appendices auquel elle est fixée.
M. Lesueur dit y avoir vu une bulle d'air , comme
08 ZOOLOGIE.
dans les espèces précédentes; nous avons bien
aperçu une fois de l'air, mais il paraissait répandu
au sommet de ces corps, sans être contenu dans
une ampoule spéciale.
La forme dont se rapprochent le plus ces
organes natateurs est celle du sabot d'un cheval.
La face que nous nommerons inférieure, d'a-
près la position la plus naturelle, est concave
avec quatre petites pointes en cercle au milieu ,
servant de moyen d'union entre les individus. A
la base de ces pointes est une valvule semi lunaire
d'une ligne de largeur, à peine visible hors de l'eau;
c'est elle qui par ses contractions détermine la
locomotion. L'extrémité interne de ces corps pré-
sente une échancrure qui, réunie à l'opposée,
forme un canal central , par lequel rentrent et sor-
tent les tentacules. La face supérieure est égale-
ment concave pour recevoir celle qui lui corres-
pond.
Tous ces appendices sont résistants , translu-
cides, d'un aspect opalin, croissant de volume de
haut en bas. Ceux qui terminent le sommet sont
plus arrondis et beaucoup plus petits. Par leur
forme concave et valvulaire, ils sont intermédiaires
entre les espèces qui les ont pleins , et celles qui
les ont creusés en ampoule.
Les tentacules grêles, déliés, au nombre de six,
peuvent avoir, dans leur plus grande extension,
huit pouces de longueur: ils sont garnis sur un
ZOOPHYTJES. 69
de leurs côtés seulement de vésicules oviières, iso-
lées, jaunes, à la base desquelles est attaché un
filament en vrille. Il y a dans notre dessin un
suçoir isolé, le texte ne parle pas de la place qu'il
pouvait occuper.
Les individus que nous avons rencontrés n'a-
vaient pas plus de dix folioles; cependant on peut
concevoir ce nombre plus considérable. L'animal
se meut horizontalement lorsque ses tentacules
sont rentrés, et verticalement quand ils sont
sortis. Ce mécanisme s'opère à l'aide des valvules
dont nous venons de parler; il n'est pas nécessaire
que toutes agissent, une seule suffit pour produire
le déplacement. Dans la désassociation des parties
elles se meuvent encore quelque temps. Les ten-
tacules sont les derniers à donner des signes de
vie.
Nous avons quelquefois trouvé de ces Stépha-
nomies avec deux ou trois folioles seulement, aux-
quelles tenaient la tige et les filaments tentacu-
laires.
Celle-ci a été prise dans la Méditerranée, à l'en-
trée du détroit de Gibraltar. On la rencontre
aussi dans d'autres lieux.
C'est sur une de ses folioles isolée qu'a été
fait le genre Gleba de l'Encyclopédie, adopté depuis
par M. Otto.
70 ZOOLOGIE.
B. Axe plus allongé, avec un grand nombre
d'appendices natateurs pleins .
4. STEPHANOMIE TRIANGULAIRE.
Stephanomia triangularis , nob.
PLANCHE 3 , FIGURES 1-Ji
Stephanomia, elongata, cjlindracea, alba; ap-
pendiciùus foliatis , crassis , triangularibus , quater
emarginatis; tentaculis apice rubris tnfidis.
L'ensemble de l'animal forme un cylindre de
sept à huit pouces de longueur. Sa bulle d'air est
fort petite; ses appendices en grand nombre sont
foliacés, courts, <*pais, triangulaires, pointus au
sommet de l'angle, taillés à quatre facettes con-
caves à la base, avec une arête au milieu. Ces
corps se groupent en spirale autour de l'axe, en
se supportant les uns les autres; ils y sont très-peu
adhérents. La tige est couverte dans toute son éten-
* Notre genre Polytome, du Voyage de l'Uranie , pi. 86, fig. i2-i3,
n'est qu'une Stéphanomie de cette division, ramassée en boule, et qui
ne se sera pas développée. C'est cependant une espèce nouvelle, re-
marquable par la petitesse des organes locomoteurs.
ZOOPHYTES. 7 1
due de grappes d'ovaires, de suçoirs dont quel-
ques-uns sont renflés en ampoule, de tentacules
déliés, terminés par des boutons rougeâtres trilobés.
Le reste de ce Zoophyte, qui prend quelquefois
la forme d'un œuf, est blanc. Il serait facile d'en
donner une idée, en l'imitant avec des morceaux
de verre limpide. On peut très-bien le conserver
dans l'esprit-de-vin.
Il a été pris dans l'océan Atlantique, aux envi-
ions du cap Vert.
5. STÉPHANOMIE IMBRIQUÉE.
Stephnnomia imbricata , nob.
PLANCHE 3, FIGURES l3-l5.
Stephanomia, elongato-cylindracea , alba ; ap-
pendicibus crassis , triangularibus, bimarginatis ;
tentaculis apice vesiculosis , rubris.
Si cette espèce n'avait pas été indiquée sous le
nom d'Imbriquée dans l'ouvrage de M. de Bla in-
ville, nous lui aurions substitué celui de Bimar-
ginée, qui lui conviendrait mieux par la forme de
72 ZOOLOGIF.
ses folioles, qui sont triangulaires, pointues à l'ex-
trémité adhérente, et doublement échancrées à
celle qui est libre, de manière à représenter un
écusson. Ces appendices sont blancs, épais, serrés,
et imbriqués entre eux.
La tige qui était privée de sa vessie d'air , avait
des ovaires en grappes, de petits suçoirs cylin-
driques terminés par trois pointes, et des tenta-
cules susceptibles de prendre beaucoup d'exten-
sion. Il partait de ces derniers , et d'un côté
seulement, de petits boutons pédicules enveloppés
d'une spirale rouge, ayant deux pointes de la
même couleur, recouverte d'une membrane trans-
parente. La tige d'où sortent ces appendices est
marquée de petits carreaux blancs.
Cette Stéphanomie, dont il ne restait que deux
à trois pouces, et évidemment tronquée, a été
prise sur les côtes de la Nouvelle-Zélande, dans le
mois de février 1827.
ZOOPHYTES. 73
6. STEPHANOMIE HEPTACA.NTHE.
Stephanomia heptacantha , nob.
PLANCHE 3, FIGURES l6-l8.
Stephanomia , cylindrica , alba ; appendicibus
crassis, cordiformibus , quater limbo marginatis ,
septem apicibus distinctis ; haustellis tubulosis.
Nous ferons pour cette espèce la même obser-
vation que pour la précédente, c'est-à-dire, qu'elle
était privée de la partie supérieure où devait se
trouver la vessie aérifère*.Nousne savons pas non
plus quelle forme avait l'extrémité de ses tenta-
cules; mais celle de ses appendices latéraux suffit
pour la caractériser comme nouvelle et différente
des Stéphanomies précédentes. En effet ces appen-
dices sont élargis, cordiformes, arrondis dans leur
bord libre, lequel présente quatre facettes obliques
séparées par sept petites pointes bien distinctes,
d'où nous avons tiré le nom de ce Zoophyte,
' Nous ferons observer que si c'est la bouche qui est à l'extrémité de
cette vésicule, elle n'est pas d'une utilité indispensable à ranimai, qui
peut, comme on le voit, vivre sans elle.
74 ZOOLOGIE.
L'axe a des ovaires et deux sortes de suçoirs;
les uns simples, un peu tortillés, n'en ont que
l'apparence, tandis que les autres sont en forme
d'olive allongée, à canal étroit avec une ouverture
terminale.
Cette espèce provient des Moluques.
7. STÉPHANOMK FOLIACÉE.
Stephanomia foliacea , nob.
PLANCHE 3, FIGURES 8-12.
Stephanomia , elongata, cylindracea; apperuk-
cibus foliaceis , ovalïbus , medio appendiculâtis ;
teniaculis contùriis, albis et rubris; haustellis cam-
panulatis.
Cette espèce est susceptible d'atteindre une
grande longueur , si on en juge par la quantité
de débris séparés que nous trouvions en même
temps que des individus presque entiers. Nous
ne connaissons point la forme de la vessie
hydrostatique. Les appendices ressemblent à des
zoophytp:s. 75
feuilles ovalaires légèrement bombées en dehors,
munies d'une languette triangulaire en dedans, à
l'aide de laquelle ces corps se fixent sur leur axe.
Ce mode d'union est facilité par un tube court,
qui est quelquefois garni de vrilles et de faux
suçoirs. Ces folioles se recouvrent en partie les
unes les autres. Elles n'ont pas toutes la même
forme. Quelques-unes sont plus courtes ou plus
élargies, et ont leur languette déviée d'un côté
ou de l'autre, pour s'accommoder à la forme géné-
rale. Cette disposition n'est point seulement pro-
pre à cette espèce, elle existe également pour
celles que nous venons de décrire.
La tige est chargée de vrilles rouges et blanches,
de corps cylindriques qui ressemblent à des su-
çoirs, bien qu'ils n'aient pas d'ouvertures, enfin
de longues campanules pédiculées, comme arti-
culées dans leur point d'insertion, laissant sortir
de leur ouverture tronquée une sorte de petit bat-
tant. On remarquait, à l'extrémité supérieure de
l'axe, un gros et long suçoir creux à extrémité
rebordée en trompette et différent des autres.
Cette Stéphanomie provient de la. partie nord
de la Nouvelle-Guinée.
76 ZOOLOGIE.
C. Axe allongé, avec appendices creux en
FORME D'AMPOULE.
8. STEPHANOMIE RUCHE.
Stephanomia alveolata,
PLANCHE 3, FIGURES I9"23.
Stephanomia, oya$o-elongata} alveiformi, hya-
lina ; appendicibus subplanis , cuneiformibus , vesi-
culosis , marginatis.
L'ensemble de cette espèce a deux pouces de
long sur un pouce de large dans son plus grand
diamètre ; c'est une sorte de cylindre à facettes ,
arrondi par le haut, avec une ampoule aérifère
en forme de manche , ce qui donne à ce Zoo-
phyte l'aspect d'une petite ruche.
Les appendices sont serrés autour de l'axe, de
manière à former un tout continu et non lâche
comme dans quelques individus précédemment
décrits; ils sont aplatis, subtriangulaires, coupés
net à leur pointe , qui est extérieure , échancrés
à leur base , de manière à former un trou rond
ZOOPHYTES. 77
avec celui du coté opposé. Chaque côté a deux
petites facettes. L'intérieur est creusé d'une large
cavité subcordiforme, pourvue d'une valvule et
s'ouvrant à la pointe du triangle. Ces corps nata-
teurs sont d'autant plus grands qu'ils sont plus
inférieurs. Les supérieurs diminuent de volume
en formant une calotte sphérique ; ils laissent au
milieu d'eux un canal par lequel sort la tige , qui
est ramifiée et garnie d'ovaires. Nous n'avons pu
nous assurer de la forme des tentacules.
L'ensemble de cet animal est résistant, coriace
et parfaitement transparent; la vessie seule est
rouge à son extrémité. Les ampoules désunies
vécurent assez long-temps en nageant avec vitesse.
On voit que cette espèce , par la forme de ses
appendices creux, se rapproche beaucoup des
Physsophores proprement dits; elle provient de
l'océan Atlantique, non loin du cap Vert.
D'après ce que nous avons dit dans nos consi-
dérations sur les Physogrades, nous nous permet-
trons de signaler ici , comme devant appartenir à
des espèces distinctes de Stéphanomies, des am-
poules locomotrices, trouvées isolément et séparées
de leur axe. Nous appellerons la première :
78 ZOOLOGIE.
9. STÉPHANOMIE EN TOIT.
Stephdnomia Tectum, noh.
PLANCHE 2 , FIGURE 2.6.
Remarquable par sa grandeur et sa forme tri-
angulaire , aplatie, taillée en toit, fortement échan-
crée. Le sommet du triangle où se trouve l'ouver-
ture est coupé carrément ; la cavité est vaste ,
cordiforme; ses parois sont parcourues par des
vaisseaux déliés qui se coupent en croix.
Habite les environs des iles du cap Vert.
ZOOPHYTES. 7(J
10. STEPHANOMIE A VRILLES.
Stephanomia cirr/iosa, nob.
PLA.NCHE 2 , FIGURES 22-25.
Ici , c'est un axe que nous avons étudié encore
vivant , non loin duquel nous prîmes en même
temps des ampoules que nous croyons lui appar-
tenir , sans positivement l'assurer ; aussi n'atta-
chons-nous que fort peu d'importance à ces
observations, que nous nous bornons à indiquer
pour mettre les voyageurs naturalistes sur la voie
de les compléter un jour.
La tige de cette Stéphanomie diffère de celles
que nous avons décrites jusqu'ici par de longs
suçoirs, évasés en trompette, étranglés dans leur
milieu , qui est garni de franges et de vrilles rouges.
Indépendamment de ceux-ci à forme compli-
quée , il en existe de simples, courts, en ampoule.
Des vrilles blanches , des ovaires , sont placés le
long de la tige, d'une manière que nous n'avons
peut-être pas assez bien précisée.
Les appendices locomoteurs , indiqués plus
haut, sont aplatis, triangulaires, plus ou moins
80 ZOOLOGIE.
pointus. C'est du côté de leur base , fort élargie >
qu'est l'ouverture, assez étroite, donnant dans
une cavité médiocre , surbaissée , étendue trans-
versalement.
Habite la Méditerranée.
Une de ces ampoules a été trouvée près du cap
Vert.
ZOOPHYTES. 81
DIPHYDES*.
Animal libre, nageant, hyalin, coriace, formé
de deux parties, rarement de trois, réunies à la
suite l'une deTautre, diversiformes , creuses, l'an-
térieure nucléale, portant des ovaires et des suçoirs.
Quelques jours de contrariété à l'ouverture du
détroit de Gibraltar, à notre départ de France, nous
facilitèrent l'étude de ces singuliers animaux, et
nous mirent à portée d'en faire connaître plusieurs
espèces nouvelles, dans un mémoire inséré dans le
tome X des Annales des Sciences naturelles. En
ayant rencontré d'autres pendant notre voyage,
nous les reproduisons toutes ici , en convenant que
les genres que nous avons formés ne doivent être
considérés que comme des divisions de cette fa-
mille, dont les individus ne diffèrent réellement
* Lorsque M. de Blaiflville fit paraître son article Zoophytes du Diction
naire des Sciences naturelles , il ne connaissait malheureusement pas
l'excellent ouvrage, sur les Aealèphes , de M. le professeur Eschscholtz, de
Dorpat, naturaliste fort habile, qui avait déjà fait quelques-unes de nos
découvertes dans la famille des Diphydes, et leur avait imposé des noms
particuliers. M. de Blainville s'est servi de ceux que nous avons donnés à
ces Zoophytes. Mais tout en accordant la priorité au naturalisterusse, nous
conservons en partie les dénominations du professeur de Paris, pour ne pas
nuire à une classification déjà reçue et adoptée en France.
Zoologie, t. iv. 0
82 ZOOLOGIE.
que par les formes extérieures. 11 en est toutefois
qui demandent à être étudiés de nouveau avec
beaucoup de soin , dont toutes les parties ne nous
ont pas paru complètes ou qui en ont plus de
deux; ce que ne présentent jamais les vraies Di-
phves, qui servent de type au genre.
Nous convenons qu'avec les dessins les mieux
faits il est quelquefois difficile de se faire une idée
de ces animaux , qu'il faut réellement voir en
nature. Heureusement que leur substance est assez
coriace et assez résistante pour pouvoir être con-
servée dans la liqueur. Leurs appendices tentacu-
laires seuls s'altèrent et ne sont plus reconnais-
sablés .
Dans quelques espèces, un gros suçoir peut
bien être pris, jusqu'à un certain point, pour un
orifice buccal; mais il en est d'autres, et cela dans
les plus grandes , où il ne nous a pas été possible
de reconnaître d'organe central de digestion ; à
moins que certaines parties creuses qui servent
à la locomotion n'en tiennent lieu. Là où il existe
un long tube, garni de suçoirs, d'ovaires et de
tentacules, on peut supposer que la nutrition
s'opère en partie par quelques-uns de ces organes.
Nous n'avons rien pu saisir de relatif à la géné-
ration , et ce n'est que par induction que nous
supposons que de petits corps ronds ou allongés
sont des ovaires.
ZOOPHYTES. 83
A. Espèces dont la partie antérieure a deux
CAVITÉS DISTINCTES.
i . D1PHYE BORY.
Diphyes Bory, nob.
•
PLANCHE 4 j FIGURES 1-6.
D.iphjeSypartibus œqualibus, mitratis, hyalin is ;
aperturis cfentatis ; haustellis, inter se campanulis
basi tectis.
M. Bory Saint-Vincent est le premier qui, dans
son voyage de l'Ile-de-France, a fait connaître ce
Zoophyte, sons le nom de Biphore biparti, auquel
M. Cuvier substitua celui plus exact de Diphye;
car ce n'était pas un Biphore proprement dit.
Bientôt après M. Tilésiusen donna aussi une figure
dans l'ouvras, e de M. deRrusenstern. Mais toutes
deux, quoique donnant une idée de l'animal, ne le
caractérisent pas assez bien, surtout dans les dé-
tails de ses deux parties, qu'il ne faut point re-
présenter comme pouvant s'isoler à volonté. Le
dessin que nous en avons donné dans l'atlas zoo-
6»
84 ZOOLOGIE.
logique du Voyage de l'Uranie, n'ayant pas été fait
par nous-même, est également défectueux. Nous
avons donc cherché à étudier avec tout le soin
possible ce singulier animal, qui a donné son nom
à toute la famille.
On ne le trouve en général que dans la haute
mer et dans presque toutes celles des pays chauds.
De petits individus, d'une forme un peu plus
allongée, que nous prenions pour le jeune âge,
pourraient bien être une espèce distincte à ajou-
ter aux deux qu'a fait connaître M..Eschscholtz
sous le nom ftangustata et appeniliculuta. Les
deux parties qui composent ce Zoophyte sont à
peu près égales en volume et se ressemblent
même jusqu'à un certain point. Elles sont co-
riaces et tellement diaphanes qu'on ne les aper-
çoit quelquefois pas dans le bocal qui les contient,
si leur chaîne de suçoirs n'est pas colorée. La
pyramide que forme le corps antérieur est com-
primée, à cinq côtés. Les deux ouvertures de sa
base conduisent dans deux cavités cylindriques,
presque accolées l'une à l'autre , dont l'inférieure
est un peu plus grande. Elles se rétrécissent brus-
quement en s'arrondissant et finissent par deux
canaux filiformes qui vont se terminer à la pointe
de la pyramide, sans que par de nombreuses ob-
servations à la loupe, nous puissions dire s'ils
s'ouvrent au dehors. Dans quelques individus ce
sommet est comme étranglé. L'ouverture supé-
ZOOPHYTES. 85
rieure a cinq dents rapprochées : l'inférieure est
en parallélogramme pour recevoir la partie pos-
térieure. Du fond de sa cavité part une longue
chaîne cylindrique, rétractile, enveloppée d'une
série de cloches se recouvrant les unes les autres.
Sous chacune est logé un suçoir, tenant à l'axe
par une sorte de nœud et portant à sa hase des
filaments qui ont l'aspect d'ovaires. Ces suçoirs,
élargis en trompette à leur extrémité, sont suscep-
tibles de se coller sur les corps , même sur le
verre, à la manière des ventouses, et par ce moyen
de fixer l'animal.
De distance en distance existent des filets ten-
taculaires ramifiés d'un seid côté, et terminés par
un bouton d'où pend un petit filament. La tige
centrale de cette chaîne, noueuse comme un
roseau , est creuse ; car en la comprimant on y
voit circuler un fluide.
Le corps postérieur de la Diphye nous a tou-
jours paru un peu moins consistant que le pré-
cédent. Son ouverture supérieure n'est à propre-
ment parler qu'un canal profond, à bords ouverts,
ou bien seulement unis dans un point du milieu,
ce qui est le plus ordinaire. Lorsque cette partie
est emboîtée dans l'autre , c'est par ce conduit que
passe la chaîne des suçoirs. Elle sort et rentre avec
la plus grande facilité.
La cavité inférieure a aussi cinq dents à son ou-
verture et se termine également par un canal
86 ZOOLOGIE.
étroit qui va aboutir à l'extrémité. C'est même par
là que s'opère la principale jonction des deux corps.
Toutes les cavités dont nous venons de parler , à
l'exception de celle qui est en canal, sont quel-
quefois remplies d'une sanie blanchâtre, indice
d'une sorte de digestion.
La progression de ces animaux, surtout des
jeunes, est excessivement rapide, quelquefois dés-
espérante pour l'observateur , qui est obligé d'at-
tendre qu'elle devienne moins vive pour mieux
les étudier. Les deux parties peuvent y coopérer ;
cependant le plus souvent c'est l'antérieure qui la
détermine en contractant sa cavité supérieure, qui
chasse l'eau qu'elle contient. Lorsqu'elles sont dé-
collées , elles ne peuvent plus se réunir. Alors la
portion antérieure conserve seule sa vivacité, et
il arrive même que l'autre ne donne plus que des
signes de vie éloignés.
Lorsqu'on retire ces êtres de la mer, ils ressem-
blent à des morceaux de cristal taillé; mais leur
limpidité s'altère promptement, quelque soin qu'on
prenne de renouveler l'eau.
ZOOPHVrttS. 87
a. DIPHYE AI5YLA.
Diphyes Abyla , nob.
PLANCHE 4 i FIGURES 13-1^.
Diphyes, partions Umpidis, inœqualibus : ante-
riore subcubica ; jwstcriori trigona , apice acuta ,
latere crenulata; apertura quinquedentata.
L'ensemble de cet animal est allongé ettrigone.
Sa partie antérieure, beaucoup moins grande que
la postérieure, est un corps taillé en cube irré-
gulier, plus long que large, ayant une ouverture
évasée au milieu, et sur les côtés deux cavités
oblongues, dont l'une est un peit plus arrondie
que l'autre. La plus grande s'ouvre à l'extérieur,
et toutes les deux communiquent par leur base,
à l'aide d'un tube très-court, avec la grande pièce
postérieure. C'est de l'ouverture évasée que part
la tige qui porte les ovaires et les suçoirs. Ces der-
niers sont quelquefois colorés de jaune ou d'o-
rangé et conservent leurs mouvements long-temps
après la désunion des deux portions du Zoophyte.
Le cube est articulé à plat avec le grand corps.
Il est coriace et doué d'un mouvement de contrac-
88 ZOOLOGIE,
tion qui a lieu clans la cavité la plus oblongue, la-
quelle s'ouvre à l'extérieur. Il faut beaucoup d'at-
tention pour l'apercevoir *.
La partie postérieure est pyramidale à trois
côtés, séparés par autant d'ailes membraneuses,
dont une, beaucoup plus considérable, est accolée
à une quatrième, denticulée en scie. Dans quelques
individus ce collement n'a lieu que sur un point
seulement. Il en résulte un canal pour la chaîne
des suçoirs. Le corps se termine par une pointe
en bec de cuiller qui s'enfonce assez profondé-
ment dans le cube sans y être très-adhérente. Une
seconde cavité plus grande a son ouverture ré-
trécie, entourée de cinq petites pointes obtuses
qu'il faut écarter pour y pénétrer. Elle est mar-
quée de plusieurs stries longitudinales qui parais-
sent être autant de vaisseaux réunis vers le fond
en un seul, lequel va communiquer avec les deux
petites cavités du cube.
C'est particulièrement dans le détroit de Gi-
braltar que nous avons trouvé le plus de ces Zoo-
phytes, bien que nous en ayons aussi rencontré
dans d'autres mers. Ils tirent leur nom de la loca-
lité; les plus grands individus ont environ un
pouce et demi de longueur.
* Ce que dans la Zoologie du Voyage de V Uranie nous avons décrit et fait
figurer sous le nom de Biphore polymorphe,est évidemment ce corps trouvé
séparé de la partie qui le complète-
ZOOPHYTES. 89
3. DIPHYE CALPÉ.
Diphyes Calpe, nob.
PLANCHE 4, FIGURES 7-II,
Diphyes , corpore trarislucido , pyramidale, pen-
iagono ; partibus inœqualibus : anteriore cubica ,
biforata ; posteriori ore qui/iquepartita.
Les deux parties de cette espèce, fort inégales
en grandeur, n'entrent point l'une dans l'autre ;
elles se tiennent seulement par un court pédicule.
L'antérieure, très-petite, est cubique, pourvue
d'une assez large ouverture qui donne issue à un
long chapelet d'ovaires et de suçoirs , dont la cou-
leur varie de l'argenté au jaunâtre. Elle est de
plus creusée de deux petites cavités, dont l'une,
ovalaire, fusiforme, s'ouvre à l'extérieur, et l'autre
est arrondie avec un petit appendice. Toutes deux
aboutissent à un canal qui paraît aller s'ouvrir
dans la cavité principale du grand corps.
Ce dernier , qui à lui seul forme presque toute
la Diphye, est pyramidal, pentagone, tronqué à
sa pointe pour s'unir au cube antérieur , pourvu
à sa base de cinq pointes inégales , d'où partent
90 ZOOLOGIE.
autant d'arêtes longitudinales, limitant les cotés du
corps. Il est creusé de deux cavités, dont l'une
plus grande, cylindrique, un peu renflée au mi-
lieu, aboutit au canal que nous venons d'indiquer,
auquel viennent se joindre quatre vaisseaux. L'ou-
verture de cette cavité est toujours béante et
pourvue d'une valvule, ce qui la distingue de celle
de l'espèce précédente.
La seconde issue qui occupe l'un des cotés,
n'est qu'un canal incomplet formé de deux lamelles,
dont l'une plus grande se replie sur elle-même et
recouvre l'autre, qui est repliée en sens opposé et
denticulée en scie : par ce conduit sort la file des
suçoirs, qui tiennent au corps antérieur.
C'est par la grande cavité que l'animal se meut
assez rapidement. — La petite ouverture du cube ,
qui communique avec l'extérieur, est aussi sus-
ceptible de se contracter.
Ce Zoophyte est transparent, assez ferme; sa
longueur est d'un pouce. Nous l'avons trouvé
dans différentes mers; mais le détroit de Gilbral-
tar est le lieu qui nous en a le plus fourni; c'est
pourquoi nous lui avons donné le nom sous
lequel les anciens connaissaient ce promontoire
d'Europe. Nous avons assez examiné de ces ani-
maux pour assurer qu'ils sont bien entiers, et
que ce ne sont point des parties détachées d'autres
individus.
ZOOPHYTES. 91
4. DIPHYE DE BASS.
Diphyes bassensis, nob.
PLANCHE 4) FIGURES l8-2(».
Diphyies , parti bus hyalinis , inœqualibus ,
quadrilateris : posiica , majore, apertura quinqtie-
dentata.
On voit que cette espèce a beaucoup de rap-
ports avec la précédente. Elle en diffère par sa
forme plus élargie, plus courte et quadrilatère. Elle
nage verticalement, ce qui tient probablement à
ce que sa partie antérieure est plus lourde. Elle
forme un cube irrégulier, aplati, taillé à facettes,
parfaitement uni au corps postérieur. Ce corps
contient deux petites cavités , dont l'une s'ouvre
à l'extérieur sur une des faces. Elles aboutissent
à un canal qui va joindre le fond de la cavité an-
térieure , où viennent se réunir quatre autres vais-
seaux. La chaîne des suçoirs est fort courte.
5
La partie postérieure est quadrilatère, un peu
renflée au milieu, à ouverture et cavité très-larges.
La première est entourée de cinq pointes , dont
une fort petite. Le canal latéral, si bien marqué
92 ZOOLOGIE.
dans les deux espèces que nous venons de décrire,
est à peine indiqué dans celle-ci.
Nous l'avons trouvée àla Nouvelle-Hollande, dans
le détroit de Bass, dont elle porte le nom. Sa lon-
gueur est de huit à dix lignes.
B. Espèces dont la partie antérieure n'a qu'une seule
CAVITÉ, OU DONT LA SECONDE EST EXCESSIVEMENT PETITE.
5. DIPHYE CAPUCHON.
Diphyes Cucullus , nob.
Eudoxia Lessonii , Eschscholtz, Acalèphes, pi. 12,
fig. 2.
PLANCHE 4j FIGURES 21-9.3.
Diphyes, partibus œqualibus, albidis : antica
conica , cucullata ; postica quadrata ; apertura
quadridentata.
Dans cette espèce, les deux parties sont à peu
près d'égal volume; mais l'antérieure étant apparem-
ZOOPHYTES. 93
ment plus pesante, forçait l'animal à nager verti-
calement. Elle est en forme de capuchon pointu ,
renflé au milieu, bilobé , dont un des lobes est
plus allongé. Ce corps est assez largement creusé
et contient un grand suçoir rougeâtre à ouverture
rebordée, dont la base est entourée de petits corps
qui sont peut-être des ovaires.
Dans cette sorte d'entonnoir vient s'implanter
la partie postérieure , subquadrilatère, à quatre
arêtes, lesquelles se terminent par autant de pointes
environnant l'ouverture. Cette dernière conduit
dans une cavité en ampoule renflée, du fond de
laquelle part le vaisseau qui lie cette pièce à la
première. L'extrémité engainante est coupée obli-
quement.
Les deux portions de l'individu adhèrent assez
fortement entre elles. La postérieure fournit seule
à la locomotion , qui est aussi brusque que vive.
La petitesse de cette Diphye, qui n'a que trois lignes
de long, nous a empêché de reconnaître quel-
ques parties que l'analogie semblerait devoir
indiquer; comme, par exemple, l'existence d'un ca-
nal latéral pour le suçoir, qui ici nous a évidem-
ment paru sortir par le côté.
Ce Zoophyte a été trouvé sur la côte nord de
la Nouvelle-Guinée, aux environs du port Dorey ,
près de Misory et de l'île Longue.
11 est dit dans l'ouvrage de M. de Blainville, que
M. Botta ayant fréquemment trouvé cette espèce
94 ZOOLOGIE.
mélangée avec la grande Diphye de Bory , elle
pouvait bien n'être qu'un premier degré de déve-
loppement de cette dernière. Cela ne peut pas être;
d'abord par la différence de forme des organes
natateurs, commeledit fort bien M. de Blainville, et
de plus parce que nous avons souvent trouvé de
jeunes Diphyes parfaitement complètes, qui avaient
à peine deux lignes de longueur.
6. DIPHYE CUCUBALE.
Diphyes Cucubalus, nob.
PLANCHE 4 ■> FIGURES O./^-l'J.
Diphyes, partions subœqualibus, a/bis, cordifor-
mibus : antica uniperforata ; haustello elongato ',
basi ovariis tecto.
Le nom donné à cette espèce est emprunté du
fruit du Cucubale avec lequel elle a quelque res-
semblance. Les deux parties qui la composent
adhèrent peu et se séparent facilement. Elles sont
globuleuses, cordiformes, pointues. L'antérieure,
ZOOPHYTES. 1)5
un peu plus petite, présente une seule cavité large,
ovàlaire, à ouverture rétrécie. Il est probable qu'elle
aplusde densité que l'autre, puisqu'elle maintient
tout le corps dans une position verticale. C'est
aussi à elle seule qu'est due la progression.
La partie postérieure plus grande est recevante,
creusée d'une cavité ovàlaire , remplie par la
pointe de la portion que nous venons de décrire.
Il en sort un assez long suçoir garni d'ovaires à
sa base.
Ce Zoophyte incolore, long de deux lignes, pro-
vient de la rade d'Amboine , dans les Moluques.
7. DIPHYE NACELLE.
Diphyvs Cymba , uob.
PLANCHE 5 , FIGURES 12- I^.
Variété, fig. 18-20.
Diphyes , partibus subœqualibus, hyalinis : an-
teriore foliacea , sagittata, emarginata ; posteriori,
pyramidale, biforata; apertura sexdentata.
9G ZOOLOGIE.
Le corps antérieur , vu de face , ressemble
assez à un fer de flèche, obtus, caréné inférieu-
rement et offrant en arrière un angle rentrant.
Isolé , il a également l'aspect d'un petit sabot
flottant. Il est creusé d'une large cavité qui donne
issue à un suçoir et à des ovaires , en même temps
qu'elle reçoit , par une union assez intime , la
partie postérieure.
Celle-ci a beaucoup de rapport avec l'analogue
de la Diphye Calpé ; elle est pyramidale, coupée
obliquement dans son extrémité d'insertion , et
pouvue à l'autre de six pointes inégales , environ-
nant l'ouverture qui donne dans une cavité ob-
longue, laquelle communique, par un conduit
étroit, avec la partie antérieure. Sur le côté est
un canal à bord denticulé, par lequel passe la
chaîne des suçoirs.
Nous avons trouvé et figuré près de cette issue,
sur le coté gauche , un troisième corps , qui est
peut-être un jeune individu encore adhérent, ayant
comme l'adulte ses six pointes et son canal crénelé.
Cependant il manquait, pour le rendre complet,
sa portion antérieure en fer de flèche; ce qui est
une difficulté pour en faire un fœtus. Ce Zoo-
phyte demande donc à être observé de nouveau
avec attention. Il nage indifféremment d'une ma-
nière horizontale ou verticale. Nous l'avons repré-
senté de grandeur naturelle. Il se trouve dans le
détroit de Gibraltar.
ZOOPHYTES, 97
Nous avons représenté sur la même planclie,
fig. 1 8 et 20, une variété de cette espèce, recueillie
dans le grand océan Austral. Sa partie antérieure,
la seule que nous ayons pu nous procurer, a la
forme d'un sabot, lorsqu'on la voit de profil.
8. DIPHYE TRONQUÉE.
Diphyes truncata, nob.
'l»LA.NCHE 5 , FIGURES 21-23.
Nous n'hésitons point à donner comme appar-
tenant à une espèce nouvelle cette seule partie
antérieure de Diphye, que nous avons prise dans
l'océan Atlantique, par 8° de latitude nord. C'est
un petit carré long, coupé net à ses deux ex-
trémités, échancré sur une de ses faces, où se
trouve une ouverture pour recevoir le corps pos-
térieur. C'est d'un petit cul-de-sac en forme de
cornemuse que part une chaîne d'ovaires jaunes.
Zoologie, t. iv.
98 ZOOLOGIE.
9. DIPHYE CUBOIDE.
Diphyes cuboidea , nob.
/
PLANCHE 5, FIGURES 7-II.
Diphyes , partibus maxime inœqualibus , per-
lucidis : anteriore cubica ; posteriore minitna , py-
ramidali; apertUra margine quinquedentata.
Dans ce Zoophyte, le corps antérieur ou rece-
vant est beaucoup plus considérable que celui- qui
est reçu ; d'où l'on peut déduire la lenteur de ses
mouvements. Il est exactement cubique , en forme
de dé, transparent comme du cristal, et d'une
résistance cartilagineuse au sortir de l'eau. Les
quatre angles sont saillants et les six faces un peu
rentrées. L'une d'elles présente un trou en enton-
noir , d'où sortent des suçoirs blancs et des ovai-
res jaunes ; elle est de plus avoisinée par deux
petites cavités, dont une s'ouvre au dehors.
La seconde partie de l'animal est très-petite,
pyramidale, coupée obliquement dans son extré-
mité engainante, offrant à l'autre extrémité cinq den-
ticules qui entourent une cavité assez profonde, du
fond de laquelle part un canal qui va communiquer
ZOOPHYTES. <J9
avec le cube. Il est probable même qu'il doit exis-
ter un conduit latéral, crénelé, pour le passage
des ovaires, comme dans quelques-unes des espè-
ces précédentes ; ce que la petitesse de ce corps
ne nous a pas permis de constater.
Les mouvements de cette Dipliye sont extrê-
mement obscurs. Nous n'avons vu qu'une seule
fois l'ouverture buccale de la partie postérieure
se contracter.
Il faut sans doute regarder comme une variété
un individu dont le petit corps , au lieu d'avoir les
bords de son ouverture denticulés , les a quadri-
latères. La frange en spirale qui le contourne est
probablement le canal mentionné ci-dessus. Ici la
cavité creusée dans le cube a ses bords dentelés ,
et la chaîne des suçoirs, au lieu d'être ramassée
au fond de la cavité , est plus développée.
Ce Zoophyte , qui aurait encore besoin d'être
étudié, se trouve dans le détroit de Gibraltar.
r
100 ZOOLOGIE.
10. DIPHYE ENNÉAGONE.
Diphycs cnneogona , nob,
PLANCHE 5 , FIGURES 1-6.
Diphyes , partibus maxime inerqualibus , vi-
treis : afitica pyramidale , enneagona ; postiea ,
minima , subquadrata ; are quiiiquedeiitato.
Dans ces dernières espèces, les rapports des par-
ties changent, et nous voyons la partie recevante,
qui jusqu'ici avait été égale ou fort petite, deve-
nir infiniment grande et, pour ainsi dire, envahir
l'autre. Elles tiendraient aussi plus de la première
division que nous avons faite de ces animaux que
de la seconde, car leur partie cubique contient
réellement deux ouvertures. Le nom de cette Di-
phye est tiré de sa forme , assez irrégulière , ayant
l'apparence d'une chausse-trape. On peut la dé-
finir une pyramide quadrangulaire , pointue, de
la base de chacune des faces de laquelle s'élève un
triangle; ce qui forme en tout neuf angles à poin-
tes très-aiguës. A la base est une cavité pour rece-
voir l'autre partie ; et plus profondément , deux
autres excavations, dont l'une loge des suçoirs
blancs et des ovaires jaunes.
ZOOPHYTES. 101
La seconde pièce, très-petite, est subquadri-
latère, tronquée, canaliculée sur un côté et pour-
vue d'une cavité dont l'ouverture a cinq dents.
Ce Zoophyte est coriace et ressemble à du
cristal taillé ; ses mouvements sont très-obscurs :
ce qui tient à la petitesse du corps qui doit les
produire.
Il provient du détroit de Gibraltar.
(Nous ne donnons ces espèces que comme incomplètes.)
il. DIPHYE TÉTRA.GONE.
Diphyes tetragona , nob.
PLANCHE 5 , FIGURES 25-^6.
Nous n'hésitons point à faire une espèce nou-
velle de cette portion de Zoophyte , qui est bien
évidemment la partie postérieure d'une Diphye.
Sa forme est celle d'un parallélipipède allongé, de
huit à dix lignes de longueur, dont les quatre
côtés sont réguliers et les deux extrémités tronquées
La partie emboîtante est oblique ; l'opposée a d'un
côté une petite lèvre échancrée. Ce corps a une
102 ZOOLOGIE.
cavité qui occupe presque toute son étendue et
dont l'ouverture est ronde. Sur une des faces ex-
térieures est un canal ouvert, pour le passage
d'une tige de suçoirs, dans lequel il y en avait
encore une portion adhérente, telle que nous
l'avons figurée ; ce qui indique qu'il n'y avait pas
long-temps que cette Diphye était séparée de sa
partie antérieure.
Elle a été recueillie dans l'océan Atlantique , par
6° de latitude nord. Nous en avons également
trouvé dans d'autres mers; mais, comme celle-ci,
elles étaient incomplètes.
12. DIPHYE A CINQ DENTS.
Diphyes quinquedentata , nob.
PLANCHE 5.i FIGURES 27-29.
Ayant reconnu que notre genre Tétragone de-
vait faire partie des Diphyes, il nous a fallu toute-
fois , en le supprimant , conserver les dénomina-
tions spécifiques données aux individus , pour
faire le moins de confusion possible. Mais celle
qui était bonne pour l'espèce du genre Tétragone,
ZOOPHYTES. 103
est peu convenable à une Diphye , il faut en con-
venir, puisque un grand nombre d'entre elles ont
leur partie postérieure entourée de cinq dents.
Quoi qu'il en soit , nous ferons pour celle-ci la
même remarque que pour la précédente : c'est
que, bien qu'elle soit incomplète, elle diffère assez
de toutes celles que nous venons d'examiner pour
être considérée comme nouvelle.
Elle est subcylindrique, longue de sept à huit
lignes, un peu coupée obliquement par le bord
où elle adhère , pourvue d'une languette profon-
dément bifurquée à l'extrémité opposée, et de
cinq dents bien marquées qui entourent l'ouver-
ture, laquelle conduit dans une cavité profonde,
terminée, comme à l'ordinaire, par un conduit
qui va gagner la pièce antérieure. Au côté opposé
aux denticules, règne un canal ouvert par où
s'échappe la chaîne des suçoirs.
1 3. DIPHYE HISPIDE.
Diphyes hispida, nob.
PLANCHE 5 , FIGURE lt{.
C'est d'après cette Diphye incomplète que nous
établîmes, il y a près de quinze ans, dans le voyage;
104 ZOOLOGIE.
de ÏUranie, le genre Tétragone, que nous réta-
blissons aujourd'hui à sa vraie place, par analogie
seulement, car nous n'avons point trouvé ce Zoo-
phyte entier.
C'est un petit parallélipipède allongé, tronqué
à l'extrémité qui l'unissait à la portion antérieure
de l'animal, muni de quatre pointes aiguës à l'op-
posée, bordant une ouverture qui donne dans une
cavité assez profonde. Ce corps est un peu rétréci
au milieu et plissé sur la longueur d'une de ses
faces.
Le genre Pyramis, formé par M. Otto(Nov. Act.
cur., t. II, part, i, tab. Zp), est évidemment une
semblable portion d'une autre espèce de Diphye ,
trouvée isolément.
(Nous ne donnons ces espèces que comme douteuses.)
14. DIPHYE DOUTEUSE.
Diphycs dubia , nob.
PLANCHE 5, FIGURES 34"36.
C'est encore une grande analogie qui nous dé-
termine à mettre ce corps au nombre des Diphyes,
ZOOPHYTES. 105
plutôt que d'en faire une ampoule de Physsophore,
comme l'indique M. de Bla inville, en se fondant sur
sa mollesse.
En effet, nous y voyons une grande cavité à
l'opposé de laquelle est un canal comme dans la
plupart des pièces postérieures des espèces que
nous venons d'étudier.
Sa forme est épaisse, subquadrilatère, arrondie
et plus élargie à une extrémité, bilobée à celle que
nous considérons comme postérieure , laquelle
présente une surface oblique, creusée d'une large
ouverture à bourrelet, donnant dans un vaste en-
tonnoir peu profond, régulièrement strié en long
de vaisseaux qui aboutissent à un seul, médian,
lequel va jusqu'à l'extrémité du corps et remonte
ensuite de chaque côté en se ramifiant.
Du côté opposé à la cavité est un large canal
ouvert, formé par deux replis à bords libres. Cette
partie du Zoophyte est beaucoup plus résistante
que les autres. Nous n'y avons point remarqué de
pédicule propre à servir à l'insertion d'un cube.
L'entonnoir avec ses vaisseaux symétriquement
rangés ressemble à l'ombrelle striée de certaines
Méduses. Ses contractions furent répétées long-
temps , et assez fortes pour indiquer qu'il était
tout récemment séparé de la partie qui devait le
compléter.
Nous avions fait de ce corps organisé, gélatineux
et transparent, notre genre Praya mentionné par
106 ZOOLOGIE.
M. de Blainville dans son Traité des Zoophytes ,
nom insignifiant donné au premier individu que
nous trouvâmes dans la rade de la Praya , aux îles
du cap Vert.
Cette grande espèce provient des côtes de la
Nouvelle-Hollande , aux environs de l'île des Kan-
guroos.
i5. DIPHYE DE PRAYA.
Diphyes prayensis, nob.
PLANCHE 5, FIGURES 3j -38.
Cette espèce, moins grande que la précédente, est
aussi douteuse. Elle est molle, longue d'un pouce
et demi sur un demi-pouce de largeur, arrondie
sur une de ses faces, aplatie à l'opposée, légère-
ment échancrée à l'extrémité, que nous reconnais-
sons devoir être la postérieure, et où se trouve
une ouverture transverse sans dents, munie d'une
valvule mince, dans laquelle on peut introduire
l'extrémité du petit doigt ; cette ouverture donne
dans une cavité peu profonde, conique, allant s'ou-
vrir dans un vaisseau qui occupe toute la Ion-
ZOOPHYTES. 1 07
gueur de l'individu. A l'opposé de cette face est
un canal large, longitudinal, béant, formé par deux
replis.
Ce Zoophyte a été trouvé au port de la Praya,.
à Saint-Iago , l'une des îles du cap Vert,
108 ZOOLOGIE.
HOLOTHURIES.
Animal ayant le corps subcylindrique, vermi-
forme, plus ou moins allongé, mou ou coriace,
pourvu de suçoirs et de spiracules, percé de deux
ouvertures dontl'antérieure estlabouche, entourée
de tentacules rameux sur un seul rang; la posté-
rieure, l'anus , simple ou garnie de cinq cartilages.
Un cloaque.
Une bonne monographie des Holothuries serait
à désirer , car il n'est pas certain que toutes celles ,
en assez grand nombre, qu'on trouve mentionnées
dans les auteurs, soient des espèces bien distinctes.
A l'époque où plusieurs d'entre elles furent dé-
crites, on ne tenait pas assez compte des couleurs
et des formes diverses qu'elles sont susceptibles
de prendre. Les mêmes peuvent très-bien à cause de
cela avoir reçu des noms différents. Leur histoire
est donc encore à faire, en se servant avec pré-
caution des matériaux qu'on possède. Ceux qui
ont été fournis dans ces derniers temps, et qui
sont relatifs aux Holothuries étrangères, ont en gé-
néral plus de correction quand on a tenu compte
des caractères que donnent les tentacules, la dis-
ZOOPHYTES. 109
position des suçoirs et surtout la forme de
1 animal. L'étude de ces Zoophytes n'est pas tou-
jours des plus faciles, surtout dans les voyages de
circumnavigation, où l'on est obligé d'opérer ra-
pidement. Il en est , en effet, qui sont d'une len-
teur désespérante à se développer, ou qui en se
contractant perdent leurs viscères et leur forme
naturelle.
Les pays chauds contiennent un bien plus grand
nombre d'Holothuries que les contrées froides,
comme nous avons pu nous en assurer; elles font
encore, ainsi que nous l'avons dit, l'objet d'un
certain commerce avec la Chine.
Le nombre de planches dont nous pouvons dis-
poser ne nous permettant pas de représenter
toutes les espèces que nous avons dessinées, nous
nous contenterons de les indiquer à la suite avec
une phrase caractéristique. Nous ferons principa-
lement connaître comme plus rares celles dont
les tentacules sont régulièrement pinnés, dont le
corps est mou et allongé, et qui appartiennent à
la division des Fistulaires.
On pourra plus tard joindre aux caractères des
sections qu'offre la disposition des suçoirs, et qui
sont fort bons , cet autre caractère que présentent
les cinq cartilages qui entourent l'anus de quelques
espèces.
Nous regrettons, pour ne pas faire de doubles
emplois dans notre travail, que celui qu'a laissé
110 ZOOLOGIE.
M. Mertens n'ait pas encore paru. Les recherches
sur les Holothuries de ce laborieux et savant natu-
raliste, trop tôt enlevé aux sciences, sont pour les
moindres détails d'une exactitude et d'un fini pré-
cieux, dont nous apprécions tout le mérite en
songeant aux difficultés qu'il lui a fallu vaincre.
Nous sommes assez de l'avis de M. de Lamarck,
qui a fait de certaines espèces un genre sous le
nom de Fistulaire. Nous en donnerons plus bas
la raison.
HOLOTHURIES PROPREMENT DITES,
i. HOLOTHURIE ANANAS.
Holothuria Ananas, nob.
PLANCHE 6, FIGURES 1-3.
Holothuria , corpore maximo , subparallelipipe-
ilo , desuper foliaceoy riifo, subtus rubro haustellis
irrorato ;■ tentaculis vigenti , crassis , nec apicc
cïliatis.
C'est la plus grande que nous ayons vue de cette
forme. Elle atteint près de deux pieds de longueur :
ZOOPHYTES. 1 1 1
aplatie en dessus, en dessous, un peu sur les côtés et
aux extrémités, elle ressemble à un parallélipipède.
Son dos est coriace et recouvert de larges replis
de la peau en forme de folioles aplaties, pointues,
formant des demi-cercles et des couronnes à la'
tète et la queue. Ces corps sont autant de spira-
cules creux communiquant avec l'intérieur. Leur
couleur est d'un rouge brun mélangé destries noires
à leur base. Les espaces compris entre ces replis
sont piquetés de jaunâtre et de rouge brun. Le
ventre, d'un assez joli rouge clair, est parsemé de
suçoirs irrégulièrement disposés. Les tentacules,
gros, courts, rougeâtres, au nombre de vingt, ont
leur extrémité renflée, à peine laciniée. L'anus
très-large a son pourtour noirâtre.
Cette espèce se trouve au havre Carteret de la
Nouvelle-Irlande. Elle vient rarement sur la plage ;
nous la rencontrions, par une assez grande pro-
fondeur, sur un seul point de l'île aux Cocos. Les
naturels la mangent. Il paraîtrait que c'est la
même que les habitants d'Amboine connaissent
sous le nom d'Ananas (que nous lui avons con-
servé), et qui est fort estimée parmi eux.
1 1 2 ZOOLOGIE.
OBSERVATIONS ANATOMIQUES.
La* peau de cette Holothurie est coriace. Les
replis de celle du dos disposés en forme de feuilles
se recouvrant, sont simples ou bifurques et percés
d'un trou qui communique dans l'intérieur de
l'animal. Après cette enveloppe extérieure et dure
vient une membrane mince , fragile , identifiée
avec les dix cordons musculaires larges et accou-
plés deux à deux , qui occupent toute la longueur
du corps. La partie antérieure de ces doubles fais-
ceaux se porte en se rétrécissant au milieu de
chacune des cinq pièces cartilagineuses qui for-
ment la bouche. Ils servent à retirer au dedans
la bouche et les tentacules qui l'entourent, en
même temps qu'en prolongeant leur action sur
toute la longueur du Zoophyte ils tendent à le
rapetisser. La peau du ventre est mince et garnie
d'une grande quantité de suçoirs mous, creux,
très-mobiles , communiquant avec la cavité in-
terne , affectant des séries plus ou moins régu-
lières selon les espèces, mais irrégulièrement ré-
partis dans celle que nous décrivons.
La bouche proprement dite est ronde, pourvue
d'une membrane muqueuse noirâtre violacée ;
à son contour le plus extérieur sont placés vingt
tentacules épais, renflés et à peine frangés à leur
extrémité.
ZOOPHYTES. 113
Les cinq pièces osseuses qui environnent la
bouche sont garnies dans leur partie supérieure
d'un assez grand nombre de corps allongés, vermi-
culaires, creux, diaphanes, remplis d'une liqueur
incolore, qu'on fait refluer dans la bouche en les
pressant. Ces tubes atteignent quelquefois jus-
qu'au quart de la longueur de l'animal. Au milieu
d'eux se trouvent deux ou trois organes d'une
belle couleur de laque, branchus, dont les der-
nières ramifications sont ovalaires et aplaties. Us
perforent également les cartilages et s'ouvrent
dans la bouche par deux conduits rapprochés, qui
pourraient bien communiquer auparavant entre
eux par de petits faisceaux de fibres déliées et co-
lorées. On a supposé que ces corps très-remar-
quables étaient des ovaires : nos observations ne
nous ont rien appris à ce sujet.
Nous n'avons pas été heureux dans ce qui est
relatif au système nerveux, dont nous avons en vain
cherché des traces au milieu de ces organes et
des pièces buccales.
Après l'œsophage, qui est légèrement rétréci,
vient l'estomac, très-long, ample et mou, renflé
comme le colon de certains mammifères, ayant une
membrane muqueuse très-distincte, brunâtre. Il
est assez étendu pour former un arc dans la cavité
abdominale. Le reste du canal intestinal se replie
en une grande anse et vient en arrière former
Zoologie, t. iv. H
1 1 4 ZOOLOGIE.
le rectum, qui est court, rétréci et à parois fort
épaisses *.
Le tube digestif paraît adhérent, dans sa partie
œsophagienne, à une membrane excessivement
mince et délicate, violacée, qui suit le bord des
muscles du corps correspondant. Dans sa portion
stomacale on remarque deux sortes de mésen-
tères : un inférieur peu considérable, parcouru par
quelques vaisseaux qui se portent sur le reste des
intestins; le supérieur, au contraire, est un réseau
considérable de mailles allongées, formé de gros
vaisseaux qui marchent assez souvent parallèles
entre eux et se terminent peu à peu comme le
précédent. Il règne une sorte de raphé sur toute
la partie inférieure du canal intestinal.
L'anus n'est point terminal. Il finit même assez
haut dans une espèce de cloaque oviforme, mem-
braneux, qui flotterait dans l'abdomen s'il n'était
retenu à ses parois par un grand nombre de vais-
seaux résistants, divergents dans tous les sens,
qui sont, ainsi que la paroi externe du cloaque,
d'un rouge de laque foncé, tandis que l'intérieur
de cet organe est jaunâtre. Il est tapissé par une
membrane muqueuse très-irritable, qui se con-
* Il est des Holothuries , comme celle à laquelle nous avons donné le
nom de Maurice, qui ont jusqu'à dix fois leur longueur en intestins; chez
d'autres , comme celle de Guam, ces dimensions dépassent de seize fois le
plus grand diamètre.
ZOOPHYTES. U5
tracte encore après que l'animal a été coupé en
morceaux. C'est à cette membrane que se joint
un appendice qui termine le rectum et que la
moindre traction sépare du cloaque. De chaque
coté de l'anus partent deux longs tubes dont les
ouvertures forment avec la sienne un triangle; ils
remontent sur les intestins jusqu'à la bouche.
Dans toute leur longueur , et sur un seul coté , sont
des flocons de ramuscules, agréablement frangés,
d'un violet sombre et ressemblant à des plantes
marines. Ils contiennent une matière colorante
tenace. L'ouverture de ces canaux, ainsi que celle
de l'anus, est constamment béante et assez grande
pour que de petits crustacés de trois à quatre
lignes de diamètre puissent y pénétrer et y vivre,
ainsi que nous l'avons vu et représenté.
Le cloaque et les tubes absorbent une grande
quantité d'eau que l'animal rejette assez souvent
en forme de jet. En ouvrant des Holothuries on
trouve presque toujours leur cavité pleine d'eau,
de sorte que tous les viscères flottent dans ce li-
quide. Son introduction ne paraît point se faire
par la bouche; car dans un grand nombre d'indi-
vidus les intestins sont entièrement remplis de
sable tassé. Nous croyons qu'elle parvient par les
spiracules du dos et peut-être par les suçoirs ,
quoique ces derniers ne paraissent propres qu'à
transporter lentement ces animaux ou à les fixer
8*
116 ZOOLOGIE.
fortement, par le vide qu'opèrent toutes ces pe-
tites bouches improprement nommées suçoirs.
L'Holothurie Ananas est de celles qui rejettent
leurs intestins avec l'eau contenue dans le corps.
Nous n'avons pas pu expérimenter combien elle
pouvait encore vivre de temps après un pareil
accident. C'est dans cette espèce que nous trou-
vâmes à plusieurs reprises des poissons anguilli-
formes vivants, du genre Fierasfer, ainsi que nous
l'avons dit dans les considérations générales.
Il est vraiment surprenant de trouver les vis-
cères d'un animal qui vit aussi profondément, si
bien colorés. L'eau dont son ventre est rempli
peut donner lieu de penser que celle qu'absorbent
les tubes doit avoir un but et servir à une sorte
de circulation toute particulière dont la marche
n'a point encore été bien observée. Le cloaque
avec les filaments qui l'entourent nous a paru
être aussi un organe devant avoir une fonction
plus importante que celle que comporte un simple
réceptacle d'eau ou de déjections. Nous lui avons
vu, dans une autre espèce, des mouvements con-
tinuels d'oscillation.
ZOOPUYTES. 117
a. HOLOTHURIE FLAMMÉE.
Holothuria f/ammea , nob.
PLANCHE 6, FIGURES 5-6.
Holothuria , corpore parallelipipedo , luteo , vi-
rescente , supra flammis nigris notato ; subtus
tubulis violaceis seriehus tripliculis ; téntacuUs vi-
gihtt , temiiter api ce racemosis.
Très-grande et très-belle espèce , d'une forme
quadrilatère, allongée , présentant des taches ver-
dâtres sur un fond jaune d'orpin , le tout recou-
vert de stries ou flammes noires très-rapprochées
les unes des autres et dirigées en divers sens. Quel-
ques faisceaux viennent aboutir à un centre, qui
est ordinairement le fond d'une bosselure. Les
flancs sont parsemés de points jaunâtres. Le ven-
tre est d'un jaune lisse , avec trois rangées de
suçoirs violacés. Le contour de l'extrémité anté-
rieure est lacinié, et présente vingt gros tentacules
jaunâtres, très-finement ramifiés à leur pointe,
qui est touffue. L'anus est lisse et terminal. Les
spiracules dorsaux font peu de saillie.
Cette Holothurie habite l'île de Vanikoro , où
elle est rare.
118 ZOOLOGIE.
3. HOLOTHURIE ÉPINEUSE.
Hnlothuria spinosa , nob.
PLANCHE 7, FIGURES I-IO.
Holothuriay cucumi 'forme , coriacea, subrubra ,
lateribus spinosa, apice acuta, antice quiftque-
partita; tentaculis tionis ramosis , basi fusco-iuii-
punctatis.
Cette espèce a la forme ovalaire d'un petit
concombre, très-pointue à l'extrémité anale , pré-
sentant cinq dentelures à l'opposée. Son enveloppe
coriace a la dureté de celle des Astéries; elle con-
tient même une si grande quantité de molécules
calcaires qu'on y remarque de petites plaques
polygonales. Une rangée latérale d'épines dis-
tingue encore cette Holothurie , qui a neuf ten-
tacules très- ramifiés , de couleur rougeâtre ,
comme tout le corps , avec une tache brune à la
base de chacun d'eux. La bouche est festonnée
et d'un rouge plus intense clans son contour. Les
suçoirs et les spiracules n'ont point de disposi-
tions régulières.
* Peut-être ce nombre est-il de dix; alors il y en aurait un d'avorlé,
comme nous l'avons vu quelquefois.
ZOOPHYTES. ut)
Indépendamment de ces formes extérieures*
voici ce que l'organisation plus intime de ce Zoo-
pliyte nous a présenté. La partie intérieure est
tapissée d'une membrane jaunâtre, unie à l'enve-
loppe cartilagineuse par de nombreuses fibres qui
paraissent tubuleuses.
Cinq muscles longitudinaux vont d'une extré-
mité à l'autre.
En avant , il s'en détache autant de faisceaux
obliques i qui se portent sur les cinq dents cartilagi-
neuses qui forment la bouche. Ces pièces, biponc-
tuées de brun, sont unies entre elles par de petites
fibres musculaires , et reçoivent deux organes, qui
s'ouvrent dans la bouche : l'un est une grosse vési-
cule oblongue, transparente, tachée de violet, dont
le canal passe sous les pièces ci-dessus mentionnées ;
l'autre, au contraire, qui a la forme d'un pana-
che pédicule, violet, les perfore. C'est l'analogue
de ce que nous avons appelé ovaires, dans la des-
cription de l'espèce précédente. La vésicule serait-
elle un organe mâle? nous l'ignorons.
Le tube digestif peut avoir trois ou quatre fois
la longueur du corps; il est jaunâtre, et d'un dia-
mètre à peu près uniforme dans toute son éten-
due, sans renflement stomacal. Le rectum seul
est globuleux à son extrémité; il s'ouvre dans un
cloaque cordiforme, composé de fibres tranver-
ses, érectiles, et terminé par huit pointes qui font
un peu saillie à l'extérieur. La membrane muqueuse
120 ZOOLOGIE.
de cette cavité s'avançait entre elles , en présen-
tant des mouvements oscillatoires assez réguliers ,
dont nous n'avons pu apprécier le but. De chaque
côté de l'anus s'ouvrent les deux tubes acpiifères ,
qui sont bifurques dans cette espèce, et dont les
rameaux sont dirigés en dedans; ce qui est le
contraire dans l'espèce nommée Ananas.
Cette Holothurie, que nous représentons de
grandeur naturelle, conserve toujours sa forme
à l'aide de sa rigidité , et ne change que peu de
couleur dans l'esprit-de-vin. Ne pouvant que peu
se contracter, elle ne rejette point ses viscères.
Nous la prenions à la drague en assez grand nom-
bre, et par plusieurs brasses de profondeur, dans
la rade de Sydney, au port Jackson. Jamais nous
ne l'avons rencontrée sur le rivage.
/,. HOLOTHURIE ORANGÉE.
Holothuria aurea, nob.
PLANCHE 7, FIGURES I 5-1 J.
Holothuria , molle , cylindrica , vermi forme ,
grarmlosa; tentaculis duodenis , ramosis ; tuhuli.s
retraetilihu.s brc\ 'ibus .
ZOOPHYTES. T2I
Cette espèce, par sa forme cylindrique, sa con-
sistance molle et ses tentacules assez régulière-
ment ramifiés , semble faire le passage des Holo-
thuries coriaces , résistantes , prismatiques , à
celles qui ressemblent à des vers et qu'on a nom-
mées Fistulaires.
Elle est longue de deux à trois pouces, d'un
bel orangé , granulée , comme réticulée en dessus ,
ayant le ventre couvert de petits suçoirs , courts ,
irrégulièrement placés. Les tentacules , que nous
n'avons pu voir développés, sont au nombre de
douze environ. La bouche est pourvue de cinq
dents étroites , formant par leur ensemble un bou-
ton ovalaire , portant dans son contour cinq glan-
des pyriformes.
Cette Holothurie, dont les mouvements sont
excessivement lents , a été trouvée parmi les raci-
nes de fucus de la rade du cap de Bonne-Espé-
rance.
22 ZOOLOGIE.
HOLOTHURIES FISTULAIRES.
Genre FISTULA1RE. — Fistuhiria. Lamk.
Corps cylindrique , très-allongé , mou , vermi-
forme, lisse ou garni de papilles adhérentes; sans
suçoirs. Tentacules pinnés à leur extrémité ou
dans toute leur étendue. Anus terminal. Point de
cloaque.
Nous croyons que plusieurs espèces d'Holothu-
ries que nous allons décrire présentent des dif-
férences organiques assez notables pour qu'on
puisse les admettre sous le nom de Fistulaires ,
indiqué par M. Lamarck. Elles sont en effet
remarquables par leur extrême longueur , par leur
mollesse, l'absence de suçoirs bien marqués , rem-
placés par des papilles courtes, crochues et très-
adhérentes aux corps qui les touchent. Ce manque
de suçoirs existe du moins pour les espèces que
nous avons 'observées; mais il en est une dans
l'Encyclopédie méthodique , qui paraîtrait faire
exception. Malheureusement nous n'avons point
assez bien examiné l'organisation intérieure de
ZOOPHYTES. 12:}
ces animaux, pour faire connaître la différence
que leurs viscères présentent d'avec ceux des Ho-
lothuries proprement dites. Seulement nous trou-
vons dans nos notes pour l'une d'elles, que l'anus,
au lieu de donner dans un cloaque , est terminal r
et que chacun des muscles longitudinaux du corps
se divise en deux faisceaux. Il n'y a pas non plus,
de tubes aquifères; ce qui simplifie beaucoup ces
Zoophytes.
Il en est d'une fragilité extrême , et qui se rom-
pent d'eux-mêmes lorsqu'on veut les prendre. Les
petites pointes rares et recourbées dont quelques-
uns ont le corps recouvert , continuent leur action
adhérente, même après que l'animal a été mis
dans l'esprit-de-vin.
Nous divisons les Fistulaires en deux sections,
selon que leurs tentacules sont pin nés dans toute
leur longueur, ou bien qu'il n'y a que leur extré-
mité de divisée.
124 ZOOLOGIE.
A. Espèces dont les tentacules sont uniformément
PINNÉS DANS TOUTE LEUR ETENDUE.
i. FLSTULAIRE DE DOREY.
Fistularia doreyana , nob.
Mangararaef, par les Papous.
PLANCHE 7, FIGURES 11-12.
Fistularia, longissima , molle, translucida; dor-
so luteo-viridi bilineato ; tuberculis quaternis serie-
bus rugosis; tehtaculis quindenis loiigis et albis.
m
Cette espèce est d'une grande élégance pour les
couleurs et la transparence du corps, lequel est
excessivement mou, délicat et susceptible d'un
grand allongement. Il est recouvert sur les cotés
et le dos de quatre rangées de tubercules qui lui
donnent un aspect quadrilatère. Ces éminences
isolées sont plus que demi sphériques lorsque
l'animal se développe en entier. Elles sont héris-
sées de papilles qui adhèrent à la main qui les
touche. Leur couleur est blanche, brune ou noi-
râtre sur les côtés et d'un blanc mat au ventre.
( )n remarque sur le dos deux lignes verdàtres
ZOOPHYTES. 125
bien marquées sur un fond jaune. Les tentacules,
très-longs, blancs, au nombre de quinze, ont de
petites folioles latérales, régulières dans toute leur
étendue. Comme nous avons conservé ce Zoo-
plryte assez long-temps vivant, nous avons été à
même de voir que deux ou trois de ces organes
ramenaient à la fois vers la bouche les substances
nutritives qui pouvaient se présenter. L'ouverture
buccale est entourée d'un cercle de points bruns.
L'anus est terminal.
Cette Fistulaire habite le port Dorey à la Nou-
velle-Guinée. Elle a quelques rapports avec l'Ho-
lothurie océanienne de M. Lesson (Centurie zoo-
logique, planche 35) ; mais en les comparant, on
voit que ce n'est pas la même. Nos deux espèces
de cette division ont chacune quinze tentacules,
la sienne n'en aurait que dix.
■2. FISTULAIRE PIQUETÉE.
Fistidaria punctulata, nob.
l'T.ATVCHE y, FIGURES l3-l4-
Fistularia , corpore vermiformi, molle, papil-
loso, luteo-virescente , punctis aigris irrorato, ; ten-
id eu lis quindenis, fusco reticulatis.
1 26 ZOOLOGIE.
Le corps de cette espèce est long d'environ
deux pieds, très-mou, sans suçoirs, mais hérissé
de petits crochets adhérents. 11 est d'un jaune ver-
dâtre sale piqueté de nombreux points bruns.
La bouche est ronde, entourée de brun rouge
sombre. Les quinze tentacules sont longs, déliés,
mous et garnis de folioles alternes sur leurs bords,
lesquelles sont vertes au milieu et brunes par les
côtés. Leur tiçe est réticulée de brun.
Ce Zoophyte , qui se trouve au même lieu que
le précédent, se brise dès qu'on veut le saisir. Nous
n'avons eu même d'entier que sa partie antérieure,
qui nous a cependant suffi pour donner les carac-
tères des appendices buccaux et de la couleur du
corps, qui ne paraissait pas être différente dans le
reste de son étendue
R. Espèces dont les tentacules ne sont pinnés qu'a
LEUR EXTRÉMITÉ, QUI EST ÉLARGIE.
3. FISTULAIRE BRUNE.
Fistalaria fuse a , nob.
PLANCHE 8, FIGURES \~/\.
Fistularia,'Corpore gracili,êlongcUo, levé, viola-
eeo , Juscescente. Tentaculis sexdecim , palmaùs ,
laàiniatis, rubris.
ZOOPIIYTES. 197
Corps long de huit à neuf pouces , vermiforme ,
I rès-mou, lisse, d'un brun violacé. Tentacules, dont
on n'a pu compter que seize, fort grands, déliés,
rougeàtres, dilatés et aplatis en palette ovalaire à
leur extrémité, qui se divise en dix laciniures de
chaque côté. C'est en général à l'aide de ces ten-
tacules, ressemblant aux branchies des Glaucus,
que ces animaux se meuvent.
Cette espèce habite le havre Carteret à la Nou-
velle-Irlande. C'est sur elle que nous avons fait les
observations anatomiques suivantes.
Le canal digestif forme une double anse et se
termine à l'extrémité du corps sans s'ouvrir au-
paravant dans un cloaque. L'estomac est dilaté et
le reste de l'intestin est maintenu par un mésentère.
Il part des pièces cartilagineuses de la bouche, de
nombreux tuyaux très-longs, déliés et jaunâtres,
qui sont ou des glandes salivaires ou des organes
générateurs.
Les muscles rétracteurs , au nombre de cinq ,
sont divisés en deux faisceaux qui se réunissent
en un seul avant que de se porter aux pièces buc-
cales qu'ils ramènent en dedans.
Les tentacules ainsi découpés pourraient peut-
être bien joindre à leurs fonctions celles des bran-
chies, ce qui aurait besoin d'être examiné.
128 ZOOLOGIE.
4. FISTULAIRE ROUGE ATRE.
Fistularia rubcola, nob.
PLANCHE 8 , FIGURES 5-6.
Fistularia, corpore crasso, papilloso, rubènte;
tenta eu lis viginti i, rubeolentibus , api ce pahnatis ,
laciniosis.
Cette espèce, longue d'environ trois pouces, a
le corps gros, d'un rouge brun clair, couvert de
nombreuses papilles qui le font paraître rugueux,
mais qui ne sontpoint adhérentes comme dans quel-
ques-unes des Fistulaires précédemment décrites.
On compte environ une vingtaine de tentacules
élargis et laciniés à leur extrémité. Ils sont de la
même couleur que le reste du Zoophyte.
Une variété, sur un fond rougeâtre, a le corps
parsemé de verrues blanches. Habite dans le havre
Carteret a la Nouvelle-Irlande.
Cette espèce a des rapports avec Tffolot/iuria pur-
purea de M. Lesson (Centurie zoologique, pi. 52),
mais elle est moins rouge et porte des tentacules
plus nombreux et plus longs.
ZOOPHYÏES. 129
5. FISTULAIRE DÉLIÉE.
Fistularia tenais , nob.
PLANCHE 8 , FIGURES J-g.
Fistu/aria , corpore gracili, cylindrico , rufulo,
valde papilloso ; tentaculis vicenis subflavis, basi
puncto nigro notatîs.
Cet individu, de trois à quatre pouces de long;,
a le corps gros comme une plume à écrire, cylin-
drique, jaunâtre, recouvert dans toute son éten-
due de trois petites papilles adhérentes. La bouche
est entourée de vingt et un tentacules égaux, jau-
nâtres, dont les extrémités aplaties ont sept à huit
laciniures de chaque côté. Chaque tentacule est
marqué d'un point noir à sa base, dont l'ensemble
forme un cercle de cette couleur autour de la ca-
vité buccale.
Cette Fistulaire habite avec la précédente dans
la Nouvelle-Irlande.
Zoologie, t. IV.
130 ZOOLOGIE.
Voici la liste des espèces d'Holothuries propre-
ment dites que nous avons figurées ou décrites,
mais qu'il ne nous a pas été possible de représen-
ter dans cet ouvrage. Nous nous proposons de les
faire connaître plus tard avec détail.
i. HOLOTHURIE JAUNE.
Holothurift lu te a , nob.
Holot/uiria , maxima , tetragona , lutea > nigrp
punctata; dorso gibberoso ; tentaculis dénis ? crassis
extremitate dilatatis ; ventre rubescente ; tubulis
viresçentibus , tribus seriebus dispositif.
Habite l'île Tonga. Longue d'un pied.
2. HOLOTHURIE BANDELETTE.
Holothuria Fasciola , nob.
Holothuria , siibtetragona , tuberculosa , vires-
cente, pwtctis rubris et luteis notata ; vitta niera
ZOOPHYTES. 131
lateribus ; ventre fulvo, subrubro punctato ; tubulis
sparsis ; tentaculis viginti, ntbentibus.
Habite la Nouvelle-Irlande. Longue d'un à deux
pieds.
3. HOLOTHURIE TUBERCULEUSE.
Holuthuria tuberculosa , nob.
Holothuria , subtetragona , extrernitatibus trun-
cata,cœrulescente, pallida; dorso valde tuberculose);
tuberculis adnatis, basi injlatis; tentaculis bis dénis,
brevibus ; haustellis tribus seriebus ordinatis ; ano
n/'oro.
Habite Tonga. Longue de huit à dix pouces.
4. HOLOTHURIE MONOTUBERCULEE.
Holothuria monotuberculata , nob.
Holothuria, desuper coiwexa, subtus plana, luteo-
viridi , tuberculosa ; eminentibus so/itariis , acutis ;
9*
132 ZOOLOGIE.
ventre cœruleo , tribus vit lis nîgricanttbus notalo ;
tubulis trifariis; tentaculis viginti api ce luteis.
Habite le port Louis de l'île de France. Longueur
de six à huit pouces.
5. HOLOTHURIE A RAIES BLANCHES.
Holoihuria alhifasciata , nob.
Ho/othuria, elongdta, apice acuta, brunnea; ven-
tre albo trifasciato ; haustellis trifariis , longis et
albidis; dorso spiracu/is longïssirnis hirsuto; ten-
taculis bis dénis.
Habite Tonga. Longueur de dix-huit pouces à
deux pieds.
H. HOLOTHURIE PONCTUÉE DE BRUN.
Hnlothiiria fuscopunctatu , nob.
Holothuria, c)/i/u//ica, rugosa, tessellula, subfus
albida , desuper rubente, punctis subfucis bi farinai
ZOOPHYTES. 133
instructis , tentaculis viginti, ramosis; tubulis con-
fluentibus-
Habite le havre Garteret à la Nouvelle-Irlande.
Longue d'environ cinq pouces.
7. HOLOTHURIE FASCIÉE.
Holothuria fasciata , nob.
Holothuria , subcjlindrica , desuper luteo-vires-
cente , tratisversim nigro jasciata, punctisque nigris
tecta ; ventre albo ; tubulis retractilibus medianis ;
tentaculis viginti, laciniosis , apice tuberculatis.
Habite l'île de Vanikoro. Longue de sept, à huit
pouces.
134 ZOOLOGIE.
8. HOLOTHURIE LUCIFUGE.
Holothuria lucifuga , nob.
Holothuria , cjlindrica ', molle, violacea; tenta-
culis bis dénis, longis , apice ramosis ; haustellis
brevibus trifariis ; ore eireum nigro piuictato.
Habite le havre Carteret. Longue de trois à
quatre pouces.
9. HOLOTHURIE OPHIDIENNE.
Holothuria ophidiana , nob.
Holot/iuria, cylindricea, molli, tuberculosa, de-
super luteo viridique maculosa, subtus fuscescente;
tentaculis viginti , luteis , subrubro punctatis.
Habite le port Dorey à la Nouvelle-Guinée. Lon-
gue de six à sept pouces.
ZOOPHYTES. 135
io. HOLOTHURIE FAUVE.
Holothuria fulva, nob.
Holothuria , cylindricà, molle, viscosa, tubercu-
losa , subrubra; tuberculis poljgoniis rubro uni-
pwictatis ; ventre griseo ; tubulis confertis.
Habite le port du Roi-Georges à la Nouvelle
Hollande. Longue d'un peu plus d'un pied.
ii. HOLOTHURIE PENTAGONE.
Holothuria pentagona , nob.
Holothuria, rigida, prismatica, apice acuta >
fusca ; spiraculis dorsi ordinatis ; haustellis roseis
trifariis ; tentaculis dénis , gracilibus , ramosis-
simis pwictatis ; ore rubro.
Habite le fond de la rade de Sydney au port
Jackson. Longue de deux à trois pouces.
1 36 ZOOLOGIE.
la. HOLOTHURIE TERRE DE SIENNE.
Holothuria subrubra, nob.
Holothuria, cylindrica, subtus plana, rubente,
maculis irregularibus rabro-fuscis picta; ventre albo;
haustellis confluéntibus viridi-luteis ; tentaculis bis
(/en/s a/bicantibus.
Cette espèce, longue de douze à quinze pouces,
que nous n'avons point dessinée, habite les îlots
aux Cerfs de l'île de France.
Les Holothuries suivantes se distinguent par cinq pointes
cartilagineuses ou osseuses autour de l'anus.
i3. HOLOTHURIE LINÉOLÉE.
Holothuria lineolattt , nob.
Holothuria, cor/acea, verrniforrni, crassa, linéolis
conjcrtissimis fuscis tecta; extremitate spàdicea;
ossicu/is ani quinis, sabra bris ; tentaculis vicenis
albido luteis; tubulis sparsis.
ZOOPHYTES. 137
Habile Tonga sur l'ile Panhi-Motoit. Longueur,
huit à dix pouces.
14. HOLOTHURIE MILIAIRE.
Holothuria miliaris, nob.
HolotJiuria, ovato-elongata, piriformi, lutesçente,
tuberculis minimis rufescentibus irrorata ; tenta-
cul is viginti , crassis., luteis, apiçe ciliato-tuber-
culatis; haustellis trifariis, rugasis ; spiraculis loti-
gis.
Habite l'île de Vanikoro. Longue d'environ six
pouces.
i5. HOLOTHURIE DE GUAM.
Holothuria guamensis , nob.
Holothuria, subeylindrica , postier ovali, alba .
aorso, lateribus, maculis autflammis subrubris or-
1 38 ZOOLOGIE.
nato ; ventre rubido, Jiaustellis trifarie onusto ;
tentaculis vigintPsex , roseis ; ossiculis ani albis.
Habite l'île Guam. Longueur, sept pouces.
16. HOLOTHURIE DE MAURICE.
Holothuria mauritiana , nob.
Holothuria, cyîindrica, desupev dneracea, luteo
îtiixta; ventre albo , delicatissime nigro punctato ;
tubulis conjluentihiis , virescentibus ; ossiculis uni
albidis.
Habite les îlots aux Cerfs de l'île de France. Cette
espèce, qui n'a point été figurée, est longue de six
à dix pouces. Elle se contracte en forme de toupie.
ZOOPHYTES. 1 39
ACTINIES.
Animal à corps cylindrique mou, plus ou moins
allongé , élargi et fixé par sa base , avec la faculté
de se déplacer; bouche centrale; disque pourvu
d'un plus ou moins grand nombre de tentacules,
variables en longueur, simples, villeux ou ramifiés.
Malgré les travaux d'observateurs recomman-
dables , l'organisation des Actinies n'est pas aussi
bien connue qu'on pourrait le désirer, et que la
présence de ces animaux sur nos côtes devrait le
faire supposer. Dans l'état actuel de nos connais-
sances, il est d'autant plus à souhaiter que quel-
que naturaliste placé sur les bords de la mer s'en
occupe , que ce sera jeter en même temps un
grand jour sur l'organisation des Zoanthaires en
général, que nous avons reconnu avoir les plus
grands rapports avec les Actinies proprement dites.
Nous avons quelquefois été placé dans des cir-
constances bien favorables à ces sortes d'études,
lorsque dans les contrées équatoriales , nous trou-
vions des Actinies qui avaient jusqu'à deux pieds
de haut; mais nous l'avouons, en courant après
le plus brillant , nous avons négligé le plus positil
140 ZOOLOGIE.
et le plus solide. Nous n'avons pu résister à la
beauté , à la variété des formes et des couleurs ;
la description des espèces l'a emporté sur des dé-
tails anatomiques , que nous supposions devoir
être connus à notre retour.
Quoi qu'il en soit, les voyages récents ont fait
connaître un assez grand nombre d'espèces , qui
varient assez dans la forme de leurs tentacules
pour former des divisions propres à faciliter leur
étude, sans que pour cela on aille jusqu'à les ériger
en genres ; car il nous a semblé que l'organisation
intérieure de ces Zoophytes n'offrait pas pour
cela d'assez grandes différences.
A. Espèces a tentacules simples, plus ou moins longs,
SUR plusieurs rangées , ou les actinies proprement
DITES.
i. ACTINIE MAGNIFIQUE.
Actinia niagnijîca , nob.
PLANCHE y, FIGURE I.
Actinio, rnaxima, oyali; margine, basique dila-
tàtis ; corpore spléndide rubro; tentaculis cylindri-
cis, obtiisiSf apice rubicundis.
ZOOPHYTES. 1 4 1
Grande espèce de sept à huit pouces de diamètre,
à base d'un beau rouge cramoisi, à limbe ondulé,
garni de deux rangs de tentacules médiocrement
longs, épais, cylindriques, obtus à la pointe, qui
est couleur de laque, tandis que le milieu est jaune
clair et la base rougeâtre, quelquefois grisâtre. Le
contour de la bouche est gris.
Cette Actinie, qui n'est point caustique, habite
l'île de Vanikoro.
i. ACTINIE AURORE.
Actinia Aurora, nob.
PLANCHE 12, FIGURES 1-3.
Actinia, cylindrica, basi aurantiaca, longitrorsfbm
substriata; tentaculis aodosis, luteo-roseis , duode-
cim intus limbum dispersis ; ore subflavo, radiato.
Farietas, tentaculis virescentibus apicc roseis ;
disco viridi lineato.
Cette espèce assez peu élevée , parfaitement
ronde, a trois pouces de diamètre. Sa base est d'un
bel orangé, striée de la même couleur. Le limbe est
142 ZOOLOGIE.
blanc, ponctué en dessous de taches plus blanches.
Plus en dedans le disque est légèrement enfumé
et marqué dans le contour de la bouche de lan-
guettes d'un jaune pâle, sans saillie.
Les tentacules sont très-nombreux, médiocre-
ment longs, noduleux, les uns jaunes, les autres
alternativement tachés de jaune et de laque.
Cette Actinie habitait sur les pierres de l'île aux
Cocos, du havre Carteret de la Nouvelle-Irlande.
La variété que nous avons rencontrée au port
Dorey de la Nouvelle-Guinée, est d'un orangé plus
éclatant. Ses tentacules, également noueux dans
toute leur longueur, sont bruns à la base, ver-
dâtres au milieu et un peu rouges à la pointe. La
surface du disque est jaunâtre, avec des stries
verdâtres qui convergent vers la bouche.
3. ACTINIE VIOLETTE.
Actinia ameihystirtâ , nob.
PLANCHE 12, FIGURE 5.
Actinia , cjlindrica , medio constricta ; basi vi-
rescentc , violaceo punctato ; tëntaculis numerosis-
simis , hrevibus , obtusis , violaceis ; are citrino.
ZOOPHYTES. 1 43
Cette Actinie, qui a deux pouces de diamètre,
selargit quelquefois en vase en se rétrécissant au
milieu. Sa base est d'un joli vert clair avec des
lignes longitudinales de points violets , qui ne la
parcourent pas en entier. Le disque, légèrement
ondulé, est couvert de nombreux tentacules très-
courts , arrondis , d'un beau violet. Cette couleur
est plus intense sur ceux du pourtour.
Habite l'île aux Cocos du havre Carteret à la
Nouvelle-Irlande.
/,. ACTINIE A GLOBULES.
Actinia globulosa, nob.
PLANCHE 9, FIGURE 4-
Actinia, minima, hemispherica , rosea , striata ;
tentaculis a Ibis apice globosis ; are prominenti ,
sitbritbro. *
Cette très-petite espèce n'a que trois à quatre
lignes de hauteur. Elle a la forme d'un petit dôme.
Sa couleur est d'un rose tendre avec des stries
verticales d'une teinte un peu plus foncée. Sa
i44 ZOOLOGIE.
bouche est rougeâtre et proéminente ; ses tenta-
cules sont blancs, terminés par un petit bouton à
leur extrémité, d'où nous avons tiré le nom spéci-
fique de ce Zoophyte, qui habite, par une assez
grande profondeur, les ports Jervis et Western de
la Nouvelle-Hollande.
5. ACTINIE BRUN-ROUGE.
Actinia fusco-rubra , nob.
Poré-Poré Ango, par les habitants de Tonga.
PLANCHE I I , FIGURE 7.
Actinia, cylindrica, basi transversim stria ta, gra-
nulosa, rubro-fuscescente ; tentaculis gracilibus ro-
se/s subrubro annulatis ; disco stria to, maculis albis
sertis nutato; ore rubro cœruleoque circaindato.
Varietas, corpore lutescente longitudinatiter san-
guineo litieato, basi punctato.
Cette Actinie a environ un pouce et demi de
diamètre sur deux de hauteur. Elle est cylindrique,
ZOOPHYTES. 145
d'un rouge brun foncé, formant des stries trans-
verses, granuleuses. Le contour de la base est d'un
rougeâtre plus clair, marqué de petits tubercules
d'un blanc jaunâtre. Les tentacules sont assez
longs, grêles, pointus, diaphanes, colorés en rou^e
clair avec des anneaux rougeâtres.
Le disque est remarquable en ce qu'il a six
taches blanches subquadrilatères, dont les inter-
valles sont striés de brun et rouge; le contour de
la bouche est rouge avec un cercle bleu.
Une variété de cette espèce, trouvée à Amboine,
a le corps jaunâtre avec des bandes et des taches
longitudinales d'un rouge sanguinolent. La base
a quelques points bleuâtres et une rangée de petits
tubercules jaunâtres marqués d'un point noir.
Entre les grandes bandelettes sont de légères stries
rougeâtres tremblées. Le disque ne présente au-
cune différence. Cette Actinie en se contractant
prend la forme d'un petit dôme.
G. ACTINIE PIQUETÉE.
Actinia punctulata, nob.
PLANCHE 12, FIGURES 8-9.
ictinia, parva , cylindracea, jusco-violaeea ,
Zoologie, t. iv. 10
1 46 ZOOLOGIE.
striata , albo punctata ; tcntaculis virescentibus ,
annulatis ; are viridi.
Cette petite espèce a le corps brun violacé, li-
néolé de la même couleur et taché de points
blancs. Le pied est jaunâtre et le pourtour du
limbe verdâtre avec des taches blanches. La bouche
est verdâtre, et les tentacules, assez longs, portent
des anneaux de la même couleur.
Ce Zooplryte a deux pouces de hauteur dans
son plus grand développement; contracté, il a
une forme globuleuse.
On le trouve en assez grand nombre, à marée
basse, sur les pierres de la rade d'Hobart-Town, à
Van-Diemen.
7. ACTINIE PELAGIENNE.
Actinia pelagica, nob.
PLANCHE II, FIGURE IO.
Actinia, miruma, cordiformi, subjlava; tentaculis
inœqimlibus, longis, fusco jnmctatis ; ore violaceo
circumdato.
ZOOPHYTES. 147
Cette très-petite Actinie, que nous avons trouvée
surdes fucus au milieu de l'océan Atlantique, pour-
rait bien n'être qu'un jeune âge. Elle est subcor-
diforme, jaunâtre, et remarquable par la rareté et
l'inégalité de grandeur de ses tentacules, qui sont
longs, assez gros, pointus, d'un jaunâtre sale avec
des points brunâtres. La bouche est entourée
d'un cercle violet qui doit faire distinguer cette
espèce de celles qui pourraient avoir des rapports
avec elle.
Dans notre dessin elle est grossie du double.
8. ACTINIE VASE.
Àctinia Vas, nob.
PLANCHE 12, FIGURE 6.
Actinia, cjlindrica , ventricosa , longitrorsum
transversimque fusco striata; disco basique auran-
tiacis; teiitacuUs minimis, obtusis , fusco et viridi
variegatis.
Cette Actinie a ordinairement la forme d'un
petit vase renflé par le milieu. Elle est striée en
IO*
148 ZOOLOGIE.
long et en travers par des bandelettes mal cir-
conscrites d'un brun rougeatre. Le contour du
disque et du pied sont cerclés d'orangé, et les
tentacules, fort courts, obtus, ont la pointe ver-
dâtre et la base brune. La bouche est piquetée
de brun rouge sur un fond jaune.
Le diamètre du corps est d'un pouce et demi.
Ce Zoophyte se trouve dans l'île de Vanikoro.
B. Espèces a tentacules simples, plus ou moins
LONGS, SUR UNE SEULE RANGEE.
9. ACTINIE ROUGE ET BLA.NCHE.
Actinia rubro- ulba , nob.
PLANCHE IO, FIGURE 5.
Actinia, minima, cylindrica, alba ; tentaculis au-
rantiaeis paulalum Ion gis, uniseriatis.
Petite espèce de quatre à cinq lignes de dia-
mètre, haute d'un pouce, cylindrique, dont le corps
et la bouche sont entièrement blancs, et les ten-
tacules d'un bel orangé. Ces derniers, médiocre-
ZOOPHYTES. 1 49
ment longs , sont disposés sur une seule rangée.
Ce Zoophyte se trouve dans la rade du cap de
Bonne-Espérance. Deplusieurs points de son corps,
et probablement par quelque rupture, sortaient
de ces filets blancs qu'on suppose appartenir aux
organes de la génération.
ïo. ACTINIE DE DOREY.
Actinia doreensis, nob.
PLANCHE 12, FIGURER.
Actinia cylindrica , basi aurea , margine hitec?
punçtato ; tentaculis raris , corpore longioribus ,
crassis , subreclinatis , fuscis , àpice f lavis ; ore
albido.
Assez grande espèce, cylindrique, sans évase-
ment dans sa partie supérieure, d'un bel orangé à
sa base, diminuant d'intensité, et passant au rou-
geâtre vers le limbe , qui est ponctué de jaune.
Le contour de la bouche est blanc. Les tentacules ,
en petit nombre, sont gros, très-longs, recourbés
en dehors, pointus, brunâtres à la base, et d'un
150 ZOOLOGIE.
jaune clair à leur extrémité. Us nous ont paru
n'avoir qu'une rangée.
Cette Actinie, dont le corps a pins de deux pou-
ces d'élévation , habite le port Dorey de la Nou-
velle-Guinée.
ii. ACTINIE CLOU.
Âctinia Clavus , riob.
PLANCHE IO, FIGURES 6-1 I.
Actinidy natans, elongata, conica, basi subacuta,
albida; teiitaculis diiodenis , parvis.
C'est avec quelque doute que nous donnons
ce Zoophyte comme une vraie Actinie, quoiqu'il
en ait la forme. Mais sa disposition clavulaire, co-
nique, ses douze tentacules invariables, sur une
seule rangée, et les plis réguliers de ses organes
générateurs , qu'on voit très-bien au travers des
parois , sont autant de caractères qu'on ne trouve
pas dans les Actinies. Au premier aspect on dirait
un Polype arraché à une masse charnue, si l'extré-
mité postérieure était perforée, ce qui n'existe pas.
ZOO PH Y TES. 151
Ce Zoophyte, dont nous trouvâmes plusieurs indi-
vidus vivants engagés dans les tentacules d'une
Méduse, est long de sept à huit lignes dans son
plus grand développement , et de trois seulement
lorsqu'il est contracté. Il est blanc , translucide ,
un peu évasé à son extrémité supérieure en forme
de tète de clou. Au milieu est une ouverture buc-
cale , un peu proéminente, du contour de laquelle
partent douze petits tentacules. Leur base donne
naissance à autant de stries qui parcourent la
longueur du corps, et vont se réunir au boutopposé.
La vitalité de cette Actinie est fort obscure. Elle
se borne à s'allonger et à se rétracter en formant
des bosselures de diverses formes. Elle fut prise dans
le mois de novembre, à notre sortie du détroit de
Bass, sur les côtes de la Nouvelle-Hollande, par 38°
de latitude sud.
12. ACTINIE GRELE.
Actinia gracilis , nob.
PLANCHE 12, FIGURES IO-II.
Actinia, minima, e/ongata, tenui, alba ; tenta-
calis dénis , longis, acutis , uniseriatis; ore croceo.
152 ZOOLOGIE.
C'est également avec doute que nous indiquons
ce petit Zoophyte comme devant être une vraie
Actinie; n'ayant qu'un seul rang de tentacules. Il
était groupé en assez grand nombre sur une Nasse
vivante (Mollusque à mouvements très -vifs),
comme font les Zoanthes, avec lesquelles il aurait
des rapports sans son extrême mollesse et la lon-
gueur de ses tentacules, qui sont bien ceux des
Actinies. Ces appendices, pointus, au nombre de
dix ou douze, entourent une bouche couleur de
soufre. Le corps est grêle , allongé en tube , un
peu renflé vers le haut. Sa couleur est blanche,
ainsi que celle des tentacules.
Ces Zoophy tes sont peu susceptibles de raccour-
cissement. La manière dont ils étaient serrés les
uns près des autres , semble indiquer qu'ils n'é-
taient pas susceptibles de prendre un accroissement
beaucoup plus considérable.
Habite le port Louis de l'ile de France.
ZOQPHYTES. 153
C. Espèces a tentacules très-gros , très-longs , ar-
borescents , GARNIS DE TUBERCULES GRANULEUX.
( Actinodendres de Blainvillc. )
i3. ACTINIE ARBORESCENTE.
Jctinia arborca. nob.
PLANCHE IO, FIGURES 3~4-
Actinia, maxima; corpore subcylindriço , brevi,
margine undulato, viresce/iti, basi fusco maculato ;
disco lutescente, lunulis radiatis fascis notato; ten-
taculis lôngissimis , crassis, ramosis, tuberculatis ,
lungitrorsum striatis.
Grande espèce de pins d'un pied de hauteur , à
corps court, trapu, rougeâtre à sa base, laquelle
est ponctuée de rouge brun , ayant son limbe on-
dulé et jaunâtre. Le disque est remarquable par
ses lignes de lunules brunes qui convergent vers
la bouche. Les tentacules sont excessivement
grands, droits, très-gros, bifurques à leur pointe
et garnis dans leur étendue de grappes de tuber-
cules pédoncules, bilobés, qui ressemblent pariai-
154 ZOOLOGIE.
tement aux masses de certains Alcyons. Ces appen-
dices, d'un jaune clair, sont très-finement striés
de brun sur leur longueur.
Cette Actinie , ainsi que toutes celles de cette
forme et de cette grandeur , occasionnent une
cuisson douloureuse lorsqu'on les touche. Cette
faculté se communique à l'eau qu'elles absorbent,
et chose peut-être surprenante , c'est qu'elle est
beaucoup plus active sur l'épiderme, qu'elle rougit
et fait enfler, que sur les membranes muqueuses.
Ainsi ayant reçu de cette eau dans l'œil, nous souf-
frîmes beaucoup moins sur l'organe qu'à l'exté-
rieur des paupières.
Ce Zoophyte se trouve au port Dorey de la
Nouvelle-Guinée.
14. ACTINIE ALCYONOIDE.
Actinia alcyonoidea , nob,
PLANCHE IO, FIGURES 1-2.
Actinia, maxima, cylindrica , basi longitrorsum
rubescente striata; disco viridi , punctis viridibus
notato ; teiitacidis longis , crassis , répandis, trans-
versim striatis; ramidis lateralibus racemosïs vin-r
dibus.
ZOOPHYTES. [55
Cette espèce est une des plus grandes que nous
connaissions, car lorsque ses tentacules sont étalés,
elle a plus d'un pied de diamètre. Le corps est
cylindrique, assez élevé, d'un brun clair avec des
bandes longitudinales, un peu ondulées, d'un brun
rougeâtre.
Le disque est d'un vert foncé au centre avec
des points arrondis de la même couleur, qui s'é-
tendent sur la racine des tentacules. Ces derniers,
très -gros , très-longs , sur deux rangées, sont
striés en travers de rouge brun dans une partie de
leur étendue , et jaune à leur base. Ils sont garnis
sur leur longueur, en verticille ou d'une manière
alterne, de nombreuses grappes coniques d'un
beau vert, formées de petits grains pédicules, les-
quels font ressembler, à s'y méprendre, ces tenta-
cules aux Alcyons. Le contour de la bouche est
jaunâtre.
Une variété de cette Actinie a le centre du dis-
que violacé ; quelquefois la tige des tentacules est*
d'un violet sale. Ces appendices font éprouver une
cuisson assez forte.
Ce Zoophyte habite à Panhi-Motou, sur l'île
de Tonga. Il s'enfonce dans le sable au point de
disparaître complètement. Quoique ses rameaux
soient granuleux comme le précédent , il suffit de
comparer les deux espèces, pour voir combien
elles diffèrent l'une de l'autre.
156 ZOOLOGIE.
D. Espèces a tentacules courts, élargis, villeux,
TURERCULEUX.
(Actinéries de Blainville. )
16. ACTINIE VILLEUSE.
Aciinia villosa , nob.
PLA.NCHE II, FIGURES 1-2.
Actinia, maxima , cylindrica, transversim pli-
cata, griseo-violacea; tentaculis brevibus ovato-
planis , desuper viïlosis , infra tuberculatis.
Cette espèce a quatre à cinq pouces de diamètre
et présente une large base cylindrique, transver-
salement plissée. Les tentacules, très nombreux,
courts, fusiformes ou ovalaires, sont couverts en
dessus de villosités ramifiées, et en dessous de petits
tubercules arrondis ou ovoïdes fort rapprochés.
Ces villosités vont en rayonnant et en diminuant
de nombre jusqu'à la bouche. Dans cette étendue
elles sont noires, tandis que les tentacules sont
d'un joli gris de lin sur la face supérieure et jau-
ZOOPHYTES. 157
nâtres à l'inférieure. Le contour de la bouche et le
pied sont également grisâtres.
Ce Zoophyte provient de l'île Tonga.
E. Espèces a tentacules nombreux, excessivement
COURTS , ET DONT LE BORD DU DISQUE EST TOUJOURS
TRÈS-ÉVASÉ ET FORTEMENT ONDULE.
1 5. ACTINIE AZUR.
Actinia cœrulea , nob.
PLANCHE Q, FIGURE 2.
Actiniay maxifna, basi cjlindrtca, limbo va hic
dilatata et undulata, gibbosa, tuberculata, fulva;
tentaculis min i mis , numéro si s , apice cœruleis ; ore
luteo.
Cette division nous a paru devoir être établie
pour des espèces peu élevées, dont le disque, tou-
jours fortement ondulé et quelquefois même
bosselé , rentre en dedans et porte de très-petits
tentacules.
158 ZOOLOGIE.
L'Actinie azur n'a pas moins de sept à huit
pouces de diamètre dans son disque, qui est élargi,
fortement ondulé, bosselé, rentrant, et couvert
de tubercules régulièrement disposés. Le pied
est subcylindrique, dilaté à sa base, portant deux
ou trois rangées de tubercules. Toutes ces parties
sont d'un joli fauve, avec des stries de la même
couleur, ou un peu plus foncées. Les tentacules,
excessivement courts, pressés, n'occupent que le
contour du disque. Ils sont d'un bleu de ciel très-
brillant à leur pointe, qui est obtuse, et fauves à
la racine. Plusieurs de ces appendices, à base brun
rouge , forment plusieurs rayons de deux lignes ,
qui se portent vers la bouche. Cette dernière est
jaune, et la surface plane du disque est légèrement
rosée.
Ce Zoophyte habite l'île de Vanikoro; il n'est
point urticant.
16. ACTINIE VERDATRE.
Actinia viridcscens , nob.
PLANCHE g , FIGURE 3.
Actinia, parva , basi cylindrica , rosea , rubro
stria ta; disco dilatato , a /a tu /a ta, desuper subrubro
ZOQPHYTES. 159
striato; tentaculis minimis, numerosis, luteo-vires-
centibus.
Petite espèce à peu près de la même forme que
la précédente , quant au disque , mais sans tuber-
cules. Il est fort évasé, comme lobé et rentrant
sur ses bords, qui sont garnis de nombreux petits
tentacules d'un jaune verdâtre. D'autres, sur deux
rangées, viennent se rendre à la bouche, qui est
rayonnée de brun rougeâtre. Le pied est cylindri-
que , un peu dilaté , d'un rose tendre , strié de
rouge vif en long.
Habite le même lieu que l'espèce précédente.
F. Espèces a tentacules courts ou non apparents ,
COUVERTES DE TUBERCULES FORMANT DES COTES LONGI-
TUDINALES.
( Actinectes de Blainville.)
17. ACTINIE TUBERCULEUSE.
Actinia tuberculosa , 110b.
PLANCHE I I , FIGURES
3-6.
Actinia, turriculata, molle, subrubra, tuberculis
1 60 ZOOLOGIE.
oualibus, striatis , ordinatis , ornata ; tenUicuJis
brevibus subluteis; ore rubenti.
Cette espèce est remarquable par ses bords
droits en forme de tour, quoiqu'elle soit fort molle;
par les nombreux tubercules ovalaires lisses qui
la recouvrent , en formant des lignes verticales
quelquefois très-régulières. Ces excroissances, qui
se touchent presque, varient en couleur; elles
sont ou rouge brun , ou aurore , ou d'un cramoisi
sombre, ou bien encore brunâtres, et toujours
marquées en long de deux ou trois bandelettes
d'une couleur plus foncée. Mais ce qui ne varie
que rarement, ce sont six rangées verticales de
tubercules,, d'un joli gris bleuâtre, linéolés de brun.
Le disque, d'un jaune tendre, porte trois rangées
de tentacules courts et déliés de la même couleur.
La bouche est orangée dans son contour.
Cette Actinie est vagabonde, ou n'adhère que
fort peu au sol, car chaque marée en rejetait des
millions sur la plage. On en accrochait quelquefois
avec des hameçons. Celles que nous trouvions au
port du Roi-Georges n'avaient que deux pouces
environ de' diamètre; mais plus loin à Western,
dans le détroit de Bass, des individus avaient le
volume des deux poings.
Cette espèce fait le passage à-la suivante, connue
sous le nom 'de Minyas.
ZQOPHYTES. 161
18. ACTINIE VIRIDULE.
Actinia viridula, nol).
PLANCHE l3, FIGURES l5-2I.
Actinia, discoidea tint elorigata, viridi, costata ;
costis tuberculatis , tentaculatis ; basi radiata, aeri-
fera; orë plicato.
Le Zoophyte qui fait le sujet de cette observa-
tion , lequel eût appartenu autrefois aux Miniades
de M. Cuvier, nous semble assez différer des Acti-
nies, pour former un genre à part dans cette fa-
mille, lorsque son organisation sera mieux connue.
N'en ayant eu qu'un individu en notre possession,
que nous désirions conserver, nous ne pûmes pas
pousser fort loin nos recherches à ce sujet. Toute-
fois, en le plaçant après l'espèce précédente, nous
ne prétendons faire qu'un simple rapprochement,
car la disposition de tentacules à l'extérieur, l'or-
gane aérifère qu'il porte à sa base, l'en éloignent.
Il y a donc en lui quelque chose qui en ferait un
intermédiaire entre les Porpites et les Actinies.
La forme rigoureuse de cet animal est assez dif-
ficile à déterminer: tantôt il est en disque assez
Zoologie, t. iv. i i
IG2 ZOOLOGIE.
épais, en barillet, ou ressemble à un .petit melon
régulièrement ovoïde, ou étranglé par le milieu;
d'autres fois il s'allonge, et ce sont les extrémités
qui se renflent. Cependant, son aspect le plus cons-
tant est celui d'un disque, semblable aux frontaux
que l'on met sur la tête des jeunes enfants. Il est
pourvu de vingt côtes qui forment, à la base ou
en dessus, une petite calotte rayonnée. Elle est
pourvue d'un trou susceptible de s'élargir, et qui
laisse voir un corps blanc, nacré, spongieux, comme
celui des Porpites; lequel par sa légèreté maintient
ainsi cette Actinie renversée, la bouche en bas. Ses
côtes étant sillonnées en travers, sont tubercu-
leuses et présentent dans leur milieu une ligne de
petits appendices blanchâtres , qui peuvent adhé-
rer aux corps extérieurs, et même sur le verre,
comme font les tentacules des Actinies.
La bouche, qui est plissée, ponctuée de jaunâtre,
laisse quelquefois entrevoir des ovaires d'un brun
violacé , qui remplissent toute la cavité intérieure.
Il n'y a point de tentacules. Ils semblent remplacés
au pourtour de la bouche par de petits tubercules.
Le corps est verdâtre, mélangé de bistre sur les
côtes, et d'un vert plus foncé dans les intervalles,
et à l'extrémité qui avoisine la bouche, laquelle
est plus veloutée.
Ce Zoophyte est très-vivace; divisé en deux il
a vécu long-temps dans l'eau de mer. Il a fallu
même le plonger dans l'eau douce pour le faire
ZOOPHYTES. 103
mourir. Nous l'avons vu avaler de petites Jan-
thines qui s'étaient offertes à son ouverture buc-
cale.
11 a été pris clans le grand Océan, au mois de
mars, entre la Nouvelle-Zélande et les îles des
Amis.
Espèces d'Actinies décrites et figurées qui n ont pas
pu etre représentées dans nos planches.
i. ACTINIE DE TONGA.
Actinia Tongana, nob.
Aetinia , parva , conica, alba, striata, rubro et
fusco maculata; tentaculis minimis subflâvis, basi-
j'ascis.
Cette espèce habite les îles des Amis ; sa hau-
teur est d'un peu plus d'un pouce.
1 1
164 ZOOLOGIE,
a. ACTINIE STRIÉE.
Actinia striata , nob.
Actinia, paiva , cylindrica, elongata, pallida ,
cœruleo , subrubro striata ; tentaculis numerosis ,
acutis, flavicantibus ; ore lutescenle.
Habite les rochers de la baie des Iles à la Nou-
velle-Zélande. Haute d'un demi-pouce.
3. ACTINIE MAMILLAIRE.
Actinia mamiUaris , nob,
Actinia, paiva , rosea , tuberculis subaureis ordi-
natis tecta ; basi subtus rosacea rubro radiata; ten-
taculis brevibus cinereis , apice l'abentibus.
Habite le rivage de l'île de l'Ascension. Haute
d'un pouce et demi.
ZOOPHYTES. 165
4. ACTINIE A COURTS TENTACULES.
Actinia parvitentaculata , nob.
Actinia brevitentaculata, Blainv., Dict., t. LX., page 29'i,
Actinia, vasiformi, basi candida ; disco patulo ,
undulato, rnargine glanduloso; tentaculis numerosis,
brevibus, truncàtis , luteo-virescentibus ; ore roseo-
vwlaceo.
Si M. de Blainville n'eût pas indiqué cette Ac-
tinie dans son ouvrage sur les Zoophytes, nous
lui eussions donné une autre dénomination, parce
qu'il y en a déjà une brevitentaculée ; nous n'a-
vons seulement changé qu'une partie du nom
latin pour ne pas confondre ces deux espèces.
Celle-ci a deux pouces de diamètre, et habite
le havre Carteret de la Nouvelle-Irlande.
5. ACTINIE DES PAPOUS.
Actinia Papuana ; nob.
Actinia, corbif orme, basi candida, flammis luteis
ornata; disco, rnargine undulato, viridi, albo punc-
166 ZOOLOGIE.
lato ; tentaculis brevibus acutis , basicrassis, luteo
et violaceo variegatis ; ore rubeiite , margine viruli.
Habite le port Dorey à la Nouvelle-Guinée. Sa
hauteur est d'un peu plus de deux pouces.
6. ACTINIE CANNELEE.
Actinia strigata , nob.
Actinia, cjlindrica, vircscenti , longitudinaUter
plicata; limbo denticulato; tentaculis conicis, luteis,
viridi maculatis ; ore flavo viridicjue variegato.
Habite les rescifs du port Louis à l'île de France.
Haute de deux pouces.
ZOOPHYTES. Ki7
ZOANTHAIRES CORIACES
En étudiant ces animaux Actiniens, on arrive
successivement des plus mous à ceux qui s'enve-
loppent d'une sécrétion pierreuse. Dans ces séries
ce sont lesZoanthes, les Mamillifères et les Corti-
ficères qui servent d'intermédiaires. Nous avons
examiné des individus de ces deux derniers genres,
et il résulte de nos observations, qu'il y a tant de
ressemblance entre eux, que réellement ils ne doi-
vent former que des divisions d'un seul et même
genre, fondées sur le plus ou le moins d'épaisseur
de l'enveloppe extérieure, dans laquelle se dépose
quelquefois une assez grande quantité de matière
calcaire. Le peu que nous avons vu de Zoanthes
proprement dites, conservées dans la liqueur, nous
porte également à croire qu'il n'y a pas une grande
différence dans leur organisation, d'avec celle des
Zoopbytes ci-dessus indiqués. Toutefois, vu leur
plus de mollesse, leur non encroûtement, et les
ramifications de leur base, on peut jusqu'à un
certain point les laisser subsister comme genre.
Relativement à la dénomination générique à
prendre, nous choisirons celle de Mamillifère, bien
1G8 ZOOLOGIE.
que plusieurs de nos espèces ne présentent pas un
aspect mamelonné et cortical. Il en est même de
simplement groupées , les unes à côté des autres ,
parmi lesquelles il s'en trouve de complètement
isolées.
Comme ces animaux ne se développent que
lentement, il faut autant de soin que de patience
pour saisir la forme et la couleur de leurs petits
tentacules; c'est même cette habitude de les avoir
rentrés, qui leur donne l'aspect tuberculeux d'où
est venu leur nom. On les trouve généralement
dans les petites criques abritées où il y a peu
d'eau , fixés à demeure sur les pierres ou d'autres
corps. Quelques espèces, indépendamment de la
consistance coriace de leur peau, la renforcent
en agglutinant des fines parcelles de sable, comme
nous l'avons vu pour des Ascidies.
Genre MAMILLIFÈRE. — Mamillifera. Blainv.
Corps coriace, court, cylindrique, mamilliforme
dans la contraction, un peu élargi à l'extrémité
buccale, qui est pourvue de deux rangs de tenta-
cules marginaux, naissant en plus ou moins grand
ZOQPHYTES. 169
nombre de la surface d'une expansion membra-
neuse, commune et fixée. Bl.
i. MAMILLIFÈRE CERCLEE.
MamilUJ'cra cingulata , nob.
PLANCHE l3, FIGURES 1-3.
MamMiferci) coadunata; corpore cjlindraceo fus-
cesceiite, âlbo cingulato ; tentaculis viridibus acu-
fis ; ore candido.
m
Individus groupés dans une masse commune,
élevés de quatre lignes seulement, cylindriques ou
un peu contractés au sommet; de consistance
assez coriace, denticulés sur le limbe; ce qui
semble représenter un premier rang de tentacules.
Les vrais tentacules sont assez longs, élargis d'a-
bord , puis très-pointus , verdâtres. Le reste du
limbe est brun et strié de la même couleur ; la
bouche seule est blanche. L'enveloppe extérieure
est d'un assez joli brun, cerclé d'une large bande-
170 ZOOLOQIE.
lette blanche, qui adonné son nom à ce Zoophyte,
lequel provient de l'île aux Cocos du havre Car-
teret de la Nouvelle-Irlande.
2. MAMILLIFERE VERTE.
Mamillifera viridis , nob.
PLANCHE l3, FIGURES Q-H.
Mamillifera , minima, cjrlindrica , viridi ; ma-
millis distinctis , margine crenulatis; tentaculis
biais , lanceolaûis, ihtus roseis ; ore circula viridi
cincto.
•
Très -petite espèce dont les mamelons, assez
saillants, sont séparés les uns des autres sur la
base qui les supporte; leur forme est cylindrique,
peu évasée à l'extrémité, d'où sortent deux rangées
de petits tentacules lancéolés, verdâtres. Le centre
du disque est rosé, la bouche verdâtre, de même
qu'un petit cercle qui l'entoure.
Les animaux contractés sur eux-mêmes forment
ZOOPHYTES. 171
des tubercules crénelés, au centre desquels parais-
sent les tentacules colorés en vert.
Cette Mamillifère habite la rade d'Amboine aux
Moluques.
3. MAMILLIFERE VERTE ET BRUNE.
Mamillifcra viridi-fusca , nob.
PLANCHE l3, FIGURE 12.
Mamillifera , separata, cjlindrica, crassa, subro-
sca ; disco viric/i et j'usco radiato; tentaculis niini-
jitis tuberculosis.
•
Il est souvent difficile de caractériser ces Zoo-
phytes quand on n'a égard qu'aux couleurs ou à
la forme extérieure de l'enveloppe; mais le disque
et les tentacules présentent toujours quelques dif-
férences qu'il faut chercher à saisir. L'espèce qui
nous occupe a ses tubes séparés, hauts de six à
sept lignes, blanchâtres ou légèrement rosés;
le disque a huit lignes de diamètre, ce qui est fort
large proportionnellement à la hauteur; il est strié
172 ZOOLOGIE.
de brun rouge et de vert éclatant, de manière à
ce que les lignes vertes soient côtoyées par deux
brunes. Les tentacules sont excessivement courts,
tuberculeux et jaunâtres.
Habite l'île de Tongatabou.
4. MAMILLIFERE JAUNE.
Mamillifera lutea, nob.
PLANCHE l3, FIGURES l'5-l^.
Mamillifera, crustata, coriacea, luteo-squalidà ;
màmillis distinctis brevibus, corricis ; tentaculis rrii-
nimis ; ore elevato , fùscck stria to.
Ce sont de semblables espèces qui ont fait
former le genre Corticifère, par leur consistance
subéreuse et leur disposition encroûtante. Les
plaques de cette Mamillifère n'ont qu'à peu près
quatre lignes d'épaisseur ; elles sont d'un jaune
sale, plus brun sur les points où doivent se mon-
trer les Polypes, qui, lorsqu'ils sont contractés,
deviennent à peine apparents. Développés, ils s'é-
ZOOPHYTES. 173
lèvent de trois à quatre lignes, et ont une forme
conique ou de cratère. Les tentacules sont fort
courts, grêles, entourant une bouche proémi-
nente , striée de brun.
Habite le même lieu que la précédente.
5. MAMILLIFERE FAUVE.
Mamillifera fulva , nob.
PLANCHE l3, FIGURES 7-8.
Mamillifera, magna, distincta, cylindrica, mem-
branacea, fulva ; disco dilalata, brevi tentaculato,
subfubro striato.
Ici les individus sont isolés, peu nombreux,
longs de plus d'un pouce, cylindriques, simple-
ment membraneux, d'un fauve strié, légèrement
verdâtre à la base du pied. Leur disque est très-
évasé , profond, un peu irrégulier, ayant deux
langées de petits tentacules lancéolés. Toutes ces
parties sont rayonnées de roux vif. La bouche est
ronde ou un peu ovalaire. Cette espèce peut faci-
174 ZOOLOGIE.
lement s'anatomiser et permet de voir les fila-
ments tremblés qui remplissent en partie sa ca-
vité et qu'on considère comme des organes gé-
nérateurs.
Habite l'île de Vanikoro.
6. MAMILLIFERE DE VANIKORO.
Mamillifera Vanikorensis , nob.
PLANCHE l3 , FIGURES ^-6.
Mamillifera, cyliiidrica, separata, glauca, stria-
ta; teiitaculis binis, subf lavis ; disco rubro cingulato.
Cette Mamillifère nous a paru assez différer de
la verte, à laquelle elle ressemble, pour en faire
une espèce distincte. Elle est haute de cinq à six
lignes, isolée, cylindrique, d'un vert glauque, et lé-
gèrement striée en long. Les tentacules sont courts,
un peu obtus, jaunâtres, ainsi que le disque, qui
était cerclé de rouge chez quelques individus.
Habite l'île dont elle porte le nom.
ZOOPHYTES. 175
ZOANTHAIRES PIERREUX.
Nous voici arrivé à des Actinies sécrétant dans
leur substance une matière pierreuse, et généra-
lement connues sous le nom de Madrépores ou
de Coraux. Elles ne croissent en abondance que
dans les pays chauds; et comme les individus, au
lieu de se disperser et d'aller vivre au loin, s'accu-
mulent au dessus ou à côté les uns des autres, il
en résulte ordinairement des niasses pins ou moins
considérables, qui s'augmentent de leurs produc-
tions ou de leurs propres débris, élèvent insensi-
blement le sol où elles se développent, quand tout
concourt à leur accroissement. Nous avons re-
marqué ailleurs* que les circonstances favorables
pour cela étaient : i° une profondeur qui ne fût
pas trop grande , pour que la lumière , qui est
aussi nécessaire à ces êtres qu'aux autres animaux,
pût y parvenir ; i° le calme des eaux et l'abri des
forts courants : d'où il résulte que c'est dans les
ports fermés que ces Zoophytes pullulent le plus.
Une fois arrivés à la surface, l'intensité du soleil
* Voyage Je VUretnie, Zoologie.
176 ZOOLOGIE.
les tue lorsque les basses marées les laissent à sec,
d'où ces vastes bancs de Madrépores morts que
nous avons rencontrés partout, au milieu desquels
de petites flaques nourrissaient encore quelques
espèces échappées à la destruction générale ; d'où,
à la longue, par l'action successive des flots et
des agglomérations de matières, ces petites îles à
fleur d'eau, si dangereuses pour les navigateurs,
et qu'on rencontre dans la mer du Sud.
Les divers genres ont des limites de profon-
deur, qu'on parviendra à constater quelque jour,
mais qu'il est difficile de reconnaître dans la ra-
pidité des voyages. Tous ne s'élèvent pas pèle-mèle
du plus profond à la superficie ; et les Fongies ,
les Astrées, les Caryophyllies, aux suaves et bril-
lantes couleurs, qu'on ramasse sous quelques pieds
d'eau, ne descendent pas indifféremment par vingt
ou trente brasses.
Nous ne nions pas qu'il n'y ait de certaines es-
pèces de Madrépores à quatre ou cinq cents pieds;
mais ceux-là ne jouissent pas d'une activité bien
grande et n'arrivent jamais jusqu'à encombrer les
bassins des ports. Quant à ces murs perpendi-
culaires de plusieurs centaines de brasses qu'on
croit être exclusivement formés par ces Zoophytes,
parce qu'il en existe près de la surface, nous ré-
pétons, par des inductions zoologiques tirées
de la nature de ces animaux, que nous ne pen-
sons pas qu'ils doivent constituer de telles bases,
ZOOPHYTES. 177
qui appartiennent sans doute à certaines dispo-
sitions de terrains et sont simplement géologiques;
ce qu'on vérifiera peut-être quelque jour.
Quoique les individus que nous allons étudier
vivent généralement fixés au sol et groupés entre
eux, il en est cependant qui , vraies Actinies, iso-
lées comme les Fongies, n'y adhèrent le plus
souvent pas , et sont susceptibles de quelque
léger déplacement spontané. Nous avons même une
fois rencontré un large morceau d'Astrée flottant
à la surface delà mer. Il est vrai que les Polypes en
étaient morts, et nous ignorons si vivants le même
phénomène aurait eu lieu.
Zfiohg/e. t. iv. ia
178 ZOOLOGIE.
Genre FONGIE. — Fungis.
Animal membraneux, le plus souvent simple,
déprimé, orbicuiaire ou ovale , ayant une bouche
centrale supérieure, transverse, des tentacules plus
ou moins longs, nombreux, quelquefois à peine
apparents, solidifié dans son intérieur par un
polypier calcaire, lamelleux, rayonnant en dessus,
granuleux en dessous.
Tous les animaux actiniformes dont nous allons
avoir à parler, ont cela de particulier que la sub-
stance solide qu'ils sécrètent est toujours rayon-
née, lamelleuse et réellement interne, quoiqu'elle
ne le paraisse pas d'abord. De même que nous
avons passé des Actinies simples et susceptibles
de se déplacer à d'autres Actinies groupées et fixées,
de même dans cette famille nous trouverons des
individus complètement isolés, libres sur le sable,
et d'autres, c'est le plus grand nombre, réunis
entre eux et faisant partie du sol.
Les Fongies nous fourniront le premier exem-
ple. Ce sont des Zoophytes qui par leur produit
pierreux, ont une grande ressemblance avec un
ZOOPBYTES. 179
champignon renversé, comme leur nom l'indique,
mais tous n'ont pas une forme circulaire. Il en
est d'ovalaires, de comprimés, et c'est ceux-là
qui présentent quelquefois deux ou trois Polypes
réunis *. Il est des Fongies fixées par un court pédi-
cule, qui doivent probablement former des es-
pèces distinctes , ce dont nous n'avons pu nous
assurer par l'observation des animaux. Ces der-
niers fourniront pour les espèces rondes, des ca-
ractères qui nous semblent meilleurs que ceux
tirés de la forme des lamelles, dont il sera cepen-
dant toujours facile de tenir compte. D'après cela
on pourrait les diviser en Fongies à longs tenta-
cules , et en Fongies à courts tentacules, ou plutôt
qui n'en ont pas; comme est celle de la mer Rouge
que nous a fait connaître le premier, le judicieux
Forskàl, et dont aucun auteur n'avait parlé depuis,
lorsque nous rapportâmes un individu de cette
section, que nous avons décrit dans notre voyage
de VU nu de.
Les Turbinolies ressemblent tellement à de
petites Fongies fixées, qu'on voit dans les collec-
tions, et qui sont à demi repliées sur elles-mêmes,
* Nous n'avons jamais vu cette particularité sur le grand nombre de
Fongies 01 biculaires que nous avons observées. Il arrive bien quelquefois
qu'uti de ces animaux étant par hasard placé obliquement sur le sol, un
ovule peut se développer et croître à la partie postérieure, comme le Mu-
séum en possède un exemple; mais là ce sont deux travaux distincts, opposés
parleur base, et non une réunion pour produire une seule forme.
11*
180 ZOOLOGIE.
que nous aurions été tenté d'en faire une divi-
sion de ce genre , s'il n'était préférable de les rap-
procher des Caryoplryllies , comme l'a fait M. de
Blainville. Elles semblent du reste former le pas-
sage des unes aux autres , ainsi que l'a dit M. de
Lamarck.
i. FQNGIE ACTINIE.
Fungia actiniformls , nob.
PLANCHE l4, FIGURES 1-2.
Fungia lutescens , viridi radiata ; tentaculis
/ongis, confluentibus, eylindricis, fuscis, apice sub-
luteis.
Testa orbicularis, convexd in medio , elevata ,
subtus planiuscula , regulariter s tria ta ; lamellis
subœqualibus , lobatis.
Cette grande espèce n'existant point au Muséum
ni dans la collection de M. Lamarck nous a paru
nouvelle. Son diamètre est de quatre polices, et
ZOOPHYTES. 181
son épaisseur d'un pouce; elle est bien arrondie,
épaisse, plane en dessous, sans concavité, assez
bombée en dessus, en s'élevant progressivement
des bords vers le centre. Ses lamelles sont minces,
profondes, inégales; les plus grandes, à peu près
de même niveau, l'emportent par le nombre sur
les plus petites, avec lesquelles elles alternent ce-
pendant quelquefois. Toutes sont finement gre-
nues par les côtés, profondément et largement
festonnées; plusieurs de ces découpures sont ac-
couplées.
La surface inférieure présente aussi des lamelles
très-régulières, serrées, finement denticulées, peu
profondes ; de sorte qu'en présentant cette Fongie
sous cet aspect, on pourrait croire que c'en est
une autre d'une espèce différente.
Lorsque nous en vîmes l'animal épanoui dans
l'eau, nous le prunes pour une véritable Actinie.
Sa superficie est jaunâtre, striée de verdâtre. Les
tentacules sont longs, cylindriques, un peu mous,
très-nombreux, presque confluents, bruns, excepté
à la pointe qui est jaunâtre. Quand on les touche
ils se retirent en partie entre les lamelles. L'animal
diminuant d'épaisseur sur le bord, passe à la sur-
face inférieure, qu'il tapisse delà même manière
qu'en dessus, en formant un léger boursouflement
semblable au contour du pied des Actinies. Ceci
s'observe encore très -bien dans les individus
conservés dans la liqueur.
182 ZOOLOGIE.
La bouche est longuement ovalaire, plissée; les
ovaires sont en forme de filaments blancs, déliés
et tortillés, logés entre les lames centrales du
polypier.
Cette Fongie a été trouvée sur l'île aux Cocos,
au havre Carteret de la Nouvelle-Irlande.
i. FONGIE A GROS TENTACULES.
Fungia crassitentaculata, nob.
PLANCHE l4, FIGURES 3-4»
Fungia , lutescens , radiata ; tentaculis numero-
sis y conicis , crassis , apice luteo-virescentibus .
Testa orbicularis , planulata, subtils tenuiter
striata ; lamellis profundis , inœqualibus , va/de
lo bâtis.
Espèce de moyenne grandeur, orbiculaire ou
légèrement ovalaire, aplatie en dessus et en dessous,
présentant dans le premier sens, de grandes et
de petites lamelles, assez irrégulièrement réparties
entre elles. Les grandes seules atteignent jusqu'au
centre; toutes sont largement festonnées comme
ZOOPHYTES. 18.'$
dans l'espèce précédente. Ces denticules sont d'au-
tant plus larges, qu'ils avoisinent le milieu de
l'étoile. La surface inférieure est assez régulière-
ment striée , avec une rugosité au centre , qui
pourrait faire croire que le Zoophyte aurait été
fixé par un pédicule ; ce dont nous ne nous sou-
venons pas, lorsque nous le recueillîmes vivant.
L'animal est d'un jaunâtre un peu sale, légère-
ment strié à sa surface, laquelle est recouverte
par de nombreux et gros tentacules, qui ressem-
blent en quelque sorte à des sangsues; ils sont
allongés, plus gros vers le milieu, d'une teinte
fauve, si ce n'est à l'extrémité, qui est jaune ver-
dâtre. C'est par une absorption interstitielle que
ces tubes se remplissent d'eau, et non par des ou-
vertures terminales bien marquées. Cette Fongie,
qui a deux pouces et demi de diamètre et sept
lignes d'épaisseur, habite Vanikoro.
184 ZOOLOGIE.
Genre POLYPHYLLIE. — Poljphyîlia.
Voici comment s'exprime M. de Blainville, rela-
tivement à ce nouveau genre, clans son article
Zoophyte, du grand Dictionnaire des Sciences
naturelles, page 3o5 :
« Ce genre a été établi par MM. Quov et Gai-
«mard, pour des Zoanlhaires pierreux, fort remar-
ie quables en ce que les individus sans tentacules
«autour de la bouche, mais épars sur la partie
« commune, comprennent dans leur intérieur une
« masse calcaire, analogue aux Fongies complexes,
« c'est-à-dire mince, libre, en grande plaque, mais
«qui, au lieu de lamelles partant de centres plus
«ou moins nombreux, formant des loges stelli-
« formes, distinctes, présente des crêtes courtes,
« denticulées, tranchantes, toutes perpendiculaires
«au grand diamètre du polypier, qui a un sillon
«médian sur toute sa longueur. Il n'y a aucune
«apparence d'étoile sur le polypier, et cependant
« il appartient réellement à un grand nombre d'ani-
« maux actinoïdes, bien distincts par la bouche, et
« confluents complètement par la circonférence.
«On conçoit qu'on puisse réunir à ce genre la
«seconde division des Fongies; mais c'est ce qu'il
« serait trop hardi de faire en ce moment.
ZOOPHYTES. 185
«Les animaux sont nombreux", à bouche un
«peu saillante, lobée à sa circonférence, couverts
« de tentacules nombreux, épars à la surface d'une
«partie charnue, enveloppant de toutes parts et
«contenant un polypier calcaire, solide, libre,
« diversiforme , en plaque convexe, et concave
« en sens opposé , denticulé en dessus , tubercu-
«leux par dessous.»
i. POLYPHYLLIE BASSIN.
Polypliyllia pelvis , nob.
An Fungia talpa ? Laniarck, An. s. v., t. II, page 237.
Lithactinia Noi>œ-H)'berniœ,l>esson, Illust. Zool., pi. 6,
f. 1-2.
PLANCHE 20, FIGURES 8-IO.
Polyphyliia, oblonga, subtus concava, echinata;
lamellis subserialibus , brevissimis } inœquàlibtis ,
scabris , denticulàtis.
Poljpiis conjluentibus , sûbrubris ; tentaculù
sparsis, crassis, apice albidis ; bre ovali, crispa ta.
Ce polypier non adhérent peut varier de forme,
mais quelle que soit celle qu'il affecte, ronde,
ovale ou subquadrilatère, il conserve toujours
186 ZOOLOGIE.
celle d'un bassin plus ou moins profond, et dont
les bords sont un peu obliques. Il est mince, léger;
néanmoins il ne flotte pas naturellement, et s'il se
soutient sur l'eau, c'est à la manière d'un vase
concave et en prenant les mêmes précautions.
C'est à la surface convexe que sont les Polypes.
Dans les grands échantillons elle est ordinairement
marquée d'une ligne de séparation dans son plus
grand diamètre, laquelle va d'un bord à l'autre.
Les lamelles sont très -nombreuses, en crêtes
courtes , fortement denticulées , granuleuses sur
les côtés, renforcées à leur base par d'autres pe-
tites lames moins élevées et moins denticulées ,
de manière à ce que chaque grande en ait une
plus petite. La surface inférieure est striée en
ondes.
Toute la superficie est tapissée par des ani-
maux confluents, qui n'affectent point de séries
régulières ; de manière que les bouches s'ouvrent
cà et là au fond des dentelures. Elles sont ova-
laires ou arrondies, légèrement frangées dans
leur contour , sans trace de tentacules. Ces
derniers , aussi nombreux qu'il y a pour ainsi
dire de grandes crêtes , sont le prolongement de
la substance charnue qui recouvre ces éminences.
Ils sont courts, coniques, d'un rouge brun assez
intense, comme l'ensemble du Polype, avec leur
extrémité blanche . Ces appendices , qui ont tous
la même direction, ne rayonnent point autour de
ZOOPHYTES. 187
plusieurs centres. On ne les voit bien que dans
l'eau, et lorsqu'ils en sont sortis, ils s'enfoncent
dans les ambulacres. Après l'estomac, viennent
les filaments blancs , tortillés , communs à cette
famille de Zoanthaires.
Cette Polyphyllie n'est point rare dans la mer
du Sud. Notre individu provient du havre Carte-
ret, à la Nouvelle-Hollande. Nous l'avons aussi ren-
contré à Vanikoro. Des échantillons bien conser-
vés dans la liqueur ont été déposés au Muséum.
188 ZOOLOGIE.
Genre TURBINOLIE.— TurbinùMa, Lamk.
Animal simple, membraneux, actiniforme, à
bouche centrale, entourée de nombreux et longs
tentacules. Polypier calcaire, fixe, conique, com-
primé, ayant une grande cellule profondément et
régulièrement lamelleuse, un peu déjetée en de-
hors dans son contour. Plus ou moins striée à
l'extérieur.
TURBINOLIE ROUGE *.
Turbinolia rubfa , iiob.
PLANCHE l4, FIGURES 5-t).
Turbinolia , triangularis , compressa , cuneifor-
mis ; Stella oblonga, sublutea et rubra ; lamellis
regularibus inœqualibus. Animale rubro; tentaculis
longis , aibis , veruoosis.
* C'esl la mi'rae que M. de Blainville a indiquée sous le nom de Caryo-
pliyllie aplatie, Dicl. Zooph., tomeLX, page 53o, d'après nos manuscrits ,
dénomination que nous avons cru deroir rectifier.
ZOOPHYTES. 189
Nous décrivons ce Zoophyte comme un genre
à part, en attendant qu'on le réunisse aux Caryo-
phyllies, dont il ne parait vraiment être qu'un
individu, vivant isolé. Cette espèce, haute d'envi-
ron un pouce, a beaucoup de rapports avec la
Turbinolie comprimée de M. de Lamarck, laquelle
est fossile. Elle est toujours fixée, de forme trian-
gulaire, comprimée, élargie un peu à la base. Son
ouverture, ovalaire, se déjette légèrement en de-
hors. Son contour en est régulier, un peu arqué,
garni en dedans d'environ cinquante lamelles al-
ternativement grandes et petites, ne débordant
point. Les moins longues atteignent à peine le
fond de l'entonnoir, qui est profond et rétréci. Les
parois extérieures sont à peine striées, et de cou-
leur rougeâtre. L'étoile est d'un jaunâtre clair
avec six bandes rouges. L'animal est d'un rouge
très-vif. Sa bouche est ovalaire, grande, plissée,
de couleur rosée, avec quelques taches blanchâ-
tres, garnie dans son contour de plusieurs ran-
gées d'assez longs tentacules déliés, blancs, dia-
phanes et tuberculeux sur leur longueur.
Ce Zoophyte provient de la Nouvelle-Zélande
dans le détroit de Cook; il était seul adhérent à
une Valve de Vénus, et fut pris par vingt-cinq
brasses de profondeur.
190 ZOOLOGIE.
Genre CARYOPHYLLIE. — Caryophyllia , Lamk.
Animaux actiniformes, à tentacules nombreux,
cylindriques, saillants. Polypiers cylindro- coni-
ques, à lamelles rayonnantes, striés en dehors,
simples, fixés par la base et à peine agrégés.
i. CARYOPHYLLIE FASCICULÉE.
Caryophyllia fasciculata .
Lamarck, An. s. v., t. II, page 226, n° 4-
PLANCHE l5, FIGURES 3-6.
Carjopliyllia , cyluulris clavato-turbinatis aut
cotnpressis , longiusculis , e crus ta surrectis , diver-
gentibus; stellarum lamellis cxsertis. Lam.
Nous venons de décrire des Actinies pierreuses
isolées. Celles qui vont maintenant s'offrir ten-
dront à s'agglomérer de plus en plus, soit qu'elles
deviennent rameuses ou qu'elles s'unissent sim-
ZOOPHYTES. 1U1
plement par leur base, ou à l'aide d'un ciment
particulier, dans lequel leurs tuyaux isolés sont
comme implantés. C'est le cas de la Caryophyllie
fasciculée, dont les masses peu volumineuses sont
planes ou s'arrondissent en demi -sphère. On les
rencontre assez ordinairement abritées, au milieu
des places vides que forment d'autres Madrépores.
Les tubes, rapprochés les uns des autres, sont
coniques, pointus, droits ou quelquefois courbés
en virgule, cylindriques ou un peu comprimés,
cannelés à l'extérieur. L'étoile est découpée en la-
melles profondes, triangulaires, aiguës, légère-
ment denticulées, régulières ou entremêlées de
grandes et de petites, dont le nombre varie de
vingt à vingt-cinq. La cavité que forme leur en-
semble a peu de profondeur; elle est arrondie ou
ovalaire, selon la disposition du tube.
Tous ces tuyaux sont empâtés, sans se toucher,
dans un dépôt crétacé, aérolaire, friable, sécrété
par la partie de l'animal qui déborde le polypier.
Pareille chose a lieu dans les Tubipores, qui sont
des Zoophytes d'une autre forme.
Au premier aspect, les animaux de cette Caryo-
phyllie semblent ne former qu'une masse con-
fluente d'un beau vert velouté , parce que leurs
tentacules longs et flexibles se touchent entre
eux. Ils sont cylindriques, obtus à l'extrémité;
quelques-uns sont seulement verts à la pointe et
rougeâtres dans le reste de leur étendue. La partie
192 ZOOLOGIE,
du Polype qui descend à l'extérieur le long de
chaque cylindre est également rougeâtre avec des
stries longitudinales. La bouche est verte.
Cette espèce, que nous ne reproduisons ici qu'à
cause de son animal, n'est pas très-répandue dans
la mer du Sud. Nous l'avons trouvée à Vanikoro.
Nous croyons qu'elle existe aussi à l'île de France.
ZOOPHYTES. I9.'{
Genre LOBOPHYJLLIE. — Lobophyllia, Blàinv.
Animaux actiniformes , pourvus d'une grande
quantité de tentacules cylindriques sortant de
loges coniques, subcirculaires ou sinueuses, à
lamelles tranchantes, composant un polypier cal-
caire, turbiné, fixe, strié longïtudinalement à l'ex-
térieur, très-lacuneux à l'intérieur.
i. LOBOPHYLLIE ANGULEUSE.
Lobophyllia angulosa, var.
Caryophyll. ahgul., Laraarck, An. s. v., t. II, page 22g,
n° iB.
PLANCHE l5> FIGURAS 1-2.
Lobophyllia , céspitdsa; ramis brevifcus, eréctis,
creberrimis ; stellis orbiculatorsinuatis , irregula-
ribus.
Polypis virescentibus ; tentaculis longis cylin-
driciSy fuscis, apice rotundis viridibusquè.
Zoologie, t. IV. ' >
194 ZOOLOGIE.
Ce nouveau genre a été formé par M. de Blain-
ville, aux dépens des Caryophyllies , qui ont de
longs et gros tentacules. L'espèce représentée ici
est une. variété de la Caryophyllie que nous avons
donnée dans la planche 96 du Voyage de l'Uranief
laquelle consiste pour le polypier dans moins
d'étendue , et en ce que les étoiles sont plus iso-
lées, arrondies et moins ondulées, ou anguleuses.
Les différences que présentent les Polypes sont
d'avoir des tentacules plus courts et moins verts.
Du reste , la partie calcaire forme des masses
assez considérables, planes ou légèrement sphé-
riques, peu élevées, dont les branches, unies par
leur base et striées à l'extérieur, ont un ou deux
pouces de longueur. Les étoiles en sont un peu
évasées, à lamelles profondes, inégales, lisses et
arrondies. Elles laissent au fond du cône un es-
pace vide, ovalaire ou comprimé selon leur forme,
dans lequel se loge la bouche du Polype.
La forme de ce dernier est traduite par celle des
cellules qu'il déborde, en descendant à quelques
lignes le long de l'extérieur de la tige. Il est re-
couvert de tentacules nombreux, qui sont d'un
beau vert tant qu'ils demeurent rapprochés, parce
qu'il n'y a que leur pointe obtuse qui ait cette
couleur. Le reste de leur étendue est brun ver-
dâtre.
Les grands individus de cette espèce forment
des massifs d'un vert admirable par l'union de
ZOOPHITES. 195
leurs tentacules, qui sont si longs qu'on peut les
saisir à pleines mains sans crainte de les voir se
contracter et disparaître. Ils adhèrent à la peau
comme ceux des Actinies.
Nos individus qui ont été déposés , très-bien
conservés, au Muséum, proviennent du havre Car-
teret à la Nouvelle-Irlande.
Nous ferons observer qu'il y a de si grandes
différences entre les animaux de ce Zoophyte et
ceux de la Caryophyllie en arbre, que nous a fait
connaître Donati, que ces derniers, dont nous ne
concevons pas trop la forme , auraient besoin
d'être examinés de nouveau pour s'assurer si réel-
lement ils sont tels; ce dont nous doutons beau-
coup.
2. LOBOPHYLLIE ORANGEE.
Lobophyllia aurea , nob.
PLANCHE l5 , FIGURES J- I I .
Lobophyllia, ramis brevibus ovatis mit rompre. s-
sis , extrinsecus striatis, aureis ; stellis excoriatis.
Poljpis aurantiacis , brevitentaculatis.
190 ZOOLOGIE.
Tubes courts, gros, cylindriques ou comprimés,
finement striés à l'extérieur. Les arêtes des canne-
lures sont denticulées. Le contour des étoiles est
irrégulier, comme déchiré, à lamelles grandes et
petites alternativement, légèrement dentelées. Le
polypier est brunâtre ou participe de la couleur
de l'animal. Son intérieur est formé de réticula-
tions confuses.
Le Polype est profondément enfoncé dans sa
cellule; sa bouche est ovalaire et entourée de
tentacules fort petits. Ces parties sont d'un orangé
plus intense autour de l'orifice buccal. Les ovaires
sont jaunâtres. Cette espèce, cpii n'a qu'un demi-
pouce de longueur , se trouve au port du Roi-
Georges et au port Jackson de la Nouvelle-Hollande.
ZOOPHYTES. 197
Genre DENDROPHYLLIE.— Dendgoph) llia,
Blaiuville.
Animaux actiniformes , pourvus d'un granû
nombre de tentacules, au milieu desquels est la
bouche, contenus et à peine saillants dans des
loges profondes, rayonnées, à lamelles nombreuses;
polypier largement fixé, comme tronqué, arbo-
rescent, strié en dehors, lacuneux intérieurement.
DENDROPHYLLIE ROUGEA.TRE.
Dendropliyllia rubcola , nob.
PLANCHE l5, FIGURES I2-l5.
Dendrophjllia, cylindricis , reçus, mihimis, sub-
cespitosis , agregatis \ fasciculis rubentibus.
Polypis subrubris, tentaculatis; limbo viridicir-
cumdato , ore prvminenti conico, crispato.
M. de Blainville a établi ce genre avec certaines
Caryopjxyllies arborescentes, cylindriques et trou-
198 ZOOLOGIE.
quéès à l'extrémité des rameaux, qui portent des
étoiles isolées.
Cette espèce a de grands rapports avec la Ca-
ryoplryllie en gerbe. On la trouve par petits groupes
irréguliers, dont les tubes fort courts, longs de
deux à trois lignes, sont cylindriques, légèrement
cannelés, coupés net à leur extrémité. Le contour
du limbe est linéaire et bien régulier. Les étoiles
sont coniques, à lamelles petites et grandes alter-
nativement. Tout le polypier est d'un rougeâtre
clair.
Les Polypes, qui sont aussi de la même couleur,
s'élèvent en bourrelet au dessus des étoiles. Leur
disque est assez largement rayonné et marqué
d'un cercle vert fort étroit. Plus en dedans sont
de petits tentacules grêles, du centre desquels sort
une longue bouche en cône renversé, découpée
dans son contour.
Ce Zoophyte marin a été trouvé dans ce qu'on
appelle la rivière Tamise à la Nouvelle-Zélande.
ZQOPHYTES. 190
Genre ASTRÉE. — Astrea, Lamk.
Animaux actiniformes , courts, granuleux, à
bouche médiane, entourée de tentacules en géné-
ral fort courts, peu nombreux, contenus dans des
loges lamelleuses , radiaires , polymorphes , peu
profondes, formant des masses encroûtantes ou
arrondies en boule.
Dans ce genre, les animaux se rapprochent da-
vantage et finissent même par se toucher et deve-
nir confluents dans les dernières espèces. Toute-
fois des lignes distinctes indiquent la démarcation
de chacun d'entre eux. En général ils varient
assez peu de forme. Leurs tentacules sont à peine
indiqués; quelques espèces les ont un peu plus
saillants que d'autres. Mais celles où ils existent
en plus ou moins grand nombre et dont les tubes
s'élèvent au dessus du polypier, méritent de fixer
l'attention, parce qu'il est possible qu'on en fasse
quelque jour un genre à part. Les tentacules
sont placés autour de la bouche. Cette dernière,
plus ou moins saillante, donne dans un estomac
200 ZOOLOGIE,
ovalaire; puis viennent de nombreux ovaires dé-
liés et tortillés. Les rayons du disque charnu sont
toujours plissés en travers, de manière à former
des lignes tuberculeuses. Il est des Astrées apla-
ties; mais le plus grand nombre tend à former
des demi-sphères toujours peu volumineuses. Le
vert et le jaune sont les couleurs qui dominent
dans leurs teintes.
A. Espèces a polypes tubulés, saillants, et dont la
BOUCHE EST ENTOUREE d'un PLUS OU MOINS GRA.ND
NOMBRE DE TENTACULES.
(Tubastrèe de Blainville.)
i. ASTREE CALICULAIRE.
Astre a calicularis.
Madrépore rayon d'abeille, Linn.
Elliset Sol, pi. 5.
Boccog., Mus., vol. i, pi. 5.
Gualticri, pi. ig.
Knor., vol. i, pi. A, n° i.
Cavolini, M. i, tab. 3, f. i-5.
Madrepora ealycularis , Délia Chiaie, pi. 17, f. 7.
Journal de Phys. , ann. 1806, page 435, pi. 1, fig. B.
ZOOPHYTES. 201
Caryophyllia calyrularis , Lamk., t. ir, page 17.6, n° 2.
Dict. d'hist. nat., 2e édit., Deterville, t. 16, page 364.
Astroïde jaune ', Quoy et Gaimard, Ann. se. nat., t. io,
p. 187, pi. 9, B.
PLANCHE 10, FIGURES l6'-23.
Asti-ca, crustacea, plana; stellis excavatis, qua-
dratis vel polygoniis., Juscis; centro promiriulo.
Polypis cylînchicis prominentibus ereciis, auran-
tiacis ; tentaculis, birds> breyibus ; ore prominenti.
La synonymie indique sous combien de noms
ce Zoophyte était connu avant que nous-mêmes
nous ne lui en imposions par mégarde un de plus.
Frappés en effet de quelques différences dans les
Polypes d'avec ceux des Astrées ordinaires, nous
lappelàmes Astréoïde; mais ayant abandonné de-
puis cette dénomination appliquée rapidement et
à la mer, nous lui rendons celle d'Astrée, jusqu'à
ce qu'on trouve assez de caractères pour établir
un genre avec les espèces dont les Polypes s'élèvent
en forme de tube.
Nous devons promptement dire aussi que si
nous n'avions pas craint de surcharger encore
cette espèce d'un nom , nous lui aurions oté celui
de Caliculaire, qui pourrait la faire confondre
202 ZOOLOGIE.
avec celle que M. Lamarck a appelée ainsi, la-
quelle en est bien distincte et provient des mers
australes. Ce double emploi tient à ce que l'au-
teur ci-dessus avait placé cette Astrée parmi les
Caryophyllies : erreur qui avait échappé à sa sa-
gacité.
Vincent Rosa, conservateur du muséum d'his-
toire naturelle de Pavie, est probablement le pre-
mier qui ait observé vivant ce Zoophyte, dans les
environs d'Alger. Sa description que Bosc fit in-
sérer, en 1806, dans le Journal de physique avec
un dessin assez peu correct, fut reproduite depuis
dans la seconde édition du Dictionnaire de Deter-
ville, à l'article Madrépore.
Depuis, M. Délia Chiaie de Naples en a donné
une figure en noir dans son intéressant ouvrage.
Nous aurions donc pu, à la rigueur, nous dispenser
d'en parler, si nous ne tenions à faire connaître
cette espèce avec sa forme et ses couleurs natu-
relles.
On la trouve ordinairement en petites masses
encroûtantes , planes ou légèrement arrondies ,
de quelques pouces d'étendue sur quelques
lignes d'épaisseur. Les étoiles sont pressées en
forme d'alvéoles , arrondies ou polygonales ,
rarement à six côtés. Les bords en sont unis, sans
dentelures ; les lamelles nombreuses , verticales ,
régulières. Quelques-unes cependant font un peu
plus de saillie que les autres, sans converger dans
ZOOPHYTES. 203
le fond de l'étoile, du milieu duquel s'élève un
petit tubercule poreux.
Dans leur développement les Polypes sont sail-
lants de près d'un demi-pouce, cylindriques ou
un peu ventrus , striés en long. Leur bouche est
proéminente, ovalaire, plissée, entourée de tenta-
cules courts, réguliers, un peu tuberculeux ; notre
manuscrit dit de deux rangées, mais le dessin
n'en indique qu'une seule. Ces animaux sont très-
contractiles et s'enfoncent dans leurs loges de
manière à disparaître en partie. Leur couleur
est d'un bel orangé velouté, plus intense sur la
bouche et les tentacules. Le polypier est d'un
brun sale et blanchâtre dans quelques points,
On conserve très-bien ce Zoophyte dans la li-
queur. Les Polypes peuvent encore s'y étudier et
sont même quelquefois saillants hors des étoiles,
selon le temps où ils ont été saisis.
Habite les environs du mouillage de Guettare
dans la baie d'Algesiras.
204 ZOOLOGIE.
2. ASTRÉE VERTE.
Astrea -viridis , nob.
PLANCHE l6, FIGURES 1-3.
Astrea, ghbulosa vel ovali; stellis parvis, com-
pressis, poljgoniis, conicis; lamellis œqualibus mar-
gine ragosis.
Polypis tubulosis , prominentibus , striatis , gri-
seis ; tentaculis numéro sis simis, viridibus.
Cette espèce a ses Polypes encore plus proé-
minents que ceux de la précédente. Elle a des
rapports avec l'Astrée Réseau, qui a ses étoiles
beaucoup plus régulières qu'elle , et semble être
l'analogue d'un fossile qu'on rencontre à Puiseux.
On la trouve en petites masses de la grosseur
du poing, arrondies ou ovalaires. Ses étoiles sont
petites , pressées , polygonales , d'environ deux
lignes de diamètre, assez profondes, coniques, à
Lords verticaux, dont le contour est rugueux,
comme scarieux. Les lamelles sont égales, denti-
culées et n'atteignent point le fond des alvéoles.
L'intérieur du polypier est formé d'aréoles arron-
dies, petites et confuses. Sa couleur est d'un brun
ZOOPHYTES. 205
noirâtre à l'extérieur, probablement duc à la ma-
cération des animaux dans leurs cellules.
Ces derniers sont assez peu confluents, cylin-
driques, longs de plus de six lignes, striés en long
et en travers et maimnelonnés dans leur contrac-
tion. Le disque buccal est très-développé, arrondi,
garni d'un grand nombre de tentacules peu ré-
guliers d'un beau vert; la bouche et le reste du
tube sont d'un gris bleuâtre. Ces Zooplrytes ren-
trent complètement dans leurs loges, et l'on ne
voit alors 'que des aréoles d'un gris ardoisé ayant
quelques points verts au milieu.
Il ne faut pas confondre cette Astrée avec le
Goniopore pédoncule que nous décrirons plus bas.
Habite l'île de Vanikoro.
B. Espèces a polypes planes et a tentacules rudi-
MENTAIRES.
3. ASTRÉE ANOMALE.
Astrea abdita.
Lamarck, An. s. v., t. II, page ?i)5, n° 22.
PLANCHE l6, FIGURES 4 " 5.
Astrea, conglomerata, semiglobata <mi plana ;
si cl lis angulatis , patulis , margine acutis, multila-
206 ZOOLOGIE.
mellosis, conicis centra angustis ; lamelhs crenu-
lato-dentatis.
Polypis radiatis subtubereidosis , luteis ; tenta-
culis longis lanceolatis, ondulatis, sulphiïreo colore.
L'individu que nous représentons est une va-
riété de cette grande et belle espèce, ayant ses
étoiles un peu moins hexagonales. Les masses que
forme cette Astrée sont planes ou tendent à for-
mer de larges demi-sphères. Les alvéoles ont de
neuf à dix lignes de diamètre; elles sont un peu
confluentes, arrondies ou polygonales, évasées,
peu profondes, à lamelles larges et uniformes,
mais fortement denticulées. Le cône qu'elles for-
ment se rétrécit brusquement de manière à en
former comme un second plus étroit succédant
au premier : ce que nous n'avons vu que dans
cette espèce. Une coupe horizontale du polypier
présente un assez agréable effet de rayons lamel-
leux d'un brun clair , circonscrit par une assez
large bandelette blanche.
Les animaux sont confluents, un peu quadrila-
tères, à bords épais, d'un jaune de Naples foncé.
Ce qu'ils ont de remarquable, et que nous n'avons
pas rencontré dans les autres espèces de vraies
Astrées , c'est d'avoir de longs tentacules, aplatis,
lancéolés, un peu bosselés, d'un jaune de soufre
clair.
Habite l'île Vanikoro.
Z00P11YTES. 207
/,. ASTREE ANANAS.
Astrea Ananas.
Lamarck, An. s. v., t. II, page 260, n° 5.
Pouha-ha, parles indigènes de Tonga.
PLANCHE l6 j FIGURES 6-J.
Astrea, stellis subangulatis , inœquaUlms , mul-
tiradicatis ; marginibus convexis, lamellosis , la-
mellis denticulatis ; interstitiis concavis, (Lamk. )
Poljpis rotundis luteo-virescentibus , i 11 tus fus-
cis ; tetitaculis brevibus tubcrcalatis ; ore brurieo.
Varietas ; animalibus sulphureo colore , intus
fusco circulatis.
Elle a quelques rapports avec i'Astrée Cardère,
sans avoir cependant ses lamelles aussi rugueuses
et aussi âpres. Elle a de la disposition à s'arrondir
en boules assez volumineuses. Ses étoiles, de qua-
tre à cinq lignes de diamètre, sont assez irrégu-
lières, pressées, ovalaires, rarement polygonales,
à bords un peu élevés, épais, arrondis, sillonnés à
l'extérieur; au dedans, à lamelles assez épaisses,
régulières, denticulées, sans être épineuses.
208 ZOOLOGIE.
Les animaux sont d'un jaune verdâtre dans
leur contour , et brunâtre au milieu. La bouche
est ovalaire et de couleur rouge brun. Les tenta-
cules ne sont autre chose que de petits tuber-
cules arrondis qu'on ne peut bien voir qu'à la
loupe.
Habite Tonga. Sur notre exemplaire, de la gros-
seur du poing, se trouvaient de très petites espèces
de Balanes enfoncées dans le polypier, et faisant
saillir leurs cirrhes de manière à pouvoir les faire
confondre avec les animaux de l'Astrée, par quel-
qu'un d'inattentif.
Une variété que nous figurons et qui provient
du même lieu, a ses Polypes plus arrondis, d'un
jaune serin sur les bords , plus clair au centre ,
où l'on voit un petit cercle d'un brun violacé.
M. Lesueur a décrit et figuré dans les Mémoires
du Muséum, tome VI, page 2 85, une Astrée sous
le nom d'Ananas, qui nous semble être ni celle de
M. Lamarck , ni la nôtre. Elle doit sans doute for-
mer une espèce nouvelle. Rien n'est plus facile que
de se tromper avec des phrases descriptives aussi
courtes, quand on n'a pas les échantillons sous
les yeux pour comparer; ce que nous avons tou-
jours eu la précaution de faire avec les espèces du
muséum.
ZOOPHYTES. 209
5. ASTRÉE ANNULAIRE.
Astrai annularis.
Lamarck, An. s. v., t. II, page 25g, n° 3.
PLANCHE 17, FIGURES 17-18.
Astrea, stellis, remotiusculis, marginc, elevatis,
r.r/i/s subradïantibus ; interstitiis piano - concavis ,
radin lis. (Lam. )
Polypis luteo-viridibus , splendentibus.
Elle se présente en petites masses planes, ou
subarrondies, peu épaisses, remarquables par la
disposition qu'ont les étoiles à s'élever en forme
de tubes, quoiqu'elles soient assez rapprochées
les unes des autres. Comme elles sont un peu co-
niques et parfaitement rondes, elles laissent entre
elles des espaces vides. Leur diamètre est d'environ
trois ou quatre lignes. Le contour en est rugueux,
fortement denticulé, strié sur sa face externe ; les
cannelures sont régulièrement denticulées. Les ca-
vités sont profondes, à lamelles internes, bien mar-
quées, se prolongeant jusqu'au fond du cône.
Zoologie, t. iv. i4
2(0 ZOOLOGIE.
Les Polypes sont arrondis, et n'offrent rien de
remarquable dans leur forme générale de l'espèce
précédente. Mais le fond de leur couleur, d'un joli
jaune verdâtre, est parsemé de petits points d'un
vert métallique , ce qui rend la surface de ces ani-
maux comme glacée. Il est extrêmement difficile,
pour ne pas dire impossible, de rendre ces nuances
dans un dessin.
Cette Astrée formait des demi- sphères de la
grosseur du poing, sur le récif du havre Carteret,
à la Nouvelle-Irlande.
M. Lamarck indique une variété , comme pro-
venant de la Nouvelle-Hollande; ce qui est douteux
pour nous.
6. ASTRÉE CARDERE.
Astre a dipsacea , var.
Lamarck, An. s. v., t. II, page 262, n° 16.
a
PLANCHE iy , FIGURES 1-2.
Astrea, conglomerata; stellis magnis, inœqua-
libus , angulatis ; margine lato echinato ; parietibus
multilamellosis ; lamellis serrato-dentatis.
ZOOPHYTES. 211
Polypis margine cineraceis, centra viridibus, reti-
culatis.
Cette Astrée est une variété, à étoiles plus petites,
de la Cardère. Elle a de certains rapports avec la
vermoulue, dont les alvéoles sont cependant plus
comprimées, et un peu méandriformes.
Elle forme des encroûtements peu considérables,
subaplatis, rarement orbiculaires. Les loges, qui
ont de cinq à six lignes de diamètre, sont arron-
dies, profondes, coniques, fortement lamelleuses.
Ces lamelles ont leurs bords tellement épineux,
que toute la surface du Polype est hérissée de
pointes aiguës, que les animaux qui les recou-
vrent sur le vivant adoucissent un peu, mais ne
font pas disparaître.
Les Polypes sont grisâtres sur le bord du man-
teau, et d'un beau vert au milieu, avec des rayons
de la même couleur, croisés par des cercles con-
centriques ; ce qui donne à cette partie un aspect
réticulé. La bouche et les tentacules sont égale-
ment verts. Quelques-uns de ces Zoophytes ont
une forme ovalaire ou subquadrilatère.
Habite l'île Tonga.
i4"
212 ZOOLOGIE.
7. ASTRÉE DIFFLUENTE.
Astrea diffluens.
Lamarck, An. s. v., t. II, page 267, n° 16.
PLANCHE 17, FIGURES l5-l6.
Astrea, inerustans , plano-undata ; stellis contigids
minimis , înœqualibus , dijfluentibus , majusculis ;
laméllis integris, wuhdatis.
Ardmalibus recessis , viridibus.
Cette espèce forme des encroûtements fort
minces, assez étendus, planes. Elle est remar-
quable par la forme et la disposition de ses étoiles,
qui se touchent toutes en se formant les unes
par les autres; c'est-à-dire que les lamelles d'une
alvéole peuvent être communes à cinq ou six de
celles qui l'environnent, ce qui rend par consé-
quent les Polypes plus confluents que dans aucune
autre espèce. Chaque loge ressemble à une petite
Fongie dont les lamelles seraient ondulées, égales
en longueur, mais inégales en hauteur et en
épaisseur.
ZOOPHYTES. 2i:i
L'animal est traduit par la disposition du poly-
pier. Sa boucLe est ovalaire, et les rayons qui en
partent font ressembler chacun de ces Zoophytes
à de petites Gorgones d'un joli vert jaunâtre. La
substance pierreuse est elle-même un peu jaune.
Cette Astrée mieux étudiée sera probablement
susceptible de former un nouveau genre. Elle ha-
bite le havre Carteret, à la Nouvelle-Irlande.
8. ASTRÉE D'AMBOINE.
Astrea amboinensîs , nob.
PLANCHE 17, FIGUKES 3-y.
Àstrea , polypis confluentibus , orbiculatis, obs-
cure-viridibus , granulatîs. ,
Il est malheureux que ce soit l'espèce dont nous
ayons le mieux étudié l'animal, que nous n'avons
pu comparer et bien caractériser à notre re-
tour , ayant confondu le polypier avec d'autres ,
et n'ayant pas voulu nous exposer à le dénommer
au hasard. En attendant les éclaircissements qu'on
214 ZOOLOGIE.
pourra obtenir quelque jour à ce sujet, nous
avons donné à cette Astrée le nom du pays d'où
elle provient.
Les Polypes sont confluents, arrondis , formés
de rayons granuleux, aboutissant à un cercle lisse
qui les sépare des tentacules. Ceux-ci, courts et
fort petits, entourent une bouche ronde ou ova-
laire, plissée sur ses bords; elle pénètre dans un
estomac en forme de cul-de-sac, autour duquel
sont d'assez nombreux filaments en spirale, con-
sidérés comme des organes qui servent à la géné-
ration. Us sont contenus dans les lamelles sous-ja-
centes à la bouche.
Ce Zoophyte est d'un vert sombre velouté, un
peu plus intense sur les tentacules. C'est lui que
nous avons transporté vivant des Moluques dans
les régions assez froides de la terre de Van-Diemen.
Les figures au trait montrent les différents aspects
que peuvent prendre les Polypes, en s'élevant au-
dessus de leurs alvéoles. On peut juger de la forme
de ces dernières d'après la disposition des animaux.
ZOOPHYTES. 215
9. ASTPxÉE BRUNE ET VERTE.
Astrea fusco-viridis , nob.
PLANCHE I y , FIGURES 8-9.
Astrea, animalibus irregidaribus, subquadratis ,
margine spadiceis , intus viridib'us.
Nous ferons pour cette espèce la même obser-
vation que pour la précédente, c'est-à-dire que
nous nous contentons d'en décrire les animaux,
sans pouvoir indiquer si le polypier appartient à
une Astrée déjà connue, ou s'il est nouveau:
Les Polypes, en assez petit nombre, mais grands,
sont en général peu arrondis, quelquefois subqua-
drilatères, d'un brun de chocolat dans leur con-
tour, et d'un beau vert au milieu, ainsi que la
bouche. Les tentacules sont assez saillants, et les
rayons stellaires bien marqués, granuleux.
Nous n'avons jamais trouvé que de très-petits
groupes de cette Astrée, qui nous paraît nouvelle.
Elle habite Tonga-Tabou.
216 ZOOLOGIE.
io. ASTREE GALAXEE.
Astrca galaxea.
Lamarck, An. s. v., t. II, page 267, n° 3i.
Lesueur, Mém. du Mus., t. VI, page a85, pi. 16, f. i3.
PLANCHE IJ, FIGURES 10-l4.
Astrea, incrustons, subglobosa aut plana; stellis
confettis , excavatis , rotimdis , multilqmellosis ;
lamellis serrulatis, margine regularker denticulatis :
Polypis confluentibus , viridibus, subtus ruben-
tibus.
Nos échantillons ont les étoiles un peu plus
grandes que ceux du Muséum. Ils forment de
petites plaques encroûtantes de trois à quatre
pouces de diamètre sur un d'épaisseur. Les al-
véoles ont une ligne et demie à deux lignes de
diamètre. Elles sont peu profondes, bien arrondies,
quoique se touchant, à lamelles dont le bord est
arrondi et régulièrement denticulé ; ce qui ne se
voit bien qu'à la loupe, et donne un caractère
particulier et distinctif à cette espèce. Ces lamelles
alternent entre elles de grandeur, et dégénèrent
en petits tubercules au fond de l'étoile.
ZOOPHYTES. 217
Les animaux sont confluents , formant une
surface d'un beau vert-pré sous les eaux. Cette
couleur n'est qu'un pigmentum qui s'enlève assez
facilement pour faire place à une teinte rougeâtre.
Nos dessins représentent de longs filaments blancs,
contournés, sortant par l'ouverture de la bouche,
et que le manuscrit indique comme des tenta-
cules. Nous les laissons subsister tels qu'ils étaient,
en prévenant que ce ne sont probablement pas
des tentacules, mais des organes générateurs qui
sortaient par cette issue.
Si l'espèce qu'a figurée M. Lesueur est la même
que la notre, elle présente quelques différences
dans les teintes.
Cette Astrée se trouve au port du Roi-Georges,
dans les lieux abrités, et par une petite profon-
deur. Sa brillante couleur la fait facilement dis-
tinguer, là surtout que les Zoophytes en ont géné-
ralement de peu éclatantes.
218 ZOOLOGIE.
Genre GONIOPORE.— Goniopora, Blainv.
*
Animaux actiniformes, allongés, cylindriques,
pourvus d'une couronne de plus de douze tenta-
cules simples et assez longs, contenus dans des
loges polygonales, irrégulières, échinulées sur les
bords, formant un polypier glomérulé, arrondi,
encroûtant et très-poreux.
GONIOPORE PÉDONCULE.
Goniopora pedtuiculata , nob.
Astrée calyculaire , var., Lani., t. II, page 266, n° 27.
PLANCHE l6, FIGURES 9-II.
Goniopora , glomerata, reticulata; ccUulis parvis
subhexagonis , contiguis, lamellatis , margine gra-
nulatis.
Poljpis viridibus subcorifhicntibus, pedunculatis;
tentaculis çylindricis numerosis.
ZOOPHYTES. 2K>
Nous avons formé ce genre aux dépens des
Astrées dont le polypier, arrondi en boule, a de
petites cellules irrégulières, serrées, profondes,
poreuses et échinulées, et des animaux assez lon-
guement pédicules, pourvus d'un grand nombre
de tentacules.
Notre individu, qui a servi à cet établissement,
est précisément une variété de l'Astrée calyculaire
de M. de Lamarck , laquelle se trouve former un
double emploi de nom, ainsi que nous l'avons dit
à l'article de la vraie Astrée calyculaire, dont
ce naturaliste avait fait à tort une Caryophyllie.
Les différences que présente notre individu
sont, d'avoir les lamelles ou cloisons intermédiaires
moins saillantes et moins uniformément groupées
que dans celui décrit par l'auteur ci-dessus indiqué.
Ce Goniopore , présentant des demi-sphères
grosses comme le poing, est fort rare, car nous ne
l'avons trouvé qu'une fois. Ses alvéoles sont nom-
breuses, serrées, polygonales, tendant à devenir
hexagones, d'une ligne tout au plus de diamètre,
profondes, irrégulièrement lamelleuses, à bords
verticaux, inégalement denticulés, grenus; ce qui
rend la surface du polypier âpre et rude. Son
intérieur est aréolaire et présente une sorte de
cristallisation confuse. Cette disposition ne peut
bien se voir qu'à la loupe.
Les animaux sont confluents, d'un beau vert
jaunâtre, ce qui donne à ce Zoophyte un aspect
220 ZOOLOGIE.
très-agréable. Ils s'élèvent de deux à trois lignes au-
dessus de leurs cellules, et y rentrent au moindre
contact. Ce n'est que la partie centrale qui se dé-
veloppe ainsi en tube, car la base de l'animal de-
meure collée sur les lamelles en forme de bour-
relet granuleux. La bouche est ronde, entourée
d'un grand nombre de tentacules cylindriques,
assez gros et obtus.
Habite le port Dorey de la Nouvelle-Guinée,
sur un rescif dont presque tous les animaux qui
ont contribué à le former sont morts.
ZOOPHYTES. 221
Genre ÏRIDACOPHYLL1E. — Tridacophfllia ,
Blainville.
Animaux actiniformes , confluents, très-dépri-
més, élargis et épanouis sur les bords, avec une
bouche centrale tuberculée, sans traces de tenta-
cules, contenus dans des loges profondes, irrégu-
lières, foliacées sur les bords, garnies de lamelles
rayonnées et denticulées à l'intérieur, striées à
l'extérieur, irrégulièrement réunies, et formant un
polypier calcaire , foliacé , non poreux , turbiné ,
fixé par le sommet.
TRIDACOPHYLLIE LAITUE.
Tridacophy lien Lactuca .
Pavone Laitue, Lam., An. s. v., t. II, page ^g, n° 3.
PLANCHE l8, FIGURE I.
Tridacophjllia, jroiidihus te.iiuissimis, irregula-
212 ZOOLOGIE.
ribus, subpliçatis, laciniosis, lamelloso-striatis ;
stellis maghis* irregularibus.
Polypis explanatis , térvUissimis , rubentibûs ,
centro viridibus ; orc. oblongo, plîcato.
M. de Blainville a formé ce genre avec la Pavone
Laitue de M. de Lamarck , et d'après ce que nos
dessins lui ont fait connaître de l'animal.
Dans ceZoophyte, la forme foliacée a pris son
plus grand développement, et tout est pour ainsi
dire en lamelles d'une ténuité extrême, conser-
vant toujours cependant la disposition générale
du groupe de polypiers qui nous occupe. Cette
espèce, comme son nom l'indique, ressemble à
certaines laitues. Ses parois en cornet forment
de vastes et irrégulières cavités couvertes de la-
melles peu saillantes, ondulées, quelquefois den-
ticulées sur leur arête. C'est au fond de ces sortes
d'entonnoirs que se trouvent les centres des Po-
lypes. Ils ont la bouche ovalaire, un peu tubercu-
leuse, entourée d'une belle couleur vert-pré, glacée
de jaune et de verdâtre d'une autre teinte, que le
dessin ne saurait rendre. A mesure que les Polypes
gagnent les sommités pour recouvrir totalement la
surface des lamelles, ils passent au brun rouge. Ils
sont confluents et résistants, quoique d'une grande
minceur. Nous n'y avons point remarqué de traces
de tentacules, même avec des verres grossissants.
Le polypier, dépouillé de son enveloppe charnue, est
ZOOPHYTES. 2>:ï
blanc. On sait qu'il forme d'assez grandes masses,
légères, et recherchées dans les collections. Nous
ne l'avons rencontré qu'une seule fois, et c'est
dans l'île de Vanikoro.
224 ZOOLOGIE.
Genre MÉANDRINE. — Meandrina , Lamk
»
Animaux confluents sur un seul plan , en lon-
gues séries tortueuses, ayant chacun une bouche
distincte, saillante, et des tentacules très-courts,
seulement dans le sens longitudinal, contenus
dans des loges assez peu profondes , non séparées
et formant par leur confusion latérale des espèces
de vallons sinueux, garnis de chaque côté de la ligne
médiane de lames transverses, subparallèles, re-
montant jusqu'à des crêtes collinaires, limitant les
vallons, occupant la surface d'un' polypier calcaire,
fixé, simple, turbiné dans le premier âge, et plus
ou moins globuleux dans un âge plus avancé.
i. MEA.NDRINE CERÉBRIFORME.
Meandrina ccrebriformis.
Lamarck, An. s. v., t. II, page 246, n° 2.
PLANCHE 18, FIGURES 2-3.
Meandrina , subsphœrica ; anfractibus tortuosis ,
prœlongis ; lamellis basi dilatatis , denticulatis ;
ZOOPHYTES. 225
collibus truncatis , subbicarinatis , ambulacrifor-
mibus. (Lamk.)
Poljpis confluentibus, cœruleis , margine spadi-
ceis ; tentaculis minimis rubicundulis.
Jusqu'ici nous avons vu des Polypes plus ou
moins confluents les uns avec les autres, mais
laissant toujours entre eux une ligne visible limi-
tant les individus. Dans les Méandrines , cela
n'existe plus pour tous ceux qui vivent dans un
même sillon, lesquels sont tellement confondus
entre eux que nous n'avons pu y voir la moindre
trace de démarcation ; si ce n'est seulement au
sommet des collines, à l'endroit où les animaux
de deux vallons opposés se touchent par leurs
bords.
Cette espèce a une grande disposition à s'ar-
rondir, quelle que soit sa grandeur, et même à de-
venir complètement sphérique, comme cela s'est
vu quelquefois. Le nom qu'elle a reçu exprime
très-bien l'arrangement de ses circonvolutions ,
qui sont étroites, peu profondes, rapprochées,
abords verticaux, garnis de lamelles, grosses,
assez écartées, âpres, légèrement denticulées. Les
lignes de séparation qui parcourent les collines
sont à peine marquées.
Les bouches des Polypes, placées au fond des
ambulacres, sont très-rapprochées, lisses dans leur
contour, rondes ou ovalaires, un peu proémi-
Zoologic. t. iv. i5
22G ZOOLOGIE.
nentes, d'un bleu ardoisé, tandis que la partie
charnue qui remonte sur les reliefs forme des
lamelles tuberculeuses d'un brun foncé de cho-
colat. C'est à la ligne de séparation de ces deux
couleurs tranchées , que sont placés , sur deux
rangées et dans le fond des vallons, des tentacules
assez courts, coniques , et légèrement rougeâtres.
Mais, nous le répétons, pour les deux espèces que
nous avons observées, nous ne les avons point
vus entourer la bouche en rayonnant, ainsi que
le représente M. Lesueur pour les Méandrines
dédale et labyrinthiforme. Malgré la couleur
foncée des bords des animaux, on suit cependant
assez facilement la ligne qui indique l'union de
chaque série.
Habite l'île Tonga. C'est la même que celle in-
diquée par M. de Blainville dans le Dictionnaire
des sciences naturelles, tomeLX, page 3a4, sous
le nom de Méandrine brune et bleue , que nous
n'avions seulement caractérisée que par la couleur
de l'animal, sans avoir pu la comparer avec le po-
lypier , qui s'est trouvé appartenir à la Meandrina
cerebriformis .
ZOOPHYTES. 227
2. MÉANDRINE SINUEUSE.
Meandrina sinuosa.
Ellis et Solander, page 60.
Lesueur, Mém. du Mus., t. VI, page 281, 4e variété?
PLANCHE 18, FIGURES /\-5.
Meandrina , sùbhemisphœrica aut planiuscula ,
crassa; anfractibus latis , sinuosis ; ïamellis in-
œqualibuSf spaciosis, spinosis.
Poljpis margine fuscis , intus virescentibus ; ore
ovali , plicato , albido ; tentaculis brevissimis.
M. de Lamarck ne mentionne point cette espèce
qu'ont décrite Ellis et Solander, et qui existeau Mu-
séum. Nous croyons bien que c'est la même dont
parle M. Lesueur sous le nom de variété vineuse de
la Méandrine sinueuse. Enfin elle n'est pas diffé-
rente de celle qu'indique M. de Blainville dans l'ou-
vrage précité, sous la dénomination de Méandrine
brune, que nous ne lui avions que provisoirement
donnée dans notre voyage, et seulement d'après la
couleur de l'animal. Lepolypier est très-épais, sub-
aplati, ayant des vallons profonds ondulés, dont
i5*
228 ZOOLOGIE.
les bords sont arrondis, les lamelles entières,
assez espacées, minces et épaisses alternativement,
ayant leur ligne de séparation à peine indiquée
sur le sommet des sillons.
La couleur générale des Polypes est brune;
mais en les examinant avec soin on voit qu'il n'y
a que les bords qui sont ainsi, et que le fond
des vallons est verdâtre piqueté de la même teinte.
Les bouches sont ovalaires, plissées et blanches;
les tentacules peu apparents, excessivement courts
et verdâtres. Les lignes de démarcation des Po-
lypes qui parcourent les crêtes sont bleuâtres.
Cette Méandrine, représentée aux deux tiers de
sa grandeur naturelle, habite le havre Carteret
de la Nouvelle-Irlande.
ZOOPHYTES. 220
MADREPORES.
Comprenant des polypiers en général arbores-
cents, à loges petites, sublamelleuses, et constam-
ment poreux clans les intervalles et dans leurs
parois. Animaux ayant ordinairement douze ten-
tacules.
Les Zoophytes de cette section se distinguent
par les expansions arborescentes ou foliacées
qu'ils forment, recouvertes de cellules ou de petits
tubes saillants, poreux, striés ou échinulés. Il en
est, comme les Madrépores proprement dits, qui,
par leurs ramifications sans nombre et leur
enchevêtrement , constituent de véritables petites
forets sous-marines, dont nous abattions les som-
mités en naviguant dans nos canots , mais qu'il
serait dangereux à un grand navire de vouloir
traverser. Les animalcules microscopiques qui
construisent lentement ces récifs sont actini
formes et rayonnes comme ceux que nous avons
230 ZOOLOGIE.
précédemment étudiés, avec cette différence, que
la plupart d'entre eux ont leur bouche entourée de
douze tentacules réguliers. Toute la partie vivante
du polypier est également recouverte des expan-
sions charnues et confluentes de ces animaux ,
toujours plus nombreux et mieux développés aux
sommités des rameaux qu'à leur base, qui finit
par n'être plus qu'une substance calcaire inerte et
morte *.
Nous croyions être les premiers à faire con-
naître la forme de ces êtres; mais nous venons de
nous apercevoir qu'ils n'ont point échappé aux
laborieuses recherches de M. Lesueur, qui a par-
faitement représenté les douze divisions de leurs
étoiles.
Quoique les polypiers aient des formes régu-
lières et assez constantes, nous avouons la diffi-
culté qu'il y a à bien établir les espèces, surtout
parmi les Madrépores , qu'on ne peut réellement
bien déterminer qu'avec de grandes masses, aussi
difficiles à se procurer qu'à conserver. Si l'on ne
se sert que de petits échantillons, on est exposé à
commettre des erreurs. D'un autre côté, les ani-
maux sont trop petits pour pouvoir aider dans ce
travail. On tiendra cependant compte, jusqu'à un
* La disposition assez régulière des Polypes sur leur axe nous porte à
croire que ce n'est pas toujours par des ovules que leur reproduction a
lieu, mais par un développement spontané dans la substance charnue,
comme cela a lieu pour les bourgeons d'un arbre.
ZOOPHYÏES. 231
certain point , de leurs couleurs , quoiqu'elles
soient susceptibles de varier. Cette étude est donc
pour ainsi dire toute à reprendre, et nous la re-
commandons aux naturalistes qui habitent sur les
lieux où croissent ces Lithophytes.
Genre MADRÉPORE. — Madrepora, Lamk.
Animaux actiniformes , courts, à douze tenta-
cules simples , contenus dans des loges plus ou
moins profondes, saillantes, à peine stelliformes,
irrégulièrement éparses à la surface et surtout
aux extrémités d'un polypier calcaire, multiporé,
arborescent ou frondescent, fixé, ramifié en épi
ou en expansions*.
* Nous prévenons qu'il ne faut pas tenir compte des dénominations que
nous avons données à divers Madrépores, dans nos manuscrits, qu'a bien
voulu citer M. de Blainville ; car ce n'était seulement que de simples indi-
cations pour nous reconnaître; et nous avons vu depuis parla comparaison
que tous appartenaient aux espèces connues, que nous reproduisons pour
en donner les animaux.
232 ZOOLOGIE.
i. MADRÉPORE ABROTANOIDE.
Madrepora abrotanoides.
Lamarck, An. s. v., t. II, page 280, n° 7.
Voyage de l'Uranie , Zool., pi. 96.
*
PLANCHE 19, FIGURES 1-2.
Madrepora , ramosa , crecta ; ramis composais ,
pjramidato-attcnuatis ; ramulis lateralibus breui-
bus, sparsis, crebriusculis.
Animalibus reticukitis rubentibus ; tentaculis sul-
phureis.
Nous avons vu dans les genres précédents que
c'est dans les vallons que sont les bouches
des Polypes; ici, c'est le contraire, car c'est aux
extrémités des petits tubes qui hérissent le po-
lypier, qu'elles se tiennent ordinairement. Elles
sont entourées de douze tentacules, ni plus ni
moins ; caractère qui ne varie pas. Ces appendices
sont gros, courts et obtus. Ils ne font que très-
peu de saillie hors des cellules. Les autres parties
composantes internes, sont un estomac et des
ovaires filiformes, qui sortent parfois sur les cô-
tés, comme dans les Actinies.
ZOOPHYTES. 2M
A l'extérieur, ces animaux ne composent qu'une
masse uniforme, aréolaire, ou striée en long, em-
brassant l'ensemble de la tige calcaire qu'ils sécrè-
tent. On ne voit point de traces de séparation
comme clans les Méandrines et les Astrées, quelle
que soit la distance qu'il y ait d'un tube à un
autre.
Le Madrépore abrotanoïde a ses branches
épaisses, droites, rameuses, terminées en pyra-
mides, et couvertes de ramuscules courts, hérissés
de tubes nombreux, allongés, cylindriques, obtus
à l'extrémité , laquelle se termine par une ouver-
ture arrondie en forme de bourrelet rentrant, ou
bien coupée obliquement, et dirigée vers le haut.
Ces loges saillantes sont semées irrégulièrement,
grenues, et tuberculeuses.
Les Polypes ont leur substance charnue réti-
culée de rouge brun, jusqu'aux extrémités des
étoiles, et leurs tentacules d'un joli jaune soufre;
ce que nous avions déjà indiqué dans notre pre-
mier voyage sur l'Uranie. Ces parties sont repré-
sentées très-grossies.
Habite l'île de Tonga-Tabou.
234 ZOOLOGIE.
2. MADRÉPORE PLANTAIN.
Madrepora plqntaginea.
Lamarck, An. s. v., t. II, page 279, n° 4-
PLANCHE 19, FIGURE 3.
Madrepora, cespitosa, ramis numerosis , erectis,
spicœformibus , subproliferis ; cellulis tubuloso-tur-
binatis y margine incrassatis, rotwulatis. (Lamk.)
Polypïs reticulatis omnino roseis.
• ,
Cette espèce ressemble beaucoup à la précé-
dente pour la forme du polypier; seulement ses
rameaux sont moins grêles , moins allongés , et
plus irréguliers. Les cellules nous ont paru abso-
lument être les mêmes.
Les branches ont une belle couleur rose clair,
tirant un peu sur le lilas , produite par les Polypes,
qui sont réticulés sur toute leur surface, et dont
les tentacules sont également rosés.
Habite les mêmes lieux que le précédent.
ZOOPHYTES. 235
3. MADRÉPORE PROLIFÈRE.
Madrepora proliféra.
Lamarck, An. s. v., t. II, page 281, n° g.
PLANCHE 19 , FIGURE 4'
Madrepora, ramis longis, gracilibus, teretibus,
ad apices proliferis; papillis tubulosis, longiusculis.
striatis.
Polypis luteo-virescentibus reticulatis; papillis
fusco-striatis .
Ce Madrépore diffère des deux autres par ses
longues branches cylindriques, seulement ramifiées
vers le sommet. Elles sont couvertes de tubes très-
pressés , excessivement courts sur les branches ,
plus longs sur les rameaux, et dont l'extrémité
est toujours coupée obliquement quelle que soit
leur longueur. Ces cellules sont striées en long,
ce que n'offrent pas les deux espèces déjà indi-
quées, et les espaces qui les séparent sont grenus.
Les animaux ont une couleur jaune verdâtre,
réticulée seulement sur les tiges, car les tubes
présentent des stries longitudinales brunes.
236 ZOOLOGIE.
Nous trouvons dans nos notes la description
d'un autre Madrépore, qui ne paraîtrait être qu'une
variété de celui-ci. Les Polypes sont absolument
semblables; mais le polypier forme une masse arron-
die, à branches petites et ramifiées.
Tous deux se trouvent à Tonga-Tabou.
4. MADRÉPORE POCILL1FERE.
Madrepora pocillifera.
Laraarck, An. s. v., t. II, page 280, n° 5.
PLANCHE 19, FIGURE 5;
et variété, fig. 6-io.
• 7
Madrepora, ramosa; ramis teretibus, ascenden-
tibus , pr&liferis, apice perforatis ; cellulis confettis
prominidis , cochleariformibus. (Lamk. )
Varietas ; papillis crassioribus , rotundioribus.
Poljpis subfuscis, longitudinaliter striatis ; ten-
taculis apice albidis.
Espèce formant d'assez larges empâtements, ayant
des rameaux courts, obtus, irrégulièrement ra-
ZOOPHYTES. 237
mifiés à leur extrémité, quelquefois un peu tor-
tueux, couverts de nombreux oscilles qui se tou-
chent presque, et tendent à former des quinconces.
Ils sont courts , même ceux des extrémités des
rameaux , demi circulaires, en forme de paniers à
pigeons , striés sur leur convexité qui regarde en
bas. Excepté les terminaux, il en est fort peu de
complétemen t çylind riques.
Les échantillons qui ont servi à nos dessins
ont leurs étoiles plus épaisses et plus arrondies
que l'individu décrit par M. de Lamarck.
Les animaux donnent aux rameaux de ce Ma-
drépore une couleur verdâtre. Ils ont les tenta-
cules brunâtres, avec une tache blanche à l'extré-
mité. Le contour de l'oscule est glauque , et sa
surface convexe, striée de brun en long.
Habite Tonga.
A. Varietas ininor; ramis crassis , confertis, coni-
cis; cellaUs siibeyliiidraccis.
Animalïbus subrubris longitrorsum striatis ;
tentaculis obtusis extremitate a/bis.
En ne considérant que la couleur des animaux,
nous aurions été tenté de faire une espèce de cet
individu, dont le polypier ne nous offre réellement
qu'une variété de l'espèce précédente, remarqua-
ble par ses branches plus courtes, plus pressées
238 ZOOLOGIE,
entre elles, formant des masses orbiculaires ,
subdivisées en rameaux obtus , coniques. Ses os-
cilles, moins bien demi circulaires, tendent à deve-
nir plus cylindriques.
Ce polypier nous a paru constamment d'un
brun sombre , avec des teintes jaunâtres aux ex-
trémités des branches : cette couleur est due aux
Polypes qui, examinés à la loupe , sont d'un rouge
brun. Les étoiles sont striées en long, de la même
couleur sur leur face convexe, et les tentacules
ont leur extrémité blanche. C'est de ce Madrépore
que nous avons vu sortir des filaments ovifères ,
représentés très-grossis.
Habite les îles Vitis.
B. Varietas , ramis gracilibus , crebris ; cellulis
semicircidaribus , subsquamosis , striatis.
Polypis roseis ; teritaculis subfuscis, apice al-
bidis. ' .
C'est avec quelque doute que nous donnons ce
Madrépore comme une autre variété du Pocilli-
fère. Peut-être que mieux connu quelque jour, il
formera une espèce distincte.
Ses rameaux sont grêles , très-ramifiés ; ses os-
cules, assez rapprochés, ont bien à peu près la
même disposition que les précédents, mais ils
ZOOPHYTES. 239
sont en forme d'arc, avec une disposition écail-
leuse, et des stries sur leur longueur.
Les branches sont rosées comme dans le Madré-
pore plantain ; ce qui tient à ce que chaque Po-
lype a le contour qui borde sa cellule de cette
couleur, ainsi que la membrane qui les unit
entre eux, laquelle est striée sur les cellules. Les
tentacules , fort petits , sont légèrement bruns.
Cet individu se trouve dans l'île de Vanikoro.
240 ZOOLOGIE.
Genre ALVÉOPORE. — Aheopora. Blainv.
Animaux actiniformes peu saillants, pourvus de
tentacules assez longs, contenus dans des loges
profondes, alvéiformes ou polygonales, irrégu-
lières , inégales , non lamelleuses , tuberculées in-
térieurement, limitées par des cloisons perforées
ou réticulées, échinulées à leur bord terminal,
formant un polypier pierreux, poreux, fixé en
masses phytoïdes ou arrondies.
•
i. ALVEOPORE VERT.
Alveopora viridis, nob.
PLANCHE 20, FIGURES I-zf.
Alveopora, dichotomo-ramosa; ranùs crassîs,
compresses , rotundatis ; stellis prqfundis: suborbi-
culatis, margine crenulatis ; parietibus fenestratis .
Poljpis prominentibus ; tentaculis crassis } ob-
scuris y apice viridibus.
ZOOPHYTES. 241
Ces animaux ressemblent beaucoup à ceux des
Madrépores; mais le polypier présente assez de
différence, pour qu'on puisse très -bien en faire
un genre à part, dans lequel rentreront quelques
Pocillopores de M. de Lamarck*. Cette espèce a
même des ressemblances avec le Fenestré de cet
auteur. Les massifs de la notre sont plus ramifiés,
et ont leurs étoiles plus petites, et davantage réti-
culées. Les branches en sont peu élevées, les ra-
meaux larges , subaplatis , arrondis à l'extré-
mité. Leur surface est criblée d'alvéoles, qui n'ont
environ qu'une demi-ligne de diamètre , très pro-
fondes, arrondies ou tendant par leur réunion à
devenir polygonales, séparées par des cloisons
excessivement minces, percées à jour, dont les
bords sont très-rugueux, comme cristallisés. Celles
de ces cellules qui sont aux extrémités des bran-
ches ont une direction oblique vers le haut. Il
résulte de l'organisation toute cellulaire de ce
polypier, que les animaux doivent avoir plus de
contact entre eux qu'aucune autre espèce.
Leur forme est rayonnée à douze tentacules,
bruns et verts , longs, assez gros, confluents dans
leur saillie, mais paraissant isolés quand ils sont
rentrés dans leurs loges. On n'aperçoit alors que
l'extrémité verte des tentacules, entourée des
* Tïn morceau de base de Madrépore, dont les cellules ne sont point tu-
buleuses, ressemble beaucoup à un fragment d'Alvcopore.
Zoologie, t. iv. 16
242 ZOOLOGIE.
pointes blanches et rudes des étoiles. Nous avons
cherché à les représenter sous ce double aspect.
Ce Zoophyte, qui n'a que quelques pouces de
haut , est assez rare au havre Carteret de la Nou-
velle-Irlande.
a. ALVEOPORE ROUGE.
Alvenpora rubra , nob.
PLANCHE Ig, FIGURES I l-l/\.
Alveopora :, ramulosa; rubra; rarrmlis elongatis,
bifurcatis , erectis , porosis ; stellis spinosis, sex-
dentatis.
Polypis rubris ; tentaculis crassis , brevibus , ro-
tundatis.
Cette espèce se rapproche plus par son port des
vraies Madrépores que la précédente : elle a aussi
des rapports avec le Porite allongé. Nos échan-
tillons n'avaient que deux ou trois pouces de
longueur, à ramification dichotome, dont les ra-
meaux sont cylindriques, ou un peu comprimés,
ZOOPHYTES. 243
pointus, chargés d'alvéoles crénelées, irrégulières,
fort petites , séparées par des cloisons poreuses ,
et dont le contour de l'ouverture est garni de six
pointes horizontales, entre lesquelles sortent les
tentacules de l'animal. Les intervalles des cellules
sont remplis de pores irréguliers, ressemblant à
une cristallisation confuse.
Les Polypes ont douze tentacules , courts, gros,
élargis et arrondis à leur extrémité; ils sont d'un
rouge brun vif, de même que le polypier qu'ils
sécrètent. Ils sont plus rares à la base qu'au som-
met.
Habite le même lieu que l'espèce précédente.
16'
244 ZOOLOGIE.
Giînre POCILLOPORE. - - Pocillopora. (Lamk.)
Animaux à douze tentacules courts, arrondis,
contenus dans des loges petites, enfoncées, subpo-
lygonales, échinulées sur leurs bords, un peu la-
melleuses, formant un polypier calcaire, fixé,
arborescent ou mamelonné, d'un tissu compacte.
POCILLOPORE CORNE DE DAIM.
Pocillopora damicornis.
Lamarck, An. s. v., t. II, page 27/1, n° 2.
PLANCHE 20, FIGURES 5 -y.
Pocillopora , ramosissima ; ramis subtortuosis ,
crassis , varie dwisis ; ramuUs brevibus , obtusis,
apice turgentibus , loba lis.
Poljpis rcticulatis , rubentibus ; tentaculis bre-
vibus, obtusis, crassis, subalbidis.
ZOOPHYTES. 245
Nous avons hésité à laisser subsister cette es-
pèce dans le genre Pocillopore, tant ses animaux
ressemblent à ceux des Madrépores; Le polypier
lui-même n'en est pas très-éloigné , et ne pré-
sente d'autre différence que d'avoir ses alvéoles
planes et non tubulées. Ce genre mérite donc
d'être examiné avec soin pour connaître quels
sont les individus qui doivent en faire partie et
ceux qu'on doit en retirer. M. de Blainville en a
déjà soustrait, et avec juste raison, le Pocillopore
bleu. En attendant, celui qui nous occupe se
présente en masses assez larges, peu élevées, pe-
santes, irrégulièrement tuberculées; chaque tuber-
cule est lui-même subdivisé en une foule d'autres,
comme rabougris, criblés dans tous les sens
d'étoiles subarrondies ou polygonales , peu pro-
fondes, assez régulièrement denticulées sur leur
bord, d'où vient l'âpreté et la rugosité du poly-
pier. Leur intérieur parait lamelleux, et les espaces
qui les séparent sont grenus.
Les animaux sont confluents , réticulés comme
ceux des Madrépores, et recouvrent par consé-
quent toute la masse calcaire. Leur bouche est
centrale , entourée de douze tentacules courts ,
obtus à l'extrémité, laquelle est un peu dilatée.
Ils sont blanchâtres et rouge brun à la base. Ils
ne font que très-peu de saillie hors des alvéoles ,
et les espaces intermédiaires sont remplis par
leur substance, qui est réticulée et rouge brun.
246 ZOOLOGIE.
Cette couleur est à peu près celle de tout le po-
lypier dans l'état frais. Elle persiste même encore
après la mort des Polypes, dont on aperçoit faci-
lement les débris dans les cellules. On pourrait
même compter leurs tentacules desséchés.
Ce Pocillopore se trouve pour ainsi dire par-
tout dans la mer du Sud. Nos échantillons pro-
viennent de la petite île Ticopia. La surface du
polypier est tellement rude , qu'au premier abord
on dirait qu'elle est dépourvue de ses animaux,
qu'on ne tarde pas de voir, à la loupe, enfoncés
dans leurs loges.
Le Porite verruqueux de M. de Lamarck nous
a paru n'être qu'un Pocillopore à rameaux plus
comprimés, à alvéoles plus échinulées que l'espèce
que nous décrivons. Les animaux et le polypier
sont d'un vert bouteille.
Habite la Nouvelle-Irlande.
ZOOPHYTES. 247
Genre MONTIPORE. — Montipom.
Animaux actiniformes , courts, à douze tenta-
cules, contenus clans des loges arrondies, enfon-
cées, régulières, paucicannelées, éparses sur un
polypier encroûtant ou glomérulé, poreux, très-
échinulé, et garni de mamelons ou monticules
rugueux.
MONTIPORE VERRUQUEUX.
Montipora verrucosa, nob.
PLANCHE 20, FIGURE II.
Montipora, explanata, lutescenle ; cormlis inœ-
qualibus, elevatis, denticulatis , compressis.
Poljpis Jlcwis ; tentacules brevibus.
A peine avons-nous quelques notes sur ce nou-
veau genre, que nous dessinâmes cependant avec
assez de soin. Et depuis, lorsqu'à notre retour,
248 ZOOLOGIE,
nous voulûmes l'examiner de nouveau, nous ne
le retrouvâmes plus. Ce polypier forme des en-
croûtements de quelques lignes de hauteur, sa
surface est recouverte de petits monticules co-
niques, assez espacés, triangulaires, comprimés,
fortement denticulés sur leurs arêtes. Les al-
véoles sont dans le fond des vallons, et les ani-
maux qui les habitent ont douze tentacules courts,
d'un jaunâtre clair. Toute la masse est d'un fauve
un peu roux.
Habite l'île de Tonga.
ZOOPHYTES. 240
Genre PORITE. — Parités, Lamk.
Animaux à douze tentacules courts, contenus
dans des loges peu profondes, polygonales, irré-
gulières, inégales, à peine circonscrites et incom-
plètement radiées par des lamelles courtes, échi-
nulées; polypier calcaire, polymorphe, encroûtant
ou lobé, poreux, aréolaire à l'intérieur.
PORITE CONGLOMÉRÉ.
Parités conglomerata.
Lamarck, An. s. v., t. II, page 269, n° 2.
PLANCHE l8 , FIGURES 6-8.
Porites, glomerata, globoso-orbiculari, violacea;
stellis parvis, angulatis, contiguis, aceroso-scabris ;
centra prominulo.
Poljpis minimis duodenitentaculatis .
250 ZOOLOGIE.
Les auteurs qui se sont occupés de ce genre
ont été assez embarrassés pour le placer métho-
diquement. M. de Lamarck ne le considérant que
sous le rapport du polypier , le met après les
Astrées, auxquelles, en effet, il ressemble fort.
M. de Blainville, qui en a vu les animaux, le range
dans les Madrépores, parce qu'ils ont douze ten-
tacules. Mais tous deux conviennent qu'il serait
susceptible de faire le passage des unes aux autres.
C'est une forme à part qui montre les difficultés
qu'on éprouve dans ces divisions. En le plaçant
après les Madrépores, nous indiquons que c'est la
forme des Polypes qui décide notre opinion.
C'est M. Lesueur qui , le premier , a fait con-
naître que ces animaux avaient douze tentacules;
et depuis nous avons eu occasion de confirmer
ses observations,,
Le Porite congloméré présente d'assez grandes
masses, ovalaires, ondulées, bosselées, arrondies
en boule ou en cercle, comme celui que nous
représentons, qui a la forme d'un turban, parce
qu'une cause quelconque avait détruit la surface
du polypier. Il y en a de jaunes et de violets, couleurs
qui appartiennent plus à la masse calcaire qu'aux
animaux. Les alvéoles sont extrêmement petites,
très-rapprochées, polygonales, ou le plus souvent
hexagonales, peu profondes, à bords rugueux, et
remarquables en ce que du fond s'élèvent de petits
tubercules , dont quelques-uns viennent égaler
ZOOPHYTES. 251
1rs bords des cellules. Il faut bien faire attention
sur le vivant à ne pas les prendre pour les ani-
maux eux-mêmes. Les parois ont des lamelles
très-rugueuses et qui paraissent assez régulières.
La masse du polypier est composée . d'aréoles
très-serrées.
Chaque étoile est bordée d'un joli violet, un
peu rougeâtre ; le centre est ponctué de noir.
Habite Vanikoro.
Une autre espèce ou variété , que nous a fournie
Tonga-Tabou, était d'un jaune clair.
Les Polypes étaient si petits que nous n'avons
pu que les reconnaître et les signaler comme
ayant douze tentacules tuberculeux , s' élevant à
peine hors de leurs loges.
252 ZOOLOGIE.
Genre HÉLIOPORE. — Heliopora, Blainv.
Animaux courts , cylindriques , pourvus de
quinze à seize tentacules courts, larges, triangu-
laires, pointus, contenus dans des loges rondes,
cannelées intérieurement, échinulées à leur ou-
verture, opposées, et formant un polypier calcaire,
fixé, ramifié, poreux dans l'intervalle des cellules.
HELIOPORE BLEU.
Heliopora ccerulea.
Pocillopore bleu, Lam., An. s. v., t. II, page 276, n° 7.
PLANCHE 20, FIGURES 11-\\.
Heliopora compressa, frondescen s, in lobos ereo
tos et complanatos divisa , intus cœrulea ; poris
cylindricis , parietibus lamelloso-striatis intersti-
tiis scabris. Lamk.
ZOOPHYTES. 253
Poljpis radiatis, cylindricis , luteo-albidis ; ten-
taculis phirimis, brevibus, foliaçeis.
C'est d'après la connaissance des animaux du
Pocillopore bleu que M. de Blainville s'est décidé
à le retirer de ce genre pour en former celui des
Héliopores. En effet, comme nous avons vu que
les Pocillopores n'avaient que douze tentacules ni
plus ni moins, et que cette espèce en compte
davantage, elle ne devait pas plus long-temps' en
faire partie.
Les Héliopores sous ce rapport s'éloignent donc
un peu de la famille des vrais Madrépores. Ils for-
ment des masses assez considérables , branchues ,
dont les rameaux sont verticaux, pressés, épais,
comprimés, à sommités obtuses, arrondies, de
couleur grisâtre à l'extérieur et bleue à l'intérieur.
Les cellules en sont petites, rapprochées, sans se
toucher cependant, cylindriques, à parois striées,
légèrement saillantes dans leur ouverture, qui est
ronde, échinulée.
Ces alvéoles tendent à devenir obliques aux
extrémités des rameaux, et convergent par leur
base en formant un raphé , qu'on ne peut voir
qu'en les brisant; disposition qui ne paraît avoir
lieu que pour ce polypier. Les interstices des cel-
lules sont poreux et papilleux , ce qui rend la
surface très-rugueuse.
Les Polypes sont fort peu apparents. C'est avec
254 ZOOLOGIE.
infiniment de peine que nous avons pu, avec une
forte loupe, distinguer leurs tentacules, qui remplis-
sent les espaces denticulés des cellules. En comp-
tant ces divisions, on en a à peu près le nombre,
qui est de quinze à seize. Ils sont courts, aplatis,
pointus comme des folioles, et forment un disque
autour d'une bouche centrale, ronde. Leur cou-
leur est d'un blanc jaunâtre. Le corps de l'animal
est cylindrique, probablement cannelé pour s'ac-
commoder aux cloisons intérieures. En l'ouvrant,
on distingue un renflement stomacal, après lequel
viennent des filaments déliés portant quelques
ovules sur leur longueur.
Ce polypier n'est pas très-répandu : notre voyage
était sur le point de s'achever que nous n'en
avions point encore rencontré de vivant. Étant
à Guam, nous nous souvînmes que nous en avions
autrefois vu devant la ville d'Agania. Nous fîmes
le voyage, et trouvâmes en effet quelques massifs
qui ont servi à nos dessins. Nous eûmes alors
occasion de voir que ce que , dans le Voyage de
rUranie, planche 96, nous avions pris pour les
animaux de ce Lithophyte, étaient de petits Zoo-
phytes parasites à longs tentacules, probablement
de la classe des Annélides, qui s'étaient logés dans
les interstices poreux qui séparent les cellules, et
dans les cellules elles-mêmes vides.
ZOOPHYTES. 25r-
.►
ZOOPHYTAIRES.
Dans les derniers Actinozooaires que nous
avons examinés , nous avons vu les animaux
prendre une forme plus fixe, et se spécialiser en
quelque sorte dans leurs caractères extérieurs.
Dans ceux qui nous restent à faire connaître,
cette disposition est invariable, et nous leur trou-
verons à tous huit tentacules, soit qu'ils vivent
isolés, soit, ce qui est le plus ordinaire, qu'ils se pré-
sentent groupés sur une même tige.
Ces êtres sont loin d'avoir la même importance
dans les phénomènes géologiques que les précé-
dents. Ils ne s'accroissent jamais en masses
énormes, et ne forment point de récifs sous -ma-
rins. D'une consistance flexible, molle ou friable,
ils vivent en petits groupes, et ne persistent point
après leur mort; si ce n'est le seul genre des
Tubipores, et quelques espèces de Coraux.
Relativement à cette dernière famille, nous ob-
serverons qu'elle a les plus grands rapports avec
les Madrépores , et ne doit pas trop s'en éloigner
dans un ordre méthodique.
256 ZOOLOGIE.
En effet, nous voyons dans les Isis, les Gorgones,
les Antipathes, un axe central phytoïde sécrété,
recouv rt d'une écorce spongieuse et vivante, dans
laquelle se logent des Polypes d'une forme con-
stante. Dans les vrais Madrépores , il n'y a de
différent que la solidité de l'axe, la minceur de
Fécorce, et douze tentacules aux animaux, au lieu
de huit qui existent dans les Coraux. Encore le
genre Corail, proprement dit, a-t-il , comme tout
le inonde sait, sa tige pierreuse.
Pour ce qui est de la classification des Zoo-
phytes Sarcoïdes, connus en général sous le nom
d'Alcyons, c'est un travail à faire, afin de voir si
on ne rencontrerait point dans l'organisation de
la base spongieuse polypifère, des caractères meil-
leurs que ceux tirés de la forme, qui varie à
l'infini. Aussi trouvons-nous que la plupart des
divisions génériques admises par les auteurs sont
aussi fugitives qu'arbitraires.
ZOOPHYTES. 257
TUBIPOKES.
À. A ENVELOPPE CALCAIRE.
Genre Tubipore. lubipora.
Animaux cylindriques, à huit tentacules pinnés,
contenus dans des tubes calcaires, cylindriques,
verticaux, à ouverture ronde, réunis entre eux
par des cloisons transverses en masse considé-
rable, arrondie, fixée, constituant une sorte de
polypier.
TUBIPORE ROUGEATRE.
Tuhipora rubcola, nob.
PLANCHE 21 , FIGURES 1-8.
Tubipora, tubis cjlindricis, longis, Iaxis, rubris,
sepimentis separatis.
Poljpis subrubris; tentaculis radiatis, pèctinàûs.
Zoologie, t. iv. J7
258 ZOOLOGIE.
Nous sommes les premiers qui, clans notre pre-
mier voyage, avons fait connaître les animaux des
Tubipores , que jusque-là on croyait appartenir à
quelque Annélide.
Nous n'ajouterons rien à ce qui a été dit, en
parlant du Tubipore Musique, de cette multitude
de petits cylindres perpendiculaires et parallèles,
rapprochés sans se toucher , et réunis entre eux
par des cloisons transverses qui leur sont exté-
rieures. Ces cloisons , sécrétées par le bord du
manteau des Polypes, sont de même nature que les
tubes, c'est-à-dire membrano-calcaires, durcissant
à l'air ; ce qui fait qu'à l'aide de ces moyens d'u-
nion, les Tubipores forment réellement de grosses
masses pierreuses. A mesure que ces Zoophytes
s'élèvent, ils abandonnent la partie inférieure de
leur tube, et multiplient les lamelles qui les unis-
sent les uns aux autres. Il arrive quelquefois que
ces sortes de diaphragmes forment des plans ho-
rizontaux assez réguliers, surtout dans le Tubi-
pore Musique. Il n'en est pas de même dans
l'espèce nouvelle que nous donnons, dont les tubes
sont plus gros, plus longs, légers, moins serrés,
et offrant des cylindres de deux à trois pouces,
sans nœuds. Leur couleur est du reste la même;
c'est un joli rouge vif de laque, qui ne paraît
nullement dans la mer , parce que les Polypes ,
toujours étalés et confluents, la masquent; à tel
point, que n'ayant vu qu'un Tubipore à tentacules
ZOOPHYTÈS. 25Î)
verts, nous ne reconnûmes pas d'abord pour te]
celui qui nous occupe, lorsque nous arrivâmes
snr la masse considérable et arrondie qu'il formait.
En y enfonçant le pied, tous ces tubes fragiles se
brisaient comme du verre.
Les Polypes, comme l'indique leur nom spéci-
fique, sont légèrement rougeàtres, à huit tentacules
lancéolés, pointus, pinnés sur les bords. Ils dé-
bordent et forment un bourrelet plissé à l'ouver-
ture de leur tube, qui dans cette partie, non encore
solidifiée, est presque membraneux. Ce bourrelet
varie de forme selon le plus ou le moins de déve-
loppement des tentacules, qui rentrent quand on
les touche, à peu près comme cela a lieu dans un
doigt de gant qu'on replie. Nous avons figuré
d'après nature ces divers aspects, et nous ren-
voyons pour plus de détails au Mémoire inséré
dans la Zoologie de VUranie, où l'on voit la dis-
position des ovules dans ces animaux * .
Le Tubipore rougeâtre habite le havre Car-
teret, à la Nouvelle -Irlande. Il y formait une
masse arrondie, de plusieurs pieds de diamètre,
recouverte d'un à deux pieds d'eau, dans les plus
basses marées. Celui que nous primes autrefois à
Timor était situé moins profondément, et pou-
vait même être à sec pendant quelque temps.
* C'est à tort que dans ce livre nous avons fait dire, d'après d'autres, à
M. Roux de Marseille, que le Tubipore Musique existait dans la Méditer-
ranée. Il nous a assuré qu'il n'y avait rien de certain à ce sujet.
17*
260 ZOOLOGIE.
B. A ENVELOPPE CHARNUE.
Genre CLAVULAIRE. — Clavularia.
Animaux cylindriques à huit tentacules pinnés,
contenus dans des tubes claviformes, coriaces ,
striés, subpédiculés, fixes, et agglomérés.
i. CLAVULAIRE VERTU
Clavularia viriclis, nob.
PLANCHE 21 , FIGURES IO-I2.
Clavularia , tubis distinctis, coriaceis, claviilatis,
redis aut subcontortis , longitrorsum stria fis , vi~
rescentibus.
Poljpis stria fis , fuscis; tentaculis planius 'culis ,
pinnatis , violaceis.
Ce genre, qui semble faire le passage des Tubi-
pores aux Cornulaires, a été établi pour des ani-
maux à huit tentacules, contenus dans des tubes
ZOOPHYTES. 2(il
membraneux coriaces, auxquels ils sont intime-
ment unis. Fixés sur les corps marins, et groupés
entre eux en masses plus ou moins serrées, ils
ne sécrètent point de cloisons extérieures qui
puissent réunir leurs tubes , lesquels ne forment
pas non plus de séries d'accroissement superpo-
sées.
La Clavulaire verte est longue de deux pouces,
un peu tortueuse , recourbée vers son extrémité
fixée, laquelle est un peu pointue. Les individus,
fort rapprochés, se touchent même sans adhérer
les uns aux autres, et leurs Polypes, étalés, parais-
sent confluents. Les tubes, d'un jaune verdâtre,
sont striés en long, et couverts à l'extérieur d'a-
cicules subcalcaires, réunis en faisceaux.
Les Polypes proéminent un peu au-dessus de
leurs loges, comme font les Tubipores, avant que
d'étaler leurs huit tentacules lancéolés, garnis de
chaque côté d'une série simple de petites folioles
obtuses. Ces dernières sont d'un joli gris violacé,
et le corps de l'animal , qui est contractile et rentre
dans le tube, a des stries longitudinales brunes.
Cette espèce est très-répandue dans l'île de Va-
nikoro , où elle encroûte de ses plaques les Ma-
drépores et les autres corps sous-marins.
262 ZOOLOGIE.
a. CLA.VULAIRE VIOLETTE.
Clavularia violacea, nob.
PLANCHE 21, FIGURES l3-l6.
Clavularia miuima, tubis cylt/alr/c/s, coriaceis ,
truncatis , canaliculatis , obscuro -violaceis.
Tentaculis brevibus , J/avis.
Petite espèce seulement élevée de quelques
lignes, dont les tubes grêles, presque cylindriques,
cannelés , d'un violet sombre , et pressés les uns
contre les autres , forment d'assez larges plaques.
Ils sont couverts d'acicules, qui sont aussi de cou-
leur violette. Les Polypes sortent à peine de leurs
loges, et ne laissent voir que les extrémités des
tentacules, d'un beau jaune. Ce n'est quedansl'eau
et sur place que le contraste de ces deux teintes
paraît bien ; car dès qu'on enlève ces Clavulaires,
les Polypes rentrent profondément pour ne plus
reparaître , même dans le vase où on les place ; ce
qui est le contraire de ce que font la plupart des
Zoophytes. Cela nous a empêché de reconnaître
ZOOPHYTES. 263
la forme et la disposition des tentacules, s'ils
étaient pinnéson non. En rentrant complètement,
ils froncent un peu l'ouverture de leurs tubes.
Habite l'île de Vanikoro, toujours au-dessous
des plus basses marées, vis-à-vis l'îlot de Manévé.
204 ZOOLOGIE.
Genre CORNULAIRE. — Çornularia.
Animaux cylindriques, pédicules, pourvus de #
huit tentacules pinnés, non rétractiles, groupés
sur une base sarcoïde adhérente j» membraneuse
ou plus ou moins lobée.
Les Cornulaires tiennent aux Tubipores par
la disposition pinnée de leurs tentacules au nom-
bre de huit, et aux Alcyons par la base charnue et
lobée d'où partent les Polypes; mais elles dif-
fèrent de ces derniers en ce que les animaux,
portés sur des pédicules , ne sont point suscep-
tibles de rentrer dans des alvéoles, creusées dans
la masse sarcoïde. Cependant ce petit groupe, par
la consistance et le port extérieur de ses animaux,
nous semble tenir davantage aux Alcyonaires. Il
ne diffère que fort peu des genres Xénie et An-
thélie de M. Savigny, qui, selon notre opinion,
ne doivent former qu'une division dans les Cornu-
laires. Ces dernières, comme nous les avons définies,
diffèrent un peu de ce qu'indiquent les auteurs;
mais ayant pour nous l'observation directe, notre
ZOOPHYTES. 205
manière de voir pourra peut-être servir de guide
au milieu des distinctions un peu embrouillées
de ces polypes à huit tentacules. Nous allons voir
tout à l'heure ce que nous entendons par Alcyons
proprement dits.
i. CORNULAIRE MULTIPINNÉE.
Cornularia mvltipinnata , nob.
PLANCHE 22, FIGURES l~4-
Cornularia , ramosa , mollissima , pallida ; lobis
crassis, obtusis ; polypis numerosis , pediculatis ;
têntaculis octo , laciniis tectis.
Cette espèce forme des empâtements peu con-
sidérables , de quelques pouces de hauteur. Elle
est remarquable en ce qu'elle se divise en rameaux
épais, au sommet desquels sont les Polypes. Ceux-ci,
longs de quelques lignes, comme implantés sur une
masse charnue, fibreuse, extrêmement molle, ne
sont point rétractiles ; de sorte qu'en les sortant
de l'eau, ils retombent sur leur base. Ils ont une
forme cylindrique, pédiculée, et huit tentacules
266 ZOOLOGIE.
assez grêles, recouverts d'un grand nombre de
laciniures qui n'affectent point d'ordre régulier ;
ce que nous n'avons rencontré que dans cette Cor-
nulaire. Ces nombreuses franges donnent à ce
Zoophyte un aspect qui le fait distinguer au
premier abord du suivant, avec lequel il a des
rapports. Sa couleur est blafarde dans toutes les
parties. Les Polypes laissent découler une grande
quantité d'albumine, ce qui nécessite de les chan-
ger souvent d'eau pour les observer, et d'esprit-
de-vin pour les conserver.
Habite les îles des Amis, à Tonga.
i. CORNULAIRE VERDATRE.
Cornularia subviridis , uob.
An Actinantha Jlorida? Lesson, Voyage de la Coquille,
pi. 3, n° i.
PLANCHE 22 , FIGURES 5^.
Cornularia, explanata, indivisa, molle , albido-
lutescente; polypis conjluentibus, pediculatis, regu-
larilcr laciniatis ; laciniis vircscentibus.
ZOOPHYTES. 267
Le polypier est charnu, mou, formant des ex-
planations peu élevées, qui atteignent jusqu'à un
pied de diamètre. Les Polypes qui y sont implantés,
longs de trois à quatre lignes, n'ont point de
mouvement de rétraction. Leurs tentacules retom-
bent sur eux-mêmes. Ils sont à huit divisions, un
peu renflés au milieu, pointus, et régulièrement
pinnés sur les bords. Ces laciniures sont vertes ,
tandis que les autres parties du Zoophyte ont
une teinte d'un blanc jaunâtre.
Quoique les Polypes de cette Cornulaire ne se
touchent point, leurs tentacules épanouis pa-
raissent cependant confluents, et sont d'un assez
joli effet sous l'eau , par leur couleur verte.
On la trouve sur le récif de l'île des Cocos , au
havre Carteret de la Nouvelle-Irlande.
Nous considérons comme une variété de cette
espèce, prise dans le même lieu, la Cornulaire
des figures 8 et 10, dont les masses plus petites, et
arrondies en boule , ne dépassent pas la grosseur
du poing. Leurs Polypes, moins développés , ont
également les folioles verdâtres; mais les tenta-
cules sont un peu moins allongés. Ce qu'il y a de
remarquable , c'est que dans le nombre il s'en
trouve beaucoup de courtement pédicules , qui
ont leurs divisions obtuses, arrondies et sans
franges. Sont-ce de plus jeunes individus qui n'a-
vaient pas encore atteint toute leur croissance?
Nous serions disposé à le croire.
268 ZOOLOGIE.
Cette Cornulaire nous paraît être la même fi-
gurée par MM. Garnot et Lesson, dans le Voyage
de la Coquille, sous le nom d'Actinanthe fleurie, et
que le dessinateur a un peu trop bien arrangée
en forme d'Actinie; ce qui pourrait donner lieu
à quelque méprise, et faire croire que ce n'est
qu'un animal, tandis que «'est réellement une
agrégation de plusieurs.
ZOOPHYTES. 2G9
Genre ALCYON. — Alcyonum.
Animaux polypiforrnes à huit tentacules simples,
rarement laciniés, contenus clans des cellules, ou
à l'extrémité de pédoncules épars à la surface
d'une partie commune, charnue, arborescente ou
encroûtante et fixée.
Nous avons examiné avec attention un grand
nombre d'Alcyons vivants , et nous pouvons as-
surer que les genres qui ont été formés avec les
diverses espèces de ces Zoophytes ne nous pa-
raissent pas établis sur d'assez bons caractères pour
être conservés. On n'a pu les tirer de la forme
des Polypes, qui se ressemblent presque tous, il a
fallu les prendre dans celle de la masse polypifère,
laquelle varie à l'infini; d'où la difficulté de se
reconnaître dans cette petite classification.
Les vrais Alcyons seront pour nous des Po-
lypes octotentaculés, imparfaitement ou rarement
pinnés , susceptibles de rentrer dans une gangue
charnue, très-diversiforme, fixée ou encroûtante.
Une douzaine d'exemples tirés de nos propres
270 ZOOLOGIE.
observations vont servir de base aux divisions
que nous proposons pour faciliter l'étude de ces
animaux, qui sont assez nombreux.
[ lobés (ou les Lobulaires)
, coriaces.
Alcyons
arborescents (ou les Neptées
mous,
coriaces.
Ce n'est que pour arriver plus promptement à
la connaissance de l'espèce que nous avons établi
quatre subdivisions qui, à la rigueur, pourraient
n'en former que deux, selon que les Alcyons se-
raient lobés ou branchus.
A. Espèces molles et lobées (ou les Lobulaires)
i. ALCYON GLAUQUE.
jêlcyonum glaucum, nob.
PLANCHE 22, FIGUHES 11-12,
Alcyonuin, carnosum, pediculatum, plano-loba-
tum, virescens, luteo et fusco punctatum ; poljpîs
fascis longitrorsum striatis , quincunci ordinatis;
tentactuis vire s cent Unis, obtusiusculis.
ZOOPHYTES. 271
Espèce formant de larges plaques charnues, à
gros pédicules courts, et dont les bords arrondis,
ondulés, sont quelquefois lobules. Ces expansions,
épaisses de cinq à six lignes , sont d'un beau
glauque, avec des teintes jaunes et des points
grisâtres assez régulièrement alignés en forme de
quinconces; ce sont les oscilles par où sortent les
animaux, qui, nombreux et rapprochés, modi-
fient, lorsqu'ils sont sortis, la couleur que nous
venons d'indiquer, parce qu'ils ont leurs tenta-
cules verdàtres, et leur tige brune avec des stries
en long. Ces Polypes n'ont guère plus d'une ligne
dans leur plus grand développement. Les huit
rayons de leurs étoiles sont grêles, obtus et lisses.
Quelques-uns de ces Alcyons présentent quelque
variété dans leur teinte , qui est plus ou moins
grisâtre ou verdâtre.
On les trouve sur les plages, que la mer laisse
à découvert, de l'îlot de Panhi-Modou, à Tonga.
Ils rendent les places qu'ils recouvrent très-glis-
santes. Il semble qu'on marche sur des coussins
charnus enduits d'une matière albumineuse.
272 ZOOLOGIE.
2. ALCYON VERT.
Alcyonum viridc , nob.
PLANCHE 23, FIGURES 22-2 3.
Alcyonum , magnum , lobato-digitatum , carno-
sum , virescens ; polypis minimis, virescentibus ;
tentaculis ovato-lanceolatis , membrana junctis ,
apice ciliatis.
Cet Alcyon est en masses assez considérables,
largement fixées, en lobes digités , arrondis au
sommet. Sa couleur est d'un vert foncé avec des
taches jaunâtres. Les Polypes , irrégulièrement
placés, mais fort rapprochés, sont verdâtres, très-
courts, faisant peu de saillie. Leurs tentacules sont
pétalliformes, réunis entre eux par une membrane
mince, et laciniés à leur extrémité.
Habite l'île Vanikoro.
ZOOPHYTES. 273
3. ALCYON ÉVENTAIL.
Alcyomun Flabellum , nob.
PLANCHE 23, FIGURES 1 8-20.
Alcyonum, carnosurn , repandum , compressum,
lobatum, spadiceum; digitationibus acutis, redis;
polypis elevatis , gracilibus , tentacules luteis.
Cette espèce forme des bancs de plusieurs pieds
d'étendue , étalés en éventail ou étendus en plaques
arrondies. Les digitations en sont profondes, com-
primées, pointues, d'un brun violacé .tirant sur
le chocolat. Les oscilles forment des points bru-
nâtres assez clair-semés et irrégulièrement placés.
Les Polypes sont grêles, bruns, à tentacules sub-
arrondis et jaunâtres.
Cet Alcyon varie dans sa couleur , qui peut
devenir jaunâtre ou verdâtre. Il habite le havre
Carteret à la Nouvelle-Irlande.
Zoologie, t. iv. itf
274 ZOOLOGIE.
B. Espèces ï,obées et coriaces.
A. ALCYON TUBERCULEUX.
Jlcyonum tuberciilosum, nob.
planche 23 , figures 4-5.
Alcyonum, brevipedimculatum , incrustons, co-
riaceum, lûtes cens, autgriseum; mamillis convexis,
subrôtundis ; polypis sessilibas ; tentaculis longis ,
gracilibus.
Espèce dure , coriace , formée de mamelons
arrondis, serrés, groupés sur un court pédicule,
recouvrant les corps marins. L'ensemble de ces
éminences est gris de lin; mais il y en a de jau-
nâtres et de brunes. Les points bruns qui les re-
couvrent sont les oscules par où sortent les Po-
lypes. Ceux-ci ne font de saillie que pour laisser
passer leurs tentacules en étoile, dont les huit
branches sont bien marquées, déliées et jaunâtres.
Cet Alcyon habite Tonga , et forme des groupes
qui n'excèdent pas de beaucoup la grosseur du
poing.
ZOOPHYTES. 075
.)
C. Espèces molles et arborescentes (les Noptées).
5. ALCYON RAMEUX.
Alcyonum ramosum, nob.
PLANCHE 23, FIGURES 8-1 I.
Alcyonum, magnum, molle, multiramosum ;
stirpe albicunti, fulvo striato ; polypis /'//sets, in
extremitate ramorum coadunatis ; tentaçulis brc-
vibus rotundatis.
Cet Alcyon, et trois autres dont nous parlerons
plus bas, seraient à la rigueur susceptibles de
former un genre, parce que leurs Polypes, dispo-
sés en grappes à l'extrémité des rameaux, ne ren-
trent point dans leur gangue corticale ; il n'y a
que les tentacules seuls, qui se replient sur eux-
mêmes en se fermant comme les pétales d'une
fleur.
Cette grande espèce atteint plusieurs pieds de
longueur; elle est comprimée dans son ensemble,
et forme comme de petites palissades sous les
eaux. Le rameau que nous figurons, et qui appar-
tenait à un ensemble beaucoup plus considérable,
18*
276 ZOOLOGIE.
est de grandeur naturelle. Sa substance molle
laisse échapper beaucoup d'albumine. Les tiges
sont blanchâtres avec des stries longitudinales
rougeâtres, très-déliées. C'est à l'extrémité des
nombreuses branches, que les Polypes sont agglo-
mérés en panicules ovoïdes. Chaque individu a un
pédicule distinct, court, d'un brun rougeâtre, ou
couleur de bistre, de même que les huit tenta-
cules obtus et arrondis qui le terminent. Ces ap-
pendices, rapprochés entre eux, ressemblent à un
bouton de lilas sur le point d'éclore.
Indépendamment des groupes d'animaux qui
existent à l'extrémité des rameaux , on en voit
d'autres plus petits , sessiles , sur les tiges elles-
mêmes.
Habite le port Dorey à la Nouvelle-Guinée.
6. ALCYON DES AMIS.
Alcyonum amicorum , nob.
Neptée des omis, Blainv., Dict. se. nat., t. LX, p. 487.
PLANCHE 22 , FIGURES l3-l5.
Alcyonum , carnosum, crasse pediculattim , ar-
boreum , violaceo-vircscens-; ramis explanaiis ;
ZOOPÏIYTES. 277
potyp$ paniculatis ; tentacules octonis, âpice <>/>-
/us/s , virescentibus.
Cette espèce, très-largement pécliculée , forme
des ramifications, qui au lieu de s'élever s'étalent
latéralement et sont très-pressées. Elles sont char-
gées de mamelons ovalaires, composés de très-pe-
tites granulations, qui sont autant d'animaux,
très-courtement pédicules, à huit tentacules grê-
les et obtus, lesquels s'épanouissent rarement. Ce
Zoophyte est vert pré, avec des teintes jaunâtres ;
les tiges principales et la base sont violacées.
On le trouve sur l'île Tonga-Tabou.
7. ALCYON ORANGÉ.
Alcyonum aurcintiacuin , nob.
PLANCHE 22 , FIGURES l6-l8.
Alcyonum, parvum, molle, ramosum, aurcum ;
rames obtusis ; polypis elongatis, clavatis , a Ibis ;
tentaculis brevissimis rotundatis.
Cette espèce, molle, rameuse, a des rapports
avec les*Véré tilles par la forme de ses Polypes, qui
278 ZOOLOGIE.
sont transparents, et la disposition qu'elle a à ab-
sorber une grande quantité d'eau , ce qui aug-
mente son volume.
Sa longueur est de deux à trois pouces ; ses
rameaux sont obtus, orangés, et couverts de
points blancs, qui sont les extrémités des Polypes
rentrés. Ceux-ci, grêles, saillants, ont la forme
d'une petite massue. Leurs tentacules, au nombre
de huit, ne sont autre chose que de petits tuber-
cules, s'élevant à peine au-dessus de la bouche.
Cette dernière donne dans un estomac court, des
côtés duquel partent cinq à six filaments plissés
ovifères. Cette organisation, que la blancheur et la
transparence des animaux nous a permis de voir,
est absolument la même que celle des Vérétilles.
Si l'on n'attendait pas le développement complet
de cet Alcyon , on en aurait une idée peu exacte.
Il provient du lieu qu'on nomme rivière Tamise,
à la Nouvelle-Zélande, par huit à dix brasses de
profondeur.
ZOOPHYTES. 279
8. ALCYON FLEXIBLE.
Alcyonum Jlexibile , nob.
PLANCHE 23, FIGURES 1-3.
Alcyonum, maximum, ramosum, lutescens; ramis
gracilibus cylindricis, prœlongis , mollibus; polypis
minimis , virescentïbus , centro luteis ; tentaculis
brèvibus rotundatis .
Cet Alcyon habite toujours à d'assez grandes
profondeurs, qui ne découvrent jamais à basse
mer. On prendrait ses longs rameaux cylindriques
et flexibles pour des éponges. Ils partent de tiges
elles-mêmes ramifiées, mollasses, formant sous les
eaux des faisceaux considérables. Leur couleur
varie du fauve au jaune pâle; mais lorsque les
animaux très-pressés qui les couvrent font saillie ,
il s'y mélange du verdâtre, parce que c'est leur
couleur. Us forment de petites rosettes peu élevées,
à huit tentacules rudimentaires , arrondis. Le dis-
que buccal est jaune.
Habite l'île de Vanikoro.
280 ZOOLOGIE.
D. Espèces coriaces et arborescentes.
9. ALCYON JAUNE.
Alcyonum Jlavum , nob.
PLANCHE 23 , FIGURES 6-J.
Alcyonum, coriaceum, arbores cens, parvum, basi
compressum , jlavum ; ramis cylindricis , acutis ,
simplicibus ; osculis minimis , sparsis ; tentaculis
absconditis.
Espèce peu commune, très-coriace, d'un beau
jaune de paille , formant des masses d'un assez
gros volume, peu élevées, comprimées. Leur base
donne naissance à des rameaux cylindriques, sim-
ples, pointus, d'un à deux pouces de longueur,
recouverts d'oscules jaunes, irrégulièrement placés
et qu'on ne peut bien voir qu'à la loupe. Les Po-
lypes ne font point de saillie, et à peine remar-
que-t-on les huit divisions que doivent former
leurs tentacules.
Cet Alcyon, d'une aridité extrême, habite File
de Vanikoro.
ZOOPHYTES. 281
10. ALCYON IMBRIQUÉ \
Alcyonum imbricatum, nob.
PLANCHE 23, FIGURES I2-l4-
Alcyonum , ramosum , rigidum , albo-cœrules-
cehs; polypis fasciculatis , pediculatis , subimbrî-
catis y non retractilîbus ; tentaculis minimis obtu-
sis, apice fuscis.
Espèce coriace et très-rigide, en petites masses
de la grosseur du poing, divisée en rameaux
courts, sur lesquels se «groupent les animaux, en
formant comme de petits thyrses, et s'imbriquant
un peu les uns les autres. Chaque Polype, porté
sur un pédicule court, n'est point susceptible de
rentrer dans sa gangue corticale. Leur extré-
mité, arrondie en ovale, a huit tentacules très-
courts, obtus, recourbés sur eux-mêmes et dirigés
vers la bouche; leur pointe, qui est brune, con-
traste avec le blanc légèrement bleuâtre du reste
du polypier.
* Cet Alcyon, le suivant et le rameux déjà décrit, sont susceptibles de
former une division à part, ou même un genre.
282 ZOOLOGIE.
La substance de ce Zoophyte est composée île
petites granulations confuses, très-pressées.
Habite le havre Carteret de la Nouvelle-Irlande.
ii. ALCYON TERMINAL.
Alcyonum terminale, nob.
PLANCHE a3, FIGURES l5-I7.
Alcyonum, ramosum, rigidum, album; ramis
solitariis; polypis terminalibus , inflatis ; tenta-
cutis mimmis , foliaceis , acutis, apice fuscis.
Cette espèce diffère des précédentes en ce que
chacun des rameaux est terminé par un Polype
en forme de bouton arrondi, et que nous n'en
avons point vu sur les tiges principales. Du reste,
la partie charnue est rigide et scarieuse comme
dans l'Alcyon imbriqué, auquel il ressemble un
peu sous ce rapport seulement. Les tentacules,
au nombre de huit, sont courts, triangulaires,
bruns à leur extrémité, rentrés sur eux-mêmes,
et dirigés vers l'ouverture buccale, qu'ils bouchent
ZOOPHYTES. 283
en partie. Nous ne les avons point vus épanouis,
et nous ne savons même pas s'ils peuvent le faire.
Le reste du polypier est d'un blanc mat. Nous
supposons que ce que nous en donnons est un
fragment qui appartenait à une masse plus con-
sidérable.
Habite le port du Roi-Georges, à la Nouvelle-
Hollande, probablement par une grande profon-
deur.
284 ZOOLOGIE.
Nota. C'est comme en appendice , et pour
compléter trois planches qui manquaient, que nous
donnons quelques -une% des principales espèces
des genres suivants. Leur nouveauté et la singula-
rité de leurs formes nous fait regretter de n'avoir
pu donner plus d'extension à notre ouvrage, en
figurant tous les objets remarquables que nous
avons rapportés. Nous aurions pu nous borner
à les décrire; mais au point où en est l'histoire
naturelle, on ne peut, pour ces sortes de choses,
se passer des figures, qui sont le complément de
leur explication.
VERS APODES.
Genre BORLASIE. Borlasia, Oken.
Corps mou, extrêmement long, subcylindrique
ou aplati , obtus aux extrémités , plus grêle à la
postérieure; l'antérieure renflée en mufle ou en
rostre, ayant de chaque côté une fossette longi-
tudinale.
Bouche inférieure non terminale, en fente lon-
gitudinale , formant quelquefois une espèce de
ventouse.
Orifice de l'appareil générateur dans un tuber-
cule situé au bord de l'ouverture buccale. Bl.
ZOOPHYTES. 285
i. BORLASIE A CINQ LIGNES.
Borlasia quinquelineata , nob.
PLANCHE 24, FIGURES 1-2.
Borlasia longissima, fr agili} rassa, coin planai a,
albida , desuper nigro quinquelineata sautas bifas-
ciata; capite b/rri, rfilatato, subcordiformi.
Comme le remarque fort bien M. de Blainville,
les genres Cérébratules , Tubulan, Borlasie, Ne-
merte et Ophiocéphale, n'en forment pour ainsi
dire qu'un seul. Ce dernier n'avait été créé par
nous à la mer que provisoirement et pour donner
de suite un nom à un de ces vers.
Cette espèce, longue de trois à quatre pieds,
a la forme d'un ruban un peu épais. Elle est très-
cassante. Sa tète est petite, cordiforme; son cou
court et rétréci; son pore buccal, ovalaire, assez
grand. L'extrémité postérieure est obtuse. Sa cou-
leur est un blanc opalin avec cinq lignes longitu-
dinales, noires ou brunes, sur le dos, deux seule-
ment sous le ventre, et trois sur la tête.
Habite le port Dorey de la Nouvelle-Guinée;
la Nouvelle-Irlande et d'autres lieux de la mer
du Sud.
•
286 ZOOLOGIE.
2. BORLASIE STRIÉE.
Borlasia striata, nob.
PLANCHE 24, FIGURES 3"4-
Borlasia, longissima , gracili, cyiindricq, rubra,
,eis tenuissimis
capite lanceolato.
lineis tenuissimis subrubris ïongîtrorsùm striata
C'est la plus longue espèce que nous ayons
trouvée ; elle avait six pieds. Sa tète , de forme lan-
céolée, est remarquable par deux pores oblongs,
placés en dessous et distants, l'un sur le renfle-
ment céphalique, l'autre où commence le corps.
Le fond de la couleur est de laque foncée, avec
des lignes longitudinales rouge brun, très-déliées
et rapprochées. Elles sont plus fines et plus claires
sous le ventre.
Ce ver est susceptible de se renfler. Dans l'esprit*
de-vin, son énorme longueur se réduit à quelques
pouces. On le trouve à marée basse sur les ro-
chers de l'île Guam, principalement à Agagna et
à Humata. Il a été déposé au Muséum ainsi#que
le précédent.
ZOOPHYTES. 287
3. BORLASIE A BANDELETTE.
Borlasia vittata t nob.
PLANCHE 24, FIGURES 5-6.
Sa variété, fig. 7-8.
Borlasia, corpore îemniscato , gracili, subçom-
planatOf apice acuto, croceo, desuper nigro univit-
tato ; capite elongato , lanceolato.
Corps long de près d'un pied, un peu aplati,
très-grèle postérieurement; tête allongée, angui-
forme, légèrement obtuse, ayant de chaque côté
la fossette longitudinale bien marquée, mais le
pore buccal tellement petit que nous n'avons pu
l'apercevoir.
Le corps est d'un beau jaune doré en-dessus,
avec quelques taches brunes, et parcouru dans
toute sa longueur par une bandelette d'un noir
foncé, placée sur un fond jaune clair.
La variété a les côtés d'un brun violacé, piqueté
de la même couleur. Le ventre offre une ligne
blanchâtre.
On trouve cette espèce sous les pierres de la
rade d'Hobart-Town àVanDiemen, quand la mer
est basse.
288 ZOOLOGIE.
/,. BORLASIE VERTE.
Borlasia viridis , nob.
PLANCHE 24 5 FIGURES 9"H.
Borlasia, corpore tenui, cylindrico, irresmlaritei'
gïbboso, fragili, viridi ; capite longo, anguiformi,
albo cincto.
•
Cette espèce est remarquable par sa tête allon-
gée, aplatie, obtuse, et un peu échancréeen avant,
de la forme de celle d'un trigonocéphale, ayant
de chaque côté une fossette bordée de blanc, et
rougeâtre à ses deux extrémités dilatées. Une
bande blanche en forme d'écusson passe dessus
et dessous la tête. La bouche est rougeâtre. Mais
ce que présente de particulier cette Borlasie, c'est
d'avoir de chaque côté du cou une sorte de pore
ovalaire également rougeâtre. Le corps est grêle,
cylindrique, susceptible, par la contraction , d'of-
frir quelques renflements plus ou moins réguliers,
et de crisper la peau de manière à faire ressem-
bler ce ver à une Annélide. Sa couleur est un
vert bouteille foncé. Habite sur des fucus, par
une assez grande profondeur, dans la rade du
Port-Jackson à la Nouvelle-TIollande. Sa longueur
est de cinq à six pouces.
ZOOPHYTES. 289
5. BORIASIE TRICUSPIDE.
Borlasia tricuspidata , nob.
PLANCHE 24, FIGURES I2-l4-
Borlasia, mùiinia, elongata, planiuscula, viridi;
capite cordiformi, brève, desuper cuspidibus albis
notato.
Petite espèce tenant de la précédente pour les
couleurs seulement, irrégulièrement renflée, un
peu aplatie , dont la tète en cœur offre supérieu-
rement un écusson de trois dents triangulaires,
vertes et jaunâtres, largement bordées de blanc.
Tout le reste de l'animal est d'un vert sombre.
En l'observant à la loupe, nous vîmes sortir de
la bouche, placée sous la dilatation céphalique, un
corps blanc, aussi long que délié, se tortillant de
chaque côté. Sans ses mouvements, nous eussions
pris ce corps, qui est probablement un ver parasite
pour l'intestin de cette Borlasie.
Elle habite la rade d'Agagna dans l'île Guam.
Notre manuscrit porte qu'elle avait de quatre à
cinq lignes de longueur. Nous croyons qu'elle
Zoologie, t. iv. 1 9
290 ZOOLOGIE.
devait être plus longue. Elle est par conséquent
représentée grossie. Une des figures indique le ver
sortant de son intérieur.
6. BORLASIE DE LA NOUVELLE-ZÉLANDE.
Borlasia Novœ-Zelandiœ , nob.
PLANCHE 24, FIGUItES l5-IC;.
Borlasia , corporè breviter elongato , piano , de-
super ruùro-fuseesee/ite, subtus luteo, duabus lineis
vasculosis notato ; capite cordiformi.
Espèce longue d'environ trois pouces, aplatie,
à queue pointue, à tête évasée, cordiforme, unie
au corps par un col court, sur lequel sont
plusieurs stries d'un rouge brun très -intense.
La bouche est une longue fente très -déliée.
Nous n'avons point remarqué de fossettes latérales.
Tout le corps est rouge brun en dessus, plus
foncé sur la ligne médiane; en dessous il est jaune
ZOOPHYTES. 291
avec l'indice du canal intestinal ; de chaque côté
duquel existe un système vasculaire, représenté par
deux vaisseaux portant des ramifications latérales.
Ce ver est susceptible de se raccourcir beau-
coup. Il habite la baie des Iles.
7. BORLA.SIE A QUATRE POINTS.
Borlasia quadripunctata , nob.
PLANCHE l\ , FIGURES 20-22.
Borlasia, corpore minimo , filiformi f subpiano ,
albo, de super bilineato ; capite obtuso , antice mar-
ginato, quatuor punctis aigris notato.
Cette Borlasie a tout au plus deux pouces de
longueur; elle est grêle, un peu aplatie, d'un blanc
mat, avec deux lignes longitudinales sur le dos
d'un joli brun, dont l'intervalle est jaune clair.
Le ventre est blanc. La tète est obtuse , subarron-
die, un peu échancrée en avant, sans indice de sé-
292 ZOOLOGIE.
paration avec le corps. On voit en dessus quatre
points ronds, noirs, que nous n'avons trouvés dans
aucune autre espèce. Sont-ce des yeux ? La bou-
che est représentée par une longue fente terminale.
Habite la mer d'Amboine, et se trouvait dans
un Anatife.
ZOOPHYTES. 293
MEDUSAIRES.
Genre CARYBDÉE. — Carybdea.
i. CARYBDÉE BICOLORE.
Carybdea bicolor , nob.
PLANCHE 23 , FIGUKES 1-3.
Carybdea, eonica, pile i/o mu i, basi dilatata,
subtus eava , ferruginea '; limbo sexdecies lubato;
tentaculis crassis, brevibus, rubru punctatis.
La partie supérieure de cette Méduse forme un
cône pointu, solide, subcartilagineux , terminé par
sa base à une rainure circulaire, profonde, où com-
mence le rebord de l'ombrelle proprement dit. Cette
partie, de consistance moindre, s'élargissant en en-
tonnoir, est découpée en seize languettes, qui, vues
dans l'eau, ont une apparence triangulaire et fo-
294 ZOOLOGIE.
liacée, mais qui réellement se prolongent en une
membrane mince , diaphane et subarrondie. Ces
appendices sont creusés en-dessus par une assez
large rainure. De leur intervalle partent seize gros
tentacules courts , obtus , ponctués de rougeâtre.
L'intérieur offrait un large trou vide , sans" ap-
parence d'organes quelconques. Il faut supposer,
malgré l'intégrité du Zoophyte, qu'ils avaient été
détruits. La paroi interne était couverte d'un en-
duit rubigineux si peu adhérent , qu'il s'enlevait
au moindre contact. C'est à lui que l'animal doit
sa couleur, et comme ses parois extérieures étaient
blanches , il en résultait deux teintes bien distinc-
tes. Au sommet se remarque un petit cul-de-sac
d'un bleu très-foncé. L'épithète de rubigineux eût
mieux convenu pour cette Carybdée, si Péron ne
nous eût appris que celle qu'il a décrite offrait le
même caractère; ce que n'ont point indiqué ceux
qui l'ont reproduite.
Notre espèce, bien distincte de la sienne , qu'il
a nommée Périphylle, a six pouces de hauteur,
sans y comprendre les tentacules, qui en ont trois.
Elle a été trouvée en juillet, dans l'océan Atlanti-
que, entre les îles du cap Vert et la côte d'Afri-
que.
Le dessin au trait, figure 3, indique la forme
qu'elle prend en mourant.
ZOOPHYTES. 295
2. CARYBDÉE BITENTACULÉE.
Carybdca bitcntaculata , no!>.
PLANCHE 25, FIGURES 4~5-
Carybdca, minima, subcordiformi ; limbo dila-
tata , undulata ; ore octies fimbriato ; tentaculis
duo bus, externis , longis.
Cette Carybdée a une forme toute particulière ,
et mériterait de former une petite division dans
ce genre. Son ombrelle est comme formée de deux
parties ; la supérieure, cordiforme, en chapiteau ;
l'inférieure plus évasée, ondulée sur son limbe; à
leur jonction, partent, en dehors, deux tentacules
grêles, longs, rigides, recourbés en forme de
cornes , lesquels paraissent creux à leur intérieur.
Ils pénètrent profondément dans la substance de
l'ombrelle. La bouche assez large, profondément
située, est découpée en huit franges : ce qui fait
supposer que celle de l'espèce précédente devait
avoir à peu près cette disposition.
Les couleurs de la nôtre varient pour le fond ,
qui quelquefois est blanc, et le plus souvent d'un
•296 ZOOLOGIE.
jaune rougeâtre doré. Les tentacules, rougeâtres à
leur pointe, sont verclâtres dans le milieu.
Ce Zoophyte, dont les mouvements sont parfois
très -vifs, est représenté un peu grossi. On le
trouve en grande quantité dans la rade d'Am-
boine.
ZOOPHYTES. 207
Genre ORYTHIE.— Orj thia.
ORYTHIE INCOLORE.
Orythia incolor, nob.
PLANCHE 25 , FIGURES 6-IO.
Orythia, discoidea, liyalina , limbo denticutata,
desuper cruciata ; brachiis octo ramosis ; foliis sex
ad peripheriam oris.
Très-élégante Méduse, incolore, transparente,
et d'une délicatesse remarquable , dont l'ombrelle
est le plus souvent relevée en coupe; ses bords
sont légèrement frangés et rabattus. En -dessus
elle est parcourue par un grand nombre de vais-
seaux. Quatre pédoncules donnent naissance à
huit bras qui se divisent en seize, lesquels se ra-
mifient de nouveau en se relevant vers l'ombrelle.
Chacune de ces ramifications est terminée par
de. petites laciniures boutonnées, qui ont quel-
que ressemblance avec les tentacules des animaux
des polypiers flexibles. La bouche, placée au cen-
298 ZOOLOGIE.
tre des pédoncules , est pourvue dans son con-
tour de six laciniures lancéolées, granuleuses, ca
naliculées à leur centre. On aperçoit en dessus
l'appareil digestif, découpé en croix de Malte,
entre les branches de laquelle sont quatre folioles,
ressemblant à des feuilles de vigne, et dont le
pédoncule est un vaisseau. C'est de cet appareil
que partent tous les canaux qui se ramifient dans
l'ombrelle, laquelle, ne pouvant pas recouvrir en-
tièrement les pédoncules, est presque constam-
ment relevée en forme de vase.
Les mouvements de ce Zoophyte sont lents.
C'est le second de cette sorte que nous rencon-
trons , chacun formant Une espèce distincte. Il a
été pris dans le mois d'octobre, en sortant des
îles Moluques.
ZOOPHYTES. 299
Genre DÉDALE. — Dedalœa.
Corps ovoïde, glandiforme, pourvu de tenta-
cules simples, assez longs, disposés subradiaire-
ment, contenu dans des cellules de même forme,
transparentes , fixées et réunies en groupes plus
ou moins considérables, sur les côtés d'un axe
commun, cylindrique, membraneux, anastomosé
de manière à former une sorte de grand réseau
irrégulier, fixé. Bl.
DÉDALE DE MAURICE.
Dedalœa mauritiana, nob.
PLANCHE 26, FIGURES 1-2.
Dedalœa , rubescente , ramosissima ; ramis cy-
li/idricis, anastomosatis ; ccllulis oppositis , obo-
vatis, vesiculosis ; polyporum tentaculis recuivatïs
et albis.
300 ZOOLOGIE.
M. de Blainville, après avoir examiné ce singu-
lier animal, l'a rangé parmi ses Polypes douteux,
avec les Plumatelles et les Cristatelles , avec les-
quelles il a en effet beaucoup de rapports.
Déjà, dans notre premier voyage sur l'Urémie,
ce corps avait fixé notre attention , et nous ne
savions pas si c'était un polypier ou une Thalassio-
pliyte. Mais en embarquant les canots de l'Astro-
labe , ayant vu qu'ils étaient couverts de cette
substance , développée dans l'espace d'un peu
plus d'un mois, nous pensâmes que cette rapidité
d'évolution ne pouvait être végétale, et devait
appartenir à un animal. En effet, en examinant
dans l'eau et à la loupe ces masses enchevêtrées ,
nous vîmes qu'elles étaient couvertes de Polypes
qui s'épanouissaient et rentraient alternativement.
Nous rendîmes M. le capitaine d'Urville , à qui
l'étude de l'histoire naturelle est familière, témoin
de cette découverte.
Dans la mer, le Dédale forme une masse de petits
tubes cylindriques, longs de plusieurs pouces, de
la grosseur d'une plume de pigeon, embrouillés
les uns dans les autres, anastomosés entre eux,
composant des nœuds d'où partent des groupes
de quatre à cinq tuyaux , allant former avec
d'autres une sorte de labyrinthe. Le long des
tiges, mais le plus souvent aux extrémités des
rameaux , et de chaque coté , sont des Polypes
plus ou moins nombreux , contenus dans des
ZOOPHYTES. 301
ampoules en forme de gland, ridées à leur ba*se,
à ouverture rétréeie. L'animal a de huit ou dix
tentacules blancs , en plumet , recourbés vers la
pointe. M. de Blainville, qui paraît l'avoir examiné,
y a reconnu, comme dans les Eschares, un œso-
phage , un estomac entouré d'un foie, et un
viscère en communication avec lui , qu'il pense
être l'ovaire. Les Polypes sont très-irritables, mais
les branches ne donnent aucun signe de vie. Elles
ont un canal central, avec lequel communiquent
probablement les ampoules , sans que nous ayons
pu nous en assurer. Au point de leur anastomose ,
elles forment comme des nœuds qui paraissent
articulés.
La couleur du polypier est un mélange de
blanc et de roussâtre ; cette dernière teinte est
produite par le foie ou les ovules, qui sont ren-
fermés dans les ampoules'.
Ce Zoophyte est très-abondant dans le trou
Fanfaron de l'île de France; nous ne l'avons trouvé
dans aucune autre partie: apparemment parce
qu'il paraît demander des eaux paisibles pour se
développer. Il s'attache, en masses plus ou moins
considérables, aux vaisseaux stationnés dans ce
lieu.
302 ZOOLOGIE.
Genre ALCYONCELLE. — Alcyoncellum.
Corps phytoïde, subpierreux, solidifié par des
spicules tricuspides ; à branches peu nombreuses,
cylindriques, fistulaires, terminées par un orifice
arrondi, à parois épaisses, composées de granules
réguliers , polygones , alvéoliformes , percés d'un
pore à l'extérieur et à l'intérieur. Bl.
ALCYONCELLE SPÉCIEUX.
Alcyoncellum spcciosum , nob.
PLANCHE 20, FIGURE 3.
AlcjonceUum, cjlindricum, cavum, cxtremitate
rotundum, album, reticulis lapidicis elegantissime
contextum.
Cette singulière production , donnant lieu au
genre ci-dessus, représente un cylindre creux, de
ZOOPHYTES. 303
sept à huit pouces d'étendue, en forme de phallus,
arrondi, et un peu dilaté ;« une extrçmité, ouvert
à l'autre, à parois minces, formées de filets très-
déliés, lâchement accolés les uns aux autres,
entre-croisés dans tous les sens , de manière à
former de nombreuses mailles arrondies, presque
régulières, comme celles de la dentelle ou bien
des sièges tissés en rotang. Ce qui fait que toute
la masse est à jour. En voyant l'élégante blan-
cheur et la régularité d'un tel tissu , on a de la
peine à se persuader qu'il est le produit d'une
réunion d'animaux. On aime mieux en voir un
seul au fond de la mer travailler à se faire ce lo-
gement pour un but quelconque, en tirant de sa
propre substance, comme le font certaines che-
nilles, la matière qui se pétrifie aussitôt qu'elle
est en contact avec l'eau.
Ce Zoophyte habite, nous a-t-on dit, de grandes
profondeurs, d'où il a été amené par une sonde.
Les éclats qu'on remarque à une de ses extré-
mités indiquent qu'il doit être fixé. Nous le
devons à M. Merkus, gouverneur des Moluques,
qui s'est plu a favoriser, avec la plus grande obli-
geance, nos recherches d'histoire naturelle pen-
dant le temps que nous avons passé dans les îles
qu'il administre.
304 ZOOLOGIE.
•
Genre OIKOPLEURE.— Oikopleum, Mertens.
Méra. de l'Ac. de St-Pétersb., 1. 1, 2e liv., i83o, p. ao5.
OIKOPLEURE BIFURQUÉE.
Oikoplcura bifurcata, nob.
PLANCHE 26 , FIGURES 4~7-
C'est pour éveiller l'attention des naturalistes
voyageurs, qu'en terminant cette partie des Zoo-
phytes, nous donnons une figure, probablement
incomplète, d'un animal dont le genre est encore
si peu connu, qu'on ne sait dans quelle classe le
placer. D'après M. Mertens , il devrait appartenir
aux Mollusques, quoiqu'il faille convenir que ses
dessins ne donnent guère l'idée de ce que doit
être un Mollusque.
Voici ce que nous avons observé. En décembre
1 828, étant sur les sondes du banc des Aiguilles, en
vue de terre, et vis-à-vis la baie d'Algoa, nous
vîmes par intervalle, dans d'assez grands espaces,
et par zones , la mer devenir rouge brun. En y
ZOOPHYTES. 305
plongeant un filet d'étamine, nous reconnûmes
que cette couleur était due à une énorme quan-
tité de petits animaux, longs d'une ligne ou deux
tout blancs , si ce n'est vers la tète qu'ils avaient
un point rougeâtre. On jugera par là combien ils
devaient être pressés pour refléter une couleur
rouge aussi intense que celle que nous représen-
tons.
Le corps de cet animal est anguilliforme, aplati,
pointu à son extrémité, laquelle est garnie d'une
nageoire, qui nous a paru échancrée. Son axe est
parcouru par un canal, dans lequel, ou plutôt
sur les côtés duquel, on voyait des granulations
blanches, appartenant probablement à la généra-
tion. La partie qui correspond à la tète est sur-
montée d'un capuchon membraneux, très-délié,
frangé , dont la petitesse ne nous a pas permis
d'examiner les organes qu'il pouvait contenir, et
que M. Mertens a reconnus dans des individus
beaucoup plus grands. C'est là qu'est placé le
point rouge en partie entouré de jaune.
Ces êtres étant dans un mouvement perpétuel
de vibration qu'ils impriment à tout leur corps ,
l'étude en devient un peu embarrassante. Ils
semblent vouloir se délivrer de leur enveloppe
céphalique. Ils altèrent promptement l'eau qui
les contient, et dans une demi -heure ils sont
morts. Alors leur corps se recourbe dans di-
vers sens, la tête en bas; il devient opaque,
Zoologie, t. iv. y.o
306 ZOOLOGIE.
d'un blanc mat , et l'on ne peut plus rien dis-
tinguer de leur organisation. Nous les avons
représentés dans ces diverses positions. Ce sont
sans doute ces animaux, ou bien de très-petits
Biphores , qui , lorsqu'ils recouvraient une vaste
étendue, ont donné lieu aux anciens navigateurs
de parler de mers couleur de sang.
S'il existe dans les eaux salées des animaux
susceptibles de subir des métamorphoses avant
que de devenir parfaits , ceux-ci pourraient bien
alors être des larves. En ayant rencontré dans
plusieurs lieux , nous les avions nommés Frétil-
laires ; mais , après avoir pris connaissance du
mémoire de M. Mertens , nous avons reconnu
qu'ils devaient faire partie de son genre Oiko-
pleure , que M. Chamisso avait découvert long-
temps avant, plus imparfaitement il est vrai,
mais auquel il avait donné le nom beaucoup plus
euphon ique d \4ppendiciiUiria.
ZOOPHYTES. 307
REMARQUES
SUR QUELQUES LOCALITÉS PROPRES A FACILITER
DES RECHERCHES ZOOLOGIQUES.
Lorsqu'un navire arrive dans un lieu pour n'y
demeurer que quelques jours, il faut, afin d'ob-
tenir le plus de résultats possibles, savoir mettre
le temps à profit. On commence ordinairement par
reconnaître le pays, examiner les intentions des
naturels, et chercher à se mettre en bonne intel-
ligence avec eux. Ce n'est qu'après ces précautions
qu'on peut se livrer à des recherches suivies en
histoire naturelle ; et lorsqu'on part , on s'aperçoit
presque toujours qu'il y a eu beaucoup de temps
mal employé, que des indications auraient pu
mieux utiliser. C'est dans cette intention que nous
allons donner quelques détails sur les lieux
que nous avons parcourus, en indiquant ce que
nous y avons trouvé, afin de pouvoir être utile
aux naturalistes qui les visiteront après nous.
Us pourront leur épargner des courses inutiles, et
leur faire trouver de suite des choses que le hasard
seul nous a révélées. On ne s'avise pas de tout
20'
308 ZOOLOGIE.
dans un premier voyage, ni même dans un second,
et nous avouons que si nous en faisions un troi-
sième, nous prendrions bien des précautions que
nous avons omises dans les deux précédents.
Jusqu'à présent dans les voyages de circumna-
vigation, les sciences naturelles n'ont été consi-
dérées que d'une manière accessoire, le but prin-
cipal ayant constamment été la géographie, la
physique et l'astronomie; mais si quelque jour
on entreprend une expédition où l'inverse ait lieu,
on verra quelle immensité de matériaux pourront
réunir des hommes habiles et laborieux, habitués
au service maritime ; surtout si dans les relâches
ils n'ont pas à s'acquitter des doubles fonctions de
naturalistes et de médecins. Ce n'est que pour les
personnes appelées à remplir une semblable mis-
sion, que les détails dans lesquels nous allons
entrer pourront être de quelque intérêt et ne
pas paraître trop minutieux ou inutiles.
Nous réunirons dans cet aperçu les contrées
que nous avons explorées , avec l'Umnàe et l'As-
troldhe, à deux époques différentes; et pour ne
pas lui donner trop d'extension , nous ne parle-
rons que peu des animaux vertébrés, que tout
le monde s'empresse de chasser ou de pêcher.
ZOOPHYTES. 30!)
TOULON.
Avant notre départ nous explorâmes ce port,
parfaitement exposé pour l'habitation des Mollus-
ques et des Zoophytes. Il suffit iYen parcourir le
contour , pour trouver au voisinage de la grosse
Tour, dans les petits bassins que forment les ro-
chers, des Aplysies au milieu des fucus qui ser-
vent à leur nourriture. Entre les cailloux de la
même plage, on rencontre des Troques, des Osca-
brions, des Actinies, des Néréiphylles, et quel-
quefois des Lucernaires. Ces derniers Zoophytes
sont des plus rares , car nous ne les avons vus
que là. Plus loin, sur les sables, sont des Cérites
et d'autres Mollusques testacés.
Il existe diverses espèces d'Ascidies; nous en
avons même trouvé sur les bois qui flottent dans
le port, avec d'autres Ascidiens en plaque. Il n'est
peut-être pas de lieu plus propre à étudier le dé-
veloppement de ces êtres, par la facilité qu'on
a de les observer autant de fois qu'on veut, sans
craindre d'être dérangé par les marées.
Sur les rochers des îles d'Hyères, on trouve spé-
cialement l'Actinie écarlate, des Holothuries, des
Astéries, des Oursins, et en général toutes les
productions de nos côtes, réunies dans un assez
petit espace; plus celles que le INord ne con-
naît pas, comme les Acétabules. Ces êtres am-
.310 ZOOLOGIE.
bigus y sont en grande quantité dans les lieux
calmes, entre les anfractuosités des rochers. On
en trouve également en draguant dans la rade
de Toulon.
Des occupations nous ont détourné de l'étude
des Acétabules , dont nous avions cru voir autre-
fois, comme Donati, le Polype réuni en faisceau
plumeux sur le milieu du disque. Mais d'après ce
que nous a dit M. le professeur de Blainville , qui
a observé des milliers de ces êtres sans rien y voir
d'animé, il paraît que ce que nous avions pris pour
un Polype était quelque animal parasite. Ce sont
donc de ces productions douteuses à formes régu-
lières qui demandent à être étudiées avec soin
par les personnes qui habitent sur les lieux.
ALGESIRAS.
C'est sur les rochers de la pointe de Carnero
que nous recueillîmes pour la première fois des
Siphonaires, qu'il est si facile de confondre avec
les Patelles, lorsqu'on n'a égard qu'à la coquille.
Dans le même lieu , les plaques d'un assez beau
jaune qui recouvrent les pierres sont des Astrées
calyculaires, dont les animaux sont d'une facile ob-
servation. On y trouve encore abondamment des
Oursins, de grandes Actinies vertes, au milieu des
fucus; des Amphitrites, des polypiers flexibles,
parmi lesquels sont des Campanulaires et desSpios,
ZOOPHYTES. :{|l
On pêche par une assez grande profondeur la
Vérétille jaune, que nous avons déjà fait connaî-
tre, avee l'Astrée indiquée plus haut, dans les
Annales des sciences naturelles, tome X.
Nous regrettons de n'avoir pu porter notre at-
tention sur un infiniment petit Mollusque gasté-
ropode, abondant, que nous supposons être une
Onchidie, ou du moins appartenir à un genre
voisin.
TENERIFFE.
Le voyage que nous fîmes au sommet du Pic
nous empêcha de reconnaître les productions que
peut donner la rade de Sainte-Croix, d'où on nous
apporta seulement quelques Patelles violettes, et
une grande Aplysie à lunules, probablement la
même que M. Rang a trouvée aux îles du cap
Vert, et qu'il a figurée dans sa monographie de
ces animaux.
Sur les mousses des petits ruisseaux de la belle
forêt d'Aguas Gracias, nous trouvâmes des Vi-
trines et des Ancilles, qui enrichissent notre atlas
de deux espèces nouvelles.
En montant au Pic près de la caverne del Pino,
on trouve des Martinets qui se jouent dans un
air aussi chaud que pur, et l'on peut prendre abon-
damment sous les monceaux de lave une grosse
312 ZOOLOGIE.
espèce de Pimélie noire qui s'y cache. Les ani-
maux disparaissent à mesure qu'on monte, et
dans la plaine formée de poussière d'obsidienne
nommée Cagnadas, on ne rencontre plus que quel-
ques plantes rares, parmi lesquelles on remarque
la Viola Teydensis.
SAINT-IAGO (iLES DU CAP VERT ).
Les rochers abruptes de cette rade, battus par
les eaux, ne sont pas propres à l'accroissement
des Zoophytes délicats. Il y a même peu de Mol-
lusques, hormis des Patelles, une Fissurelle qui
nous a paru nouvelle, et quelques Troques.
Nous n'y avons point assez demeuré pour étendre
nos recherches aux environs. On peut supposer
que la proximité de l'Afrique doit y faire trouver
plusieurs de ses productions , lorsqu'il se présente
des localités favorables. Nous obtînmes un assez
bon nombre de poissons riches en couleur, pris
à la ligne.
RIO DE JANEIRO.
Cette immense rade, située presque sous le tro-
pique, ne nourrit pas autant de Zoophytes que sa
position et le calme de ses ondes sembleraient
ZOOPHYTES. 313
l'indiquer au premier abord; ce qui tient proba-
blement à la quantité de rivières qui viennent
mêler leurs eaux à celles de la mer.
Sous le monastère da Gloria habitent des Aply-
sies que nous n'avons point trouvées ailleurs, si
ce n'est derrière l'église de Notre-Dame de Bon
Voyage, de l'autre côté de la rade à Praya Grande,
où nous en vîmes amener avec une seine. C'est
de cette manière que nous nous procurâmes la
Rénille violette , de la famille des Alcyons, dont la
base des Polypes est en forme de disque écliancré.
Les environs de la ville et de la baie fournissent
d'assez jolis Mollusques, parmi lesquels il faut met-
tre le plus gros desBulimes.Les ruisseaux ont leurs
Ampullaires, et dans les trous de l'aqueduc duCor-
covado, nous fîmes provision de diverses Hélices,
parmi lesquelles on remarque celle qui porte le
nom de Peau-de-serpent.
On fouille les sables pour avoir des Hippes,
sortes de Crustacés lucifuges, dont les pêcheurs
se servent comme d'appâts. Dans les marais qui
bordent les rivières, on voit, la vase couverte de
Thelphuses et de Gélasimes. En levant nos câbles
nous amenâmes des Portunes et des Maïas ; ces
derniers abandonnent rarement le fond des eaux.
Nous prîmes également un grand nombre de
Nymphons. Après quarante jours de relâche, nos
canots étaient couverts comme d'une végétation
de Tubulaires, de plusieurs pouces de longueur,
314 ZOOLOGIE.
parmi lesquelles se trouvaient des milliers de
Chevrolles.
Comme on sait que cette partie du Brésil est
la plus abondante en productions du domaine
de l'histoire naturelle; que c'est de là qu'on tire
le fonds de la plupart des collections en Mammi-
fères, Oiseaux, et surtout en Insectes, nous n'en-
trerons dans aucun détail à ce sujet , en ayant
déjà parlé dans notre premier voyage.
Lorsque nous visitâmes cette riche contrée,
nous n'avions malheureusement pas adopté le sys-
tème que nous avons suivi depuis, de tout étu-
dier et de tout dessiner. Ce vaste bassin nous eût
sans doute offert bien des choses nouvelles. Cepen-
dant, malgré sa position, nous n'y avons point
remarqué de bancs de polypiers coralligènes ; ce
qui tient probablement au mélange de l'eau douce.
Nous recommandons l'étude des Zoophytes de
cette contrée à ceux qui auront occasion d'y sé-
journer.
MONTEVIDEO.
Le grand fleuve d'eau douce de la Plata ne nous
a fourni qu'un Piniélode et un Ilolocentre, qu'on
prenait abondamment à la ligne. Ses îles donnent
refuge à des Phoques que nous avons vus, sans
pouvoir nous en procurer.
ZOOPHYTES. 315
Les plaines sans fin de cette contrée sont ha-
bitées par des vols de Troupiales et des Carouges,
par le Traqnet à lunettes, le Gobe -Mouche l'eu-
comèle, un Tyran à ventre jaune, des Tinamous,
des Vanneaux armés, etc., etc.; et sur les bords
marécageux de la rivière on voit des Canards
blancs, qu'on pourrait prendre pour des Cygnes
à leur grosseur; quelques Echasses, et des bandes
de Becs-en-ciseaux et de Mouettes. Le lieu où l'on
découvre des ossements fossiles , appartenant pro-
bablement au genre Mastodonte, n'est pas éloi-
gné de la ville.
Nous n'avons point eu occasion de voir les
Mollusques qui doivent se trouver dans la rivière.
IL1S MALOUINES.
Nous avons fait connaître , dans le Voyage de
ÏUranie, ce que ces îles désertes offraient de re-
marquable en zoologie; nous avons principale-
ment insisté sur les oiseaux aquatiques , qui y
abondent pendant une saison de l'année. Ces
latitudes froides ne paraissent pas favorables au
développement des Mollusques; aussi n'y trou-
vâmes-nous que des Patelles, d'assez grandes
Fissurelles, le Buccin feuilleté, un petit Troque élé-
gant , et la Moule magellanique , qui habite pro-
316 ZOOLOGIE.
fondement entre les racines des fucus. On ne
peut même se la procurer que lorsque la mer ar-
rache de ces Thalassiophytes et les rejette sur le
rivage. Il en existe une autre espèce plus petite,
d'un noir bleuâtre , tellement remplie de granula-
tions en forme de perles, que nous ne pouvions
en manger. Une Modiole rare et peut-être nou-
velle se fixe sur les fucus qu'on trouve un peu
au large. Enfin, toutes les expansions foliacées de
ces plantes qui embarrassent les ports sont cou-
vertes de Flustres vivantes. Dans les mauvais
temps, la mer dépose sur le rivage des Ascidiens
agrégés , en grappes de la grosseur du poing.
Les roches schisteuses des environs de l'éta-
blissement abandonné de Saint-Louis, et celles
qui avoisinent le lieu où tUranie avait établi son
camp , portent des empreintes de coquilles bi-
valves et d'autres turriculées. Mais à cette époque,
notre position était si malheureuse que nous ne
pûmes que saisir les choses les plus remarquables,
n'ayant plus de moyens pour conserver les ani-
maux des Mollusques et des Zoophytes que nous
aurions pu recueillir.
NOUVELLE - HOLL AN DE.
Si la portion de cette grande terre qu'habitent
les Anglais ne présente plus autant de choses
ZOOPIIYTES. 317
nouvelles dans les Mammifères et les Oiseaux, il
n'en est pas de même pour les animaux inverté-
brés qu'on trouve au bord de la mer. Les sept
relâches que nous avons faites sur six points
de cette contrée , ont enrichi notre atlas d'un
grand nombre de Mollusques et de Zoophytes
recueillis dans assez peu de temps ; ce qui indique
qu'il en reste encore beaucoup à faire connaître.
BAIE DES CHIENS-MARINS.
Cette grande étendue de mer, abritée par des
îles, est peu profonde. Nous étions mouillés près
de la presqu'île Péron, sur un fond rempli de fu-
cus, que nous n'avons malheureusement point
assez bien exploré, et qui semblait promettre une
ample moisson de Zoophytes de toute espèce, qui
resteront probablement long-temps inconnus ;
car cette contrée manquant d'eau douce ne peut
y attirer les navigateurs. C'est de là que nous ap-
portâmes, il y a plus de dix ans, des Vermets, dont
les tuyaux sont fixés sur des coquilles. On y trouve
la Volute ondulée et la grande espèce dont on a
fait le genre Cymbium, des Pinnes marines en-
foncées dans le sable, et en si grande quantité,
qu'on se blesserait si on ne portait pas de souliers.
Nous v recueillîmes un Pleurobranche tout noir,
318 ZOOLOGIE.
que nous perdîmes, et plusieurs espèces de Bi-
valves. Les contours des étangs salés sont couverts
de Cérites blanches.
Sur l'île Dirck-Athigs, éloignée de dix lieues, on
trouve des Tonnes en quantité , ainsi que des
Éponges et des débris de polypiers coralligènes ,
qui indiquent qu'il y a des localités où ces der-
niers croissent , en petite quantité sans doute ;
car sur ces côtes sablonneuses , la température
s'abaissant considérablement la nuit, doit être
désavantageuse à leur reproduction.
Riche et Péron ont parlé d'arbres entiers fossi-
lisés, et dont il ne resterait plus que les troncs.
Il serait bon d'étudier de nouveau ces productions,
et d'indiquer, clans l'état actuel de la science, ce
que peut être ce phénomène.
PORT DU ROI-GEORGES.
Ce lieu est riche en Mollusques. On trouve dans
les eaux calmes du havre de la Princesse, principa-
lement sur la gauche, beaucoup de variétés de
Phasianelles , coquille qui a long-temps été rare
dans les collections. Les Bulles y sont par centaines,
et on en écrase trois ou quatre espèces sous les
pieds. En prolongeant la rive droite, on rencontre
des Troques , beaucoup d'Avicules fixées sur de
ZOOPHYTES. 319
longues feuilles de fucus comme des grains de
chapelet , des Fuseaux , des Buccins , des Natices,
des Nérites, des Anatifes, etc. Sur les rochers des
deux cotés de l'entrée de ce havre sont d'énormes
Patelles et de longs Balanes, qu'il n'est pas tou-
jours facile d'avoir, parce que la mer vient briser
dessus. C'est dans les anfractuosités de gauche,
au milieu des petits bassins que forment les
rochers, que nous découvrîmes des accumulations
de la- grande Cérite lisse, très-rare dans les collec-
tions. On trouve fixée sur ces Mollusques apa-
thiques, l'Hipponice australe , qui faisait autrefois
partie des Patelles. Des valves de Solens et de So-
lémies, parfaitement conservées, gisent sur les
plages sablonneuses. Nous n'avons pu nous pro-
curer l'animal de ces dernières, qui ont la plus
grande ressemblance avec celles qu'on trouve
dans la Méditerranée.
En coulant au fond de l'eau un filet avec des
appâts de chair, on y attire de petites Phasianelles,
que nous obtenions également avec une drague,
ainsi que des Stomatelles et des Cryptostomes.
Mais c'est spécialement sur l'îlot du Jardin, dans
les nids d'hirondelles de mer et de mouettes, que
nous faisions des provisions de cette dernière co-
quille, dont le Mollusque sert de nourriture aux
jeunes de ces oiseaux.
On nous apportait des îles du milieu de la rade
le Turbo de Cook et des Haliotides d'une grande
320 ZOOLOGIE.
dimension. La rive gauche de l'entrée de la rivière
des Anglais abonde en Vénus , dont nous nous
nourrissions. Elles sont enfoncées dans la vase,
mais faciles à obtenir, parce qu'elles portent
presque toutes un élégant fucus moniliforme.
Là, il y a encore un petit Troque jaune dont les
individus se réunissent sur les pierres. Les plages
saumâtres de cette rivière sont couvertes de l'Am-
pullaire minime , qui appartient à notre genre
Ampullacère.
Les lieux abrités nous ont donné des plaques
de l'Astrée galaxée , qui a ses animaux d'un beau
vert. En draguant à l'entrée de la rade, nous
avons obtenu par cinquante brasses des Coma-
tules, des polypiers flexibles et coralligènes.
On trouve encore au port du Roi-Georges des
Parmophores , des Boltenies, une grande espèce
de Tubulaire rouge, etc. On recueille à terre l'Hé-
lice trois lignes ; sur le mont Bald-Head , l'Am-
brette allongée et le Bulime Melon. La base de
cette montagne, formée de calcaire, a des incrus-
tations qui paraissent assez récentes , où l'on voit
même des coquilles qui vivent dans la rade,
comme les grosses Cérites lisses dont nous ve-
nons de parler. Mais en parcourant son sommet
dans les trois quarts de son étendue, nous n'avons
point remarqué les Madrépores fossiles mentionnés
par Vancouver.
ZOOPHVJ'KS. 821
PORT WESTERN.
Quoique peu éloigné du précédent, ce port pré-
sente assez de différences dans ses productions.
Ainsi, dans les lieux sablonneux nous trouverons
des Volutes que n'a pas le port du Roi-Georges,
et que nous avons vues exister très-loin vers le
nord, à la baie des Chiens-marins. En draguant
au mouillage, on obtiendra des milliers de Téré-
bratules, parmi des fragments de Peignes et de
ïrigonies. La localité de ce dernier Mollusque,
rare et recherché, est encore à découvrir dans ce
port; nos recherches n'ont pu y parvenir, quoi-
qu'il paraisse y être abondant. En général, sur cette
partie de la côte méridionale de la Nouvelle-Hol-
lande, on peut en calme lancer la drague, sans in-
convénient, par d'assez grandes profondeurs, et
aller même jusqu'à cinquante brasses comme nous
l'avons fait; c'est le moyen de s'enrichir d'une foule
de productions diverses.
Il faut, pour descendre sur l'île vis-à-vis laquelle
nous étions mouillés, choisir la haute mer, si l'on ne
veut s'enfoncer dans la vase jusqu'à la ceinture.
On trouve dans quelques points de ces bords
fangeux, parmi les herbes, des Auricules par mil-
liers. Le milieu de la rade nous a donné des Pleu-
robranches, des Crépiclules , des Vermets , accolés
à des débris de coquilles, et plusieurs espèces de
Polypiers flexibles.
Zoologie. T. iv. 2 I
322 ZOOLOGIE.
Dans la passe de l'Est, la mer laisse sur le ri-
vage une grande quantité de fucus , au milieu
desquels se réfugient divers Turbos, l'Ondulé sur-
tout, des Tritons, des Troques, et quelques Pha-
sianelles. Mais quant à ces dernières, c'est sur les
plages sablonneuses qu'il faut aller, aprèls cha-
que marée, et on les recueille sur le rivage par
centaines.
Les Phasianelles fuient la lumière en se cachant
sous les fucus; nous en trouvâmes un jour soixante-
seize sous une touffe de ces plantes : elles étaient
moins grosses et moins variées en couleur que
celles du port du Roi-Georges.
C'est de là que proviennent les Ascidies sablon-
neuses à forme ronde, groupées entre elles ou
autour d'une tige quelconque. On en trouve assez
souvent de desséchées et toutes préparées, de
même que des Oursins et des Eponges.
Le port Western fournit encore des Bolténies,
un Polycline formant de belles guirlandesbleues,
et d'autres Ascidiens agrégés. C'est dans l'enfon-
cement de la rade, près de la passe de l'Est, que
nous rencontrâmes un bon nombre d'individus
du Parmophore bombé.
Au mois de novembre , époque de notre séjour
au port Western, la mer déposait sur le rivage une
grande quantité de Méduses, de l'organisation la
plus simple, plates comme un disque, marquées
ZOOPHYTES. 323
d'un estomac en croix. A peine pouvait-on distin-
guer de quel cùté était la bouche.
Les bois ne nous ont offert qu'une espèce de
Vitrine, fort rare, dont ranimai est noie.
Une tête de Koala, que nous trouvâmes, indique
que cet animal, qu'on a signalé comme apparte-
nant à File de Van-Diémen, habite aussi la Nou-
velle-Hollande.
Peu loin du mouillage de l'Astrolabe, vers le
milieu de l'île, est un enfoncement où la mer
pénètre, et qui simule une rivière. Sur sa rive
gauche, la mer basse met à découvert des trous
d'où sortent des myriades de Mictyres, petits Crus-
tacés globuleux de couleur violette , doués d'une
grande prestesse, et qui rentrent si promptement
dans leur trou au moindre danger, qu'on a infini-
ment de peine à les prendre.
BAIE JERVIS.
Ce joli port est plus riche en Poissons qu'en au-
tres objets. C'est là que nous obtînmes, pour la
première fois, plusieurs individus du Squale à sept
branchies, de belles espèces de Raies, des Balistes
pris à la seine, une Sépiole, une Sèche à lignes
bleues, etc. etc. Nous eûmes aussi, par le moyen
de la drague, des Pleurobranches orangés, des
ai*
324 ZOOLOGIE.
Doris, des Vermets, des Pourpres, la Porcelaine
australe et des Serpules.
PORT JACKSON.
On devrait s'attendre à trouver dans ce port
fermé de toutes parts , et découpé en nombreuses
criques, beaucoup plus de choses qu'il n'y en a
réellement. Les Cérites Pyrazes sont très -nom-
breuses aux alentours de l'aiguade, et sur la plus
grande des îles de la rade. Elles habitent la vase
avec d'autres Cérites. Les rochers sont quelque-
ibis couverts de plusieurs jolies espèces de petits
Troques. Les Littorines se plaisent sur les plages
sablonneuses, où croît une espèce de chiendent,
dans lequel elles se cachent. Nous n'en vîmes que
dans un enfoncement qui avoisine le lieu où les
navires vont faire de l'eau.
Dans notre premier voyage, sur FL ranie, nous
recueillîmes, sur l'une des petites îles de la rade,
des Térébratules vivantes , qu'il nous a été impos-
sible de retrouver pendant le séjour que nous avons
fait au Port-Jackson avec V Astrolabe.
Partout on rencontre une petite espèce d'Huître
denticulée, bonne à manger, mais difficile à ou-
vrir. Le grès paraît être une roche favorable à
ces Mollusques, car sur tous les points de la
Nouvelle-Hollande où il existe, il s'y attache des
Huîtres.
On ne peut avoir qu'à la drague, et par une
ZOOPHYTKS. 325
assez grande profondeur, une petite Holothurie
épineuse, très-coriace, et commode pour étudier
L'organisation de ces animaux, parce qu'elle ne
rend point ses intestins. Elle est quelquefois en
compagnie d'une Astérie noire , et d'une autre
Holothurie pentagone.
Les fucus récèlent une Borlasie verte qui se
brise facilement dans ses contractions, et une très-
petite espèce d'Actéon fort rare, dont nous don-
nons une figure. Le flux et le reflux amènent des
Béroés et des Médusaires remarquables.
Dans les bois, à l'opposite de Sydney, nous trou-
vâmes quelques Hélices dont nous ne pûmes étudier
l'animal, qui avait été tué par le feu, qu'on peut
mettre ici aux forets sans les détruire , car l'exté-
rieur seul de l'écorce et les feuilles brûlent, ce
qui n'empêche pas l'arbre d'en repousser d'autres.
Il faut pénétrer dans l'intérieur, sur les bords de
la Népean, à la plaine des Emious, pour rencon-
trer, sous les bois morts, des Vitrines ou Hélica-
rions à pied tronqué.
En général, toute cette partie de la Nouvelle-
Hollande est trop sèche et trop peu arrosée pour
avoir beaucoup de Mollusques terrestres et flu-
viatiles. En revanche elle a des espèces très-cu-
rieuses de Lézards, et quelques Rainettes.
Les forets sont abondamment pourvues d'Oi-
seaux, la plupart connus des naturalistes, et dont
nous ne parlerons point.
32(i ZOOLOGJK.
ILE DE DIEMEX.
Une relâche de quelques heures dans le détroit
de d'Entrecasteaux a suffi pour nous faire con-
naître que les Siphonairês y étaient bien plus ré-
pandues que les Patelles. On trouve encore des
Phasianeîles sur quelques-unes de ces grandes
plages sablonneuses; mais elles y sont rares à
mesure qu'on s'avance vers le sud. Nous croyons
même qu'il n'y en a plus au port Jackson.
La rade d'Hobart-Town contient beaucoup de
fucus sur lesquels on trouve des Ascidies dia-
phanes, des Flustres rouges, des Tubulipores avec
leur animai, et une foule d'autres Polypiers flexi-
bles qu'il faut arracher du fond. Sur les rochers
devant lesquels on est ancré, se trouvent de pe-
tites Patelloïdes, des Siphonairês, des Buccins
bleuâtres ou Littorines en grande quantité, et
sous les pierres , des Borlasies et des Planaires.
On arrive en prolongeant la côte à un petit
marais qui a des fossés d'eau saumâtre, dont les
bords nourrissent des variétés d'Auricules et
d'AmpLillacères plus grandes que celles qu'on ren-
contre au port Western.
Malgré l'extrême sécheresse de la saison dans
laquelle nous nous trouvions, les collines envi-
ronnantes nous ont donné des Ambrettes et
ZOOPHYTES. 327
PHélice Dufresne , vivantes et cachées sous les
pierres .
Plus on s'enfonce dans les criques que la mer
forme dans l'intérieur, moins on trouve d'objets
intéressants. La rade, fort peu poissonneuse, ne
nous fournissait guère que des Squales à sept
branchies, et des Aiguillats. On voit, parle peu
de résultats de nos recherches, que cette rade est
pauvre en objets d'histoire naturelle.
NOUVELLE-ZÉLANDE.
BAIE TASMAN.
V Astrolabe a sept fois jeté l'ancre sur les côtes
de la Nouvelle-Zélande. Pour la première fois
d'abord, dans le détroit de Cook, à l'entrée de la
baieTasman, où nous avons dragué dans la vase
le Fuseau Rave, qui pour nous est un Buccin,
des Ancillaires et de petits Oursins.
Plusloin,dansi'ansedei'Astrolabe, on obtient, en
explorant le fond, des Vénéricardes, desTurritelles
en grand nombre, des Murex, des Astéries; et
sur le banc de sable qui prolonge la petite île
de gauche, sont des Mésodesmes, des Tellines
blanches , de superbes Moules vertes ; sur les
rochers, d'épais encroûtements de Serpules, parmi,
lesquels pullulent de petites Onchidies noires, et
328 ZOOLOGIE,
des Onchidies verdâtres, qui ressemblent à des Pa-
telles. Dans un des enfoncements de la grande de
à gauche , on trouve dans de petites mares sau-
mâtres, en assez grande abondance, l'Ampullaire
Aveline, qui s'enfonce quelquefois un peu dans
le sable. Elle sert à la nourriture des naturels,
comme les Limaçons dans nos contrées, ce qui
fait que nous en trouvions des tas qui avaient été
grillés.
Il y a peu de Poissons dans cette anse. Les Oi-
seaux n'y sont pas non plus très-nombreux. Nous
n'y vîmes que le Glaucope cendré, le Troupiale
à caroncules, des Synallaxes, un gros Tangara, le
Gobe-Mouche à longues jambes , et sur le rivage
des Huîtriers et des Cormorans.
ANSE DKS COURANTS.
Cette passe rétrécie a des rochers baignés par des
eaux rapides, sur lesquels on trouve à droite, mais
mieux encore sur ceux de gauche, des Pourpres, des
Tritons, des Troques de Cook, quelquefois l'Impé-
rial et le Diaphane, que la mer rejette en grande
quantité sur le rivage; des Volutes, des Patelles,
des Patelloïdes; ces dernières se tiennent ordinai-
rement sous les pierres.
Les côtes de ce petit détroit sont roides et très-
boisées, ce qui rend la chasse difficile; aussi ne
tuâmes-nous que des Glaucopes , et le Tangara
ZOOPIÎYTES. 325)
précédemment indiqué. C'est là que nous vîmes
des nids de Cormorans sur des arbres assez élevés.
Beaucoup plus loin, sur l'île nord de la Nou-
velle-Zélande, nous laissâmes tomber l'ancre,
pendant quelques heures seulement, dans la baie
Tolaga, qui , en Mollusques, ne nous donna que
quelques Haliotides, et en Oiseaux, le petit Echas-
sier, déjà connu sous le nom de Pluvier delà Nou-
velle-Zélande.
Le mauvais temps que nous éprouvâmes dans
la baie des Brèmes de Cook ne nous permit pas
d'explorer ce lieu, qui, par son mélange de plages
et de rochers, semblait devoir augmenter nos ré-
coltes. Nous n'eûmes à prendre dans l'enfoncement
où nous descendîmes qu'une Nérite noire, très-
abondante.
En parcourant plusieurs points de la rivière
Tamise, nous jetâmes la drague à diverses reprises,
et nous obtînmes vis-à-vis la baie Shouraki un assez
bon nombre d'objets, comme des Ancillaires, des
Peignes, des Vermets, des Térébratules rouges, un
Ascidien composé du plus bel écarlate, des Bor-
lasies, des Néréides , des Caryophyllies , quelques
Polypiers flexibles , toutes choses de peu d'impor-
tance au premier abord, mais qui ont de l'intérêt
aux yeux des naturalistes.
330 ZOOLOGIE.
1ÎAIE DES ILES.
Les découpures de ce port, formé comme l'in-
dique son nom par plusieurs îles, présentent des
retraites favorables aux Mollusques. Nous obtîn-
mes des Volutes, des Buccins très-variés et en
quantité; sous les pierres, à mer basse, d'élégantes
Patelloïdes, et plusieurs espèces de jolis Oscabrions
avec leurs nombreuses variétés.
Il faut rechercher avec soin , dans les petites
flaques d'eau, une Crépiduie violacée à cotes, telle-
ment couverte d'enduit marin qu'elle peut échap-
per aux regards. Il y en a d'autres espèces blan-
ches, excessivement aplaties, qui se logent dans
les coquilles vides, et une plus grande, discoïde,
tomenteuse, dont M. Lamarck avait fait le Troque
calyptriforme. Nous eûmes également un assez
bon nombre d' A nnélides, telles que Néréides, Ser-
pules, Térébelles agréablement colorées, un Si-
poncle, des Bulles, des Ascidies, etc.
Autour des cases des naturels sont des tas de
Struthiolaires noduleuses qu'ils mangent, et qu'ils
paraissent aller chercher au loin sur les récifs
battus par la mer. Malgré cette abondance, nous
n'avons pu les déterminer à nous en aller chercher
de vivantes.
Le Poisson est peu abondant dans cette partie
de la Nouvelle-Zélande. Nous en prîmes à l'ai-
ZOOPHYTËS. 3.31
guade une espèce gluante, assez incommode, parce
qu'il fallait l'empêcher de s'introduire dans les
tonneaux, où elle eût gâté l'eau.
TONGA-TABOU.
Dès qu'on laisse la zone tempérée pour les
tropiques, le règne organique présente bien plus
de variétés, et un beaucoup plus grand nombre
d'espèces, quand toutefois les localités favorisent
leur développement. L'île de Tonga-Tabou , sous
ce rapport, ne laisse rien à désirer. De nombreux
récifs l'environnent pour ainsi dire de toutes parts.
L'endroit par où l'on entre en présente d'immen-
ses qui, pour la plupart, découvrent à mer basse.
Malheureusement les événements qui nous advin-
rent sur cette île ne nous permirent pas de les
parcourir tous. Nous n'explorâmes que le récif qui
tient à la petite île de Pangaï-Modou , devant la-
quelle V Astrolabe était mouillée. Il est assez
étendu, riche en Mollusques et en Zoophytes de
toute espèce.
En débarquant , lorsque les eaux sont basses ,
on foule aux pieds de larges plaques d'Alcyons lo-
bules, affectant diverses formes. Si l'on parcourt les
Madrépores, morts pour la plupart, qui forment
cet écueil, on trouve des Porcelaines de sept à
huit espèces, des Mitres, des Vis, des Sigarets,
des Turbos, des Vermets, diverses Cérites, des
Peignes, des Ptérocères, des Nasses, des Doris.
V,ï2 ZOOLOGIE.
des Phyllidies, des Stomatelles, des Tonnes, des
Nérites, des Calyptrées , le genre Placobranche,
découvert à Java par M. VanHasselt, et une foule
d'autres Mollusques, pour lesquels nous renvoyons
à nos planches.
De grandes Dolabelles se tiennent près du rivage,
au milieu de la vase et des fucus. Leur immobi-
lité, jointe aux villosités qui recouvrent leur corps,
nous les a quelquefois fait prendre pour des
Thalassiophytes. Il y a de très -belles Actinies,
dont les tentacules ramifiés sont caustiques. Elles
s'enfoncent et disparaissent sous le sable. Pour
les avoir, il fout les soulever brusquement avec
une pelle. On trouve également diverses Astéries,
dont quelques-unes, en forme de petits coussins,
peuvent être prises pour des pierres, lorsque leurs
couleurs ne sont pas brillantes. Les Holothu-
ries y sont également communes. Les Natices,
les Strombes, les Nasses, rampent au milieu des
herbes sous -marines qui avoisinent le rivage de
cet îlot, tandis que si l'on veut trouver des Limes,
qui nagent avec tant de vitesse, il faut les chercher
dans les Madrépores constamment couverts par
l'eau : les nombreuses et fragiles cirrhes tentacu-
laires de cette bivalve se détachant facilement,
elle ne pouvait pas être exposée à demeurer à sec.
Pareillement, quand on veut se procurer des
Méandrines, des Astrées et des Madrépores vi-
vants, il faut se mettre dans l'eau jusqu'à la cein-
ZOOPHYTES. 333
ture, et aller où les récifs finissent. Dans ce cas,
nous faisions des marchés avec les naturels qui
nous conduisaient dans leurs légères pirogues. Ils
arrachaient du fond des masses de Polypiers que
nous cassions dans le bateau pour avoir les Pois-
sons, les Mollusques, les Crustacés et les Zoophytes
qui se cachent dans leurs rameaux. Nous promet-
tons une ample récolte d'objets nouveaux aux
naturalistes qui, à l'aide de ce moyen, parcour-
ront les immenses bancs de l'entrée de Tonga-Ta-
bou et ceux qui s'étendent jusqu'à la pointe d'Ifo.
11 sera nécessaire d'employer plusieurs jours
à une semblable course, en résidant sur les îlots
qu'on rencontre, pour y mettre ses collections en
ordre, et esquisser les objets qui perdent promp-
tement leurs couleurs et leurs formes.
Nous ferons remarquer qu'en général là où
croissent les Coraux , il n'est presque plus pos-
sible, ou du moins très-difficile de se servir de la
drague. Une autre circonstance qui doit être prise
en considération, c'est de ne pas visiter les récifs qui
ne découvrent jamais complètement après que la
brise est levée, parce que le mouvement qu'elle
occasionne dans les ondes empêche de distinguer
les objets. Ainsi, ce n'est que le matin jusqu'à
onze heures qu'on peut se livrer à ces sortes de
recherches. Le reste du jour peut être employé à
dessiner. Car, nous le répétons, on est loin d'avoir
tout fait après qu'on a bien récolté: il faut en-
334 ZOOLOGIE.
core chercher à conserver à cette foule d'êtres les
formes et les couleurs qu'ils vont bientôt perdre
dans la liqueur , où ils s'altéreront au point que
l'on ne pourra presque plus distinguer les espèces.
Les naturels nous apportaient des Corbeilles ,
des Olives, des Tornatelles et des Physes , dont
nous n'avons pu voir les localités. Il y a aussi
des Ombrelles à Tonga.
La partie de la grande île du coté d'Ifo
étant battue par la mer du large, n'a qu'une lé-
gère ceinture de récifs peu éloignés de terre,
sur lesquels il n'est pas facile d'aller. Vu cette
disposition, la cote ne nous a offert qu'une nou-
velle petite espèce de Siphonaire.
En parcourant l'île dans une partie de sa lon-
gueur , depuis Moua , résidence du chef Palou ,
jusqu'à lfo, qu'habitent les missionnaires , nous
marchions presque constamment sous des allées
couvertes, et nous ne vîmes d'autres Mollusques
terrestres qu'une très-petite Hélice et une Hélicine
marquée de rouge.
Nous ignorons quels moyens les habitants em-
ployaient pour nous apporter vivant, et sans danger,
un grand serpent d'eau très-venimeux, jaune, an-
nelé de noir.
ILES SANDWICH.
Ces îles, toutes volcaniques, ont des cotes
abruptes, battues par la nier. Elles manquent de
Z00P1IYTES. 335
port, ou n'ont que des anses dans lesquelles les
animaux marins ne trouvent pas assez d'abri. L'île
de Wahou, ou mieux Ouaou, est la seule où il y ait
un enfoncement considérable , avec des bancs de
Madrépores. Toutefois, comme il n'est pas parfaite-
ment à couvert des vents du large, il est peu riche
en Mollusques et en Zoophy tes. Enfin , il n'est pas
d'endroit placé entre les tropiques où nous ayons
trouvé moins de choses qu'aux Sandwich ; ce qui
tient manifestement aux localités, et peut-être aux
fortes brises qui soufflent dans cet archipel. Ce
sont elles qui nous ont empêchés de faire des re-
cherches suivies sur les récifs du port de Ouaou
et sur celui d'Owhyhi, ou mieux Ouahi, où nous
aperçûmes quelques bouquets isolés d'Astrées et
d'autres Polypiers. C'est dans ce lieu que nous
trouvâmes l'animal de la Vis maculée, seul Mol-
lusque important que nous puissions citer.
L'iîe Mowi ou Mouï n'est pas plus riche que les
précédentes. Vu le peu d'abondance de Madré-
pores , nous conseillons d'explorer le fond avec
une drague; ce que nous ne pratiquâmes point,
n'ayant pas alors adopté un système aussi suivi
de recherches dans toutes les parties de la zoo-
logie.
A. terre, sur les laves arides du rivage, nous
recueillîmes plusieurs espèces d'Hélices mortes, qui,
lorsqu'elles sont vivantes, habitent probablement
33G ZOOLOGIE.
les montagnes, où les nuages entretiennent de la
verdure et de la fraîcheur.
La mer donne de très-belles espèces de Pois-
sons de la famille des Labres. TSous les obtenions
des naturels , qui les pèchent à la ligne.
NOUVELLE-IRLANDE.
Le havre Carteret, que nous avons visité avec soin,
est un canal étroit entre deux îles très-élevées, dont
les côtes sont roides, boisées, et la mer très-profonde
jusqu'à leur pied. A gauche en entrant est un ré-
cif de peu d'étendue et découvrant en partie. C'est
à peu près le seul point qui ait contribué à aug-
menter nos collections. Nous y trouvâmes, pour
la première fois, l'animal de la Dauphinule, des
Tridacnes enfoncées dans les Madrépores, et qu'on
reconnaît à la belle couleur bleue du Mollusque,
dont les valves sont presque toujours entr'ou-
vertes. Sous les rochers qui s'avancent en voûte,
on voit suspendus des Troques pagodes et beaucoup
d'Onchidiesqui viennent s'y mettreà l'abri du soleil.
On y rencontre aussi des Olives , des Tritons, des
Pourpres, des Oscabrions, des Doris , des Phylli-
dies. Sur les sables rampent des centaines d'Holo-
thuries noires, et d'autres beaucoup plus grandes,
parmi lesquelles se trouve l'Holothurie Ananas,
ZOOPHYTES. .{37
remarquable par sa taille et les découpures fo-
liacées de son enveloppe.
On trouve plusieurs espèces de Néritines qui ne
craignent pas de s'avancer dans la mer. Les bois
de la petite île Legh sont remplis d'Auricules
scarabes qui se cachent sous les feuilles mortes,
et se développent difficilement.
C'est sur ce banc que nous vîmes une très-grosse
masse de Tubipores rougeàtres, que nous ne re-
connûmes qu'en y portant la main. On rencontre
çà et là de petits bouquets d'Alcyons et de Cor-
nulaires, et un polypier flexible de la famille des
Sertulaires , dont les animaux brûlent comme les
tentacules des Phy sales. C'est la seule fois que
ces Zoophytes nous aient produit cet effet.
Les blocs arrondis de Coraux qui avoisinent le
lieu où nous étions mouillés recèlent de magni-
fiques Amphitriles , des Serpules et des Siponcles.
Ceux de ces derniers animaux qui ne se creusent
point une retraite dans les Polypiers se trouvent
sous les pierres, avec le genre Ochétostome et une
espèce de petite Holothurie qui fuit la lumière.
Des Astrées, des Méandrines, et surtout des Acti-
nies de la plus grande élégance pour la forme et
du plus bel éclat dans les couleurs, répandent une
grande variété dans les recherches du naturaliste.
INous obtenions des naturels la grande ïri-
dacne géante, qu'ils paraissent aller chercher au
Zoologie, t. iv. *2
338 ZOOLOGIE.
loin. Ils nous procurèrent aussi une petite espèce
de Phalanger et un grand Serpent noir.
Nous tuâmes un Crocodile long de douze pieds.
Les voyageurs ne font pas mention de ce reptile
à la Nouvelle-Irlande. Enfin, ce lieu de mouillage
est tellement resserré, que nous pouvons dire en
avoir obtenu presque toutes les productions.
NOUVELLE-GUINÉE.
Le havre de Dorey n'est pas aussi propice aux
Mollusques et aux Zoophytes que sa position, par
une latitude très-chaude, semblerait l'indiquer ; ce
qui tient probablement à la nature des terres en-
vironnantes, qui, dans la saison des pluies, sont
entraînées dans ce petit havre, et mêlent leurs
eaux à celles de la mer , en les rendant instantané-
ment bourbeuses et saumâtres. Ces causes peuvent
avoir fait abandonner cette contrée à ces faibles
animaux , et détruit ceux qui ne pouvaient pas
s'y soustraire. Les deux bancs de l'entrée du port
sont formés de Coraux morts depuis long-temps,
et parmi lesquels on ne trouve que quelques Po-
lypes isolés et fort peu de Mollusques , excepté
des Onchidies , très-communes à l'abri des arbres
qui ombragent l'aiguade.
En allant du mouillage au village de Dorey, à
ZOOPHYTES. XV.)
mer basse, on passe au travers d'une petite prairie
de zostères et d'autres fucus, recouverte à peine
d'un pouce d'eau, et sur laquelle nous recueillî-
mes des Natices, des Strombes, et des Bulles jau-
nes qui s'accouplaient.
Les maisons de ce village sont bâties dans l'eau ,
sur des pieux, le long desquels nous récoltions
des Littorines en abondance.
Mais c'est aux naturels, il faut le dire, que nous
devons les matériaux des nombreux dessins que
nous avons pu faire dans une courte relâcbe ;
ils nous procurèrent des Doris, des Éolides, des
Ascidies, des Fistulaires, des Némertes, des Al-
cyons , remarquables par leur élégance et leur
éclat. Occupés à dessiner tous ces objets, nous
ne pouvions les suivre pour connaître dans quelles
localités ils prenaient en abondance des Auricules
Midas, des Cy rênes, des Mélanies, des Pirènes ,
qu'ils nous présentaient encore couvertes de vase
noire. Le peu de temps qu'ils mettaient à se pro-
curer ces derniers Mollusques indique que ces
animaux babitent les flaques d'eau marécageuses
qui sont entre le rivage et les montagnes voisines.
Les Harpes vivantes et les Volutes étaient pè-
chées au dehors de la rade, dans des endroits que
les indigènes seuls connaissaient, car nous n'en
avons jamais trouvé nous-mêmes. A l'aide de quel-
ques petits encouragements, on a bientôt obtenu
de ces insulaires tout ce que contient le havre de
22"
340 ZOOLOGIE.
Dorey, même en choses qui leur sont complètement
indifférentes ; c'est ainsi qu'ils nous apportaient
jusqu'à des Méduses et des Serpents d'eau , dans
des vases de cocos.
C'est à Dorey que nous avons trouvé le nou-
veau genre Goniopore , de la famille des Coralli-
gènes , une grande Némerte à cinq bandes , et la
Térébelle longitudinale, dont les tentacules, longs
de plusieurs pieds , paraissent seuls au milieu des
corps marins.
Les Nautiles ombiliqués ne sont point rares ;
c'est avec cette coquille que les habitants puisent
l'eau dans les puits. L'animal semble leur être
inconnu, et toutes nos offres n'ont pu les décider
à chercher à se les procurer.
Les enfants nous apportaient, pour des épin-
gles, tous les Insectes qui leur tombaient sous la
main ; c'est ainsi que nous avons pu répandre
dans les collections le genre Tricondyle, qui était
fort rare avant notre voyage. C'est, un insecte
qui , ne volant pas , est facile à prendre , bien
que fort agile.
Quoiq ueles oiseaux abondent clans cette partie de
la Nouvelle-Guinée, il s'y trouve peu de nouvelles
espèces à faire connaître ; il faudrait pour cela
s'engager un peu avant dans l'intérieur des terres,
ce qui serait aussi difficile qu'imprudent.
Nous avons découvert une nouvelle espèce de
Péramèle, et apporté un jeune âge deKanguroo,
ZOOPHYTES. 341
dont il serait bon de connaître l'animal adulte,
qui doit être de grande taille, à en juger par l'on-
gle du pied postérieur , dont les naturels se ser-
vent pour tendre la corde de leur arc.
VAIGIOll.
Le lieu où nous abordâmes , dans le voyage de
FUrame, est une petite île nommée Rawak, qui
ne laisse entre elle et la grande terre qu'un étroit
passage. Quoique ce port soit placé sous l'équateur
et qu'il ait des Polypiers coralligènes , on peut ce-
pendant, avec des précautions, y jeter la drague
et amener une foule d'animaux divers. La vase
est surtout riche en très-petites coquilles cloison-
nées , dont nous n'avons pu découvrir les Mollus-
ques; nous supposons même que quelques-unes
d'entre elles sont fossiles.
Dans l'intérieur de cette île un peu marécageuse,
nous trouvâmes des Auricules scarabes et des
Hélices sur les arbres ; on y tua plusieurs Serpents
de petite taille , et de gros Lézards.
A quatre ou cinq lieues de là est une autre île
peu grande, nommée Bony, entourée en partie
de récifs. Il y a quelque danger à s'y engager; mais
une fois qu'on est en dedans de ces récifs, on peut,
par une médiocre profondeur, recueillir des Àstrées,
des Méandrines, des Madrépores, et les divers ani-
342 ZOOLOGIE.
maux qui se réfugient clans leurs rameaux. Nous
ne rencontrâmes que fort peu de Mollusques vi-
vants clans ces deux endroits; cependant les natu-
rels, qui savent où les prendre, en font une assez
grande consommation, puisque à Bony ils avaient
commencé une petite jetée de leurs débris. Autour
des maisons, il y avait des monceaux de coquilles,
parmi lesquelles nous en trouvâmes d'intactes, telles
que le gros Turbo marbré, dont la nacre est si
belle, des Placunes, qui étaient rares alors dans
les collections , desPernes , desTellines, des Vénus ,
des Mitres, plusieurs Tridacnes , et un grand nom-
bre de Daupliinules, avec lesquelles nos matelots
faisaient des pipes.
PI SANG.
C'est seulemenjt pour mémoire que nous citons
cette très-petite île, isolée de l'archipel des Molu-
ques, que le hasard nous mit à même de visiter, une
heure ou deux, dans un de ses points le moins acces-
sibles, où la plage était si rétréciepar la végétation,
que les branches des arbres pendaient dans la mer.
Une pirogue venait d'y passer, et ceux qui la
montaient avaient laissé, parmi les débris de leur
repas, de larges Patelles minces, dont le sommet,
porté en avant, annonce que l'animal doit différer
ZOOPHYTJES. 343
de celui des vraies Patelles, et avoir une longue
branchie cervicale. Nous arrachâmes des rochers
volcaniques de cette île quelques-uns de ces Ana-
tifes remarquables par la multiplicité de leurs val-
ves allongées.
«
CÉLÈBES.
Nous n'avons touché qu'à cjeux points de cette
grande île, riche en productions d'histoire natu-
relle, la plupart inconnues. Le premier est Manado,
dont la rade est ouverte aux vents du large, et le
fond de sable argileux, complètement dépourvu de
Mollusques et de Zoophytes, qui, par une latitude
aussi favorable à leur développement, n'ont en-
core pu trouver un point d'appui et un abri con-
venables pour s'élever et former des récifs. Ce
n'est pas le seul lieu où nous ayons vu les loca-
lités, en opposition avec une température élevée,
élre contraires à l'accroissement de ces animaux.
Ainsi là, il faudra donc se borner à prendre à la
seine quelques espèces peu variées de Poissons,
et recueillir, dans les ruisseaux qui se jettent dans
la rade, de grosses Ampullaires et des Mélanies.
La route qui conduit sur la montagne où est
situé le lac de Tondano, est coupée de ruisseaux
qui nous donnèrent des Paludines à cotes; elles
sont en grand nombre dans le lac même, et leurs
344 ZOOLOGIE.
coquilles, vides, décolorées, flottent par milliers
sur ses bords.
Nous trouvâmes, dans les bois, deux élégantes Vi-
trines, dont la coquille de l'une d'elles est d'un vert
agréable comme son animal. Cette couleur dispa-
rait par la dessiccation.
Les contours du lac nous donnèrent deux ma-
gnifiques Hélices , des Bulimes et un Planorbe.
En laissant Manado, nous profitâmes de ce qu'on
avait laissé tomber, l'ancre devant le village de Li-
coupang, pour y aller faire une courte excursion. La
plage, en partie sablonneuse, a quelques roches sur
lesquelles nous trouvâmes des Turbos, des Buccins
et d'assez grosses Patelloïdes. La mer forme devant
le village un marécage où sont des Cérites , des
Huîtres très - allongées et quelques bivalves, sur-
tout une petite Donace striée, en grande quantité.
En général dans ces parages les courants sont
si violents, que la mer n'est pas plus riche en Mol-
lusques et en Zoophytes que les côtes qu'elle bai-
gne. Toutefois Célèbes est si considérable et telle-
ment découpée, que dans les nombreux golfes
qu'elle forme il doit y avoir des localités où ces
animaux peuvent se développer paisiblement sous
l'influence de causes favorables.
ZOOPHYTES. 345
AMDOINE.
Le naturaliste qui arrive dans cette île est sur-
pris de l'immense quantité de coquilles que les
marchands chinois et malais viennent lui offrir.
C'est que de tout temps Amboine a été le centre
de cette sorte de commerce, déterminé par le goût
que les Hollandais ont eu les premiers pour ces
agréables productions de la nature. C'est en partie
par eux qu'elles ont été répandues plus tard en
Europe. Les cabinets de coquilles acquis à des
prix très-élevés ont été le commencement de l'é-
tude des sciences naturelles. Il y avait, et il y a
encore de ces enveloppes , qu'on évalue et que
l'on paie jusqu'à plus de deux mille francs. Lors-
que nous foulions aux pieds les jolies Phasianelles
de la Nouvelle -Hollande nous nous rappelions
qu'autrefois un officier, grand amateur de ces sor-
tes d'objets, avait payé trente louis une Phasia-
nelle, qu'il porta dans sa poche pendant tout le
temps d'une longue guerre.
Quoi qu'il en soit de ces valeurs fictives don-
nées jadis en Europe à certaines coquilles, et que
l'amour mieux entendu de la science a réduites à leur
juste valeur, les Hollandais d'Amboine n'en conser-
vent pas moins l'habitude de ce commerce. Certes,
ce n'est parleur île qui l'alimente et l'entretient; elle
:*46 ZOOLOGIE.
est trop petite et ne présente pas d'assez heureuses
localités pour cela. Mais de toutes les Moluques ,
on y apporte de ces animaux qu'on enfouit et qu'on
laisse pourrir dans la terre ; ce qui n'altère pas
autant le test, dit -on, que de les faire bouillir.
Céram, qui touche presque Amboine, est renom-
mée surtout pour en fournir abondamment. Les
Malais les arrangent très - artistement dans des
boîtes extrêmement légères de tiges d'agave, et
donnent un agréable coup d'ceil à cette marchandise,
qui s'y vend fréquemment plus cher qu'en Europe.
Ils ont même conservé un prix si élevé à cer-
taines espèces , telles que les Argonautes , les Na-
vettes, les Scalatas, qu'on pourrait leur en vendre
ou en échanger avec avantage. Il est vrai que dans
ces contrées éloignées, où l'on ne reçoit de nou-
velles d'Europe tout au plus qu'une fois l'année,
on conserve bien d'autres préjugés, comme celui,
par exemple, de croire que les Moluques seules
sont encore en possession de fournir du girofle à
l'ancien inonde, etc. Mais revenons à nos co-
quilles.
En explorant le golfe qui divise presque l'île en
deux parties, on trouve, en débarquant sur les
rochers du pont, des Planaxes et de petites Huîtres
épineuses tellement collées à la pierre qu'on ne
peut souvent obtenir qu'une des valves; dans le
sable, des Néréides, des Sanguinolaires. Plus loin ,
au-delà du camp malais, nous rencontrâmes, clans
ZOOPHYTES. 347
une argile durcie, des Pholades arrondies en boule,
et parmi les rochers quelques Astrées rares, des
Ma mi llifères, etc. C'est le seul lieu où nous ayons
été à même de dessiner l'animal de la Cérite Té-
lescope.
La côte située à l'opposite de la ville est sablon-
neuse, avec un mélange de galets volcaniques par
intervalles. Nous n'y recueillîmes qu'une très-petite
Doris , un Pleurobranche , des Clypéastres ram-
pant sur une vase molle. Nous avons parlé ailleurs
des Mollusques et des Zoophytes pélagiens que les
forts courants de ce golfe apportent et rempor-
tent dans le même jour. Il suffisait de plonger
un seau ou un filet d'étamine dans la mer pour
recueillir les nombreuses espèces que nous avons
données dans nos planches. Il en est de microsco-
piques qu'il faut rechercher avec soin dans le vase
bien transparent qui reçoit l'eau.
A force d'instances , nous obtînmes des Malaisr
dans les derniers jours de notre relâche , qu'ils
nous apporteraient les animaux des coquilles
qu'ils vont recueillir dans les contours extérieurs
de l'île. Nous eûmes par ce moyen le grand Turbo
marbré , un Cymbium , le Casque Bézoar, l'Olive
noire, la Cancellaire Lime, qui n'est qu'une Nasse,
le Murex Fine-Épine, des Placunes , etc., dont les
animaux, dans leurs formes et dans leurs couleurs,
étaient encore inconnus.
C'est a Amboine qu'un habitant, qui ne nian-
348 ZOOLOGIE.
quait pas d'instruction , nous voyant examiner
avec attention le Poulpe qui se trouve dans
l'Argonaute , nous assura , sans que nous l'eus-
sions questionné à ce sujet, que ce n'était point
l'animal de cette coquille , qu'il s'y logeait après
que le véritable propriétaire n'existait plus. Cet
Amboinais, voulant nous donner une idée de
l'animal de l'Argonaute, dessina une sorte de Gas-
téropode qu'il avait vu. Si cette question, qui di-
vise maintenant les zoologistes, n'est pas bientôt
éclaircie, la vérité peut nous venir de ce lieu, où
nous avons bien recommandé qu'on envoyât en
Europe plusieurs de ces animaux tels qu'on croyait
les avoir vus. Dans les jardins qui avoisinent la
rivière, on trouve sur les arbres l'Hélice citrine
des auteurs, très-variée en couleur, laquelle nous
avons reconnue être une vraie Vitrine.
Les chaleurs excessives qui régnent dans cette
île font que les Européens préfèrent avoir re-
cours à l'extrême obligeance des autorités et aux
Malais, pour se procurer ce que le pays a de plus
remarquable.
boitrou.
Cette île est peu éloignée d'Amboine. Elle con-
tient un grand nombre d'Oiseaux, comme l'indique
son nom qui, en malais, signifie oiseau. La rade de
Cayéli est sablonneuse, comme celle deManado,
ZOOPHYTES. 34î)
à Célèbes; ce qui fait qu'on n'y trouve que peu
de chose, si ce n'est une Cythérée que les enfants
enlèvent des sables , par milliers. On trouve, dans
une ceinture d'eau saumâtre qui sépare le village
de la mer , des Cérites et des Pirènes qui , toutes,
ont la spire rongée. Nous obtînmes des Malais des
Lingules vivantes.
Il existe assez loin , sur la gauche de la rade ,
un récif qui ne découvre pas entièrement et sur
lequel on doit trouver beaucoup d'objets divers.
Mais notre santé très-altérée à cette époque, par la
fièvre intermittente que nous avions contractée à
Vanikoro, ne nous permit pas de le visiter.
TIMOR.
En général les Moluques ne sont point des îles
saines, et les naturalistes ne doivent pas trop s'ex-
poser à l'ardeur du soleil ni se mettre souvent
dans l'eau. Il peut en résulter la fièvre ou la dys-
senterie, bien plus dangereuse encore.
A Timor, on contracte facilement cette dernière
maladie qui, si elle n'emporte pas promptement
le malade, le fait languir long-temps, lorsque la
navigation se prolonge entre les tropiques. Aussi
les amateurs d'histoire naturelle que le zèle em-
porte dans leurs recherches, doivent-ils s'abstenir
de faire des courses trop pénibles au milieu du jour,
et de se mettre dans l'eau le moins possible.
I^a rade de Coupang ne manque pas de Zoo-
350 ZOOLOGIE.
phytes. C'est principalement sur la petite île Kéra,
qui est bordée d'un récif, qu'on voit à mer basse
des Alcyons de diverses couleurs, des Astéries du
plus beau bleu, des Tubipores verts, des Astrées,
des Méandrines, et diverses autres espèces d'êtres
animés. Ces productions formant des groupes ir-
réguliers nous empêchèrent de jeter la seine et de
prendre du poisson.
Le rivage sur lequel une portion du village de
Coupang est assise se trouve formé d'Astrées fos-
siles. On voit que ces animaux ont travaillé avec
régularité et sans interruption pour élever ces
massifs assez considérables. En suivant le bord de
la mer à gauche, on arrive à un petit banc qui se
prolonge un peu dans la mer et sur lequel nous
recueillîmes une Fistulaire très-fragile et quelques
autres Zoophytes.
Nous obtînmes des naturels les coquilles ma-
rines propres à cette contrée, et nous trouvâmes,
principalement dans le cimetière chinois , sur de
beaux câpriers , l'élégante Hélix contraria.
Les malades que nous eûmes dans cette relâ-
che, malgré le peu de temps que nous y consa-
crâmes, ne nous permirent pas d'étendre très-loin
nos recherches. Mais nous sommes persuadé que
dans les eaux paisibles de cette immense baie, il
y a plusieurs lieux qui doivent fournir une ample
moisson d'objets divers tant en Mollusques qu'en
Polypiers.
ZOOPHYTES. 351
Le comptoir portugais de Dillé, sur la même
île, devant lequel nous demeurâmes deux jours ,
situé dans un détroit où régnent de forts cou-
rants, ne nous parait pas aussi favorable aux re-
cherches zoologiques. En avant du village est un
récif qui ne découvre pas , mais sur lequel on
pourrait trouver quelque chose à l'aide des naturels.
C'est un moyen que nous employions quelquefois.
Lorsque la brise n'est pas levée , l'eau est calme et
d'une transparence qui permet de voir au fond les
plus petites choses, que d'adroits plongeurs rap-
portent facilement.
VANIKORO.
L'île est entourée d'une ceinture de récifs , en
dedans desquels la mer est calme comme dans un
bassin. Cette disposition est des plus favorables
aux animaux qui nous occupent. Mais il faudrait
plus de temps, plus de moyens, et surtout de plus
beaux jours que ceux que nous avons eus, pour
explorer avec soin une aussi grande étendue de
côtes. Nos recherches se bornent à peu près au
mouillage d'Ocili et à celui de Manévai.
La plage du premier, toute sablonneuse, n'offre
que des Pagures dans les diverses coquilles mortes
qu'ils habitent, et des Littorines sur les branches
d'arbres qui pendent vers les eaux. Sur les rochers
352 ZOOLOGIE.
qui forment l'extrémité de cette baie, nous trou-
vâmes des Planaires, et un seul individu vivant
d'une sorte de Vélutine , dont la coquille est con-
nue sous le nom de Sigaret cancellé. A quelques
centaines de pas du rivage , sont des marécages
saumâtres, remplis de Néritines et de Mêlâmes de
plusieurs sortes. Les arbres nous donnèrent trois
ou quatre espèces d'Hélices pyramidales ou dis-
coïdes.
La rade de Manévai plus grande , mieux abri-
tée, a de plus grands récifs, dont la plupart dé-
couvrent à mer base. Ils sont habités par des
Tonnes, des Troques, des Strombes en énorme
quantité, des Pourpres, des Ricinules, des Turbos,
des Mitres, des Siphonaires , par une Stomatelle
à animal operculé, des Tridacnes, des Dauphi-
nules , etc.
Le banc sur lequel nous élevâmes un petit
monument à la mémoire de Lapérouse est mort
et stérile. Toutefois en soulevant les plaques mo-
biles des Madrépores qui le forment , on trouve
encore des choses qui méritent de fixer l'attention.
La petite île de Manévai , devant laquelle nous
étions à l'ancre, a un récif vaseux donnant des
Huîtres, des Patelles, quelques Pyramidelles et des
Oursins. Tout-à-fait sur ses bords , on voit à envi-
ron deux pieds sous les eaux , lorsqu'elles sont
basses , des Houlettes engagées dans des massifs
dAstrées. On ne les reconnaîtrait pas d'abord,
ZOOPHYTES. 353
paire qu'elles ne présentent que Je bord de leur
ouverture béante. Pour obtenir ees coquilles ,
encore rares et précieuses , il faut nécessairement
briser les Polypiers avec une barre de fer; ce qui
n'est pas toujours très-commode. Le même lieu
nous fournit aussi des Fongies à gros et longs
tentacules, des Alcyons très-mous, longs, ramifiés
comme des fucus, et plusieurs autres Polypes
très-remarquables.
A l'endroit où vient se décharger la rivière, est
une plage un peu vaseuse, dans laquelle s'enfoncent
de grandes Pinnes marines, sur lesquelles sont
fixés des Vermets, et des Huîtres fortement plis-
sées.
C'est par les naturels que nous eûmes des Py-
ramidelles vivantes, qu'ils allaient prendre assez
loin de leur village.
En sortant de la rade, on voit à gauche l'îlot
de Nanotm-ha, sur les bords duquel habitent des
Auricules jaunes. Nous ne vîmes que dans cette
localité ce Mollusque, qui, sans aller à la mer,
aime cependant à n'en pas être éloigné. Nous re-
cueillîmes aussi, sur les feuilles des arbrisseaux,
une très-petite espèce d'Hélicine.
GUAM.
Cette île a trente lieues de tour. La né( ; :".■'
nous a forcé jadis à y faire un long séjour, et
Zoologie, t. iv. a'j
354 ZOOLOGIE,
nous l'avons explorée dans toutes ses parties. Une
nouvelle résidence d'un mois , malgré l'état mala-
dif dans lequel nous étions, nous a mis à même
de recueillir plusieurs choses qui nous avaient
échappé la première fois. Les navires mouillent
dans deux rades , celle d'Umata et celle d'Apra.
La première, environnée de côtes assez élevées,
exposée aux vents du large pendant une saison
de l'année, ne présente aux naturalistes qu'un petit
nombre d'objets dignes de remarque. A son entrée
de droite, est l'île des Cocos, dont les récifs se pro-
longent assez loin pour former entre les terres un
espace peu profond, où l'on voit çàetlà de grosses
tètes de Polypiers pierreux. En se rapprochant de la
pointe volcanique qui commence la rade, on peut
rencontrer des Onchidies. Un peu plus en dedans
nous vîmes les habitants des Carolines armés d'un
clou, plonger par huit ou dix brasses, et déta-
cher du fond des ïridacnes qu'ils mangent crues.
A gauche, ce port est terminé par un rocher élevé,
sur lequel sont deux pièces de canon. La mer en
baigne le pied, et y bat constamment. Nous y
recueillîmes une très-petite espèce de Bulle verte,
collée en grande quantité dans les aspérités des
pierres , à la manière des Oscabiions. C'est la seule
fois que nous ayons remarqué cette habitude dans
d'aussi fragiles animaux. Le même lieu nous four-
nit des Ricinules, de petites Siphonaires, des
ISémertes rouges striées, de plus de six pieds de
ZOOPHYTES. 355
long, et le plus grand Vermet operculé que
nous ayons vu. La côte est remplie de Pagures,
qui ont pris pour demeure des Nérites , qu'ils
portent quelquefois jusqu'au sommet des monta-
gnes environnantes. On trouve aussi à Guam le
grand Pagure Larron.
La rivière qui se jette dans la rade nourrit
abondamment deux sortes de Mélanies. Il faut
remonter à sa source, peu éloignée, pour trouver
de larges Navicelles qui se collent sur les rochers
humides.
Le sable du mouillage d'Umata est rempli de
petites coquilles Polythalames , probablement fos-
siles , qui adhèrent aux câbles.
La rade d'Àpra est remplie de bancs de Ma-
drépores, dont plusieurs découvrent à mer basse.
En explorant cette localité, où la plupart des
navires jettent l'ancre, on trouvera diverses choses,
principalement des Holothuries vertes et prismati-
ques ; toutefois on éprouvera quelques difficultés,
parce que ces récifs étant formés de Coraux très-
fragiles, et ne découvrant qu'un instant, on s'y en-
fonce jusqu'à mi-jambe, ce qui brouille l'eau, et
empêche de voir et de saisir les animaux que l'on
cherche.
La ville d'Agagna offre plus d'avantages. Il n'est
même peut-être pas de lieu plus commode pour
l'observateur. Une barre, sur laquelle la mer brise,
forme entre elle et la terre une sorte de bassin
23*
556 ZOOLOGIE.
dans lequel les eaux entrent et sortent chaque
jour. Une foule d'animaux divers se retirent dans
ces lieux paisibles. On peut les étudier sans être
trop enfoncé dans l'eau , ou bien dans une petite
pirogue. L'obligeant gouverneur des Marianes ,
Don José de Médinilla , nous avait donné un
homme d'une adresse rare à cerner les têtes des
Madrépores avec un petit filet, pour prendre ces
brillants Poissons de roches qui se dérobent au
milieu de leurs rameaux. En brisant dans le bateau
les masses que nous parvenions à enlever, nous
obtenions, en même temps que des Labres, des
Chétodons, des Amphiprions, etc., des Crustacés
sans nombre, des Astéries , et plusieurs Mollus-
ques gastéropodes. Indépendamment de cela, le
sol est parsemé de Méandrines, d'Astrées, de Fon-
gies et de Caryophyllies , dont les longs tentacules
sont d'un beau vert velouté. Nous ne vîmes que
là des groupes assez considérables de l'Héliopore
bleu, qui apparaît grisâtre à l'extérieur. La vase
qui précède ce récif est remplie de petits Strombes
dont les indigènes se nourrissent.
En s'établissant avec des bocaux de verre et
d'autres vases convenables sous les hangars de
construction qui sont sur la plage , on peut re-
nouveler l'eau dans laquelle on place tous ces ani-
maux pour les dessiner à son aise.
Guam a encore d'autres rivages fertiles en
Mollusques , comme celui de Retillan , où nous
vîmes de très-belles et très-longues Holothuries
ZOOPHYTES. 357
de la division des Fistillaires , cassantes, et cou-
vertes de petits crochets qui adhèrent même après
la mort du Zoophyte. Nous signalerons aussi la
grande plage sablonneuse qui est devant le village
d'Agat, sur laquelle les habitants pèchent beau-
coup d'Olives. On trouve peut-être dans cette île
toutes les espèces connues de Cyprées, et de plus
la Porcelaine Gésier, qui n'y est pas rare; nous
ne pûmes cependant nous la procurer avec l'ani-
mal : il parait qu'elle se plaît sur les récifs les
plus avancés. Il en est de même d'un Turbo lisse
et très-brillant.
On trouve des Hélices ( Partules ) gibbeuses par
centaines sur les feuilles des arbres des environs
d'Agagna, et des Lymnées dans les marais. Nous
regrettons d'avoir négligé de visiter celui dans
lequel la rivière prend sa source.
On peut se confier aux habitants, et surtout
aux enfants, pour se procurer tout ce que l'île
renferme d'objets d'histoire naturelle; mais rela-
tivement aux coquilles, il ne faut pas croire que
toutes celles qu'on peut rassembler soient propres
à Guam ; un grand nombre sont fournies par les
îles Carolines, dont les naturels viennent chaque
année chercher du fer et autres objets dont ils ont
besoin. Pauvres et encore dans l'enfance de la civili-
sation, ils selouent, avecleurspros, pour transporter
les denrées d'une des îles Marianes à l'autre, et n'ont
d'autres moyens d'échange que des coquilles qu'ils
.358 ZOOLOGIE.
recueillent sur leurs petites îles basses, ou bien
quelques nattes assez artistement faites.
Nous avons parlé, clans le Voyage de l'Uranie,
des oiseaux et autres animaux vertébrés que con-
tient cet archipel.
BATAVIA.
Toute la côte nord- ouest de Java jusqu'au dé-
troit de la Sonde est une terre basse qui se perd
sous les eaux. La mer y est peu profonde et remplie
de bancs vaseux; aussi, malgré la chaleur qu'on
éprouve par cette latitude, ces causes locales en
ont chassé les Mollusques et les Zoophytes. D'après
le peu que nous en avons vu, on peut dire qu'il
n'est point de contrées qui en soient autant dé-
pourvues. Il ne serait pas étonnant qu'il en fût
de même de toute la partie nord de cette grande
île , le long de laquelle nous naviguions dans une
mer blanchâtre.
La rivière qui traverse la ville de Batavia porte
à la mer une grande quantité de l'argile rou-
geâtre sur laquelle elle coule. Enfin, jusqu'au vil-
lage d'Antjer, nous ne pûmes rien recueillir ni
dessiner. Celui qui s'y fixerait , dans le but d'étu-
dier les productions de la mer, serait tout-à-fait
désappointé. Nous croyons cependant que, dans
ZOOPHYTES. 350
une aussi grande étendue de cotes, il peut se
rencontrer des localités favorables au développe-
ment des Zoophytes; car, au comptoir d'Antjer,
une portion de la plage est couverte de débris
de Madrépores morts. C'est là qu'en suivant les
pécheurs qui jetaient la seine, nous ne vîmes
rapporter, avec un peu de poisson, que quelques
petits Oursins. Ainsi , le voyageur qui n'aurait vu
que la partie de Java que nous citons, Manado
sur l'île Célèbes, et Amboine, ne serait nullement
compétent pour disserter sur le rôle que les Poly-
piers coralligènes jouent dans ces mers.
ILE-DE-FRANCE.
Ce lieu , qui fut de tout temps le rendez-vous
de la plupart des expéditions scientifiques, qui
a été exploré dans tous les sens, qui a eu pour
habitants des naturalistes, ou des personnes qui
se chargeaient d'envoyer en Europe tout ce qu'il
offrait de curieux , ne devait donc pas nous laisser
beaucoup à recueillir. Toutefois , malgré Tassez
mauvais état de notre santé, qui ne nous permit
pas de faire autant de recherches que nous l'au-
rions désiré, et surtout de visiter les récifs du
grand Port , nous avons rapporté de cette île dix-
neuf planches in-4°, composées seulement de Mol-
lusques et de Zoophytes.
60 ZOOLOGIE.
Le récif en partie mort qui encombre la rade
du port Louis nous donna l'élégant animal de la
Bulle striée , des Sigarets ," le Pleurobranche de
Péron, riche en couleur, et une autre espèce bien
plus grande qui vient jusque dans le trou Fanfa-
ron. Nous trouvâmes sur la jetée aux Tonneliers
une jolie petite Doris, des Aplysies, presque par-
tout des Planaxes, qui se collent aux rochers, etc.
Pour avoir des objets nouveaux, nous conseil-
lerions aux naturalistes de parcourir souvent ce
récif et ceux du dehors de la rade avec une pi-
rogue, si notre ami, M. Julien Desjardins , qui
cultive l'histoire naturelle de son pays avec tant
de zèle et de succès, ne connaissait pas, au "mo-
ment où nous écrivons ceci, toutes les choses
neuves qu'il renferme. On peut donc hardiment
s'adresser à lui pour reconnaître sur les lieux ce
que Maurice a de plus remarquable en Mollusques
et en Zoophytes. C'est dans la société de ce natura-
liste aussi aimable qu'instruit que nous partîmes
un jour pour visiter les écueils du grand Port, d'où
proviennent la plupart des coquilles qu'on vend
au marché. Arrivés à la grande Rivière, nous trou-
vant trop faible pourcontinuercettelonguecourse,
nous nous rabattîmes sur les îlots aux Cerfs, situés
fort près de terre. Nous y trouvâmes une grande
quantité de Dolabelles, deux autres espèces d' Aply-
sies, et notamment le genreNotarchedeM. Cùvier,
qui n'en diffère pas, plusieurs Doris, des Strombes,
ZOOPHYTKS. 361
des Holothuries, la Bulle Banderole , dont l'animal
est moins élégant que celui de la striée, et une
Bullée admirable pour le beau velouté de son bleu
foncé. Voilà ce que, dans quelques heures, nous
donnèrent de plus remarquable ces eaux chaudes
et paisibles. En les fréquentant dans des saisons
diverses, on doit nécessairement y rencontrer dif-
férentes espèces d'animaux.
Mais nous regretterons toujours de n'avoir pu
faire une station au grand Port , afin d'aller tous
O 7
les matins sur ces récifs avant que la brise ait
troublé la transparence de l'eau. Nous sommes
parti de ce lieu sans pouvoir dessiner dans tout
son développement l'animal de l'Ombrelle et celui
de la Harpe à petites côtes. Le Mollusque de cette
coquille, qu'on ne trouve qu'à l'Ile-de-France, peut
seul indiquer par sa forme et ses couleurs si c'est
réellement une espèce ou seulement une variété.
Indépendamment du léger aperçu que nous ve-
nons de donner, les rivages fournissent un grand
nombre de Mollusques, de Crustacés, d'Echino-
dermes, d'Astéries et de Zoophytes, tous plus ou
moins bien connus. Les eaux des rivières abondent
en Néritines, en Navicelles, en Mélanies de plu-
sieurs sortes.
Nous devons à M. Théodore Delisse, jeune ha-
bitant plein de zèle et d'instruction, de nous avoir
conduit sur la montagne du Pouce, dans la loca-
lité où se trouve une assez singulière Limace,
3fi2 ZOOLOGIE.
ignorée jusqu'à ce jour. Nous y recueillîmes en
même temps un très-petit Cyclostome à tenta-
cules rouges.
C'est dans le trou Fanfaron , à la carène des
vieux navires, ou sur les morceaux de bois qui
séjournent depuis long-temps dans l'eau, qu'il
faut aller chercher le Polypier flexible, qui forme
notre nouveau genre Dédale. Dans cette eau pai-
sible, il se développe très-promptement en touffes
ramifiées. A sa forme on le prendrait même pour
un fucus. Il faut beaucoup d'attention pour en
apercevoir les Polypes , qui sont blancs.
Enfin, si nous joignons à cela les oiseaux, les
poissons et les végétaux, il n'est pas d'ile qui, re-
lativement à son peu d'étendue, possède plus de
variétés dans les productions de la nature. L'his-
toire complète en sera faite quelque jour, nous
n'en doutons point , par les enfants mêmes de
cette heureuse contrée, sans égale pour l'hospita-
lité. Les Créoles de l'Ile-de-France joignent, à la
sagacité qui les distingue; la persévérance qui as-
sure le succès.
CAP DE BONNE-ESPERANCE.
On suppose bien qu'une grande baie située au-
delà du tropique par 33° de latitude, ouverte
et exposée à l'action d'une mer sans bornes, ne
doit pas être riche en Mollusques, encore moins
ZOOPHYTES. :56:i
en Zoophytes. Une partie de la cote est sablon-
neuse , et ne présente rien à recueillir. Celle qui
commence au-dessous de la ville, et s'étend fort
loin, est formée de rochers sur lesquels croissent
de nombreux fucus. C'est parmi eux que cer-
tains Mollusques nus cherchent un abri. Nous y
trouvâmes autrefois des Polycères, division des Do-
ris, que nous n'avons rencontrées nulle autre part.
Dans les branches ou les racines de ces végétaux
marins adhèrent plusieurs sortes de Patelles ,
comme celle en bateau, la Scutellaire, la Granu-
laire , ainsi que des Sabellaires , et beaucoup de
Polypiers flexibles. Parmi les Patelles, il ne faut
pas confondre les Siphonaires , qui s'y trouvent
mêlées en petit nombre. Joignant à ces animaux
des Troques, des Pourpres, des Crépidules, des
Oscabrions, des Holothuries, des Oursins, des As-
téries et quelques Crustacés , nous aurons à peu
près l'ensemble des êtres sans vertèbres que pro-
duit cette côte. Les Buccins Onde et Agate sont
propres à cette localité. Ils se tiennent à une
assez grande profondeur. Quoique aveugles, ils se
portent à l'aide de l'odorat sur la chair qu'on
coule au fond pour servir d'appât. C'est par ce
moyen, ou à l'aide de la seine, que nous pouvions
nous procurer ces Mollusques, que nous n'avons
jamais aperçus sur le rivage.
Comme on n'arrive dans la baie de la Table que
dans la belle saison , et que les vents et la chaleur
304 ZOOLOGIE.
ont desséché la végétation de la plaine, nous ne
pûmes étudier les Mollusques terrestres, dont on
trouve les enveloppes sans l'animal. On peut re-
commander aux naturalistes qui se trouveront sur
les lieux dans des circonstances plus favorables, de
les faire connaître dans tout leur développe-
ment.
SAINTE-HÉLÈNE.
Cette île volcanique placée au milieu de l'O-
céan, ayant des cotes abruptes et sans ports,
n'offre aucun abri aux animaux qui font notre
étude. Il ne doit donc se trouver sur ces rochers
battus par la mer que ceux qui , par leur nature,
peuvent vivre en pareil lieu, comme les Troques,
les Turbos et les Patelles. On aperçoit de ces der-
nières sur les rochers du débarquement où la mer
déferle. Par cette cause , les Polypiers coralligènes
n'ont pu se fixer et s'étendre en ceinture autour
de cette île, dont les eaux sont profondes ; ou, s'il
en existe, ce ne sont que de petits groupes qui ont
pu trouver un abri dans quelques petites criques.
Ce que nous avons rapporté de plus remarqua-
ble de l'île Sainte-Hélène, ce sont de grosses Hélices
à ouverture rétrécie, épaisse et rebordée comme
les Struthiolaires, que nous devons à l'obligeance
de M. Robert Francis Seale, qui les a trouvées en-
ZOOPHYTES. 365
fouies en grand nombre dans de l'argile blanchâ-
tre, au sommet des montagnes. Leur aspect et
cette circonstance semblent indiquer que ces co-
quilles , qu'on ne trouve plus vivantes, sont fos-
silisées. Toutefois, nous en avons vu un individu
dans la collection de M. de Férussac, qui était
remarquable par sa transparence et sa légèreté.
Le temps ne nous a pas permis de visiter la lo-
calité où l'on recueille ces Hélices. Nous devons
au même naturaliste, M. Seale, une autre petite
espèce nouvelle qui vit dans l'île.
ASCENSION.
Ce que nous venons de dire de Sainte-Hélène
s'applique également à l'Ascension, qui paraît être
d'une origine moins ancienne. Les bancs de po-
lypiers et de coquilles, finement pulvérisés, dont
on fait de la chaux, indiquent qu'autrefois les lo-
calités ont permis à ces animaux de se développer
en abondance. Des éruptions étant survenues
ensuite, les auront fait mourir et recouverts en
partie. Toujours est-il qu'au mouillage de Sandy-
Bay, il n'y a plus en grandes masses de polypiers
pierreux vivants, et tout le sable blanc qu'on voit
sur les plages est formé de leurs débris atténués
par la force de la mer. Les Sabelles s'en servent
pour construire leurs tubes, qu'elles agglomèrent
en petits massifs.
366 ZOOLOGIE.
Les rochers battus par la mer donnent des
Patelles , un petit Buccin , des Littorines et une
Pourpre remarquable par les trois ou quatre
points réguliers de sa columelle blanche.
Une affreuse aridité règne dans toute cette île,
entièrement couverte de scories et de cendres, si
ce n'est au sommet du piton le plus élevé où la
verdure paraît avec les nuages qui l'entretiennent.
Dans ce lieu seulement nous avons trouvé sous
les pierres une Limace que la localité nous fait
supposer indigène.
Dans cette énumération faite toute de mémoire,
il aura pu sans doute nous échapper de mention-
ner l'habitation de plusieurs animaux ; mais s'ils
sont de quelque importance et s'ils méritent de
figurer dans l'ouvrage , on les retrouvera facile-
ment à leur place avec l'indication de la localité
qu'ils habitent.
ZOOPHYTES. 307
MOYENS
de conserver les collections de zoologie a rori>
d'un vaisseau.
Après avoir indiqué les différents lieux où l'on
peut se procurer des objets d'histoire naturelle, il
faut connaître approximativement quels sont les
moyens dont on peut avoir besoin pour les re-
cueillir et les conserver.
Tout ce qui a été écrit sur ce sujet est sans
cloute fort bon d'intention , mais que de choses
oiseuses, dont il est impossible de se servir et de
tenir compte , ont été indiquées par des personnes
qui ignoraient l'emménagement d'un navire. Dans
notre premier voyage , nous embarquâmes scru-
puleusement une énorme quantité d'objets divers
qui avaient été notés comme indispensables par
des personnes instruites , mais qui , n'ayant pas
navigué, ignoraient l'espace dont on peut disposer.
De sorte que tout ce matériel propre aux collec-
tions ne pouvant servir, se détériora, et fut en
partie jeté à la mer pour faire de la place. Ici
3GS ZOOLOGIE.
comme en toutes choses les moyens les plus simples
sont les meilleurs. Il est vrai que la nécessité y foi-ce
bientôt et tout naturellement. Nous allons, en
quelques pages, réduire à leur plus simple expres-
sion nos procédés qui, après trois ans de mer,
ont fait arriver dans un bon état nos collections
au Muséum.
MAMMIFERES ET OISEAUX.
Après le procédé de l'empaillage, l'essentiel est
de les laisser parfaitement dessécher au soleil pen-
dant plusieurs jours. Dans les lieux où ses rayons
n'ont pas assez de force, et où les pluies pénè-
trent tout d'humidité, on a à craindre la moisis-
sure et la pourriture. Nous placions alors nos
animaux, enveloppés de linge, dans une boîte de
fer-blanc que nous exposions , quand cela était
possible, à la douce chaleur du four. Ce procédé
demande les plus scrupuleuses précautions par
la nature vénéneuse de la préparation dont on se
sert. On ne doit même en confier le soin à per-
sonne.
Lorsque, entre les tropiques , le temps est à la
pluie, et qu'on a de grands Mammifères à prépa-
rer à bord, il faut beaucoup d'attention pour ne
pas voir le poil se séparer de la peau.
ZOOPHYTES. 369
Les Mammifères et les Oiseaux, parfaitement
desséchés , sont serrés dans des caisses en bois ,
bien faites, d'une dimension convenable et ma-
niable, dont tontes les coutures seront enduites
de brai et recouvertes de limandes de toile gou-
dronnée. Nous pensons qu'il est inutile d'enve-
lopper ou de séparer les individus avec du papier,
qui tend trop à s'emparer de l'humidité. Les caisses,
ainsi préparées et placées dans l'endroit le plus sec
du navire, peuvent rester d'un an à quinze mois
sans être visitées; ce qui doit être toutefois subor-
donné au temps qu'il aura fait.
Les Mammifères amphibies ou complètement
aquatiques, comme les Phoques, les Douyongs ,
les Dauphins, dont la peau est épaisse et huileuse,
doivent être enfermés séparément, ou mieux plon-
gés dans une forte saumure qui en conserve par-
faitement les parties les plus délicates. Toutes les
parties du squelette doivent être soigneusement
conservées , car ce n'est souvent que par leur aide
qu'on peut arriver à la connaissance exacte de
l'espèce.
Possède-ton plusieurs individus de petits Mam-
mifères, il faut en mettre au moins un dans l'es-
prit-de-vin pur, après lui avoir largement ouvert
le ventre. C'est encore le meilleur moyen pour
une espèce qui serait unique et rare. C'est ainsi
que nous procédâmes pour un jeune Babiroussa ,
qui n'était cependant pas un petit animal, lequel
Zoologie, t. iv. ?4
370 ZOOLOGIE.
mourut à bord. Ce procédé est encore bon pour
avoir des squelettes d'oiseaux bien entiers.
Les anatomies doivent être faites autant que
possible sur les individus frais.
Pour toutes ces préparations il est essentiel de
noter la localité , la couleur du pelage , qui peut
changer, celle des yeux et de toute partie colorée,
le sexe, le genre de nourriture , la forme de la lan-
gue si ce sont des oiseaux. On peut même, comme
nous faisions, laisser cette dernière dans le bec. Les
notes seront écrites sur du parchemin, fixées à
chaque animal , et reportées sur un registre pour
plus de sûreté. Pour les individus mis dans l'al-
cool , elles seront également sur le parchemin
et à l'encre ordinaire, qui se conserve très-bien. Il
n'en est pas ainsi de l'encre de Chine, qui peut se
dissoudre et s'effacer.
REPTILES ET POISSONS.
Pour toutes les parties du règne animal qui vont
suivre, moins les Papillons et quelques Coléoptères,
nous pourrions terminer ici nos instructions , en
disant qu'on peut les conserver dans l'esprit-de-vin
renouvelé de temps en temps. Ce que nous allons
ajouter se réduira donc simplement à cela, sauf
quelques légères modifications à apporter à cet
uniforme procédé.
ZOOPHYTES. 371
En général les Reptiles terrestres, les Serpents
d'eau , conservent parfaitement leurs couleurs
dans l'esprit-de-vin. Il n'en est pas de même des
Amphibiens, chez lesquels elles s'altèrent plus ou
moins. Aussi après les avoir dessinés ou au moins
décrits sur-le-champ, il faut pratiquer plusieurs
ouvertures au ventre des Serpents, entre les grandes
écailles; autrement les gaz qui se développeraient
dans les intestins, les faisant surnager au dessus
de la liqueur, avant qu'ils en soient suffisamment
pénétrés, on les verrait se gâter assez promptement.
Il n'est pas besoin de dire qu'on ne doit cher-
cher à conserver que les peaux desséchées des Rep-
tiles et des Poissons de grande taille. Elles doi-
vent être visitées assez souvent, parce que nous
avons l'expérience qu'elles s'altèrent facilement.
Il faudra même éviter de les placer avec d'autres
objets qu'elles pourraient altérer dans leur dé-
composition.
De tous ces animaux les Poissons étant les plus
nombreux, voici le moyen dont nous nous ser-
vions. Celui de les laver à l'eau douce, de les
coudre ensuite dans un petit sac de toile , bon en
lui-même, est impraticable sur un navire, où il
faut opérer promptement et s'occuper instanta-
nément de plusieurs choses à la fois. En arrivant
dans un port nous avions toujours sous la main
six grands bocaux contenant de l'esprit-de-vin
9.4*
372 ZOOLOGIE.
pur, dans lequel nous jetions les Poissons que
nous nous procurions , après leur avoir ouvert le
ventre, sans endommager les intestins. On ne vide
en partie que ceux qui les ont remplis d'excré-
ments et de vase. Encore faut-il chercher à les
conserver avec tous leurs viscères, quand ce sont
des espèces rares. Ceux qui ont de brillantes cou-
leurs doivent être dessinés sur-le-champ, ou au
moins décrits, si cela n'est pas praticable.
Ces Poissons demeurent ainsi pendant toute
la relâche, c'est-à-dire i5 à 20 jours, après quoi
ils sont changés de liqueur, et placés par ordre
dans des bocaux dont ils ne doivent plus sortir.
Il faut éviter de trop les entasser, pour qu'ils ne
se gâtent pas. Les bouchons de liège, préparés
d'avance dans le port , étant bien adaptés et lûtes
avec du brai sec, qui est la composition la plus
commode et la plus simple dont on puisse se ser-
vir , on forme des caisses qui ne doivent pas dé-
passer deux pieds au carré. Mieux vaudrait, si
cela était possible, avoir des caissons dans lesquels
on pourrait examiner quelquefois l'état de conser-
vation des animaux; car si le navire est d'une
petite dimension, il n'est pas toujours facile d'a-
voir les caisses sous la main , pour en renouveler
l'esprit-de-vin. C'est ainsi qu'il nous est arrivé de
perdre plusieurs bocaux de Poissons.
Après huit mois ou un an, selon la chaleur
ZOOPHYTES. 373
des latitudes qu'on parcourt, il faut changer la
liqueur, et enlever les individus dont l'altération
pourrait gâter tous ceux d'un vase.
Dans les pays extrêmement chauds, il arrive
quelquefois qu'on apporte de loin des Poissons
curieux , mais déjà altérés. Il faut alors les fendre
dans presque toute leur longueur, en enlever le
plus de chair possible, sans altérer la peau, et les
conserver ainsi dans l'esprit-de-vin le plus fort.
De toutes les parties de la Zoologie , c'est celle
qui demande le plus de soin , et pour laquelle il
faut réserver l'alcool le plus fort. On s'en munit
bien en partant d'une assez grande quantité;
mais , à moins que d'avoir un très-grand navire ,
on ne peut en prendre pour toute une campagne.
Toutefois dans l'état actuel des choses, on trouve
du rum ou de l'arak dans presque toutes les
relâches où l'on s'arrête pour y faire des vivres , et
l'on peut facilement renouveler sa provision. En se
servant de ces liqueurs, dont la force ne dépasse
guère dix-huit ou dix-neuf degrés, il faut les chan-
ger plus souvent, et prendre garde de ne pas
mettre trop d'animaux dans chaque vase. Sans
connaître bien précisément les rapports du liquide
à la masse de l'objet à conserver, nous croyons
que lorsque ce dernier sera enveloppé de trois
fois son volume , il sera dans le cas d'être parfaite-
ment et long-temps conservé.
374 ZOOLOGIE.
MOLLUSQUES.
Nous avons déjà indiqué dans cet ouvrage que
tous les Mollusques se conservaient parfaitement
dans l'esprit-de-vin , et que l'eau saturée de sel
ou de deutochlorure de mercure, le vinaigre dont
on s'est quelquefois servi à son défaut, ne le rem-
plaçaient qu'imparfaitement. Vingt degrés est la
force qu'il doit avoir pour ne pas trop racornir ces
animaux. On peut le mettre pur si on est forcé
d'en entasser beaucoup à la fois. Il est des Mollus-
ques qui rejettent une si grande quantité de mu-
cus , lequel se coagule aussitôt autour d'eux, qu'il
est bon, pour que la liqueur les pénètre , de les
changer quelques jours après qu'ils y ont été mis.
Il faut casser l'extrémité de la spire de ceux à
coquille, pour que le foie qu'elle contient puisse
se conserver. Autrement on ne trouverait à la lon-
gue que la portion antérieure de l'animal. On en
trouve où l'on brise un peu les bivalves, pour que
l'alcool pénètre leur intérieur. La coquille doit
toujours accompagner l'animal, pour en détermi-
ner le genre et l'espèce , à moins qu'elle ne soit
trop grosse, dans lequel cas on la conserve à part,
après avoir introduit dans le flacon une note
écrite sur parchemin.
Il est des Mollusques, comme les Ptérocères, les
ZOOPHYTES. 375
Cônes, les Mitres, les Vis, certaines Cérites, qui
sont d'une grande dureté, et extrêmement diffi-
ciles à casser convenablement sans endommager
l'animal. La sagacité du naturaliste pourvoira à
ce qui doit être fait en pareille circonstance. Nous
avons dit ailleurs qu'un étau fixé était très-com-
mode pour cela.
ZOOPHYTES.
Il est de ces animaux qui sont si peu consis-
tants, comme certaines Médusaires de grande taille,
qu'il serait inutile de chercher à les conserver.
D'ailleurs les modifications que l'esprit-de-vin leur
aurait fait subir ne les rendraient presque plus
reconnaissables. L'habitude de les toucher fera
facilement reconnaître ceux qui peuvent être gar-
dés dans la liqueur pure , de ceux qui ne l'exigent
qu'à seize ou vingt degrés. C'est un excellent
moyen pour conserver les êtres les plus fragiles,
comme , par exemple , les Polypiers flexibles dont
les animaux gardent toutes leurs formes.
Les vases doivent être de petite dimension et
très-multipliés. Indépendamment de notre grande
collection, nous avions toujours sous la main plus
de six cents bocaux, de deux à trois pouces de
hauteur, contenant tous les Mollusques et les
Zoophytes qui avaient servi à la confection de
376 ZOOLOGIE.
plus de quatre cents planches in-4°. Nous ajou-
tions de six mois en six mois , quelquefois
plus tôt, ce que l'évaporation avait enlevé à chaque
bocal. Leur petitesse détermine à les visiter sou-
vent, car pour peu qu'ils soient mal bouchés,
l'esprit-de-vin s'en va, et les animaux se gâtent.
Nous proposerions, à cet effet, des vases de cette
grandeur, à large goulot, bouchés àl'émeri, ce qui
préviendrait l'évaporation , et dispenserait du fas-
tidieux travail qui consiste à luter de nouveau un
aussigrand nombre de flacons. Les objets ne doivent
pas être trop entassés; et lorsqu'ils sont petits et
délicats, on peut les séparer avec de petites plaques
de liège, ou les envelopper en partie dans des
rondelles de cire.
C'est dans une si grande diversité de choses
qu'il est nécessaire que le plus grand ordre règne
pour ne pas confondre les localités. Les voyageurs
doivent bien se persuader que ce n'est pas sur un
vaisseau, avec le peu de livres qu'on emporte ,
qu'il est facile de déterminer régulièrement les
espèces ; aussi suffit-il d'arriver à la connaissance
du genre, ou même de l'ordre, pour y poser un
numéro comme servant de reconnaissance. L'or-
dre géographique est le plus convenable, et le
seul qu'on puisse suivre dans un espace aussi
resserré. Nos récoltes de chaque relâche en petits
Mollusques et Zoophytes étaient placées dans
une ou deux boîtes, selon le nombre des flacons,
ZOOPHYTES. 377
qui portaient écrit sur leur bouchon un numéro
en série indéterminée, c'est-à-dire depuis i jusqu'à
600 et au-delà, et de plus, au-dessous, la quantité
de choses que chacun d'eux contenait. Ces étiquet-
tes étaient rapportées sur un catalogue particulier.
Nous insistons beaucoup sur l'ordre qu'on doit
apporter dans l'arrangement des collections, parce
que c'est presque toujours par là qu'on pèche,
et que cette négligence retardera de beaucoup
l'enregistrement exact des êtres par localités.
COQUILLES , ETC.
On ne doit conserver dans la liqueur qu'un
petit nombre de Mollusques de la même espèce
avec leur test. Les coquilles seront mises dans des
boîtes, et enveloppées de coton oud'étoupe, pour
ne plus y toucher jusqu'au lieu de leur destina-
tion. Quoique la coction dans l'eau soit un moyen
qui altère l'éclat de quelques-unes , il n'en est
souvent pas d'autres et de plus expéditifs dont
on puisse se servir. On emballera également, et
avec plus de précautions encore, les Crustacés,
les Oursins, les Astéries, les Madrépores, les Poly-
piers flexibles, les Éponges, etc., qu'on trouve fré-
quemment desséchés sur les plages et dans un
état parfait de conservation dont la nature a fait
tous les frais.
378 ZOOLOGIE.
CRUSTACES ET INSECTES.
Si les Crustacés se conservent parfaitement
dans l'esprit-de-vin pur, les couleurs de la plupart
en souffrent beaucoup. Il en est qui deviennent
uniformément rouges : ce sont les Crustacés d'eau
douce surtout. Cependant il en est quelques-uns
dont les teintes résistent assez bien à ces immer-
sions. On peut se contenter de simples esquisses
pour fixer de suite leurs couleurs, car ces animaux
ont une si grande quantité de détails , qu'on ne
peut pas toujours y donner le temps convenable.
Parmi les Insectes, il n'y a à proprement parler
que les Araignées, des Orthoptères et quelques
Coléoptères qui puissent être conservés par ce
moyen ; encore ne doit-on s'en servir pour les
Coléoptères que quand on est trop pressé ou
qu'on manque d'espace , parce qu'il en altère tou-
jours un peu l'éclat.
Comme à l'époque où nous écrivons ceci on
s'occupe beaucoup de recueillir des objets d'his-
toire naturelle, il sera bon d'avoir sous la main
des réserves pour faire des échanges dans les
diverses relâches où il se trouve des amateurs
possédant des collections.
ZOOPHYTES.
379
Le complément de cette note sur la manière de
conserver les collections zoologiques est rémuné-
ration des choses indispensables à embarquer
pendant une campagne de trois ans, sur un navire
de moyenne grandeur, comme ceux dont on se
sert dans de semblables missions , c'est-à-dire de
quatre à six cents tonneaux.
Savoir :
Esprit-de-vin incolore à 3a degrés *.
600 litres
Estagnons en cuivre pour contenir l'es-
prit-de-vin **.
3
Petite pompe à main pour le soutirer.
1
Pèse-liqueurs pour mesurer sa force.
3
Bocaux de 20 litres.
4
Id. de 10 id.
24
Id. de 5 id.
5o
Id. de 3 id.
100
Id. de 2 id.
100
Id. de 1 id.
i5o
Id. de r/2 id.
200
Id. de 1/4 id.
3oo
Id. d'au-dessous un quart de litre jus-
qu'à une once de liquide.
400
* Ce qui ne dispensera pas de prendre de l'arak ou du rum dans les
relâches où l'on renouvelle les vivres.
** Ce sont des vases ronds ou carrés, ayant à leur face supérieure une
petite ouverture fermée à vis.
380 ZOOLOGIE.
Flacons à large ouverture, bouchant à
l'émeri , d'un litre 1/2. 4
Idem plus petits pour mettre dans la
poche. 6
Bouchons de liège préparés et adaptés
aux bocaux. 1,400
Couteaux à liège. 2
Râpes à bois. 2
Une série de neuf numéros en poinçons. 1
Emporte-pièce de sept lignes de dia-
mètre. 1
Plomb laminé de 3/4 de ligne d'épais-
seur pour étiquettes. 2 pieds carrés.
Brai sec. 3o livres.
Casserole en cuivre pour le faire fondre. 1
Pinceaux ou brosses. 4
Vieux papier fort. 20
Vieux linge. 20
Coton pressé pour empailler. 20
Étoupes pour emballer les bocaux. 100
Savon arsenical dans un baril enveloppé. 5o
Boîte ronde en fer-blanc pour s'en ser-
vir, de 6 pouces de hauteur. 1
Boîte complète de scalpels. 3
Couteaux en forme de scalpels. 3
Pierre à rasoirs. 1
Aiguilles à coudre de diverses grandeurs. 100
Fil blanc à coudre. 1/2 livre.
Loupes simples. 3
Loupes doubles. 3
Chalumeaux en verre droits et recourbés. 12
Parchemins en feuilles. 6
Boîtes carrées en fer-blanc , pour ser-
vir à divers usages, rentrant les unes
dans les autres. La plus grande aura
18 pouces de longueur et un pied de
largeur. (>
ZOOPHYTES.
381
Boîtes à insectes en bois , garnies de
liège, fermant parfaitement bien, de
dix pouces carrés.
Épingles assorties.
Camphre.
Fusils de chasse doubles portant loin,
avec leur fourniment.
Fusil simple très-lGng ou canardière.
Numéros.
Plomb de chasse de diverses
grosseurs , 600 livres.
20
,000
!\ livres.
2
1
10 livres.
20
100
i5o
i5o
Cendrée. 170
Poudre fine à tirer, quantité suffisante.
Marteaux pour la minéralogie. 3
Étamine blanche pour les filets à Mol-
lusques et à Insectes. 3o aunes.
Arceaux en cuivre, montés sur des man-
ches en bois de quatre pieds , pour
la chasse aux Insectes. 4
Idem pour les Mollusques sur des man-
ches en bois flexible, de dix à douze
pieds de longueur. 3
Fil à voile retors pour le filet que traîne
le navire. 20 livres.
Papier vélin. 3oo feuilles.
Boîtes de couleurs complètes. 2
Crayons en bois. 6 paquets.
Gomme élastique, colle à bouche, etc., etc.
FIN DU OUATRIEME F.T DERNIER VOLUME.
TABLE DES MATIERES
< ONTENUES
)uns le quatrième Uolumc be la 3ooloa,ic
>
DU VOYAGE DE L ASTROLABE.
A.
Pages.
Actinies. i3o
Actinie magnifique. 1 40
— aurore. 141
— violette. 142
— à globules. i43
— brun rouge. 144
— piquetée. i45
— pelagienne. 146
— vase. 147
— rouge et blanche. 148
— de Dorey. 149
— clou. i5o
grêle.
i5i
arborescente. i53
alcyonoïde. i54
villeuse. i56
azur. 1 57
tuberculeuse. i58
384
TABLE DES MATIÈRES.
— viridule.
— de Tonga.
— striée.
— mamillaire.
— à courts tentacules.
— des Papous.
— cannelées.
Alcyons.
Alcyon glauque.
— vert.
— éventail.
— tuberculeux.
— rameux.
— des Amis.
— orangé.
— flexible.
— jaune.
— imbriqué.
— terminal.
Alcyoncelle spécieux.
Algésiras (observations zoologiques).
Alvéopore vert.
— rouge.
Amboine (observations zoologiques).
Anse des Courants (observations zoologiques).
Ascension (observations zoologiques.)
Astrée (genre).
Astiée caliculaire.
— verte .
— anomale.
— ananas.
— annulaire.
— cardère.
— diffluente.
— d'Amboine.
— brune et verte.
— galaxie.
ȕ
160
i63
164
164
iG5
i65
166
269
270
279
273
274
275
276
276
279
280
281
283
302
3io
240
242
345
328
365
»99
200
204
2o5
207
209
210
212
2l3
2l5
2l6
TABLE DES MATIERES. 5S.»
B.
Raie des Chiens-Marins (observations zoologiques). 3 17
— des Iles (observations zoologiques). 33o
Batavia (observations zoologiques). 358
Béroés (division des). 36
Béroé allongé. $7
Borlasie à cinq lignes. 284
— striée. 286
— à bandelette. 287
— verte. 288
— tricuspide. 289
de la Nouvelle-Zélande. 290
— à quatre points. 291
Bourou (observations zoologiques). 348
— violette.
— verdàtre.
D.
Zoologie, t. IV.
25
Cap de Bonne-Espérance (observations zoologiques). 36a
Carybdée bicolore. 29;*
bitentaculée. 29^
Caryophyllie fasciculée. T9°
Célèbes (observations zoologiques). 343
Clavulaire verte. 2"°
262
CORNULAIRES. 2"4
Cornulaire multipinnée. 2°5
268
Dédale de Maurice. 299
Dendrophyllie rougeàtre. 19"
Diémen (ile de Van-) (observations zoologiques). 3i6
386 TABLE DES MATIERES.
DlPHYDES. 8l
Diphye Bory. 83
_ Abyla. 87
— Calpé. 89
de Bass.
G.
91
capuchon. 92
cucubale. 94
nacelle. 95
tronque'e. 97
cuboïde. g8
ennéagone. 100
tétragone. 101
à cinq dents 102
hispide. io3
douteuse. 104
de Praya. 106
Fongie (genre). 78
Fongie actinie. 1 80
— à gros tentacules. 182
Galéolaire austral. 42
— à quatre dents. 45
Goniopore pédoncule. 218
Guam (observations zoologiques). 353
H.
Héliopore bleu. 252
Holothuries. ïo8
Holothurie ananas. no
TABLE DES MATIERES. 387
Son anatomie. 112
Holothurie flammée. 117
— e'pineuse. 118
— orangée. 1 20
— jaune. i3o
— bandelette. 1 3o
— tuberculeuse. i3i
— monotuberculée. i3i
— à raies blanches. i32
— ponctuée de brun. . i32
— fasciée. i33
— lucifuge. i34
— ophidienne. i34
— fauve. 1 35
— pentagone. i35
— terre de Sienne. i36'
— linéolée. i37
— miliaire. i37
— de Guam. i37
— de Maurice. i38
Ile-de-France (observations zoologiques). 35g
Jervis (baie) (observations zoologiques). 3î3
Lobophyllie anguleuse. 10^
— orangée. *9J
Localités zoologiques. ^07
i'j
K*
3W TABLE DES MATIÈRES.
M.
Madrépores. 229
Madrépore abrotanoïde. 2.33
— plantain. 234
— prolifère. 235
— pocillifère. 236
Malouines (îles) (observations zoologiques j. 3i5
Mainillifère cercle'e. 169
— verte. 170
— verte et brune. 171
— jaune. 172
— fauve. 173
— deVanikoro. 174
Méandrine ce'rébriforme. 224
— sinueuse. 227
Médusaires. 293
Montevideo (observations zoologiques). 3 1 4
Montipore verruqueux. 247
Moyens de conserver les objets de zoologie. 367
N.
Nouvelle-Guinée (observations zoologiques). 338
Nouvelle-Hollande (observations zoologiques). 3 16
Nouvelle-Irlande (observations zoologiques). 337
Nouvelle-Zélande (observations zoologiques). 328
o.
Oïkopleure bifurquée. 3o4
Orythie incolore. 297
TABLE DES MATIERES. :w.)
R
Physogrades. 46
Physsophore blanche. 53
— intermédiaire. 56
— australe. S'j
— discoïde. 5g
Pisang (île) (observations zoologiques). 342
Pocillopore corne de daim. 244
Polyphyllie (genre). 184
Polyphyllie bassin. i85
Porite congloméré. 249
Port du Roi-Georges (observations zoologiques). 3 18
Port-Jackson (observations zoologiques). 224
Port- Western (observations zoologiques). 3a 1
R.
Rio-de-Janeiro (observations zoologiques). 3 12
S.
Sainte-Hélène (ile) (observations zoologiques). 3o4
Sandwich (îles) (observations zoologiques). 334
San-Iago (ile) (observations zoologiques). 3i2
Stéphanomies. 61
Stéphanomie hélianthe. 63
— melon. 65
— hippopode. 67
— triangulaire. 70
— imbriquée. 7 '
— heptacanthe. 7^
— ■ foliacée. 74
— ruche. 76
— à vrilles. 79
390 TABLE DES MATIÈRES.
T.
Tasman (baie) (observations zoologiques). 327
Te'nériffe (île) (observations zoologiques). 3 14
Timor (île) (observations zoologiques). 349
Tonga-Tabou (île) (observations zoologiques.) 33 1
Toulon (observations zoologiques). 309
Tridacophyllie laitue. 221
Tubipore rougeâtre. 257
Turbinole'e rouge. 188
Vaigiou (observations zoologiques). 34 1
Vanikoro (observations zoologiques). 25 1
Vers apodes. 284
Zoanthaires pierreux. 175
Zoophytaires. 255
Zoophytes (considérations générales sur les). 1
UN DE LA TAbLE DES MATIERES.